Chapitre 5 : Le grand départ

Parc de Nara…

La statue monumentale d'un daim cabré sur ses longues pattes arrière s'offrait à la vue d'un important groupe de personnes réunies dans le parc où des daims bien vivant pullulaient.

Zaizen Sousuke, le Premier Ministre du Japon, tendit la main au président américain, Cain Harper, face à lui, avec un sourire affable. C'était un homme avec des cheveux indigo dont une longue mèche s'étirait sur le côté gauche de son visage hâlé. Ses yeux noirs brillaient de gentillesse.

Un peu en retrait se tenait un groupe de gardes du corps portant d'impeccables uniformes noirs à cravates, ainsi qu'une jeune fille habillée d'une jolie robe jaune à rubans orange, ses cheveux vieux rose savamment attachés en une coiffure sophistiquée.

Le Premier Ministre japonais prit une paire de ciseaux argentés et coupa le cordon, inaugurant ainsi la statue symbolisant l'entente de leurs deux pays.

Une salve d'applaudissement accompagna cette cérémonie, s'élevant joyeusement vers le ciel d'un bleu étincelant.

Ce qui en retomba fut bien moins agréable.

Avant que quiconque puisse réagir, quelque chose tomba de l'azur et percuta la statue de daim, l'amputant de sa tête. De la fumée recouvrit le parc, étouffant les hurlements de la foule.

Lorsqu'elle se dissipa, Zaizen Sousuke avait disparu.

La jeune fille en robe jaune, protégée par les gardes du corps, poussa un cri.

_ Papa !

_oOo_

Ville d'Inazuma, collège Raimon…

Natsumi suivit son père lorsqu'il retourna dans le complexe souterrain, laissant les garçons de l'équipe vaquer à leurs occupations avant le grand départ.

_ Papa, qui est cette femme ?

_ Hitomiko ? Et bien… Je t'avoue que j'en sais très peu sur elle, malgré le fait que je suis le président de la Ligue de Football ; mais je peux t'assurer que nous pouvons lui faire confiance. Ce qui me préoccupe le plus en revanche, c'est toi.

_ Moi ?

_ Natsumi, tu veux toujours tout gérer seule, tu devrais souffler un peu ! Le Football Frontier est à peine terminé, et te voilà déjà à repartir pour un voyage qui peu se révéler dangereux. Je me demande si tu dois vraiment y aller…

_ Papa ! Je ne suis plus une enfant ! Et si je ne pars pas, qui surveillera Endou et les autres ? Qui les empêchera de faire des bêtises qui terniront le nom de notre glorieux collège ?

_ Endou, hein… Tu as bien changée depuis que tu as fait sa connaissance… Il n'y a pas si longtemps, l'idée de t'engager dans ce voyage ne t'aurait même pas effleurée l'esprit.

_ Je ne vois pas du tout de quoi tu parles !

Le directeur du collège sourit, un peu inquiet malgré tout de laisser sa fille unique partir avec une bande de collégiens aux hormones forcément en ébullitions, c'était de leur âge ! Heureusement que Furukabu et Hitomiko seraient là pour les surveiller !

_oOo_

Hôpital, chambre de Yuuka…

Gouenji se mordit la lèvre en voyant la déception se peindre sur le visage de sa petite sœur.

_ Tu vas partir ?

_ Oui… je suis désolé, Yuuka, mais je ne peux pas laisser Endou et les autres partir sans moi.

La fillette regarda l'énorme ours rose en peluche que son grand frère lui avait apporté en guise de cadeau d'excuse.

_ Ils sont vraiment si méchant que ça, ceux contre qui tu vas te battre ?

_ Oui.

_ Alors tu as raison, il ne faut pas laisser Endou partir tout seul ! Tu es le plus fort, grand frère, avec toi il va forcément gagner !

Yuuka afficha un sourire lumineux pour rassurer son ainé.

Gouenji quitta sa petite sœur un peu plus tard, après lui avoir promit de lui rapporter un souvenir de son voyage, s'il passait par Okinawa, elle voulait qu'il lui rapporte des coquillages.

Le jeune homme referma doucement la porte et fit quelques pas avant de s'immobiliser, sentant un regard mauvais lui brûler la nuque.

Il se retourna et se retrouva face à trois hommes habillés de noirs aux visages tout sauf rassurant.

_ Gouenji Shuuya. Nous avons quelque chose à te dire.

Immédiatement, le jeune homme comprit qu'ils ne lui voulaient pas du bien.

_oOo_

Quartier résidentiel, maison de la famille Endou…

Les parents du jeune homme au bandeau orange observèrent leur fils en se demandant s'il était utile de tenter de le faire changer d'avis. Atsuko, sa mère, comprit aussitôt que discuter serait peine perdue. Endou voulait partir, et rien ni personne ne l'en empêcherait.

Ça ne l'empêcha pas d'essayer.

_ Je comprends que tu ais envie de punir ceux qui ont détruit ton collège, mais ça risque d'être dangereux.

_ Je sais. Mais il faut qu'on les arrête.

_ Pourquoi ? Je suis sûre qu'il y a des adultes compétents qui…

_ Il faut que ce soit nous.

Atsuko resta silencieuse devant le regard de son fils. La dernière fois qu'il l'avait regardée ainsi, c'était juste avant de participer à la finale du Football Frontier. C'était un de ces regards qui traduisaient sa détermination à toute épreuve.

Hiroshi, le père d'Endou se leva alors et s'approcha de son fils. Finalement, un sourire apparut sur son visage, comme s'il avait vu quelque chose dans ses yeux le persuadant que le laisser partir était la bonne chose à faire.

_ Ne dit-on pas que les voyages forment la jeunesse ? Je suis certain que si Hibiki et Raimon veulent que ce soit vous, alors c'est qu'il y a une raison.

Quelques minutes plus tard, Endou ressortait de chez lui, un sac de voyage sur l'épaule et un vieux ballon de football orné d'un éclair bleu délavé sous le bras, après avoir prié la photo de son grand-père de les aider et embrassé ses parents.

_oOo_

Quartier riche, résidence des Kidou…

Kidou hésita avant d'aller frapper à la porte du bureau de son père adoptif, son sac de voyage sur l'épaule. Chez les Kidou, il fallait être prêt à partir à tout instant en laissant tout derrière soi, sans se retourner. Il pouvait simplement laisser un mot punaisé sur la porte pour le prévenir, mais depuis quelques temps, son père faisait des efforts pour se rapprocher de lui, construire une véritable relation de père et fils avec le jeune homme ; et Kidou avait l'impression que partir sans rien dire pulvériserait les efforts qu'ils faisaient tous deux.

Il frappa et attendit l'autorisation pour entrer.

En le voyant avec son sac sur l'épaule, son père, un homme avec un certain embonpoint, un visage peu avenant à la peau mate, de petits yeux noirs, un gros nez, une bouche épaisse et des cheveux du même gris que sa courte barbe retombant sur son front, fronça les sourcils.

_ Il y a un problème, Yuuto ?

_ Je viens vous dire au revoir, père. Je vais partir avec mon équipe lutter contre l'Aliea Gakuen.

L'homme hocha la tête, visiblement peu surprit. Il se leva et s'approcha de son fils et le prit doucement par les épaules.

_ Tu feras attention à toi ?

Kidou parut déstabilisé par la question qu'il n'attendait pas. Il finit par sourire et hocha la tête à l'affirmative.

_ Je n'ai pas le choix. De toute façon Haruna vient également…

_ Il est vrai que si ta sœur est également du voyage, je n'ai pas de soucis à me faire. Elle t'empêchera de te mettre dans des situations périlleuses. Yuuto, au moindre problème, n'hésite pas à m'appeler, je pourrais sans doute vous aider d'une façon ou d'une autre.

_ Merci, père.

_ Fais bon voyage.

_ Au revoir, père.

L'échange restait froid, mais Kidou n'en fut pas surprit. Ce qui le surprit, par contre, fut lorsque son père le serra maladroitement dans ses bras avant de le laisser partir.

_ Fais attention, Yuuto…

_ Je vous le promets, père.

Lorsqu'il se retrouva dehors, il retrouva Otonashi qui semblait l'attendre au portail.

_ Ça c'est bien passé, grand frère ?

_ Oui, mieux que je ne le pensais. Et pour toi ?

_ Tu crois vraiment que j'ai laissé le choix à mes parents ? De toute façon, quand je leur ai dit que tu serais là, ils ont été rassurés. Ils savent que tu ne laisseras personne me faire de mal.

_ Ils peuvent en être assuré.

_oOo_

Hôpital, chambre de Miyasaka…

_ Alors tu vas partir à la poursuite de ceux qui m'ont blessé ? Cette… Aliea Gakuen ?

Kazemaru hocha la tête avec détermination, serrant entre ses mains celle de Miyasaka.

_ Je ne peux pas les laisser dans la nature. Je te le promets, Miyasaka, je vais les arrêter. Je retrouverais Gemini Storm et leur ferais payer.

Son regard marron glissa vers la jambe de son un peu plus qu'ami immobilisée dans un plâtre épais. Ses sourcils bleus se froncèrent dangereusement.

_ Kazemaru…

Le jeune homme baissa les yeux vers Miyasaka et força un sourire à apparaitre sur son visage. Il se pencha et déposa un baiser sur ses lèvres avant de se redresser et de se diriger vers la porte.

_ Kazemaru, fais attention à toi ! Même si tu n'arrives pas à les arrêter, moi je… Je veux juste que tu reviennes indemne !

Le jeune homme se retourna et inclina la tête.

_ Ne t'inquiète pas, je reviendrais vers toi, Miyasaka… toujours.

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Maison de la famille Kurimatsu…

Kurimatsu profita d'un dernier repas en famille avant de se mettre en route. Ses trois frères lui ressemblaient trait pour trait, jusque dans leur coiffure rappelant une châtaigne. Ils tenaient leur visage rond de leur mère, qui venait de déposer un plat fumant sur la table avec un sourire avenant.

_ Tu feras attention à toi, Teppei, n'est-ce pas ?

_ Promis, maman ! Tu verras, on va battre les aliens et je serais de retour plus vite que tu ne le penses !

_ T'es le meilleur, grand frère ! Je suis sûr que tu va gagner !

_ Moi aussi !

_ Oui !

Kurimatsu sourit en hochant la tête avec détermination.

_oOo_

Hôpital, chambre des Raimon Eleven…

Aki, Ichinose et Domon venaient d'expliquer à leurs cinq amis alités ce qu'ils allaient tenter de faire. Handa se redressa péniblement dans son lit, aidé par Mako, la fillette des Inazuma KFC qui n'avait pas manqué de venir marquer des points pour son futur mariage en lui démontrant qu'elle pouvait prendre soin de lui.

_ Ils sont forts. Affreusement forts. Tous les trois, vous ne les avez pas vus en action. Faites attention, ces extraterrestres ne reculent devant rien pour gagner.

_ C'est pour ça que nous devons les arrêter.

_ Nous devons le faire avant tout pour vous.

_ Ils ont raison, les garçons… Personne ne touche à un membre de notre équipe sans voir tous les autres riposter !

Les regards convergèrent vers Aki, dont les poings étaient serrés par la détermination. Son visage reflétait ce sentiment sans faille. Ichinose sourit et posa sa main sur l'épaule de la jeune fille.

_ Oui, tout a fait.

_oOo_

Maison de la famille Megane…

Megane glissa dans son sac son nouveau manga préféré, les histoires merveilleuses de différentes mariées en Asie centrale, et referma la porte de sa chambre. Après un au revoir chargé d'émotion avec son frère jumeau et ses parents, il prit le chemin du collège Raimon, prêt à en découdre avec les aliens qui avaient osé s'en prendre à eux.

N'était-ce pas ce que faisaient les héros ?

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Maison de la famille Someoka…

Someoka laissa un mot punaisé sur la porte du frigo, ses parents étaient tous les deux au travail, et parti sans se retourner.

Il deviendrait fort et se vengerait de cette Aliea Gakuen.

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Maison de la famille Kabeyama…

Une fois son sac remplit de suffisamment de nourriture pour tenir jusqu'au soir, Kabeyama écouta Saku, son petit frère, l'encourager à grand renfort de cris.

_ Tu vas y arriver, grand frère, tu es le meilleur joueur de ton équipe ! Et n'oublie pas de leur dire de ne pas te gêner !

_ Euh… Oui, compte sur moi !

Le solide jeune homme quitta sa maison, un peu inquiet quand même.

_oOo_

Collège Raimon…

Endou se rendit devant les ruines du local du club de foot et ramassa la vieille plaque de bois accrochée à l'entrée, avant.

_ Toi, tu viens avec nous !

_ Endou…

Le jeune homme se retourna et un large sourire fendit son visage.

_ Gouenji ! Alors, tu es prêt à partir ? Yuuka-chan doit être triste… Qu'est-ce qu'il y a ? Tu fais une drôle de tête…

Gouenji se mordit la lèvre avant de secouer doucement la tête.

_ Ça va. Je suis prêt à partir, oui. Yuuka comprend pourquoi.

_ Chouette ! Alors en route ! Le reste de l'équipe est déjà sur le terrain !

Le jeune homme au bandeau orange s'éloigna.

Gouenji le regarda et ne put se retenir d'agripper son bras pour l'arrêter.

_ Endou, je…

_ Gouenji ?

_ Je t'aime, ne l'oublie pas…

L'attaquant relâcha son capitaine et se mit à marcher. Endou le regarda en fronçant légèrement les sourcils, sans comprendre pourquoi Gouenji avait une attitude aussi étrange.

_ Moi aussi je t'aime, tu sais…

_oOo_

Les Raimon Eleven se rassemblèrent sur le terrain de football, juste devant l'Inazuma Caravane, le véhicule qui les transporterait à travers tout le pays.

Furukabu était déjà installé au volant et Hitomiko les attendait en consultant son téléphone. Elle le rangea lorsque Gouenji et Endou arrivèrent en bons derniers.

Elle frappa dans ses mains et observa les collégiens réunis devant elle.

Endou, Gouenji, Kidou, Kazemaru, Kabeyama, Kurimatsu, Someoka, Ichinose, Domon, Megane, Aki, Otonashi et Natsumi. Soit dix joueurs et trois manageuses, ce qui ne suffirait pas pour affronter la redoutable Aliea Gakuen.

_ Ma mission est de former la meilleure équipe qui soit, et ne comptez pas sur moi pour verser dans le sentimentalisme et pour vous ménager. Soit vous suivez, soit vous partez. Est-ce clair ?

Un ''oui'' franc mais grave lui répondit. Hitomiko inclina légèrement la tête.

_ Bien. Alors nous partons sur le champ. On vient de me prévenir qu'il y a eut un incident au parc de Nara, lors d'une cérémonie d'inauguration. Le Premier Ministre aurait été enlevé, et tout indique que l'Aliea Gakuen est derrière cette attaque. Nous nous rendrons donc là-bas pour commencer.

_ Super ! On va voir des daims !

_ Il parait qu'ils font pleins de bonnes choses à manger là-bas…

_ Je suis pressée, je ne suis jamais partie dans ce coin-là !

_ Apparemment c'est très beau.

La nouvelle entraineuse haussa un sourcil et leva les yeux vers Furukabu. Le vieil homme se contenta de secouer la tête en souriant.

A quoi s'attendait-elle ? Elle allait former une équipe avec des collégiens, rien d'étonnant à ce que l'idée de partir si loin leur plaise !

Après quelques minutes d'agitation enthousiaste, les jeunes gens montèrent à bord de la caravane, s'émerveillant de l'intérieur spacieux aux banquettes inclinables.

Une fois tout ce petit monde installé, Furukabu mit la clé dans le contact, jeta un dernier regard au collège par le rétroviseur et démarra.

_oOo_

Un jeune homme aux longs cheveux blonds se balançant dans le vent regarda l'Inazuma Caravane s'éloigner et un sourire se dessina sur son visage d'ange.

_ Non, décidemment, je ne peux pas rester sans rien faire. Ce ne serait pas digne d'un dieu !

Aphrodi rajusta sa chemise blanche ouverte sur un tee-shirt bleu nuit au col en V avant de se mettre en marche, plongé dans ses pensées.