J'ai une petite avance dans mon écriture, ce qui me permet de publier un peu plus rapidement cette semaine. Pour alyxneko75, étant donné que personne ne m'avait posé cette question, je vais y répondre ici. Donc, est-ce qu'il va y avoir du Link x Zelda ? Oui c'est certain ! Je travaille fort pour ça ! En attendant, merci beaucoup pour ton commentaire et bonne lecture à tous :)
9
- Alors les vacances ? demanda Sir Hergo pantelant.
L'homme para les coups difficilement alors que Link le frappait à plusieurs reprises avec une épée de bois.
- Les vacances ? répéta Link d'un seul souffle.
Le héros évita de justesse un puissant revers de son adversaire et contre-attaqua immédiatement. Il reprit la parole :
- Mes vacances consistent à protéger la princesse vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
- Comme si elle était attaquée toutes les deux secondes, grogna le roux sous l'effort.
Il fit un croche-pied à Link qui tomba sur le sol et roula pour éviter la pointe de l'épée qui allait le frapper. En deux secondes, le blond était debout et reprenait le duel. La poussière qui recouvrait le terrain d'entraînement s'élevait à chacun des mouvements exécutés et collait à la peau visible des deux jeunes hommes qui malgré la canicule en cour continuaient de s'exercer. Un sourire en coin se dessina sur le visage d'Hergo et Link se retrouva immédiatement sur la défensive.
- Vingt-quatre heures sur vingt-quatre hein ? se moqua le géant en passant la paume de sa main sur son front pour y enlever l'excédent de sueur. Ça laisse beaucoup de temps pour toute une panoplie d'activités.
Il fit danser ses sourcils et Link se retint de rouler ses yeux. Il vit une ouverture dans la garde de son adversaire et tenta d'exploiter ce défaut. Hergo avait compris son stratagème et para facilement son coup à l'aide de son épée de bois.
- Si vertueux ? se moqua le roux en poussant vigoureusement Link avec son épaule.
Link grogna en reculant de plusieurs pas face à la force brute de son rival. Il s'obligea à rester concentrer sur le combat et non à la princesse qui accaparait de plus en plus son esprit. Hergo reprit ses propos tout en attaquant :
- Pas ton genre, peut-être ? Elle a pourtant un physique...
Il tenta un coup par surprise que l'élu des déesses évita.
- Alléchant, compléta Hergo avec toujours le même sourire en coin.
Link pinça les lèvres et cligna des yeux, chassant ses souvenirs de Zelda lors de leur voyage au domaine des zoras. Il était chevalier. En aucun cas, ses pensées sur le physique de la femme qu'il devait protéger n'avaient leur place. Il ne comprenait pas comment elles s'étaient tracé un chemin jusqu'à son cerveau. Il ne pouvait pas dire si Hergo détecta son malaise, mais celui-ci enchaîna avec une voix contemplative :
- Je suis certain qu'elle a la peau douce. Mais tu le sais mieux que moi, n'est-ce pas ?
Link fronça les sourcils en sentant ses mains devenir moites. Avec une clarté saisissante, il se remémora les doigts de Zelda dans les siens et ce sentiment qui l'enveloppait lorsqu'elle lui souriait. Cependant, se morigéna le jeune homme, c'était le pouvoir de la déesse qui causait ce trouble. Pas Zelda. Il secoua ses cheveux et envoya son poing droit sur le visage de son adversaire qui l'attrapa à la dernière minute avec sa main gauche, le retenant prisonnier. D'un geste brusque, le héros tenta de le frapper à l'estomac avec son épée et pour éviter le coup, Hergo ne put que le libérer.
- Sir Link ? s'enquit l'autre faussement inquiet. Est-ce que mes propos vous importunent ?
D'un mouvement vif, le géant ramassa une poignée de sable et la lança en direction du blond qui protégea ses yeux en levant ses bras au niveau de son visage. Il bloqua l'arme qui descendait sur sa tête et enchaîna plusieurs attaques pendant que Hergo, à travers ses efforts, déclara :
- On peut parler de sa poitrine de taille tout à fait adéquate, probablement très ferme. Ou encore de son fessier bien arrondi qui...
- Vas-tu te taire Hergo ! cracha Link en réussissant à l'atteindre au mollet.
Le roux s'effondra et roula sur lui-même pour éviter le coup suivant en éclatant de rire.
- Est-ce que j'ai trouvé ton point faible ? dit-il en se relevant.
Il étira ses épaules et fit craquer son cou avant de reprendre :
- C'est la princesse où les propos sur les femmes en général qui te font cet effet ?
- Et si quelqu'un t'entendait ? questionna Link courroucé.
Hergo regarda autour de lui et répondit avec un sourcil surélevé :
- Tu vois quelqu'un ?
Le géant s'élança dans sa direction et ils recommencèrent leur danse avec comme objectif la défaite de leur adversaire.
- Où en étais-je ? souffla Hergo entre deux mouvements.
- Pourquoi j'ai...
Link s'accroupit et tenta à l'aide d'un coup de jambe de faire tomber son rival.
- ...accepté de m'entraîner avec toi ? finit-il une fois relevé.
- Ah oui, continua Hergo sans porter attention au propos de Link. Elle a des hanches un peu fines notre princesse. Mais imagine de telles jambes autour de ta taille.
L'image des jambes galbées de Zelda sur la petite plage, le sable collé à ses mollets et l'eau perlant sur ses pieds déconcentra Link. Au point même qu'il n'aperçut pas le coup porter en direction de son poignet gauche. Il hissa sous la douleur et laissa tomber son épée. Il envoya un regard meurtrier à Hergo qui sourit victorieux.
- Les jambes de la princesse hein ? blagua le géant en ramassant l'épée utilisée par Link.
Il haussa les épaules et ajouta :
- Jamais vu. Ses robes sont longues non ?
Il tendit l'arme à Link et chuchota :
- Mais toi, tu sembles avoir eu ce privilège.
Le héros se demanda s'il pouvait mettre les rougeurs qui étaient apparues sur son visage sur le compte de la canicule que subissait Hyrule ces derniers jours. Il avait déjà vu des jambes de femmes pourtant et n'en avait jamais fait de cas. Pourquoi celles de la princesse alors ? pensa-t-il avec une moue. Hergo partit d'un grand rire et s'éloigna un peu plus loin pour prendre une des deux gourdes d'eau posées sur le sol. Il se désaltéra un long moment et finalement se tourna vers Link qui le dévisageait.
- C'est quoi cette tête ? demanda le géant en haussant un sourcil.
Il passa une main dans ses mèches rousses et s'approcha pour faire face à son adversaire.
- Prêt ? dit Hergo.
Link ne bougea pas, les mâchoires serrées tout en fixant Hergo qui le questionna :
- Qu'est-ce qui ne va pas ?
Le héros tenta de trouver les mots pour expliquer son trouble, mais Hergo était bien la dernière personne à qui il voulait parler de la princesse. Il espérait simplement que son rival ne s'amuserait pas à discuter de cette session d'entraînement à tout vent. Link soupira, roula ses épaules et se remit en position de combat.
- Puceau, murmura Hergo.
Link fonça sur le géant qui sursauta devant la vivacité de son offensive. Le héros asséna plusieurs coups qui touchèrent leurs cibles et fut satisfait lorsqu'il entendit les jurons de son adversaire. D'un seul mouvement, il le désarma et le fit tomber sur le sol.
- Comment peux-tu être aussi rapide ? s'exclama Hergo en frappant la terre de ses poings.
Il ramassa son épée et envoya un doigt d'honneur à Link qui souriait. Son rival se remit debout et cette fois-ci avec un masque de sérieux, se plaça en position d'attaque. Ils reprirent leur combat qui se déroula plusieurs minutes dans le silence. Ce ne fut que lorsqu'ils furent bloqués tous deux dans un mouvement, Hergo appuyant avec force sur l'arme de Link qui tremblait sous l'effort, que le roux enchaîna d'une voix contrite :
- Besoin de conseil avec les femmes ?
- Non, grogna Link en réussissant à pousser son opposant.
- Tant pis pour toi, dit Hergo en fronçant ses sourcils. Je voulais juste te donner un coup de main pour le jour où tu te retrouveras sous les draps avec la princesse.
Link, sentant ses bras faiblir, envoya un coup de pied sur le mollet d'Hergo et se déplaça pour éviter l'épée de bois qui lui frôla le visage.
- Arrête de dire des stupidités, dit Link d'une voix qu'il tenta de garder monotone.
- Mes stupidités te déconcentrent, répondit Hergo comme si c'était le fait le plus banal du monde.
- Non, répliqua Link.
Le roux haussa un sourcil.
- Tu sais quoi ? reprit le géant. Reste dans ton déni. C'est plus facile pour moi de gagner contre toi.
- À ce que je sache, argua Link, je suis le vainqueur jusqu'à maintenant.
Hergo eut un rire et tourna l'épée dans ses mains.
- Sais-tu quel est l'avantage d'être le fils d'une gérudo ? demanda-t-il soudainement.
L'intérêt de Link fut éveillé à cette annonce. S'il avait entendu parler des origines de son rival, ils n'avaient jamais encore effleuré cela en discussion.
- Non, dit le héros sans chercher à trouver de réponse.
Hergo s'approcha de Link et expliqua :
- Je n'ai peut-être pas vécu dans le village des gérudos, mais j'ai certainement côtoyé beaucoup de femmes de ce peuple. J'ai eu accès indirectement à un énorme savoir que tu n'as même pas idée de l'existence.
Link fut peu impressionné. Depuis qu'il connaissait Hergo, celui-ci avait toujours eu une tendance à exagérer les faits.
- Tu pourrais me raconter n'importe quoi, dit le héros en fixant défensivement le géant qui lui faisait face.
Son rival eut un sourire moqueur et accorda :
- Tu as raison.
- À moins que tu aies quelque chose d'utile à dire, s'impatienta Link, est-ce qu'on peut continuer l'entraînement ? Je perds mon temps.
Hergo positionna son épée en réponse et attendant que l'autre l'imite, ils recommencèrent le même manège qui durait depuis un bon moment. Link avait toutefois retrouvé sa concentration et le géant ne fit pas long feu. Après avoir été battu presque une dizaine de fois en moins de vingt minutes, Hergo laissa tomber son arme et leva les bras en signe de reddition.
- Tu gagnes ! cracha-t-il.
Il s'effondra sur le sol pour reprendre son souffle et Link le copia. Il s'assit sur la terre chaude, plaça ses mains derrière sa nuque et étira ses membres. Un craquement se fit entendre et il grimaça en sentant ses muscles légèrement endoloris sous l'effort qu'il venait de faire.
- Est-ce que la princesse compte accepter l'invitation chez les gérudos ? demanda Hergo d'une voix neutre.
Link haussa les épaules et répondit :
- Je ne savais même pas qu'il y avait une invitation.
Profitant de la porte ouverte, Link questionna :
- Je croyais que les gérudos avaient coupé tout lien avec Hyrule.
- Elles ne font que protéger les leurs, expliqua le roux brièvement.
Link leva un sourcil et enchaîna perplexe :
- Protéger les leurs de quoi ?
Hergo fixa le héros quelques secondes avant de préciser :
- De la justice hylienne.
- Tu es en train de dire qu'elles cachent des criminels dans leur cité, répliqua Link avec une certaine surprise.
- Tout dépend du point de vue.
- Pourquoi feraient-elles ça ? demanda Link devant la réponse brève d'Hergo.
- Je suis un soldat dans l'armée hylienne. Crois-tu vraiment que les gérudos me révèlent tout ?
- Où est passé cet énorme savoir dont je n'ai même pas idée de l'existence ? se moqua le héros.
- Je ne faisais pas référence à la politique en disant ça, indiqua le roux avec un léger sourire.
Il le perdit avant de reprendre avec une voix à peine inaudible :
- Ce que je sais, c'est que les gérudos refusent catégoriquement le contrat du roi concernant la créature divine. Une des raisons est que si elles l'acceptent, elles devront livrer certaines des leurs à la justice. Ce n'est qu'une des explications, il doit y en avoir d'autres.
Hergo soupira avant de continuer :
- Ne doute pas sur ce fait, les gérudos veulent participer au combat contre le Fléau. Il n'y a probablement pas plus motivé qu'elles. Toutefois, le roi va devoir respecter leur point de vue s'il souhaite fortifier l'alliance avec elles.
- Quel point de vue ?
Hergo haussa les épaules et enchaîna avec une grimace :
- Leurs valeurs, leurs manières de vivre. Je ne suis pas le meilleur pour l'expliquer.
Les deux hommes gardèrent le silence par la suite. Link pouvait entendre les bruits de la ville de son emplacement. Il s'imagina la foule qui devait se presser devant les échoppes du marché, les cris des vendeurs et la chaleur qui devait être suffocante. De l'endroit qu'il avait choisi pour s'entraîner, Link ne pouvait pas observer ce qui se passait autour si ce n'est le bâtiment abritant le troisième régiment et la cour de la garde royale. Cependant, il ne doutait pas que les membres de la haute société se promenaient actuellement un peu plus loin, visitaient les ailes publiques du château et cherchaient à avoir un entretien avec la famille monarchique. L'activité préférée de la princesse ces jours-ci était de se cacher dans la bibliothèque et lire une quantité incroyable de parchemins contenant décrets, lois ou encore taxes. Il n'avait pas osé demander le but d'un tel travail, mais supposait qu'une des raisons était qu'elle tentait d'éviter la compagnie des comtes et comtesses qui affluaient à cette saison. Il regarda Hergo, l'homme beaucoup trop contemplatif à son goût, qui fixait le sommet du château. Il avait remarqué l'attitude négative de certains de leurs compères-soldats avec le géant. Il dit tout haut ce qu'il pensait :
- Toute cette histoire, ça ne te met pas dans une situation de conflit d'intérêts ?
L'attention d'Hergo revint sur la conversation et il répondit :
- Si tu insinues par là que je risque de perdre mon statut de chevalier si je fais le moindre faux pas ?
Il approuva de la tête et poursuivit sans humour :
- Probablement. Néanmoins, ma place est ici. Même si dernièrement mon rôle s'est réduit à n'être qu'un facteur entre le roi Dohansen et la chef des gérudos Nabooru.
Son rival fit la moue en levant le visage vers le ciel avant de continuer :
- Ces monstres qui envahissent de plus en plus les coins reculés du royaume...
Le géant planta ses yeux jaunes caractéristiques de sa lignée dans ceux de Link et compléta :
- Ça sent pas bon.
Ne sachant quoi dire, Link se tut et observa la cour de la garde royale vide en cette fin d'après-midi.
- Donc, si t'as une chance de coucher avec la princesse, ajouta Hergo avec soudainement plus d'entrain, je n'hésiterais pas à ta place. Tu vas probablement te faire tuer par le Fléau de toute façon.
- Toujours aussi motivant, maugréa Link.
- Laisse-moi te donner un conseil...
- Non, coupa le héros impatient. C'est un bon plan pour que je meure avec encore plus de rapidité.
- Je ne parlais pas de ça, mais plutôt d'un conseil pour satisfaire Notre Altesse.
- Vas-tu arrêter avec ça ! s'énerva Link en lançant son épée sur son rival.
Et partant d'un grand rire en parant facilement l'arme, Hergo dit :
- Les préliminaires ! Prends bien le temps avec les préliminaires et vous allez passer les deux un bon moment !
Link songeur répliqua :
- Les préliminaires ?
Le roux se tapa dans les mains et entama :
- Tu sais, embrasser la princesse...
Et devant le regard un peu hésitant du héros, il ajouta en pointant son entre-jambes :
- Même à cet endroit.
- Arrête ! s'écria Link en plaça ses poings sur ses yeux. Ne pointe pas ton...argh ! Surtout pas en parlant de la princesse ! Il doit y avoir une loi qui exige ta mort après de tels propos !
Le roux éclata de rire et se leva. Secouant ses vêtements, il dit :
- Au revoir, puceau !
Link baissa ses mains de son visage une fois que les pas de son adversaire se furent suffisamment éloignés et il s'étendit sur le sol en fixant les yeux grands ouverts le ciel au-dessus de lui. Une image de la princesse apparut rapidement dans son esprit et il cligna des paupières pour la faire disparaître.
- N'y pense même pas, s'ordonna-t-il en se concentrant sur les quelques nuages visibles.
OoOoO
- J'ai un cadeau pour toi.
Link leva les yeux de son repas et regarda la princesse assise face à lui avec un air interrogateur. Celle-ci poussa une petite boite sur la table dans sa direction. Curieux, il la prit et l'ouvrit avec empressement. Ces yeux s'agrandirent de stupeur en voyant les deux boucles d'oreilles placées délicatement sur un coussin de velours. C'était trop beau pour se méprendre sur la valeur d'un tel bijou.
- Pour moi ? dit-il incertain.
Il leva un visage hésitant sur Zelda qui le regardait avec un sourire encourageant. Autour dans la salle à manger, quelques tables étaient occupées par des visiteurs extérieurs et des habitants du château, mais aucun ne leur accordait de l'attention.
- Ne sois pas timide, ria-t-elle doucement. Il y a une raison derrière un tel cadeau.
- C'est du saphir, répliqua le héros en observant les boucles comme si elle transportait une maladie contagieuse. C'est...c'est très onéreux.
- Peut-être, dit Zelda comme si c'était une banalité. Ce qui fait leurs valeurs actuellement est plutôt la magie qu'elles contiennent.
Et avec une petite excitation dans la voix, elle ajouta :
- Enfile-les !
- Il y a autre chose, indiqua le chevalier avec un froncement de sourcil.
La princesse perdit son sourire et le regarda troublée.
- Le saphir c'est pour les filles, dit-il sérieusement.
Zelda roula des yeux et Link, malgré son amusement, garda son visage neutre devant sa réaction. Elle lui ordonna à nouveau :
- Enfile-les au lieu de dire des bêtises.
- Maintenant ?
Elle approuva vigoureusement de la tête.
- Mais ma réputation ! ajouta-t-il avec un couinement.
- Sir Link, dit-elle en haussant un sourcil de mécontentement.
Avec un soupir feint devant son insistance, il enleva les anneaux à ses oreilles et avec curiosité, prit une des deux boucles qu'il attacha à la place. Il sentit immédiatement la fraîcheur qui envahit son corps et afficha un visage surpris. Même si dans le château, l'air était plus frais qu'à l'extérieur, le royaume était en période de canicule. De ressentir une si soudaine différence de température était impossible.
- L'autre aussi, ordonna la princesse.
Il obéit pour voir l'effet que cela produirait et se retrouva avec une paire de boucles d'oreilles valant cent fois plus que toutes ses possessions. Il ne s'écoula pas beaucoup de temps que la chair de poule lui prit. C'était presque trop froid pour être confortable.
- Est-ce que tu le sens ? demanda Zelda en le scrutant.
Link toucha les bijoux et dit :
- Le froid ? Oui. Comment est-ce possible ?
La princesse eut une petite moue en haussant les épaules.
- J'aurais aimé avoir une explication logique, dit-elle. Malheureusement, la seule réponse que je peux donner c'est que ces boucles contiennent de la magie.
- Est-ce que c'est permanent comme effet ? dit-il intrigué.
- Non, cela se dissipe au bout de quelque temps, confirma Zelda. Ce qui m'amène à la raison d'un tel cadeau.
Link enleva les anneaux pour les ranger avec soin dans la boite et remit les siens pendant que la princesse expliqua :
- Demain, nous allons en visite au village des gorons pour deux jours.
- À la montagne de la Mort, dit Link en agrandissant ses yeux de surprise. On ne peut même pas s'y rendre en hiver, je n'ose pas imaginer la chaleur en été.
Zelda tapota la boite avec ses doigts et dit :
- Celles-ci vont te permettre de passer un séjour agréable.
Link croisa les bras sur sa poitrine et répliqua avec défensive :
- Es-tu sûre ? Les rares commentaires que j'ai eus concernant la montagne de la Mort se résumaient à un enfer infernal ou une chaleur mortelle. Certains racontent qu'il est possible de prendre en feu si l'on s'approche trop près du sommet.
Zelda attrapa sa fourchette pour continuer son repas et plaisanta :
- C'est la première fois que je vois autant d'hésitation venant de toi.
- Si tu prétends que grâce à ça...
Link pointa la petite boite.
- ...je ne vais pas m'enflammer comme de la paille au village des gorons, je vais te croire. Par contre, je doute que ce soit un séjour agréable.
- Ce sera mieux qu'ici, répliqua la princesse en prenant une bouchée de son repas.
Après avoir mastiqué, elle continua :
- Le compte Charles arrive dans deux jours. Mes fiançailles n'ayant pas eu lieu, il pense que je n'ai pas fait mon choix et me courtise avec de plus en plus d'insistance. Je suis certaine que la compagnie des gorons, malgré le climat extrême de leur village, sera beaucoup plus agréable que celle du comte.
Link se morigéna intérieurement en sentant poindre un malaise à l'allusion de son futur mariage. Il se concentra sur les souvenirs du compte qui lui revinrent rapidement en mémoire pour avoir chaperonné la princesse lors des visites de cet homme en quelques occasions et il se retint de grimacer. Ce genre de personne croyait que tout était à lui. Il n'était peut-être pas méchant, mais il était agaçant au plus haut point.
- Tu as peut-être raison, concéda-t-il.
- Peut-être ? dit-elle en levant un sourcil.
Link prit une bouchée de son repas et haussa les épaules pour ne pas avoir à répondre. La princesse soupira, mais un sourire était affiché sur ses lèvres. Il l'observa discrètement alors qu'elle mangeait posément sa nourriture en regardant derrière lui, probablement par la vitrine qui donnait une vue sur l'extérieur du château. Ses cheveux avaient été rassemblés en une tresse dans son dos et la robe qu'elle portait, d'apparence simple, était de couleur bourgogne avec de fins motifs brodés en or. Les manches longues s'élargissaient jusqu'à son poignet et Link se demanda comment elle supportait la chaleur ambiante dans un tel accoutrement. Il se retrouva à fixer sa main droite qui tenait un couteau et pendant qu'elle coupait un morceau de son repas, il aperçut une cicatrice blanchâtre qui débutait au bout de son petit doigt et le suivait inégalement pour disparaître dans sa paume.
- Cette fois-ci, dit soudainement la princesse, je dois penser apporter un remède pour soulager l'inconfort que provoque la téléportation.
Link sursauta légèrement et répliqua :
- Pourquoi ?
Zelda eut un faible sourire et expliqua :
- On va exiger de toi que tu te téléportes au village des gorons une fois seul pour vérifier qu'ils sont prêts à nous accueillir. Ensuite, tu devras revenir au château pour nous prévenir et repartir avec moi.
Elle pointa sa fourchette sur le héros et poursuivit :
- J'ai vu au domaine des zoras que ces voyages ne te faisaient pas le plus grand bien.
Link balaya l'air de sa main et dit à sa défense :
- Je suis peut-être un peu étourdi à cause de ces téléportations, mais l'inconfort disparaît rapidement.
La princesse le regarda pensive un instant avant de concéder :
- Je vais les apporter. S'il y a quoi que ce soit, nous serons préparés.
Link haussa les épaules quand un léger rire se fit entendre juste à côté de lui. Il se tourna et aperçut une jeune femme, avec un plateau de nourriture dans les mains, lui sourire.
- Sir Link, dit la princesse d'une voix posée, laissez-moi vous présenter la comtesse Marine.
La nouvelle venue prit place sans attendre au côté du héros et dit précipitamment :
- Je vous ai vu combattre plus tôt dans la journée contre ce soldat géant ! C'était tout un spectacle ! Je n'ai pas osé approcher de peur de vous déranger dans votre duel.
Link lui fit un sourire poli et tenta de glisser discrètement sa chaise en direction opposée. Cette jeune femme se penchait de plus en plus sur sa personne et il pouvait sentir l'observation amusé de la princesse en face de lui. Comme de raison, Zelda se leva et dit :
- D'autres occupations m'attendent et je dois malheureusement vous laisser. Bonne soirée à vous deux.
- Bonne soirée, Votre Altesse, dit distraitement la dénommée Marine.
Link envoya un regard de détresse à la future souveraine qui se détourna pour cacher son rire.
- Cela fait déjà un moment que j'ai demandé à la princesse de nous présenter, dit la jeune femme à côté du héros. Elle est tellement occupée que nous n'avons pas trouvé d'occasion. Je suis contente de vous avoir croisé ce soir...
Link lui fit un léger sourire poli dans sa direction et elle sembla encore plus emballée. Elle posa sa main sur son avant-bras et enchaîna avec un visage un peu plus aguichant :
- J'ai entendu dire que le héros n'était pas accompagné et...
Oh non, pensa Link ses yeux s'agrandissant de stupeur.
- ...j'ai cru bon tenter ma chance, continua-t-elle. C'est incroyable que personne jusqu'à maintenant n'ait réussi à mettre le grappin sur vous, Sir Link.
Elle était trop directe ! s'inquiéta le chevalier en cachant sa panique. Il se leva précipitamment et dit :
- Je suis navré, mais je dois me préparer à...euh...mon entraînement...
Elle haussa un sourcil déçu pendant qu'il ramassait son plateau.
- Vous êtes certain ? Je pourrais vous divertir de plusieurs manières...
En voyant le regard qu'elle lui lança, Link enchaîna maladroitement :
- Vous savez...je dois m'entraîner...pour combattre le Fléau...entre autres...
En faisant une grimace d'excuse, il alla déposer son assiette de nourriture, attrapa son petit pain qu'il n'avait pas terminé, et s'enfuit dans le couloir. Il passa les deux gardes qui surveillaient l'entrée et découvrit la princesse qui attendait un peu plus loin. Il marcha vers elle et afficha un air furibond lorsqu'elle sourit en dévoilant toutes ses dents à son arrivée.
- Ce n'est pas amusant ! murmura-t-il alors qu'elle prenait la direction du quartier royal. Elle voulait me divertir...qu'est-ce que ça signifie au juste ?
Il accorda son pas avec le sien et elle répondit en riant :
- Sir Link, si vous ne savez pas ce que cela signifie dans ces circonstances, vous êtes plus naïf que je le croyais.
Il la dévisagea la bouche ouverte et couina :
- Je ne sais pas ce que cela signifie.
Le sourire toujours sur ses lèvres la princesse haussa un sourcil dans sa direction.
- Peut-être la prochaine fois devrais-tu te laisser divertir ? dit-elle en ricanant.
Il remua la tête de gauche à droite et répliqua en plissant son front :
- Je préfère que tu m'expliques.
- Malheureusement, je ne peux pas, s'excusa-t-elle d'une voix sans remords.
Ils venaient d'arriver dans le couloir vide du quartier royal et Link demanda en s'assurant que personne ne pouvait entendre :
- Pourquoi pas ?
- Parce que ce n'est pas un sujet convenable pour une princesse, répondit-elle.
Link la fixa en pinçant les lèvres un moment avant de l'accuser :
- Tu m'as laissé avec elle.
Zelda retrouva son sourire et dit moqueuse :
- C'était une petite vengeance.
Surpris, il répliqua :
- Qu'est-ce que j'ai fait ?
Elle croisa les bras sur sa poitrine et expliqua :
- Rien. Tu n'as rien fait quand le comte Charles a volé mes lunettes.
Link se rappela facilement cette histoire et s'exclama outré :
- Je ne savais pas que je devais intervenir !
Elle haussa un sourcil dans sa direction et il grogna d'impatience.
- D'accord. Le prochain qui prend ta monture, je lui envoie un direct au visage. Contente ?
Elle approuva de la tête satisfaite.
- Et ne me laisse plus seul avec cette comtesse, ajouta-t-il.
- Elle n'est pas si horrible, dit Zelda en décroisant ses bras. C'est même une des personnes les plus impartial que je connaisse. Son petit défaut est qu'elle aime embrasser les jeunes hommes séduisants.
Link sentit ses joues rougir sous le compliment et il détourna les yeux du visage rieur de la princesse.
- Peut-être bien, mais je ne lui fais pas confiance, enchaîna-t-il.
- Elle n'est pas dangereuse, répéta la future souveraine.
- Elle l'est, dit Link.
Et avec un sourire, il ajouta en se tournant de nouveau vers elle :
- Moins que toi par contre.
- Hé ! s'insurgea la princesse les mains sur ses hanches. Qu'est-ce que tu insinues par là ?
Link n'avait eu aucune arrière-pensée en disant cela, mais il ajouta juste pour le plaisir de voir la réaction de Zelda :
- Je ne peux pas vous le dire princesse, ce n'est pas convenable.
Les yeux de la jeune femme se plissèrent derrière les verres sur son nez et elle répondit en se détournant :
- Dans ce cas, je vais me préparer et tu devrais en faire de même.
- Bien entendu, dit-il. Et n'oublie pas d'amener des vêtements chauds !
La princesse avait ouvert la porte de sa chambre et lui fit une grimace avant de refermer derrière elle. Link se rendit au bout du couloir avec un sourire aux lèvres.
OoOoO
- Je n'aurais jamais cru être reconnaissante d'avoir ce vêtement, dit la princesse.
Link leva ses yeux sur Zelda étendue sur sa couche surélevée. Elle ne portait que le maillot fabriqué sur mesure par la couturière zora. Autour de sa tête se trouvait une délicate couronne faite avec le même matériau que les boucles d'oreilles de Link, sa longue tresse descendant du lit jusqu'au sol. C'était à peine suffisant pour supporter la chaleur ambiante. Tout comme elle, il avait mis caleçon offert par la zora et gisait sur sa couche qui était à même le roc. Le roc qui était pratiquement aussi bouillant que l'air les entourant. Les gorons, pour leur courte visite dans leur village, leur avaient fourni une petite hutte de pierre. Si la princesse avait été gênée par le fait d'être logé avec lui, elle n'en avait laissé rien paraître.
- Bientôt, ils vont venir nous chercher pour aller aux sources chaudes, dit Link découragé.
Il entendit le grognement de Zelda.
- Au moins, le soleil aura disparu, répondit-elle avec une note d'espoir.
Link se tourna et sentit une chaleur, en plus de celle les entourant, sur son bras. Sa couche était située à l'opposé de celle de la princesse, sur le bord de la hutte, séparée par une grosse pierre plate posée à même le sol. Il se redressa, les sourcils froncés, et regarda la pierre attentivement. Il la poussa difficilement, curieux de détecter une température aussi élevée provenant de cet endroit, et ses yeux s'agrandirent de stupeur en voyant le magma qui coulait en dessous.
- Par Hylia ! s'écria-t-il en sentant l'air chaud lui bruler pratiquement le visage.
- Quoi ? demanda la princesse inquiète.
- Il y a de la lave ! dit Link abasourdi.
- Oh. Replace cette pierre, dit Zelda d'une voix lasse. Tu réchauffes la hutte.
Il obéit, mais se leva en regardant l'espace autour de lui.
- Je ne peux pas dormir à même le sol, dit-il anxieux. Si jamais le volcan a un hoquet et cette lave déborde dans la hutte ?
- Je ne pense pas que les gorons nous auraient placés ici s'il y avait eu un danger, dit la princesse.
Il se tourna vers Zelda qui s'était redressée sur son lit, son visage dans sa main, appuyée sur son coude. Elle l'observait posément malgré la fine couche de sueur qui perlait sur tout son corps. S'il n'avait pas eu aussi chaud, il aurait probablement rougi devant cette vision. Ce n'était pas une princesse actuellement. C'était simplement une femme étendue de tout son long sur un lit. Cette image pouvait être interprétée de manières tellement différentes selon le contexte. Link ! s'insurgea-t-il intérieurement. Focus ! Il détourna le regard et repéra le coin le plus haut de l'habitation, située tout près de Zelda, et tira le petit matelas à cet endroit en disant :
- Je ne prends pas de risque.
- Le sol ne semble pas très égal à cet emplacement, commenta la princesse.
Elle avait bien entendu raison et lorsqu'il tenta de s'étendre, la légère pente avait tendance à le faire glisser vers le centre de la hutte. Il n'allait pas bien dormir cette nuit, ça il en était certain.
- Link, dit Zelda en observant son manège alors qu'il s'efforçait de positionner son lit adéquatement. Je ne crois pas qu'il y ait place à s'inquiéter...
- Tu es à un demi-mètre du sol, répliqua-t-il un peu impatient en essayant de nouveau son installation inconfortable.
Il s'assit sur sa couche et dévisagea la pierre où se trouvait la lave en dessous. Le magma était à peine à vingt centimètres de la surface ! Comment pourrait-il dormir le coeur en paix avec ce danger juste à côté ?
- Je pourrais demander au chef Yunobo de nous reloger dans une hutte plus élevée, proposa Zelda.
Link se tourna vers la princesse. Elle était assise, les jambes repliées sous elle sur son lit, et l'observait inquiète.
- Non, déclara-t-il en passant une main dans ses cheveux. Selon lui, c'est l'emplacement le plus frais du village.
Il haussa les épaules et il avoua penaud :
- Je dois juste arrêter de m'en faire avec ça.
- Tu es sûr ?
Il approuva vigoureusement de la tête et pour changer de sujet dit :
- Es-tu prête pour la cérémonie de demain ?
- Bien entendu, dit-elle en se laissant tomber de nouveau sur sa couche.
Elle joua distraitement avec le bout de sa longue tresse et ajouta :
- Les gorons sont faciles à contenter et apprécieront peu importe ce que je vais faire pour eux. C'est toujours plaisant de leur rendre service, car il n'y a généralement aucune pression rattachée à cela.
- Et les autres peuples ce n'est pas le cas ? questionna Link avec un froncement de sourcil.
- Non, expliqua la jeune femme. Les zoras sont très spirituels. Si j'avais échoué la cérémonie, il aurait pu prendre cela pour un mauvais présage. Dans le pire des cas, cela aurait pu nuire à l'entraide mutuelle de nos deux races, surtout concernant la construction des créatures divines.
Elle réfléchit quelques instants avant de continuer :
- Les piafs sont très fiers. Admettons, encore là, que je venais à échouer la cérémonie, ils prendraient cela pour un affront et un manque de respect. Ce qui amènerait le même genre de conséquences qu'avec les zoras.
Elle tourna son visage dans sa direction.
- Pour les gérudos, et bien, je ne sais pas vraiment, dit-elle. Je ne connais pas tant leurs coutumes et les quelques fois que j'ai rencontré leur chef, elle me semblait très aimable. Cependant, je crois que s'il advient que nous devions nous rendre là-bas, je n'aurai pas droit à l'erreur.
Avec un sourire triste, elle termina :
- Je ne pense pas que le roi m'autorise à visiter leur cité par contre, surtout que tu ne pourras pas m'accompagner.
- J'aurais aimé y aller, dit Link.
- Comme la majorité des hommes, se moqua la future souveraine.
- J'ai un secret, dit-il avec une voix conspiratrice.
La princesse se redressa dans son lit et le regarda, intriguée. Un sourire apparut sur ses lèvres et il continua :
- Tu dois me promettre de ne jamais, au grand jamais, en parler à personne.
Zelda fronça ses sourcils et ouvrit la bouche.
- Est-ce que je devrais m'inquiéter ? demanda-t-elle incertaine.
- Promet.
Elle hésita quelques secondes et il précisa :
- Ce n'est rien d'illégal selon la loi hylienne.
- Bien dans ce cas, dit-elle en haussant les épaules, je jure de ne rien révéler de ce qui va se dire ici.
- Je suis déjà allé dans la cité des gérudos.
Zelda le dévisagea un instant avant de répliquer :
- C'est impossible.
- C'est totalement possible, dit-il en se retenant de rire.
- Comment ?
- Ma mère m'avait déguisé en fille, expliqua-t-il légèrement timide à ce souvenir. Avec les vêtements d'Arielle. Nous avons pu visiter tous les trois la ville sans bévues.
Un sourire apparut sur les lèvres de Zelda et celle-ci demanda :
- Tu avais quel âge ?
- Ma mère était enceinte alors dix ans, dit-il pensif.
Elle eut un rire et tournait la tête de gauche à droite comme si elle ne croyait pas ce qu'il venait de révéler.
- Tu as été chanceux, déclara-t-elle. Nous avons eu vent de certaines histoires semblables à la tienne et je te confirme que les hommes qui se sont fait prendre ne s'en sont pas sorti indemnes.
- C'est pourquoi je n'en parle pas, dit-il avec plus de sérieux. Si les gérudos venaient à l'apprendre...
- Mais ! coupa la princesse. J'adorerais te voir en femme.
Avec un sourire moqueur, elle se pencha vers lui et dit :
- Peut-être bientôt si le roi accepte leur invitation ?
- Je suis à moitié nu devant toi et tu veux me voir déguiser en fille ? ironisa Link sans réfléchir. Vous avez de drôle de goût princesse !
Celle-ci détourna précipitamment son visage qu'elle cacha dans ses mains.
- Je blaguais ! s'écria Link soudainement inquiet.
- Ce n'était pas convenable de ma part...
Avec un regard hésitant dans sa direction, elle se corrigea :
- Nous ne sommes pas convenables. Deux jeunes adultes dans une hutte à cent degrés, à moitié nus, au milieu d'un village dont les habitants ne savent pas ce que cela implique.
Elle fit une grimace et poursuivit :
- Pourquoi ai-je gardé ce maillot ?
- Car sinon ta seule option aurait été de te promener en sous-vêtements, dit Link pour tenter de dédramatiser la situation.
- J'ai plus de savoir-vivre que certains d'entre nous, répliqua-t-elle avec un haussement de sourcil.
- Maintenant, je me sens mal. Voulez-vous que je mette mes habits d'hiver princesse ? plaisanta Link.
La jeune femme roula des yeux et annonça avec une voix décidée :
- Ne faisons jamais allusion à ces vêtements indécents et espérons que ces moments passés ici ne sortent pas de cette hutte.
- Nous nous sommes promenés dans ces habits au domaine des zoras et tu n'étais pas si inquiète, exposa le héros.
- Et bien, c'était un cadeau donc il aurait été impoli de refuser de les porter.
- Cette logique pourrait se retourner contre toi.
- J'ai trop chaud pour bien démontrer mon point, soupira Zelda.
Link se laissa glisser sur sa couche en souriant malgré l'inconfort. Ils restèrent silencieux un moment avant que la princesse reprenne d'une voix informative :
- Savais-tu que les gorons n'ont pas de genre comme nous ? Ils utilisent la forme masculine pour s'adresser entre eux, et pourtant, tous les gorons peuvent entrer dans la cité des gérudos.
- Ce qui voudrait dire que ce sont des femmes ? demanda Link perplexe.
Il n'y avait rien de féminin dans l'allure d'un goron, pensa le héros.
- Peut-être y a-t-il quelque chose dans la définition de femme, selon le point de vue des gérudos, que nous ne comprenons pas, proposa la future souveraine.
- Une femme peut donner la vie, dit Link d'un ton docte.
- Pas sans l'intervention d'un homme, répliqua Zelda.
Il se tourna vers la princesse et dit :
- Cette conversation n'est déjà plus convenable.
- Imaginons que les bébés sont faits miraculeusement dans ce cas, décida la femme.
Tant qu'à frôler l'indécence depuis un moment, pensa le héros. Un sourire en coin apparut sur ses lèvres.
- Deux jeunes adultes dans une hutte à cent degrés, répéta-t-il. À moitié nus, au milieu d'un village dont les habitants ne savent pas ce que cela implique et qui discute de la provenance des bébés.
- Sir, n'essayez pas de me déstabiliser avec vos moqueries, dit la princesse en imitant son sourire.
- Jamais je n'oserais corrompre la réincarnation de la déesse en faisant allusion à des actes inappropriés ! s'exclama-t-il outré.
Elle haussa un sourcil et dit :
- S'il te plaît, me corrompre avec ce genre de propos ? Même dans cet accoutrement tu n'es pas si remarquable.
- Peut-être devrais-je enfiler l'habit préféré des zoras ?
- Non ! s'écria Zelda en plaçant immédiatement les deux mains sur son visage.
Elle partit d'un grand rire et laissa tomber ses bras de chaque côté de son corps avant d'ajouter :
- Cette chaleur nous monte au cerveau ! Cette discussion est totalement indécente !
- C'est amusant, dit Link en l'observant avec un large sourire.
- Il n'y a rien d'amusant à t'imaginer nu, maugréa Zelda en fixant le plafond.
- Hé ! se défendit-il. Ça ne doit pas être si horrible !
Il éclata de rire alors qu'elle prenait la parole :
- Je ne voulais pas dire ça à voix haute !
Ils se dévisagèrent et Link remarqua les joues rouges de la princesse. Même à travers cette chaleur, il pouvait discerner une différence. Il essuya son front avec le revers de sa main et dit :
- Tu sais ce qui serait vraiment amusant ? Se rouler dans la neige.
- Ce serait une torture, répondit Zelda.
- Un soulagement, répliqua Link.
- On m'a déjà parlé d'une source chaude à Hébra où les habitants, pour des fins thérapeutiques, s'étendaient dans la neige quelques secondes pour ensuite profiter d'un bain chaud. Et vice-versa.
- Ici nous avons des sources chaudes, de l'air chaud, un sol chaud...
- Je crois que j'ai compris, lança la princesse dans la direction du jeune homme.
Les bruits de pas très distinct des gorons se firent entendre à l'extérieur et Link soupira :
- Parlant de sources chaudes, je pense que c'est l'heure.
- Je souhaite juste de ne pas m'évanouir, dit la femme en se levant.
Elle enfila une simple robe par-dessus ses vêtements et Link fit de même avec un gilet et un pantalon. C'était ce qu'il avait de plus léger et déjà il avait envie de tout enlever et se promener en caleçon. Tous deux se dirigèrent d'un pas lent vers la sortie de la hutte au même moment où le chef goron les appelait.
- Prêt les petits ? dit celui-ci avec enthousiasme une fois le duo à l'extérieur.
La princesse sourit incertaine et annonça :
- Aussi prêt que nous pouvons l'être, je crois.
- Vous allez adorer ! répliqua le chef sans l'ombre d'un doute. Allons-y !
Link plaça l'épée dans son dos et suivit le dirigeant avec Zelda, pendant que d'autres gorons les saluaient et les rejoignaient à leur passage.
OoOoO
- Rien ne semble présager une attaque à court terme, dit Rusl.
- Ils leur restent deux mois de préparation avant l'automne, répondit Link. Est-ce qu'ils peuvent se regrouper d'ici là ?
Le patriarche s'appuya lentement sur le dossier de sa chaise et posa une main sur sa bouche, pensif. Après quelques secondes de réflexion, il répliqua :
- On parle de monstres éparpillés partout dans le royaume. Il faudrait une organisation parfaite pour les regrouper. Et c'est sans parler des troupes de soldats qui pareraient à un rassemblement trop important.
Link tapa des doigts en cadence sur la table de la cuisine et regarda distraitement autour de lui. Sa famille avait emménagé depuis plus de deux saisons et déjà la maison avait pris leur personnalité. Des photos sépia étaient accrochées aux murs dans des cadres, les chaudrons empilés sur des tablettes à côté du four, les tambours d'Arielle dans un coin et le violon de Colin - anciennement celui de sa mère - juste à côté. Dans la salle de séjour, derrière son père qui lui faisait face sur la table, plusieurs chaises dépareillées, dont une était remplie de tissu provenant de la boutique. Tout près, une nouvelle machine à coudre prenait la majorité de l'espace.
- As-tu entendu quelque chose au château ? demanda Rusl curieux.
Link hocha négativement la tête. Après une courte hésitation, il avoua avec une grimace :
- La reine me regarde...étrangement.
- Étrangement ? répéta son père intrigué. Une idée du pourquoi ?
- Non.
Rusl croisa les bras sur sa poitrine et dévisagea son fils.
- Ça te semble bon ou mauvais ce regard ? demanda-t-il.
- Je ne sais pas, répondit Link en haussant les épaules. Je ne pense pas que ce soit mauvais, mais...je ne peux pas dire que c'est bon non plus.
- Imite-moi ce regard.
Link sourit et expliqua :
- Je ne pense pas que ça soit possible !
- Essaie au moins.
Plus pour s'amuser, le jeune homme prit un visage neutre et plantant ses yeux dans ceux de son père.
- La reine est plus grande que moi, dit-il soudain.
Il recula sa chaise et se leva pour recommencer son imitation avec trop de sérieux. Au bout de quelques secondes à se dévisager, les deux hommes éclatèrent de rire et Link se rassit.
- Elle te regarde droit dans les yeux, dit Rusl au bout d'un moment.
- Comme si elle cherchait à lire mon âme, dit Link mal à l'aise.
Il avait toujours trouvé la reine très belle, mais actuellement, son allure était trop intimidante pour qu'il puisse admirer sa beauté.
- Ah, c'est quelque chose ça, dit le patriarche en hochant la tête. Depuis quand ?
Le héros pianota sur la table en réfléchissant.
- J'ai surtout commencé à le remarquer depuis mon retour du domaine des zoras.
Poursuivant l'interrogatoire, Rusl demanda :
- Quelque chose s'est produit ?
- Et bien oui, ria Link. Je me suis téléporté, j'ai eu droit à une visite de la créature divine et j'ai assisté à la bénédiction du domaine.
- Quelque chose qui sort de l'ordinaire ? insista le patriarche.
Et devant le haussement de sourcil de son fils, il se corrigea :
- Quelque chose d'ordinaire alors ?
- Papa, je ne sais pas ce que tu cherches avec ces questions, répliqua Link indécis.
La porte d'entrée s'ouvrit soudainement, laissant voir Colin, Arielle et Uli. Rusl se leva pour accueillir sa femme et la décharger des sacs qu'elle portait tandis que Link fut debout juste à temps pour recevoir l'accolade de son petit frère.
- Est-ce que tu restes pour le repas de ce soir ? demanda Arielle dans sa direction en déposant une caisse sur la table.
Celle-ci était emplie de bobines de différentes couleurs.
- Oui, répondit-il. Jour de congé.
- J'ai appris la chanson des pommiers, dit Colin heureux. On pourrait la jouer ensemble ?
- Après le repas Colin, dit Uli. Arielle, va mettre cette caisse à côté de la machine à coudre.
Avec un grognement, sa petite soeur obéit et déplaça la boite dans la salle de séjour. Link enlaça sa mère lorsque celle-ci vint le saluer avec une bise.
- Par les déesses, tu es rouge ! dit-elle en tapotant ses joues.
- Je confirme qu'il faisait horriblement chaud sur la montagne de la Mort, expliqua Link. Je t'ai rapporté des épices.
Il pointa deux grands flacons contenant une poudre d'un rouge vif sur une des tablettes de la cuisine. Uli se dépêcha d'aller en ouvrir un et éloigna son visage avec empressement.
- Attention ! s'écria Link en riant. Ils sont frais ! C'est le chef Yunobo qui les a préparés devant moi.
Sa mère avait remis le couvercle et essuya les larmes qui perlaient à ses yeux.
- Il l'a préparé devant toi ? répliqua Uli surprise. Mon fils a des privilèges.
- Oui. J'ai pleuré comme un bébé tout le long tellement mes yeux piquaient, soupira Link avec une grimace.
- Pauvre héros qui a sacrifié son confort pour rapporter des épices, se moqua Arielle de nouveau dans la cuisine.
Elle se plaça sur la chaise à côté de Link et toute la famille se retrouva autour de la table pour discuter ses derniers potins.
- J'ai reçu un drap fabriqué par un couturier piaf, raconta Uli. Fait avec leur duvet. Si j'avais eu vent de ta visite, je l'aurais apporté. Ce tissu est incroyablement doux.
- Et chaud, ajouta Arielle.
- J'ai enduré assez de chaleur jusqu'à maintenant pour souhaiter l'arrivée de la neige, se plaignit Link.
Des complaintes se levèrent tout autour pour contredire ses propos et le héros eut un sourire désolé à la ronde.
- Tu devrais montrer à ta mère le regard que t'envoie la reine, dit Rusl à son fils.
- Quel regard ? répliqua immédiatement Uli en fronçant ses sourcils.
Et avec un avertissement en direction de Link, elle ajouta :
- Tu n'as rien fait de stupide, j'espère ?
- Non m'man ! contredit le jeune homme sous les rires d'Arielle et de Colin.
- Je peux avoir l'histoire complète ? demanda-t-elle alors sur ses gardes.
- La reine le regarde étrangement depuis son retour du domaine des zoras, résuma le patriarche.
- Elle a découvert que t'étais idiot, se moqua sa petite soeur.
Link envoya une pichenette à sa cadette qu'elle para facilement avec sa main.
- Un regard mauvais ? s'inquiéta Uli.
- Non, dit Link en soupirant. C'est plus comme...
Et il prit un visage à la fois neutre et concentré et planta son regard dans les yeux de sa mère qui pinça les lèvres.
- Et bien, dit-elle après quelques secondes de silence. As-tu fait une gaffe lors de ta visite au domaine des zoras ?
- Non ! se révolta Link. De toute façon, je me fais probablement des idées. Peut-être que c'est un regard typique des gens de la haute ?
Link pensa au chancelier Léonard qui quand il le croisait, l'observait avec un air blasé, ce qui était loin de ressembler à celui que lui donnait la reine. Et le roi faisait à peine attention à lui, trop occupé par ses obligations. Seule la princesse était toujours heureuse de le voir.
- C'est le même regard que maman m'envoie quand je touche à quelque chose qu'elle ne veut pas que je touche, dit Colin à son grand frère. Peut-être que t'as touché à quelque chose qu'elle ne voulait pas que tu touches ?
- Link n'est pas un voleur, dit posément Rusl.
Pour faire bonne mesure, il fit un signe d'avertissement à son fils qui y répondit avec une moue. Comment son père pouvait-il douter de lui ? pensa Link en croisant les bras sur sa poitrine.
- Arielle, dit soudainement Uli. Qu'est-ce que tu sais ?
Link se tourna vers sa cadette qui leva les mains en signe de reddition.
- Rien du tout, je vous assure ! répondit-elle malgré le sourire qui ornait ses lèvres.
- Arielle, grogna Uli.
- M'man ! ria sa petite soeur.
Elle pointa Link et continua :
- Il est toujours avec la princesse et la reine qui lui fait un regard qui signifie touche pas ? Il n'y a que moi qui fais le lien ?
- Hé ! s'écria Link en gesticulant.
Il vit son père et sa mère s'observer silencieusement et ajouta :
- Je ne l'ai jamais touché !
Il fit une grimace en songeant que ce n'était pas la vérité. Arielle éclata de rire juste à côté.
- Pas de cette manière ! précisa-t-il paniqué.
- Est-ce que la princesse peut choisir un soldat ? demanda calmement Uli à son époux.
- De quoi parlez-vous ? dit Link sur ses gardes.
- Il est chevalier, répondit Rusl. C'est très rare, mais je crois que c'est possible.
- Il n'y avait pas eu un scandale avec la soeur de la reine ? déclara la matriarche pensive.
- Ce n'était pas pour cette raison, expliqua le père avec l'attention silencieuse de toute la famille. La comtesse a abandonné sa couronne et c'est sa petite soeur, qui est notre reine actuelle, qui en a hérité.
- Je connais plusieurs versions différentes de cette histoire, contredit Uli.
- Tenons-nous-en aux faits, soupira son mari.
- Alors Link pourrait être avec la princesse, dit la matriarche en souriant sournoisement à son aîné.
- Une minute, dit-il surpris.
Si sa mère commençait à se moquer tout comme Arielle, pensa Link inquiet, il n'avait pas fini d'entendre parler de tout cela.
- Je ne connais pas suffisamment les lois pour répondre à cette question, dit le patriarche en passant une main nerveusement dans ses cheveux.
Il planta ses yeux dans ceux de son fils et dit :
- Link ? Est-ce qu'on a besoin d'avoir cette discussion ?
- Non ! clama-t-il puissamment.
- Oui, rétorqua sa petite soeur.
- Arielle ! gronda l'aîné des enfants.
- Je dois rencontrer cette princesse, exhorta Uli en direction de Link. Peux-tu l'inviter à manger ?
- Je ne crois pas que cela soit possible, dit Rusl à la place de son fils. Au château, ils la protègent comme si c'était la déesse même.
- Ils l'envoient bien à l'autre bout du monde avec simplement Link comme gardien ! riposta la matriarche. Pourquoi pas ici ?
Rusl ne pipa pas un mot et regarda son fils qui les observait sur la défensive.
- Pourquoi inviterais-je la princesse ici ? dit Link sur ses gardes.
- Tu passes plus de temps avec cette femme qu'avec le reste de ta famille, insinua Uli. Ça me donne le droit de la rencontrer, non ?
- Et accessoirement déterminer si elle est intéressée à toi, plaisanta Arielle. Question de savoir si tu perds ton temps avec elle.
Link eut un rire qui sonna faux et répliqua :
- Non.
- J'aimerais bien que la princesse vienne à ma fête, dit Colin innocemment.
Le héros remarqua le regard que s'échangèrent les deux femmes et celui d'excuse que son père lui envoya. Dire qu'il aurait pu avoir un souper tranquille avec Zelda ce soir, pensa-t-il, découragé.
Chapitre mis en ligne le 23 février 2019.
