BÉNÉVOLENTS - Partie I ÉMISSAIRES


7 L'Oracle

─ o ─

Veuillez me suivre, je vous prie. Dit humblement Eurypyle

Le triumvirat se retrouva à nouveau dans la salle du trône. La Reine Antiópê n'avait pas bougé, elle était toujours aussi digne et royale.

Son visage était pâle, son expression soucieuse. Ces messagères avaient échangé des mots extrêmement sévères sur son Peuple. Elle en était persuadée désormais : la voix de la Déesse-mère s'était exprimée à travers elle. Son mécontentement avait fait gronder la voix de Leóntios.
Elles n'étaient pas les premières personnes à tenir ce discours au sujet de l'égalité entre les femmes et les hommes, mais elle avait toujours refusé de les écouter. Avait-elle manqué de loyauté envers la Grande-Déesse ?

Antiópê posa des yeux intenses sur le trio :
Pourquoi ne nous avez-vous pas dit que vous êtes les Émissaires de la Divine Athénâ?

Qu'est-ce qui vous fait penser cela? Répondit Kyriakê avec honnêteté. D'ailleurs, nous auriez-vous crus?

Il posa sa main gauche sur l'épaule de Spock et la droite sur celle de McCoy. Toutes comprirent le sous-entendu. Auriez-vous cru que des hommes puissent être ses messagers?

— J'ai senti un esprit puissant et bienveillant qui enlaçait les vôtres. Affirma Orithye comme si cette perception psychique était une preuve absolue. Ce ne pouvait être que celui de la Déesse-Mère, elle veille sur vos destinées. Elle vous a choisies pour Messagères !

Nul ne comprit la raison de la grimace de mécontentement qui apparut brièvement sur les trait de Kyriakê. Aucune ne pouvait deviner l'aversion profonde qu'il éprouvait envers toutes les formes de déités.
Spock voulut prendre la parole pour la contredire, mais il se souvint de l'interdiction de la Reine. Kirk sentit son désir de s'exprimer, il se tourna vers lui :
Avez-vous ressenti quelque-chose de ce genre, Spêlios?

J'ai perçu moi aussi la présence psionique d'une entité psychique. Reconnut-il à contrecœur.
Il ne suffisait pas d'être une entité psychique puissante pour être une divinité. Mais cela non plus, il ne pouvait se permettre de l'affirmer. Cela aurait été un violation de la Prime Directive. Et la probabilité pour que ces femmes le prennent comme un outrage était trop grande.

Tu es un télépathe, toi aussi.

— Oui, Dame Orithye, je suis télépathe par le toucher. Mais mon esprit est aussi réceptif aux ondes psychiques.

— Quand j'y songe, les pannes qui se sont succédées sur notre vaisseau étaient assez… surréalistes. Reconnut Kyriakê
Il repensa à son café saveur noisette, et revit la lieutenante Uhura dans son uniforme rouge fluo ...mais cela ne prouvait en rien l'existence ce cette Déesse-mère. il échangea un regard avec Spock. Ils comprirent intuitivement qu'ils ressentaient les même doutes.

La Divine Athénâ vous a guidé jusqu'à nous! Conclut Antiópê avec une emphase mystique

Tout du moins, probablement jusqu'à votre monde. La corrigea Spêlios de sa voix neutre.
Toute cette histoire d'envoyés de la Déesse n'étaient que pures superstitions, et il lui répugnait de l'utiliser. Même s'il était parfaitement conscient que ces croyances irrationnelles pouvaient faciliter leur mission.

La froide impassibilité de cet homme étrange raviva l'inquiétude de la Reine :
Nous ne vous avons pas traitées comme il se doit. Avez-vous l'intention d'en demander réparation auprès de la Déesse? Demanda-t-elle, en parvenant à contenir son émoi.

La vengeance est la réponse des faibles. Rétorqua McCoy-Leóntios avec une véhémence emplie de reproches. Les esprits forts pardonnent et construisent la paix afin qu'elle profite à toutes et tous!

L'argent étincelant de ses pupilles dégageait une énergie presque surnaturelle. Cette tirade leur fit l'effet d'une gifle.

Qu'en savez-vous? Rétorqua Antiópê, vexée.
Elle se reprocha aussitôt le ton sec de sa voix. Mais les Émissaires ne semblèrent pas lui en tenir rigueur. Au contraire. Spêlios posa sur le médecin un regard blasé et Kyriakê souriait.

Leóntios est médecin. Expliqua-t-il. À chaque fois que nous avons été contraints de nous battre, il a toujours soigné tous les blessés, les nôtres comme ceux de nos adversaires.

Tous les yeux se posèrent sur le médecin. Son dévouement à sa vocation leur parut tout à la fois extraordinaire et admirable : soigner alliés et ennemis sans faire de distinction ! Le ton détaché de Kyriakê indiquait qu'il considérait ce genre de comportement comme parfaitement normal. Plus encore, il l'approuvait... et révélait la mentalité de leur peuple.

Leóntios met régulièrement sa vie en danger pour en sauver d'autres. Poursuivit Spêlios avec une imperceptible réprobation que le médecin perçut fort bien. De façon le plus souvent totalement irrationnelle.

Parce que bien entendu, vous, môssieur Rationnel, vous n'avez jamais agi ainsi?... Se hérissa aussitôt Leóntios avec colère.

Toutes les femmes présentes comprirent que ce médecin crevait un douloureux abcès trop longtemps ignoré. Il haussa le ton :
─... Dois-je vous rappeler le nombre de fois où VOUS avez mis votre vie EN DANGER au prétexte d'en sauver d'autres ?

Il montra Kyriakê est Spêlios du doigt, de plus en plus irrité :
─ TOUS-LES-DEUX ?! Combien de... ?

Spock se sentit obligé de justifier ces prises de risques qui lui étaient si amèrement reprochées. Au vu des tendance sacrificielles de cet Humain, c'était «l'hôpital qui se fout de la charité», comme aurait dit Jim ! Cette expression était parfaitement adaptée à ce comportement irrationnel et hyperémotif. Il rétorqua sèchement :
Mes actes et décisions ont toujours été guidées par la logique, tandis que…

Sentant venir une énième partie d'escrime verbale assassine, Kirk gronda à son tour avec autorité :
— Ah ce n'est pas le moment vous deux !

Spock fronça un sourcil réprobateur, McCoy croisa les bras pour bien montrer son désaccord, l'un comme l'autre étaient bien déterminés à reprendre cette discussion plus tard.

Ces deux hommes seraient-ils des ennemis? S'étonna Antiópê

Oh, mon ma Reine, au contraire. Expliqua Orithye avec une tendresse amusée. C'est leur façon à eux d'exprimer leur profond amour fraternel. Chacune d'elles-trois donnerait sa vie pour sauver l'autre sans aucune hésitation. Et c'est justement l'abnégation de ces prises de risque qu'ils se reprochent mutuellement.

─ Oooh, c'est siii c'est mignon! Ne put se retenir de murmurer Hippôlutê.

Percé à jour, McCoy se raidit et devint rouge tomate.
Le visage de Spock se figea et verdit pendant quelques secondes, le temps pour lui de reprendre le contrôle de ses affects.
Ils ne s'étaient pas quitté des yeux, cette réaction en miroir sonnait comme un aveu. Le médecin rougit davantage alors que son cœur se gonflait d'émotions. Il savait la profonde amitié de Jim, il ignorait à quel point celle de Spock était grande.

Kirk ne put s'empêcher lui-aussi de trouver ces deux têtes de mule adorables. Malgré leur situation incertaine, il ne put se retenir d'éclater de rire. D'un rire attendri, malicieux, bienveillant et contagieux qui se répandit parmi toutes les personnes présentes, excepté Spock qui haussa un sourcil. Toustes en ressentirent un profond soulagement…

McCoy surprit les yeux paisibles de Spock sur lui. Il lui adressa un sourire lumineux que le Vulcain accueillit avec un discret hochement de tête. Ils avaient souvent été alliés pour mieux protéger Jim. Oui, ils étaient désormais des amis, à quoi bon se le cacher ?

Orithye perçut très nettement la joyeuse approbation de l'Esprit Bienveillant qui s'était joint à elleux... elle eut la conviction profonde que ce rire était celui de la Grande-Déesse. Lorsque l'hilarité se calma, elle le chuchota à l'oreille de sa Reine.
Athênâ approuvait ce qu'il se passait, ces Messagères ne lui tenaient pas de rancune, cependant Antiópê sut ce qu'elle devait faire pour continuer à plaire à la Déesse-Mère.

Le soir approche, restez dormir ici pour la nuit. Je vous invite à ma table. Et demain, nous compléterons votre équipement. Nous vous donnerons des chevaux et des provisions.

L'offre était généreuse, il aurait été stupide de refuser. Ce moyen de locomotion était susceptible de leur faire gagner du temps.

Nous acceptons votre invitation avec plaisir, Majesté. Répondit Kyriake avec un magnifique sourire

Antiópê frappa dans ses mains, visiblement ravie. Une femme simplement vêtue d'un chiton blanc entra.

Sêlia. Je te confie Kyriakê, Spêlios et Leóntios, elles sont les Émissaires de notre Bien-Aimée Déesse. Elles viennent de l'autre bout du monde, dont les us et usages sont différents des nôtres. Donne-leur une chambre, ainsi des vêtements décents. Qu'elles soient traitées avec les honneurs!

Sêlia regarda les invitées avec étonnement. Il y avait deux hommes! La Déesse avait choisi des hommes comme Messagers! Elle ne posa pas de question: Orithye était une liseuse de vérité puissante. Nulle n'était capable de lui mentir. C'était par conséquent un honneur pour elle de prendre soin de ces Nobles Invitées. Le sourire approbateur de la télépathe lui confirma une fois de plus ses grands pouvoirs.

Sêlia installa les invitées dans la belle salle qui donnait sur les jardins intérieurs. Les lits étaient de simples futons et d'oreillers rectangulaires, recouverts d'une couette épaisse, posés côte à côte sur une sorte d'estrade en bois.

Si vous le permettez, je vais m'absenter afin d'aller vous chercher des vêtements dignes de votre rang.

Restés seuls, ils regardèrent autour d'eux.

Je croyais que les Grecs anciens dormaient sur les lits avec des sommiers en latte de cuir. S'étonna Kyriakê.

Il semblerait que cela ne soit pas le cas pour ces Elládhiennes. Répondit Spêlios. De plus, elles utilisent du savon, ce qui n'était pas le cas à la période de l'antiquité Grecque.

─ La reconstitution n'est donc pas totalement fidèle. Le couchage parait spartiate, et pourtant ces lits semblent doux et moelleux. Ajouta Kyriakê en tâtant le matelas

Ce ne serait pas plutôt des Amazonídes ? Suggéra Leóntios

En effet. Approuva Spock. Votre nuance est pertinente.

Sêlia revint, elle portait plusieurs étoffes aux couleurs chatoyantes
Nous n'avons aucun Chiton pour les hommes. Dit-elle avec embarras.

Ce n'est pas un problème. Répondit Spêlios de sa voix neutre. Un simple vêtement n'a aucun impact sur notre identité.

— Voudriez-vous nous laisser, le temps que nous nous changions? Demanda Kyriakê
Nul n'avait le droit de voir Spock se dévêtir. "elles" l'avaient déjà reluqué une première fois, et Jim était bien déterminé à ce que cela ne se reproduise plus jamais.

Sêlia n'insista pas. Elle posa les chitons sur la table en bois et se retira. Kirk les prit un à un. Il y en avait des blancs brodés d'or, des bleus, des rouges, des verts… Spock choisi le vert, McCoy le bleu, Kirk le blanc, et cette fois-ci, il disposait d'un bandage pour contenir sa poitrine. Ils se tournèrent le dos le temps de se changer…

McCoy regarda ses amis d'un œil appréciateur:
Z'êtes beau comme une Drachme neuve!

Il fronça les sourcils, il avait voulu dire "un sou neuf" mais l'expression n'existait pas en Elládhien... et Kirk éclata de rire. Spock dut contenir énergiquement une bouffée d'amour : le rire de son T'hai'la était si harmonieusement beau !
C'était d'autant plus satisfaisant que le rire de McCoy était lui aussi particulièrement mélodieux. Il se mariait si bien avec celui de Jim, comme deux instruments de musique parfaitement accordés l'un à l'autre.

─ o ─

Dans la salle du banquet, une longue planche en bois fut posée sur des tréteaux et recouverte de nappes d'une blancheur immaculée.
D'instinct, Jim, Spock et Leonard surent les noms des victuailles colorées qui y avaient été déposées : des corbeilles de figues orangées, de grenades rouges vif, de noix et de noisettes, des coupelles de poix-chiches jaunes crème, de fèves vertes bien fraîches et d'olives noires, de radis bicolores, de châtaignes cuites, de grands bols emplis de lentilles corail cuites, ou de grandes feuilles de salade vertes parfumées avec des herbes aromatiques, plusieurs sortes de fromages sur un grand plateau, des assiettes de petits poissons grillés, des galettes d'orge, de petites miches de pains dorés, des petites amphores d'huile d'olive, des amphores de vin parfumé, des assiettes, des verres, des coupelles en céramique... un vrai banquet !
Ils se rendirent compte qu'ils étaient affamés, ce menu sobre et sain était parfait pour eux-trois (même si Jim aurait bien apprécié un bon gros morceau de viande)

Toutes les femmes présentes étaient plus gracieuses les unes que les autres. Elles avaient revêtu leurs plus beaux atours afin de faire honneur à leurs invitées. Illes prirent place autour de la table et s'assirent sur les bancs.

Parlez-moi de votre monde natal. Demanda la Reine, les yeux brillants de curiosité

Antiópê remarqua l'embarras de ses invitées, mais elle n'eut pas le temps de les interroger davantage: Orithye poussa un cri étranglé qui surprit tout le monde. Elle se mit à trembler comme une feuille. Sans le soutien de la Reine et de Hippólutê, elle serait lourdement tombée à terre. Ses yeux révulsèrent.

Orithye? Qu'avez-vous ? Orithye? S'exclama Antiópê avec une grande inquiétude

Vite! Allongez-là sur le sol pour qu'elle ne se fasse pas de mal! Ordonna Leóntios. Vite!

Il avait parlé avec un tel mélange d'inquiétude et d'autorité qu'on lui obéit, même s'il n'était qu'un homme. D'un geste vif et précis, McCoy glissa un coussin de banc sous la tête de la vieille femme, afin que son crâne ne heurte pas trop le sol carrelé.

Orithye convulsa longuement. Cela sembla durer une éternité, pendant laquelle McCoy ne lâcha pas la main de la télépathe :
Ça va aller, ça va vite passer. Murmurait-il en boucle d'une voix rassurante.

Les tremblements cessèrent lentement, la respiration de Orithye redevint peu à peu normale.

A-t-elle déjà fait cela? Demanda Leóntios

Non, pas à ma connaissance. Répondit Antiópê, qui ne cachait pas son inquiétude

Orithye rouvrit lentement les paupières, elle était visiblement épuisée. Le visage du bienveillant Leóntios était au-dessus du sien et dégageait tant de prévenance. Elle détestait les hommes. Mais celui-ci était si différent. Elle ne put se retenir de lui sourire doucement. Lui et son étrange ami n'avaient aucun point commun avec toutes ces brutes sans cervelle qui avaient tant opprimé ses ancêtres, tous les butors qui avaient tenté de violer les contrées de Thémiscyre. Elle voulut faire un mouvement, mais ses muscles étaient engourdis et douloureux.

Doucement. Grommela l'homme avec réprobation, en l'aidant pourtant à s'asseoir.

Orithye contempla les visages inquiets autour d'elle. Le sien s'illumina soudain de joie :
La Déesse-Mère m'a honorée de son Savoir, elle m'a montré leurs mondes! S'exclama-t-elle d'une voix enrouée.

Antiópê était restée assise sur ses genoux, tout à coté d'elle.
Raconte-nous! Ordonna-t-elle gentiment, avec un vif intérêt

Toute son énergie sembla lui être rendue :
Elles ont navigué par-delà les étoiles à bord d'un bateau d'argent! Révéla-t-elle avec emphase, en désignant le plafond d'un doigt tremblotant. Kyriakê et Leóntios sont nées sur une planète bleue, semblable à la nôtre. Spêlios est né sur une planète brune, faite de déserts brûlants, de l'union d'une femme et d'un être étrange de ce monde. Ils ont des oreilles pointues comme les Faunes, ils ont fait le choix de contrôler et de dominer toutes leurs émotions. Leurs nations se sont alliées avec beaucoup d'autres, toutes très différentes. Leurs civilisations sont très anciennes et pacifiques. La Déesse les a fait venir à elle car elle a besoin d'elles.

L'expression stupéfaite de Kyriakê et Leóntios confirma les paroles de la devineresse. Ils échangèrent un long regard entendu, et Spêlios enleva son bandeau. Toutes purent voir la forme particulière de ses oreilles, elles comprirent la teinte étrange de sa peau. Il était réellement d'un autre monde.

McCoy saisit doucement le poignet de Orithye, il vérifia son pouls.
Votre cœur bat trop vite, madame, vous devriez vous reposer. Vous devriez au moins vous étendre sur le sofa.

─ Oh ma Reine, oh ma Princesse! Je suis si heureuse! L'esprit de notre Déesse est si doux, si bienveillant!

Les deux femmes la prirent dans leurs bras, et la serrèrent contre elles avec tendresse.

Si vous saviez combien Notre Déesse-Mère nous aime !

Spock attendit qu'elles aient fini. Il s'agenouilla, souleva la vieille Dame avec précaution et la déposa sur le sofa. Antiópê fit apporter une table basse afin que Orithye puisse manger, mais elle s'endormit avant même que son repas ne soit installé, le sourire aux lèvres. Son visage exprimait un mélange de bonheur et de sérénité. Elle se mit à ronfler paisiblement.

Toustes les convives reprirent place autour de la table.

Donc, ce cristal magique que vous êtes venues chercher, c'est pour faire avancer votre vaisseau d'argent. Déduisit la Reine.

En effet. Avoua Kyriakê.

Parlez-moi de vos mondes natals. Demanda-t-elle à nouveau

Notre planète natale se nomme la Terre. Elle ressemble en effet beaucoup à la votre. Elle tourne autour d'un soleil et possède une Lune. Le peuple de Spêlios voyageait déjà depuis longtemps dans les étoiles, quand le mien a commencé à le faire. Avoua Kyriake en faisant signe à Spock de poursuivre.

Le nom de ma planète natale est T'Khasi, bien que les Terriens lui aient donné un nom différent. Nous vivons selon les enseignements de Surak, lesquels prônent la maîtrise des émotions, ainsi que la pratique des voies de la logique, de la raison et de la paix.

─ Je n'ai jamais entendu parler d'un dieu aussi sage. S'exclama Antiópê avec intérêt

Surak n'est pas un dieu. Il fut le philosophe le plus important de l'histoire de ma planète, le Guide et le Père Spirituel de notre Nation.

─ Avez-vous aussi un guide philosophe? Demanda Antiópê à Kyriakê et Leóntios

Hélas non. Mon peuple a commis beaucoup d'erreur, avant de finalement apprendre le pacifisme. Confessa Kyriake avec simplicité.

Et vos deux peuples accordent-ils vraiment les mêmes droits aux femmes et aux hommes?

─ C'est le secret d'une société heureuse. Intervint Leóntios avec véhémence. Il y a autant de femmes que d'hommes à bord de notre vaisseau. Toutes et tous s'entendent très bien, comme une grande famille. Je ne vais pas prétendre que tout est parfait et qu'il n'y a jamais de disputes. Mais toutes et tous travaillent ensemble, en bonne intelligence.

─ Nous ne pouvons pas vous en dire plus. Conclut Spêlios. Nos lois nous l'interdisent.

─ Si Dame Orithye n'avait pas eu ces révélations, nous ne vous aurions rien raconté de tout cela. Précisa Kyriakê. Nous vous en avons déjà trop dit.

─ Et si d'autres peuples moins pacifiques que les vôtres découvrent notre monde, qu'adviendra-t-il de nous? S'inquiéta Antiópe

Votre monde est placé sous le protectorat de la Fédération des Planètes Unies, car il fait partie du Quadran stellaire sur lequel s'étend sa juridiction. Répondit Kyriakê d'une voix rassurante. Elle procédera à un contact officiel avec les représentants de votre planète uniquement lorsque vous saurez à votre tour voyager dans les étoiles. Et à ce moment-là, il vous sera proposé de rejoindre notre Fédération pacifique.

─ Tout ce que nous vous avons révélé doit rester strictement confidentiel. Intervint Spêlios.

Avons-nous votre parole? Demanda Kyriake

Vous avez la parole de Antiópe de Reine de Thémiscyre, Souveraine des Amazonídes! Déclara-t-elle avec solennité.

─ o ─

Kirk et McCoy étaient épuisés lorsqu'ils regagnèrent leur chambre.
Tout trois procédèrent à une rapide toilette. Kirk fit un nœud avec le haut d'un chiton léger, pour s'en faire une chemise de nuit. Lorsqu'il partageait la même chambre à coucher que ses compagnon, il ne se permettait jamais de dormir nu.

Les deux Humains s'allongèrent rapidement. Kirk choisit le futon du milieu et s'enroula dans la couverture. Spock les regarda s'endormir. McCoy s'effondra en premier, puis Jim. Leurs poitrines se soulevèrent à un rythme lent et profond.

Jim soupira doucement, et se tourna sur le ventre, les bras pliés contre son visage serein, l'une de ses paumes tournées vers le haut. Spock dut contenir la puissante envie de poser ses doigts sur les siens, en un tendre ozh'esta... juste frôler de la sienne cette pulpe offerte... Jim ne se rendrait compte de rien et... c'était justement pour cette raison que Spock n'avait pas le droit d'agir ainsi.

Spock prit place sur son matelas, il s'assit dans la position du lotus. Il lui fut plus difficile qu'à l'ordinaire d'obtenir l'état mental nécessaire à la méditation. Leur situation était tellement incertaine... mais surtout, Spock était de plus en plus troublé par Jim, comme si le fait qu'il soit devenu totalement inaccessible dans ce corps de femme l'obligeait à faire face à ses propres aspirations, les exacerbaient : Spock voulait Jim.
Il devait absolument contenir cette pulsion captatrice. Il devait absolument apprendre à se contenter de ce qu'il avait déjà : l'amitié de son T'hai'la.

La méditation de Spock fut longue et psychiquement douloureuse.
Il lui était impossible de renoncer aux sentiments qu'il éprouvaient pour Jim. Lui, un Vulcain, il éprouvait de de l'Amour comme un vulgaire Humain ordinaire!

Spock avait toujours porté en lui deux entités psychiques tutélaires, opposées et conflictuelles. Sa Krus-Komihn [part Humaine] tentait vainement d'exprimer ses émotions, encore et encore. Elle était systématiquement muselée par sa Krus-Vuhlkansu, laquelle se comportait comme sorte de surmoi psychorigide. La Krus-Vuhlkansu jugeait chacun de ses mots, de ses gestes, de ses pensées à l'aune de ce que McCoy surnommait avec une ironie désapprobatrice «l'Inaccessible Idéal du Vulcain Parfait»

Il semblaient à présent à Spock que ces deux antagonistes avaient signé une alliance : plus que jamais, tous les deux voulaient, exigeaient Jim, pour des raisons différentes, et complémentaires.
Sa Krus-Vuhlkansu était fascinée par l'esprit de Jim si admirable et si stimulant: son intelligence était vive, acérée, imprévisible, toujours en éveil. Elle obéissait à sa propre logique sans pourtant être irrationnelle.
Sa Krus-qom'i était émerveillée par son cœur si aimant, bienveillant, passionné, sa fidélité en amitié, son caractère indomptable. Dès leur première rencontre, Jim l'avait accepté tel qu'il était, il n'avait jamais cherché à le changer.
Comme il devait être doux, satisfaisant et intellectuellement stimulant d'être aimé de lui. Ils étaient si totalement complémentaires.

Spock parvint à trouver un compromis.
Refouler ces sentiments était impossible, à moins de s'engager sur les voies du Kolinahr, ce long et difficile chemin du renoncement à tous les affects. Lorsque le cœur et l'esprit d'un Vulcain s'alliaient pour jeter leur dévolu sur une personne, plus rien ne pouvait les en détourner.
Spock élabora un équilibre satisfaisant, bien que provisoire. Il se promit d'avouer ses sentiments à Jim à leur retour à bord. Si son T'hai'la ne les partageait pas, il prit la décision solennelle d'emprunter la voie de Kolinahr, seul moyen de mettre fin à ses souffrances.
Il s'allongea et s'endormit à son tour.

.

Jim se sentait incroyablement bien.
Il ressentait tout lui contre la chaleur confortable de Spock. Son odeur délicate qu'il aimait tant câlinait ses narines. Sa présence si tranquille était si apaisante. Jim se laissa flotter dans ce plaisir chaste, et se réveilla doucement. Il ouvrit les yeux et fut aussitôt happé par les magnifiques prunelles sombres du Vulcain posées sur lui. L'esprit encore embrumés par le sommeil, ils se contemplèrent et échangèrent un tendre glazhan'esta [baiser des yeux] qui les emplirent de bien-être et de sérénité.
Tout était dit de leurs sentiments mutuels dans ces regards... mais leurs craintes de perdre l'autre par un aveux d'amour était telle qu'ils n'en eurent pas conscience.

Non loin d'eux, McCoy s'assit sur son futon. Il se frotta les yeux en marmonnant des mots indistincts. Jim cligna des paupières et mit fin à regret à leurs échanges muets. Spock et lui s'assirent à leur tour.

─ Bien dormi, Bones?

─ Étonnement, Jim, oui. Leur vin aromatisé est traître...

─ Bien dormi, Spock ?

Leur contention linguistique avait été levée, sans doute provisoirement. Mais il était doux de pouvoir prononcer leurs vrais prénoms.

─ Je suis parfaitement opérationnel, Jim. Répondit-il posément.

─ mmm pfff... Grommela McCoy. Et vous Jim? Aussi opérationnel que notre Vulcain ?

Jim et Spock perçurent cette inflexion particulière dans la voix de Bones, ce pronom possessif était un aveux d'amitié.

─ Oui, mon cher Leonard. Sourit Jim, ravi. Opérationnel à 100% !

─ o ─

Une servante vint leur apporter des chitons de rechange, et les informa que la Reine leur faisait l'honneur de les inviter à sa table. Le petit déjeuner fut convivial, jusqu'à ce que McCoy ne casse l'ambiance.

─ Je n'ai pas vu un seul homme depuis que nous sommes arrivés. Dit-il après s'être longtemps retenu. J'aimerai savoir... qu'avez-vous fait d'eux? Les avez-vous tous enfermés? Les avez-vous estropiés afin de les soumettre?

─ Leóntios! Protesta Kyriakê.
Bones enfreignait volontairement la Prime Directive !

Le silence tomba comme une masse.

Contrairement aux rumeurs que nous avons laisser se répandre sur notre compte pour effrayer nos ennemis, non, nous n'estropions pas nos garçons. Répondit Antiópê. Nous ne les tuons pas non plus à la naissance. Nous leur apprenons dès l'enfance quelle est leur place. Que les filles sont supérieures aux hommes, et qu'ils sont nés pour nous servir. Ils n'ont pas le droit de sortir des habitations privées, excepté s'ils sont accompagnés et intégralement revêtus d'un voile afin que l'on ne voie pas leur visage.

Elle vit l'indignation transformer les yeux du médecin en lances acérées, et ne put contenir un frémissement.
Orithye se pencha vers sa Reine. Elle chuchota à son oreille que cet Émissaire portait en lui la déception et la colère de La Déesse. Le message était plus que clair. Il allait leur falloir modifier leur société en profondeur!

─ De cette façon, ils intègrent ces interdits dès l'enfance, en les considérant comme légitime. Comprit Spock. Et les reproduisent de génération en génération. Leur soumission est obtenue sans violence apparente.

Les yeux gris le fusillèrent à son tour. Il n'y réagit pas, ainsi était fait Bones. D'une certaine façon, il appréciait aussi cet Humain pour ces excès de sentimentalisme Humains.

Oui. Les seuls hommes que nous tuons sont ceux qui viennent sur nos terres dans l'intention de nous soumettre. Nous avons bien compris le message implicite de la Déesse-Mère, par son choix d'élire deux hommes et une femme comme Émissaires. Dit Antiópê humblement. Nous avons bien compris sa volonté. Mais on ne change pas le fonctionnement d'une nation en un battement ce cil. Cela prendra du temps. Vous avez ma parole que je vais amorcer ces changements. Et ma fille poursuivra mon œuvre après moi.

─ Vous avez ma parole, mère. Dit Hippôlutê avec solennité.

J'ai parmi mes servants mâles, un homme très doux et particulièrement clairvoyant. Précisa Antiópê. Je vais lui faire part des décision de notre Déesse-Mère. Je pense qu'il sera de bon conseil.

─ Óthôn, mon père? Devina aussitôt Hippôlutê.

Oui.

Antiópê avait spécifiquement choisi cet homme pour ces deux traits de caractère : gentillesse et intelligence. Afin de s'assurer une descendance, elle avait dû sélectionner un mâle reproducteur. Antiópê préférait les femme. Óthôn lui avait avoué qu'il aimait les hommes, mais il avait accepté sa demande. Il leur avait fallu beaucoup de patience mutuelle afin de parvenir à s'accoupler, mais illes y étaient arrivé. La Déesse-Mère avait entendu les prières de la Reine : une fois avait suffi.

Antiópê n'avait jamais oublié la douceur dont il avait fait preuve cette nuit-là. Elle ne l'avait jamais maltraité. Il avait demandé à rester auprès d'elle lors de sa grossesse, puis à participer à l'élevage de l'enfant. Elle avait accepté et ne l'avait jamais regretté. Óthôn était un papa aimant et attentif, il chérissait sa fille comme un trésor. Hippôlutê n'hésitait pas à se confier à lui. Père et fille avaient tissés des lien forts, qui allaient se révéler utile.
Antiópê et Óthôn n'avaient pas toujours été d'accord sur tout, mais illes avaient noués une profonde amitié et un grand respect mutuel. Leur petite fille était devenue une femme au caractère bien trempé, comme sa mère et d'une intelligence redoutable.

Óthôn avait à plusieurs reprise fait remarquer à Antiópê que les hommes de Thémiscyre n'avaient plus rien à voir avec les brutes des temps passés. Qu'un nouveau monde était possible, où hommes et femmes pourrait s'accorder une confiance mutuelle, où hommes et femmes pourraient être égales. Ses mots l'avaient profondément troublée.

Antiópê avait aussi pu constater que, à l'abri des mur de leurs maisons, de nombreuses femmes de son entourage ne traitaient plus leurs hommes comme des esclaves (elle non plus d'ailleurs). Ces Messagères venaient confirmer ce que son Noble Peuple avait déjà amorcé. L'avènement d'un nouveau monde égalitaire, protégé par la Bénédiction de la Grande Déesse. Elle se demanda si celle-ci ne s'était pas servie de Óthôn pour la préparer à recevoir cette volonté.

─ Oui, je vous approuve mille fois, Mère, mon père nous sera d'une grande aide!

McCoy ne put se retenir de sourire avec attendrissement : l'amour que cette jeune femme éprouvait vis à vis de son père était audible dans sa voix... il n'y avait donc pas une réelle haine des femmes envers les hommes. Tous les espoirs étaient donc permis.

─ o ─

Antiópê, Hippôlutê, Orithye et Eurypyle les accompagnèrent jusqu'à l'entrée de la ville, où les attendaient trois chevaux.

Nous vous avons mis des provisions ainsi que des tenues de rechanges. Dit Antiópê. Je vous souhaite toute la réussite possible dans votre quête. Que la Déesse veille sur chacun de vos pas, où que vous alliez.

─ Nous vous remercions, Altesse. Répondit Kyriakê. Pour votre hospitalité et votre bienveillance.

─ Que Athénâ vous guide et vous bénisse, vous et les vôtres vers un monde meilleur pour tous vos concitoyens et concitoyennes. Ne put se retenir de dire Leóntios.

McCoy ne parlait jamais comme cela et s'en étonna lui-même. Mais il parvint à ne pas le montrer. Spock l'aida à se hisser sur sa monture. Ils partirent au petit trop.

Orithye attendit qu'ils soient au loin pour partager ce que ses dons lui avaient révélés :
Notre Grande-Déesse a parlé par la bouche de l'Émissaire Leóntios. Il nous a transmis les Encouragements et la Bénédiction de notre Mère!

Antiópê serra sa fille contre elle :
Puissions-nous ne pas la décevoir!

─ o ─

─ J'ai beau avoir l'esprit cartésien, je reconnais être troublé par les visions de Dame Orithye. Dit McCoy après s'être longuement retenu

─ Elle n'a pas eu de vision. Rétorqua Spock. Elle...

─ ... alors comment a-t-elle su pour nous, monsieur je-sais-tout? D'où lui vient cette idée saugrenue d'un vaisseau d'argent? Le coupa le médecin en s'énervant aussitôt
Il avait plus que jamais les nerfs à vif.

Dame Orithye est télépathe. Vous lui avez tenu la main tout le long de sa crise d'épilepsie.

Spock perçut distinctement la désapprobation de Jim circuler le long de leur Kash-naf. Il n'en comprit pas la raison: il ne faisait qu'énoncer un fait rationnel.

Seriez-vous en train de sous-entendre que JE lui ai transmis ces informations ? S'indigna McCoy

Non, elle les a vraisemblablement lues dans votre esprit...

─ ...Je l'aurai senti tout de même si elle avait fouillé dans mon esprit! Protesta le médecin

─ Elle ne l'a pas fait de façon consciente, d'ailleurs n'étant pas télépathe vous-même, vous ne...

ÇA SUFFIT VOUS DEUX! Gronda Kirk. Bordel, qu'est ce qui vous prends aujourd'hui ? Nous sommes coincés sur ce bon sang de monde sans pouvoir contacter l'Enterprise, nous ignorons où se trouve le dilithium que nous cherchons, la situation est suffisamment inconfortable comme ça, CESSEZ DE VOUS CHAMAILLER COMME DEUX GAMINS! Je me fiche de savoir comment Dame Orithye a obtenu ces informations. Tout ce qui importe, c'est le résultat. Cela a fait de la Reine Antiópe une alliée. Ce qui pourra peut-être nous être utile plus tard.

Il y eu un court silence, rythmé par le pas des chevaux. McCoy baissa la tête, tout penaud.

En effet, Capitaine, votre raisonnement est pertinent. Reconnut Spock

Je suis un peu sur les nerfs en ce moment. Avoua McCoy

Qu'est-ce que je devrais dire... Ronchonna Kirk.
Chaque pas que faisait son cheval lui rappelait le vide entre ses jambes, lui interdisant de ne pas penser à cette abominable métamorphose.

Cependant... il faut tout de même que je vous le dise. Reprit McCoy d'une voix qui se voulait apaisante. J'ai longuement discuté avec cette dame après qu'elle se soit réveillée, hier soir, histoire d'établir un diagnostic et de vérifier qu'elle n'avait pas de séquelles. Elle est en parfaite santé physique et mentale. Elle se nourrit de façon frugale mais saine. Elle n'avait jamais eu de crise d'épilepsie, ou de problème de santé, elle n'a jamais eu de vision. Ces dons se limitent à entrer en contact superficiel avec l'esprit des gens, de façon volontaire, afin de déterminer s'ils disent la vérité. Elle ne peut pas pénétrer dans les profondeurs des psychés pour en arracher les secrets.

─ De façon superficielle et volontaire... Répéta Kirk. Elle ne peut donc pas avoir fouillé dans ta tête pour y trouver des images de notre vaisseau ou de nos mondes. Il faut reconnaître que ce que tu dis là est troublant.

Spock contempla brièvement McCoy. Cet Humain était doté une pensée parfaitement cohérente, et d'une grande intelligence. Lui aussi était un scientifique, malgré ses accès de sur-émotivité. Et il percevait nettement sa totale sincérité.

En effet. Lorsque toute explication logique et rationnelle échoue, il faut bien se résoudre à admettre une potentielle explication irrationnelle. Reconnut Spock. Vous suggérez donc qu'une entité pensante aurait provoqué cette crise et transmis ces images à Dame Orithye.

─ Les mots que j'ai prononcé en partant n'étaient pas de moi. Ajouta McCoy. Et il est plus que probable que ce doit être cette même entité qui nous a transmis la langue Ellàdhienne, de telle façon à ce que nous ne puissions plus parler le standard.

Kirk et Spock se concentrèrent.

En effet. Constata Spock après plusieurs essais infructueux. Vokau nash-veh hi gen-lis Vuhlkansuik. [Par contre, je me souviens de la langue Vulcaine]

Ni nash-veh [moi aussi]... Grommela Kirk, plus que mécontent de cette manipulation psychique.

Vous parlez cette langue, Kiriakê ? S'étonna McCoy en la reconnaissant, sans en comprendre les mots.

Un peu, oui. Et vous, vous souvenez-vous d'autres langues que le Standard ?

loQ tlhIngan [un peu de Klingon]

Cela ressemble à du tlhIngan Dit Kirk. Pourquoi as-tu appris cette langue-là ?

Le mot klingon n'existait pas, la traduction de celui-ci lui vint naturellement

─ Un défi que je me suis lancé à moi-même, parce que cette langue est compliquée.

─ C'est une excellente initiative qui pourra s'avérer très utile. Approuva Spock de sa voix neutre.

Dans la bouche de Spock, cela résonnait comme un compliment. McCoy rougit jusqu'aux oreilles. Il se dit qu'il rougissait décidément trop souvent.

En y réfléchissant, c'est aussi certainement cette même entité qui m'a donné de corps de femme, sans lequel les Amazonídes nous auraient réduits en charpie. Déclara soudain Kirk avec un soulagement indicible.

Il l'avait déjà pensé à plusieurs reprises, mais le dire à voix haute donnait de la substance à cet argument.

Par conséquent, il est logique de penser qu'une fois cette mission accomplie, vous retrouverez votre corps masculin. Approuva Spock avec une satisfaction perceptible.

Il perçut la vague d'espoir circuler joyeusement le long de leur Kash-naf, alors que Kirk esquissait un lumineux sourire.

Jim flatta le col de son cheval, et le tapota, 2 fois. Celui-ci se mit aussitôt au galop. Jim avait toujours aimé monter à cheval, cela lui avait toujours apporté un sentiment de liberté. Un bandage enserrait étroitement sa poitrine, et en limitait les ballotements. La servante n'avait pas été étonnée par sa demande : toutes les cavalières procédaient ainsi. Il ne sentait presque plus ses seins, au point de pouvoir oublier cette présence douloureusement incongrue sur son buste. C'était intensément libérateur.

Pas si vite Kyriakê ! Protesta Leonard dans un cri. Je ne suis jamais monté à cheval, moi ! Je ne suis qu'un médecin...
Et pourtant, il s'étonna de savoir exactement comment se positionner sur sa monture

Vous semblez parfaitement à votre aise, Leóntios ! Lui répondit Spock

Leonard tourna la tête vers lui. Le bon sang de Vulcain se tenait à ses cotés. Comme toujours et en toute situation, insolemment agile et souple, insolemment impassible et beau. Leonard ne trouva rien à répliquer. Il fit un effort pour ne pas rester bouche bée.
Alors il regarda Jim, qui galopait juste à coté de Spock. Pour la première fois depuis sa métamorphose, son visage était totalement détendu, il irradiait presque tant il était...belle !
Décidemment, se reprocha Leonard, ça ne tournait plus bien rond dans sa cervelle!

Aux bouts de quelques heures de petit trop, ils descendirent de leur montures à la recherche d'un plan d'eau pour les désaltérer. Kirk mit un peu d'eau de sa gourde dans sa main et mouilla doucement les naseaux de son cheval. Spock et McCoy imitèrent geste.

Ils reprirent la route, marchant à coté de leurs chevaux. Kirk se crispa brièvement. Il tapa du pied sur le sol en un mouvement de réflexe défensif.

Kyriakê ? Demanda Spock

Ce n'est rien, une bestiole m'a piqué.

Kirk fit quelques pas, il se sentait étrangement essoufflé, ses jambes commencèrent à flageoler, à ne plus vouloir le porter. Il tomba à genoux, puis sur le sol inconscient.

Kyriakê! S'exclamèrent Spock et McCoy

─ o ─

à suivre...

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Un p'tit commentaire ?
Avez-vous aimé mes Amazonídes ?

Christine
Merci beaucoup ^^ Je suis contente que ma fiction te plaise. C'est si agréable de partager son monde imaginaire avec des personnes qui l'apprécient. J'ai la sensation que cela lui donne plus de substance.
Et oui, tu as vu juste. Athênâ n'est guère satisfaite des choix sociétaux de ses Enfants...

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