Notes sur le chapitre 37 :
Presque trois semaines d'attente avant cette mise à jour… Je remercie ceux qui m'ont fait part de leur envie de lire la suite. Mais ce laps de temps était nécessaire. Parallèlement à mon travail, il fallait que je réfléchisse à la direction que Scarlett allait prendre. C'est le tournant de l'histoire. Ayant décidé du « quoi », il fallait trouver le « où » et le « comment ». Et surtout créer un univers particulier, ambitionnant d'être aussi magique que celui du siège de « La Mode Duncan » le soir du défilé. Chaque jour je rectifiais ce que j'avais fait la veille, changeait le décor, creusait mes recherches sur un point de détail… Ah ! Les détails… mon péché mignon, ha ha !
Voilà ! J'attends avec impatience vos réactions !
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Chapitre 37. « Sa danseuse »
Mardi, 29 juin 1876, Stono River, Soft South
Ils avaient convenu de partir de bonne heure de Charleston en direction du sud-ouest.
Aucun d'eux ne fit allusion au baiser passionné échangé la veille sur le banc à rebonds.
Ils arrivèrent sur les rives de la Stono River.
«Les champs que vous apercevez, de l'autre côté du fleuve, sont à nous. Des kilomètres et des kilomètres d'indigotiers. Les plants sont arrivés à maturité. La récolte commencera la semaine prochaine.»
Trois miles plus loin, il pointa la forme d'une bâtisse blanche, qui, malgré l'éloignement, avait l'air immense. « Je vous présente Soft South ! »
Ils traversèrent le pont pour s'approcher de leur lieu de destination. Le cheval trotta encore pendant quelques temps avant d'entamer une longue ligne droite.
La réminiscence ressentie par Scarlett fut si forte qu'elle eut besoin de l'extérioriser : « On dirait l'entrée de Twelve Oaks ! »
L'allée de terre rouge, parfaitement lissée, était encadrée des chênes typiques du Sud. Des arbres centenaires, à en juger par le diamètre de leurs troncs tourmentés et leur hauteur d'une vingtaine de mètres. Les ramifications, aussi épaisses qu'un tronc, ployaient sous leur poids. Par la force créatrice de la nature, leurs envergures avaient formé un arc-de-cercle au-dessus de la route.
« Qu'il est doux de circuler sous cette voûte feuillue. La mousse espagnole qui la recouvre la rend encore plus magique. Au diable les ombrelles ! Il est tentant de s'y arrêter pour profiter de cette ombre divine. »
« Ce serait une suggestion séduisante, mais voyez ce qui nous tend les bras ! »
Tout au fond du chemin, une forme blanche se détachait entre les nappes vertes, jusqu'à ce qu'elle en vienne à envahir l'horizon.
« Quelle majesté ! C'est probablement la plus belle demeure coloniale que j'aie vue.» La propriétaire de Tara en avait le souffle coupé.
Pour préserver son effet, Duncan avait arrêté le buggy à distance. Heureusement. Sinon elle aurait dû se pencher en arrière pour apprécier la hauteur des dix colonnes s'élevant sur deux étages. Elle présuma que deux des trois autres côtés avaient le même aspect, puisqu'on entrevoyait d'autres enfilades cylindriques. De grandes portes fenêtres donnaient accès aux balcons.
« Les cuisines, dépendances et logements du personnel de maison sont à l'arrière, ce qui a permis de préserver cette perspective épurée. »
La jeune femme approuva. Cette propriété de riche planteur aurait pu être ostentatoire. Au contraire, malgré ses dimensions spectaculaires, la pureté des lignes, accentuée par une délicate frise garnissant la corniche, prenait l'apparence d'un temple grec transporté en terre américaine.
Un serviteur vint à leur rencontre pour tenir les harnais du cheval pendant qu'il aidait la jeune femme à descendre.
Duncan lui prit le bras pour monter les marches en marbre.
La courte présentation des lieux qui s'en suivit fut prétexte à constater que le manoir ancestral des Vayton réunissait, en miniature, le meilleur de l'art et du mobilier de Caroline du Sud.
« Vous avez raison. Bien mieux qu'un musée, car on sent les âmes vibrer au détour de chaque pièce ! » Il s'interrompit quand une vieille femme fit irruption dans le hall.
Elle portait une coiffe de dentelle fermée par un nœud. Son tablier, d'un blanc immaculé, cernait ses hanches généreuses.
« Messié Duncan ! Comme je suis heureuse de vous voir ! Nous ne vous attendions pas aujourd'hui. Venez dans mes bras, mon garçon ! »
Sans plus de cérémonie, le puissant homme d'affaires s'exécuta et embrassa tendrement son ancienne nourrice.
Celle-ci se figea soudainement. Hypnotisée par l'apparition de l'étrangère. Puis elle adressa une question muette, avec une pointe d'incompréhension, à celui qu'elle considérait toujours comme son enfant.
Scarlett fut touchée d'assister à l'étreinte presque enfantine du grand Duncan avec sa nounou. Cela lui rappela Mammy. Elle sourit à celle-ci, répondant à la révérence discrète de salutation.
« Ma très chère, voici Ophélia, la plus fidèle des nourrices – avec votre Mammy, bien sûr. Elle a supporté avec patience et bienveillance tous mes caprices d'enfant et d'adolescent. Je ne vous étonnerai pas en vous avouant que sa tâche a été ardue ! Heureusement qu'elle a vécu des heures plus tranquilles avec ma sœur. Même si je persiste à dire que Melina n'était pas un ange, elle non plus ! »
Il rit de bon cœur. « Après ses longues années de loyaux services, elle a bien gagné de se reposer dans la plantation qui l'a vu naître. Soyez certaine que je la cajole, ou sinon, je crains qu'elle ne dévoile tous les secrets que je lui ai confiés. D'ailleurs, le dernier vous concerne… »
Il avait les traits apaisés d'un garçon certain d'être aimé.
Il tapota affectueusement le bras d'Ophélia. «Voici Mademoiselle Scarlett O'Hara. La jeune dame chère à mon cœur dont je t'ai parlé il y a plusieurs mois. Elle est éblouissante de beauté, n'est-ce pas ? Et son âme est encore plus noble. Je sais que tu l'aimeras, avec ton cœur généreux, autant que Madame Vayton, Melina et ton vieux chenapan ici présent.»
Pour toute réponse, l'ancienne nourrice caressa la joue du jeune homme et hocha la tête. Comme une promesse d'une transmission d'amour à la belle jeune femme.
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Duncan demanda à la cuisinière de garnir une petite glacière avec poulet froid, salade de maïs, et les pommes du verger de Soft South. S'assurant qu'il y avait suffisamment de glace pour garder les boissons au frais, il donna le signal de départ.
Lorsqu'elle apprit qui était son admirateur de Charleston - un des plus puissants planteurs du Sud - elle eut envie de satisfaire à sa curiosité de traverser le domaine de la plus grande plantation de coton de Caroline du Sud.
C'était chose faite. Confortablement installée sur la banquette, la capote du buggy baissée pour préserver les passagers du soleil trop agressif, elle se régala. Ses racines paysannes furent repues de contempler des kilomètres de mousseuses nappes blanches à perte de vue. Sur certaines parcelles, des dizaines d'hommes s'activaient, le dos courbé, à la cueillette des balles.
« Celles-ci sont arrivées à maturation. Dans d'autres champs, la récolte sera différée de deux semaines. »
Il avait intimé l'ordre au cheval de marquer un temps d'arrêt. «Depuis les premiers jours de notre rencontre, j'ai voulu vous emmener ici. Mon désir en a été intensifié lorsque j'ai vu votre Tara. Je reste ébahi de la chance que nous communions dans un même amour, celui de la terre. Notre enfance a été bercée par le rythme de croissance des balles, la crainte que de mauvaises conditions atmosphériques ne viennent anéantir le fruit de notre travail, le rituel des récoltes, les champs d'où raisonnaient les chants mélancoliques des esclaves après d'harassantes journées de travail. Vous et moi avons intercepté, étant enfant, les dialogues entre planteurs, un vocabulaire qui nous semblait de prime abord étranger, tel la variation ou la chute du cours de la tonne de balles, ou au contraire son inflation brutale, ou le coût de leur exportation vers l'Angleterre. Très vite, dès notre plus jeune âge, nous avons fait de ce langage notre langue maternelle. Car nous avions compris que le coton était la substance de notre vie. Qu'ajouter, si ce n'est que jamais je n'aurais pu rêver converser en termes techniques de la préparation du sol avant la plantation des cotonnier ou de l'estimation sans concession de la qualité d'une balle plutôt qu'une autre, avec un autre planteur de sexe féminin possédant le plus charmant minois d'Amérique ? »
Elle le remercia d'un sourire. Scarlett, elle aussi, était heureuse de cette immersion dans ce monde qu'elle connaissait aussi bien que lui. Même mieux, se dit-elle, car elle seule avait expérimenté la douleur physique de piocher la terre pour préparer le sol, planter, récolter les maigres boules blanches à s'en écharper les mains, rager de voir disparaître en fumée la cueillette douloureusement gagnée qui aurait pu sauver Tara…. Oh oui, elle en savait beaucoup plus que son voisin. Oui, parler de coton avec Duncan l'incluait dans son monde à elle, dans sa famille même. Avec un serrement au cœur, elle regretta une fois de plus que jamais Rhett n'avait pris la peine de venir à Tara pour admirer les champs de coton de sa femme…
Après avoir inspecté les indigotiers en fleurs, ils s'arrêtèrent au bord d'un ruisseau pour déguster leur pique-nique sur une grande nappe posée sur l'herbe.
Tout n'était que paix. Celle qui avait tant souffert, les quatre années passées, se sentit heureuse.
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A leur retour, le contremaître accosta le maître du domaine. Il enleva son chapeau pour saluer d'abord l'étrangère qui l'accompagnait. « Madame ! »
« Monsieur Vayton, heureux de vous revoir parmi nous. Si vous n'étiez pas venu aujourd'hui, je me serais permis de vous faire transmettre un pli. Je vous avais déjà fait mon rapport sur les dégâts occasionnés, il y a quinze jours, par le dernier orage. Nous avons suivi vos instructions, et nous nous sommes attelés en priorité au remplacement de deux panneaux de verre du jardin d'hiver qui avaient été fendillés. Quelques arbres ont été sévèrement secoués. Boyd et le bûcheron ont coupé les branches fragilisées. Un chêne malade a été abattu car le tronc avait été attaqué. La tempête a été violente, ce jour-là. »
Duncan écoutait avec impatience son homme de confiance lui résumer ce qu'il savait déjà. Scarlett portait une attention discrète à ses propos. Ses racines de propriétaire terrien la sensibilisaient toujours autant à la gestion des contingences matérielles d'une plantation.
Le responsable des travaux de Soft South continua son rapport : «Hier, lorsque Vicky, la femme de ménage, a voulu chercher des paniers en osier stockés dans une des pièces sous la charpente, elle a constaté que le plancher était trempé. J'ai effectué une vérification de la toiture avec un de mes aides. Effectivement, certaines tuiles, à différents emplacements, ont glissé. Bien sûr, nous avons réparé et vérifié rigoureusement les points de faiblesse. Fort heureusement, il n'a pas plu depuis le jour de l'orage, et les dégâts d'infiltration d'eau sont assez limités. Je l'ai constaté en inspectant les différentes chambres de l'étage que nous avons aérées. Avec votre autorisation, bien sûr, je vais faire repeindre les murs qui montrent quelques traces d'humidité. Aucun meuble n'a été affecté. »
Duncan, pressé de se retrouver à nouveau seul avec son hôte, l'interrompit avec agacement : « Très bien, Kenneth. Procédez aux réparations nécessaires. »
« Merci, Monsieur Vayton. Ce sera fait. Mais je n'ai pas pu accéder à deux pièces pour y vérifier les signes d'humidité. Elles sont situées sur la façade nord. Le majordome n'a pas pu me dire où se trouvaient ces clés. Sauriez-vous où votre père les stockaient ? »
L'irritation de Duncan devint palpable : « Laissez, Kenneth. Je reviendrai dans deux jours et je m'en occuperai. Elles figurent probablement parmi une vingtaine de clés, de toutes tailles, que mon père conservait dans un tiroir. Il faudra un jour que je me décide à les jeter. Vous pouvez vaquer à vos occupations, maintenant. Merci. »
Avec un dernier hochement de la tête respectueux en direction du couple, le chef d'équipe prit congé et les laissa seuls.
« Comment, avec toutes les entreprises que vous dirigez, pouvez-vous prendre le temps de vous occuper de ces petits tracas matériels ? Vous avez vraiment le talent de vous démultiplier ! Votre employé a évoqué un jardin d'hiver. Où est-il ? Je serais curieuse de le voir.»
Celui-ci avait repris sa mine sereine. En souriant, il lui saisit la main et l'entraîna : « Venez ! Je vais vous emmener dans mon antre secret. »
Intriguée, elle le suivit dans l'immense parc où des allées bien entretenues serpentaient le long d'arbres centenaires.
Ils arrivèrent sur un vaste terrain bordant les rives du fleuve. Là se hissaient vers le ciel de vigoureux palmiers de Caroline du Sud. (*1)
« Lorsque mon père a décidé d'en faire pousser, il a choisi à dessein de les implanter proches les uns des autres pour que leurs larges feuilles en forme d'éventail s'entrelacent. Combien de fois Melina s'est amusée avec ses poupées sous cette canopée rafraîchissante ! »
Scarlett s'exclama devant la profusion des lourdes et longues grappes de pétales blanches semblant recouvrir la cime des arbres de tresses hirsutes.
«C'est la fin de la floraison. En octobre et novembre, leurs fruits, des petites billes violacées, sont à maturité et font le bonheur des oiseaux de toutes les espèces. Cette clairière est un grenier magique. Inspirez profondément. L'odeur est entêtante, et attire irrésistiblement les abeilles qui transportent le pollen d'une étamine à l'autre.»
Il conclut : « C'est l'oasis familial. Je vais vous montrer maintenant son joyau. »
Avec des allures de conspirateur, il la fit marcher à travers les troncs jusqu'à ce qu'un monument leur barre le chemin.
La visiteuse de Soft South poussa un cri enthousiaste. « Je n'ai jamais vu une verrière aussi belle. « Verrière » n'est pas le terme approprié. «Palais » lui convient mieux.»
Une étonnante structure en acier s'étendait sur une trentaine de mètres de longueur. Elle consistait en une rotonde surmontée d'une coupole, flanquée de deux ailes, chacune équipée d'une entrée.
« En bon natif de Caroline, Aymeric a cherché, à Winnsboro, la plus belle veine de granit bleu pour le muret entourant le bâtiment. (*2)
Au-dessus de cette solide fondation, d'étroits et hauts panneaux de verre étaient enchâssés dans des cadres en fonte, eux-mêmes garnis de frises en fer forgé aux entrelacs floraux. Les fenêtres d'une large partie de la verrière étaient occultées par des volets en bois, peints en vert.
Avec l'œil de l'expert, Duncan examina, pour la énième fois, l'édifice. « Mon père avait été tenté de recouvrir la toiture d'une verrière. Heureusement, il a vite retrouvé la raison, sinon ce petit paradis serait en une étuve en été ! Au contraire, que les volets soient clos ou que les fenêtres soient grandes ouvertes de part et d'autre, l'homme et la nature y trouvent satisfaction en toutes saisons. »
La Georgienne aima l'originalité de ce château de verre. Elle se demanda ce qu'auraient dit les vieilles pies d'Atlanta si elle avait installé, en version réduite, une telle excentricité à Peachtree Street.
« On a l'impression que ces dizaines de baies vitrées tiennent magiquement debout, tant l'armature est discrète. »
«L'idée était que la verrière devienne transparente pour se marier avec les palmiers environnants. Mais son allure aérienne ne doit pas vous tromper. L'édifice a été élaboré par un ami, l'architecte qui a construit le fameux « Iron Palace » de New York. Il y a de fortes probabilités qu'il me survive !»
Duncan, manifestement fier de l'œuvre d'Aymeric Vayton, conduit sa visiteuse dans un des pavillons de cet endroit mystérieux.
Elle ferma son ombrelle en dentelle et s'immobilisa sur le pas de porte. Ensorcelée. Ses sens étaient en éveil. Des fragrances fruitées, épicées et poivrées, lui chatouillèrent les narines, au point de sentir ces essences entêtantes sur sa peau. Sa vision était éblouie par une myriade de couleurs chatoyantes. On y retrouvait toutes les variations chromatiques, telles le rose pâle virant au rouge pourpre, le bleu tendre mutant en un violacé criard. Et du blanc. Un arc-en-ciel s'emparant de l'espace, protégé par une forêt verte.
La température sous la verrière, loin d'être étouffante, était nettement plus agréable qu'à l'extérieur. Les avant-bras dénudés de Scarlett frémirent avec ravissement au contact de minuscules gouttelettes projetées mystérieusement comme un nuage rafraîchissant.
Toujours attentif à ses moindres réactions, Duncan commenta : « C'est un système ingénieux qu'un des amis de mon père avait perfectionné : l'arrosage discret et par intermittence de la végétation gourmande d'humidité. Coordonné avec un mécanisme d'horloge, il permet de diriger, en fonction de l'heure et de l'ensoleillement d'une partie de la serre, un brouillard de vapeur. Qui est également un vrai plaisir pour nous, en temps de forte chaleur. Ne trouvez-vous pas ?»
Elle acquiesça avec un sourire. Le doux picotement des microscopiques particules mouillées était un véritable régal sur les pores dénudés de sa peau.
Les volets étaient partiellement fermés, et plongeaient l'intérieur dans une douce pénombre. De ci de là, une coulée de faisceaux dorés s'infiltrait par effraction à travers des persiennes entrebâillées à dessein pour nourrir certaines pousses voraces de lumière. Ces nappes lumineuses s'éclaboussaient sur des bouquets multicolores de minuscules pétales, aussitôt avalées par la proximité d'épaisses feuilles bigarrées.
Elle marcha dans leur direction, attirée comme un aimant.
«Si je devais résumer ce que m'inspire cet endroit, je dirais qu'il est en dehors du temps. Partagez-vous cette impression ? »
La voix de Duncan lui parut enveloppée par un nuage éthéré de sensations diffuses.
La femme d'affaire, d'ordinaire si terre à terre, ne comprit pas l'émotion qui la soulevait. Elle se laissa guider par son hôte qui lui avait saisi la main.
«Quand mon père a fait construire cette dépendance, il a eu l'ambition de créer ce qui s'apparenterait au paradis, - enfin, celui de la Caroline du Sud qu'il aimait tant. Il voulait réconcilier l'homme avec la nature, en l'immergeant dans une végétation surabondante. Un hymne à la vie, en quelque sorte. Je crois qu'il a atteint son objectif. C'est une aire protégée où nos cinq sens sont comblés au gré du rythme des saisons. Dans cette muraille de verre, l'agitation extérieure, avec son tragique, ses guerres et ses perfidies, ne s'aventure pas. Quelle est la meilleure illustration de la pérennité de cette paix ? Baissez les paupières, s'il vous plait, et tendez l'oreille.»
Elle s'exécuta avec obéissance. Le bruit, qui l'avait immédiatement intriguée, s'intensifia, maintenant que seule son ouïe était sollicitée. Un gazouillis, modulé par des vagues de piaillements et de roucoulements, investissait la cime des plantes grimpantes et des palmiers nains. Dérangés par cette irruption d'humains qui profanaient leur refuge, certains volatiles battirent frénétiquement des ailes avant de se poser quelques mètres plus loin dans quelques coins obscurs de la véranda.
« Voyez ! Ces oiseaux ont une parfaite connaissance des lieux. » Des plumes fauves disparurent sous les charpentes.
«Père était un ornithologue amateur, tellement avide de les observer que, pour mieux les attirer dans son refuge, il demanda à l'architecte de prévoir des petits supports sous la charpente, suffisamment incitatifs pour que les oiseaux des champs prennent l'habitude de venir s'y réfugier et s'introduisent à l'intérieur. La profusion de graines et d'eau est pour eux un garde-manger providentiel. Alors, les moineaux et les oiseaux locaux, comme les mésanges, les roitelets ou les bruants indingo, viennent s'y nicher. Mon père me disait souvent que rien ne l'apaisait plus que de s'asseoir ici, en écoutant le roucoulement des tourterelles. Je me souviens que ma mère avait essayé, en vain, de s'opposer à cette invasion salissante malgré le nettoyage régulier accompli par Boyd.
« Je comprends votre père » se contenta de dire Scarlett. Elle se remémora la confidence qu'elle avait faite à Duncan près de « son » arbre. Elle aussi considérait que le chant des oiseaux était essentiel à la richesse de Tara.
Au sol, des tomettes en pierre en terre cuite avaient été sciemment omises autour des arbres de petites espèces directement plantés dans la terre, afin que leurs racines puissent s'étendre librement.
Ils marchaient entre les colonnes en fonte supportant la structure, peintes en vert afin de se confondre avec leur environnement.
« Cela me rappelle les herbiers qui se trouvaient chez mon grand-père. Sauf qu'ici chaque échantillon est vivant ! »
Il rit. «Le fondateur de l'empire Vayton avait vraiment l'âme d'un collectionneur. C'est ainsi qu'il demanda à son jardinier de convertir la verrière de Soft South en un catalogue vivant de la flore de Caroline du Sud. Je suis heureux que vous soyez venue en juin, afin de profiter de l'éclosion de tous ces boutons. »
Le couple contourna un petit bassin d'eau, fabriqué avec le même grès de Winnsboro.
« A l'origine, mon père y avait installé des petits poissons d'apparat. Son erreur fut vite rectifiée car, comme vous le savez, poissons et oiseaux ne font pas bon ménage ! »
Il lui désignait, au fur et à mesure de leur progression, chaque îlot de terre semée d'une catégorie de bulbes : «Dommage que vous ayez manqué le temps de la floraison du jasmin jaune il y a deux mois. Vous auriez été enivrée par son parfum suave et capiteux. Bien sûr, figure ici l'enfant chéri de la plantation, l'indigo sauvage. Plus loin, les hortensias sont les préférées de ma mère pour la richesse de leurs pompons colorés. (*3)
Scarlett ne savait plus où porter son attention. C'est vrai qu'elle n'avait jamais pris garde à la variété des fleurs à Tara. Ne représentant pas une source de profit en dollars, elles ne l'intéressaient guère. Seules les plus prestigieuses, comme les roses, suscitaient son intérêt, mais coupées et dans un vase.
«Je vais vous faire une confidence. Mon père était trop absorbé par l'expansion de son empire pour consacrer du temps à sa famille, à ma mère, à moi, et bien plus tard, à ma petite sœur. Si j'ai eu la chance de partager des instants privilégiés avec lui, c'est au jardin d'hiver que je le dois. Il a accepté ma présence jusqu'à vouloir transmettre son savoir à son héritier. Lorsque j'étais enfant, ce n'est pas de plants de coton et d'indigotiers dont il me parlait, mais de botanique, de toutes les espèces végétales qu'il avait découvertes au cours de ses voyages, des autres qu'il convoitait d'acquérir, et de celles qu'il n'étudierait que sur aquarelles car aujourd'hui disparues. A mon tour, j'ai aimé transmettre à Melina ces connaissances paternelles. Imaginez cet endroit rempli d'éclats de rires et d'exclamations ! En tant que président d'un jury imaginaire, je m'amusais à décerner un prix à un des trois ou quatre camarades de Melina, pour récompenser celui qui identifierait le plus rapidement telle fleur désignée. Le pari incluait, bien évidemment, le côté gauche du bâtiment dont la flore est aussi riche. J'avais poussé la difficulté jusqu'à leur demander de reconnaître les graines. Je peux dire avec fierté que c'est ma petite sœur qui gagnait toujours, «à la loyale », car elle était devenue experte en lys « de pluie », roses noisette de Charleston, iris huppés, ou chèvrefeuille corail. La devinette qu'ils préféraient était l'identification des asters de Caroline, car elles sont les rares fleurs à éclore en octobre. »
Il s'arrêta : « Vous m'avez fait le grand honneur de me montrer votre lieu de prédilection à Tara avec votre arbre sacré. Je suis ému de vous faire découvrir le mien. Aimez-vous mon jardin secret ? »
Il venait de moduler son timbre. Elle en frissonna. Aussi doux que du velours sur la peau.
«Je comprends maintenant pourquoi votre imagination s'est enflammée en composant les quinze robes de rêve de votre défilé de mode. Vous les aviez dédiées au Vieux Sud et à la Caroline du Sud. Le monde floral dans lequel vous aviez été immergé a explosé sur vos modèles, comme le plus touchant hommage à Monsieur Vayton.»
Tout en parlant, ils s'apprêtaient à quitter la végétation débridée. Avant d'ouvrir la porte intérieure, la main posée sur la poignée, ses grands yeux bleus s'immobilisèrent sur sa bouche : « Je vous félicite pour cette analyse d'une grande finesse. A une exception près : le quinzième modèle a été inspiré par la Foudre de Georgie. »
Elle n'eut pas besoin de le remercier, car ils venaient de pénétrer dans la partie centrale du bâtiment. Un univers, diamétralement opposé à la serre, respirant le confort domestique.
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Elle eut presque le vertige à vérifier la circonférence parfaite de la pièce réservée au repos de la famille Vayton. Des deux cloisons mitoyennes aux pépinières, on pouvait profiter de la vue par les fenêtres incurvées, sans toutefois être indisposé par l'humidité ambiante des plantes. Des faces est et ouest, des portes fenêtres équipées de volets garantissaient air frais, ensoleillement ou ombre salutaire, en fonction des heures de la journée.
Recouvrant l'arrondi parfait du sol, une veine beige de marbre se mariait avec les boiseries crème, accentuant l'aspect reposant du lieu. Ça et là, le mobilier en rotin, quelques sièges, deux tables d'appoint et un cabinet, confirmaient l'ambiance champêtre.
La muse de l'artiste Vayton fut irrésistiblement attirée par une statue inondée de soleil.
Elle s'approcha de la sculpture, posée sur un socle en marbre vert.
Duncan était immobile.
C'était le buste d'une femme – ou plutôt d'une jeune fille, si elle en jugeait par le rebond des joues à peine sorties de l'enfance.
Scarlett passa machinalement les doigts sur la forme des lèvres à demi-entrouvertes. « Une invitation au baiser », dit-elle, tout haut.
La chevelure longue se déployait sur les épaules dénudées. Le galbe d'une petite poitrine pointait, assez pour en deviner les courbes adolescentes.
Elle s'approcha de la plaque en bronze enchâssée dans le piètement de la terre cuite, en-dessous du monogramme PdF, et lut distinctement en français : « «Promesse - Paul de Fleurette, 1856 » Comme c'est charmant, mais bien mystérieux ! Pourquoi l'artiste a-t-il intitulé ainsi son œuvre ? Peut-être la promesse d'un amour éternel pour cette très jeune fille ? Pourriez-vous lever un coin du voile et rassasier mon âme romanesque ? » Elle virevolta vers lui avec grâce.
Il haussa les épaules. « Qui sait ? Je ne saurais vous répondre.»
L'homme se déplaça derrière elle, à quelques centimètres. Elle sentit son souffle sur sa nuque. «Peut-être voulait-il afficher sa promesse de retrouver des plaisirs inavoués... »
Troublée par cette proximité, elle se détourna et fit quelques pas, au centre de la salle, remarquant une autre curiosité, partiellement cachée par des bosquets positionnés en arcs de cercle.
En caressant une des feuilles lustrées aux bords finement dentelés, il expliqua : « Ce sont des camélias. Vous avez croisé, dans certains îlots, des camélias du Japon, les plus connus dans notre région. Mais ceux-ci sont particuliers. Si vous étiez venue il y a un mois, vous les auriez vus fleuris. Ils éclosent d'octobre à mars, au mieux, jusqu'en avril. Ils sont sensibles au froid trop agressif. C'est pourquoi ils s'épanouissent sous la verrière, nourris par la réverbération lorsque les volets sont grands ouverts. Quoiqu'ils nécessitent toute l'attention du jardinier, car trop de soleil les empêcherait de croître. La science des camélias est un art que, malheureusement, je ne maîtrise pas. Je me contente d'en être leur humble admirateur.»
D'un geste, il engloba la ronde des trois arbustes autour de la sculpture : « Ceux-ci sont mes favoris. Les Camélias du Milieu. Soft South les a importés spécialement de Chine. Boyd a eu ordre d'alterner scrupuleusement camélias blancs et rouges. Un rouge profond. Comme vos lèvres. »
Elle se dit que ses joues allaient prendre la même couleur, sous l'effet du compliment.
« Ils cachent presque cette majestueuse œuvre d'art. Je vous envie ! Comme j'aimerais embellir ma maison d'une telle merveille ! »
« Je crains que ce modèle ne soit unique. Un sculpteur l'a réalisé pour moi, selon mes indications, à Paris. Laissez-vous vous confier un secret. Dans notre milieu de privilégiés, je n'ai pas besoin de vous préciser que les gentlemen peuvent plus librement s'adonner à leurs passions que les dames.»
Les traits de l'ancienne Madame Butler ne frémirent pas. Mais elle bouillait intérieurement. Oh ! Combien elle le savait d'expérience… Où voulait-il en venir ?
« Le dérivatif de mon père était la botanique. Ni sa femme, ni ses enfants, ne pouvaient rivaliser. Elle lui permettait, pendant une heure ou deux, de couper les ponts avec son statut d'un des hommes les plus puissants d'Amérique, comme on jette à la mer un surplus de bagages trop encombrants. Pour elle, il était prêt à toutes les extravagances financières. J'ai souvenir d'un jour, sous cette verrière - je devais avoir treize ou quatorze ans - d'une conversation « entre hommes ». Entre deux conseils, il me glissa en riant que le jardin d'hiver était « sa danseuse ». Avez-vous déjà entendu cette expression française ? »
Bien sûr qu'elle pouvait la traduire. Elle aurait pu écrire un roman sur les « danseuses »… Mais elle jugea plus adéquat de prendre la posture d'une dame de la bonne société, imperturbable et naïve. « Je pense en avoir une idée. »
« Oui, je sais que vous maîtrisez suffisamment la langue pour en comprendre le sens figuré. Les aristocrates et grands bourgeois français se vantent de « s'offrir une danseuse » lorsqu'ils ont les moyens de dépenser des fortunes pour satisfaire à un loisir ou une lubie. Cette phrase a une signification originelle qu'il est inutile d'évoquer.»
Ils étaient si proches qu'elle ressentait la chaleur de son corps.
D'une voix détachée, il demanda : «Vous m'avez dit que votre ancien mari était un homme d'affaires très occupé, voyageant toujours par monts et par vaux. Avait-il le temps d'avoir, comme mon père, « une danseuse » ? »
Il fallut à l'ancienne belle du County de Clayton toute l'expérience de la séductrice habituée à offrir à ses soupirants le visage le plus angélique, maîtrisant l'art de cacher ses véritables pensées.
Pour dissimuler sa rage, au lieu de l'exprimer violemment, elle se contenta de ruminer intérieurement : Vous n'avez pas besoin de faire état de tant de tact. L'explication du dictionnaire de ces mots anodins, est « celui qui entretient à grands frais sa maîtresse. » Des « danseuses », Rhett en a eu par centaines. Particulièrement pendant son mariage. Je peux en nommer au moins une !
Avec une moue qui pouvait passer pour du détachement, elle assena : « Je présume que les « danseuses » de Rhett étaient ses cartes de jeu au poker. »
Il s'écoula un étrange silence avant qu'il reprenne la parole : « Quoi qu'il en soit, dans l'obsession de perfectionner son repaire, il regretta avoir exigé la pose d'une coupole de verre au-dessus du dôme. En été, le soleil de midi était trop puissant par cet accès. Exilé à Paris, j'ai voulu lui préparer une surprise. Au lieu d'obstruer purement et simplement le verre, je choisis d'en atténuer la réverbération en faisant fabriquer un vitrail au diamètre de la verrière. Il est juste au-dessus de nous. »
Elle leva la tête. Un panneau translucide, de la même circonférence que la rotonde végétale, semblait être éclairé de l'intérieur.
« Une splendeur ! Je ne trouve pas d'autres mots pour le qualifier. Quelle magnifique idée vous avez eue ! Et le motif, ce motif… »
Le Maître de Soft South émis un petit rire discret, heureux de sa réaction.
« Un camélia du Milieu, d'une blancheur virginale, tranchant avec le vert émeraude des feuilles. En scrutant attentivement, on aperçoit, sur le bord du motif, une libellule aux ailes d'un bleu irisé. Juste avant qu'elle vienne se poser pour déposer le précieux pollen sur le pistil.»
« C'est un chef d'œuvre. Réaliste et émouvant » conclut Scarlett.
Duncan hocha la tête. « D'autant plus émouvant que mon père n'a pas eu le bonheur de le découvrir. Il est mort avant qu'il sache qu'un camélia de verre surplomberait bientôt la fontaine qu'il m'avait commandée. Les deux précieuses créations m'ont accompagné sur le bateau, à mon retour de France, pour la cérémonie des obsèques. »
Elle lui caressa tendrement le bras. « Je suis triste pour vous. Vous vous réjouissiez de le gâter. Mais son paradis lui survit, à travers vous, son héritier. »
Celui-ci ne cacha pas son trouble. Il emprisonna sa main dans la sienne : « Approchez-vous. Chaque détail mérite qu'on s'y arrête. »
« Je n'ai jamais vu une sculpture aux lignes si sinueuses et féminines. C'est aux antipodes de la statuaire classique ou gothique.»
« Cela n'est pas étonnant. Cet artiste est un original. Un précurseur, devrais-je dire. Au lieu du style académique dont la mode est friande, ce personnage éclectique, ayant répertorié dans un vieil herbier des centaines d'espèces florales, est originaire d'une ville française de Lorraine, Nancy, je crois. (*5) Son objectif est de dédier, à travers son art, une ode à la nature, en imitant la morphologie des arbres, des bourgeons ou des insectes. Le but ultime est d'introduire cette sensibilité dans les objets et meubles du quotidien. »
Machinalement, Duncan laissa glisser la pulpe de ses doigts sur le pourtour tourmenté du bassin. «J'avais entendu parler de son talent. Après que mon père m'ait passé commande d'une fontaine suffisamment exceptionnelle pour se marier avec son jardin d'hiver, j'ai dessiné ce modèle en glorifiant la beauté éternelle du camélia. Le marbre blanc vient d'Italie, de Luni, exactement. Je l'ai préféré au Carrare car il était plus adapté au délicat travail de ciselage des pétales. Pour les feuilles, l'artiste a utilisé du marbre italien de Prato. (*6.)En résumé, les plus belles matières premières étaient réunies pour qu'il réalise cette pièce maîtresse. »
« Les feuilles semblent être amassées anarchiquement. Un coup de vent, et elles pourraient s'envoler » s'amusa Scarlett. Elles constituaient le piètement scellé au sol. La forme pyramidale s'affinait jusqu'à ce que de maigres guirlandes de feuilles dentelées enserrent le fût et filent sous le bassin.
« J'avoue avoir compliqué la tâche du sculpteur en exigeant qu'il taille dans la masse des feuilles imbriquées l'une dans l'autre, afin que la corolle soit ronde et resserrée. »
Scarlett était enchantée. «Comment a-t-il pu réussir à imprimer dans la pierre le grain délicat de chaque pétale ? Et ces étamines… » Elle se pencha pour les examiner de plus près. «On dirait… » Elle ne continua pas, tant son idée lui paraissait fantasque.
«Leurs filets sont en verre soufflé de Murano, d'un beau jaune vif. Mais, bien sûr, en commerçante aguerrie – et dame de goût – vous avez remarqué ce point de détail : les anthères les couronnant sont en or massif. »
«Quelle extravagance ! »
Il rit franchement. « Et encore, vous n'avez pas tout vu ! Continuez votre exploration, je vous prie. »
Au milieu du camélia, là où aurait dû se trouver le pistil, montait une élégante colonne de feuilles en marbre vert où des boutons blancs émergeaient, prêts à s'ouvrir. Du haut de la colonne, à hauteur de tête, surgissait un autre camélia en marbre blanc, d'une cinquantaine de centimètres d'envergure. Cette fois-ci, la robe plongeait vers le bas, mais les pétales frontaux étaient largement relevés. De son centre, sortait un petit robinet cylindrique. Sous l'effet de la lumière du vitrail, la gueule de la fontaine scintillait.
« Une coulée d'or », commenta, émerveillée, celle qui avait tant souffert de la pauvreté pendant la guerre à Tara.
« C'est le mot exact. Vous pouvez boire l'eau en toute sécurité. A cet emplacement, on a creusé l'accès à une source souterraine naturelle. En appuyant sur le bouton caché à l'arrière, on active le mécanisme de pompage. L'eau est toujours fraîche et pure. » Ce faisant, il se pencha légèrement pour laper le filet d'eau claire à quelques centimètres du robinet, en se positionnant face à l'intérieur de la corolle.
Scarlett ne put s'empêcher de trouver la scène troublante, et haussa discrètement un sourcil en signe d'heureuse surprise. Il n'est pas assez âgé pour avoir l'expérience de Rhett. Mais il a véritablement le talent pour détourner le geste le plus anodin en évocation lascive.
D'un petit geste de la main, il l'invita à faire de même. Curieuse de s'hydrater si simplement dans un environnement aussi scandaleusement riche, elle actionna le bouton pressoir pour faire gicler l'eau de source. Trop tentée de tester la texture de ce précieux métal, sa bouche était à quelques millimètres du robinet, lorsque deux yeux verts la fixèrent. De surprise, elle fit un pas en arrière.
Duncan rit de son étonnement.
N'y tenant plus, la jeune curieuse s'approcha à nouveau de l'intérieur du camélia pour comprendre. Juste au-dessus de la sortie d'eau, deux immenses iris couleur émeraude bordés de cils épiaient à travers le feuillage.
«Les cils sont composés de minuscules diamants noirs, la même pierre précieuse qui fait office de pupilles. Mais ces émeraudes qui nous hypnotisent, incrustées pour l'éternité dans cette pierre froide, ne sont qu'une pâle imitation de celles dont j'aimerais vous couvrir. Si seulement vous le vouliez.»
La phrase avait été faiblement murmurée. Suffisamment audible pour que l'atmosphère devînt de plus en plus capiteuse.
Affectant le détachement, elle demanda : « Votre esquisse prévoyait-elle ce détail, ou avez-vous eu l'idée de l'ajouter après avoir entendu le poème de cet écrivain français dont vous m'aviez parlé ? « A Deux Beaux Yeux Verts », si je me souviens bien ? »
La réponse de Duncan fut sibylline : « Peut-être… »
Ce fut suffisamment éloquent pour l'ancienne belle du County de Clayton qui essaya de maîtriser l'emballement de sa respiration.
Il reprit. «Depuis notre arrivée, nous avons parcouru des kilomètres à travers le domaine. Vous devez être épuisée. Avant de repartir pour Charleston, il vaut mieux vous reposer quelques minutes, d'autant plus que la soirée va être longue. N'oubliez pas que nous sommes invités chez mes amis Rebecca et John Paxton, ce soir. Je vous suggère de profiter de cette duchesse brisée. Les coussins en plume d'oie seront un régal pour vos pieds fatigués. »
Elle suivit sa suggestion et s'installa confortablement face au buste en terre cuite, un bras reposant sur l'accoudoir et les jambes légèrement repliées sur la tapisserie soyeuse, sans laisser entrevoir un centimètre de ses mollets.
Ce siège était étonnamment trop sophistiqué par rapport aux fauteuils en rotin. Elle avait reconnu le style Louis XVI qu'affectionnait son grand père Robillard. Il était composé de trois parties, deux fauteuils se faisant face, séparés entre eux par un tabouret de même taille.
Elégance et sophistication, comme toujours associées à Duncan Vayton. Quoique le revêtement en soie me paraisse très fatigué. Joli, mais les couleurs sont passées et la trame est usée. Probablement la seule pièce de mobilier qui ne soit pas dans un état impeccable, dans cette plantation.
La spécialiste en textiles finit de s'interroger inutilement sur le pourquoi de ce détail incongru, pour observer Duncan sortant une bouteille de champagne d'une glacière aux allures rustiques. Il se saisit de deux verres rangés dans un petit cabinet, et remplit les deux coupes.
En s'asseyant sur l'autre fauteuil du lit de repos, il porta un toast : « A vous, Très Chère, dont la présence a, une fois de plus, fait pétiller chaque seconde passée auprès de vous. »
Tout en humidifiant ses lèvres des petites bulles qu'elle appréciait encore plus en fréquentant le couturier, elle contempla à nouveau la verrière enchantée.
« Jardin d'hiver… Profitez-vous souvent de cet endroit lorsqu'il fait froid ? »
« Surtout en cette saison. Après une marche revigorante, ma mère et ma sœur avaient grand plaisir à jouir de la chaleur des faibles rais du soleil d'hiver, captés par les verrières aux volets grands ouverts. Je suis persuadé que ces intermèdes doivent leur manquer à la Magnolias' Mansion. Quant à moi, lorsque je vivais en France, il m'arrivait d'être nostalgique de notre beau pays. Mes pensées se tournaient alors vers cet endroit, symbolisant le mieux la douceur de vivre de Soft South. Depuis mon retour, vous avouerais-je qu'il ne peut pas s'écouler une quinzaine de jours sans que je vienne dans notre maison natale ? Bien sûr, en premier lieu, pour surveiller nos cultures et la saine gestion de l'exploitation. Mais, à chacune de mes visites, je me complais au rituel de l'heure passée dans cet éden. A l'intérieur de ces baies vitrées, plus rien ne m'affecte. Ni l'agitation de New York ou la sociabilité forcée de Charleston, ni la charge de travail de l'atelier, pas même la fièvre de la création. Les ors et les mondanités n'ont plus droit de cité dans ce havre de paix. Les plantes sont en sommeil. Celles qui étaient éparpillées dans des pots à l'extérieur sont rentrées, à l'abri du gel. Le temps s'est arrêté. Dans cette torpeur, je me consacre parfois à la lecture. D'ailleurs, vous apercevez quelques livres posés sur cette table. Mes employés veillent à ce que ce lieu soit impeccable en prévision de mon passage. La cave à cigares et la glacière sont toujours garnies. Mais, je le confesse, je m'adonne surtout au vice coupable, celui de la paresse.»
Il avait baissé brièvement les paupières, pour mieux savourer cette luxure interdite à un homme d'affaires si puissant.
« Je suis touchée que vous vous confiez à moi sur votre cher Soft South, avec la même sincérité qu'a été la mienne en vous parlant de Tara. Je vous découvre sous un nouvel aspect. Bien agréable… » - elle papillonna des cils. « Vous réussissez toujours à m'étonner. Jamais je n'aurais imaginé le Prince de la Haute Couture en héros mélancolique, rêvassant au pied des camélias !»
Elle conclut par une cascade de rires aussitôt joints par ceux de son hôte.
Il glissa légèrement du fauteuil pour se rapprocher du tabouret, à quelques centimètres des pieds déchaussés de Scarlett.
«Vous êtes irrésistible ! Et vous en avez pleinement conscience, bien sûr… Vous incarnez tant la joie de vivre ! Quelle vitalité vous habite ! Il est vrai que j'aurais moi-même quelque mal à concevoir que vous soyez inactive, ne serait-ce qu'une demi-heure. Entre la gestion de votre entreprise, votre clientèle que vous devez choyez, vos œuvres de bienfaisance, la gouvernance de votre personnel de maison, sans parler, bien sûr de votre rôle de mère parfaite de deux enfants, je crains que vous n'ayez pas du temps pour vous, tout simplement.»
Depuis quelques instants, sa main survolait les chevilles de la jeune femme, sans les toucher. Elle n'avait pas remarqué quand il avait bougé, mais, par une gesticulation silencieuse, il était maintenant assis au milieu, contre les jambes de Scarlett. Cette proximité qui, il y a peu, aurait été totalement inenvisageable car scandaleusement contraire à la bienséance, lui parût comme une évolution normale de leur relation. Enfin… presque…
"J'aimerais tant que vous pensiez enfin à vous, Scarlett. A votre bonheur. Depuis tant d'années, vous luttez courageusement toute seule pour les vôtres. J'aimerais pouvoir vous décharger de ce fardeau, ou du moins l'alléger – si vous le voulez bien. »
Il est sur le point de me faire une grande déclaration d'amour. Ce qui ne me surprend guère. Cela fait un certain temps que je m'y attends. Mais… suis-je prête à lui répondre ? Pour cacher son incertitude, elle battit à nouveau des cils, noyant légèrement ses iris pour qu'il puisse y lire de l'émotion. Elle avait une longue expérience de le faire sur commande…
« Vous avez deviné, n'est-ce pas ? Bien sûr, je me conduits si maladroitement lorsque vous êtes à proximité, que cela en est ridicule. » Il haussa imperceptiblement les épaules et soupira. « Pour une des rares occasions de ma vie, je suis désarçonné. Depuis la première minute, vous m'avez hypnotisé. Oh ! bien sûr, sans le vouloir. Mais, depuis, je ne vois plus que vous, je ne pense plus qu'à vous, je ne rêve que de vous.»
Scarlett sentit une rougeur envahir peu à peu son cou, monter jusqu'à ses joues. Cela faisait si longtemps… Si longtemps qu'elle n'avait entendu des mots d'amour. Bien sûr il y avait Ashley. Mais, comme à son habitude, il tergiversait, n'osant pas. Heureusement, d'ailleurs !
Pour s'assurer de son pouvoir sur lui, elle le fixa intensément. Deux opales la dévoraient.
Puis ses bras fermes l'enserrèrent, la poussant vers le dossier du fauteuil pour mieux l'emprisonner.
Comme à Tara, elle fut décontenancée par sa fougue qui, tel un torrent, menaçait d'emporter tout sur son passage.
La forme des boutons de son gilet pénétrait dans son bustier, tant il la tenait en étau.
Respirait-elle encore ? Pour toute réponse, les lèvres pulpeuses de Duncan s'écrasèrent sur les siennes.
Et elle lui répondit. Interdisant cette fois-ci toute intrusion d'autres pensées, d'autres baisers d'un autre. C'était trop agréable de sentir son corps onduler par vagues sous ces muscles jeunes et saillants.
Sa poitrine allait exploser. Elle s'écarta un peu pour reprendre son souffle. Impérieusement, il lui encadra le visage de ses longs doigts d'artiste.
Il prit une forte inspiration et déclara simplement : « Je vous aime, Scarlett. »
Sa bouche se colla à nouveau contre la sienne, empêchant la jeune femme de prononcer le moindre son. Sa langue léchait sensuellement son palais, puis elle lui imposa un rythme de friction effrénée.
Enfin il la relâcha. Scarlett avait envie de ronronner, tant l'étreinte avait été… agréable.
Avec l'habilité du prestidigitateur, il sortit de la poche de son veston un petit écrin, et l'ouvrit.
Elle écarquillât les yeux. Le joyau accrochait la lumière du vitrail illuminé, transformant les facettes des diamants en un kaléidoscope d'étincelles.
Duncan ne maîtrisait plus le tremblement de sa main quand il lui présenta la bague.
Une émeraude. Non, c'était encore plus beau. Un camée entaillé dans une émeraude.
Au début de leur mariage, Rhett avait évoqué vouloir lui offrir un jour une émeraude camée. Mais elles étaient extrêmement rares sur le marché. Puis il n'avait plus abordé le sujet. Après la naissance de Bonnie, il a probablement estimé que, puisque je lui avais interdit mon lit, d'autres pièces de joaillerie plus accessibles suffiraient à me satisfaire, puisque je ne valais plus la peine d'une quête si difficile…
En extase, elle détailla, avec l'expertise d'une femme ayant l'habitude d'être comblée de bijoux, le trésor que Duncan lui présentait dans son écrin.
Il s'agissait d'un cabochon d'émeraude ayant la forme d'une poire. Le motif représentait une fleur aux pétales imbriqués les uns dans les autres. La gravure en était si délicate qu'on pouvait deviner les anthères des étamines. La monture était sertie de petits diamants, de façon à accentuer le galbe ovale de la pierre centrale. Aux quatre extrémités, presque dissimulé par les pierres précieuses, un petit papillon était discrètement posé sur les bords du camée. Le joaillier avait parachevé sa composition sophistiquée en ajoutant deux minuscules émeraudes sur un des flancs, soulignant l'originale sinuosité du cabochon. (*7)
Les yeux de Scarlett scintillaient d'excitation. « De ma vie je n'ai vu un bijou si original. »
« Laissez-moi vous conter son histoire. Elle a été offerte par l'Impératrice de Russie, la Grande Catherine II, à sa nièce, à l'occasion de ses fiançailles, en 1780. Elle a traversé le temps et l'espace pour se languir de se retrouver à votre doigt. »
Il lui avait saisi la main gauche et s'apprêtait à faire glisser l'anneau à son annulaire.
Elle protesta : « Duncan, je ne peux pas accepter un tel cadeau. » Son front s'était plissé, témoignant de sa perplexité.
«Elle vous était destinée, mais ne peut concurrencer votre incomparable éclat. Je dois vous paraître quelque peu empressé. Mais, à quoi bon attendre ? Mon sort a été scellé dès le premier jour de notre rencontre. Depuis, je ne conçois plus de respirer sans vous à mes côtés. Mon sang ne bouillonne plus que pour vous. Vous êtes dans mon cœur, dans mes veines. Vous êtes ma vie. Alors, je vous implore. Je vous en conjure. Acceptez de devenir mon épouse, Scarlett. Votre famille sera la mienne. J'aimerai vos enfants comme les miens. Je promets de vous envelopper d'un halo d'amour et de bonheur. »
Choquée par cette confession brûlante, elle resta interdite un instant quand il lui passa la bague au doigt. Sa poitrine se soulevait au rythme désordonné de son cœur.
Elle prit une grande inspiration : « Je ne sais quoi vous dire. Votre demande me touche mais… est-ce bien raisonnable ? J'ai été mariée trois fois, deux fois veuve. Et ma troisième union a explosé par un divorce. J'ai eu trois enfants, et Wade et Ella ne peuvent compter que sur moi. Pour être totalement franche, si j'envisageais de me remarier, ce serait avec vous. Pour vos qualités innombrables, et aussi pour les sentiments qui fleurissent en moi à votre égard. Mais… je ne suis pas certaine de vouloir risquer mon cœur une quatrième fois. Et puis… » - Elle se mordit la lèvre inférieure – « et puis la vie m'a forcée à lutter seule. J'ai pris l'habitude à l'indépendance. Même si mon discours est discordant de celui exigé d'une grande dame, je l'assume. Je veux continuer à jouir de ma liberté, être seule maîtresse de mes entreprises, disposer en toute indépendance de ma fortune, être libre de mes mouvements, sans avoir à demander à un mari l'autorisation de rencontrer mes amis ou des relations d'affaires, ou de partir en voyage où bon me conviendra. J'ajouterai qu'aucun homme ne s'immiscera à nouveau dans l'éducation de mes deux enfants. Ils en ont assez souffert. Cela m'attriste de vous le dire, mais, je vous en prie, reprenez votre bague. »
Elle se sentit plus à l'aise d'avoir vidé son cœur. Mais ne leva pas la tête, pour ne pas lire la déception de son soupirant éconduit.
Avec la ténacité de l'homme habitué à balayer les obstacles sur sa route, il la força à plonger son regard dans le sien.
Ce qu'elle y décela la fit rougir. Le bleu azur n'était plus qu'une auréole, noyé autour d'un gouffre noir. Intense. Lourd de désir.
« Je vous aime, parce que vous êtes unique. Parce que vous faîtes montre d'une force contre l'adversité qui ferait pâlir de honte la plupart des hommes. Parce votre indépendance d'esprit a réussi à faire courber l'échine des gens moralisateurs, étriqués et rassis. Parce que vous êtes une femme aussi intrépide qu'un pur-sang qu'on ne saurait brider. Jamais je n'aurai l'impudence d'oser entraver votre liberté. Mon bonheur sera d'être à vos côtés, en admirateur attentif à vos besoins et à vos désirs. Je veux vous distraire, vous faire rire. Vous faire jouir des plaisirs de la vie qui vous ont désertée durant les épreuves passées. »
Enivrée par cette ode amoureuse convaincante, Scarlett ne résista pas à ses bras qui l'enlaçaient.
Par une gestuelle discrète, il était à moitié allongé sur elle, un genou reposant sur le lit de repos, l'obligeant à ce qu'elle étende les jambes. Son poids l'immobilisait.
D'ailleurs, elle n'avait plus aucune envie de bouger. Une langueur envahissait lentement chaque centimètre de son corps.
Elle flottait dans un nuage cotonneux. L'univers se limitait à ce lit douillet, dont les coussins moelleux épousaient son empreinte à ces cloisons intérieures vitrées, à travers laquelle la ronde de la végétation luxuriante incitait à l'épanouissement sans entrave, n'acceptant de ployer que pour mieux satisfaire à la douce caresse du soleil à ce ciel fantasmagorique, où une fleur de verre gigantesque, chassant tout nuage, était un hymne à la beauté à ce plaisir qui cheminait sur chaque centimètre de sa peau, gagnant la bataille de la jeunesse contre la solitude, et du corps contre la raison à cette promesse de jouissance, quand l'entre-jambe du beau Duncan, collé tout contre sa jupe, exhibait sans pudeur la violence du désir de la pénétrer.
Elle essaya de retrouver ses esprits. Un mariage ! Un nouveau mari ! Après Rhett…
Rhett…
Saoule de cette frénésie d'émotions, de couleurs et de senteurs, elle ne lutta plus contre le vertige faisant s'entrechoquer images et voix dans sa tête.
Les dents blanches de Rhett. Ses lèvres goulues sur ses seins. Les longs doigts experts de Duncan, voyageant sur la courbe de ses reins comme un musicien caressant les éclisses de son violon. Les mains de fer de Rhett agrippant en tenaille le pourtour de son crâne, menaçant de le faire exploser.
Des brides de voix, dont le ton diffus s'intensifiait, grossissait au rythme du ressac, pour s'adoucir sur le rivage. Jusqu'à ce qu'elles soient percutées par d'autres tonalités plus graves fracassant tout sur leur passage, aussi violentes qu'une tornade détruisant sans pitié ce qui l'encombrait.
Elle aurait voulu comprimer son front pour faire cesser ces voix. Mais les boucles blondes de Duncan, courant sur ses joues, se mélangeant à sa chevelure d'ébène, la troublait encore plus.
Elle essaya de chasser de sa mémoire les phrases cinglantes, pour n'entendre que les mots tendres. C'était peine perdue.
Si vous partez, que vais-je devenir ? Franchement, ma chère, c'est le cadet de mes soucis mon bannissement de votre lit, j'en suis guéri, grâce à Dieu. Je vous aime. Regardez-vous dans un miroir. Elle est bien morte, la belle du Comté de Clayton. Mon sang ne bouillonne plus que pour vous. Vous êtes dans mon cœur, dans mes veines. Vous êtes ma vie. Notre mariage est fini. Je veux avancer. Je voudrais que nous redevenions amis. Roselyne Tucker. Roselyne Tucker.
Une voix, à quelques millimètres de sa bouche, réussit à pénétrer le brouhaha de son cerveau. "Mon ardente !"
Pour prouver que c'est elle qui finalement allait remporter la victoire sur ces souvenirs cruels, repoussant de ses bras son amoureux afin qu'émeraudes et opales se toisent, elle dit calmement : « J'accepte. »
ooooooooooOOOOoooooooooo
Notes sur le chapitre 37.
(*1) South Carolina palmetto or cabbage palmetto : South Carolina Department of Natural Resources .
(*2) Granit bleu de Winnsboro, Caroline du Sud – source South Carolina Encyclopedia.
(*3) Les fleurs de Caroline du Sud : CHS today, local news : chstoday. /south-carolina-native-flowers/
(*4) S'offrir une danseuse, avoir sa danseuse : « Expression française dont les origines remontent au XVIIIème siècle. Les salles des spectacles étaient cernées par un défilé de prostituées qui rodaient autour des fêtards nocturnes et bien pourvus. A ce titre, l'Opéra, étant la salle la plus notoire de l'époque, prit le sobriquet de « marché aux putains ». Au XIXème siècle, la prostitution devint monnaie courante et atteint l'intérieur des salles. Les danseuses s'adonnaient à la fois à la danse et à la vente de leurs charmes. Alors que certaines se contentaient de passes discrètes, d'autres prenaient le titre de maîtresse d'hommes de la haute société qui dépensaient des sommes énormes pour satisfaire les caprices de ces dames. C'est donc de là qu'est issue cette expression qui s'élargit ensuite pour regrouper toutes les dépenses importantes que l'on peut consacrer à une passion. » (source wikipédia)
(*5) La fontaine est mon « invention ». Je fais référence ici au style Art Nouveau qui est officiellement « né » en 1880, en France, en particulier à Nancy, avec Emile Gallé, Majorelle et Daum), en Allemagne avec le style Jungenstil, ou aux Etats-Unis avec le Modern Art et Louis Comfort Tiffany. Petite confidence : lorsque j'étais antiquaire, j'ai eu le plaisir de vendre de nombreuses œuvres Art Nouveau, des tables marquetées de Gallé ou des vases (authentiques) gravés à l'acide signés Daum ou d'autres. Cette confrontation avec la période 1900, la plus esthétique, est certainement un des meilleurs souvenirs de mon métier.
(*6) Types de marbres italiens utilisés au XIXe siècle, Prato, veine asséchée aujourd'hui : source .it .
(*7) Bague : je me suis inspirée d'un modèle, en y apportant quelques modifications pour que la bague ne soit pas aussi ostentatoire que celle offerte par Rhett à Scarlett. (source : archives 20 juillet 2013, « Importante bague camée émeraude. Travail de la fin du XVIIIème siècle pour le camée. Travail de la fin du XIXème siècle ») .
Note : je n'ai aucun droit sur l'histoire et les personnages d'Autant en Emporte le Vent qui appartiennent à Margaret Mitchell. J'ai créé le « monde » de Duncan Vayton » et de Blanche Bonsart.
