Chapitre 14 : Nouvelle destination

Hokkaido, collège Hakuren, terrain de football…

L'ombre se mit à courir entre les arbres, n'ayant plus qu'une idée en tête, se porter au secours de celui qui tremblait de terreur sur le terrain de football. Il ne supportait pas de le voir comme ça. Déjà lorsqu'ils étaient enfants, il avait toujours volé à son secours lorsque des grands l'embêtait, le serrait dans ses bras pour le rassurer, tenir éloigner les cauchemars…

Il entendit la voix narquoise de Desarm résonner, condamnant Reize à l'exil.

L'ombre ouvrit la bouche pour crier mais des bras le ceinturèrent et une main se plaqua sur sa bouche.

_ Non, non, non, gamin, tu vas sagement rester ici et nous laisser nous occuper de ça.

_oOo_

Endou vit Desarm lâcher le ballon noir et carmin qu'il tenait et tirer avec, droit vers Reize et les Gemini Storm.

Il y eut une lumière aveuglante et un bruit assourdissant.

Le sol trembla sous le coup d'une explosion et la neige se décrocha des toits des bâtiments du collège. Fubuki se mit à trembler en entendant ce bruit, se recroquevillant au sol.

Un hurlement perça le vacarme.

Le calme revint aussi soudainement qu'il était parti. Lorsque la visibilité se rétablie, Gemini Storm n'était plus là.

Il ne restait qu'un cratère fumant à l'endroit où les extraterrestres s'étaient tenus.

Desarm hocha la tête d'un air satisfait.

Il se tourna vers les Raimon Eleven en riant à gorge déployée.

_ Vous vous réjouissiez d'avoir vaincu Gemini Storm ? Mes pauvres… Ils ne sont qu'une équipe de seconde zone de l'Aliea Gakuen, dirigée par un trouillard si faible que ça en est risible ! Vous n'avez aucune idée de la véritable puissance de l'Aliea Gakuen ! Je suis Desarm, capitaine de l'équipe de première classe Epsilon ! Comparée à nous, Gemini Storm fait office de débutant.

Un nouveau ballon noir surgit de nulle part lorsqu'il tapota la gemme sur son uniforme noir. Une vive lumière en émana.

Lorsqu'elle se dissipa, Desarm n'était plus là.

_oOo_

Au volant d'un fourgon, un homme en noir au visage patibulaire ricana de concert avec ses comparses.

_ On peut dire que cette opération a été menée à la perfection !

_ Oui, et nous avons en plus réussi à obtenir des informations sur ce Fubuki Shirou.

_ C'est un joueur intéressant. Je me demande si l'autre équipe à réussi à mettre la main sur Gouenji Shuuya. Les avoir tous les deux serait un avantage non négligeable.

Le conducteur jeta un regard dans le rétroviseur aux jeunes gens inconscient à l'arrière du véhicule et sourit d'un air sinistre.

_ En tout cas, Gemini Storm est finie. On se débarrasse d'eux et on rentre au QG !

_oOo_

A l'écart du collège Hakuren…

L'ombre se précipita sur Desarm et le saisi par le col, ses yeux vert de gris flamboyant de rage.

_ Saginuma ! Où est Ryuuji ?!

_ Gran. Qu'est-ce que tu fais ici, et dans cet accoutrement ? Et mon nom est Desarm.

_ Répond à ma question ! Où est-il !?

Desarm haussa un sourcil devant cette fureur noire mêlée d'angoisse. Il éprouva un brin de culpabilité en réalisant que le jeune homme face à lui avait vu toute la scène. Il le repoussa doucement et tapota son épaule.

_ Ne t'inquiète donc pas tant pour lui, il a été emmené avec son équipe, c'est tout. Il te retrouvera dès que possible. Tu es franchement agaçant.

L'ombre répondant au nom de Gran serra les poings en grondant. Il se retourna et fit quelques pas dans la neige avant de se retourner vers Desarm.

_ S'il lui est arrivé quoi que ce soit, je te tue.

_oOo_

Collège Hakuren, terrain de football…

Hitomiko souffla sur une mèche de cheveux noirs tombant devant ses yeux. Ce qu'elle craignait s'était produit. Gemini Storm n'était pas la seule équipe dont disposait l'Aliea Gakuen. Elle revoyait encore l'appel à l'aide silencieux de Reize, cherchant quelqu'un qui pourrait le protéger, juste avant que Desarm ne tire.

Nul doute que les joueurs de Raimon l'avaient vu aussi, ce regard emplit d'effroi. S'ils commençaient à douter et à éprouver de la compassion pour leurs adversaires, alors il lui faudrait trouver une autre équipe. Les sentiments rendaient faible, et les faibles n'avaient pas leur place dans la meilleure équipe du pays.

La sonnerie discrète de son téléphone interrompit le cours de ses pensées. Elle décrocha et reconnu immédiatement la voix de son interlocuteur comme celle du directeur de Raimon, le père de Natsumi.

_ M. Raimon ?

_ Hitomiko, nous venons de voir votre victoire sur l'Aliea Gakuen à la télévision. Juste après le coup de sifflet final, tout est devenu noir, est-ce que tout va bien ?

_ Oui. Mais une nouvelle équipe vient de faire son apparition. Le capitaine est venu châtier Reize pour sa défaite et se présenter.

_ Se présenter… Bon sang, mais ils se moquent de nous, ils nous narguent, et on ne peut rien faire d'autre que de leur courir après !

Hitomiko observa l'équipe dont elle avait la charge, incapable de se réjouir de sa victoire à cause de l'apparition d'un adversaire plus puissant encore.

_ Nous allons nous remettre en route pour chercher d'autres joueurs plus forts.

_ Très bien, je vous rappellerais dès que nous aurons des nouvelles.

La jeune femme remercia le directeur, raccrocha et rangea son téléphone dans la poche de son manteau. Elle se tourna vers l'équipe et ouvrit la bouche, prête à leur annoncer la reprise de la route. Furukabu posa sa main sur son bras et secoua doucement la tête.

_ Je sais bien que la situation est grave, mais il ne serait pas plus judicieux de les laisser se reposer un peu après ce qu'ils viennent de vivre ? Ce ne sont que des enfants, vous savez, des collégiens. Pour l'instant ils ont besoin d'un repas chaud et d'encouragement, et c'est votre rôle de leur apporter cela, non ?

Hitomiko réfléchit avant d'acquiescer doucement.

_oOo_

Région de Kanto, ville d'Inazuma, collège Raimon…

Raimon Souichirou raccrocha son téléphone portable à la pointe de la technologie et regarda autour de lui.

Les travaux pour remettre en l'état son collège avaient déjà débutés, les engins de chantier s'agitaient pour déblayer les débris depuis que les fouilles pour secourir les élèves prisonniers s'étaient achevées.

Il retourna dans son complexe souterrain sans voir la silhouette blonde l'observer, un téléphone à la main.

Aphrodi attendit qu'il soit sous terre pour sortir de sa cachette et regarder les dégâts sans vraiment les voir.

_ Endou-kun et les autres ont donc gagnés, mais ils ont de nouveaux ennemis…

Le jeune homme hocha la tête avec détermination et se détourna, ses longs cheveux flottant dans son dos.

_ Que les dieux leur viennent en aide… Suis-je bête, les dieux, c'est nous !

_ Aphrodi, arrête de divaguer et reviens t'entrainer !

Le jeune homme sourit en regardant son téléphone.

_ J'arrive, Hera !

Il raccrocha et s'éloigna d'un pas rapide.

_oOo_

? ? ? …

Quelque part où le son de la mer résonnait partout, un jeune homme portant un sweat orange vif à capuche rabattue sur sa tête regardait l'écran d'une petite télévision installée dans une superette de quartier. Les informations venaient de relayer la victoire des Raimon Eleven contre Gemini Storm, et la mauvaise nouvelle qu'une autre équipe avait fait son apparition.

Le jeune homme serra les poings et s'éloigna sans se faire remarquer.

_ Endou… vous tous… accrochez-vous…

_oOo_

? ? ? …

Sur une route enneigée, un fourgon de police roulait au pas, prudemment. Sans prévenir, une avalanche se déclencha juste au-dessus de la route qu'il empruntait, emportant le véhicule dans sa chute assourdissante.

Il fallut d'interminable minute pour que l'avalanche s'arrête.

Du fourgon transformé en tas de tôle distordue sorti un homme.

Il était grand et mince, portant des vêtements d'un violet presque noir. Ses cheveux gris attachés en queue de cheval basse s'agitait dans le vent glacial. D'un simple mouvement de poignet, il détacha les menottes entravant ses mains et, une fois libre, put remettre sur son nez une paire de lunettes de soleil dissimulant un regard mauvais.

L'homme regarda un ballon de football noir et vert, celui-là même qui avait déclenché l'avalanche, et sourit dangereusement à la silhouette se découpant dans le blizzard, une unique mèche de cheveux sur un crâne rasé s'agitant au vent. L'homme se mit à rire plus dangereusement encore.

Cet homme s'appelait Kageyama Reiji ; et il était de nouveau libre.

_oOo_

Le lendemain, Hokkaido, collège Hakuren…

Les Raimon Eleven remontèrent à bord de l'Inazuma Caravane sitôt le petit déjeuner avalé. Hitomiko ne voulait pas perdre plus de temps, Espilon pouvait attaquer n'importe qui, n'importa quand, n'importe où.

Fubuki avait décidé de prendre la route avec eux, voulant à tout prix protéger Hakuren d'une autre attaque.

Avant de se mettre en route, Otonashi eut une idée pour remotiver un peu les troupes. Elle utilisa son ordinateur pour joindre l'hôpital où étaient leurs amis.

Ce fut le visage fatigué d'Handa qui apparut en premier à l'écran. En reconnaissant ses amis, un sourire illumina ses traits, lui donnant l'allure d'un prince charmant. Il se retourna et appela ses camarades d'infortunes coincés avec lui à l'hôpital, et Shishido, Shourin, Max et Kageno se joignirent rapidement à lui, tout sourire.

_ Salut !

_ On vous a vu à la télé !

_ C'était incroyable !

_ Vous rentrez bientôt ?

Fubuki observa, un peu en retrait, les bavardages des nouveaux amis. Endou résuma la situation à ses coéquipiers de l'autre côté de l'écran, leur assurant qu'ils gagneraient contre Epsilon. Ils semblaient tous s'entendre à merveille, parlant déjà des entrainements qu'ils pourraient faire une fois cette sordide histoire derrière eux.

Ils discutèrent à bâtons rompus jusqu'à ce qu'Hitomiko les rejoignent à l'intérieur de la caravane, son téléphone à la main.

_ Je suis désolée de vous interrompre, mais nous allons devoir nous remettre en route. Natsumi, ton père vient de m'appeler, il y aurait une attaque d'Epsilon programmée dans la région de Kyoto. D'après ses informations, ils viseraient un collège du nom de Manyuuji et…

_ Manyuuji !? Vous allez vraiment aller là-bas ! Quelle chance ! Je voudrais tellement venir !

Hitomiko tourna la tête vers l'ordinateur d'Otonashi où le visage rond de Shourin apparaissait en gros plan. Il paraissait au comble de l'excitation.

Endou observa son camarade d'un air interrogateur.

_ Tu les connais ?

_ Bien sûr ! Ils sont tellement connus dans le monde du kung-fu et des arts martiaux en général ! Rigueur et discipline sont leurs maitres mots ! Ils sont très forts mais ne se mesure jamais aux autres car leur devise est ''fortifie seul ton corps et ton esprit''. J'aurais bien aimé étudier à Manyuuji, mais c'était beaucoup trop loin d'Inazuma…

Kidou hocha la tête et cala son dos contre le dossier de la banquette, bras croisés.

_ Oui, j'en ai entendu parler. Ils ont également une équipe de football qui serait très forte. Plus forte que Teikoku, pour vous donner une idée. Kageyama s'est intéressé à eux pendant un moment, craignant qu'ils ne participent au Football Frontier, mais de par leur mentalité solitaire, leur équipe ne participe à aucun tournoi. Il les a donc laissés tranquille.

_ Donc aller là-bas devrait nous permettre de rencontrer d'autres joueurs d'exception. Parfait, nous ferons donc d'une pierre deux coups.

Hitomiko laissa les collégiens se dire au revoir et s'encourager mutuellement avant de donner l'ordre du départ.

Furukabu attendit que chacun soit assit et attaché avant de démarrer.

Fubuki regarda avec un pincement au cœur son collège s'éloigner. Il n'avait jamais quitté la région d'Hokkaido et cela lui faisait tout drôle.

_ Au fait, Fubuki, je suis en train de penser un truc !

_ Oui ?

_ C'est vrai que tu as déjà affronté un ours ?

_ Oh, cette histoire…

Le jeune homme serra son écharpe avec un sourire innocent, la tête penchée sur le côté.

_ Vous allez être déçus, ça n'a rien à voir avec les rumeurs… j'ai beau essayer de dire la vérité à tout le monde, c'est toujours la rumeur qui gagne ! Je me suis juste retrouvé face à un ours par accident, et j'ai eut tellement peur que j'ai crié aussi fort que j'ai put. L'ours a eut encore plus peur et s'est sauvé.

Fubuki observa les mines déconfites de ses amis et eut un rire un peu gêné.

Natsumi soupira et cala sa joue dans la paume de sa main.

_ Croire qu'un collégien soit capable d'éliminer un ours, il faut vraiment être simple d'esprit !

Someoka hocha vigoureusement la tête en jetant un regard agacé à Fubuki, assit à côté de lui. Il ne pouvait qu'être d'accord avec Natsumi, un avorton pareil ne pourrait jamais battre un ours !

Son sourire d'ange l'horripilait, son allure fragile, sa manie de tordre son écharpe à tout bout de champ, tout l'agaçait chez ce nouveau joueur qui semblait prendre la place de Gouenji au sein de l'équipe. Si au moins il était toujours aussi agressif que pendant les matchs ! Ce Fubuki fier et déterminé avait au moins le mérite d'avoir gagné son respect, contrairement à ce gamin qui tremblait comme une feuille au moindre bruit.

Otonashi les observa tout les deux et cala son dos contre le bras de Kidou en mâchonnant le bout de son stylo.

_ Non, vraiment, je n'arrive pas à savoir…

_ Tu es encore en train de te demander si tu veux les voir en couple ou non ?

_ Non, je me suis déjà décidée, pour ça. C'est non. Ce qui me perturbe, c'est l'attitude de Fubuki. Tu as remarqué comment il change de comportement ?

_ Oui, c'est assez flagrant.

La jeune fille inclina la tête et se redressa pour pianoter sur son ordinateur.

En quelques minutes, elle avait trouvé ce qu'elle cherchait et le montra à son frère qui fronça les sourcils derrières ses lunettes.

_ Un accident dans une avalanche ? Un seul enfant à survécu… Tu penses que ce serait Fubuki ?

_ Oui.

_ Je vois…

Kidou jeta un regard par-dessus son épaule et observa Fubuki. Si l'intuition de sa sœur était exacte, et dans leur famille elle l'était toujours, alors leur nouveau coéquipier cachait un lourd secret.

Le jeune homme n'aimait pas ça. Les secrets et les non-dits pouvaient ressurgir à n'importe quel moment et faire capoter tout un plan. S'il voulait concevoir les meilleures stratégies pour les matchs à venir, alors il allait devoir prendre en compte le paramètre inconnu qu'était Fubuki Shirou.

_oOo_

Kyoto…

Les gens parlaient beaucoup, dans les rues, dans les magasins, devant les maisons traditionnelles.

La nouvelle se répandait comme une trainée de poudre, et lorsqu'elles en prenaient connaissance, les mères rappelaient près d'elles leurs enfants.

C'était inquiétant, surtout dans une ville comme la leur.

De plus en plus de personnes connaissaient quelqu'un a qui on avait dit qu'untel l'avait aperçue.

Une silhouette, une ombre, si rapide qu'il était impossible de la décrire avec précision.

Certains disaient que ses vêtements étaient étranges ou au contraire passe-partout, d'autre que ses longs cheveux avaient la couleur verte des olives ou bleue comme le ciel. Mais ce n'était que des ragots, rien n'était sûr.

Ce qui était sûr, en revanche, c'était que la police ne pouvait rien faire. Malgré l'acharnement des policiers à le traquer, l'individu louche leur échappait toujours dans les ruelles.

Une ombre écoutait les gens parler. C'était un jeune homme aux cheveux rouges portant une doudoune orange sur un pull violet.

Il se décolla du mur et se mêla à la foule.

_ Où es-tu…