Je vous propose un nouveau voyage avec le trio Jim Kirk, Spock S'ch t'gai et Leonard McCoy
Cette fiction
s'articulera en 6 parties. Je les posterai comme des histoires indépendantes car chacune aura sa propre couleur.
Comme toujours, le doute m'a accompagnée tout au long de mon écriture.
Aussi, prenez le temps de me laisser un commentaire, j'y répondrai avec plaisir.


BÉNÉVOLENTS •

Littéraire Rare Désuet. Emprunté au latin benevolens «Favorable, bienveillant, qui veut du bien »
Personne qui fait preuve de bonté indulgente, qui possède un caractère bienfaisant, bienveillant, qui agit toujours pour le meilleur bien de toustes.
Sources : Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales CNRTL, Cnrs : cnrtl•fr/definition/bénévolent
& Wikitionnaire : fr•wiktionary•org/wiki/bénévolent

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Partie I - ÉMISSAIRES
1 - Un père Vulcain

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36909,27 (28 septembre 2269)
L'Entreprise avait quitté Vulcain depuis quatorze jours.
Avec la complicité du Capitaine, le Docteur McCoy avait réussi à contraindre Spock à prendre sept jours de repos complet afin de se remettre de l'épreuve du Pon Farr. T'Pau, la Matriarche du clan S'chn t'gai, avait transmis une missive à Starfleet-command expliquant que l'Enterprise s'était détournée de son trajet à sa demande, afin d'accomplir une mission secrète. Nul n'avait osé remettre en question les affirmations de l'impressionnante Vieille Dame. (il se murmurait que certains Amiraux avait peur d'elle)

Spock reconnaissait à présent la pertinence de la décision du médecin. Ces jours de méditations intenses lui avaient permis de restaurer la quasi-totalité de son équilibre psychique.
Jim avait respecté son besoin de solitude. Il l'avait cependant contacté chaque jour de son congé, à la fin de son service, toujours à la même heure, au motif de le tenir informé de l'avancement des divers dossiers. Jim ne lui avait jamais posé d'irrationnelles questions Humaines, ne lui avait jamais demandé s'il "allait bien". Mais Spock avait bien remarqué son regard discrètement scrutateur sur lui. C'était pour Jim une façon de s'assurer que son ami était en bonne santé. Loin d'être incommodé par cette sollicitude Humaine, Spock avait trouvé cela éminemment agréable.

Au bout de ces 7 jours, la vie professionnelle reprit son cours, Spock retrouva sa place sur la passerelle. Le Capitaine ne se donna même pas la peine de dissimuler la profonde satisfaction qu'il éprouvait à avoir à nouveau son Second à ses cotés. Spock avait la sensation que l'épreuve du Pon Farr avait profondément resserré les liens d'amitié entre Jim et lui...

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Spock sut quand la sonnerie de sa porte retentit que ce n'était pas son ami Jim Kirk. Ils avaient programmé une partie d'échec trois Dimensions. Mais il était trop tôt : le Capitaine avait une réunion en salle des machines.

Immédiatement après leur escale imprévue sur Vulcain, l'Enterprise avait été missionnée pour convoyer des diplomates à une commission internationale. Parmi eux, se trouvait l'ambassadeur Sarek S'ch t'gai. Depuis son arrivée à bord avec les membres de son équipe, quatorze jours auparavant, son père s'était totalement isolé. Il n'avait à aucun moment cherché à entrer en contact avec son fils, alors même qu'il savait que le médecin l'avait placé en arrêt maladie.
Sa mère, la douce Amanda n'avait pas été autorisée à prendre part à ce déplacement.
Le lendemain de la cérémonie du Ku'nat'kali'fee [union ou challenge], elle avait enregistré un message en cachette de son époux, des mots hautement émotionnels. Elle demandait pardon à son fils d'avoir choisi pour lui cette femme qui l'avait si odieusement trahi. Elle ne se cherchait aucune excuse. Spock lui avait répondu de sa voix la plus douce et calme qu'elle n'était coupable d'aucune faute. Elle avait fait son devoir de mère. Ses souvenirs d'enfant la revoyaient, indignée, tenant tête à Sarek pour s'opposer à ses fiançailles d'enfant avec T'Pring, cette «coutume barbare d'un autre âge» ... Au regard de ce qui s'était passé dans l'arène lors de la cérémonie du Kal i farr, ces propos prenaient un sens prophétique.

Spock avait la sensation que son père fuyait sa présence... illogique. Sarek n'avait aucune raison de tenir rancune à son fils à propos de la cérémonie ratée de son Kal i farr, la responsabilité était du seul fait de la cupidité de T'Pring. De plus, l'un comme l'autre étaient censés ne plus être en froid depuis l'incident Babel*.

Il actionna l'ouverture automatique de sa porte, qui s'ouvrit sur l'Ambassadeur Sarek.
Spock avait remarqué les regards de Jim, chargés de reproches, se poser sur l'Ambassadeur lorsque celui-ci ne le voyait pas. D'ordinaire si aimable et chaleureux avec les passagers, le Capitaine avait par ailleurs été étonnement froid et distant avec Sarek. Celui-ci venait-il lui en faire le reproche?

Sochya heh dif, sa-fu t'nash-veh [Paix et longue vie, mon fils]

Sarek était donc là en tant que Père. La solennité de son attitude laissait entendre que ce n'était probablement pas une visite de courtoisie. Si telle avait été son intention, il serait venu le voir plus tôt. Spock contint une irrationnelle envie de lui claquer la porte au nez comme l'aurait fait McCoy dans ce genre de situation. Mais il était Vulcain, aussi, il se contenta d'afficher la plus stricte des neutralités.

Dif-tor heh smusma, sa-mehk [Longue vie et prospérité, Père] Entrez.

Spock attendit que la porte se soit refermée pour demander en Vulcain:
Puis-je m'enquérir de la raison de votre visite?

— Je souhaite m'entretenir avec vous au sujet de votre mariage. Répondit Sarek sans s'embarrasser de préambule

— Mon mariage?
Son père n'avait pas perdu de temps!

— Il est de votre devoir de perpétuer le sang de notre noble famille. J'ai amené avec moi le profil de candidates dignes de rentrer dans notre famille.

— La trahison de T'Pring ne vous a-t-elle donc pas suffi? Rétorqua Spock, glacial.

Il revoyait encore le combat à mort qui l'avait opposé à Jim lors du Kal-if-fee [combat rituel des prétendants].
T'Pring avait eu l'outrecuidance de sélectionner son Capitaine et ami comme son champion. Jim n'avait pas eu d'autre choix que de respecter la coutume Vulcaine.
Le raisonnement de T'Pring avait été d'une logique implacable… et dévoyée si on se plaçait du point de vue moral des Humains : si Kirk gagnait en le tuant, elle était "veuve", riche héritière et libre. Si Spock gagnait en tuant son Capitaine, il ne voudrait plus d'elle comme épouse et elle obtiendrait de lui la moitié de son patrimoine en compensation. Dans un cas comme dans l'autre, Jim ou Spock se retrouvaient à êtres les armes léthales de ce… meurtre commis avec préméditation. Elle se débarrassait de son fiancé officiel et pouvait continuer à vivre avec Stonn, le Vulcain qu'elle avait choisi.
Il eut été plus honnête de sa part de ne pas attendre le Pon farr de Spock pour révéler sa liaison et rompre leurs fiançailles, mais l'appât du gain avait été le plus fort.

Spock se rendit compte à ses dépens qu'il n'était pas aussi remis de son traumatisme qu'il le croyait.
Irrationnellement, il sentait encore le corps amorphe de son ami peser au bout de ses bras… le vent sec du désert, l'odeur du sable, de leurs adrénalines, de leurs sueurs, du sang de Jim lui remontèrent aux narines.
Jim!
Jim ne respirait plus, il l'avait étranglé de ses mains!
Spock revoyait le torse barré d'une ligne de sang dégoulinant… si rouge… et son visage pâle... si mortellement blanc… et sa poitrine désespérément immobile dans laquelle plus aucun souffle ne circulait.
Spock ressentit à nouveau cette sidération atterrée. Il entendit le hurlement muet de désespoir absolu qui avait résonné dans son esprit alors qu'il avait retrouvé le contrôle de ses pensées….
Dans son accès de folie, il avait tué de ses mains son meilleur ami, son Capitaine qu'il avait pour mission de protéger !
Il avait frôlé le débordement émotionnel ce jour-là...

Spock chassa vigoureusement ces souvenirs qui revenaient encore le hanter la nuit dans son sommeil, en provenance de sa Krus'Qom'i [part Humaine]. Les Vulcains n'étaient pas censés de souffrir de stress post-traumatique.
Il rehaussa ses Naph-fo-dan [boucliers mentaux]. Il renvoya ses images mentales atroces dans les limbes d'où elles n'auraient jamais dû ressortir : Jim était bien vivant et en excellente santé. Bones... le docteur McCoy avait fait ce qu'il fallait, et il éprouvait à son égard une infinie reconnaissance absolument pas Vulcaine. Mais il l'assumait.

À l'autre bout du vaisseau, Kirk sentit monter en lui un mélange de douleur psychique et d'irritation dont il n'identifia pas l'origine.
Sa réunion s'était parfaitement bien déroulée. Scotty avait été parfait. Comme toujours, son équipe était efficace et professionnelle, à l'égal de chacun des membres de cet équipage dont il était si fier.
Mais alors, pourquoi ressentait-il cet agacement viscéral ? Kirk avait toujours eu une sorte de sixième sens, d'instinct qui l'alertait en cas de danger. Mais ce qu'il éprouvait n'avait rien à voir avec cela.
Kirk décida de remettre ses questions à plus tard, une partie d'échec 3D l'attendait. Sa bonne humeur lui revint à la perspective de cette agréable soirée avec son ami Spock… entachée cependant par cette irritation persistante. Il entra dans sa cabine, et alla rapidement se doucher et se changer.

Sarek se trouva presque pris au dépourvu. La trahison de T'Pring?
Il vous faut prendre vos précautions pour votre prochain... Pon farr. Argumenta-t-il

Le mot sembla lui avait été arraché de force.

Mon premier s'est déroulé il a approximativement quatorze jours. Avec 12 ans, 2 mois et 20 jours de retard par rapport à la moyenne des mâles Vulcains. Rien ne prouve que le prochain se déroule dans 6 ans, 11 mois, 2 semaines et 4 jours.

— Rien ne prouve le contraire.

Je ne veux pas débattre avec vous de la probabilité de la survenue de ce moment intime. Je ne souhaite pas non plus choisir de fiancée sur une holographie

— J'ai amené avec moi leurs profils psychologiques et leur niveau d'études, chacune d'elle ferait une bonne épouse. Insista Sarek

— Je n'ai pas besoin d'une bonne épouse. T'Pring aussi donnait toutes les assurances de la perfection Vulcaine.

Le ton ferme de Spock était parfaitement neutre, totalement Vulcain.

Je vois. Rétorqua Sarek en ne parvenant pas à contenir la sécheresse de sa voix. Vous préférez la compagnie des Humains. D'un humain en particulier.

De la part d'un Vulcain qui avait épousé une Humaine, Spock trouva cette allusion illogique et déplacée.
— Qu'insinuez-vous ?

— Je vous ai observé lors de vos interactions avec le Capitaine Kirk. Vous êtes très proche de lui.

— Nous sommes proches autant qu'un Capitaine et son officier en second peuvent l'être. Nos années de travail côte à côte nous permis d'apprendre à nous connaître et à nous comprendre mutuellement. Nos façons d'analyser les faits sont complémentaires. Cela fait de nous une équipe de commandement plus efficiente. Il n'y a là rien répréhensible.

— Vos relations vont bien au-delà du strict cadre professionnel.

— Que sous-entendez-vous? Demanda Spock sans se départir de son calme. J'attire votre attention sur le fait que, lors de cette mission, le Capitaine a courtisé l'Ambassadrice Amillia avec succès. Tous les deux ont passé une grande partie de leur temps libre ensemble, y compris des nuits
Ils n'avaient d'ailleurs disputé que deux parties d'échec depuis que Jim avait séduit cette ambassadrice.

— Je ne pense pas que cela constitue un argument pertinent…

Spock avait assisté au départ de cette femme. Il ne faisait aucun doute que les deux amant·es se quittaient en très bon terme, toustes les deux semblaient ravi·es de cette expérience commune.
Le regard de Spock se détourna de son père pour se poser sur la porte. Dans la demi-minute qui suivi, la sonnerie se fit entendre. Spock ouvrit la porte, Jim entra, l'air soucieux. Il se reprit aussitôt en remarquant la présence de Sarek. Il comprit soudain la raison de son agacement: son sixième sens devait l'avoir averti que Sarek avait encore eu des propos blessants à l'égard de Spock. Il redevint le froid et professionnel Capitaine Kirk.

— Ambassadeur Sarek, Commandant Spock, je ne voulais pas interrompre votre conversation privée. Je vais vous laisser.
Malgré son désir de débarrasser son ami de la désagréable présence de son père, il ne pouvait se permettre d'intervenir.

— Non, restez Capitaine, l'Ambassadeur allait justement partir.

Le regard glacial du Capitaine se posa sur Sarek, le mettant presque au défi de contredire Spock alors qu'ils étaient dans ses quartiers.

— Je vais me retirer. Je vous souhaite le bonsoir, Capitaine.
Sarek aurait préféré pouvoir raisonner son fils. Mais il eut été impoli de le faire, voire contre-productif, puisque que sa présence était devenue indésirable.

— Bonne soirée, Ambassadeur. Répondit Kirk froidement.

Nah'uh k'ra va-tor nash-veh 'du, sa-fu t'ansh-veh, nam-tor ish-veh room t'du [Songez à ce que je vous ai dit, mon fils, c'est pour votre bien]

— Ma réponse a été claire, il me semble. Rétorqua Spock.

Sarek parvint à ne pas réagir et sortit, vivement mécontent.

Depuis le Pon farr de Spock, Kirk avait décidé d'apprendre le Vulcain.
Il n'avait donné aucune explication à cette lubie, et Spock ne s'était pas permis de poser de questions. Il était logique de la part d'un Capitaine de toujours vouloir agrandir l'étendue de ses connaissances. En à peine 13 jours, Kirk avait fait des progrès si fulgurants en la matière, que Spock en avait été désarçonné. Kirk la maîtrisait déjà suffisamment pour comprendre les mots de l'Ambassadeur.

— Que vous a-t-il encore reproché ? Demanda-t-il

— Cela n'a aucune importance, Capitaine. Souhaitez-vous boire une tasse de theri-masu ?

Il savait qu'il était inutile d'insister. Il ne voulait pas non plus être intrusif.
— Oui, avec plaisir!

Kirk appréciait vivement ce thé aux plantes aromatiques Vulcaines, au goût délicieusement amer. Dame Amanda avait demandé à son époux Sarek d'en ramener un gros sachet à leur fils, ainsi qu'un petit conteneur de plomeek en stase de conservation. L'Ambassadeur avait fait livrer le tout par un enseigne dès son arrivée à bord. Comparé à celui du réplicateur, c'était le jour et la nuit.

Il regarda Spock le préparer avec ses gestes lents et calmes, gracieux. Cela ressemblait un peu aux antiques cérémonies du thé des peuples Nippons.

Kirk sentit sa tension retomber peu à peu. Spock lui tendit une petite tasse en terre cuite, sans anse, leurs doigts se frôlèrent agréablement sans qu'ils n'y prêtent attention.

Kirk en huma le parfum, les yeux mi-clos
— ...mmm. Murmura-t-il en sirotant une gorgée brûlante.

— J'en déduis que ce Theri-masu est réussi. Les masu envoyés par Amanda sont particulièrement odorantes.

Depuis que Kirk apprenait le Vulcain, Spock se permettait en privé d'ajouter des mots dans cette langue dans ses phrases. C'était agréable, surtout quand Jim faisait l'effort de répondre en Vulcain.

Kwon-sun nam-tor Ko-mehk t'dular ashayat-yehat-kosu [ Votre mère a toujours été une femme adorable]

Il se retint de demander comment elle avait bien pu accepter pour époux un Vulcain aussi antipathique.

Spock sortit le plateau d'échec 3D et disposa les pièces.

— C'est à votre tour de prendre les blancs.

— C'est donc à moi d'ouvrir le bal. Répondit Kirk avec malice.

— Ouvrir le bal, Jim ?
À quelques exceptions près, Spock ne le nommait ainsi que dans le cadre privé.

Le sourire de l'Humain s'agrandit. En réponse, les yeux de l'impassible Vulcain se firent presque doux.

La partie d'échec commença. Ils n'éprouvaient pas forcément le besoin de parler. Ni l'un ni l'autre ne craignait le silence. La théière était posée à côté d'eux, et ils se resservirent de temps en temps. Le combat commença. Spock jouait comme toujours de façon parfaite. Quoique Jim avait la sensation que son ami n'était pas totalement concentré sur leur partie. Qu'avait bien pu lui dire Sarek ?

Jim gagna et Spock bon perdant, le félicita, comme il était coutume de le faire chez les Humains.

— Avons-nous le temps pour une seconde partie? Suggéra Jim.

La soirée était bien entamée, mais ni l'un ni l'autre n'avait sommeil.

— Si vous le souhaitez. Je vais refaire du Theri-masu

Vous me faites une offre impossible à refuser. Plaisanta Jim

Spock alla rincer sa théière dans la salle de bain.

Jim remit les pièces en place sur les plateaux du jeu, en songeant à une nouvelle stratégie.

Il profita de l'absence du Vulcain pour se laisser un peu aller. Il se leva. Avec un long soupir de satisfaction, il s'étira langoureusement de tout son long, les yeux fermés, en étirant les bras et les mains haut vers le plafond.
Avant de venir retrouver son ami, il était allé se changer, et avait remis son vieil uniforme. L'un de ses tous premiers, l'un des rares à avoir survécu sans déchirure à leurs nombreuses missions. La tunique, lavée et relavée était un peu plus courte, et surtout le tissu en était plus souple et plus doux sur sa peau nue. Prévoyant la chaleur Vulcaine de la cabine de Spock, Jim n'avait pas mis de maillot de corps en dessous.

Spock sortit de la salle de bain. Il avait déjà vu Jim torse nu à ces nombreuses reprises, sans que cela ne déclenche en lui la moindre réponse émotionnelle, mais là…
Tout le corps de Jim était en extension. La tunique lui remontait sur le ventre, le pantalon avait légèrement glissé en sens inverse, dévoilant un demi-centimètre de son boxer gris.
Spock ne put détacher son regard de l'insolent nombril. Une fine ligne de poils blonds cendrés semblait y prendre source, et descendait jusque sous la ceinture. L'étirement de Jim faisait ressortir le dessin de ses abdominaux habituellement cachés par son léger surpoids, entretenu par sa gourmandise. Il mettait en valeur les lignes de sa ceinture d'Adonis, accentuait la cambrure de ses reins, arrondissait ses muscles fessiers…
La respiration de Spock se bloqua de façon parfaitement irrationnelle pendant une fraction de seconde.

Lorsqu'il rabaissa ses bras et rouvrit les yeux, Spock avait retrouvé son impassibilité. Mais Jim avait eu le temps de percevoir… quelque-chose qu'il ne put identifier. Ce trouble réveilla en lui la préoccupation qui l'avait assailli depuis qu'il avait vu Sarek dans cette cabine. Il eut soudain très envie de l'interroger à nouveau sur la raison de la visite de l'ambassadeur.

Spock prépara à nouveau du thé, et Jim rongea son frein.

— Posez votre question, Jim.

— Elle risque d'être indiscrète. Avoua Jim, même pas étonné que Spock l'ait aussi bien deviné. Et je ne veux pas vous embarrasser.

— L'embarras est un sentiment Humain, Jim. Les Vulcains n'éprouvent pas de sentiments.

Les yeux de Spock brillèrent d'une discrète malice. Jim savait que les Vulcains avaient des émotions, violentes, bien camouflées derrières leurs boucliers mentaux. Spock savait qu'il le savait, et cela ne le gênait plus. Son ami l'avait toujours accepté tel qu'il était.
Jim esquissa un sourire complice, et ne commenta pas l'affirmation de Spock.

— Sarek est venu me voir afin de me soumettre une liste de fiancées potentielles. Expliqua Spock d'un ton détaché.

— La trahison de Miss T'Pring ne lui a donc pas servi de leçon? S'exclama Jim avec une brusque colère froide qu'il parvint à peine à contenir. Comment à notre époque peut-on encore choisir une fiancée sans la rencontrer?

Ils n'avaient jamais reparlé de ce qui s'était passé ce jour-là. Leur violent combat, le simulacre de la mort Jim provoquée par le puissant anesthésiant contenu dans l'hypospray que lui avait injecté McCoy. Des journées entières de méditations intenses avaient été nécessaires à Spock pour s'en remettre psychologiquement: sans l'intervention Bones, il aurait tué Jim. À nouveau, Spock fut secrètement reconnaissant envers le médecin de lui avoir permis de ne pas commettre ce meurtre abominable.

— Ce n'est pas vous qui avez failli me tuer, Spock! Protesta Jim avec véhémence. C'est cette femme, en faisant semblant d'accepter ce mariage puis en me choisissant, moi, votre ami, comme combattant à la place de son amant!

Plus que jamais, Spock avait la sensation que Jim lisait dans ses pensées. Ce qui était impossible: son ami n'avait pas de don de télépathie. Mais il était en revanche doté d'une grande faculté d'empathie humaine, et d'un instinct très sûr. Alliée à sa vive intelligence, ses capacités d'adaptation, d'improvisation et ses compétences naturelles pour le commandement, cette compréhension intuitive des affects contribuait à faire de lui un excellent Capitaine.

Jim prit une grande respiration et parvint à retrouver son calme :
— Je n'ai jamais su comment Dame T'Pau a pris la chose. À ma connaissance, nous n'avons reçu aucune plainte officielle, elle a même transmis à Starfleet une justification à notre présence sur Vulcain. Mais a-t-elle été offensée? Après tout, nous avons bafoué une cérémonie traditionnelle.

— Avant notre départ de Vulcain, je lui ai adressé une missive afin de lui présenter nos excuses. Je lui ai expliqué que ni vous ni moi ne connaissions le contenu de l'hypospray que vous avait injecté McCoy. Et que le but du médecin avait uniquement été de vous sauver la vie en faisant en sorte que les apparences soient sauves. Pour reprendre ses termes exacts, Dame T'Pau m'a répondu: thrap-fam'es nufau.

— Donc sur le coup, elle a été offusquée. Comprit Jim qui connaissait cette expression. Mais elle a choisi de ne pas être offensée, pour le bien de tous.

— Tout à fait. Elle a analysé cet événement sous le prisme de la logique et de la raison. L'intervention judicieuse docteur McCoy a évité un scandale qui aurait pu porter atteinte à la bonne entente entre les gouvernements Humain et Vulcain

— Oui, je comprends. Le gouvernement Vulcain aurait refusé toute enquête. Ce qui aurait provoqué un incident diplomatique.

— De plus, Dame T'Pau estime que la violence est un comportement irrationnel et inadapté. Elle a désapprouvé le comportement de T'Pring, mais en tant qu'officiante du rituel traditionnel, elle ne pouvait se permettre d'émettre d'objection au Kal-if-fee [combat rituel à mort]

— Qu'est-ce qui vous fait dire cela?

— Le dernier Kal-if-fee remonte à 152,23 années standards. Les kugalsular [fiancés], mâles ou femelles n'attendent plus la survenue du Pon farr pour rompre leur lien si l'un ou l'une d'elleux se lie d'attachement avec un ou une autre partenaire. T'Pau m'a d'ailleurs informé officiellement avoir, en tant que Matriache de notre clan, désavoué le comportement de T'Pring. Elle lui a refusé toute forme de compensation financière pour la rupture des fiançailles, au motif que sa liaison avec Stonn annulait tous les devoirs de la famille S'chn t'gai envers elle…

Les yeux de Jim s'éclairèrent d'une féroce jubilation, mais il ne fit aucun commentaire, et laissa Spock poursuivre son explication.

─... de plus, le Docteur McCoy n'a fait qu'accomplir son devoir de médecin en évitant la survenue de votre mort. Selon Dame T'Pau, le rituel a été accompli. Conformément à la tradition, je vous ai vaincu dans les règles.

— Vous m'avez battu à plates coutures, ce jour-là. Confirma Jim. Et ce ne fut pas grâce au paralysant de Bones.

Sans y penser, Jim posa sa main sur la cicatrice qui barrait encore sa poitrine, il avait refusé que Bones la lui efface. (L'Ambassadrice Amillia avait trouvé cette marque si sexy.)
Ce combat à mort lui avait fait prendre conscience de la force herculéenne de son ami, par rapport à la sienne. Et pourtant, Jim savait se battre. Il avait bien retenu la leçon, cela l'avait rendu plus humble quant à ses propres aptitudes au combat. Il avait demandé à Spock de lui enseigner les règles de base du ke-tarya [ Tai-chi-chuan Vulcain] et du kheile'a. Le premier avait pour but de renforcer l'harmonie entre le corps et l'esprit. Le second contenait des techniques de défenses non violentes : le to'tsu'k'hy [pincement neural] qui endort l'adversaire en était la technique la plus efficace, mais Jim n'était pas encore parvenu à l'acquérir.

Il y eut une demi-minute de silence.

— J'en déduis donc que vous avez refusé sa proposition. Reprit Jim tranquillement

— Vous déduisez juste. Ma nature hybride a induit un retard de 12 ans, 2 mois et 20 jours dans le déclenchement de mon Pon farr, rien ne prouve que cette fièvre m'atteigne une seconde fois.

Étrangement, il n'éprouvait plus aucune honte à présent à prononcer ce mot ou à évoquer cet honteux état de rut propre à espèce. Jim ne le jugeait pas.

— Vous ai-je déjà dit combien je n'aime pas le mot hybride.

— Pour quelle raison?

— Je ne saurai le dire, pour moi, vous êtes un métis. Comme la plupart des...
Jim se retint de finir, il ne voulut pas offenser son ami en lui disant que la plupart des Humains actuels étaient des métis.

—... hum, comme tous les êtres issus de deux ethnies différentes. Et il y en a de plus en plus.

Spock perçut les hésitations de son ami, il n'eut aucune difficulté à en deviner les raisons. Les humeurs irrationnelles et fluctuantes des Humains lui étaient incompréhensibles, mais pas celles de Jim. C'était à la fois reposant et fascinant.
Il versa un peu de thé dans la tasse de Jim. L'humain en huma le parfum et en but une gorgée avec une sensualité inconsciente.

— …mmm. Murmura-t-il à nouveau.

Spock s'assit en face de Jim

— Cette fois-ci, l'ouverture est vôtre. Déclara Jim, prêt à en découdre.

… et ce fut lui qui perdit le match.

— o —

L'Enterprise arriva au lieu de rencontre. Sarek se rendit à la salle du téléporteur, accompagné de sa suite. Le Capitaine Kirk l'y attendait déjà, il discutait avec le lieutenant Scott.

— Ambassadeur Sarek. Dit sobrement le Capitaine à son entrée

— Capitaine Kirk, le Commandant Spock n'est pas avec vous? Répondit l'Ambassadeur

— J'ai confié à mon Officier en second la supervision des vérifications des algorigrammes de l'ordi biotronique. Nous allons repartir en mission d'exploration dans l'après-midi, il est indispensable que tout soit cent pour cent opérationnel

— Oui, je comprends. Ne put qu'approuver Sarek.
Son fils était un expert en ce domaine. Il était logique et légitime que cette responsabilité lui incombât.

— J'aurai apprécié pouvoir lui parler avant de partir. Reconnut-il dans l'espoir que Spirk autorise Spock à les rejoindre.

— Vous êtes resté plus de 13 jours à bord, dont quatre uniquement consacrés à convoyer tous les ambassadeurs dans un sens puis un autre. Rétorqua le Capitaine d'un ton trop neutre pour qu'il soit naturel.

Sarek comprit le sous-entendu, et la raison de la froideur inhabituelle du Capitaine à son égard depuis son arrivée à bord.

— J'ai été très occupé à préparer les délibérations, puis à rédiger mon rapport.

— Je comprends, vous n'avez pas eu une seconde de temps libre. Le devoir avant tout, comme le Commandant Spock actuellement.

Sarek avait appris depuis longtemps à «lire entre les lignes des non-dits» des comportements des Humains: Spock avait fait part à son Capitaine de son souhait de ne pas reprendre leur discussion de la veille. Et son ami avait réagi en lui confiant cette tâche qui avait toutes les apparences de la légitimité. Ces deux hommes avaient la réputation d'une loyauté mutuelle sans faille : s'en prendre à l'un équivalait à se faire un ennemi de l'autre.
Sarek prit conscience qu'il avait repoussé autant que possible cette entrevue, en se cachant derrière ses devoirs d'ambassadeur. Il avait anticipé le rejet de son fils.
Sarek comprit qu'il venait de recevoir une leçon de la part de cet Humain, il l'accepta comme telle. Il monta sur la plateforme de téléportation.

Mene sakkhet ur-seveh, kevet-dutar Sarek. Vehst-Amsetri tre. [Longue vie et prospérité, Ambassadeur Sarek. Votre présence nous a honoré]. Dit Kirk avec un naturel désarmant.

L'accent était imparfait, mais rares étaient les Humains à parler le Vulcain, et encore plus rares étaient celleux à connaître ces formulations traditionnelles de salutation. Sarek comprit que Kirk ne souhaitait pas qu'ils se séparent sur un conflit larvé. Le lieutenant Scott contemplait son Capitaine avec des yeux ronds d'étonnement.

Sochya he dif [Paix et longue vie], Ang'jmizu Kirk, sanu sas'uh na'shaya sa-fu k'nash-veh [Capitaine Kirk, transmettez mes salutations à mon fils]. Répondit Sarek d'une voix presque douce.

Dungi nash-veh ish-veh [Je le ferai]. Dit Kirk avec un sourire.

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À suivre

chapitre 2 Métamorphose.
— Capitaine. Intervint la calme voix de Spock. Les déflecteurs ont détecté un phénomène inhabituel.


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Dates Trekkiennes
j'ai expliqué dans ma précédente histoire, Ha'ge Ohasu le calcul des dates stellaire.
Elle se note : AAAMM,JJ
pour l'année, il faut retrancher 1900 : donc pour l'année 2266 : 2266-1900=366
pour le mois et le jour, mettez simplement le numéro
10 septembre 2266 devient 36609.10

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Vulcan Langage Dictionnary : thrap-fam'es nufau
littéralement : offrir sa non-offense
Choisir de ne pas être offensé·e pour le bien de l'autre, ou le bien général

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Star trek TOS saison 2 épisode 15 : Journey to Babel / Un tour à Babel
memory-alpha·fandom·com/fr/wiki/Journey_to_Babel_(épisode)
Scénario : Dorothy Catherine Fontana / Réalisation : Joseph Pevney
«L'USS Enterprise est attaqué alors qu'il transporte des diplomates à une conférence sur Babel. Au même moment, l'un des dignitaires humanoïdes est assassiné et Sarek, le père de Spock, est le principal suspect.»
On y découvre la loyauté absolue de Spock envers ses devoirs d'officier en second, le courage du Capitaine, et les parents de Spock

Dorothy Catherine Fontana, dite D. C. Fontana a écrit un bouquin super que je vous conseille : «La gloire de Vulcain» trouvable d'occasion (collection fleuve noir Star trek n°12). L'histoire se déroule alors que Spock est sous les ordres du Capitaine Christopher Pike...
il est aussi disponible gratuitement en version française en pdf ici :
star-trek(point)be/data/Editeur/102/0(point)html

DC Fontana a écrit plusieurs épisodes marquants en tant scénariste ou co-scénariste : "Charlie X", "Tomorrow is Yesterday", "This Side of Paradise", "Friday's Child", "Journey to Babel", "By Any Other Name", "The Ultimate Computer", "The Enterprise Incident", "That Which Survives" (En tant que Michael Richards), "The Way to Eden"

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