Chapitre 39 : Safrania à tout prix

Je me réveillai dans la même position que celle où je m'étais couchée. Mes Pokémon ayant tous eu peur de la possibilité d'être abandonné un jour, j'avais décidé de dormir contre eux. Mais Bouboule et Florizarre étant bien trop lourds pour le lit, j'avais pris la couette et avais dormi par terre.

Dans mon dos, la très confortable Ronflex n'avait pas vu de problème à ce que je dorme nue comme à mon habitude. Contre mon ventre, Hips et lovés contre moi, m'enlaçant par la même occasion, Moustache et Lektrik. Mist était entre mes jambes et Florizarre était un peu plus loin mais une de ses lianes serrait ma main.

J'avais mal aux fesses, la prochaine fois, je mettrai le matelas par terre. Par contre, dans cette position, impossible de me lever sans déranger personne. Je tournai la tête pour regarder mes Pokémon et vis que Moustache était réveillé et me fixai.

Je lui fis un bisou sur le nez et il se colla d'autant plus contre moi. Je sentis soudain quelque chose me pousser sur la jambe et compris que ça appartenait à Moustache. Le message était clair, bien reçu et totalement partagé. J'avais l'impression que ça faisait des lustres qu'on avait rien fait et j'en mourrais d'envie. Mais les autres Pokémon dormaient...

Je chuchotai :

- On va essayer de se lever discrètement. Puis, si quelqu'un se réveille, tant pis, il rejoint.

Il hocha la tête et se leva en premier. Je me contorsionnai pour éviter de pousser les autres en en faisant de même. Lektrik se réveilla mais se tourna simplement de l'autre côté pour se recoucher. Pas de soucis, tu ne sais pas ce que tu manques, pensai-je.

Je m'assis sur le lit et remarquai que la nouvelle apparence de Moustache l'avait mieux pourvu qu'auparavant. Il me regarda, me demandant la permission du regard et je hochai la tête avant de me laisser tomber sur le dos, me promettant de ne pas trop me laisser aller par respect pour le sommeil de mes autres compagnons.

Lorsque je me rassis sur le lit, l'acte terminé, je remarquai que Mist et Florizarre étaient réveillés. Ils avaient sans doute remarqué ce qu'il s'était passé mais faisait comme si de rien n'était. J'étais étonnée que Florizarre n'ait pas voulu nous rejoindre mais je ne fis pas de commentaire.

Ils me saluèrent en croisant mon regard et je leur fis signe faiblement. Je me rallongeai, me reposai un instant puis me levai pour prendre une douche. Je fis manger mes amis, hésitant à prendre une Ration aussi parce qu'avec le rythme infernal de voyage de Red, je n'avais pas souvent le temps de manger. Mais je ne le fis pas au final, j'avais faim, mais pas à ce point.

Il était encore un peu tôt donc nous restâmes dans la chambre, les Pokémon papotaient entre eux. Florizarre vint alors me voir et me parla. Il semblait vouloir dire quelque chose. Je lui demandai des précisions et il se fit une queue de cheval avec une de ses lianes.

- Safran ? Ah, ce que tu voulais me dire ? Oui, il faut qu'on trouve une occasion de lui parler. Mais avec tout ce qu'il se passe en ce moment, c'est compliqué. On doit aller à Safrania aujourd'hui.

- Floflo...

- Oui, justement, je sais... Désolée, je ne peux pas lui demander ce service comme ça, j'ai déjà retardé notre retour d'un jour pour passer du temps avec eux, ils vont trouver que j'abuse si je continue... Et il faut vraiment qu'on aille à Safrania aujourd'hui.

Il hocha la tête et partit bouder dans un coin de la pièce. J'aimerais l'aider mais le moment était vraiment mal choisi.

Je décidai d'aller dire bonjour à Red, Safran et Gray. Aujourd'hui était le dernier jour...

Je saluai Anna et me plaçai devant la porte. J'inspirai un grand coup, frappai et l'ouvris en m'écriant :

- Salut ! Prêts à partir ?

- Du tout ! répondit Red avec autant d'entrain.

Quoi ? Pourquoi ? Mais il fallait qu'on parte ! Je scrutai la pièce et remarquai qu'il manquait un Pokémon de l'équipe de Red. Je signalai que j'avais compris :

- Mmmm, manque ton Dardargnan...

- Gray et Atchoum aussi, corrigea Safran.

- Et autre mauvaise nouvelle, Gray a décidé de me défier. On va faire un petit match avant de partir, compléta Red.

- Ça te fera un entraînement, répliqua Safran. Je vois pas en quoi c'est une mauvaise nouvelle.

Je me demandai si on allait rester encore une journée à Céladopole du coup. Non, il fallait que je fasse en sorte que non. Enfin, techniquement, tant qu'on y était après-demain, ça passait... Mais non, il fallait y aller maintenant ! Mais je me doutais que je n'aurais pas le dernier mot.

Red nous mentit en disant :

- Parce que j'ai hâte d'avoir mon Badge Marais.

- … Oui, c'est... compréhensible, formulai-je.

- Tu nous feras faire un tour de la ville comme c'est celle d'où tu viens ?

- Ça devrait pouvoir se faire, souris-je.

Si on y arrive aujourd'hui en tout cas. Il me sourit et je lui demandai :

- Ils sont partis où ?

- Juste manger, ils devraient revenir rapidement. Installe-toi sur le lit en attendant, ce sera plus confortable.

Gray arriva quelques minutes après, tout ébouriffé et plein de sang, tout comme le Dardargnan qui le suivait. Il se justifia avant même qu'on ne dise un mot :

- Ouais, je sais, je vais dans la machine...

Gray se lava et dit à Red :

- Tu t'inquiètes pour rien en fait, ton Dardargnan est vraiment costaud.

- Encore des dresseurs ?

- Nan, grâce à lui, on a bouffé du Caninos. Tu m'avais dis qu'il était faible contre le feu mais il les a décimés avant même que je puisse lui dire que t'avais dit non.

- La chance, c'est bon les Caninos... soupirai-je.

- Il les mange sans doute pas préparés lui, commenta Red.

- Tu manges tous les Pokémon crus ?

- Euh ouais, je trouve, je tue, je mange, répondit Gray. Ça marche comme ça.

Je fus sous le choc. Du coup, le Mimitoss n'était pas préparé non plus, c'était sans doute pour ça qu'il saignait autant. Mais... C'était vraiment comestible un Pokémon cru ? Je regardai Gray qui ne comprenait pas ma surprise et ris :

- T'es vraiment à part comme garçon. Paraît que t'as défié Red au fait...

Ce fut Red qui me répondit :

- Oui, je vais soigner toute l'équipe pour qu'ils soient au mieux de leur forme et on va faire ça.

- Sur la Route 8 ? demanda Gray. Je connais un endroit sympa.

- Pourquoi pas alors...

La Route 8 n'était pas tout à côté, ça allait vraiment prendre du temps. Mais...

- Euh, mais si Gray perd... Pas que je dis que ce sera le cas hein, mais dans la possibilité. Vous le soignez comment ?

Safran sourit de toutes ses dents :

- En fait, s'il perd, on le capture ! À la Pokéball !

Je secouai la tête et haussai la voix :

- Z'êtes tarés, capturer un humain !

- Il me suffira de ne pas perdre, rit Gray.

Il continua de rire et je le fixai, ne comprenant pas comment répondre à tant de désinvolture.

Soudain, j'entendis :

- Désolé, je n'y pense que maintenant mais je suis obligé d'essayer pour couvrir nos arrières.

Quelque chose me toucha au ventre, une lumière rouge m'aveugla et je paniquai. C'était comme si je m'étais téléportée. Je me retrouvai soudain dans un environnement tout noir et j'avais peur. Très peur. Je regardai autour de moi et vis cinq rectangles de lumière, on aurait dit des portes.

Ça ne me disait rien qui vaille. Un endroit noir, des lumières, j'étais morte. Si c'était le cas, hors de question d'aller vers la lumière, je devais trouver un moyen de sortir d'ici. Je fis demi-tour et courrai comme une dératée pour échapper à la lumière.

Au bout d'un moment, le noir devint blanc. Je me cachai les yeux, aveuglée, alors que la panique disparaissait pour laisser une sensation de bien-être étrange.

Lorsque j'enlevai ma main, j'étais dans une pièce. Le sol et les murs étaient violets et un gigantesque lit de paille trônait fièrement comme unique meuble, le ciel était en forme de dôme, il semblait plastifié. Je me sentais bien ici et je mourrais d'envie de me jeter sur la paille.

J'entendis alors :

- Euh, tu m'expliques le délire là ?

- Je voulais vérifier qu'elle était libre... Safran, tu peux la libérer et briser la Pokéball ? J'ai peur qu'elle parte au PC si je le fais.

J'étais donc dans une Pokéball. Ils étaient vraiment complètement tarés dans ce groupe... C'était un crime extrêmement grave.

Une main me cacha la lumière sur le toit de ma balle et je fus libérée dans un éclat de lumière rouge. Je me tournai vers Red, furieuse :

- Toi... T'as vraiment pas pigé comment on restait du bon côté de la loi, non ? Mais me balancer une Pokéball ! Je pensais qu'on était amis !

- Justement, je voulais être sûr que tu faisais vraiment ce que tu choisissais de faire, je suis rassuré. Sinon, tu aurais pu t'échapper facilement de la Pokéball, c'est facile à la capture...

Peut-être étaient-ce les portes de lumière qui nous libéraient ? J'avais fait tout l'inverse, voilà l'instinct de survie... Je m'énervai tout de même :

- Et d'où elle vient cette théorie encore ? T'as testé ?

- Le seul truc que j'explique pas, c'est pourquoi t'avais besoin de lui balancer une Pokéball, coupa Gray.

- J'étais juste inquiet pour elle, Gray. Si elle avait été capturée, elle n'aurait jamais pu le dire, c'est le moyen le plus rapide de vérifier.

- Tu m'aurais demandé si tu pouvais essayer, j'aurais sans doute accepté... avouai-je.

- Alors que c'est illégal ? demanda-t-il, étonné..

- Vu les circonstances...

- Je vois... Désolé d'avoir agi si vite alors.

Je tournai la tête, je ne comptais pas pardonner pas si facilement.

Safran mit un terme à la dispute en changeant de sujet :

- On... devrait aller faire ce match maintenant...

Gray sembla très emballé par l'idée. Mais j'avais bloqué sur la ceinture de Pokéballs de Safran. J'ai toujours vu qu'elle avait cinq balles à la ceinture, mais dans la pièce, seuls quatre Pokémon lui appartenaient. Je ne voulais pas relancer le débat mais :

- Tu as quatre Pokémon mais cinq Pokéballs à ta ceinture Safran... Je pensais que tu en gardais une vide à ta portée au cas où comme je le faisais... mais peut-être qu'elle ne l'est pas...

Elle fut surprise et se tourna immédiatement vers Red. J'avais totalement raison. J'aimerais bien avoir une relation de confiance assez profonde avec un potentiel copain pour qu'on échange nos Pokéballs. C'était presque romantique. Mais ça faisait cher payer le symbole vu la punition si on se fait choper. Je secouai la tête et souris :

- De plus en plus tarés vous tous... commentai-je avec un sourire.

Je vis que Red n'avait pas du tout apprécié ma déduction. Effectivement, c'était un point faible que la Team Rocket et Blue adorerait connaître. Et il semblait prêt à me faire taire par tous les moyens vu sa tête, je pris donc les devants :

- Je te promets que je n'en parlerai à absolument personne, Red. Arrête de faire cette tête, j'ai l'impression que tu cherches la manière de m'éliminer.

- Je te fais confiance. Et je sais maintenant que personne ne pourra t'arracher cette information par la force.

- Tu peux me faire confiance là-dessus.

Sur ces mots, nous nous levâmes et partîmes vers le lieu du combat. Red proposa de le faire près du Centre Pokémon au cas où mais Gray avait une idée en tête et ne voulait pas en démordre.

Nous partîmes vers la route 8, je m'occupai de tous les dresseurs puisque je n'avais plus à cacher mon équipe, cela nous entraînait.

Gray nous conduisit dans une forêt et nous nous enfonçâmes dedans. Il s'arrêta dans une clairière sans nous expliquer de quoi il s'agissait. Il demanda à voir Ember qui sembla le détester de tout son être pour ça. Lorsque Red la récupéra pour éviter que ça finisse mal, le combat commença.

Gray tint tête à toute l'équipe de Red, c'était vraiment impressionnant à voir, surtout que les Pokémon du garçon en rouge ne se retenaient absolument pas. La clairière n'était plus du tout reconnaissable, l'environnement était métamorphosé il ne restait qu'une énorme cuve entièrement gelée dans laquelle se battaient les deux garçons. Safran et moi étions obligées de regarder d'une très bonne distance.

Le garçon sauvage m'impressionna une nouvelle fois lorsqu'il se mit à déraciner des arbres pour se battre avec. Il toucha Dardargnan avec l'un d'eux et le Pokémon ne s'en releva pas.

Red se précipita vers lui et sembla galérer à le remettre dans sa Pokéball. Safran et moi nous inquiétâmes beaucoup. Le match fut interrompu, Gray et Red revinrent vers nous. Le garçon en rouge nous rassura :

- Dardargnan va bien. On a réussi à le sauver.

Gray était vraiment dans un sale état, il semblait avoir presque perdu l'usage d'un bras. Je lui demandai :

- Ça vaut vraiment le coup de continuer le combat ? Tu vas mourir à force.

- T'inquiètes, j'ai bientôt gagné !

Non, il n'avait pas du tout l'air de se rendre compte de son état... Il se tourna vers Red et demanda :

- On y va ?

- Oui, avant que tu récupères tes forces.

- Me faudra bien une ou deux nuits de sommeil pour récupérer de ça...

Du sommeil ?! Pour des blessures pareilles ?!

- On ira juste à la Machine de Soin.

- Ouais, ça vaudra ptet mieux.

- Non, on va te passer à la machine des Pokémon, commenta Safran en montrant une des Pokéballs qu'elle avait en main.

- Tu y crois, hein ? rit Gray en sautant à nouveau dans la cuve.

- Tu peux gagner, hein ? Demanda Safran à Red.

- Avec Ember, je ne sais pas... J'ai peur qu'elle essaie de le tuer. Je compte sur toi pour le sauver.

- Pas de problème, sourit-elle.

- Je continue de penser que vous êtes complètement tarés... soufflai-je.

- Tu t'habitueras, répondit Red.

Le combat reprit, opposant Gray à Ember, le dernier Pokémon encore en forme de Red. Ce ne fut pas beau à voir, la bestialité dans son sens le plus pur. Ember eut finalement le dessus et Gray s'évanouit. Red lança la Pokéball pour le capturer comme prévu mais manqua sa cible, ce fut la Feunard qui récupéra la balle et s'occupa d'enfermer Gray dedans avant de nous ramener son butin fièrement.

Elle n'était pas très belle, couverture de boue et de sang. Un vrai Pokémon sauvage.

- J'aurais jamais cru voir un Pokémon capturer un humain... commentai-je.

- Donne-la à Safran, Ember, dit Red à sa Pokémon. Bien joué ma grande.

Elle obéit puis retourna près de son dresseur pour se faire câliner. Il la repoussa, se justifiant par :

- Désolée Ember mais... t'es pourrie.

- Totalement crade, confirmai-je.

Safran s'avança alors et demanda d'une voix toute mignonne :

- Red, j'ai une équipe complète, on fait un match ?

- Et le premier que tu lanceras ? S'enquit Red.

- Toi évidemment, ça me donnera le contrôle sur tous les autres et je gagne le match sans rien faire, sourit-elle.

- Tu es terrorisante.

- Totalement d'accord... affirmai-je.

- C'était une blague... couina faiblement Safran.

- Je pense que c'est le fait que tu sois réellement capable de contrôler Red et toute son équipe qui est le plus terrifiant dans l'histoire, lui expliquai-je.

- Je ne ferai jamais ça ! s'indigna la fillette.

- Je ne sais pas. Quand on a le pouvoir, il en faut souvent peu pour commencer à en abuser. Ce n'est pas pour rien que c'est illégal...

Elle se tourna vers Red qui la rassura immédiatement :

- J'ai une totale confiance en toi, je sais que tu ne feras jamais ça.

Safran fut ravie de la réponse, elle enlaça son copain. Je soupirai et tentai de lui faire comprendre que ce n'était pas bien mais il s'en fichait.

Il commenta alors :

- On devrait aller soigner Gray maintenant...

- Safrania ? demandai-je, espérant vraiment qu'on y aille ce coup-ci.

- Céladopole.

Le trajet retour prit plus de temps qu'à l'allée, sortir de cette forêt se révélait compliqué sans Gray pour nous guider. Je fis d'autres combats sur la route et nous nous retrouvâmes à nouveau au Centre Pokémon de Céladopole, où Kate nous accueillit.

Je laissai mes amis pour m'attabler dans le hall et manger un sandwich, acheté la veille. Le Métamorph de Gray était sur la table et bavait presque devant ma nourriture, je lui donnais un bout même si j'avais très faim et il fut ravi.

Red et Safran soignaient Gray et leurs Pokémon, le garçon me demanda :

- Tu ne soignes pas les tiens Karen ? Ils ont beaucoup combattu.

- Ils ne sont pas blessés donc ça ne presse pas, mon estomac si, ricanai-je.

Il hocha la tête et me dit qu'ils allaient un instant dans la chambre, j'acquiesçai.

Je finis de manger mais avais envie de rester encore un peu assise, je me mis alors à caresser Atchoum. Il avait une texture vraiment étrange, comme de la gelée. Je trouvais que faire glisser ma main dessus était perturbant donc je le piquai avec mon doigt à plusieurs reprises il avait l'air d'adorer ça.

J'avais envie de lui demander de se transformer en plein de choses mais je n'osais pas en faire la requête sans l'accord de son dresseur. Dresseur qui sortit d'ailleurs de la chambre, ignora Kate qui lui demandait quand il était entré et vint me voir directement.

- Alors, pas trop choquée du combat ?

- C'est plutôt un choc de savoir que tu as perdu, le raillai-je gentiment.

Il prit ma remarque avec fierté :

- Moi aussi je pense que j'aurais dû gagner. J'étais pas en pleine forme il faut dire.

Oui enfin, tu as battu cinq Pokémon d'un dresseur super puissant tout seul, commentai-je mentalement.

- On y va pour de bon cette fois ? demandai-je.

Il acquiesça et nous sortîmes du Centre Pokémon.

- Safrania donc... sourit Gray en route. Ça promet.

- Tu y as déjà été ? lui demandai-je.

- Ouais, quelques fois, c'est en plein milieu !

- Les gardes ne t'ont pas empêché ? S'étonna Red.

- Il n'était pas dresseur, lui fit remarquer Safran. Le garde nous avait dit que l'on pouvait rentrer sans Pokémon.

- Vrai...

- Je vais devoir jeter la morve ?

Safran et moi criâmes à l'unisson :

- Non !

Je décidai d'expliquer :

- J'ai un passe pour dresseurs comme je viens de cette ville, ça marche aussi pour les petits groupes parfois.

- Parfois ? répéta Red.

- Ça ira, ça ira ! Fais-moi confiance pour ça.

En général, les gardes ne vérifiaient pas les pass de tout le monde. Si ça ne marchait pas... J'aviserais. Au pire, nous ferions comme à la Piste Cyclable. Si les Rockets voulaient attaquer la Sylphe, la police n'irait pas rechercher un petit groupe comme le nôtre et... Olala, je commençais à penser comme une criminelle, la mauvaise influence...

Je fixai Red d'un regard mauvais qu'il ne comprit évidemment pas.

Arrivés au poste de garde, je sortis ma carte de dresseuse. J'avais un pass classique mais ma ville de naissance était également écrite sur cette carte donc ça suffisait.

Nous rentrâmes à l'intérieur pour voir un garde... vraiment pas très professionnel. Il était sur une chaise, les pieds sur le comptoir et son Pokémon, un Rattata, courrait de partout. Ce dernier couina et son maître nous regarda pour dire :

- C'est pour quoi ? On vous a pas dit que la ville était fermée et qu'on m'a refilé le boulot le plus pourri du monde ?

Je me tournai vers Red, ce n'était pas normal ça. Il haussa les épaules, il comptait sur moi après tout.

- M'enfin, vous voulez passer, non les mioches ? continua-t-il. Z'avez d'la chance, je pourrais être de très bonne humeur.

- Euh... J'ai un pass pour un...

- Rien à foutre de vos pass ! cria-t-il soudainement en se redressant tout à coup pour frapper sur le comptoir. Tout ce que vous avez besoin de savoir, c'est que ces sales types m'ont collé à ce poste moisi depuis plusieurs heures et qu'y a pas un frigo à la ronde ! Alors z'êtes bien gentils et vous courrez m'chercher un truc à siffler avant que je finisse aussi sec qu'un Tentacool crevé sur le Mont Ardent !

D'accord, cet homme était un membre de la Team Rocket, c'était sûr. Ils avaient déjà infiltré la ville à ce point ? Je savais qu'ils se promenaient en ville plus ou moins librement depuis peu mais de là à contrôler les postes de gardes. Gray fit craquer ses poings, prêt à l'action.

- J'ai compris qu'il voulait que je le sèche...

- Attends trois secondes, le stoppai-je.

J'inspirai un grand coup. Si c'était un Rocket, il n'y avait qu'un seul moyen de passer sans se mettre tout le groupe à dos. Je m'approchai de lui et l'attrapa par son col.

- Viens là, toi ! dis-je d'une voix que je voulais menaçante.

Je tirai le gars vers moi et murmurai assez bas pour que les autres n'entendent pas :

- Je suis en mission pour Aline. Et je n'aimerais pas être à la place de celui qui irait contre sa volonté.

Je le relâchai et me reculai en souriant :

- On s'est bien compris ?

- Oui Mam'zelle ! Allez-y !

C'était bien un Rocket, et le bluff avait fonctionné. Le nom d'Aline était très pratique dans cette organisation mais personne ne l'utilisait comme excuse parce que si elle s'en rendait compte, on était foutus. Mais je devrais bientôt quitter le groupe alors ça irait, je pensais.

Je me tournai vers mes amis et leur souris :

- Allons-y !

- Et... bonne journée ! cria le garde pendant qu'on empruntait l'autre porte.

Les questions fusèrent dès la porte fermée.

- Comment as-tu fait ? demanda Safran.

- Elle l'a menacé, t'en as plus que je le croyais Karen, me félicita Gray. Tu lui as dis quoi pour le faire blanchir comme ça ?

- Hum... Juste à quoi il s'exposait en refusant de me laisser rentrer chez moi... mentis-je faiblement.

Cela ne sembla pas passer auprès de Red mais il n'insista pas.

Nous étions à Safrania, et dans les temps. Demain serait le jour tant redouté.