BÉNÉVOLENTS - Partie I ÉMISSAIRES


8 Miracle

─ o ─

Jim était allongé sur le sol, sans connaissance. Il ne tremblait pas, ne convulsait pas. Son visage était d'une grande pâleur, son corps parfaitement immobile.

Spock avait perçu la douleur aiguë ressentie par Jim, aussi nettement que s'il avait été lui-même piqué. Il s'agenouilla à coté de lui. Il souleva le chiton le long du mollet. Celui-ci était anormalement gonflé. Il vit la petite marque suintante au niveau du talon. Sur le sol, non loin du pied de Jim, se trouvait la carcasse du petit arachnide qu'il avait écrasé sous la semelle de ses sandales.

─ Une piqûre de scorpion! Expliqua McCoy, visiblement perplexe. Je ne comprends pas, le venin des espèces grecques n'est normalement pas toxique... et il faut au moins une à deux heures pour que les neurotoxines agissent ! Ça ressemble à une violente réaction allergique, je ne comprends pas, Kyriakê n'est pas allergique au venin!

Kyriakê ?! Répéta Spock
Il sentait l'énergie psionique de leur Kash-naf s'affaiblir rapidement. Tout son équilibre psychique, déjà fragilisé par ses sentiments envers Jim, en était déstabilisé.

McCoy sortit son médicorder de son sac. Il s'agenouilla lui aussi et procéda à une rapide analyse :
Un choc anaphylactique ! Rassurez-vous, j'avais prévu des hypospray d'épinéphrine et d'anti-venin à large spectre, il sera rapidement remis sur pied.

Spock ne protesta pas qu'un Vulcain n'avait pas besoin d'être "rassuré". L'anomalie de leur Kash-naf allait croissant, leur lien étiolait. L'unique explication logique de ce phénomène lui était insupportable : pour une raison inexplicable, l'énergie vitale de Jim se retirait de son corps, lui était arrachée.

McCoy ne perdit pas de temps, il administra les médicaments. Mais Spock savait que c'était inutile. Il ne s'étonna pas de constater que le corps de Jim n'ait aucune réaction. Son état continua même à s'aggraver, le rythme de sa respiration ralentit de plus en plus...

Kyriakê... non! Son esprit se délite! S'exclama Spock sans parvenir cette fois-ci à masquer son anxiété.

Totalement concentré sur Jim, Spock ne préta aucune attention à la stupéfaction de McCoy.

La respiration de Jim s'arrêta. Spock vit la panique et la douleur déformer les traits du médecin qui lisait les informations de son tricorder avec une incrédulité atterrée, le confortant dans ce qu'il avait déjà comprit.

─ Non, non, NON! Jim ! S'écria McCoy
Sa détresse était telle qu'elle rompit le sortilège qui les contraignait à parler en Ellàdhien.

Spock remarqua que la violence du stress faisait hyperventiler le médecin. Mais sa vie n'était pas en danger.

Il se concentra essentiellement sur Jim. Il se positionna près de son visage. Il se pencha sur lui. Il maitrisa à grand peine les tremblement irrationnels de ses membres. Délicatement, il posa les doigts de ses deux mains sur les tempes de Jim et ferma les yeux pour mieux se concentrer :
─ Jim!

─ Non, Jim non! Ne me fait pas ça ! ! ! Suppliait McCoy à genoux à coté de lui. Bats-toi! BATS-TOI! JIM !

Spock entendait au loin de cri de panique et de désespoir de Bones, mais il n'y accorda aucune attention. Ces suppliques étaient inutiles, Jim n'était plus en état de les entendre.
Il ferma les yeux pour concentrer toute son énergie psychique dans cette fusion mentale. Il refusait le verdict mortel : il allait forcer l'esprit de Jim à se battre contre ce poison secrété par son propre organisme! Il ordonna :
─ Jim! Nahp, hif-bi tu throks ! [Tes pensées, donne m'en l'accès!]

Il ne rencontra aucune résistance à son intrusion : l'esprit de Jim était vide.
Sombre.
Froid.
Désespérément silencieux.
Le Vulcain contint la bouffée de panique qui tentait de l'envahir. Il s'enfonça plus profondément dans la psyché muette de son T'hai'la...

Jim!

JIM!

Aucune réponse!

Spock échoua à réfréner son inquiétude grandissante.
Rai Rai ! ri'ish-veh [non non! pas ça!] ri'ish-veh !

JIM !

JIM !

Kesa'uh t'nash-veh! [Réponds-moi !]

JIM !

Ri set'uh t'nash-veh [Ne me laisse pas!]

Ri mura'uh t'nash'veh [Ne m'abandonne pas!]

Ri pon nam-tor nash-veh stariben t'du ! [Je n'ai pas eu le temps de te le dire!]

JIIIIIIIIM!

Spock prit soudain conscience de la présence d'un noyaux de merveilleuses lumières étincelantes, dont la taille augmentait de façon exponentielle. La puissance de son attraction morbide croissait dangereusement, se rapprochait de lui. Ses contours ressemblaient étrangement au disque d'accrétion tournoyant autour d'un trou noir...
Instinctivement, il sut ce que cela signifiait pour Jim, et pour lui-même. Il n'accordait aucune importance à sa propre vie, il était là pour sauver celle de Jim, il était prêt à donner sa vie en échange.

RAI! rai rai! JIM! [NON! non non! JIM]

Ses nahp-fo-dan [boucliers mentaux] cédèrent sous le poids du désespoir. Les sentiments qu'il éprouvait pour lui se répandirent dans la psyché de Jim comme une tempête, occupant chacune des parcelles de vide. La puissance de leurs énergies vitales refermèrent partiellement ce tunnel lumineux qui aspirait toute forme de vie.

Alors que Spock cédait à la panique, son cerveau se mit à sécréter de considérables quantités d'adrénaline et de cortisol. Leur fusion mentale était si profonde, qu'elle contraignit le cerveau pourtant éteint de Jim à faire de même. Le cortisol et l'adrénaline forcèrent son cœur à recommencer à battre et sa respiration à reprendre. De façon imperceptible mais suffisante pour répandre ces flots d'hormones, et un peu de dioxygène salutaire, dans son organisme.

Spock n'accorda aucune importance à ces réactions chimiques en cascade. Il devait trouver Jim avant qu'il ne soit trop tard !

T'Hai'la T'HY'LA ! T'HYYYY'LAAA !

Il y eut un infime sursaut dans l'esprit engourdi de Jim. Une minuscule lueur au loin. Leur Kash-naf s'élança vers elle et la harponna avec possessivité.
Vibrant d'espoir, Spock s'en approcha :
T'hy'la! T'hy'la! Jim!

─ Spock... ? Murmura l'étincelle, toute engourdie, à peine consciente de son existence.

─ Ah, Jim ! Sarlah'uh Jim, fun'uh t'nash-veh [ Oui, Jim. Viens Jim, reviens-moi ]

Spock s'empara de cette miette de vie, l'enlaça de toute son énergie psychique. Il reconsolida ses nahp-fo-dan et plaça cette âme si précieuse entre ces solides et puissants boucliers, bien à l'abri du tunnel mortel qui avait tenté de les engloutir tous les deux.

L'adrénaline à présent secrétée en abondance par le système central de Jim eut l'effet d'un catalyseur sur l'épinéphrine injectée par McCoy. Le rythme de ses battements cardiaque et de sa respiration réflexes augmentèrent lentement.

─ Spock. Répéta la fragile pensée avec une infinie confiance.

─ Ah Jim, Hi nam-tor nash-veh, sarlah'uh. [Oui, Jim, je suis là, viens]

L'infime flamme de vie se raccrocha à lui. Spock ramena cette âme bien-aimée du néant, lentement, prudemment, sans la brusquer. Elle se raviva aux feux incandescents de l'attachement qu'il éprouvait pour lui. Le tunnel de la mort se referma peu à peu, il rendit tout ce qu'il avait volé. Le puzzle complexe de tous les éléments qui faisaient la personnalité de Jim se reconstitua autour de cette étincelle de vie, strate par strate. Ses souvenirs, ses connaissances, ses traits de caractère, ses espoirs, ses amitiés, ses amours... Jim reprit conscience de lui-même.

Boostée par l'adrénaline, l'épinéphrine accomplissait désormais pleinement son rôle. Elle annihilait toutes les molécules responsables du choc anaphylactique. Les fonctions vitales de Jim ne s'étaient pas arrêtées longtemps, elles se rétablirent une à une, sans laisser de séquelle. À commencer par son activité cérébrale.

Les émotions portées par l'esprit de Jim s'enflammèrent soudain au contact de la psyché de Spock, et le Vulcain y eut involontairement accès.
Le cœur de Spock s'accéléra : il était aimé de Jim!
D'un amour profond, absolu, intense.
…désespéré : Jim l'aimait comme un homme en aime un autre, et il ne voulait pas être aimé dans ce corps de femme…

Spock frémit.
Il était aimé de Jim !
Spock accepta le choix de Jim. Il avait toujours accepté Jim tel qu'il était.
Il était aimé de Jim !

L'esprit de Jim répondit comme un écho, avec ce même frémissement de bonheur :
Il était aimé de Spock !?
Il n'allait jamais le perdre en lui avouant son Amour pour lui !
Il était aimé de Spock !

Ils étaient T'hylara, ils l'avaient toujours été, et rien ni personne ne pourrait jamais rompre leurs liens.

Une joie intense irradia en eux, aussi pure et puissante qu'une Source de Vie.

Jim frissonna, respira profondément et leva lentement ses paupières. Spock ouvrit les yeux et croisa ceux de Jim, si merveilleusement brillants de vie.
Taluhk nash-veh t'dular. [Vous m'êtes précieux]. Murmura Spock avec solennité.

Épuisé par cette lutte contre la mort, Jim l'entendit à peine. Il lut sur ses lèvres ces mots merveilleux. Il savait ce qu'ils signifiaient réellement. Il était aimé de Spock. Il percevait nettement ses sentiments répondre aux siens à travers leur Kash-naf. Jim esquissa un tendre sourire de bonheur et répondit dans un souffle à peine audible :
Spock ashayam. [Spock bien-aimé]
Ses paupières papillonnèrent. Il s'endormit, le visage reposant dans le tendre écrin des mains douces de son T'hy'la… il était aimé de Spock

Spock prit une grande et lente respiration. Il leva les yeux vers McCoy. Le médecin souriait et pleurait tout à la fois, en proie à un violent débordement émotionnel parfaitement compréhensif.
Spock éprouva le désir de l'aider à apaiser son état de choc. McCoy le prit de court en ânonnant péniblement une phrase.

.

Jim était allongé sur le sol, sans connaissance. Il ne tremblait pas, ne convulsait pas. Son visage était d'une grande pâleur, son corps parfaitement immobile.

─ Une piqûre de scorpion! Comprit McCoy en voyant la marque rouge et l'animal mort. Je ne comprends pas, le venin des espèces grecques n'est normalement pas toxique... et il faut au moins une à deux heures pour que les neurotoxines agissent ! Ça ressemble à une violente réaction allergique, je ne comprends pas, Kyriakê n'est pas allergique au venin!

Il consulta son médicorder
Un choc anaphylactique ! Rassurez-vous Spêlios, j'avais prévu des hypospray d'épinéphrine et d'anti-venin à large spectre, il sera rapidement remis sur pied.

Étonnement, le Vulcain ne protesta pas. McCoy ne perdit pas son sang froid, il administra promptement les médicaments qu'il savait efficaces. L'exclamation de Spock le stupéfia

Kyriakê... non! Son esprit se délite!

Comment le Lutin au sang vert pouvait-il savoir cela? Il refit une analyse. Il se figea, une main invisible enserra impitoyablement sa gorge : Jim s'enfonçait dans un coma de plus en plus profond avec une rapidité effrayante. Il aurait fallu faire ces injections dès la piqûre de l'arachnide!

Non! L'anti-histamine n'avait aucun effet ! L'antipoison non plus! Impossible, non! C'étaient les molécules les plus puissantes et les plus efficaces dont il disposait.

Le pire cauchemar de Leonard McCoy se réalisait sous ses yeux : Jim était en train de mourir, là, allongé sur le sol de cette planète ingrate, où ne vivaient que des sociétés aux mœurs et aux sciences archaïques !

Son médicordeur lui détailla une à une les défaillances, puis l'arrêt, des fonctions vitales de Jim : sa respiration cessa, les battements de son cœur s'éteignirent, toutes les courbes de ses ondes cérébrale devinrent de sinistres lignes horizontales. Ça allait trop vite pour être contré! Si même le cerveau s'arrêtait, un massage cardiaque était inutile!

La panique monta en lui avec la violence d'un tsunami :
─ Non, non, NON! Jim !

Atrocement impuissant, McCoy regarda Spock saisir en tremblant le visage de Jim. Il frémit. Oh bon sang! Jamais il n'avait vu Spock trembler, jamais! Les traits du Vulcain étaient figés, sa peau d'une pâleur inquiétante. Il posa ses longs doigts sur ses tempes et ses joues, ferma ses paupières...
Une irrépressible bouffée de panique s'empara de McCoy.

Il ne put contenir une supplique, avec l'espoir fou que Jim soit encore en état de l'entendre. Son ami ne s'avouait jamais vaincu, jamais!
─ Non, Jim non! Ne me fait pas ça ! ! ! Bats-toi! BATS-TOI! JIM!

Les ondes cérébrales restèrent désespérément plates, le cerveau était... éteint. Le ventre du médecin se crispa sous l'effet d'une coulée d'acide à l'intérieur de ses trippes.
─ Jim! Non ! Pas ça ! JIIIM !

Il n'y avait rien qu'il puisse faire pour le sauver! Par tous les dieux de l'univers! Non! Pas ici ! Pas comme ça!
Il ne disposait pas des outils nécessaires pour le sauver ! Ils ne pouvaient pas être téléportés à bord à cause de cette maudite barrière psionique...
Rien, il ne pouvait rien faire pour le ramener à la vie. Rien...

Il entendit Spock murmurer une incantation Vulcaine qu'il ne comprit pas, mais dont il devina le sens « Jim! Nahp, hif-bi tu throks ! »
Le médecin frémit d'effroi : tenter une fusion mentale avec Jim dont le cerveau s'était arrêté était mortellement dangereux !

Atrocement impuissant, McCoy fut témoin d'une scène qu'il aurait préféré ne jamais voir : la plus absolue des détresses déformer les traits de Spock. Il comprit que le Vulcain se trouvait face à un esprit vidé de toute substance.

Une lancinante douleur remonta sournoisement le long de son bras gauche, un étau enserra sa poitrine, entrava sa respiration, il n'y accorda aucune attention. Il s'oxygéna par petites bouffées et lutta contre ses sensations d'étourdissements. Il ne pouvait se permettre de perdre conscience.

Le Vulcain n'abandonna pas, alors que tout semblait perdu : Jim... Jim était mort!

McCoy regarda Spock lutter longuement, le visage tendu par la concentration. Son tricorder lui confirma qu'il mettait sa vie en danger. Il lui échappa des mains, il ne le ramassa pas. À quoi bon ?

Non! Non! Pas lui aussi !
Une nouvelle bouffée de panique l'envahit : allait-il perdre le même jour ses amis précieux, les deux personnes qu'il aimait le plus au monde ?

Le hoquet d'un sanglot qu'il avait retenu jusque là éclata dans sa gorge. Un flot de larmes le submergea.
─ Spock! Mon ami! Non!... Pas toi aussi ! Non!

Il n'intervint pas : il connaissait Spock. Rien ni personne n'était à même de le faire renoncer lorsqu'il avait pris une décision, encore plus quand Jim était impliqué. Et interrompre une fusion mentale était plus que risqué pour les deux personnes qui y étaient impliquées.

─ Ne me laissez pas seul ! Jim Spock ! Supplia-t-il, bien conscient qu'aucun des deux hommes ne l'entendait plus désormais.

Et lui ne pouvait que rester là, plus impuissant que jamais, déchiré par de violents sanglots de désespoir, noyé par ses larmes.

Les expressions d'émotions se succédèrent sur les traits de Spock : inquiétude, panique, profonde douleur morale...
McCoy crut voir la poitrine de Jim se soulever, mais ce ne pouvait être qu'un effet de son imagination.

Le visage de Spock sembla s'illuminer d'un espoir...
Espoir ?

L'amitié qui unissait ces deux hommes était si grande… et si c'était plus que cela? Bien plus qu'une simple fraternité?

Le visage de Spock s'enflamma soudain de bonheur et d'amour, le corps de Jim eut un long frémissement. Spock avait retrouvé Jim ! McCoy s'autorisa à espérer...
et si…? Et si l'amour que se portaient ces deux hommes allait provoquer un miracle ?

Le miracle se produisit.

Jim ouvrit la bouche pour prendre une longue inspiration tremblante, comme un sanglot… il se remit à respirer !
À RESPIRER NORMALEMENT ! !

McCoy eut un spasme d'émerveillement incrédule. Il reprit son médicorder d'une main tremblante. De l'autre, il essuya les larmes qui embrouillaient de ses yeux, et dévalaient en lourdes rivières sur ses joues brûlantes. L'instrument indiqua que les battements cardiaque avaient repris de façon régulière, et surtout le retour de toutes les ondes cérébrales… En moins d'une minute, tous ses signes vitaux étaient redevenus quasiment normaux, mis à part un surdosage de adrénaline et le cortisol, les hormones du stress, et surtout un impressionnant pic d'ocytocine, l'hormone de l'attachement social… et de l'amour.

Un intense bonheur illumina les visages de ses deux précieux amis, jamais les deux hommes ne lui avaient paru aussi beaux. Ils ouvrirent les yeux en même temps.
McCoy les vit échanger des mots qu'il n'entendit pas mais qu'il devina : ces deux têtes de mule devaient être enfin passées aux aveux.

Spock retrouva son masque de tranquille impassibilité. Jim sombra à nouveau dans l'inconscience d'un profond sommeil, mais cette fois-ci, la réaction physique était saine et normale…

Ils étaient sauvés !
TOUS LES DEUX

...

À bord de l'Enterprise, un canal de communication avait été spécialement réservé afin de diffuser les "messages Spoutnik". C'est ainsi que Chekov avait surnommé les «Bip-bip» émis par les micro-puces portées par le trio.
La fréquence sonore était différente pour chacun des trois hommes, et il y avait un léger effet doppler* en fonction des déplacements de leurs porteurs. Chaque membre de l'équipage avait ainsi la possibilité de vérifier que tout allait bien.

Une vague de consternation se répandit lorsque le signal du Capitaine se tut pendant de trop longues minutes. Nombreuxses furent celleux qui suspendirent leur activité pour écouter ce silence inquiétant. Celui de Spock commença à son tour à montrer des signes de faiblesse. Puis, la puce recommença à émettre ses bips au même rythme que celle du Capitaine, au grand soulagement de toustes...
Il était impossible d'écouter ces messages Spoutnik en permanence. Heureusement, un informaticien proposa un micro-programme permettant d'afficher ces signaux dans un coin de l'écran des ordi. Toustes demandèrent à en être rapidement équipés

...

Kyriakê a... frôlé lalala mort! Bon...té divine, Spêlios ! S'exclama McCoy sans parvenir à contenir ses émotions. Vouvous... venez de lui sau...sauver la vie! Oh, Spppêlios, merci! Mer...ci!

De grosses larmes coulaient avec abondance sur son visage, il avait des difficulté à retrouver son souffle. Il ne put retenir un reniflement très peu digne, il avait toutes les peines du monde à ne pas sangloter comme un enfant.
Spock le contempla en silence. Ses yeux étaient doux, compréhensifs: cette crise d'épanchement émotionnelle était parfaitement légitime, logique même, de la part d'un Humain aussi hyperémotif. Elle ne l'indisposait en aucune manière.
Aveuglé par ses pleurs, McCoy ne s'en rendit pas compte. Il s'essuya à nouveau les paupières.

Allez... dites-le... que-que-que je... suis ridicule...lement... émo..motif, vouvous... en mourr..rrez d'en...d'envie! Hoqueta-t-il

Il se sentait tellement stupide de ne pas parvenir à se dominer, et en même temps, il était tellement soulagé ! Ses deux amis étaient en vie. Bonté divine! En bonne santé. En vie ! Que soient louées toutes les divinités de cette galaxie !

Spock avait retrouvé son impassibilité sereine, comme si rien de grave ne venait d'avoir lieu. Il savait à présent comment réconforter son ami. Il haussa un demi-sourcil :
Non, Ostá : nous lui avons sauvé la vie tous les deux. Retorqua-t-il d'une voix inhabituellement douce. Sans votre épinéphrine, je n'aurai rien pu faire. De plus vous n'êtes pas ridicule : vous n'êtes simplement pas "Vuhlkansu".

Le mots Bones et Vulcain, n'existaient dans cette langue. La traduction Elládhienne (ostá) et la version vulcaine étaient sorties naturellement. Le médecin n'eut aucune difficulté à en comprendre le sens.

C'était la première fois que Spock le nommait ainsi. McCoy devina l'émotion sous les traits impavides du Vulcain, la pudeur et la profonde amitié bien cachées derrière la pique doucement ironique. Il tenta de sourire, mais ses larmes redoublèrent. Et il se sentit encore plus idiot. Son cœur pulsait par saccade douloureuses, péniblement, dans sa poitrine. Son souffle refusait de revenir à la normale. Tout tournait autour de lui.

Le regard de Spock se fit plus attentif, presque inquiet. Il posa une main sur l'épaule gauche du médecin :
Ostá ?

Cette main ferme mit aussitôt fin à la crise de vertige de McCoy. C'était comme s'il percevait physiquement l'amitié et l'empathie du Vulcain, comme si elle irradiait en lui comme une onde bienfaisante. La chaleur de ce toucher se diffusa dans la chair et les muscles de McCoy, jusqu'à son cœur, anesthésiant la douleur résiduelle. L'organe se remit à battre normalement. Ses poumons retrouvèrent leur taille normale. Incapable de répondre à la question de Spock, le médecin ouvrit grand la bouche pour emplir la moindre de ses alvéoles. Il lui fallut plusieurs longues respirations pour parvenir à enfin reprendre un souffle normal. Son esprit embrouillé retrouva un peu de clarté.

À travers ses dons de télépathie tactile, Spock perçut les intenses souffrances physiques et psychiques que cet humain avait traversées. Bones s'était atrocement inquiété pour Jim, mais aussi pour lui ! De tels pics émotionnels étaient dangereux pour la santé des Humains. Spock domina son inquiétude et garda son sang froid. Il fallait absolument aider Bones à retrouver son équilibre psychique.

Sans même en avoir conscience, à travers le contact de sa paume, Spock transmit au médecin toute l'amitié qu'il éprouvait à son égard. La psyché du médecin y répondit favorablement et se laissa réconforter, son anxiété s'apaisa doucement.

Ostá, vous allez bien ?

Ça va, ça va... mieux, merci. Bredouilla-t-il en rougissant.
Spock n'avait jamais agi ainsi avec lui. McCoy ne le repoussa pas. La délicatesse pudique de son empathie était agréable.

Vous semblez souffrant. Insista Spock

Sa main brûlante était restée sur l'épaule du médecin. McCoy avait la sensation qu'elle envoyait sa chaleur réconfortante directement dans son cœur, certainement un Vaudou de guérison Vulcain. Il était parfaitement conscient qu'il venait de subir un infarctus du myocarde. Ce contact agissait comme un soin extraordinairement efficace.

Merci, Spêlios. C'est juste... trop d'émotions pour un seul homme.

McCoy sentit l'imperceptible pression des doigts du Vulcain, qui semblait lui dire «oui, moi aussi»

─ C'est logique, vous réagissez toujours de façon très humaine. Répéta-t-il d'une voix très douce, apaisante.

Les mots «très humaine» sonnaient comme un compliment. Le cœur de McCoy se gonflait d'affection et de reconnaissance, ce n'était pas douloureux, au contraire. Pour une fois, il ne nia pas ses sentiments et ne chercha pas le conflit pour les camoufler. Il renifla à nouveau, s'essuya le visage avec un pan de son chiton. Il se leva péniblement, en tremblant. L'accumulation de tous ces chocs émotionnels le faisait presque tituber. Son corps pesait une tonne, et chacun de ses muscle était tout crispé. Il alla prendre son himation de laine.

Kyriakê non plus n'est pas "Vuhlkansu". Il ne fera pas de transe algique. Dit-il d'une voix encore chevrotante. Couvrons-le afin qu'il ne prenne pas froid. Ensuite, il nous faudra trouver un endroit où il pourra se reposer.

Spock constata une fois de plus que cet homme possédait une aptitude à la résilience hors du commun, tout comme Jim.

─ Vous avez raison. Aidez-moi à le hisser sur ma monture, je vais le tenir contre moi.

─ Excellente idée, votre température corporelle étant plus élevée, vous lui tiendrez bien chaud.

Tout d'abord, vous devez vous réhydrater. Vos larmes vous ont fait perdre beaucoup de votre eau.

Il n'y avait aucune condescendance dans sa voix calme. Juste l'énoncé d'un fait. McCoy prit conscience de l'intensité de sa soif. Il sourit :
À vos ordres, docteur.

McCoy avala d'un trait la totalité du contenu de sa gourde. L'eau des Amazonidès était restée relativement fraiche, elle était intensément désaltérante. Elle avait le goût de la bienveillance et de l'amitié.

Ils mirent Jim debout. Spock grimpa sur son cheval. McCoy constata que les gestes du Vulcain étaient plus lents que d'habitude. Lui aussi avait subi un violent choc émotionnel. Le médecin se garda bien de le lui faire remarquer.

Spock saisit Jim sous les aisselles et le hissa contre lui. Il était étonnement léger. La tête de l'Humain vint reposer dans le creux de l'épaule du Vulcain. Spock le maintint contre lui de son bras puissant. Avec des gestes tremblotants, McCoy l'aida à envelopper Jim dans le large et chaud himation. Dans son sommeil, Jim émis un soupir de bien-être.

Le flot des larmes de McCoy s'était enfin tari. Étonnement ému de les voir ainsi l'un contre l'autre, il eut un large sourire malicieux :
Z'êtes mignons comme un couple de jeunes mariés, tous les deux! S'exclama-t-il avec une tendresse taquine.

Ses deux amis étaient en vie! Bon sang! En vie ! ! Son âme en vibrait d'allégresse.

Docteur! Protesta Spock, les pommettes verdies.
Mais il ne le contredit pas, il n'en avait pas la force.
Pas alors que le précieux objet de son attachement reposait là, abandonné tout contre son buste, dans ses bras, 10.32 minutes seulement après qu'il l'aie arraché à la mort... Taluhk T'hy'la t'nash-veh [Mon Précieux Aimé].
Pas alors que les yeux gris de Bones scintillaient littéralement de tendresse et de bonheur. Des émotions saines et positives, qui aidaient son organisme à se remettre du traumatisme de la mort momentanée de Jim. Taluhk T'hai'la t'nash-veh [mon précieux Ami]

Enchanté d'être parvenu à provoquer en Spock une réaction émotionnelle aussi adorable, Leonard renifla à nouveau. Il s'apprêtait à lui lancer une autre gentille taquinerie, mais un mouvement dans les branchages attira l'attention de Spock dont les traits se figèrent.
Leonard suivit le regard fixe du Vulcain. Une silhouette blanche apparut entre les branches d'un gros buisson. Elle était drapée de la tête aux pieds, seuls ses yeux incroyablement verts étaient visibles, ils brillaient d'émotions. Elle n'était pas armée, ne semblait pas menaçante. Depuis combien de temps était-elle restée là, à les épier?

Votre amie a besoin d'un endroit pour se reposer. Dit-elle tranquillement . Je suis Savína. Suivez-moi.

Cette voix féminine était très émue, douce et bienveillante. Elle avait tout vu!

Nous vous remercions. Répondit McCoy. Je suis Leóntios, voici mon ami Spêlios, et son épouse Kyriakê.

─ Voudriez-vous nous dire en quel endroit vous nous proposez de nous amener ? Demanda Spock tranquillement

Sur les terres de Æha, le domaine de ma maîtresse, l'honorable Kirkê.

Illes marchèrent en silence.
McCoy se remettait lentement du choc de la mort momentanée de Jim, ses jambes engourdies en tremblaient encore. Il s'accrocha à sa monture pour tenir debout.
Spock se concentrait pour maintenir Jim contre lui. Les mouvements du cheval rendait leur équilibre précaire. Il trouva la solution en glissant son autre bras sous les genoux de Jim, le serrant encore plus étroitement contre lui. Son T'hy'la soupira à nouveau de bien-être, se blottit contre lui, mais ne se réveilla pas.

Illes traversèrent des champs de blé, d'orge, de lin en fleurs, des vergers aux arbres couverts de fruits... Ils croisèrent quelques paysan·nes. Toustes semblaient en bonne santé. Illes mangeaient visiblement à leur faim, et étaient revêtus de courts exomides en lin attachés sur une épaule. Illes saluèrent Savína avec un sourire respectueux, mais ne montraient aucune crainte.

Illes arrivèrent à une grande bâtisse. Une dame d'une stupéfiante beauté semblait les attendre. Elle avait les cheveux blonds comme les blés savamment nattés et relevés en un chignon doré, de grands yeux gris, un visage harmonieux...

Tu as trouvé nos invités, Savína. Dit-elle avec une autorité bienveillante.

Oui, ma Dame. Mais je suis arrivée trop tard, le scorpion avait déjà frappé. Heureusement que Leóntios et Spêlios sont des guérisseurs, l'un a sauvé son corps et l'autre son esprit. Ils ont arraché Kyriakê à la mort.

─ Qui vous a prévenu de notre arrivée? Demanda Leóntios avec un calme qui l'étonna lui-même

Savína est une sibylle aux puissants pouvoirs, ses rêves nous ont annoncé votre arrivée. Expliqua la dame. Entrez, soyez mes invités.

Spock et McCoy échangèrent un regard : encore une devineresse!

Pouvons-nous nous enquérir du nom de notre hôtesse? Demanda le Vulcain tranquillement

Bien sûr. Je suis Kirkê, fille de Hélios et Perseis.

Jim fut installé dans une chambre fraîche, sur un futon épais. Une jeune femme nettoya la piqûre, la sécha soigneusement, puis la banda.

Níkê veillera sur votre épouse. Elle a des dons de guérisseuse, comme vous. Venez partager mon repas, vous devez avoir faim.

─ Nous vous remercions. Répondit Leóntios

Ni lui ni Spock ne voulait laisser Jim seul, mais, une fois de plus, ils n'avaient guère le choix. Níkê prit le pouls de Jim.

Ne vous inquiétez pas. Dit Níkê avec gentillesse. Sa vie n'est pas en danger. Le poison a été neutralisé. Elle a juste besoin de dormir.

─ Nous vous confions mon épouse, Dame Níkê. Répondit Speliós avec solennité

Níkê hocha la tête, et posa un drap brodé de motifs géométriques sur Jim, sur lequel Leonard ajouta le himation.

─ o ─

La table était déjà prête lorsqu'illes entrèrent dans la petite salle. Kirkê prit place sur l'un des lits de table, Savína se mit à sa droite. L'hôtesse fit signe à ses invités de faire de même.

Vous portez des chitons tissés par les Amazonídes. Comment les avez-vous obtenus?

─ Ce sont des présents de la reine Antiópê, laquelle nous a accueilli fort civilement. Répondit Spock de sa voix neutre.

Voilà qui est très étonnant. D'ordinaire, les hommes qui violent les terres du Royaume de Thémiscyre n'en ressortent pas vivants.

─ Dame Orithye, sa devineresse a vu que nous ne leurs voulions aucun mal. Expliqua Leóntios. Et la Reine est une femme d'une grande intelligente et ouverte d'esprit.

─ Vraiment?... alors buvons en son honneur.

Une servante vint verser du lait dans les verres.

Longue vie à Antiópê! Dit Kirkê

Spock ne précisa pas qu'il était strictement végétarien et accepta d'en boire une gorgée. McCoy se rendit compte qu'il mourrait encore de soif, il finit son verre d'un trait.

C'est délicieux. De quel lait s'agit-il?

─ C'est un lait magique. Répondit Kirkê en se levant.

Pardon ? S'étonna Leóntios

Apefthýnomai stis exousíes tis Megális Theás Athinás. Dóse mou to dóro tis metamórfosis!

Spock et McCoy sentirent leur corps d'engourdir, leur esprit se déliter.

Un piège!
Ils étaient tombés dans un piège comme de stupides débutants!

Cela n'était pas douloureux, c'était juste qu'ils se sentaient… désorientés, vidés peu à peu de leurs volontés.
Épuisé par la mort et la renaissance de Jim, McCoy n'eut pas la force résister. Il perdit rapidement connaissance.
Spock lutta contre les pouvoirs de cette drogue de toute la force de son énergie psychique. Il ne devait pas céder : Jim était sans défense, il devait le protéger. Il sombra à son tour dans le sommeil. Sa dernière pensée fut un murmure. Jim!

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à suivre

Spock reprit lentement conscience. Il sonda son corps, il n'avait subi aucun sévices

.


C'est la première fois que j'utilise ce procédé narratif, où je raconte 2 fois le même événement traumatisant, mais avec les ressentis de deux personnes différentes. Je voulais vous faire partager les états émotionnels de Spock et de Bones. Et dans un seul paragraphe, j'ai trouvé cela trop lourd. J'espère que cela ne vous a pas semblé répétitif, et que cela vous a plu.

un p'tit commentaire ?

Christine. Merci pour ton commentaire.
Je comprends ta tristesse, j'ai traversé cela, moi aussi.
Du coup, j'ai modifié le titre de mon chapitre...

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T'hai'lu est le pluriel de T'hai'la
tout comme T'hylara est le pluriel de T'hy'la

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fr·wikipedia·org/wiki/Choc_anaphylactique
«Le choc anaphylactique est une réaction allergique exacerbée, entraînant dans la plupart des cas de graves conséquences et pouvant engager le pronostic vital...
Le seul traitement du choc anaphylactique reste l'utilisation de l'adrénaline (épinéphrine) par voie sous-cutanée, intramusculaire, ou intraveineuse...»

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Les hormones du stress :
futura-sciences·com/sante/questions-reponses/divers-sont-hormones-liees-stress-3069/
normalement, il y en a 5 : ACTH ou hormone corticotrope ; le cortisol ; l'adrénaline ; l'ocytocine ; la vasopressine.
je ne suis pas médecin, mais bon, c'est de la fan(science)fiction, je brode en essayant de rester (un peu) réaliste ^^

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Taluhk nash-veh t'dular. [vous m'êtes précieux]

un Vulcain digne de ce nom ne dit pas « Ashau nash-veh t'du / je t'aime»
«Je t'aime» est trop émotionnel, et un·e Vulcain·e ne montre pas ses émotions, même lorsqu'ille sont lié·e par ce profond attachement mutuel que les Humains nomment «amour».
Et partant du principe qu'illes sont Vulcain·es, rien ne prouve que leur façon d'aimer soit comparable à celles des Humain·es
cela dit, nul·le ne sait les mots et les gestes tendres échangés dans les secrets des alcôves des T'hylara...

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effet Doppler
futura-sciences·com/sciences/definitions/physique-effet-doppler-2470/
L'effet Doppler est le changement apparent de la fréquence d'un signal sonore ou électromagnétique reçu par un observateur mobile par rapport à une source émettrice fixe ou bien par un observateur fixe par rapport à une source émettrice mobile.
Exemple : la modification du "pin-pon" d'une ambulance qui passe à toute vitesse

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Mots magiques
merci google traduction

Apefthýnomai stis exousíes tis Megális Theás Athinás
j'en appelle aux pouvoir de la Grande Déesse Athéna

Dóse mou to dóro tis metamórfosis!
Donne-moi le don de métamorphose !

Si l'un·e de vous est callé·e en Grec (ancien ou actuel), j'accepte de tout cœur la traduction correcte de ces incantations
kty_koneko "at" yahoo·com