BÉNÉVOLENTS - Partie I ÉMISSAIRES


14 Labúrinthos

─ o ─

Poussée par une brise étonnement constante, l'embarcation filait avec rapidité. Les étoiles rivalisaient d'étincelance avec la demi-lune.
Illes arrivèrent à l'embouchure où le fleuve Amnisos se jetait dans la mer.

Les eaux de la mer Aigeús donnent de savoureux poissons. Racontait Mános à Pasipháê. Mais les terres sont arides. Mes parents sont pêcheurs, ils élèvent aussi quelques chèvres pour leur lait et en faire du fromage, et quelques volailles pour leurs œufs. Il y dans le jardin un olivier immense qui a été planté par mon arrière grand-père. La famille de mon oncle cultive des céréales et ils ont un grand potager. Ils ne sont pas bien riches, mais ils ont toujours tout partagé du fruit de leurs labeurs aussi ils n'ont jamais connu la famine.

─ J'espère les rencontrer un jour. Répondit Pasipháê, admirative de cette si belle coopération familiale.

Ni l'une ni l'autre n'évoquèrent le fait que cela était impossible: toustes deux quittaient le royaume de Krétê pour ne jamais y revenir, laissant derrière elleux toutes leurs familles. Pasipháê connaissait suffisamment Kirkê pour savoir que sa sœur comprendrait et approuverait cette fuite. Même si elle avait un pincement de tristesse à la pensée qu'elle ne la reverrait plus jamais. L'enfant bougea dans son ventre, comme pour la rappeler à l'essentiel. Mános posa sa main sur le ventre tendu. Le bébé cessa aussitôt de s'agiter, comme apaisé.
Illes ignoraient le but final de ce voyage, mais illes ne regrettaient rien. Illes aimaient déjà cet enfant en devenir depuis qu'illes avaient appris son existence. Leur unique devoir désormais était de lui assurer une vie heureuse loin de tout danger.

Est-ce un fonctionnement courant? Demanda Leóntios

Oui, mais il faut pour cela que la confiance et l'amitié entre les deux couples soit grande. La légende raconte qu'il y a très longtemps, des sœurs jumelles avaient refusé de se séparer malgré leur mariage. Leurs époux étaient des amis très proches et cela ne leur posait pas de problème, mais cela a déclenché la réprobation des gens du village. Alors ils sont allé construire des maison jumelées au bord de la mer, loin du village. L'un des couples devint pêcheur, l'autre travailla la terre, leurs enfants grandirent comme frères et sœur. Lorsque survint une famine, ils furent les seuls à ne pas en souffrir.

─ C'est un très joli conte. Sourit Leóntios avec approbation.

Kirk entendait au loin ces discussions agréables, mais il n'y prenait pas part. Depuis qu'illes étaient monté·es à bord de cette embarcation, il avait été comme paralysé par une fatigue intense. Il était assis, tout le poids de son corps reposait contre celui de Spock. Le Vulcain ne s'en plaignait pas, au contraire. Lors de la traversé de la ville endormie, ils avaient "emprunté" cinq imations de laine chaude pour se protéger des températures fraiches de la nuit. Le vent qui soufflait en permanence était étonnement tiède.
La tête de Jim était lovée dans le creux confortable l'épaule de Spock, le bras du Vulcain entourait l'épaule de l'Humain... leur position était un peu impudique à leur goût, mais Pasipháê et Mános avaient la même. Enveloppé·es dans les épais manteaux, illes ne souffraient pas du froid.

Mános avait confié le gouvernail à McCoy. Il lui avait montré le triangle d'étoiles à suivre. Le médecin les regardaient de temps en temps, en souriant d'attendrissement... Spock ne lui en tint pas rigueur : sous ses airs bourrus et acariâtres, cet Humain était un grand sentimental.

Pour le moment, toustes étaient hors de danger, illes pouvaient se permettre de se détendre un peu. Jim ferma les yeux et fut aussitôt happé par le sommeil.
Spock éprouvait une vive satisfaction à avoir son T'hy'la abandonné en toute confiance contre lui. Il percevait sa confiance absolue, et les Ondes delta de son sommeil profond à travers leur Kash-naf. C'était intensément relaxant, presque autant qu'une phase de Wh'ltri...

Spock ne dormit pas. Il plaça sa psyché dans un état semi-méditatif, les muscles aussi relaxés que lors d'une phase de sommeil. Seule une partie de son attention resta éveillée et attentive aux stimuli de son environnement proche. Une heure s'écoula paisiblement, bercée par le roulis des vagues.

Spock remarqua que le médecin donnait des signes de fatigue. Son horloge interne lui indiqua qu'il devait être minuit passé. Cet affaiblissement était logique.
Il se dégagea doucement de l'étreinte de son T'hy'la, qui ne se réveilla pas. Il se leva tranquillement et murmura avec fermeté:
Vous êtes épuisé, vous devez vous reposer. Asseyez-vous à coté de Kyriakê. Cela vous évitera de vous refroidir.

McCoy ne prit pas ombrage de ce ton un peu autoritaire : il se sentait effectivement fourbu, ses muscles lourds commençaient à hurler leur besoin de faire au pause.
─ Mais et vous ? De par votre physiologie, vous êtes plus sensible au froid que nous.

─ Cet imation maintiendra la température de mon corps à un niveau acceptable. Allez prendre ce repos que votre corps vous réclame.

McCoy n'émit aucun remerciement, il se contenta de sourire. Il connaissait suffisamment Spock pour savoir qu'il lui répondrai avoir agi pour des motifs "purement logiques", et n'avait pas le cœur à entendre cela.
Tenez bon la barre.

─ Tel est mon objectif.

Le médecin alla donc s'asseoir à coté de Jim. Dans la minute qui suivit, il s'endormit tout contre son ami.

Spock contempla son T'hy'la et son T'hai'la. Il n'éprouvait aucune jalousie, bien au contraire. Un vif contentement emplissait son esprit: ces deux Humains étaient les Êtres les plus précieux de l'univers.

Le temps s'écoula sereinement, bercé par le rythme paresseux des vagues. Spock ne s'ennuya pas. Il partagea son attention entre le cap à suivre et la contemplation de Jim et Bones.
L'horizon commença à s'incendier d'ocre et d'orange. Les premiers rayons du soleil dessinaient de long voiles à travers les quelques nuages dorés.

Jim reprenait conscience. Il percevait les ondes mentales de Spock. Il sut d'instinct que le corps chaud serré contre le sien n'était pas celui de son T'hy'la, mais de son meilleur ami. Il murmura tranquillement :
Bonjour, οsτά...

Bones se réveilla à son tour. Il lui fallut quelques seconde pour se souvenir et comprendre pourquoi Jim était ainsi à demi couché tout contre lui. Il se sentait étonnement reposé, alors qu'il n'avait eu à peine une demie-nuit de repos.
Bonjour, Kyriakê.

De leur côté, Mános et Pasipháê échangeaient déjà un chaste baiser.

Les contours d'un bâtiment immense se dessinèrent à l'horizon. Il était construit sur une île. Les murs semblaient grandir au fur et à mesure que l'on s'approchait.

Le nom de cette île était Labrys. Dit Mános. On la nomme aujourd'hui l'île du labyrinthe

─ Ou Alcatraz. Railla Leóntios.

Alcatraz? S'étonna Mános

C'est le nom d'une prison, il y a très très longtemps, sur ma p... hum, dans mon pays. Expliqua Leóntios. Elle aussi était construite sur une île. La légende racontait qu'il était impossible de s'en évader...

Le soleil acheva de se détacher de l'horizon et recommença sa course dans le ciel.

Mános fit accoster le bateau au long du quai de bois qui flottait sur les vagues. Ils amarrèrent l'embarcation à l'un des piliers.

La plage était recouverte d'un sable fin et doré, parsemée de quelques galets multicolores, la mer était d'un bleu transparent, l'air était déjà doux, au loin les branches de grands arbres dansaient paresseusement dans le vent... ce littoral avait tout d'un paradis pour vacanciers en mal de détente... excepté cet immense bâtiment blanc sale et gris, sans aucune fenêtre, dont les murs aveugles s'élevaient de façon sinistre vers le ciel.

La façade du labyrinthe était irrégulière, composée de pierres grossièrement taillées, comme si cela avait été bâti à la hâte. La lourde porte en bois, à deux battants, était ouverte.

Il n'y a personne pour garder l'entrer. Constata Kyriakê.

En même temps, si la légende raconte que personne n'en est jamais ressorti vivant, ce n'est pas forcément nécessaire. Plaisanta Leóntios pour masquer l'inquiétude qui montait en lui à la pensée d'entrer là-dedans

Logique.

─ Vous ai-je déjà dit que c'est vraiment flippant quand vous approuvez mes propos ?

─ Pour une fois qu'ils ne sont pas irrationnels. Rétorqua Spêlios impassiblement

Un point partout, la balle au centre. Conclut Kyriakê

Spock haussa un demi-sourcil. Il ne connaissaient pas cette expression, il en devina le sens.
─ Il est en revanche illogique que cette porte soit ainsi grande ouverte.

Au point où nous en sommes, nous ne sommes pas à une bizarrerie près! Rétorqua Leóntios avec une légèreté qu'il était loin d'éprouver.

Certes.

─ Bon. Reprit Kyriakê. Prête et prêts à découvrir ce que cache ce labyrinthe ?

─ Nous sommes en compagnie des Émissaires des Bénévolents. Répondit Pasipháê. Rien de mal ne peut nous arriver !

Leontios sortit son médicorder de son sac et soupira. Il se tourna vers la future nouvelle maman :
─ J'aimerai avoir votre foi. Le chemin sera sans doute long, ça ira?

Tous posèrent les yeux sur ce ventre rond, la grossesse devait en être au moins à son huitième mois. Le médecin procéda à une rapide analyse

La mère et l'enfant se portent comme un charme!

Parfait, en route. Décréta Kyriakê.

Illes entrèrent dans le bâtiment. Une pierre s'enfonça sous le pied de McCoy. Actionnées par un mécanisme invisible, les portes se refermèrent derrière elleux avec un claquement sinistre. Illes n'en firent aucun commentaire, illes n'avaient de toute façon aucunement l'intention de faire marche arrière, et de retomber sous la coupe de Minoas.

Étrangement, l'intérieur du labyrinthe ressemblait à des ruines très anciennes. La végétation avait gagné la lutte silencieuse : vignes, lierres, rosiers grimpants, épais buissons et arbres poussaient dans tous les sens. Partout leurs racines et leurs branches fissuraient les murs, les disloquaient, les avalaient, comme si les constructions avaient des centaines d'années.

Illes avancèrent le long des larges allées. C'était un étrange labyrinthe, dans lequel tous les culs de sacs étaient visibles d'un seul coup d'œil. Il était impossible de s'y perdre. Par endroits, certaines cloisons s'étaient totalement affaissées, formant des petits enclos de verdure.

Tout cela ne va plus tenir debout très longtemps. Constata Kyriakê en s'arrêtant de marcher.
Il tapota une des pierres branlantes du mur, celle-ci se détacha et devint poussière en touchant le sol.

Fascinant phénomène. Commenta Spêlios en s'agenouillant pour prendre un peu de cette poudre du bout des doigts. Quand a été construit ce labyrinthe?

─ Il y a peu près une dizaine d'année. Répondit Mános.

Un tel foisonnement végétal n'apparaît pas en seulement dix ans. Rétorqua Spêlios. Cet olivier semble avoir à minima une cinquantaine années.

─ Une cinquantaine? Vous nous avez habitués à plus de précision, d'ordinaire. Le taquina Leóntios.

Il est difficile de donner un âge à un arbre. Rétorqua Spêlios.

Ce doit être la marque de l'intervention des Bénévolents! Expliqua Pasipháê avec dévotion.

─ Au point où nous en sommes, après tout ce que nous avons vu et vécu, c'est presque logique. Commenta Kyriakê avec humour.

Effectivement. Approuva Spêlios.

McCoy ne put ne retenir de sourire. Il cueillit une énorme grappe de raisin, les grains semblaient gorgés de sucre.
─ Ça ressemble plus à un verger paradisiaque qu'à une prison pour monstre sanguinaire. Mmmm délichieux... là, je crois que cet arbre-là est un figuier, les fruits semblent eux aussi murs à point!

Illes poursuivirent leur route, en se régalant des fruits si généreusement offerts par cet étrange jardin clos. Illes cassèrent des noix et des noisettes en les frappant avec une pierre.
De nombreux oiseaux chantaient dans les frondaisons, des hirondelles surfaient sur le vent entre les murs avec des stridulations joyeuses. Les buissons en fleurs bourdonnaient d'insectes butineurs, des papillons multicolores folâtraient avec insouciance. Au détour d'un virage, un lapin roux détala tranquillement sur leur passage.

Au bout d'une demi-heure de marche, après un dernier tournant, illes comprirent qu'illes étaient arrivés au centre de ce labyrinthe étrange. Au milieu d'une vaste place se trouvait une haute arche de marbre d'un blanc éblouissant. Sur le pilier de droite, se tenait une sculpture de Athénâ, sur celui de gauche Ny'one. À leurs pieds, poussaient un olivier et un Plomeek-lap, tous deux recouverts de fruits murs. Leurs visages étaient souriants et bienveillants. Au centre de la clé de voûte centrale de l'arcade était incrusté un immense cristal rose.

Là-haut, ce ne serait pas un cristal de dilithium? Remarqua Kyriakê.

Je n'en ai jamais vu de cette taille. Commenta Spêlios

On ne va tout de même pas saccager cet édifice pour récupérer ce cristal! Comment allons-nous faire? S'interrogea Leóntios.

Il y en a peut-être d'autres ailleurs. Répondit Kyriakê.

Ils sentirent soudain un picotement qu'ils connaissaient bien : celui de la dématérialisation. Cela ne dura que quelques secondes et illes se retrouvèrent dans une sorte de temple, face à des Humanoïdes : des Vulcanoïdes et un jeune homme à tête de taureau
Avant que nul n'ait le temps de prononcer une parole, Pasipháê s'était précipitée vers cet adolescent:

Astériôs mon chéri!

Figé de surprise, le jeune homme n'eut aucune réaction :
Mère?!

Elle le serra contre elle avec tout son amour et sa tendresse, des larmes de joie ruisselaient sur son visage:
Je le savais! Kirkê me l'avait promis! Je le savais! Oh je suis si heureuse! Astérios, mon chéri!

─ Maman. Murmura Astériôs en serrant à son tour sa mère contre lui.

Elle se décolla de lui de quelques centimètres et demanda avec appréhension :
Et tes frères et tes sœurs, sont-ils avec toi? Comment vont-ils? Où sont-ils?

─ Ils sont aussi ici et ils vont bien. Intervint l'Homme en souriant. Nous vous attendions. Soyez toutes et tous les bienvenus sur T'Khasi. Je me nomme Daédalos. Et voici mon épouse: T'Partha, et notre fils Spohkh.

Le petit garçon ne devait pas avoir plus de cinq ans, ses grands yeux perplexes allaient de Spock à Kirk.

Nous vous remercions pour cet accueil. Répondit Kyriakê après un petit temps de surprise. Voici Spêlios mon époux et Leóntios, mon frère.

T'Partha regarda Kirk, intriguée, avec une intensité telle qu'il se sentit presque nu.
Votre corps est celui d'une femme, mais votre esprit est celui d'un homme.

Un profond bien-être traversa Jim, un soulagement provisoire mais intense.

C'est exact. Reconnut Kyriakê avant que Daédalos n'ait le temps de protester de l'indiscrétion de son épouse

Ne prenez pas cette transformation pour une malédiction. Reprit-elle comme si elle avait deviné sa souffrance cachée. Les intentions des Bénévolents ne sont jamais malveillantes.

─ Nous l'avons compris. Si j'étais resté un homme, je ne suis pas sûr que nous serions restés vivants.

─ Vous êtes dotée de dons psioniques. Constata Spêlios.

Oui. Les Bénévolents me les ont accordés pour guider notre peuple sur les voies de la sagesse. Sur T'Khasi, nous sommes soixante-douze à avoir eu l'honneur d'être choisis. Mais toustes ne sont pas conscients de leur dons

Pasipháê s'était retournée pour écouter la discussion. Sa main était étroitement serrée autour de celle de son fils, qui ne la repoussa pas, bien au contraire. Ce bonheur était si grand qu'illes avaient du mal à le croire.

Si vous êtes un homme, alors quel est votre vrai nom? Demanda Pasipháê

Jim. Répondit-il sobrement.

Djim, comme c'est joli!

T'Partha leva la main pour réclamer le silence. Elle ferma les yeux, frissonna, se concentra, comme si elle écoutait une voix intérieure.

Celui qui a jeté le mauvais sort à Asteriôs est mort, tué par l'un de ses propres maléfices qui s'est retourné contre lui.

─ Comment pouvez-vous percevoir cela? S'étonna Kyriakê.

Il existe un subtil équilibre entre toutes les personnes dotées d'un pouvoir. D'une certaine façon, nous sommes tous reliés, nous savons quand l'un d'entre nous naît, ou meurt.

Astérios poussa un cri de douleur, il prit son visage dans ses mains et tomba à genoux. Sa mère le prit tout contre elle, éperdue d'inquiétude.
Non, mon chéri, non!

Mais aucun mal ne lui arriva, au contraire : les cornes disparurent de son crâne, les traits de son visage se remodelèrent. Lorsque Astériôs leva les yeux vers sa mère, son visage était celui d'un adolescent Humain.

Oh, bénis à jamais soient les Bénévolent! S'exclama Pasipháê. Oh mon fils, mon fils! tu es si beau ! Si beau!

Mère et fils s'étreignirent en pleurant de joie.
McCoy renifla pour retenir une larme, gagné par l'émotion. T'Partha lui adressa un sourire bienveillant. Il était étrange de voir une Vulcaine sourire... sauf que cette femme n'était pas une Vulcaine, mais l'une des habitant·es de cette planète, créé·es à l'image de Ny'one.

Kirk et McCoy sursautèrent presque lorsqu'il entendit le grésillement du communicateur, caché au fond de leurs sacs. Que devaient-ils faire?

Savez-vous d'où nous venons? Demanda Kyriakê

Des étoiles. Répondit tranquillement T'Partha. Vous êtes arrivés à bord d'un vaisseau d'argent que les Bénévolents ont détourné pour faire de vous leurs Émissaires.

Spock et Kirk échangèrent un regard et le Vulcain lui tendit le communicateur.

Kyriakê, j'écoute.
Il se gronda intérieurement d'avoir parlé en Grec ancien.

─ Cap... important... Grésilla la voix de Scotty. Je d... inform... thium intact ! ... terprise... hors... danger!... répète... crist... instact!

Kirk dut fournir un violent effort mental afin de parvenir à répondre en standard, en articulant bien les mots lentement :
─ Bien... reçu!... Dilithium... intact... Enterprise... OK... Merci... Scotty... tout... va... bien... ici... McCoy... Spock ... et moi... Nous... serons... de retour... dans... quelques... jours.

─ Où...'t... vous?

─ Sur... l'autre... planète... T'Khasi... Pas... d'inquiétude...

─ Comm...?

Le reste de la communication fut mangée par les interférences.

Ces Bénévolents sont vraiment deux petits plaisantins! Grommela Leóntios tout sourire, en désignant les statues.

À aucun moment notre vaisseau n'a été en danger! Comprit Kyriakê. Pas même avec les petits sabotages!

─ C'est logique quand on y songe, de la part d'Êtres ne voulant pas faire le mal. Conclut Spêlios.

Voudriez-vous nous expliquer ? Demanda T'Partha, un peu choquée que les Bénévolents aient été traitées de petits plaisantins

Ils nous ont fait croire que l'un des éléments essentiels de notre vaisseau était cassé, un cristal nommé dilithium. Expliqua Kyriakê avec un soulagement visible. C'est pour cela que nous sommes descendus sur la planète voisine afin d'aller chercher un autre cristal.

À bord de l'Enterprise, le soulagement était aussi de mise. Malgré les perturbations électro-magnétiques, la communication du Capitaine était bien passée. Sa voix était sereine et confiante. Nul·le ne s'expliquait comment ils avaient bien pu changer de planète, mais ce n'était finalement qu'un détail.

Tout à leur bonheur, Pasipháê et Astérios n'avaient pas prêté attention à ce qui se passait à coté d'elleux. Mère et fils se relevèrent. Astériôs retint sa mère qui se crispa soudain à son tour de douleurs. De grandes taches humides assombrirent son chiton. McCoy se précipita vers elle, suivi par T'Partha : les violentes émotions qu'elle avait ressenties avaient déclenché l'accouchement.

L'enfant arrive déjà! Gémit Pasipháê entre deux contractions.

Astériôs ne se posa pas de question, il ôta son kimono et le posa à terre. Il aida sa mère à s'allonger dessus. Pasipháê se crispa à nouveau.

Respirez profondément, mon petit. Tout va bien, je suis médecin.

Pasipháê sourit avec confiance à l'Émissaire des Bénévolent. McCoy promena rapidement son médicorder sur son ventre.

Oui, tout va bien, tout se passe bien, c'est juste un peu rapide.

Daédalos fit signe aux hommes de le suivre, afin de donner à la parturiente un peu intimité

Le père reste avec nous. Gronda Leóntios. Elle n'a pas fait ce bébé toute seule!

─ Mais ?

─ Asseyez-vous là, tenez-lui la main!

Mános n'osa pas contredire le Messager. Il s'agenouilla et prit la main de son amante. Aucun homme ne faisait cela, jamais. Le regard éperdu d'amour et de reconnaissance que Pasipháê lui lança lui donna la certitude que oui, là était sa place de père: aux cotés de la mère de leur enfant.

Pendant que McCoy œuvrait avec toutes ses compétences et sa bienveillance de médecin, assisté par T'Partha, et indirectement par Mános, toutes les autres personnes étaient sorties du temple. Daédalos partit en courant pour aller chercher de l'aide, laissant son fils avec Astérios et les messagers. Le petit Spohkh glissa sa main dans celle du grand Spock. Jim ne put retenir un étrange frisson, comme si un contact mental venait de se produire.

Cela fait longtemps que vous vivez ici? Demanda Kyriakê

Ça fera bientôt dix ans. Nous n'étions que des gosses terrorisés, mes frères et sœurs et moi quand Phôtios nous a arraché à notre mère.

─ Pourquoi pensez-vous que cet homme serait responsable de cela?

─ Les gardes qui gardaient la prison étaient tous très gentils. Ils laissaient ma tante nous rendre visite, une enchanteresse nommée Kirkée. .

─ Nous avons fait la connaissance de cette charmante Dame il y a quelques jours. Sourit Kyriakê.

Elle était très gentille, elle nous ramenait des jouets et des gourmandises, elle nous racontait de belles histoires avec des fées. Elle a souvent essayé de lever mon maléfice sans y parvenir. Elle nous racontait ce qui se disait au palais. Phôtios ne cessait d'insister pour que mon... géniteur nous mette à mort. Mais Minoas refusait toujours. Ma tante disait aussi que tous ceux qui contredisaient Phôtios mourraient de maladie mortelle. Seul le roi pouvait se permettre de le contredire. Je pense maintenant que c'est lui qui m'a lancé cette malédiction, mais je ne comprends pas pourquoi.

─ Il est possible qu'il ait voulu éloigner votre mère de votre père. Suggéra Kyriakê. Peut-être parce qu'il écoutait plus les conseils de sa femme que les siens.

─ Phôtios a fait construire ce labyrinthe par Daédalos. Il ne savait pas que Daédalos était aussi l'ami de ma Tante. Papa, je veux dire Daédalos, nous a raconté que Kirkê lui a expliqué comment construire ce labyrinthe et où apposer la pierre magique. Sur T'Khasi, T'Partha a eu une révélation des Bénévolents, et elle a fait construire la même arche. Phôtios a fait brûler les plans du labyrinthe et y a enfermé Daédalos avec nous. C'est T'Partha qui nous accueillit ici même. Nous ne parlions pas la même langue, mais nous avons appris. Les habitants de T'Khasi nous ont acceptés tous avec une telle générosité, nous et tous les autres qui sont arrivés par la suite.

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Il régnait une atmosphère étrange à l'intérieur du temple.
Malgré la puissance des contractions qui s'emparaient par longues vagues du ventre de Pasipháê, celle-ci ne souffrait plus. McCoy percevait un quelque-chose qu'il n'aurait su définir, une impression d'accomplissement. Accomplissement de quoi? Il n'aurait pas su le dire.

Tout semblait se dérouler comme lors d'un rituel immuable.
Une contraction arrivait, Pasipháê prenait une grande inspiration et poussait, encouragée par son bien-aimé. L'enfant avançait, poussée par poussée.

Il y eut d'abord la tête que McCoy guida avec douceur, puis les épaules, puis le reste du corps glissa sans entrave. Le nouveau-né émit aussitôt un premier cri vigoureux qui résonna comme une victoire.

C'est un garçon! Toutes mes félicitations ! Sourit Leóntios

Un fils! Répéta Mános avec un vif orgueil. Mon fils!

McCoy déposa le bébé dans les mains de T'Partha le temps de couper proprement le cordon. Il pris enfin le temps de regarder l'enfant, médicorder en main pour s'assurer de sa bonne santé. Son geste se figea : les grands yeux de miel doré du nouveau-né étaient posés sur lui, si intenses. Mais surtout, il ressemblait de façon frappante à Jim. T'Partha avait elle aussi remarqué cette étrange ressemblance, comparable à celle qui existait entre son fils et Spêlios. Elle garda pour elle ce qu'elle en comprit.

Comment allez-vous nommer cet adorable bambin? Demanda Spêlios pour tromper l'émotion étrange qui le saisissait.

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Daédalus revint, accompagné de plusieurs personnes. Certaines pénétrèrent dans le temple en portant des amphores d'eau et des tissus pliés. Un petit groupe de jeunes gens resta à l'extérieur, illes étaient visiblement perplexes.

C'est moi! Astérios! Ne me reconnaissez-vous pas ?

Ton visage! Ton visage! Répondirent ses frères et sœurs. Papa, papa, tu as vu, il a retrouvé son visage!

─ Mon visage n'est rien. Maman est ici, ces visiteurs l'ont amenée avec eux! Elle est en train d'accoucher dans le temple des Bénévolents!

Les jeunes gens s'enlacèrent. Daédalos attendit que les émotions de ses enfants adoptifs s'apaisent pour tendre à Astérios un kimono de rechange.

Spohkh tira sur la tunique de Spock, et lui tendit les mains. Après une demi-seconde d'hésitation, le Vulcain souleva l'enfant pour le porter dans ses bras.

On ni ashaya-yehat! [Tous les deux si adorables] Murmura Jim, officiellement pour taquiner Spock
Officieusement, il trouvait réellement cette scène absolument adorable et son cœur en était gonflé d'amour et de tendresse. Spock devait probablement ressembler à cet enfant au même âge.

─ Ri mantor ashaya-yehat [je ne suis pas mignon] Protesta l'enfant avec une moue adorable

─ Vous parlez Vuhlkansu ? Demanda Jim en cette langue

Vous parlez T'Khasi? S'étonna Daédalus, en contemplant son fils dans les bras de Spock.

Il semblerait que le Vuhlkansu soit la même langue que le T'Khasi, cela me paraît logique. Conclut Spock

Daédalus n'eut pas le temps de demander des précisions sur cette phrase étrange. McCoy sortait du temple, rayonnant.

Il vit l'attroupement:
Pas tous en même temps! Protesta-t-il

Je veux voir le bébé! Exigea Spohkh

Pasipháê était assise. Le visage tiré de fatigue mais heureuse. Elle tenait l'enfant emmailloté dans ses bras. Assis à coté d'elle, Mános était fier comme s'il était l'homme le plus chanceux de l'univers.

Voici notre fils, Djim. Dit-il avec orgueil.

Avec un nom pareil, pas étonnant qu'il ait été si pressé de sortir. Plaisanta Leóntios en faisant un clin d'œil à Jim

Jim se pencha pour mieux regarder le nouveau-né. Ses yeux se posèrent sur Spohkh qui ressemblait tant à Spock. Aucun d'entre eux ne fit de remarque sur cette étrangeté

─ Regarde comme notre petit Frère est beau, Spohkh. Dit Astérios avec tendresse

L'enfant gigota pour être posé. Il vint s'agenouiller tout près de la mère. Il regarda longuement le nouveau-né.

─ Non, pas mon petit frère. Décréta Spohkh avec un grand sérieux. Djim sera mon meilleur ami pour la vie.

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à suivre

T'Partha et Daédalos les invitèrent toustes dans leur grande demeure.

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Christine. Merci pour ton commentaire
Les Bénévolents ne pouvaient pas laisser cette injustice se poursuivre. Voici Astérios libéré de son maléfice !

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