Chapitre 27 : La limousine dans la ville

Osaka, Inazuma Caravane…

Les Raimon Eleven chahutaient comme à leur habitude à grand renfort de cris.

Fubuki restait assit seul à l'écart dans le fond du véhicule. Il regardait le soir tomber par la fenêtre, le front collé à la vitre.

Il avait marqué un but, avait cru avoir triomphé de Desarm avant de soudainement retomber sur terre en voyant son tir arrêté. Il avait toujours cru qu'avec la force d'Atsuya, il pourrait triompher de tout, mais sa certitude commençait à se fissurer. Mais il ne devait pas se montrer faible, sous aucun prétexte. S'il était faible, s'il devenait un poids pour l'équipe, alors il serait de nouveau seul.

Hitomiko laissa soudainement échapper une exclamation surprise, et ce bruit improbable ramena le silence à l'intérieur de la caravane.

Elle était penchée sur l'ordinateur d'Otonashi avec Megane, analysant les données qu'il avait copiées depuis l'ordinateur trouvé dans le centre d'entrainement de l'Aliea Gakuen.

Kidou se pencha par-dessus leurs épaules et fronça les sourcils derrière ses lunettes.

_ On dirait des rapports sur les équipes de l'Aliea Gakuen… Gemini Storm, Epsilon… Tiens ? Même Shin Teikoku Gakuen.

_ Sans doute parce que les aliens ont prêté main forte à Kageyama !

Le jeune homme ne parut pas convaincu. Une autre idée lui trottait en tête, bien plus en accord avec son esprit rationnel que la venue d'extraterrestres depuis les confins de l'univers juste pour les affronter au football.

Si les trois premiers noms lui étaient familiers, la suite de la liste le laissait dubitatif.

_ Prominence, Diamond Dust, Gaia… Pourquoi ces noms-là sont-ils entre parenthèse.

Otonashi prit appui sur ses épaules pour regarder avec lui, ses lunettes roses sur le nez.

_ Et si c'étaient des équipes en formation, ou quelque chose comme ça ? Je veux dire, les trois premiers fichiers sont bien plus lourds, donc remplis de données, alors que les autres sont très légers.

_ C'est une hypothèse. Mais dans ce cas ça signifie que nous devons nous dépêcher de vaincre l'Aliea Gakuen avant que ces équipes ne soient sur pieds. Il y en a encore, Megane ?

_ Et bien… G.

_ ''J'ai'' ? Tu as quoi ?

_ Non, G, comme la lettre d'alphabet. Mais ce dossier doit être important, il est truffé de mots de passe. Et si je le force, je suis certain que ce qu'il contient deviendra illisible, si tant est que ça le soit. Les autres sont codés.

Kidou se redressa et regarda l'écran en réfléchissant.

_ Il n'y a rien sur un lieu de ''recharge'' ?

_ Recharge ?

_ Desarm a parlé de se recharger avant de revenir nous affronter. Si mes déductions sont exactes, alors je pense avoir comprit quelque chose sur l'Aliea Gakuen. Ils tirent leurs forces d'une source. Souvenez-vous de leurs uniformes. Gemini Storm comme Epsilon ont cet orbe étrange sur la poitrine. Je pense que ça fonctionne comme une pile rechargeable. Une fois vide, ils deviennent beaucoup moins puissants et doivent donc se recharger. Cela pourrait expliquer leur départ précipité de Manyuuji. Ils s'étaient déjà trop dépensés face à l'équipe du collège et ne pouvaient plus tenir un match entier contre nous… Attention, ça ne signifie pas que sans cette énergie, ils sont à prendre à la légère !

Les regards effarés de ses coéquipiers furent la seule réaction qu'il obtint. Il se demanda s'il était le seul à se servir de sa tête, dans cette histoire. Ses camarades avaient tous l'air de se laisser porter sans réfléchir, se promenant à droite à gauche dans tout le pays au bon plaisir des adultes. Pas un seul ne semblait même remettre en question cette histoire d'extraterrestres ! Etait-il le seul à se demander s'ils n'avaient pas affaire à des êtres humains, surtout depuis l'affaire de la Shin Teikoku Gakuen ?

Puis le charme fut rompu et se fut dans une joyeuse cacophonie que chacun donna son avis.

Hitomiko s'éloigna sans attirer l'attention, le regard dans le vague.

_ Prominence... Diamond Dust… Gaia… et G. Comme Genesis…

_oOo_

? ? ? …

Quelque part dans un bâtiment sentant l'iode et le vent marin, le jeune homme au sweat orange était allongé sur un lit de camp, un bras replié sur son visage.

Des larmes roulaient sur ses joues hâlées.

La petite radio à piles posée sur une caisse venait d'annoncer le score du match ayant eut lieu en secret entre Raimon Eleven et Epsilon. Une égalité.

S'il avait été là, il aurait put l'éviter, il aurait put apporter la victoire à son capitaine.

_ Endou…

Un sanglot s'échappa de sa gorge alors qu'il s'accrochait au bracelet rouge autour de son poignet.

_ Tout va bien ?

Le jeune homme écarta son bras et observa le grand gaillard au gentil sourire qui venait d'entrouvrir la porte de sa chambre.

_ Ça va…

La porte se referma, le laissant seul avec son désir brûlant de rejoindre son capitaine et de nouveau jouer à ses côtés.

_oOo_

? ? ? …

Hiroto se rongeait les ongles d'angoisses, jusqu'au sang. Assit en face de lui, Burn et Gazel le regardaient, anxieux.

Ils n'avaient toujours aucune nouvelle de Midorikawa et il était évident que c'était là la seule préoccupation du premier.

Un homme aux allures de Bouddha arriva, suivit par le grand et squelettique Kenzaki.

_ Ah parfait, tu es là aussi, Gran. J'ai une mission à confier à ton équipe, Gaia. Epsilon a perdu contre Raimon.

_ Il a fait une égalité, ce n'est pas une défaite.

_ C'est le pire des résultats, l'égalité.

_ Bien, père. Je vous écoute.

_ Je voudrais que tu ailles mettre fin à cette plaisanterie. Je sais que tu as été plusieurs fois en contact avec le capitaine de Raimon, il est temps de lui apprendre la vérité, tu ne crois pas ?

Hiroto baissa la tête, les poings serrés.

_ Je ferais tout ce que vous me demanderez, père, vous le savez… mais je… Ryuuji est au plus mal, je ne veux pas m'éloigner de lui.

_ Les meilleurs médecins sont à son chevet, tu n'as pas de souci à te faire. Il va sans dire qu'il est dans son intérêt que tu mènes ta mission à bien.

L'homme aux allures de Bouddha considéra visiblement son silence pour un assentiment et reparti, Kenzaki le suivant comme son ombre avec un regard étrange.

Burn et Gazel encadrèrent le jeune homme sans le regarder.

_ Ne t'inquiète pas, il va se réveiller. Père a raison, les meilleurs médecins s'occupent de lui. Et on restera avec lui pendant ton absence.

_ Pourquoi vous feriez ça ? On se dispute le titre de Genesis, non ?

_ Parce que, grand crétin, on tient à Mido. On ne peut pas faire une croix sur notre passé comme si de rien n'était…

_ On le fait déjà suffisamment comme ça en ce qui nous concerne, Burn et moi. Mais pour un ami, on va faire une exception. Alors, même si ça me tue de le dire, tu vas pouvoir te faire bien voir par père une fois de plus l'esprit tranquille, on s'occupe de Mido.

Hiroto esquissa un pâle sourire rempli de gratitude.

_oOo_

Tokyo, Parlement…

Le Premier Ministre Zaizen soupira de lassitude et frotta son visage fatigué. Il n'avait pas prit de repos depuis longtemps, mais savait que la situation était trop grave pour qu'il prenne le temps de dormir. Sa fille se battait avec Raimon de toutes ses forces, et grâce à leurs efforts, la situation commençait à redevenir normale. L'Aliea Gakuen semblait avoir arrêté de détruire des collèges et semblait presque faire profil bas.

_ Monsieur, nous sommes prêts partir.

Il leva le visage vers l'homme qui venait d'entrer, sans doute après avoir frappé, mais il ne l'avait même pas entendu. Derrière lui se trouvait quelques uns de ses hommes, tous visiblement sur le départ.

_ Oui… Vous devez réussir. Ce pauvre gosse souffre depuis trop longtemps. Il faut à tout prix que vous réussissiez à le libérer. Il devrait être avec son équipe !

_ Oui Monsieur, ne vous inquiétez pas. Nous savons ce que nous devons faire.

_ Merci.

_oOo_

Le lendemain, Osaka, Inazuma Caravane…

La sonnerie du téléphone d'Hitomiko interrompit les conversations enflammées des collégiens.

_ Hibiki-san, bonjour !

Ces simples mots suffirent à faire rappliquer autour d'elle toute l'équipe. Puisque son appel les concernait tous, elle mit le haut-parleur.

_ Hitomiko, tu te souviens que j'ai reçu un appel la dernière fois que nous nous sommes vu, juste après l'affaire de la Shin Teikoku Gakuen ? Après ça, je suis retourné à Inazuma. Endou, tu pourras remercier ta mère, elle m'a bien aidé ! Elle s'est rappelé de quelque chose qui pourrait vous aider contre l'Aliea Gakuen, mais je vais la laisser vous en parler elle-même… Mme. Endou ?

_ Merci. Mamoru, j'espère que tu vas bien ! Tu te brosses les dents, n'est-ce pas ?

_ Maman ! S'il-te-plait…

Le rire de la mère d'Endou leur parvint à travers le combiné, avant qu'elle ne reprenne la parole, plus sérieuse.

_ Je me suis souvenue que ton grand-père avait vécu, enfant, à Fukuoka. Il allait là-bas au collège Yokato, et le principal actuel était l'un de ses amis d'enfance. Ton grand-père lui a confié l'un de ses carnets. Je crois qu'il m'en a parlé, une fois, disant qu'il contenait des super-techniques extrêmement puissantes. Je pense que cela pourra vous aider, puisque rien ne semble vous décider à rentrer.

Endou sourit largement, les yeux brillants. Hibiki reprit le téléphone et se fut sa voix bourrue qui s'éleva ensuite du portable.

_ Je pense que vous devriez y aller, ça ne sera pas du temps perdu et sans doute pourrez-vous souffler un peu, ce qui ne vous fera pas de mal. Hitomiko, j'ai encore des choses à vérifier de mon côté, une rumeur intéressante. Je te recontacterais quand mon enquête aura avancée. Prend bien soin de l'équipe.

_ A bientôt les enfants ! Mamoru, fais attention à bien te couvrir la nuit !

Endou rougit d'embarra alors que le son caractéristique d'un téléphone raccroché se faisant entendre.

Touko se planta à côté de lui avec un large sourire, saisissant son bras, ce qui sembla déplaire singulièrement au jeune homme.

_ Ne t'inquiète pas, les parents sont tous les mêmes ! Si tu voyais mon père ! Le dernier message qu'il m'a envoyé hier faisait au moins 50 lignes !

Endou s'écarta de la jeune fille… pour voir Natsumi apparaitre de l'autre côté, la main posée sur son bras.

_ Oui, Touko a raison, moi aussi mon père se fait beaucoup de soucis pour moi. Rappelle-toi la dernière fois qu'il nous a appelés !

Aki hocha la tête, sachant pertinemment que ses parents seraient pareils que ceux des autres. Elle se tourna vers l'entraineuse.

_ Et vous, coach ? Vos parents aussi sont du genre surprotecteur ?

La jeune femme parut étonnée d'être soudainement interrogée.

_ Oh, euh… ma mère est morte quand j'étais toute petite, je ne m'en souviens pas beaucoup. Quant à mon père, nous ne nous parlons plus depuis un certain temps... Furukabu-san, nous devrions plutôt décider de la route à prendre pour aller le plus vite possible à Fukuoka !

Se servant de ce prétexte, elle s'éloigna à toute vitesse.

Kidou fronça les sourcils devant sa réaction avant de secouer la tête.

Moins d'une demi-heure plus tard, l'Inazuma Caravane reprenait la route avec Rika comme nouveau membre.

_oOo_

Le lendemain, Fukuoka…

Furukabu avait roulé toute la journée et toute la nuit pour atteindre la petite ville tranquille qu'était Fukuoka.

Les Raimon Eleven s'étirèrent en sortant les uns après les autres, ravis d'être enfin dehors.

_ C'est jolie comme ville !

_ Il n'y a plus qu'à trouver le collège.

_ On peut pas aller chercher à manger, avant ?

Hitomiko les observa et sourit doucement.

_ Kabeyama a raison, vous devriez aller chercher de quoi manger.

Ses joueurs accueillirent sa proposition avec de grands cris et, sans savoir trop comment, la jeune femme se retrouva à les suivre.

Elle avait l'impression de se revoir quelques années en arrière avec une bande d'enfants réapprenant à être joyeux, qu'elle emmenait se promener en ville les après-midi d'été pour leurs acheter des glaces.

Alors qu'ils traversaient un pont enjambant les lignes de tramway, un vieil homme s'appuyant sur une cane les prit à parti, visiblement furieux, en désignant une grosse limousine blanche garée plus loin.

_ Mais qu'est-ce que c'est que ça ?! Vous avez vu ? Qu'est-ce qu'une atrocité pareille viens faire dans notre petite ville ! Elle dénature le paysage, cette voiture ! C'est bien une lubie de jeunes, ça ! Les grosses voitures, tout ça pour en mettre plein la vue aux filles ! Ou alors, ils cherchent à compenser autre chose par la taille de la bagnole… Les jeunes de nos jours, franchement ! Il n'y a plus que le matériel et les apparences qui comptent !

Laissant le vieillard apostropher d'autres passants au sujet de la débauche des jeunes d'aujourd'hui, l'équipe se dirigea vers la voiture autour de laquelle trois jeunes garçons tournaient.

Ils n'étaient plus qu'à quelques mètres lorsque l'un des trois garçons les aperçut. Il rougit, poussa un cri perçant et se cacha derrière l'un de ses camarades portant un bandana violet aubergine sur la tête. Celui-ci suivit le doigt tremblant de son ami et sourit chaleureusement au groupe se dirigeant vers eux.

_ Vous êtes les Raimon Eleven ! Nous vous attendions ! Notre principal nous a prévenus que vous viendriez, alors il nous a demandé de venir vous chercher. C'est à vous, cette limousine ?

Endou serra la main tendue du jeune homme en souriant joyeusement. Un peu trop aux yeux de Kidou.

_ Endou Mamoru, capitaine des Raimon Eleven. Merci d'être venu nous chercher !

_ Toda Yuuichirou, je suis le capitaine du club de foot de Yokato et… dis donc, Tachimukai, tu vas rester caché pendant longtemps ?

Le jeune homme qui s'était caché apparut. Il avait un visage rond et enfantin, de grands yeux bleu nuit et des chevaux châtain clair en bataille.

Il regardait Endou comme un fervent croyant se retrouvant devant son Dieu en personne, mélange d'admiration et d'intimidation.

_ En… Endou-san ! Je… très heureux de faire ta… ta connaissance ! Je suis… Ta.. Tachi… Tachimukai Yuuki !

Il essuya ses mains sur son maillot orange en bafouillant de plus belle lorsque Endou tendit sa main vers lui. Il s'y cramponna à deux mains et les agita frénétiquement, visiblement au comble de bonheur.

Toda sourit en levant les yeux au ciel avec amusement.

_ Ne lui en veut pas, Endou. Depuis qu'il t'a vu au Football Frontier, Tachimukai est devenu ton plus grand fan.

_ Fan ? Je ne sais pas si je mérite d'avoir un fan, mais merci !

Il sourit largement.

Les présentations faites, ils s'éloignèrent de la limousine appartenant à un illustre inconnu pour suivre les trois joueurs de Yokato jusqu'à leur collège.

Tachimukai ne cessait de regarder Endou avec vénération. Toda n'avait pas exagéré, il était bien son plus grand fan !

_oOo_

Collège Yokato…

Ils arrivèrent au collège un peu plus tard et le reste du club de foot se précipita vers les champions du Football Frontier, les noyant sous un flot de félicitations et de questions.

Endou se contenta de feindre de ne pas entendre toutes celles concernant Gouenji, et Kidou le remarqua. Quelque chose n'allait décidément pas chez son meilleur ami, et il savait quoi. Mais que pouvait-il faire pour lui venir en aide ? Il ne savait pas où trouver Gouenji ! Si ça avait été le cas, cela ferai longtemps qu'il aurait été le chercher par la peau du cou pour le ramener à Endou, accord de la coach ou pas !

Touko, qui ne faisait pas parti du groupe ayant remporté le Football Frontier et se sentait un peu exclue, finit par s'approcher de l'un des joueurs de Yokato, un tout petit avec des cheveux marron tout ébouriffés.

_ En fait, nous sommes venus pour parler au principal, est-ce que ce serait possible de le voir ?

_ Ça risque d'être compliqué pour le moment, il a un visiteur ! Un monsieur qui a l'air bien gentil mais surtout très riche. Il est venu en limousine, vous imaginez !

_ Sans doute celle qu'on a vu en ville. Ils en ont pour longtemps ?

_ Sans doute, oui.

Toda sourit et consulta ses coéquipiers du regard avant de se tourner vers Endou.

_ Dans ce cas, que diriez-vous de faire un match contre nous, en attendant ?

_ C'est une super idée ! Coach Hitomiko, on peut, n'est-ce pas ?

_ Je ne vois aucune raison de m'y opposer, cela vous fera un bon entrainement.

Tachimukai sembla sur le point de défaillir en réalisant qu'il allait jouer contre son idole et pouvoir lui montrer ce qu'il savait faire. Ses joues virèrent à l'écrevisse quand son capitaine lui murmura quelque chose.

_ Tu es sûr que je peux l'utiliser ?

_ Un peu que je suis sûr ! Ce serait dommage de manquer cette occasion !

_ Ou… Oui !