Chapitre 2 : La fin des rêves
Le lendemain, collège Raimon…
Endou suivit Gouenji jusqu'à l'arrière du local du club de football. Personne ne venait jamais ici, et l'endroit était entouré d'arbres et de bosquets épais ; un endroit parfait pour ne pas être vus.
Le jeune homme blond posa sa main sur la taille de son capitaine et plissa ses yeux noirs. Doucement, il le poussa contre le mur de tôles et posa son front contre le sien, au niveau de son bandeau orange.
Endou sourit et passa ses bras autour des épaules de son attaquant.
Se regarder dans les yeux, si proches qu'ils pouvaient sentir le souffle de l'autre caressant leurs lèvres. C'était si paisible, un moment délicieux qu'ils ne voulaient pas voir s'arrêter, pas même pour un entrainement de football.
Cela n'empêcha pas Endou de finalement resserrer son étreinte pour attirer Gouenji contre lui et l'embrasser passionnément.
Ils ne sortaient pas ensemble depuis très longtemps, n'étaient même pas des amis se connaissant depuis toujours, mais le lien entre eux n'en était pas moins extrêmement fort. C'était une évidence, comme si tout ce qu'ils avaient vécu n'avait pour but que de les conduire l'un vers l'autre. Là où les jeunes couples dans les histoires se trouvaient un peu gênés et maladroits, eux ne laissaient pas la moindre place pour les hésitations.
Leurs langues se trouvèrent et entamèrent une danse sensuelle l'une contre l'autre, se mêlant, s'éloignant par instant pour mieux se retrouver, sans agressivité, tout en douceur…
La sonnerie du téléphone de Gouenji, une musique profonde et dynamique, rompit le charme, les arrachant l'un à l'autre avec un grognement.
Le jeune homme blond décrocha, les sourcils froncés en voyant le nom de son père s'afficher à l'écran. C'était bien la première fois qu'il l'appelait !
_ Allô ? … C'est vrai !? … J'arrive ! … Oui, j'arrive ! A tout de suite !
Le jeune homme raccrocha et tourna un regard éperdu vers Endou.
_ Yuuka… Elle est en train de se réveiller…
Le jeune homme au bandeau orange serra fermement les mains de son petit-ami en souriant.
_ C'est super, Gouenji ! Tu dois y aller tout de suite !
_ Oui… Elle a commencé à montrer des signe de réveil depuis quelques jours mais là… mon père est formel, elle sort de son coma !
_ Je suis tellement content pour toi ! Tu diras bonjour à Yuuka-chan pour moi, d'accord ?
_ Oui !
Gouenji s'éloigna en courant, le cœur battant à tout rompre. Son adorable petite sœur, plongée dans un coma profond depuis plus d'un an à cause d'un accident de la route provoqué par Kageyama, était en train de revenir. C'était comme si l'ombre de Kageyama s'éloignait définitivement. L'homme avait été le Commandant et entraineur de Teikoku Gakuen avant d'être arrêté puis relâché par la police. Il était ensuite devenu le coach de l'équipe Zeus, n'hésitant pas à droguer ses joueurs pour décupler leurs forces. Cette fois, l'inspecteur Onigawara ne l'avait pas laissé s'en sortir et il était enfin sous les verrous.
_oOo_
Lorsque Gouenji arriva devant l'hôpital, son père l'attendait à l'entrée. Jamais le jeune homme ne l'avait vu dans un tel état, avec son regard noir aussi chamboulé. Pour la première fois, il voyait ses cheveux poivre et sel tomber en désordre sur son front, eux qui étaient toujours si impeccablement coiffés. Même sa blouse blanche était complètement froissée et sa cravate largement desserrée.
_ Shuuya !
Gouenji rejoignit son père et, ensemble, ils se précipitèrent à l'intérieur de l'hôpital.
Ils montèrent en courant les escaliers, jusqu'à atteindre l'étage où se trouvait la chambre de Yuuka.
La fillette était la seule chose qu'ils aient en commun. Leur angoisse de la perdre, leur douleur de la voir inconsciente, leurs faux espoirs, leurs désillusions…
Père et fils s'arrêtèrent devant la porte et Gouenji posa une main tremblante sur la poignée. Son père posa la sienne sur son épaule et l'encouragea d'un signe de tête à ouvrir.
Yuuka était là, allongée dans son lit de draps blancs avec des dizaines de perfusions et autres câbles la reliant à toutes les machines la maintenant en vie. Ses cheveux châtains foncés entouraient son visage d'enfant, étalés sur l'oreiller.
La même émotion s'empara du père et du fils lorsque la fillette ouvrit ses profonds yeux noirs identiques aux leurs et tourna lentement la tête vers eux.
_ Grand frère… papa…
Gouenji s'élança vers sa petite sœur et tomba à genoux au pied de son lit.
Les larmes ruisselèrent le long de ses joues hâlées alors qu'il prenait dans ses bras le corps si fragile de sa sœur.
_ C'est finit, Yuuka… je suis là… ton grand frère est là…
Le jeune homme sentit son père s'approcher d'eux et rester debout sans trop savoir quoi faire.
Finalement, il s'agenouilla à son tour et enlaça ses enfants, d'abord hésitant avant de raffermir son étreinte. Il s'y prenait mal, était constamment en conflit avec son fils, lui en voulait pour l'accident de sa fille alors qu'il le savait tout sauf responsable, mais par les dieux qu'il aimait ses enfants !
Pour la première fois depuis très longtemps, il pleura, étreignant la seule famille qu'il lui restait.
_oOo_
Terrain de la rivière…
Endou observa ses coéquipiers enchainer les passes, jusqu'à ce que Kidou se retrouve devant ses buts, le ballon au pied.
Le jeune gardien de but enfonça ses crampons dans le sol et leva les mains, prêt à arrêter le tir de son meilleur ami qui ne serait pas moins que redoutable.
Kidou esquissa un sourire amusé et se prépara à tirer.
Au dernier moment, il modifia le poids de son corps sur son pied et frappa le ballon à l'opposé de la direction dans laquelle Endou se préparait à bondir. Le ballon roula tranquillement vers le but alors que le capitaine des Raimon Eleven heurtait le sol de l'autre côté.
Endou releva la tête et éclata de rire, les joues couvertes de poussières.
_ Génial ! Kidou, c'est génial ! Comment t'as fait ? J'étais certain que t'allais tirer de l'autre côté !
_ C'était le but de la manœuvre.
Kidou balaya le terrain de son regard dissimulé par ses lunettes, notant l'absence d'un certain nombre de membres du club.
_ Alors Gouenji, je sais où il est, Haruna rend son article au journal du collège… mais Ichinose et Domon, par contre…
_ Aki m'a dit qu'ils allaient tous les trois jusque Kidokawa Seishuu pour voir Nishigaki.
_ Tu l'appelles par son prénom, maintenant ? C'est nouveau.
_ Bah elle me l'a demandé ! Elle devait être malade ce jour-là, remarque, elle était toute rouge…
_ Endou, tu es un idiot finit. Enfin, je suppose que c'est ce qui plait à Gouenji ! Fais attention, il pourrait être jaloux.
Le jeune homme brun pencha la tête sur le côté, sans comprendre. Kidou soupira. Son ami ne changerait probablement jamais !
Il récupéra le ballon et retourna à l'entrainement.
Un grondement sourd résonna, roulant comme un coup de tonnerre, attirant l'attention des garçons sur le terrain.
Un étrange objet volant se refléta dans les lunettes de Kidou. Il suivit sa trajectoire, un peu étonné.
La journée jusque là si paisible vola en éclat.
L'objet volant s'écrasa dans une explosion assourdissante.
Il fallut quelques instants à la formidable mémoire de Kidou pour se représenter avec exactitude l'endroit où il s'était écrasé.
Un endroit bien connu.
Se fut lorsqu'un épais panache de fumée noire s'éleva vers le ciel que les mots franchir ses lèvres.
_ Le collège Raimon…non… HARUNAAA !
Lui toujours si maitre de lui céda entièrement à la panique à l'idée qu'il soit arrivé malheur à sa sœur. Il s'élança en courant, terrifié.
Endou s'élança avec son équipe à la suite de son ami en direction de leur collège.
_oOo_
Hôpital, chambre de Yuuka…
Gouenji caressa doucement le front de sa sœur, sans pouvoir retenir son sourire. Son père les avait finalement laissés pour s'occuper d'une urgence, promettant de revenir plus tard.
_ Tu sais Yuuka, j'ai participé au Football Frontier, cette année… J'ai une super équipe et un capitaine merveilleux…
_ C'est lui, Endou ?
_ Oui, mais… comment le sais-tu ?
_ Parfois j'entendais ta voix… Et tu me parlais souvent de lui, et je crois qu'il était là, lui aussi… Il viendra me voir ?
_ J'en suis sûr !
La fillette sourit joyeusement.
_ Dis grand frère, tu as gagné le Football Frontier ?
_ Oui, bien sûr ! Dès que tu iras mieux, je t'emmènerais voir le trophée, on l'a posé dans le local de notre club.
Le sourire de Yuuka s'élargit d'avantage.
Il se fana lorsqu'une violente explosion fit trembler les vitres de l'hôpital.
Gouenji se précipita à la fenêtre et regarda la colonne de fumée s'élever du collège Raimon.
_ Mon Dieu… Endou ! Yuuka, il faut que j'aille voir ce qu'il se passe !
Il déposa un rapide baiser sur le front de sa petite sœur avant de sortir de la chambre en courant.
Des hommes vêtus de costumes intégralement noirs et aux mines patibulaires le regardèrent partir et échangèrent des regards entendus.
_ Voici donc le fameux Gouenji Shuuya.
_ C'est qu'un gosse.
_ Peut-être, mais sa force nous sera des plus utiles.
_oOo_
Collège Raimon…
Endou resta pétrifié en découvrant son collège. Ou du moins ce qu'il en restait.
Tout était détruit.
Les bâtiments explosés s'étaient effondrés les uns sur les autres, transformés en tas de gravats fumants.
Kazemaru fit quelques pas entre les morceaux de murs effondrés, pâle comme un mort.
_ Miyasaka… Miyasaka !
Il s'élança en courant vers le terrain d'athlétisme, en proie à une panique qu'il n'avait jamais ressentie. Pas même contre Zeus. Sous ses yeux, l'horreur s'étalait sans pudeur. Des morceaux de corps portant l'uniforme du collège ou les divers survêtements des clubs sportifs jonchaient le sol, le sang se mêlant à la poussière.
Il aperçut l'étoffe orange des maillots portés par le club d'athlétisme et une bile amère remonta dans sa gorge.
_ MIYASAKA !
Il continua de courir à l'aveugle jusqu'à l'endroit où s'était trouvé la piste d'athlétisme. Elle était défoncée, recouverte de décombres et de poutres.
Kazemaru s'arrêta en voyant plusieurs de ses anciens camarades assit sur l'herbe, en état de choc. Du sang s'écoulait de leurs blessures.
_ Miyasaka !
Kazemaru accéléra encore en apercevant le jeune homme blond assit par terre, du sang coulant en abondance de sa cheville et des larmes creusant des sillons sur ses joues sales. Kazemaru sentit un frisson lui parcourir le dos lorsqu'il vit le blanc de l'os jaillir de la peau hâlée de la cheville de Miyasaka.
Le jeune homme aux cheveux bleus se laissa tomber devant son ami et le serra dans ses bras.
_ Miyasaka… Les dieux soient loués, tu es vivant…
_ Kazemaru… ma cheville… j'ai mal…
_ Ça va aller, ça va aller… viens, je vais t'emmener à l'abri.
Kazemaru s'écarta du jeune homme et le souleva dans ses bras. Il se dirigea vers l'entrée du collège en se maudissant de ne pas avoir été là pour protéger Miyasaka.
Aussi incongrue soit-elle dans un tel moment, la pensée que son camarade ne pourrait sans doute plus jamais courir comme avant lui traversa l'esprit.
_oOo_
Kidou laissa échapper un profond soupir en voyant Otonashi s'activer au milieu d'un groupe de blessés, les aidant à se rassembler sur le terrain de football.
Du sang souillait sa chemise blanche déchirée et ses lunettes avaient disparues. Pourtant elle avait l'air en forme.
Le jeune homme la rejoignit et la serra fermement dans ses bras.
_ Haruna…
_ Je vais bien, grand frère, ne t'inquiète pas.
Elle regarda autour d'elle et se précipita vers deux élèves portant un troisième, inconscient. Il avait un bras en moins et une jambe tordue dans un angle improbable.
_ Haruna, que s'est-il passé ici ? On s'entrainait à la rivière et j'ai vu quelque chose traverser le ciel…
_ Je ne sais pas vraiment… Je venais de sortir du club de journalisme, le tas de poutres juste là, quand tout a explosé. Ça c'est passé si vite, je n'ai rien vu…
Kidou observa la pâleur de sa sœur, le cauchemar sanglant au milieu duquel elle se trouvait était terrible. Pourtant elle ne s'effondrait pas, contrairement à un bon nombre d'élèves errant hagards ou hurlants de façon hystérique. Otonashi restait stoïque, maitresse d'elle-même et parfaitement lucide.
Elle l'impressionnait au-delà de toute mesure.
Le jeune homme sursauta presque en voyant ses coéquipiers les rejoindre, tout aussi désorientés. Même Kazemaru finit par revenir, portant un Miyasaka gravement blessé mais bien vivant.
Pour la première fois de sa vie, Otonashi ne pensa pas à faire le moindre commentaire.
Les rumeurs les plus folles commençaient à enfler pour trouver une explication au cauchemar. Bombardement, séisme, crash d'avion, attentat terroriste, explosion de gaz…
_ Du football…
Endou tourna la tête en entendant le mot magique qui le faisait toujours réagir, peu importe les circonstances.
_ Furukabu-san !
Le vieil homme-à-tout-faire du collège revenait en soutenant une élève miraculeusement indemne qui se révéla être Natsumi. Il avait perdu sa traditionnelle casquette blanche et sa salopette vert clair était couverte de poussière.
_ Des joueurs de football sont arrivé et on tout détruit avec des ballons noirs.
_ Impossible…
_ C'était des aliens.
Le principal Hirai arriva à son tour, guidant un groupe de blessés.
_ Des aliens ?
_ C'est ce qu'ils ont dit avant de… tout détruire…
La sonnerie du téléphone d'Endou résonna, joyeuse et entrainante musique incongrue dans cette atmosphère morbide.
_ Aki ? … Quoi ?! Vous aussi !? … Oui, Raimon est complètement détruit … Non, tout le monde va bien dans l'équipe … Oui, à plus tard.
Le jeune homme raccrocha et regarda Kidou d'un air sonné.
_ Kidokawa s'est fait attaquer pas des extraterrestres il y a quelques heures…
Le stratège fronça les sourcils, intrigué. Que ce soient de véritables aliens ou non, deux collèges venaient d'être attaqués. Cela cachait quelque chose de grave. Il cherchait déjà à comprendre quoi.
Natsumi sembla être prise d'une inspiration soudaine. Elle prit son téléphone et commença à se mordiller la lèvre en attendant que son interlocuteur décroche.
_ Papa ! Enfin ! J'ai eu si peur… Oui, je vais bien, ne t'inquiète pas. Tu es où ? … Je vois… Le collège ? Et bien, ce n'est pas très joli à voir … Comment ? Kasamino ? Jamais entendu parler.
Endou réagit en l'entendant.
_ Moi je les connais ! C'est un collège qui utilise de temps en temps le terrain de la rivière avec les petits de l'Inazuma KFC. Gouenji m'a dit que leur club de foot avait été dissout à cause du mauvais comportement de ses joueurs. D'après ce que je sais, ils viennent tout juste de le rouvrir. Qu'est-ce qui leur arrive ?
Natsumi écouta consciencieusement son père avant de raccrocher. Elle se tourna vers Endou, le visage grave.
_ Mon père a reçu un appel l'informant d'une attaque imminente au collège Kasamino.
_ Il faut y aller.
_ Tu es complètement fou !
_ Peut-être, mais nous n'avons pas le choix ! Ils viennent de détruire notre collège avec des ballons de football !
_ Là, je dois admettre qu'Endou a raison.
Kidou tapota l'épaule de sa petite sœur en s'avançant à côté de son meilleur ami.
_ Kidokawa, Raimon, Kasamino… Ce que ces trois collèges en ont commun, c'est d'avoir un club de football. Aussi aberrant cela soit-il, ces aliens attaquent avec des ballons de football. Si nous voulons les arrêter, ce sera avec du football. Et je doute que Kasamino en soit capable.
_ Je refuse de laisser un autre collège subir le même sort que nous ! Si on ne les arrête pas, où iront-ils la prochaine fois ? Teikoku ? Shuuyou Meito ? On ne peut pas rester sans rien faire !
_ Oui. Haruna, je voudrais que tu ailles chercher Gouenji, il doit être à l'hôpital, ou en route pour venir ici. Dis-lui de nous rejoindre à Kasamino. Natsumi, tu viens avec nous, nous aurons peut-être besoin des contacts de ton père.
Les deux jeunes filles hochèrent la tête. Otonashi serra fermement son frère dans ses bras avant de s'éloigner au pas de course, croisant la route des premières ambulances.
Kazemaru, jusque là au chevet de Miyasaka, se releva après avoir déposé un baiser sur ses lèvres.
_ J'y vais aussi. S'il y a un moyen d'arrêter ceux qui t'ont fait ça, alors je dois en être.
Les Raimons Eleven se regardèrent et se mirent en route.
Aliens ou non, il fallait les arrêter à n'importe quel prix.
Le père de Gouenji, qui n'apparait qu'à partir de l'arc 3 dans l'anime, parait toujours sombre et indifférent. Mais je ne l'imaginais pas rester de marbre au réveil de sa fille. Je voulais montrer qu'il aime ses enfants, sans doute maladroitement, mais sincèrement. Alors ça m'a parut logique qu'il soit là pour le réveil de Yuuka, d'autant plus qu'il travaille à l'hôpital !
Quoi qu'il en soit, quand on voit les images de destructions du collège, difficile de croire qu'il n'y ait pas eut de victimes, dans l'anime ! Je suppose que le fait que ce soit à l'origine pour un jeune public doit jouer…
