BÉNÉVOLENTS - Partie I ÉMISSAIRES
6 Premier contact
─ o ─
Le sixième sens de Jim se mit aussitôt en alerte. Une vingtaine de soldates en arme leur tombèrent dessus…
Kirk tendit les mains vers elles :
─ Non! Nous venons en paix, nous ne ...
Aucune ne l'écouta. Ni Spock ni Kirk n'eurent le temps de sortir leur mini-phaseur de leur sacoche. Ils durent se défendre à main nues.
Toutes ces femmes étaient des combattantes aguerrie et habiles. Kirk constata avec consternation que ce corps de femme était beaucoup moins fort d'un point de vue musculaire. Heureusement pour lui, ses réflexes prirent le dessus. Il se souvint des enseignements en arts martiaux vulcain de Spock. Le ke-tarya et le kheile'a étaient parfaitement adaptés à ce genre de situation et à la souplesse de sa nouvelle morphologie… Il remarqua que Spock était en revanche d'une puissance et d'une agilité remarquables.
McCoy ne savait pas se battre, il resta prudemment à l'écart. Étonnement, aucune guerrière ne s'en prit à lui.
Nombres de leurs adversaires étaient à terre, certaines étaient inconscientes grâce aux to'tsu'k'hy [pincement neural] de Spock, et que Kirk commençait à maîtriser.
— Min kouniésai* ! (Ne bougez plus!) Ordonna une puissante voix de femme
Debout sur l'immense rocher, apparurent des archères qui les tinrent en joue. Alors qu'ils levaient les bras lentement, les trois hommes se rendirent compte qu'ils avaient compris ce qu'elle venait de crier, sans avoir recours au traducteur universel implanté sous la peau de leurs avant-bras. Translateur qui d'ailleurs était resté parfaitement et inexplicablement muet.
— Suivez-nous!
Il n'y avait que des femmes, toutes portaient une armure en cuir pardessus leur court chiton. Toutes étaient puissamment musclées, et visiblement intraitables. Aussi, ce fut Kirk-Kiriake* qui prit la parole :
— Nous venons en paix, nous ne souhaitions pas engager de combat, mais ces personnes nous ont attaqués.
C'est naturellement qu'il trouva les mots dans leur langue, alors qu'il ne l'avait jamais apprise nulle part. Mais il n'y prêta pas attention.
— Vous avez amené des mâles non soumis sur notre territoire. Répliqua celle qui semblait être leur cheffe. Ce sera à notre Reine d'en juger!
… des mâles «non soumis» ?
Illes marchèrent une bonne demi-heure, jusqu'à une jolie ville composée de maisons carrées, aux murs multicolores recouverts de plantes grimpantes ou de fresques florales. Les rues étaient bien droites, parfaitement propres, recouvertes de pavés plats. Toutes les portes étaient ouvertes.
Ils regardèrent autour d'eux avec plus d'attention. Il n'y avait que des femmes dans les rues qu'illes empruntaient. Des jeunes, des plus âgées, des très-très vieilles, des enfants aussi… toutes très gracieuses. La plupart étaient très peu vêtues, certaines portaient uniquement un sous-vêtement en forme de pagne retenu autour de leurs reins par une ceinture colorée.
Tout d'abord, Kirk se sentit soulagé de croiser autant de charmes, le sien allait enfin passer inaperçu.
Puis il remarqua les regards insistants, posés sur ses amis. Il concentra son esprit vers le kash-naf qu'il partageait avec Spock et il parvint à percevoir le malaise qu'il dissimulait. Toutes ces femmes contemplaient ses amis avec une sorte de concupiscence gourmande. Elles ne se cachaient pas pour louer leur beauté, et sous-entendre qu'elles en accueillerait bien un dans leur couche. Il perçut les murmurent de ces femmes : «... ils doivent être encore sauvages et indomptés... ah, ces magnifiques yeux bleus!... oh quel vigoureux étalon doit être le grand mince aux cheveux noir...!»
Si Spock parvenait à rester en apparence parfaitement détaché de cette situation humiliante, McCoy baissait la tête en rougissant. Son mal-être était d'autant plus grand qu'il comprenait à présent ce que Jim avait dû ressentir, il avait plus honte que jamais. Les regards appuyés que Jim avaient subi à bord de l'Enterprise n'avaient jamais été irrespectueux, mais il n'en avaient pas moins été embarrassants.
La petite troupe arriva en vue d'un grand palais, et illes pénétrèrent dans le bâtiment par une porte sur le coté.
— Toi, tu viens avec moi, les deux mâles suivront Agathe.
— Qu'allez-vous leur faire? S'indigna aussitôt Kyriakê
— Les rendre présentable pour notre Reine. Tant qu'ils restent soumis, il ne leur sera fait aucun mal.
Kirk échangea un regard avec Spock et McCoy. Se rebeller était inutile, aucun d'eux ne faisait le poids contre ces puissantes soldates.
Spock et McCoy furent amenés dans une petite pièce, qui semblait être une salle de bain commune.
Quatre carrés de un mètre sur un étaient délimités sur le sol par des pierres taillées. La surface carrelée penchait légèrement afin de permettre à l'eau de s'évacuer par un petit trou rond. Chacun d'eux disposait d'une tablette, sur laquelle se trouvait une cuvette emplie d'eau tiède, une serviette de lin et un cube de savon vert, vraisemblablement élaborés à base d'huile d'olive. Spock remarqua cette incongruité. Il ne pouvait cependant pas se permettre d'expliquer à McCoy que les Grecs de l'antiquité terrienne n'en utilisait pas, puisqu'ils n'en avaient pas découvert la recette. Cette reproduction n'était pas conséquent pas fidèle.
— Déshabillez-vous! Ordonna Agathe. Et lavez vous de votre crasse !
Les deux hommes obtempérèrent. Ils se savonnèrent rapidement, et se rincèrent. La mousse avait une agréable odeur de lavande. Mais McCoy n'y prêta aucune attention. Il était plus rouge que jamais, il préféra tourner le dos à Spock.
Leurs gardes ne les quittèrent pas du regard.
Agathe détailla le corps Spock avec intensité : son buste velu était bien celui d'un mâle, mais contrairement à son ami, il n'avait entre les jambes ni pénis, ni scrotum mais une fente verticale sous la toison pubienne, ressemblant à celle d'une femme. Toutes à leur étonnement, elles ne lui demandèrent pas d'ôter le bandeau qu'il portait autour de la tête et qui cachait la partie pointue de ses oreilles. Le Vulcain se laissa observer avec une apparente indifférence.
─ Es-tu un homme, une femme, un hermaphrodite ? Demanda Agathe.
─ Je suis un homme. Répondit tranquillement Spêlios
─ Tu as été castré?
Leóntios se retourna vers elle et s'emporta avec agacement :
─ C'est une spécificité propre aux hommes de son peuple, son pénis est à l'intérieur, dans une gaine de protection. Cessez de le regarder comme ça comme une bête curieuse!
Il perçut la surprise et la gratitude de Spock resté pourtant parfaitement impavide et froid.
Spock ne fit aucun commentaire. La curiosité de ces femmes ne l'avait pas blessé, elle lui avait paru parfaitement normale. Il avait l'habitude, depuis qu'il vivait et travaillait au milieu des Humains, d'être la proie de leur curiosité parfois malsaine. La réaction de Leonard était cependant étrangement réconfortante. Celle-ci n'avait pourtant rien de surprenant de part de cet Humains sur-émotif, dont la colère indignée était telle qu'il en percevait presque les vibrations psychiques.
Leonard était rouge de honte et de fureur. Quelle humiliation ! Et ce comportement inadmissible vis à vis de Spock ! !
Il croisa le regard apaisant du Vulcain, presque doux, comme s'il voulait l'inciter à prendre du recul et minimiser ce qui leur arrivait. Il prit une grande respiration pour se calmer. Le Vulcain avait raison. Laisser éclater son indignation serait contre-productif.
Spock approuva sa décision d'un imperceptible mouvement de tête. Finalement, cet Humain savait se contenir lorsque la situation l'exigeait.
McCoy éprouva une émotion étrange. Mélange d'étonnement et de profonde satisfaction. Bon sang! Voilà qu'il se mettait à échanger des mots muets avec ce bon sang de Lutin au sang vert, comme Jim ! ! Ronchonna-t-il pour mettre cet étrange affect à distance.
On leur tendit un cache-sexe, un simple rectangle de tissu tenu par une cordelette qu'ils enroulèrent autour de leur hanche. Il ne reçurent comme vêtement qu'un court pagne de lin grossier.
Kirk subit le même traitement. À un détail près. Il fut encore plus longuement observé.
— Que cherchez-vous? Finit-il par demander un peu agacé.
— Si vous êtes une vraie femme
— Et si cela n'avait pas été le cas ?
— Nous vous aurions tué toutes les trois. Ou bien peut-être estropiés et gardés en vie en tant que reproducteur.
Un long frisson parcourut le corps de Jim, tandis que son sang se glaça dans ses veines. Il parvint à se reprendre.
— Quelle chance j'ai donc d'être une femme. Ironisa Kirk en le pensant pour la première fois depuis sa métamorphose.
Il reçut lui aussi un cache sexe. Puis un chiton en lin de couleur grise. Il ressentit un soulagement profond lorsqu'il rejoignit ses amis.
Ils échangèrent un long regard. Ils comprirent qu'ils avaient tous trois subis le même traitement. Le médecin en était encore rouge de honte, mais aucun mal ne leur avait été fait.
Les soldates les fit entrer dans une grande salle carrée, aux murs recouverts de tentures rouge sang, brodées de fins motifs verts. Sur un trône en bois sculpté siégeait une belle dame d'une cinquantaine d'année, revêtue d'un chiton carmin brodé d'or et retenu sur ses épaules par deux fibules en or. À sa droite se tenait une jeune femme vêtue comme elle, et qui lui ressemblait. À sa gauche une personne très âgée, vêtue de noir, était assise sur un petit banc. L'ancienne les regarda fixement, puis ferma les yeux. Spock ressentit un... picotement mental. Il lui ferma l'accès à son esprit, se reprochant irrationnellement de ne pouvoir faire de même pour ses amis, et surtout pour Jim.
— Que m'amènes-tu là, ma chère Eurypyle ?
— Trois étrangères* qui descendaient du mont sacré.
— Qui êtes vous? Demanda la reine en s'adressant à la femme du trio de prisonnières.
— Voudriez-vous me dire qui me fait l'honneur de me poser cette question? Répondit Kyriakê
Le magnifique sourire de cette étrangère semblait dire ses intentions pacifiques, la reine fut presque troublée par sa grande beauté.
— Tu ignores qui je suis? S'étonna-t-elle. Je suis Antiópê, fille de Penthésilée, Reine de Thémiscyre. Et toi?
— Je suis Kyriake, fille de Iōánna et Leonidas. Répondit-il en prenant les premiers noms grecs dont il se souvenait. Voici Leóntios, mon frère. Et Spêlios, mon époux.
— Fils de Adamandía. Précisa calmement Spock.
Ce prénom était celui qui se rapprochait phonétiquement de celui de la douce Amanda. Jim parvint à contenir son étonnement admiratif: Spock avait-il retenu par cœur tous les prénoms de la Grèce antique?
L'intervention de Spock fut peu appréciée, mais Antiópê ne lui en tint pas rigueur. Elle leva la main pour faire taire les protestations indignées.
— C'est le nom de ta mère. Comprit-elle
— Mon peuple est matriarcal.
Ce n'était même pas un mensonge. Malgré les apparences, le fonctionnement du peuple vulcain était matriarcal, les plus hauts postes de décision étaient pour la plupart confiés à des femmes. En tant que porteuses de vie et protectrices naturelles des enfants, elles étaient censées être plus enclines à privilégier les décisions rationnelles et pacifiques les plus efficaces.
— Et pourtant tu parles sans y être autorisé.
— Femmes et hommes y sont égaux.
— Une telle société est impossible! Il y a toujours un moment où les hommes veulent prendre le pouvoir sur les femmes et les dominer! Ils doivent être soumis car ils ne sont que violence et égoïsme !
— Tout dépend de l'éducation qui est donnée aux enfants. Répondit Spêlios sans se départir de son impassibilité
— Cela suffit! Tais-toi et ne parle désormais que lorsqu'on t'y autorise! Quant à toi, Kyriakê, tu devrais mieux tenir ton mâle! Qu'es-tu venue faire sur mes territoires?
Kirk écouta son instinct, et décida de mentir le moins possible :
— Nous venons de très loin, et nous sommes à la recherche d'une pierre magique. Nous en avons besoin pour rentrer chez nous.
Antiópê ne s'étonna même pas d'une telle déclaration, ces personnes avaient un quelque-chose d'étrange qu'elle n'aurait su définir. Kyriakê était trop belle, son magnifique et trop impassible époux était intriguant, et le trop perçant regard d'argent de son frère débordait de réprobation.
— Et qu'est-ce qui te fais penser qu'elle est ici?
— Elle n'est pas ici, Reine Antiópê, elle se trouve à l'ouest de votre royaume, dans une ville immense.
— Knossos, sur les terres du roi Mínoas...
— Je sollicite l'autorisation de votre Altesse de traverser son royaume, afin de me rendre à Knossos avec mon époux et mon frère.
— Je vais y réfléchir. Répondit Antiópê. Enfermez-les ensemble dans la chambre des invités.
Elle attendit qu'ils soient sortis pour se tourner vers la vieille dame.
— Qu'en penses-tu Orithye, ma liseuse de vérité ?
— C'est étrange, ma Reine. Leurs esprits sont sensiblement différents des nôtres, surtout celui de Spêlios. Ce sont vraiment des étrangères. Elles viennent de très loin. Elles ne savent rien de nos coutumes.
— De l'autre côté de la mer, par de-là le montage sacré?
— Plus loin encore, Ma Reine. Et Kyriake nous a menti. Ses parent ne se nomme ni Iōánna ni Leonidas, et Leóntios n'est pas son frère. Il a pourtant entre elle et lui un puissant amour fraternel. C'est en fait la première chose que j'ai sentie entre elles trois, un amour profond et une loyauté indéfectible… Kyriake est une femme courageuse et Leóntios est un homme d'une grande bonté.
— Et Spêlios ?
— Il a la capacité de protéger son esprit, je n'ai pu qu'y lire ses sentiments profonds d'amour et de respect pour son épouse.
— Représentent-elles une menace pour notre peuple?
— En aucun cas. Elles sont pacifistes et désapprouvent la violence.
— Je les ai observé se battre contre les soldates de notre avant-poste. Intervint Eurypyle. Seules Kyriake et Spêlios se sont battues, sans armes. Leur technique de combat est efficace mais uniquement défensive, nous n'avons aucune morte à déplorer, pas même une blessure sérieuse.
—… je vois. C'est pour le moins déconcertant. Qu'en penses-tu, Hippólutê ?
— Je vous avoue, Mère, que j'aurai bien tenté d'apprivoiser Spêlios. Il est d'une beauté étrange, il a l'air intelligent, il donnerai de belles filles, mais si son cœur appartient à cette étrangère, je ne le lui volerais pas.
— Sérieusement? Gronda Antiópê, agacée par cette digression.
— Elles m'ont l'air d'être des gentes bien. Spêlios semblait sincère lorsqu'il parlait d'égalité.
— Il l'était. Confirma la liseuse de vérité
Antiópê grommela, mécontente de la tournure que prenait cette discussion
— Aucun des mâles qui a eu l'outrecuidance de violer nos territoires s'en est échappé libre ou vivant…
— Mais ces personnes ignoraient tout de nos lois, Ma Reine. Insista la veille Dame. Si elles les ont enfreintes, c'était par pure ignorance et sans chercher à faire du mal. Est-il juste de punir des personnes qui n'ont jamais eu l'intention de commettre de crime?
— Mais ? Tu les défends, Orithye? S'étonna Antiópê. Tu es plus sévère avec les étrangers d'ordinaire.
— C'est que... je perçois un esprit puissant et bienveillant penché sur elles, et qui les protège. Avoua-t-elle, avec un respect mystique.
— Je ne connais qu'un seul esprit puissant et bienveillant. Comprit la Reine. Notre Mère-Déesse. Elle doit déjà avoir prévu leur destinée. En ce cas, leur faire du mal reviendrait à nous opposer à Elle, et ce serait un acte sacrilège! Que le ciel me protège de toute hérésie!
.
Une clochette tintinnabula discrètement, et les femmes se turent. Conformément aux ordres codés de la Reine, les trois captifves avaient été emmené·es, après un long périple labyrinthique dans les couloirs du palais... dans la pièce voisine. Un habile procédé de caisses de résonances composé des pots en grès, insérés dans le mur et cachés par des grillages ouvragés, amplifiait les sons.
Le tout premier réflexe de Kirk lorsqu'ils furent enfin seuls fut de poser la question qui le tarabustait le plus :
— Elles ne vous ont pas fait de mal?
Si Spock n'avait pas été torse nu, il aurait posé la main sur son bras, comme il le faisait toujours. Les Vulcains étant télépathes par le touché, il ne pouvait se permettre une telle intrusion.
— Non, aucune d'elles ne nous a agressé. Répondit tranquillement Spock
Les deux hommes échangèrent instinctivement un glazham'esta [baiser des yeux], ils se sentirent aussitôt rassérénés. Trop préoccupé par leur situation, McCoy n'y prêta pour une fois aucune attention.
— Sauf qu'elles nous ont ordonné de nous dénuder totalement et qu'elles nous ont reluqués sans aucune pudeur pendant que nous nous sommes lavés. Dans quel monde sommes-nous tombés? Protesta-t-il. Elles haïssent les hommes et ne respectent même pas leurs Anciennes ! La pauvre vieille dame assise à côté de la Reine s'est endormie de fatigue!
— Cette Dame ne dormait pas, elle nous écoutait à sa façon : elle est dotée d'une faculté de télépsychie. Rétorqua Spock avec imperceptible réprobation. Je sens d'ailleurs encore sa présence, même si le contact psychique est plus diffus.
— Mais alors, elle sait que j'ai menti pour Leóntios! S'exclama Kirk.
— Bah, je me suis toujours considéré comme ton grand frère, Kyriakê ! Rétorqua Bones au tact au tact.
L'étonnement marqua soudain leurs visages, et Spock haussa un sourcil. Ils avaient utilisé leurs prénoms d'emprunt sans même y faire attention. Ils prirent conscience qu'ils continuaient à parler le Grec. Ils tentèrent de prononcer des mots en standard, mais n'y parvinrent pas. Ils se souvenaient de toutes les autres langues qu'ils avaient apprises, mais pas de celle-là, comme si le Grec avait pris la place du Standard en leur esprits.
Ils n'avaient jamais appris cet idiome. Comment une telle chose pouvait-elle être possible? Pourtant, aucun d'eux n'évoqua cette étrange phénomène.
Restait le mensonge au sujet de ce mariage.
Kirk échangea un bref regard avec Spock, la télépathe avait-elle deviné ? L'un comme l'autre était secrètement, mais profondément amoureux. Même s'ils parvenaient à se le cacher mutuellement, chacun savait que la vieille dame n'avait pas pu ne pas voir leurs sentiments personnels.
McCoy se retint de tout commentaire. Lui non plus ne doutait pas qu'elle avait dû percevoir l'amitié puissante qui reliait les deux hommes, leur attachement crevait encore plus les yeux depuis qu'ils étaient descendus sur cette fichue planète. Il y avait certainement plus, mais ce n'était ni le lieu ni le moment d'aborder le sujet. McCoy se fit la promesse de clarifier cela avec Jim plus tard.
Ils n'en parlèrent donc pas.
— Cette haine des hommes… malgré toutes nos années d'exploration, nous n'avons jamais rencontré cela nulle part. Reprit Kyriakê d'une voix songeuse. En tout cas, jamais à ce point. As-tu une explication, Spêlios?
— Il est probable que les autres civilisations de ce monde soient profondément misogynes. Déduisit le Vulcain. Leurs ancêtres ont dû fuir les violences des mâles pour se réfugier en ces montagnes.
— … et pour éviter toute répétition, elles ont asservi les hommes afin qu'ils ne représentent plus de danger. Comprit Kyriakê.
— C'est ridicule! Elles ne font que reproduire les violences qu'elle ont subies au lieu de les dépasser pour créer un monde meilleur pour tous et toutes ! Protesta McCoy-Leóntios. Ces sauvages pratiquent l'esclavage des hommes !
— Ainsi est faite la nature Humaine…
McCoy se hérissa aussitôt :
— Oui, on sait que monsieur est au-dessus de …
— Ça n'est pas le moment, vous deux! Gronda Kyriakê avec autorité
McCoy soupira. Il était la proie de crises d'angoisses qu'il ne parvenait pas à contenir.
— Que vont-elles faire de nous? S'inquiéta-t-il avec un pessimisme qui ne le lui ressemblait pas. Que se passera-t-il si nous ne trouvons pas le cristal ? Pire, si nous ne parvenons pas à revenir à bord du vaisseau? Que deviendra notre équipage si les secours n'arrivent pas à temps? Nous sommes tous et toutes habitués à vivre dans l'égalité, jamais nous ne parviendrons à nous accoutumer à des mœurs aussi intolérantes !
Kirk et Spock échangèrent un regard inquiet : qu'arrivait-il à leur ami ?
Kirk posa une main ferme et volontaire sur son épaule :
— Les secours vont finir par arriver. Répondit-il avec confiance. Le cristal n'a qu'une petite fissure.
— Et nous, si nous restons coincés ici? Insista le médecin. Il faudra bien repasser par ici au retour, c'est le seul passage possible !
— Si la Reine Antiópê nous autorise à partir, alors il est logique qu'elle nous permette de repasser sur ses terres pour retourner à bord du vaisseau. En tant que femme, Kyriakê, tu ne risques rien à lui en demander l'autorisation. Ton statut de femme nous assure la vie sauve.
— Il est certain que si j'avais été un homme, nous serions déjà morts tous les trois, ou mutilés et enfermés dans un harem à servir de mâles reproducteurs.
— Heureusement que tu es une femme! S'exclama Leóntios avec un frisson d'horreur à cette perspective.
"que tu es" et non pas "que tu es devenu"...
Ils se turent. Cette fois-ci, ils avaient nettement la sensation que quelque-chose, ou quelqu'un, censurait leurs paroles, modifiait leurs humeurs.
Alors que McCoy furetait à travers la pièce et leur tournait le dos, un rayon de soleil entoura Kirk et Spock d'une sorte de halo quasi divin.
Kir détourna les yeux, troublé.
Il avait déjà eu l'occasion de voir le Vulcain torse-nu. Mais à l'époque, ses sentiments étaient différents, ou plutôt, il n'en avait pas conscience.
Malgré cette tenue d'esclave, Spock dégageait toujours autant de dignité et d'intelligence. Ce petit pagne gris trop court mettait en valeur ses longues jambes fuselées et son corps tout en grâce et en puissance féline. La lumière du soleil conférait à sa peau un aspect velouté. La toison noire de sa poitrine devait être si douce.
Jim réfréna le désir impétueux de déposer un baiser dans le creux de ce cou gracieux, l'envie de plonger ses doigts dans cette fourrure à la recherche des mamelons qu'il entrevoyait pour les mordiller…
Jim ressentit brièvement la suave pression des chairs de Spock autour de son membre fantôme… comme un rappel de l'impossibilité de toute étreinte entre eux-deux.
Il se gronda intérieurement. Ce n'était pas le moment de se laisser aller. Et surtout, si Spock venait à percevoir ces sentiments irrationnels qu'il ressentait pour lui… Jim ne voulait pas avoir à subir la douleur d'un rejet.
Heureusement, Spock avait renforcé ses barrières mentales, sans doute pour se protéger des intrusions psychiques de la vieille dame. Leur kash-naf était resté muet.
Combien de temps Jim allait-il être capable de taire ses sentiments ?
Spock détourna le regard, déconcerté.
Dans cette lumière féerique, Jim ressemblait à un Dieu-Déesse de l'Amour. Ses prunelles malicieuses avaient l'éclat du miel, ses lèvres appelaient les siennes. Le chiton épousait ses formes, la finesse du tissu laissait entrevoir l'arrondi parfait de sa poitrine et les tendres mamelons plus foncés. Homme ou femme, peu importait : le respect, l'admiration, l'attachement profond que Spock éprouvaient pour Jim se muaient lentement en désir physique.
Il n'était pourtant pas entré en Pon farr!
Les perceptions éthérées de son rêve revinrent le hanter, le souvenir de la délectable présence de Jim en lui fit vibrer les entrailles de désir. Impossible! Cela n'était jamais arrivé dans la vie réelle! Jim était à présent prisonnier d'un corps de femme, rendant la réalisation de ce fantasme impossible.
Spock prit soudain conscience des pensées qui s'étaient imposées dans son esprit. Il tourna aussitôt son attention vers leur Kash-naf. Fort opportunément, il avait renforcé ses Naph-fo-dan pour se protéger de l'espionnage de la télépsy, ce qui avait diminué leurs transferts d'affects.
Par conséquent, il était impossible que Jim ait pu percevoir ces émotions inappropriées.
Il allait avoir besoin d'une longue et intense Wh'ltri [méditation] pour mieux maîtriser ces affects d'attachement.
L'un comme l'autre se composèrent une attitude neutre. Leurs yeux se croisèrent et partagèrent à nouveau un glazham'esta doux et paisible qui les rassura l'un comme l'autre sur leur amitié.
Leóntios se retourna, il connaissait trop bien ses amis pour ne pas voir cet échange discret. Ce n'était pas la première fois que ces deux-là se regardaient ainsi. Mais à présent, il y avait une sorte de... vénération. Comme il en avait pris l'habitude pour respecter la pudeur de ses amis, il n'en dit rien, mais des doutes augmentaient dans son esprit. À nouveau, il se demanda, et si ces deux idiots...?
— Ce buste, ce ne serait pas une représentation la Déesse Athênâ ? Demanda-t-il
L'intervention de leur ami permit à Kirk et Spock de détourner opportunément leurs esprits des brumes de ces émotions enivrantes.
— Elle en présente en effet tous les attributs : le casque de guerrière, la lance, la chouette et le rameau d'olivier. Approuva aussitôt Spêlios
— Ce n'est pas logique! Gronda Leóntios. Comment peut-on adorer cette Déesse et avoir des coutumes pareilles?
— En effet. Renchérit Spêlios. Athénâ est la Déesse de la sagesse et de la civilisation. Or, des mœurs misogynes ou misandres ne correspondent ni l'une ni l'autre aux aspirations profondes de cette Déesse. Aucune société ne peut se développer harmonieusement si une partie de la population en asservi une autre.
— Allez savoir si ce n'est pas elle qui nous a attiré ici? Plaisanta Kyriake.
— Oui, comme l'avait fait ce pauvre Apóllôn, esseulé sur sa planète Pollux IV*. Se souvint Leóntios avec compassion.
— À la différence près qu'elle ne s'est pas montrée à nous. Fit remarquer Kyriakê. Si cela se trouve, elle pourrait même avoir créé ce monde.
— Certes, si tel est le cas, cela expliquerait l'existence de ces planètes jumelles de part et d'autre de Hêlios. Dit Spêlios. Il est scientifiquement impossible qu'une telle configuration planétaire puisse apparaître spontanément, en fait la probabilité en est infinitésimale de l'ordre de 0.35 puissance moins 100
— Elle doit être bien déçue par les peuples de ce monde. Conclut Kyriakê. Mais je ne vois pas ce que nous pouvons y faire. De plus, la Prime-directive nous interdit d'intervenir dans l'évolutions des sociétés primitives…
— o—
Grace aux vases de réverbération et d'amplification des sons, les femmes purent écouter les échanges des captives avec intérêt.
Orithye avait deviné juste : une immense affection reliait ces trois personnes. Cela s'entendait dans leurs voix. Considéré sous cet angle, le mensonge de Kyriakê au sujet de ses liens fraternel avec Leóntios était un détail sans importance. Le couple marié ne faisait par contre aucun doute : il y avait un quelque-chose de différent dans le ton de leur voix lorsque les épouses se parlaient.
La Reine Antiópê ne cacha pas son mécontentement en réaction aux critiques de Leóntios sur la «sauvagerie» de son Noble Peuple.
— Cet homme est profondément bon. Murmura Orithye. Il ne peut pas réagir autrement.
…un vaisseau?
Ces captives étaient donc des navigatrices. Leur bateau devait avoir accosté quelque-part le long des falaises aux confins du Royaume de Thémiscyre. Et leur mission n'était pas de conquérir, mais de trouver ce cristal magique afin de sauver leur équipage resté à bord.
Orithye rougit brusquement lorsque les violents désirs amoureux de Spêlios et Kyriakê envahirent son esprit.
— Orithye? S'inquiéta Hippôlutê.
—… ce n'est rien, Ma Princesse. Ces épouses sont passionnément amoureuses. Je n'ai jamais rien ressenti de tel!
Les captives s'étaient tuent.
— Je sens à nouveau la présence d'un esprit puissant et bienveillant autour d'elle. Chuchota Orithye.
Elles ne purent réprimer un frisson lorsque Leóntios prononça le nom de la Déesse-Mère.
Les critiques de Spêlios les plongèrent dans une sorte de peur sacrée.
Kyriakê acheva de le conforter dans leurs soupçons : Elles étaient les Envoyées de la Grande-Déesse.
— NOUS NE SOMMES PAS DES PRIMITIVES ! Ne put se retenir de s'exclamer Hippôlutê en entendant Kyriakê qualifier leur civilisation ainsi.
Spock, Kirk et McCoy se turent en entendant le cri. Le Vulcain remarqua les niches dans le mur, il s'en approcha pour les examiner.
— Fascinant! Ces poteries sont disposées à l'intérieur du mur de façon à transmettre et amplifier les moindres mots prononcés dans cette pièce.
Ils se regardèrent. La censure psychique qui avait été exercée sur eux les avaient empêchés de dévoiler leur couverture ou de révéler leurs secrets. C'était à croire qu'une entité veillait sur eux, ou les guidaient dans leurs actions. Ils avaient critiqué les usages de cette civilisation… Ils posèrent leurs yeux sur la statue de Athénâ.
— Nos espionnes doivent donc se trouver de l'autre côté de ce mur. Conclut Kyriakê d'une voix tranquille.
— C'est pour cela que la soldate Agathe nous a fait tournicoter le long de ces interminables couloir. Comprit Leóntios. Pour nous faire croire que nous allions loin alors que nous tournions en rond! Il est étonnant que Spêlios ne se soit rendu compte de rien, lui qui a une boussole infaillible dans son cerveau!
─ Qui sait si cette boussole n'a pas été désactivée par une intervention psychique. Suggéra Kyriakê
─ C'est probable Kyriakê. Je reconnais en effet ne pas avoir prêté attention au lieu où cette soldate nous amenait. Reconnut le Vulcain. Ce qui ne m'arrive jamais d'ordinaire.
Il y avait une seule chose dont il était sûr : la majeure partie de son attention était concentrée sur Jim. C'était une erreur, mais il éprouvait des difficulté à détourner son esprit de lui...
─ Rien n'est ordinaire ici! Grommela Leóntios
Comment ces femmes allaient-elles réagir aux sévères critiques qu'ils avaient proférées à l'encontre de leur culture? L'une des longues tentures s'écarta et Eurypyle apparut. Son attitude était dénuée de toute indignation ou colère. Elle était même visiblement intimidée.
La guerrière osa regarder les Envoyées de la Mère-Déesse. Il avait aucune colère sur leurs visages. Le grand mince était resté impassible, l'homme aux yeux bleus semblait agacé mais n'affichait aucune malveillance, et la belle femme lui adressa un sourire.
— Veuillez me suivre, je vous prie.
─ o ─
À suivre...
Ils se retrouvèrent dans la même salle que précédemment.
— Pourquoi ne nous avez-vous pas dit que vous êtes les émissaires de la Divine Athénâ?
Un petit commentaire ?
─ o ─
Chritine
Merci pour ton commentaire. Oui, Jim et Spock ont l'art de se compliquer la vie, et moi, j'aime beaucoup les embêter ! niark niark niark
Δόξα η Θεά της Elládha για την εφεύρεση του Google Translate !
Louée soit la Déesse de Ellhádha pour l'invention de Google traduction !
Que j'utiliserai assez peu pour ne pas alourdir le récit. Je mettrai simplement les phrases en italique
Lorsque le trio s'exprimera en Grec, j'utiliserai leurs prénoms d'emprunt.
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*Au sein de ce peuple misandre, il m'a semblé logique de ce soit le féminin qui l'emporte sur le masculin
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Épisode Who Mourns for Adonais? / Pauvre Apollon
saison 2, épisode 4, Scénario : Gilbert Ralston - Réalisation : Marc Daniels
Lors de sa mission d'exploration, l'Enterprise s'approche de la planète Pollux IV. Une main géante, faite d'énergie, se matérialise dans l'espace, emprisonnant le vaisseau… il s'agit du dieu Apollon. Il oblige Kirk, Scotty, McCoy, Tchekov et le lieutenant Carolyn Palamas spécialiste en archéologie, anthropologie, et en civilisations antiques à se téléporter sur sa planète.
Apollon exige d'elleux d'être adoré comme un dieu : il leur offre de retourner à une vie simple et agréable, proche du paradis… et il tombe amoureux de Carolyn
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