Chapitre 38 : Reprise de l'entrainement

Okinawa…

Endou sentit une main se refermer sur son bras et le forcer à s'arrêter. Il se retourna et observa durement Gouenji.

_ Tu aurais au moins put me dire que Yuuka-chan était en danger et qu'il fallait que tu partes, je l'aurais compris tu sais… je ne suis pas aussi stupide que j'en ai l'air !

_ Tu n'as certainement pas l'air stupide, Endou… Pardonne-moi, je ne savais pas quoi faire, j'étais complètement déboussolé. Je voulais t'en parler, mais à chaque fois j'hésitais…

_ Qu'est-ce que tu crois !? Que tu es tout seul ? Je suis là, moi ! Ou alors je me fais des films ?! Si tu as des problèmes, je veux que tu m'en parles ! Pourquoi tu es parti sans rien me dire ? Pourquoi tu as encore une fois tout supporté tout seul ?!

_ Endou…

_ Je suis quoi pour toi, moi, si tu ne me fais même pas confiance pour…

Gouenji l'interrompit en le serrant fermement dans ses bras et Endou réalisa seulement à cet instant qu'il pleurait. De grosses larmes roulaient le long de ses joues et il s'accrocha de toutes ses forces au jeune homme blond, enfouissant son visage contre son épaule.

_ Je suis désolé, Endou… Je n'ai pas l'habitude d'avoir quelqu'un sur qui je puisse me reposer… Je ne voulais pas t'embêter…

_ Tu es bête, Gouenji…

Endou ferma les yeux en resserrant son étreinte. Gouenji glissa ses doigts dans ses courts cheveux bruns en raffermissant ses bras autour de lui.

_oOo_

Collège Oumihara…

Kidou sentit Otonashi tirer sa cape pour attirer son attention et il se tourna vers sa sœur avec un sourire en coin.

Endou et Gouenji revenaient vers leur équipe en discutant avec animation. Le jeune homme brun faisait de grands gestes pour illustrer ce qu'il expliquait au blond, sans doute leur périple à travers le pays.

Kidou en eut la confirmation lorsqu'ils se retrouvèrent à leur hauteur.

_ Et c'est comme ça qu'on a apprit l'existence d'un attaquant de feu à Okinawa et que nous sommes venus !

_ Je n'ai pas manqué un seul de vos matchs… je vous voyais à la télé et, à chaque fois, vous aviez l'air plus forts !

Endou hocha vigoureusement la tête et se tourna vers son équipe avec un large sourire qu'ils n'avaient plus vu depuis longtemps.

_ Bon, et si on jouait au football !

_ Mais on sort à peine d'un match !

_ Et alors ?

Kidou secoua la tête d'un air désabusé et fit rouler un ballon sous son pied.

_ Je suis curieux de voir jusqu'à quel point tu as évolué, Gouenji.

_ J'en dis la même chose pour toi, Kidou.

Endou sourit largement et passa ses bras autour de leurs épaules.

_ Aller ! Il est l'heure de l'entrainement !

_oOo_

Inazuma Caravane…

Il faisait nuit depuis longtemps, mais cela n'empêchait pas Endou et Gouenji de discuter à bâtons rompus sur le toit du véhicule, allongés sur leurs sacs de couchages en regardant les étoiles briller dans le ciel. Ils parlaient de ce qu'ils avaient fait pendant leur séparation, ce qu'ils avaient ressenti, leurs entrainements acharnés, leurs joies et leurs peines, et surtout ce manque presque intolérable qu'ils avaient éprouvé loin l'un de l'autre.

_ Au fait Gouenji, j'ai trouvé ton pendentif ! Tu l'as perdu quand on s'est télescopés avant le match, et ne nie pas, je sais très bien que c'était toi.

_ Je ne nie pas. Merci… Décidément, c'est la deuxième fois que je le perds et que c'est toi qui le retrouve…

Endou se redressa et sourit joyeusement.

_C'est tellement bien de pouvoir discuter ensemble à nouveau !

_ C'est vrai… Endou, il faut que je te dise, le ballon de ton grand-père que tu m'as offert avant mon départ… Je l'ai utilisé pour sauver un petit garçon et je le lui ai laissé… je ne sais pas, j'ai eut l'impression que c'était ce qu'il fallait, le lui laisser… je suis désolé.

Endou sourit joyeusement en secouant la tête.

_ Ça ne fait rien ! Si ça tombe, il va susciter une vocation, ce ballon ! Peut-être que dans 10 ans, on le retrouvera, cet enfant, et qu'il gagnera le Football Frontier !

_ Ce serait amusant… Dans 10 ans… je me demande ce que nous ferons.

_ Du moment que tu es toujours à mes côtés, je m'en fiche pas mal !

Gouenji se redressa à son tour et s'approcha du jeune homme brun. Il posa sa main sur son épaule et son front contre le sien. Ses mots l'avaient ému et cela faisait briller ses yeux noirs.

_ J'ai terriblement envie de t'embrasser, Endou…

Le jeune homme au bandeau orange enroula ses bras autour du cou de son attaquant, les joues légèrement rouges. Ses lèvres frôlèrent celle du jeune homme blond.

Ils gardèrent les yeux ouverts, se perdant dans le regard de l'autre sans pouvoir s'en détacher.

Gouenji attira Endou à lui pour de bon et l'embrassa passionnément, incapable de se retenir plus longtemps. Il semblait vouloir rattraper par ce seul baiser qui n'avait rien de chaste ces longues semaines passées sans lui, son désir croissant d'être avec lui qui le consumait au point de le rendre fou. Pourrait-il seulement supporter de le lâcher ne serait-ce que quelques instants, désormais ?

Endou le serra plus fort dans ses bras, répondant à son baiser sans la moindre once de timidité. Y en avait-il seulement eu une seule fois entre eux, un seul jour ? Alors que leurs langues se mêlaient en une danse sensuelle, il comprit que plus jamais il ne le laisserait partir loin de lui. Et s'il devait s'éloigner malgré tout, il partirait avec lui. Tout plutôt que de se séparer à nouveau. Cette solitude écœurante qu'il avait éprouvée alors même qu'il était entouré de ses amis, plus jamais il ne voulait la ressentir. Sans Gouenji, plus rien n'avait d'importance.

Ils s'écartèrent un bref instant, à bout de souffle, avant de s'embrasser à nouveau, encore et encore, mêlant souffles et langues, agrippant leurs vêtements pour ne pas s'éloigner, rester l'un contre l'autre…

Il n'y avait que les étoiles pour les regarder, mais même si le monde entier avait eut les yeux rivé sur eux, ça n'aurait rien changé.

_oOo_

Le lendemain…

Kidou se leva avant tout le monde, quittant l'Inazuma Caravane alors que les ronflements de Kabeyama résonnaient encore. Il s'étira en respirant profondément l'air marin et le vent frais du matin. Des voix lui parvinrent depuis le toit de la caravane, lui arrachant un sourire amusé. Il en connaissait deux qui n'avait probablement pas dormit de la nuit.

Il grimpa à l'échelle et sourit en trouvant ses deux meilleurs amis assit sur le même sac de couchage, main dans la main et parlant de football avec passion. Et s'embrassant dès que l'envie les en prenait, et il aurait juré qu'elle les en prenait souvent.

_ Toujours en train de roucouler, tous les deux… Et de si bon matin en plus ! Vous allez me donner la nausée avec tous vos bons sentiments.

Gouenji observa Kidou avec un sourcil haussé.

_ Admet-le une bonne fois pour toute, tu étais inquiet. Endou m'a raconté que tu ne l'as pas laissé seul un instant. Si nos bons sentiments te rendaient vraiment nauséeux, tu ne l'aurais pas protégé comme tu l'as fait.

Le stratège se retint de justesse de rire et se contenta de hausser les épaules. Il avait sa réputation à préserver ! Même si devant eux, il pouvait bien se relâcher. A quoi cela servirait-il d'avoir des amis, sinon ?

_ Je déteste quand tu as raison, Gouenji. Ma fierté en prend un coup !

Endou sourit largement alors que son ami s'installait sur le sac de couchage libre, juste en face d'eux.

_ Plus sérieusement, ne me refaite plus jamais des frayeurs pareilles.

Devant l'inquiétude réelle transparaissant sur le visage d'ordinaire si indéchiffrable de Kidou, le couple ne put que hocher la tête de concert, aussi honteux que des gamins pris en faute.

_ Désolé…

Kidou attendit quelques secondes avant de retrouver le sourire, prenant un plaisir presque sadique à les voir culpabiliser. Ça leur ferait les pieds, il s'était rongé les sangs pour eux !

Ils discutèrent football avec énergie, comme ils l'avaient si souvent fait, imaginant ce qu'ils pourraient faire lors du prochain match, les techniques à utiliser, les stratégies à employer…

Lorsqu'ils quittèrent le toit du véhicule, ils réalisèrent que le reste de l'équipe était levé.

Après un petit déjeuner rapidement avalé, celui de Kabeyama pimenté par les bons soins de Kogure qui se retrouva immédiatement sermonné par Otonashi, les Raimon Eleven se dirigèrent vers la plage pour une session d'entrainement.

Endou sourit joyeusement en voyant Kidou et Gouenji parler d'une façon d'attaquer une équipe à la défense solide. Il les rejoignit en courant et passa ses bras autours de leurs épaules, se mêlant à leur conversation pour leur apporter son point de vue de gardien.

_oOo_

_ Fire Tornado !

Tachimukai se concentra et le colosse de lumière bleue apparut au-dessus de lui.

_ Majin the Hand !

Pour la dixième fois consécutive, le tir enflammé de Gouenji entra dans les buts improvisés sur le sable.

Tachimukai essuya son front et observa l'attaquant de feu avec détermination. Il finirait bien par réussir à bloquer son tir ! Il comprenait mieux l'admiration que lui vouait Endou, et son obsession de le retrouver. Un tel joueur serait forcément un allié de poids dans la lutte contre l'Aliea Gakuen.

Le jeune homme blond se retourna pour regarder ses coéquipiers sur le terrain et fronça les sourcils en voyant Fubuki manquer une passe pourtant basique de Kidou. Le jeune homme à l'écharpe baissa les yeux et marmonna quelque chose, comme pour s'excuser, et s'éloigna.

Il s'apprêtait à demander à Tachimukai quelques explications sur l'étrange joueur aux cheveux gris lorsque Hitomiko arriva, accompagnée de Tsunami portant le survêtement bleu orné d'éclairs jaunes des Raimon Eleven.

Elle frappa dans ses mains pour interrompre l'entrainement et rassembler ses joueurs devant elle.

_ Nous venons de terminer les démarches administratives pour que Tsunami-kun intègre officiellement l'équipe. De plus, la petite sœur de Gouenji étant en sécurité, il n'y a plus de raison de le tenir éloigné, lui aussi réintègre l'équipe. Maintenant, nous allons pouvoir nous remettre en route. Le QG d l'Aliea Gakuen est localisé au Fujiyama, et Genesis doit s'y trouver. Nous partons sur le champ.

Sur le bord du terrain, Natsumi ne put retenir un haussement de sourcils étonné. Pourquoi maintenant ? Ce départ lui paraissait étrangement soudain, et surtout, elle avait appelé son père en se levant et il ne lui avait pas parlé de la moindre avancée dans leur enquête.

Otonashi chaussa ses lunettes sur son nez et balaya le Raimon du regard.

_ Mais… Où est Fubuki ?

_oOo_

? ? ? …

Le visage de Bouddha de Kira était barré d'un pli contrarié, presque mauvais. Face à lui, Kenzaki restait incliné, le visage impassible.

_ Kenzaki, comment tes hommes ont-ils put laisser filer la sœur de Gouenji !? Nous n'avons plus aucun moyen de faire pression sur lui, maintenant, il ne nous rejoindra pas !

Des bruits de pas l'interrompirent. Les deux hommes se retournèrent et regardèrent Gran se diriger vers eux avec un sourire fatigué mais heureux.

_ Père ! Nous avons réussi ! Supernova est maitrisée !

Kira l'observa avec froideur, les mains enfoncées dans les amples manches bleues de son vêtement.

_ Il serait temps ! Vous avez mit bien plus de temps que prévu, les choses n'ont que trop trainées à cause de vous. Il va falloir faire mieux que ça pour créer le monde dont nous rêvons. Au moins cette technique forcera-t-elle le gouvernement à se décider à bouger. Il est plus que temps que je prenne ma revanche sur ce monde qui me l'a prit…

Gran se fit violence pour ne pas laisser transparaitre la tristesse qui lui étreignait le cœur. Il le savait, pourtant, que c'était bien là la seule raison qui poussait son père à agir, et que rien ni personne ne pourrait remplacer la personne que le monde lui avait prit.

_ Gran, ramène-moi Burn et Gazel. Ils semblent avoir fuis, et méritent une sanction pour cette désertion.

L'alien aux cheveux rouges s'inclina, les poings serrés et les lèvres pincées. Il resta ainsi, même lorsqu'il entendit les deux hommes s'éloigner.

_ Père… N'avez-vous de l'estime pour moi qu'en tant que membre de Genesis ? Ne suis-je donc rien de plus à vos yeux… ?

_ As-tu dit quelque chose, Gran ?

L'interpelé se redressa et réalisa que son père s'était arrêté à l'autre bout du couloir. Il secoua la tête et força un sourire à apparaitre sur son visage. En cet instant, il ne souhait qu'une seule chose : retrouver sa vie d'avant, son père attentionné et son cher Midorikawa dans les bras de qui il pouvait aller évacuer toute sa peine.

Mais c'était impossible.

_ Rien, père, je n'ai rien dit. Je ne vis que pour réaliser vos souhaits.

_oOo_

Okinawa, Inazuma Caravane…

Les Raimon Eleven se rassemblèrent devant le véhicule après avoir cherché Fubuki partout. En vain.

Hijikata les rejoignit à ce moment-là, entouré de sa ribambelle de frères et sœurs.

_ On voulait venir dire au revoir à Gouenji avant votre départ !

Le jeune homme blond se retourna et sourit.

_ Je serais venu tu sais, au moins pour te remercier de m'avoir caché aussi longtemps ! Mais pour l'instant, l'un de nos coéquipiers a disparut et nous sommes en train de le chercher. La coach veut partir sans lui mais Endou lui a clairement fait comprendre que c'est inenvisageable.

_ L'un des vôtres ? Il a disparu il y a longtemps ?

_ Ce matin.

_ Ce ne serait pas le garçon avec les cheveux gris et l'écharpe blanche ?

Endou se précipita vers Hijikata, le visage soucieux.

_ Oui, c'est bien Fubuki ! Tu l'as vu ?

_ Je l'ai aperçut sur la plage, il y a quelques heures. Il était bizarre et parlait tout seul, en se faisant les questions et les réponses…

_ Pas de doute, c'est bien Fubuki… il y est peut-être encore !

Endou prit Gouenji par le bras, harponna Kidou au passage, et le entraina tous les deux jusqu'à la plage.

Ils ne mirent que quelques minutes à y arriver et y trouvèrent un Fubuki de plus en plus divaguant. Ses yeux passaient du gris au doré alors qu'il vociférait et suppliait tour à tour, réclamant la place et la refusant.

_ C'est assez impressionnant… Atsuya et Shirou doivent lutter l'un contre l'autre. C'est presque effrayant…

Des hommes en noir particulièrement inquiétant surgirent alors et se dirigèrent droit vers Fubuki. Il les regarda approcher, ses yeux obstinément dorés. Atsuya semblait avoir gagné la bataille.

Endou voulut se précipiter mais Gouenji le ramena contre lui avec fermeté, reculant dans l'ombre avec lui, imité par Kidou.

_ Désolé Endou, mais ces hommes sont dangereux.

_ Mais Fubuki…

_ Je m'en fiche, si je dois choisir entre lui et toi, ce sera toi sans l'ombre d'une hésitation.

Le rire de Fubuki leur parvint, dénué d'amusement. Il paraissait agressif et presque dangereux, sa voix résonnant clairement alors qu'il haussait le ton.

_ Venir avec vous ? Et pourquoi pas ? Vous avez besoin de ma force ! … Ferme-la, Shirou, et reste en dehors de ça.

Le jeune homme à l'écharpe sourit et les hommes en noirs lui parlèrent à voix trop basses pour être entendues. Fubuki hocha la tête et les suivit.

Kidou plissa les yeux en les voyant disparaitre entre les palmiers bordant la plage. Fubuki s'arrêta et laissa tomber quelque chose avant de se remettre en marche. Moins d'une minute plus tard, ce qui ressemblait à un petit avion s'élevait dans les airs et s'éloignait à toute vitesse.

Kidou se mit à courir jusqu'à l'endroit où s'était arrêté Fubuki et ramassa un morceau de papier chiffonné, un simple mot griffonné dessus.

_ Raimon…

Ses deux amis le rejoignirent et regardèrent avec lui.

_ Raimon ?

_ Sans doute est-ce là leur destination. Il faut prévenir les autres.

Sans plus attendre, ils se mirent à courir vers l'Inazuma Caravane et leur équipe.

Ils répétèrent à Hitomiko ce qu'ils avaient vu et la jeune femme paru réfléchir.

_ Je vois… nous n'avons pas de temps à perdre. Nous devons nous mettre en route pour le Fujiyama.

_ Quoi ?! Mais… Et Fubuki ?l !

_ Il n'est pas indispensable. Vous ne comprenez pas, nous devons nous dépêcher de… l'Aliea Gakuen…

_ Il est hors de question de laisser tomber Fubuki ! Il est notre ami ! On va aller le chercher, coach Hitomiko, avec ou sans vous.

La jeune femme observa Endou avec étonnement.

_ Oui… Excuse-moi, tu as raison. On va y aller, à Raimon je veux dire.

Elle se tourna vers Furubaku et sut à son regard qu'il l'aurait débarquée de son véhicule si elle avait choisi d'abandonner Fubuki à son sort. Elle réalisa avec écœurement qu'elle avait failli abandonner un enfant.

Encore.

Elle plaqua sa main contre sa bouche, pâle et soudainement tremblante.

Plus le temps passait et plus elle se sentait mal et se dégoutait. Au final, valait-elle mieux que l'Aliea Gakuen ?

Elle n'avait pas le temps de penser à ça. Moins d'un quart d'heure plus tard, ils prenaient la route pour rentrer à Inazuma.