BÉNÉVOLENTS - Partie I ÉMISSAIRES


9 Kirkê

— o —

Spock reprit lentement conscience. Il était allongé sur un futon moelleux. Il évalua les perceptions sensorielles son corps, elles étaient atypiques, sans doute en raison de la drogue que leur avait fait avaler Kirkê. Il constata cependant qu'il n'avait subi aucun sévices. Il n'était même pas ligoté.
Il tourna son esprit vers son Kash-naf. Jim était profondément endormi, sa condition physique était satisfaisante. Rassuré sur le sort de son T'hy'la, Spock ouvrit les paupières. Sa vision était étrange, différente, mais il n'aurait pas su dire en quoi. Il voulut s'asseoir, mais ses membres étaient gourds. Il posa les yeux sur sa main et ne put retenir un feulement d'étonnement : son membre avait été remplacé par une patte de félin!

Il leva les yeux et se retrouva nez à nez avec son reflet dans un miroir posé à côté du futon: un grand léopard, aux yeux d'ambre brune, au corps mince et musculeux, mais dont le court pelage était blond, tacheté de larges rosettes émeraudes et vertes sombres... il ressemblait à un croisement génétique entre une panthère Terrienne et un Le-matya Vulcain.
Un gémissement attira son attention. Un énorme molosse à l'épaisse fourrure blanche et marron était allongé à côté de lui. Il reconnut la race des Saint-Bernard, dont l'espère était appréciée par les Humains pour sa vive intelligence, et son instinct de protection particulièrement développé... Bones ?

McCoy s'éveilla à son tour, lentement. Il se sentait lourd, engourdi. Plus épuisé que jamais, dans tous les sens du terme. Il avait la sensation que son corps pesait des tonnes. Le souvenir de l'incident dramatique de la piqure du scorpion lui revint. Il acheva brutalement de le sortir des brumes qui ralentissait ses pensées. Jim!
Ses yeux croisèrent ceux d'une panthère or et verte. Il sursauta. Dans le miroir posé à coté d'eux, McCoy vit le gros chien couché à coté d'un somptueux félin. Le grand chat avait de fines oreilles pointues, il se dégageait de lui un subtil mélange d'intelligence, de grâce et de puissance, comme Spock.
Il comprit. Kirkê … Circé la sorcière de la légende. Elle ne les avaient pas transformés en porcs, comme dans les récits de l'Odyssée… mais leur sort n'en était pas moins dramatique.

Et Jim ? Qu'avait-elle fait de Jim?

─ Rrr-miarrr-haowhrrr... Ronronna Spock pour tenter de rassurer son ami.

─ Whouf ? Gémit Bones sans parvenir à se mettre sur ses quatre pattes.

Une porte s'ouvrit et Kirkê entra.

Oooh, vous êtes réellement tellement magnifiques tous les deux ! S'exclama-t-elle avec une joie enfantine

Tous deux se dressèrent sur leurs quatre pattes. McCoy émit un grognement menaçant en montrant ses crocs. Spock lui donna léger coup de patte, en prenant bien soin à rétracter ses griffes empoisonnées.
─ Miiaoww

McCoy sembla le comprendre : attaquer cette femme était inutile, elle seule connaissait le moyen de les libérer de ce sortilège.

Serrez-vous sage ou bien dois-je vous mettre un collier et une muselière ? Demanda Kirkê d'une voix malicieuse. Asseyez-vous pour me dire que vous m'avez comprise.

Les deux hommes obéirent à contre cœur. Elle se rapprocha d'eux et se pencha sur Spock. Elle passa sa main dans la douce fourrure. Le Vulcain se rendit compte que ses dons de télépathie par le toucher avaient augmentés. Il ne perçut aucune malveillance en cette femme, aucune volonté de faire de mal. Mais alors, pourquoi avait-elle fait cela ?

Venez. Votre amie ne va pas tarder à se réveiller. Le test va pouvoir commencer.

Un test?!... Spock et McCoy ne purent contenir un grommellement hostile.

Vous avez ma parole qu'aucun mal ne lui sera fait. Kiriakê se porte bien. Nikê m'a dit qu'il avait une faculté de guérison extraordinaire.

─ o ─

Jim flottait dans un rêve si doux. Les mains de Spock étaient sur son visage, si douces et si chaudes, l'esprit de Spock enlaçait le sien, et il était empli d'amour.

Spock l'aimait!

C'était trop merveilleusement beau pour être la réalité !
Cela ne pouvait être qu'un rêve.
Même s'ils étaient mentalement liés par ce Kash-naf, ils n'étaient qu'amis, juste T'hai'lu.

...et pourtant, ce rêve était si réel.
Ce froid, ce vide, ce silence... cette paralysie mentale puis le délitement irrépressible de son esprit, l'effilochement de ses pensées, l'engourdissement de ses émotions...
ce tunnel morbide qui avait aspiré, effacé, presque tout de lui
Et soudain, cette marée de lumières et de feux, si intensément vivante, cette chaleur enveloppante. L'amour de Spock l'avaient arraché à ce cauchemar !

Le beau visage de Spock, ses yeux de velours, ses lèvres magnifiques qui lui murmuraient :
Taluhk nash-veh t'dular.

Jim se réveilla en sursaut, foudroyé par une crise d'angoisse : il était arrivé du mal à Spock!

Il s'assit sur le futon, le souffle court, le cœur emballé.

Tout va bien, Dame Kyriakê. Vous êtes en sécurité.

Kirk regarda la jeune femme, décontenancé.

Je suis Níkê. Vous n'avez rien à craindre de moi.

Le sixième sens de Kirk était en alerte. Était-il arrivé du mal à ses amis? Il tourna son esprit vers son Kash-naf. Les sensations en provenance de Spock étaient... étranges, sans qu'il ne puisse définir en quoi. Mais il ne semblait pas être blessé ou souffrant. Et il n'avait aucun moyen de s'assurer de l'état de Bones... il regretta de ne pas partager de lien mental avec lui aussi. Il regarda avec attention la jeune Níkê. Il émanait d'elle de la gentillesse et un désir de bien faire. Il ne discerna aucune duplicité en elle.

Où suis-je?

─ Sur les terre de Æha, domaine de Dame Kirkê.

Kirk s'assit sur le lit. Il ne ressentit aucun vertige. Il se leva. Il avait un bandage autour de la cheville... il se souvint de la piqure qui avait failli le tuer...

Où sont mon époux et mon frère ?

─ En compagnie de Ma Dame.

Il se leva et constata qu'il était à demi-nu.
Rendez-moi mes vêtements et amenez-moi à votre Dame, je vous prie.

─ Dame Kirkê vous attend justement. Elle m'a dit de vous conduire à elle dès votre réveil.

Kirk suivit Níkê le long des couloirs de mur blancs recouverts de draps brodés. Elle le fit entrer dans une petite pièce lumineuse.

Ma Dame, voici notre invitée. Dit Níkê avec révérence.

Merci, Nikê, tu peux te retirer.

Une femme d'une grande beauté était à demi allongée sur une méridienne. Il y avait à côté d'elle une magnifique panthère et un gros chien neige et chocolat, aux prunelles grises. Il remua la queue en le voyant.
Le cœur de Kirk s'accéléra lorsqu'il contempla le somptueux Léopard doré tacheté d'émeraude. Il ressemblait tant à un Le-matya... il n'y avait normalement pas de tels animaux en ce monde.

Non! Spock!
Ce ne pouvait être que lui!
Leurs yeux se croisèrent, et les vibrations de leur kash-naf confirmèrent ses doutes. Mais alors, ce gros Saint-Bernard qui remuait la queue en gémissant était Bones!

Kirkê était la Circé de l'Odyssée. Elle ne les avaient pas transformés en pourceaux... Pourquoi avait-elle fait cela? Ils n'étaient pas ennemis, ils ne l'avaient jamais rencontrée. Comment des telles métamorphoses avaient-elle pu avoir lieu?

Instinctivement, il raffermit son esprit.
Ne pas montrer ce qu'il avait deviné.
Analyser la situation de façon logique et rationnelle.
Trouver calmement une façon de sortir ses amis de ce cauchemar.

Il ne s'étonna pas de découvrir en lui un nouveau moyen de contenir et cacher ses émotions. C'était comme si Spock avait semé en lui les graines d'un Nahp-fo-dan. Si le rêve qu'il avait fait avait été la réalité, cela devait être les restes de la structure mentale dont Spock s'était servie pour l'éloigner du tunnel de la mort. Il repoussa le souvenir brûlant de bonheur de la déclaration de Spock, ce n'était pas le moment.
Kirk sut d'instinct comment l'utiliser, comme si ce bouclier avait toujours été là en lui. Il sourit à son hôtesse.

─ Chère Kyriakê, soyez la bienvenue. S'exclama Kirkê, aussi charmante qu'elle était belle. Venez donc prendre place près de moi.

Kyriakê décocha son sourire le plus charmeur et prit place sur la méridienne en face d'elle. Une servante vint disposer à coté de lui une table basse, chargées de victuailles dont une miche de pain... et un couteau dont la lame semblait bien tranchante. Son aimable hôtesse disposait des mêmes couverts que lui.

Damoiselle Níkê m'avait assuré que je retrouverai mon frère et mon époux à vos coté. Or je ne les vois pas. S'étonna-t-il "naïvement"

Il n'aimait ni mentir, ni jouer les hypocrites, mais il le fallait. Il devait évaluer la personnalité de cette Kirkê, jauger sa potentielle agressivité avant d'intenter quelque action que ce soit.

Vraiment? Minauda Kirkê

Kirk sentit intuitivement qu'elle était ... déçue ? Il essaierait de comprendre cela plus tard.

Par contre, vous avez-là de superbes... je n'ai jamais vu de tels animaux. Que sont-ils donc?

─ Une panthère de feu et un chien des neiges.

─ J'aime beaucoup les animaux et ceux-ci ont l'air étonnement doux. M'autorisez-vous à les caresser?

─ Bien entendu. Acquiesça Kirkê prise au dépourvue.
Elle s'était attendue à une réaction violente de la part de cette inconnue venue de loin. Mais peut-être Kyriakê n'avait-elle pas reconnu ses compagnons de route?

Kirk vint s'agenouiller devant le léopard-le-matya, il posa ses mains sur sa tête en une caresse tendre.

Sa fourrure est vraiment très douce.

Il se pencha et murmura à l'oreille du félin d'une voix inaudible :
─ Dungi-ruk nash-veh s'tra t'dular [Je vais vous sortir de là ]

Le Le-matya émit un imperceptible feulement.

Puis il glissa ses doigt dans la crinière du Saint-Bernard. Il lui murmura simplement :
Ostá, mon ami. (Bones)

Bones remua doucement la queue.

Que dites-vous?

─ C'est un secret qui ne doit être murmuré qu'à l'oreille. Répondit Kyriakê de sa voix la plus séductrice et sensuelle

Kirkê rougit. Visiblement, elle n'était pas insensible aux charmes de son invitée. Kirk sut comment il pouvait tenter de la manipuler. Il se leva lentement, avec grâce et il s'approcha d'elle. Il la contourna, se pencha sur elle dans son dos. Sa main frôla les mèches de son épaule, pour la dégager en un geste sensuel. Il approcha ses lèvres de son oreille.

Kirkê sentit son souffle tiède contre sa nuque. Allait-elle tenter de la séduire pour savoir ce qu'elle avait fait de ses compagnons de route? Dans tous les cas, c'était très agréable.

Ce ne furent pas des lèvres chaudes qui touchèrent sa gorge,

D'un même geste accompli en une fraction de seconde, Kyriakê l'immobilisa contre lui et posa la lame glaciale et tranchante d'un couteau sur sa carotide. La prise était ferme, déterminée. Implacable. Kirkê était sans défense. Elle ne lui opposa aucune résistance, comme si elle savait qu'elle ne risquait rien.

Libérez-les de ce sortilège ! Menaça Kyriakê d'une voix menaçante, en prenant bien garde à ne pas la blesser.

De qui parlez-vous ? Tenta de mentir Kirkê sans parvenir à être convaincante

Spêlios que vous avez transformé en Léopard et Leóntios en Saint-Bernard !

─ Vous les avez donc reconnus! S'exclama Kirkê, ravie. Vous avez réussi le test si facilement! Oui, oui! Je vais leur rendre leur forme réelle. Mais il vous faut me relâcher.

L'absence totale de crainte, cette joie si spontanée et si dénuée de toute malfaisance, prirent Kirk au dépourvu.

Un test?... Qu'est-ce qui me prouve que vous tiendrez parole?

─ Miarwoow. Intervint Spêlios en posant ses yeux sombres sur lui.

Kirk échangea un regard avec le magnifique Léopard Vulcain.

Ok, Spêlios. Concéda-t-il en relâchant la pression, sans pour autant enlever son arme.

Kirkê ne s'en formalisa pas, elle ne tenta même pas de s'enfuir.
Vous parvenez à vous comprendre? C'est extraordinaire! Bien, je vais libérer vos compagnons de voyage. Ti exafanízei to xórki !

Les deux animaux perdirent connaissance et tombèrent sur le sol. Leurs membres s'allongèrent, les fourrures disparurent, les gueules reprirent forme humaine...

─ Spêlios! Leóntios! S'exclama Kyriake
L'étrange sort de censure pesait encore sur eux, et il ne fut pas capable de prononcer les noms qui avaient jaillis dans son esprit : Spock! Bones!

Les deux hommes reprirent connaissance, ils étaient nus. Ils étaient comme avant, à l'exception de leurs cheveux qui avaient poussés et leur tombaient à présent sur les épaules... et cela allait à merveille à Spock, songea Kirk avant de se reprendre.

Comment allez-vous tous les deux? S'inquiéta Kyriakê

Sa vue normale lui avait été rendue. McCoy sonda Jim rapidement, il ne semblait souffrir d'aucune séquelle. Cependant, il ne put se retenir de gronder :
C'est plutôt à moi de te poser la question! Bon sang, Kyrakê, tu n'en rates vraiment pas une! Il a fallu que tu trouves le moyen de te faire piquer par un petit scorpion inoffensif et de nous en faire un choc anaphylactique !

─ Toujours aussi aimable! Rétorqua Kyriakê avec une tendresse qu'il ne parvint pas à contenir

Une femme que Kirk n'avait pas vu entrer tendit des chitons que les deux hommes enfilèrent promptement. En l'espace de quelques minutes, ils avaient attaché le tissu sur l'épaule à l'aide d'une fibule et noué la ceinture autour de leur taille. Ils se tournèrent vers leur hôtesse. Elle était assise sur sa méridienne, souriante. Elle ne tentait même pas de se libérer de l'emprise de Kirk.

Savína avait pris place à ses coté. On devinait son sourire derrière son voile.
Vous avez reconnu vos amis! S'exclama-t-elle joyeusement.

Je ne comprends pas. Avoua Kyriakê avec rancœur
Mais il retira son arme de son cou et la libéra de son emprise.

Savína avait vu l'arrivée de trois hommes, liés par un amour très puissant. Elle ne s'est jamais trompée jusqu'à présent. Mais il est probable que vous soyez une femme avec le cœur d'un homme, ça arrive parfois.

Il n'y avait pas l'ombre d'un mensonge dans sa voix. Ils rougirent tous les trois, surtout McCoy. Cette déclaration fit gonfler son cœur.

Je vous en prie, asseyez-vous. Vous avez ma parole que je ne ferai plus rien contre vous!

Kirk et Spock s'assirent côte à côte sur une méridienne.
McCoy prit celle à côté d'eux. Il se laissa tomber sur le siège en soupirant. Avec toutes ces femmes autour d'eux, il lui était impossible de vérifier l'état de santé de Jim... et celui de Spock. Bon sang, ces deux têtes brûlées allaient finir par avoir sa peau à force d'inquiétudes !

Vous avez l'air épuisé, mon cher Leóntios, je vous prie de m'excuser de vous avoir imposé cela.

Il se contenta de hocher la tête. Une servante vint lui proposer un verre de lait. Il hésita.

─ Vous avez ma parole qu'il n'y aura plus de métamorphose !

Il prit le risque et avala d'un trait le contenu de son verre. Du miel avait été ajouté, il en ressentit presque immédiatement ses effets réconfortants.

J'ai fait ajouté quelques herbes médicinale. Précisa kirkê avec gentillesse.

La jeune femme posa un pichet sur sa petite table et McCoy se resservit.

─ Pour quelle raison était-ce si important? Demanda Spock tranquillement

Les doigts de Jim se rapprochaient dangereusement des siens, mais il n'avait pas la force de retirer sa main.

Je devais savoir si vous étiez les Émissaires que j'attendais. Le seul indice que j'avais était la puissance de ces liens qui vous unissent tous les trois.

─ Ça ne va pas recommencer avec ces histoires d'émissaires ! Bougonna Leóntios.
Il était hors de question que la «Grande-Déesse-Mère» se serve à nouveau de sa bouche pour prononcer ses bénédictions !

Pardon?

─ Comme vous l'avez deviné à nos tenues, nous avons été accueillis par la reine Antiópê. Expliqua Spock. Sa liseuse de vérité a prétendu que nous étions les envoyés de leur Déesse-Mère.

─ L'êtes-vous? Êtes-vous les envoyées de la Grande Athénâ?

Nous l'ignorons, votre déesse n'a pas daigné nous informer de la mission qu'elle nous aurait confié. Répliqua Kyriakê avec ironie.

La liseuse de vérité, est-ce que c'est Orithye? Demanda Savína

Les doigts de Jim entrèrent en contact avec ceux de Spock. Ils continrent un frémissement de bien-être.

Oui, elle a fait une crise de tremblement, et quand elle a repris conscience, elle a prétendu que nous étions ses émissaires. Répondit McCoy.

Il se leva pour emplir les verre de Jim et de Spock de ce lait au miel. Ceux-ci-ci ne protestèrent pas et obéirent au regard impératif du médecin. Ils expérimentèrent à leur tour les propriétés bienfaisantes de ce breuvage.

Kirkê attendit qu'ils aient bu pour leur faire part de son étonnement :
Orithye a eu une vision?

Vous la connaissez? S'enquit Kyriakê

─ Seulement de réputation. C'est une femme d'une grande probité.

─ Nul ne peut lui mentir. Affirma Savína.

Ce qui signifie? Demanda Kyriakê

Que vous êtes bien les Émissaires de la Déesse que nous attendions! Conclut Kirkê, ravie, en frappant joyeusement dans ses mains.

Formidable. Ronchonna Leóntios.

Racontez-moi! Racontez-moi votre rencontre avec les Amazonídes. Est-ce qu'elles mutilent réellement tous leurs garçons? Je veux tout savoir! S'il vous plait !

Kirk, Spock et McCoy échangèrent un regard. Ni l'un ni l'autre ne sentait de malveillance de la part de cette femme, ni de personne d'autre dans la pièce. Les servantes et les serviteurs, qui avaient apporté le repas, s'assirent autour d'elleux, aussi avides que leur maîtresse d'écouter leurs invités. Et Kirkê semblait trouver cela parfaitement normal.

Ils entreprirent donc le récit de cette rencontre, parfois entrecoupé par des questions de Kirkê ou de Savína.

Dans sa Grande Sagesse, Athénâ s'est servie de vous trois afin de guider ses enfants chéries vers un mode de vie plus juste et plus équitable! S'extasia Kirkê avec émerveillement

Louée soit sa Sagesse! Dit Savína

Louée soit sa Sagesse. Répétèrent toutes les personnes présentes, avec une dévotion à la fois paisible et joyeuse

Tous les regards se posèrent avec insistance sur Kirk, Spock et McCoy.

Louée soit sa Sagesse. Dirent-ils à leur tour.

La nuit était tombée.

Mes chers amis, il est trop tard pour repartir, laissez-moi vous offrir une chambre.

─ Nous acceptons votre offre avec reconnaissance. Répondit Kyriakê.

Leurs doigts s'étaient innocemment mêlés au cours de la soirée, dans une attitude somme toute normale pour deux personnes mariées. En tant qu'épouxses, on allait vraisemblablement proposer un lit commun.
Et Spock désirait cela : une nuit à pouvoir écouter la douce respiration de son Ashaya [bien aimé].

─ o ─

Spock ne s'était pas trompé. Non seulement la chambre contenait un grand lit, mais en plus, McCoy était hébergé dans la chambre voisine!

Après une brève toilette, ils revêtirent des chitons propre. Ils s'allongèrent sous l'épaisse couverture, face à face, incapables de dormir malgré leur grande fatigue. Ils partagèrent un long glazham'esta et se noyèrent dans leurs regards.

─ Spock...
Leur capacité à parler en Standard leur avait été rendue. C'était agréable.

─ Oui, Jim.

─ Vous m'avez une fois de plus sauvé la vie. Murmura Jim

─ Vous souvenez-vous des mots que j'ai prononcés à votre réveil?

La journée avait été psychiquement épuisante, Spock n'avait plus la force de contenir son attachement vis à vis de lui. Jim avait à présent retrouvé toute ses capacités cognitives. Spock avait viscéralement besoin de savoir s'il acceptait toujours de partager ses affects... de savoir s'il pouvait se permettre de penser à lui en termes de T'hy'la, ou bien s'il devait définitivement réprimer ses sentiments.

─ Oui. Murmura Jim

Spock était attentif aux émotions ressenties par Jim, il n'eut aucune difficulté à percevoir le mélange de désir et d'appréhension de celui-ci. Il se souvint de ce qu'il avait lu en lui lorsqu'il l'avait ramené à la vie. Il comprit qu'il devait le rassurer quant à ses intentions.

─ Je souhaite que vous soyez mon compagnon de vie, Jim, pas mon amant. Expliqua-t-il sans s'embarrasser de préambule.

─ Cela ne risque pas de vous frustrer?

─ La frustration sexuelle est une émotion humaine, je suis un Vulcain.

─ Pas même avec ce corps désirable comme celui dans lequel je suis enfermé?

─ Contrairement aux Humains, je ne suis pas soumis à aucune libido.

Jim ne put se retenir de sourire à cette petite pique involontaire. Il redevint sérieux :
─ Et s'il vous viens un désir de paternité?

─ Malgré cette apparence, vous n'êtes pas une femme, Jim. Votre esprit et votre identité de genre sont celles d'un homme, et je vous considère comme tel. De plus, les fœtus vulcains sont mentalement relié à leur génitrice, une grossesse non désirée ne pourrait que nuire au développement physico-psychique de l'enfant à venir.

─ Mais quand reviendra la nécessité du Pon farr ?

─ Alors nous aviserons. Nous disposons de 2632 jours.

─ ... ce qui nous fait ?

─ Approximativement 6 ans, 10 mois et 6 jours standards

─ Bones aura peut-être trouvé un remède d'ici-là. Dit Jim avec une absolue conviction

Jim ne put se retenir de se demander s'il allait être capable de rester abstinent pour le reste de sa vie, lui qui avait toujours eu un nombre constant de charmantes partenaires d'un soir. Le problème était que ses désirs physiques n'étaient en aucun cas en adéquation avec ce corps...

─ Il est le meilleur médecin de la flotte... que répondez-vous à ma proposition?

Jim glissa sa main dans celle de Spock. Leurs doigts caressèrent leurs paumes. C'était incroyablement doux et sensuel.

Taluhk nash-veh k'dular. [vous m'êtes précieux] Répondit Jim avec une émotion contenue
Cette formulation vulcaine s'accordait parfaitement avec sa pudeur virile. Il perçut la brève accélération du cœur de Spock à travers leur lien.

Ils se rapprochèrent l'un de l'autre, main dans la main, front contre front, et se laissèrent porter par la douce sensation de s'être enfin trouvé l'un l'autre. Après toutes ce temps passé à croire cet amour impossible...

La main de Spock lâcha celle de Jim. Doucement, il frôla de ses doigts les lèvres de l'Humain. Jim savait l'extrême sensibilité de ces pulpes. Il eut soudainement envie d'y goûter. Il entrouvrit ses lèvres et passa la pointe de sa langue sur le bout du majeur. Spock eu grande peine à retenir un "hum" de plaisir. Alors il recommença.
Jamais Jim n'aurait pu croire que le simple fait d'embrasser, lécher, suçoter le bout des doigts puisse donner autant de plaisir à Spock. Leur Kash-naf se mit à vibrer, et Jim se laissa envahir avec délectation par les sensations voluptueuses de Spock. C'était à la fois psychique et physique... un plaisir si intense et si doux...

N'y tenant plus, Jim repoussa ces doigts pour aller poser ses lèvres directement sur celles de Spock, dans un mouvement impératif et conquérant. Il se le reprocha aussitôt. Cette forme de baiser était une coutume Humaine, pas Vulcaine, et il ne voulait pas lui imposer cela.
Mais le Vulcain coupa court à ses doutes. Il saisit la nuque de Jim avec possessivité et entrouvrit les lèvres, dans une invitation à poursuivre. Jim s'enhardit et introduisit sa langue dans l'antre chaude et humide. Les bras de Spock l'entourèrent presque convulsivement.

Le Vulcain roula sur le dos et l'Humain s'installa entre ses cuisses, pour être encore plus étroitement serrés l'un contre l'autre. Le Vulcain contint un soupir de satisfaction. La main de Jim glissa dans les cheveux noirs, aussi doux que de la soie, l'autre paume se posa sur sa joue… Instinctivement, Jim entama un mouvement de va et vient, frotta ses hanches contre celles de Spock… oubliant totalement les organes féminins de ce corps… les mains de Spock parcoururent son dos, agrippèrent ses fesses afin l'encourager à poursuivre ces mouvements. Une agréable chaleur embrasa leurs corps. Les cuisses de Spock vinrent entourer la taille de Jim.

Guidés pas leur Kash-naf, leurs esprits s'élevèrent l'un vers l'autre, s'enlacèrent, s'unirent avec délectation.

Les souvenirs de leurs rêves sensuels s'insinuèrent dans leurs esprits, se mélangèrent à la réalité. Le moment présent, ces rêves du passé, leurs esprits, leurs sensations physiques… tout se mélangea dans une valse sensuelle et voluptueuse alors que Jim possédait avidement la bouche de Spock, encore et encore, reprenant à peine son souffle entre deux baisers…
La vague irrépressible d'un orgasme prit soudain naissance dans leurs ventres et les submergea de sa puissance.

Jim quitta les lèvres de Spock, et se laissa tomber sur la poitrine son amant.
Il n'y avait eu entre eux aucune réelle pénétration physique en dehors de ces baisers, et pourtant…
Jim sentait encore la suave pression humide de l'intimité de Spock autour de son pénis fantôme.
Spock percevait encore en lui la merveilleuse puissance du membre viril de Jim.

─ Qu'est-ce... que... c'était? Demanda Jim, le souffle court. Est-ce... un de vos... miracles mentaux... vulcains?

─ Non, Jim. Même une fusion mentale profonde ne peut expliquer ce que nous avons partagé.

Jim respira profondément pour retrouver sa respiration normale.
─ Je dois t'avouer un rêve que j'ai fait. Dit-il avec un certain embarras

─ Un rêve qui commençait par un ozh'esta, à la fin d'une partie d'échec?

─ Nous avons fait ce rêve en même temps! Comprit Jim avec jubilation… Ce sont ces souvenirs que nous venons de revivre ensemble !

─ En effet.

Jim prit conscience qu'il était allongé sur Spock, entre ses cuisses. Malgré ce qu'ils avaient partagé, il ne sentait pas le pénis de Spock tout contre son pubis. Avec du recul, il ne l'avait senti à aucun moment. Il hésita, mal à l'aise.

─ Pose ta question, Jim.

─ Je ne suis pas trop lourd?

─ Est-ce cela qui provoque ton embarras?

… avec leur Kash-naf, il était difficile de cacher ses émotions. La gêne de Jim augmenta. Mais il se devait de poser la question :
─ As-tu toi aussi ressenti cela toi aussi, ou bien est-ce une illusion de ma part?

─ J'ai expérimenté un orgasme avec toi. Pourquoi en doutes-tu?

─... tu n'as pas eu d'érection.

─ Le pénis des mâles vulcains sont enceints dans une gaine pénienne. Nous avons partagé un orgasme psychique, une érection n'était pas nécessaire.

Jim ressentit un profond soulagement.
─ Un orgasme psychique… j'ignorais qu'une telle chose puisse exister

─ Je l'ignorais tout autant que toi. Si tu le souhaite, il nous sera possible de recommencer.

─ Oui, oui, ce serait… bien. Répondit Jim simplement, le cœur au bord de l'implosion.

─ En attendant, il te faut prendre du repos et t'endormir. Décréta Spock de sa voix tranquille.

Jim amorça un geste pour s'allonger à coté de Spock, mais celui-ci le retint contre lui :
─ Les nuits sont fraîches. Expliqua-t-il avec une logique implacable

─ Oui, c'est vrai. Mais tu es télépathe par le toucher… mes pensées ne vont-elles pas t'importuner?

─ Tout d'abord, je n'ai accès qu'à tes affects, pas à tes pensées. Ensuite, je dispose de Nahp-fo-dan pour m'en protéger.

─ Ok. Murmura Jim qui s'endormit en un battement de cils malgré cette position incongrue.

Spock écouta la respiration lente et profonde de Jim, son T'hy'la.
Il n'avait pas menti, il ignorait comment ce miracle sensuel avait bien pu se réaliser. Mais il prouvait une chose : la parfaite adéquation entre leurs esprits et leurs corps. Si jamais le destin était une réalité tangible, il ne faisait aucun doute que Jim et lui étaient destinés l'un à l'autre. Cette pensée provoqua en Spock un profond bien-être.

Spock rehaussa ses boucliers mentaux et entama une séance de méditation. Jim avait répondu à son amour, la souffrance avait disparu. La médiation fut efficace, agréable même, et régénéra son esprit.

─ o ─

Leonard McCoy était épuisé, physiquement, moralement, et il s'était rarement senti aussi seul.
La chambre qu'on lui avait attribuée était pourtant confortable, du moins pour les standards de l'époque.
Ses précieux amis étaient dans la pièce d'à côté, et lui ici. Seul dans son lit froid, il revit l'évolution de leurs relations.

Au tout début de leur mission d'exploration, il avait retrouvé son ami Jim à bord de l'Enterprise; celui-ci s'était démené pour qu'il vienne l'y rejoindre. Il lui en avait voulu, un peu. Suite à son douloureux divorce, il était devenu un vieil ours solitaire, et il s'était complu dans cet isolement volontaire. Jim avait toujours été solaire. Son cœur brisé s'était réchauffé auprès de son lumineux ami.
Spock y officiait déjà en tant qu'officier scientifique et officier en second depuis de nombreuses années avant Jim, sous les ordres du Capitaine Pike.
McCoy avait vu son ami être irrémédiablement fasciné par Spock, puis se rapprocher du Vulcain jours après jours. Comme deux astres irrésistiblement entraînés l'un vers l'autre par leur attraction mutuelle. Peu à peu, l'inatteignable Spock lui avait rendu son amitié. McCoy avait vu ce Vulcain soi-disant dépourvu de tout sentiments, risquer sa vie pour Jim un nombre incalculable de fois. Il avait vu Jim prêt à tout pour sauver celle de Spock…

Oui, il avait été jaloux de ce Vulcain qui lui avait "volé" son ami. En tout cas, au début.
Leonard avait fini par comprendre que les sentiments de Jim à son égard n'avaient pas changés. Jim le considérait toujours comme son meilleur ami, son confident, et le traitait comme tel… et lui-même considérait désormais Spock comme un ami. Il savait désormais que cette amitié était mutuelle. (et il éprouvait une grande reconnaissance envers Orithye, qui les avaient tous deux percé à jour)

C'étaient les sentiments de Jim et Spock qui avaient évolués. McCoy s'en était rendu compte le jour de ce maudit Pon Farr, en croisant les yeux… éteints de Spock alors qu'il se croyait coupable du meurtre de Jim.
Puis la vie avait repris son cours, Jim et Spock étaient devenus plus protecteurs l'un vis à vis de l'autre, Jim s'était mis à apprendre le Vulcain…

Et lui, Leonard, il avait été le témoin des tourments muets de Jim, puis des regards indescriptiblement doux que ces deux têtes de mule s'échangeaient depuis qu'ils étaient descendus sur cette fichue planète, Elladhá

Un léger toc-toc le détourna de ses pensées. Une servante entra.
Souhaitez-vous de la compagnie pour la nuit? Demanda-t-elle

Leonard la contempla avec perplexité : cette jeune femme devait à peine avoir l'âge de Johanna, sa propre fille, vingt ans à peine, voire moins à en juger par ses traits juvéniles.

Je vous remercie, mon Petit, mais j'ai l'habitude de dormir seul.
(ce n'était même pas un mensonge)

Mais vous aurez froid.

─ Alors, voudriez-vous s'il vous plait m'apporter des couvertures ?

La servante sourit.

Les couvertures sentaient bon la lavande. Elles étaient moelleuses et chaudes. Il glissa agréablement dans un demi-sommeil. Il se sentit enveloppé par une présence bienveillante, aimante. La voix douce de Kirkê se rappela sa mémoire : «...trois hommes, liés par un amour très puissant»... Puis celle d'Orithye. Elle avait dit à peu près la même chose «C'est leur façon à eux d'exprimer leur profond amour fraternel. Chacune d'elles-trois donnerait sa vie pour sauver l'autre sans aucune hésitation»

Il était aimé.

Au réveil, il percevait encore cette étrange sensation à la fois si douce et si immatérielle. Et ces mots de Kirkê. Prononcés au moment même où il en avait eu le plus besoin. «trois hommes, liés par un amour très puissant». Il chérit ce souvenir comme un trésor.

─ o ─

à suivre...

Spock restait parfaitement immobile, pourtant il était réveillé depuis au moins 15.35 minutes...

.

Avez-vous aimé ?
Un petit commentaire ?


─ o ─

Christine. Merci beaucoup pour tes commentaires.
En fait, Bones et Spock sont tombés de Saint-Bernard en Le-Matya ^^

Léopard, jaguar, guépard sont tous des Panthères
futura-sciences·com/planete/questions-reponses/leopard-leopard-guepard-jaguar-differences-7346/

Le Le-Matya est une panthère Vulcaine, dont les crocs et les griffes sont empoisonnées. Sa courte fourrure est verte, épaisse et solide. C'est une sorte de super prédateur. C'est aussi une espèce endémique qui vit uniquement dans les contreforts de L-langon le long de la Forge de Vulcan .
memory-alpha·fandom·com/wiki/Le-matya

Je n'ai pas choisi le Saint-Bernard par hasard
woopets·fr/chien/race/saint-bernard/

─ o ─

Τι εξαφανίζει το ξόρκι
Ti exafanízei to xórki
Que disparaisse le sortilège