Pas de panique me soufflais-je intérieurement. Ça ne sert à rien de stresser. C'est juste un chapeau !
- Astoria Greengrass, appelle le professeur McGonagall.
La Grande Salle est plongée dans un silence, seulement rompu de temps en temps par des murmures et des commentaires.
Je sens le regard de Daphné me brûler la nuque et c'est en trébuchant que je me dirige vers le tabouret.
Une fois assurée que je suis bien installée, le professeur McGonagall pose le Choixpeau sur ma tête et s'éloigne de quelques pas.
Pendant quelques secondes, rien ne se passe.
- Ah une Greengrass, s'exclame d'un coup une voix aiguë.
Je ne peux m'empêcher de sursauter.
- Où vais-je bien pouvoir t'envoyer ?
- A Serpentard, s'il vous plaît, murmurais-je.
- Es-tu sûre ? Pourtant tes qualités et ton intelligence seraient un formidable atout pour la maison Serdaigle.
- Serpentard, répétais-je. S'il vous plaît.
- Bien, si c'est ton choix, je ne peux que le respecter, dit le Choixpeau. Je sens que tu sauras, tout aussi bien, t'adapter à Serpentard.
- Merci, soufflais-je soulagée.
- SERPENTARD, crie le Choixpeau.
J'entends vaguement des applaudissements et me lève, encore tremblante de stress du tabouret. Je croise un instant le regard glacial de Daphné mais je tourne rapidement la tête pour envoyer du courage à Eris et Maia.
Je rejoins la table des verts et argents et m'assois au bout de la table en attendant la fin de la cérémonie. En observant la salle, je remarque une table un peu plus bruyante que les autres à laquelle celui que reconnais comme étant Harry Potter. A un moment, il semble y avoir une altercation avec Malefoy mais je suis trop loin pour entendre ce qu'ils se disent. En se retournant, je croise le regard de Drago. Celui-ci lève son sourcil dans ma direction puis se tourne vers sa bande, un air de jubilation sur son visage. Je jette un coup d'œil à la table des rouges et or et voit que les oreilles de Ronald Weasley sont rouges écarlates de colère. Visiblement, Malefoy a touché un point sensible.
Il nous faut attendre encore quelques minutes avant que la cérémonie ne se termine. Sans surprise, Eris et Maia sont envoyées à Serpentard et c'est avec entrain que nous attaquons les plats qui viennent d'apparaître sous nos yeux.
Je me sens flotter sur un nuage. L'ambiance chaleureuse qui ressort de cette salle, la clameur sourde qui monte des élèves et le bruit des couverts me produisent une série de frissons qui me font considérer Poudlard comme ma seconde maison.
- Maintenant, tous au lit !
La déclaration du directeur sort les élèves de leur torpeur. Dans un éclat de bancs, les élèves se lèvent et se dirigent vers la sortie sans cesser leurs discussions. Avec les filles, nous suivons nos préfets vers la salle commune, les yeux émerveillés face aux trésors cachés de Poudlard que nous découvrons aux détours des couloirs.
La salle commune est immense et magnifique bien qu'elle paraisse un peu froide au premier abord. Des fauteuils et canapés en cuirs sont répartis un peu partout dans la pièce tandis qu'une immense cheminée orne l'un des murs. Un grand feu y est allumé, ainsi que dans les autres âtres, et ces derniers reflètent une douce lumière qui vient se poser sur les meubles. La salle commune des Serpentards se trouve sous le lac, d'où la lumière verte. C'est donc avec un mélange d'admiration et d'effroi, que je vois d'immenses poissons passer et repasser devant les fenêtres.
Après une grande explication des différentes règles, explication que je n'ai pas suivie suite à mon état de fatigue plutôt avancé, la préfète nous emmène dans notre dortoir. Celui-ci est circulaire et est composé de 5 lits à baldaquins aux rideaux verts. Une porte se trouve entre deux lits et mène à la salle de bain, tandis que les autres espaces entre les lits s'ornent de fenêtres donnant sur les animaux marins composant le lac. Malgré le manque de visibilité sur les paysages entourant le château, je ne ressens pas de sentiment d'oppression. Au contraire, cette vue et la lumière me détendent.
C'est avec une satisfaction intense que je me plonge dans les draps frais de mon lit. Nous sommes tellement fatiguées qu'il ne nous faut pas longtemps pour sombrer dans un sommeil de plomb.
Je n'arrive toujours pas à croire que nous sommes à Poudlard, s'exclame joyeusement Maia en se servant des pancakes.
- Moi non plus, dit Eris. Mais on va s'y faire ! Par quoi est-ce que l'on commence ce matin ?
- Par Potions, répondis-je en jetant un coup d'œil à notre emploi du temps que le professeur Rogue nous a distribué. Avec Gryffondor.
- J'ai hâte de voir comment est le professeur Rogue en cours ! dit Eris. Je le trouve fascinant ce professeur.
- Moi il me fait peur, frissonne Maia en lançant un coup d'œil craintif à la table des professeurs.
- Disons qu'il a un petit côté dark, dis-je en riant.
Notre hilarité s'arrête brusquement lorsqu'une voix froide nous coupe.
- Tu as l'air de bien t'amuser, déclare Daphné, distante.
- Bonjour Daphné, répondis-je le visage impassible. Que veux-tu ?
- Je voulais juste que tu saches que c'est strictement la moindre des choses que tu ait été admise à Serpentard. Tu aurais jeté le déshonneur sur la famille sinon.
- Merci pour cette remarque Daphné, soufflais-je.
- N'oublie pas que tu es une sang-pur et que tu te dois d'avoir un comportement irréprochable.
- Bien sûr, murmurais-je. C'est vrai que ton comportement est tellement parfait.
- Ne parle pas dans ta barbe !
Daphné lance un dernier regard sur mes amies avant de s'éloigner.
- Sympa ta sœur, déclare Maia en regardant Daphné rejoindre Pansy.
- C'est pas pour rien qu'on l'appelle la Princesse des Glaces, renchérit Eris en finissant son assiette.
- Ah oui ? Les autres élèves l'appellent comme ça ? M'enquis-je.
- C'est ce que m'a dit Pansy. Je te rassure, les autres élèves surnomment ma sœur le pékinois. Donc niveau surnom, Daphné n'est pas mal.
Je ne peux m'empêcher de rire. Il est vrai que Pansy ressemble à un pékinois. Eris a vraiment une grande chance, elle a hérité des traits de sa mère tandis que Pansy a hérité des traits grossiers de sa grand-mère maternelle. D'après ce que j'ai compris, la mère de Pansy a décidé de divorcer un an après la naissance de sa fille pour parcourir le monde et dépenser son argent à sa guise. La version officieuse est que ex-Mrs Parkinson était imbuvable et que son mari a voulu divorcer mais, dans le monde de la noblesse sorcière, le divorce est mal vu. Mr Parkinson s'est cependant vite consolé puisqu'il s'est remarié avec une femme, adorable cette fois, qui a donné naissance à Eris.
- Mesdemoiselles, déclare soudainement le professeur McGonagall en apparaissant derrière Maia, je veux bien que votre discussion soit passionnante mais je vous rappelle que vous avez cours. Et le professeur Rogue n'est pas compréhensif.
Nous nous regardons avec effroi. Il ne nous faut pas longtemps pour ramasser nos affaires et nous ruer vers les cachots, non sans oublier de remercier le professeur de métamorphose.
Nous dévalons les escaliers quatre à quatre, glissons dans les tournants et nous précipitons dans les couloirs.
Soudain, je sens une douleur me vriller la tête. Dans ma précipitation je n'ai pas vu la personne qui arrivait en face et l'ai percutée violemment.
- Tiens, tiens, tiens, souffle une voix narquoise. Little Greengrass. Quelle surprise.
Je relève la tête et rencontre deux yeux gris polaires. Le temps que mon cerveau analyse la situation, une voix stridente s'est déjà mise à hurler :
- Oh mon Dragonouchet tu es blessé ?
