Chapitre 4 : Nouveau départ et nouvelle entraineuse
Le lendemain, ville d'Inazuma, hôpital…
Endou soupira profondément, les yeux rivés au plafond. Il recommença à s'agiter et repoussa ses couvertures.
_ Reste tranquille, tu vas encore actionner une alarme et attirer un escadron d'infirmières.
Le jeune homme tourna la tête et regarda Gouenji, allongé dans le lit d'à côté, les bras croisés derrière sa tête blonde aux cheveux tombant. Son attaquant glissa son regard noir vers lui et soupira à son tour.
_ Moi aussi je suis frustré, tu sais. J'aurais dû être avec vous dès le début du match... Et j'ai autant envie que toi de commencer à m'entrainer dès maintenant. Mais on peut déjà s'estimer heureux de ne pas être gravement blessé et d'être simplement en observation jusqu'à la fin de la journée ! Ils n'ont pas tous eut cette chance…
_ Je sais…
En effet, si leurs blessures n'étaient que superficielles, un bon nombre de leurs amis étaient bien plus sérieusement blessés. Shourin, Kageno, Handa, Shishido et Max étaient dans un état tel que leur séjour à l'hôpital durerait plusieurs semaines. Endou s'en voulait. Il n'avait pas réussi à protéger ses amis.
_ Même face à Zeus la défaite ne m'a pas paru aussi cuisante.
Le jeune capitaine, dépouillé de son traditionnel bandeau orange, releva la tête et regarda le troisième blessé présent dans la chambre d'hôpital. Kidou avait les bras croisés et le dos calé contre ses oreilles. Ses yeux carmin brillaient d'une fureur contenue. Il ne portait pas ses lunettes de plongée et ses dreadlocks châtaine tombaient sur ses épaules en encadrant son visage.
_ Nous ne pouvons pas rester sans rien faire…
Le trio se redressa avec espoir en voyant une vieille infirmière entrer en poussant un chariot. Elle se contenta de déposer leurs plateaux repas sur de petites tables proches de leurs lits et reparti sans un mot.
Endou se laissa retomber sur ses oreillers en lâchant un soupir bruyant.
_ Je veux m'entrainer !
_ Des aliens qui attaquent avec du football… On croirait un mauvais scénario de science-fiction !
_oOo_
Ce ne fut qu'en fin de journée qu'un docteur entra dans leur chambre pour les autoriser, enfin, à sortir. Le trio ne se le fit pas dire deux fois, et chacun retrouva avec joie les accessoires devenus partie intégrantes de leur identité.
Un bandeau orange, des lunettes de plongée, une cape, une coupe de cheveux hérissés.
Ils se retrouvèrent dehors, sous la lumière vacillante du soleil couchant, sans avoir eut le droit de voir leurs amis encore hospitalisés.
Trois personnes les attendaient sur le parking. Ichinose, Domon et Aki. Ils s'approchèrent immédiatement d'eux, leurs visages reflétant une profonde inquiétude.
_ Tout va bien ?
_ Nous, oui…
_ Nous sommes désolés, nous aurions dû être avec vous…
_ Ne le prend pas mal, Ichinose, mais ça n'aurait rien changé. Je n'ai jamais vu des joueurs aussi forts. Au mieux, vous n'auriez eut que quelques blessures superficielles, comme nous.
Gouenji regarda leurs trois amis. Eux aussi avaient le regard hanté par ce qu'ils avaient vu à Kidokawa Seishuu. C'était son ancien collège, avant qu'il ne soit transféré à Raimon, et il connaissait plusieurs personnes là-bas, dont les membres du club de football.
_ Que s'est-il passé, à Kidokawa ?
_ Quand nous sommes arrivés, tout était déjà en ruines. Nishigaki nous a parlé d'une équipe d'extraterrestres du nom de Gemini Storm qui ont défié le club de foot. Quand ils les ont vaincus, ils ont commencé à tirer des ballons de foot noirs et ont détruit le collège. Il y a eut pas mal de blessés, et sans doute des morts, mais la majorité des élèves étant hors des bâtiments, les pertes humains sont moindres que pour Raimon…
_ Leur équipe de foot est mal en point, mais rien d'irréversible.
L'attaquant de feu hocha lentement la tête.
_oOo_
Le lendemain, collège Raimon…
Après une visite à leurs camarades encore à l'hôpital, écourtée en raison d'une crise de vomissements sanglants de Kageno, blessé au niveau de la cage thoracique, Kidou, Endou et Gouenji s'étaient rendus à leur collège.
Le choc de découvrir l'endroit complètement ravagé les avait pétrifiés pendant quelques instants.
Ils se rendirent devant le local de leur club et soupirèrent de concert devant le tas de tôles effondrées.
Endou s'agenouilla dans la poussière et ramassa la vieille pancarte de bois estampillée ''club de football''.
Les sauveteurs s'activaient encore en de nombreux endroit du campus pour retrouver des victimes, recourant bien souvent à des scies électriques pour les désincarcérer.
_ On se croirait en temps de guerre…
_ La dernière fois que j'ai vu des images comme ça, c'était à la télé, lors d'un documentaire sur l'effondrement d'un immeuble…
_ Ils vont le payer…
_ Endou ?
_ Ceux qui ont fait ça, je ne leur pardonnerais jamais !
Gouenji et Kidou échangèrent un regard surprit devant la colère d'Endou. Elle était si rare qu'ils ne se rappelaient pas l'avoir déjà vu aussi furieux une seule fois.
_ Il faut qu'on se batte contre ces aliens !
_ Je suis d'accord !
Le trio se retourna et vit alors Kazemaru arriver d'un pas déterminé malgré une petite raideur dans son genou, suivit par Kabeyama, Kurimatsu, Someoka, Ichinose, Domon, Megane, Aki et Otonashi.
Le visage de Kazemaru exprimait un sentiment de colère froide, traduit également par ses poings crispés et l'ombre sous ses yeux.
_ Miyasaka a passé la nuit au bloc opératoire, et d'autres opérations sont déjà prévues pour sa jambe… Je refuse de laisser ceux qui lui ont fait ça s'en tirer aussi facilement ! Endou, où qu'il faille aller, je te suivrais !
_ Alors agissez au lieu de bavarder !
L'équipe amputée de cinq de ses membres se retourna vers Natsumi. Elle semblait avoir surgit de nulle part, accompagnée du principal Hirai. Si l'homme n'avait pas l'air de s'être changé depuis l'attaque de la veille, couvert de poussière et de sang séché, la jeune fille quant à elle était fraiche comme une rose, bien propre sur elle et dégageant une douce odeur de shampoing. Chacun ses priorités, comme on dit…
_ L'Aliea Gakuen, dont dépend Gemini Storm, sème le chaos et la désolation partout à travers le pays. Beaucoup de collèges sont déjà subit le même sort que Raimon.
_ Il faut les arrêter !
_ Oui !
Le principal Hirai hocha la tête. D'une voix enrouée, il invita ses élèves à le suivre.
Quelques mètres plus loin, il s'arrêta et leur désigna un trou dans le sol permettant de descendre dans ce qui ressemblait à un souterrain.
_ Il n'y a pas que l'Inabikari Center qui s'étende sous Raimon. Le directeur vous attend en bas.
Visiblement déjà venue, Natsumi prit la tête du petit groupe et le guida à travers un dédale de couloirs plongés dans l'obscurité. Une forte odeur de renfermé prit les garçons à la gorge.
Au bout de quelques minutes, ils arrivèrent devant une large porte blindée visiblement conçue pour résister à tout. Elle s'ouvrit dans un chuintement et un homme d'un âge respectable portant un vieil imperméable en sorti.
Endou le regarda, la bouche ouverte d'étonnement.
_ Détective Onigawara ?!
Onigawara Gengorou était un détective que le jeune homme avait rencontré durant le Football Frontier. Il pourchassait depuis 40 ans Kageyama, quittant son poste de journaliste sportif pour reprendre l'enquête de son meilleur ami à la mort de celui-ci ; meilleur ami répondant au nom d'Endou Daisuke et n'étant autre que le grand-père d'Endou.
_ Vous voilà enfin ! Je suis rassuré de vous voir tous vivant… Le directeur Raimon est juste là, mais je suis désolé, je dois m'assurer que vous êtes bien ceux que vous prétendez être. Nos ennemis sont trop malins pour nous permettre de prendre le moindre risque.
_oOo_
Les Raimon Eleven ressortirent de l'interrogatoire d'Onigawara complètement vidés. Leurs réponses l'ayant convaincu qu'ils étaient bien eux, et non des aliens métamorphes comme c'était le cas dans certains films, et après une fouille dans les règles de l'art, le détective les laissa franchir la porte blindée.
Raimon Souichirou, directeur du collège et père de Natsumi, se trouvait dans la salle juste derrière le lourd battant de métal. La pièce ressemblait à un complexe militaire, avec ses machines sophistiquées et ses multiples écrans, dont l'un, immense, dans son dos. L'éclairage cru diffusé par des néons accrochés au plafond donnait à l'ensemble un aspect de film de science-fiction.
_ Soyez les bienvenus ! Je suis soulagé que vous soyez en vie.
_ Où sommes-nous ?
_ Cet endroit servait de base opérationnelle lors de l'enquête sur Kageyama Reiji.
Endou regarda autour de lui, ébahi par tout ce qu'il voyait. Il finit par secouer la tête et regarda les adultes présents.
_ Est-ce que l'Aliea Gakuen est vraiment venu ici pour nous attaquer ?
Onigawara s'avança alors vers le grand écran dans le dos du directeur et lança une vidéo qui serait bien plus éloquente que tous les mots qu'il pourrait prononcer.
Le collège Kidokawa apparut à l'écran, en proie au chaos. Reize se tenait debout au milieu du terrain de foot, et des joueurs de Kidokawa Seishuu gisant tous inertes sur le sol. Le capitaine de Gemini Storm souriait dangereusement en frappant des ballons noirs qu'il précipitait contre les murs du collège qui s'écroulait comme un château de carte sous ses assauts. Son regard noir se braqua directement vers la caméra et son sourire s'étira davantage. D'un effleurement de l'orbe bleu sur sa poitrine, il rappela à lui un ballon noir et violet. Il jongla habilement avec avant de le précipiter droit vers la caméra, et l'écran devint noir.
Onigawara observa la réaction des jeunes élèves, bouches bées.
_ Oui, Endou. Ils sont vraiment la pour nous attaquer. D'autres collèges ont subit le même sort, pour la plupart ayant participé au Football Frontier. Ils s'en prennent aux plus forts par l'intermédiaire de Gemini Storm. Et quand on voit leur puissance, on ne peut douter qu'ils soient véritablement des extraterrestres.
Kidou prit le temps de la réflexion, décortiquant méthodiquement la vidéo qu'il venait de voir. Ses coéquipiers étaient muets de stupeur, effarés d'apprendre que les monstres baveux des films dont ils raffolaient existaient pour de vrai.
_ Ça n'a rien de surprenant en soit. Vu la taille de l'univers, c'est de la vanité pure que de croire que l'être humain est la seule forme d'intelligence à s'être développée. Ce qui m'étonne plus, en revanche, c'est que ce qui est viable pour nous l'est également pour eux… Notre modèle de vie n'est certainement pas celui du voisin ! Qui nous dit que l'eau soi-disant nécessaire à la vie n'est pas mortelle pour d'autre… Et surtout, il parle notre langue, c'est étrange…
Ayant visiblement déjà réfléchit longuement sur le sujet d'une autre forme de vie dans l'univers, le jeune homme se mit à faire les cents pas. Quelque chose lui échappait dans cette histoire, mais il n'arrivait pas à mettre le doigt sur cette incohérence.
_ Pourquoi choisir le football… S'ils ont réussi à nous atteindre alors que même nos plus grands chercheurs les cherchent encore, c'est que leur technologie est largement supérieure à la nôtre. S'ils voulaient nous détruire, ils pourraient le faire avant même que nous ne puissions nous retourner… Le football… Reize disait que c'était parce que nous aimions ce sport, mais…
_ Kidou !
Le stratège sursauta légèrement et se retourna vers son équipe. Endou le regardait en penchant la tête, comme s'il venait de dire quelque chose d'aberrant à laquelle il avait la réponse.
_ Peut-être qu'ils aiment tout simplement jouer au football et qu'ils voulaient se mesurer à nous ! Imagine un peu, même des aliens aiment le foot ! C'est un sport connu dans tout l'univers !
_ On se calme, Endou ! On ne pulvérise pas des gens contre qui on veut faire un match amical.
_ Kidou a raison, tu sais.
Le capitaine se tourna vers Gouenji en ouvrant la bouche, prêt à riposter. Il fut coupé par l'ouverture de la porte blindée.
Un vieil homme bien portant habillé des vêtements violets entra. Son visage était à moitié mangé par une épaisse barbe blanche, et de petites lunettes de soleil cachaient ses yeux dont le gauche était barré d'une cicatrice.
_ Coach Hibiki !
Cet homme était Hibiki Seigou, coach des Raimon Eleven et ancien membre des Inazuma Eleven. Il était également le gérant du Rairaiken, un restaurant de nouilles très prisé par l'équipe de collégiens. C'était la détermination d'Endou qui l'avait ramené vers le football, lui qui ne voulait plus en entendre parler depuis 40 ans à cause des manigances de Kageyama ayant entrainé la fin de ses rêves de victoires, mais également la mort de son coach, le grand-père d'Endou.
_ Coach, il faut qu'on fasse quelque chose !
_ On ne peut pas rester sans rien faire alors que notre collège a été détruit et que nos amis sont à l'hôpital !
_ Dans le meilleur des cas…
Endou s'avança vers leur entraineur et s'inclina devant lui, les poings serrés.
_ Je suis désolé, nous n'avons rien put faire pour empêcher ça…
_ Tu n'as pas à t'excuser, Endou. Aucun de vous n'a à le faire ! Vous n'aviez aucune chance face à ces monstres.
Le père de Natsumi opina du chef et s'avança vers les jeunes joueurs.
_ Exactement, vous n'étiez pas de taille et, à l'heure actuelle, personne ne l'est. Si nous voulons avoir une chance, et en admettant qu'ils ne changent pas d'avis et continuent d'utiliser le football, alors il faut recruter les meilleurs joueurs du pays. C'est la seule chance que nous ayons de vaincre l'Aliea Gakuen.
_ Mais comment ?
_ J'espérais que l'un de vous poserez cette question. Suivez-moi !
Le groupe emboita le pas au directeur qui les ramena à l'extérieur du souterrain.
Ils arrivèrent quelques minutes plus tard sur le terrain de football du collège, situé juste à l'entrée du campus. Des taches assombrissaient la terre battue le composant en de nombreux endroit, suintant encore d'un liquide pourpre.
_ Initialement, mon projet était de contrecarrer les plans de Kageyama, mais les choses étant ce qu'elles sont… Je vais vous donner les moyens de rassembler les meilleurs des meilleurs pour triompher de l'Aliea Gakuen ; et pour cela il vous faudra partir en voyage !
Sur ces derniers mots, il appuya sur le bouton d'une télécommande sortie de sa poche. Le sol se mit à trembler quelques instants avant que le calme revienne.
Sans prévenir, le terrain de football s'ouvrit en deux, révélant une rampe en dessous. Une imposante caravane bleu roi la remonta en roulant à vive allure. Elle s'immobilisa devant les ruines du bâtiment principal du collège, accompagnée d'un crissement de pneus. Un éclair jaune ornait chacun de ses flancs, assorti à la couleur de son toit.
La fenêtre côté conducteur s'ouvrit et Furukabu passa sa tête par l'ouverture agitant sa casquette blanche pour les saluer.
_ Je ne pourrais pas vous aider beaucoup à trouver les meilleurs joueurs, mais je peux au moins vous conduire partout où vous le voudrez !
Endou sourit largement, ravi. Il fit le tour du véhicule, fasciné.
_ C'est génial… Il faut qu'on parte sur-le-champ !
_ Endou…
_ Coach Hibiki, vous venez avec nous, n'est-ce pas ?
L'homme passa la main dans sa nuque, un peu mal-à-l'aise. Il redoutait cette question depuis le début.
_ Non. Je regrette mais je ne serais pas du voyage. Je serais bien plus utile en restant ici à enquêter sur l'Aliea Gakuen. C'est déjà terrible d'envoyer de simples collégiens en première ligne, alors nous devons au moins vous apporter toute l'aide possible.
_ Mais… qu'est-ce qu'on va faire, sans vous ?
_ Qui va nous aider à nous entrainer ?
_ Pitoyable ! C'est ça l'équipe chargée de vaincre l'Aliea Gakuen ? Ce ne sont que des gamins pleurnichards !
Les joueurs se retournèrent d'un même mouvement et regardèrent avec ébahissement une jeune femme arriver d'une démarche fière.
Elle rejeta sa longue chevelure noire et lisse dans son dos et afficha un sourire déterminé. Elle portait un tee-shirt bleu sous une veste beige, et un pantalon rose. Ses yeux anthracite balayèrent les jeunes gens réunis devant elle avant qu'elle ne s'arrête et mette les poings sur ses hanches.
_ Je m'appelle Kira Hitomiko, et je serais votre coach à partir de cet instant ! Cela dit… je ne suis pas certaine que vous soyez à la hauteur de la tâche.
Endou releva la tête et posa fermement la main sur l'épaule de Gouenji, comme s'il avait dépassé sa limite de temps sans le toucher, et observa la jeune femme bien en face.
_ Ne vous inquiétez pas, nous ne vous décevrons pas !
_ Bien… Je reste malgré tout dubitative. Sans moi, vous seriez encore en train de chercher l'entrée du collège Kasamino.
Natsumi réagit enfin, reconnaissant la voix de cette Hitomiko comme celle de la femme l'ayant appelée.
_ Nous partirons demain, alors profitez de vos dernières heures ici.
Sans plus rien ajouter, elle se détourna et s'éloigna d'un pas rapide.
Otonashi la suivit des yeux, la tête penchée sur le côté.
_ Elle est impressionnante.
_ C'est le moins que l'on puisse dire…
