Cher Père,
Comme vous me l'aviez demandé et comme je vous l'ai promis, voici quelques nouvelles du Château. Bien qu'Harry Potter et le Professeur Dumbledore continuent de dire que Vous-savez-qui est de retour, personne ne semble disposé à les croire. Les rumeurs les plus folles courrent sur la santé mentales des deux concernés et je dois vous dire que nombre d'élèves ont failli ne pas revenir à Poudlard cette année.
Par ailleurs, la présence du Professeur Ombrage n'arrange aucunement les choses. Elle nous a tenu un discours hier, lors du festin de rentrée, qui ne laisse aucun doute sur le fait que le Ministère a décidé d'étouffer dans l'œuf toute tentative de rébellion qui pourrait apparaître suites aux déclarations du Professeur Dumbledore et d'Harry Potter. Ce dernier a, de plus, hérité d'une série de retenues pour avoir provoqué le Professeur Ombrage lors de l'un de ses cours. D'après ce que j'ai pu comprendre, ses méthodes sont douteuses. Les lignes qu'elle fait écrire à ses élèves s'incrustent dans leur chair et au lieu de l'encre habituelle, elle les fait écrire avec leur propre sang. Je ne suis pas sûre que cela rentre dans les méthodes pédagogiques actuelles. Mais elle a l'aval du Ministre de la Magie, ce qui la rend intouchable.
Enfin, l'ambiance entre les Maisons de Poudlard semble se dégrader de plus en plus. Les Serpentards savent très bien, pour la plupart, que Vous-savez-qui est revenu. Cette nouvelle semble avoir accru leur haine envers les Gryffondors en particulier car les insultes et les coups bas entre ces deux maisons ne cessent de se multiplier. Malheureusement, à cause de la mort de Cédric Diggory l'année dernière, mort que personne n'est en mesure de comprendre car seul Harry Potter et ceux qui étaient présents dans le Labyrinthe savent réellement ce qu'il s'est passé, les Maisons de Serdaigle et de Poufsouffle semblent s'être rangés du côté des Verts et Argents.
J'espère en tout cas que vous allez bien et que les événements actuels ne vous tracassent pas trop.
Tendrement,
Votre Fille, Astoria Greengrass.
Une fois ma lettre finie, je laisse sécher l'encre sécher quelques instants puis la met dans une enveloppe sur laquelle j'inscris le nom de Père et l'adresse du Manoir. Il faudra que je pense, après les cours, à l'envoyer pour qu'elle arrive le plus rapidement possible à son destinataire.
Les événements de l'année dernière ont beaucoup marqué Père qui m'a demandé de le tenir au courant de ce qui se passe à Poudlard cette année. Le retour de Vous-savez-qui n'est pas un bon présage et il est vrai que nous allons devoir rapidement choisir un camp. Je ne sais quoi penser de cette situation à part que je suis heureuse d'être au Château : je me sens en sécurité à Poudlard.
- Astoria, dépêche toi, nous allons être en retard ! s'écrie Eris en me lançant mon sac. Nous avons cours dans une demi-heure et nous n'avons toujours pas petit-déjeuné ! McGonagall va nous tuer si nous sommes en retard !
- La faute à qui, répliquai-je en riant. De mémoire ce n'est pas moi qu'il a fallu traîner hors du lit.
- Je me suis couchée tard hier pour finir le devoir de Potions ! tente de se justifier la jolie brune.
- Rattrape toi aux branches petit singe, dis-je pour l'embêter.
Eris me tire la langue et crit :
- Maia !
- J'arrive, s'exclame cette dernière en sortant de la salle de bain. Je n'arrivais pas à me coiffer !
- Tu n'as qu'à faire comme Astoria, répond Eris. Ne te coiffe pas !
Je fais mine de ne pas avoir entendu tandis que mes deux amies pouffent de rire. Elles m'ont manqué cet été. A cause de la menace du Seigneur des Ténèbres, mon Père a préféré que Daphné et moi restions confinées au Manoir. En réalité, la situation est complexe. Le père de Maia est un Mangemort confirmé et Père ne voit pas d'un très bon œil que la jeune fille, bien que non responsable des actions de son père, foule le sol de notre demeure.
Nous sommes déjà à notre troisième année. Les deux dernières années ont défilé à grande vitesse et je n'ai pas vu le temps passer.
Alors que nous nous dirigeons vers la Grande Salle, des bruits sourds ainsi qu'une grande clameur nous font hâter le pas. Une foule d'élèves se presse autour de Rusard, perché sur une échelle, et tente de lire ce qui est écrit sur un panneau.
- C'est une honte, s'exclame une voix à ma droite. Comment est-ce que le Professeur Dumbledore peut accepter une chose pareille ?
Je me tourne vers la voix en question et constate que c'est un élève de Gryffondor. Celui-ci a l'air énervé, de même que son interlocuteur.
- Comment peuvent-ils nommer cette bonne femme Grande Inquisitrice ?
- C'est mauvais pour nous….cette femme est un démon !
J'attrape les bras des filles et essaie de me frayer un chemin dans la masse d'élèves. J'en sais suffisamment pour ne pas rester coincé dans la foule.
- Maia, demandais-je une fois en sécurité sur le banc de notre table, est-ce que tu as reçu la Gazette du Sorcier aujourd'hui ?
- Oui, répond-elle, mais je n'ai pas eu le temps de la lire à cause de notre retard.
- Sors la ! Ordonnais-je.
Inquiète par mon comportement, Maia cherche prestement le journal dans son sac et me le tend vivement.
- C'est bien ce que je pensais, m'écriais-je en lisant la une. Regardez !
- Le Ministère est bien décidé à se mêler des affaires de l'école, souffle Eris.
Les semaines qui ont suivies ont été les pires de ma vie, enfin c'est ce que je croyais. Ombrage n'a cessé de mettre en place de nouvelles restrictions, limitant de plus en plus nos libertés. La moindre cravate de travers était passible d'une retenue et avec la mise en place de la Brigade Inquisitoriale, les retraits de points et les retenues ne cessent de tomber. Bien entendu, Malefoy a été le premier à s'embarquer dans "l'Armée de Dolores" et porte fièrement son insigne.
Plongée dans mes pensées, je ne vois pas la marche et m'étale de tout mon long.
- Oh mais ce n'est pas vrai, soufflais-je.
Un grand rire vient me couper. Un rire franc. Je lève la tête et regarde, à la fois consternée et rouge de honte, le brun qui rit de moi.
- Tu es incroyable Mini Greengrass, s'exclame ce dernier en faisant mine d'essuyer des larmes de rire, que la vie doit être mouvementée chez toi.
- Merci Zabini de ta sollicitude, je vais très bien merci, répliquai-je sèchement.
Le Serpentard m'aide à me relever, son sourire toujours collé sur ses lèvres.
- Tu n'es pas occupé à courir après de pauvres élèves ? sifflais-je.
- Plaît-il ? répond Blaise, un air de surprise sur le visage.
- Ne me fais pas croire Zabini que tu laisses ton meilleur pote courir seul après les élèves pour le seul plaisir de leur enlever des points, dis-je sur un ton mordant.
- Et bien figures toi que si !
J'en reste abasourdie.
- Ce n'est pas parce que Drago est mon meilleur ami que je dois tout faire avec lui Astoria, continue Blaise d'une voix nonchalante.
- Quand je pense qu'il parle de noblesse et de prestige, grommeler-je entre mes dents. A partir de quel moment s'attaquer à plus faible que soit est une action noble ? Quand je pense que Daphné n'arrête pas de me rabâcher les oreilles avec la soi-disant supériorité des Malefoy. Peux-tu m'expliquer en quoi Malefoy est supérieur à nous ? Il est lâche et cruel. Si je devais trouver un adjectif pour le décrire, ce serait méchant.
- Serais-tu en train de parler de moi mini Greengrass ? Souffle soudain une voix doucereuse dans mon dos.
Je me raidis d'un coup et lance un regard meurtrier à Blaise qui ne m'a pas prévenu. Au contraire, il s'est confortablement adossé au mur et attend avec un grand plaisir la confrontation.
- Peut-être bien, dis-je en me tournant le plus doucement possible vers mon pire cauchemar.
Drago est adossé nonchalamment contre l'une des nombreuses statues qui ornent les couloirs. Sa posture me rappelle celle de Blaise, bien que les deux yeux orages qui me fixent sont nettement moins bienveillants que ceux du jeune métisse.
- Tu parles de noblesse jeune Astoria, continue Malefoy en s'approchant dangereusement de moi. Mais pourtant tu ne dis rien devant moi. Est-ce noble d'être hypocrite ?
- Venant de ta part je prends ça comme un compliment, dis-je d'un ton mordant.
Je ne sais pas pourquoi je suis autant agressive envers lui. Depuis qu'il m'a accompagné à l'infirmerie en première année, un accord tacite s'est formé entre nous. Nous ne sommes pas devenus les meilleurs amis du monde mais, en tout cas, il n'y avait pas de disputes inutiles.
- Si j'étais toi je ferais attention, Mini Greengrass, dit Malefoy d'une voix glaciale. Je te rappelle que je fais partie de la Brigade Inquisitoriale et que, de ce fait, j'ai beaucoup de droits.
- Tu n'oserais pas enlever de points à ta propre maison, répondis-je en levant le menton.
- Mais je peux te donner une retenue, siffle Malefoy. Et je pense que je n'ai pas besoin de te rappeler le sort qui attend ceux qui sont collés.
Je lui lance un regard rempli de haine. Son être me dégoûte. Comment peut-il être aussi méprisant ?
- J'aimerais bien savoir ce que te trouve les filles, dis-je avec calme.
- Serais-tu jalouse Mini Greengrass ? Me lance le blond aux yeux bleus en collant pratiquement son nez au mien.
- Autant que tu l'es de Potter, je te laisse donc décider de la réponse, répondis-je avec humeur.
Je n'ai pas le temps de me rendre compte de ce que je viens de dire que je sens une immense douleur me traverser la joue et la tête.
- Drago, hurle Zabini en se détachant d'un coup de son mur.
- Je ne te permets pas de me parler sur ce ton, murmure Malefoy d'un ton mauvais en me secouant. Tu as de la chance d'être à Serpentard et d'être la fille d'Henri Greengrass sinon tu ne serais même plus en vie à l'heure qu'il est.
Je vois dans ces yeux qu'il dit vrai et je me recule avec horreur. Ce garçon est un monstre.
- Drago, ça suffit, lance avec autorité Zabini.
L'interpellé ne jette même pas un regard à son ami et part rapidement.
- Astoria ? M'appelle doucement Blaise.
Je ne réponds pas, encore sous le choc.
- Je crois qu'on ferait mieux d'aller à l'infirmerie, décide Zabini.
En constatant mon absence de réaction, celui-ci me soulève d'un coup et, en me portant comme une princesse, se dirige rapidement chez Mme Pomfresh.
- Tu ne me laisse pas le choix, murmure le métisse à l'oreille. Mais maintenant tu sais qu'il ne faut pas provoquer Drago. Et tu comprends maintenant pourquoi personne ne lui tient tête.
Je suis restée silencieuse pendant plus d'un mois. La violence et la facilité avec laquelle Malefoy m'a frappé sont restées gravées dans ma mémoire. Lorsque Zabini eut expliqué ce qu'il s'était passé à Maia et Eris, il se fit tellement hurler dessus qu'il nous évita comme la peste pendant un bon bout de temps. Les filles étaient furieuses. Elles avaient tout d'abord essayé de le dénoncer à un professeur mais Drago est trop bien protégé par Ombrage qui, d'ailleurs, est devenue directrice entre-temps.
C'est finalement après que le Professeur McGonagall m'est menacée d'une retenue pour non participation en cours que je recommençais à parler.
- Vous avez entendu parler des rumeurs ? Déclare Maia d'un coup.
- Quelles rumeurs ? demande Eris en suçotant le bout de sa plume.
Je lève les yeux de mon livre et me penche vers Maia. Mme Pince est très sévère et, au moindre petit bruit, nous sommes jetés dehors. D'où ma volonté de ne pas attirer l'attention.
- Il paraît qu'Harry Potter et tout un groupe d'élèves se réunissent en secret, chuchote Maia les yeux brillants. Mais ils sont tellement discrets que personne n'a encore pu prouver quoi que ce soit. Malefoy est furieux ! Et Ombrage aussi d'ailleurs !
- Personne ne sait comment ils communiquent ? Relève Eris, soudain intriguée.
- Non mais ça doit être sacrément ingénieux pour que personne n'ait encore réussi à le découvrir, conclut la jolie rousse.
- En soit pas tellement, déclarais-je au bout d'un moment songeuse. Il suffit simplement d'ensorceler un objet commun à tous et de faire passer les messages par ce biais. Une plume ou bien un morceau de bois. Quelque chose de petit qui passe inaperçu et que l'on peut avoir sur nous en permanence.
Je vois les filles me regarder avec surprise et étonnement.
- En tout cas, moi c'est ce que j'aurais fait, dis-je en haussant les épaules.
Les filles n'ont pas le temps de réagir qu'une voix traînante se fait entendre :
- Merci Mini Greengrass pour l'information. J'avais oublié à quel point tu étais intelligente. Aussi intelligente que Granger. Si j'étais toi je me poserais des questions.
Je ne tourne même pas la tête dans sa direction. Il ne mérite absolument pas que je lui porte une quelconque attention.
Et c'est sur cette même note que ma troisième année s'est finie.
