Chapitre 1
"Fais la paix avec ton passé afin de ne pas gâcher ton présent"
9 mois plus tard
Arpentant les rues de Paris, je laissais le souffle du vent me balayer le visage et j'offris ce dernier aux pâles rayons de la lune, même si ces derniers ne traversaient pas véritablement les lumières presque oppressantes de la ville.
Après autant d'années passées dans l'espace, après autant de drames perpétrés, je ne m'étais jamais sentis aussi peu chez moi que sur la Terre. L'U.S.S Discovery me manquait, et il me tardait de remonter à bord et de repartir en mission.
Rester ici ne faisait que me rappeler de très mauvais souvenirs. Des souvenirs que je souhaitais à présent enfouir au plus profond de moi-même pour ne plus avoir à les revivre.
Je me revoyais planter mon poignard dans le ventre de Gabriel Lorca, et je sentais encore sa main se desserrer de mon poignet. Ses yeux se voiler, et l'air surprit se peindre sur ses traits. Cet homme avait beau ne pas être celui pour qui j'avais tout quitté, celui que j'avais aimé pendant plus de quatre années, j'avais quand même perdu un ami.
Il n'est pas évident de faire son deuil, murmura une voix que j'aurais reconnu entre mille.
L'amiral Katrina Cornwell, mon supérieur hiérarchique, une femme que je connaissais peu à la vérité. Et pourtant la seule à comprendre ce que je ressentais.
Me redressant de la balustrade où je m'étais accoudée, je me tournais vers elle, inclinant respectueusement la tête.
Katrina Cornwell était une personne que je respectais profondément. Une femme courageuse et très loyale, prête à tout pour faire perdurer la Fédération et les valeurs que nous véhiculions. Une femme qui n'avait jamais eu peur d'avouer ses faiblesses et ses erreurs.
La personne qui m'avait remplacée auprès de Gabriel, deux années auparavant. J'aurais sans doute dû la haïr, mais comment lui en vouloir ? Le Gabriel que nous avions connu toutes les deux était un homme certes froid et sévère, mais en privé il était doux et sincère. Notre relation s'était terminée pour se transformer en une belle amitié, et je n'avais ressentis qu'un sincère bonheur à l'idée qu'il trouve quelqu'un d'autre.
Le temps fera son affaire j'imagine, répondis-je alors qu'elle me rejoignait, s'adossant contre la balustrade, faisant face à la Tour Eiffel dans mon dos. J'espère juste que Gabriel a trouvé la paix, quoi qu'il est pu lui arriver…
Mon seul regret est que sa réputation sera à jamais terni par ce salaud…, fit-elle et je ne pu que hocher la tête.
Moi aussi cela me révulsait, mais il était évident que personne d'autre ne devait être au courant de l'existence de mondes parallèles. La guerre contre les Klingons nous avait fait prendre conscience des limites que nous devions nous imposer.
J'en avais conscience, mais la réputation d'un homme que j'avais profondément aimé et que je considérais comme l'un de mes plus proches amis en pâtissait. Et même si je savais qu'il préfèrerait cela plutôt que de conduire notre monde vers une nouvelle guerre, je peinais à admettre cela.
Votre famille m'a contactée, m'apprit Katrina et je cillais. Pendant neuf mois, ils ont cru à votre mort. Votre frère a beaucoup changé vous savez…
Je voulais bien la croire, dix années étaient passées depuis que nous nous étions quittés en de très mauvais termes. Je n'avais plus donné aucune nouvelle à ma famille, ni à lui. Dix années, cela pouvait changer quelqu'un, j'en étais la preuve même.
Vous avez refusé tous leurs appels, continua-t-elle et je soupirais. J'ai confirmé votre survie au Capitaine…
C'est inutile, coupais-je avec respect. Je ne souhaite pas en parler.
Surtout de Lui. Je ne souhaitais pas entendre parler de Lui.
Je ne me souvenais que trop bien de son sourire suffisant, de sa certitude que son joli minois lui ouvrirait toutes les portes. De l'argent que possédait sa famille et qui lui ouvrirait des portes que peu de personnes pouvait atteindre.
Peu surprenant qu'il se soit aussi bien entendu avec mon frère.
Et plus que tout, je me souvenais de ses mots. De ses paroles, balancées avec colère et suffisance, comme s'il était en droit de dicter ma vie et ma conduite.
A l'époque, il n'était pas Capitaine. Visiblement, il était monté en grade. Son arrogance avait donc dû suivre.
Et si les années et ma colère étaient passées, il n'en n'était rien du ressentiment que j'avais à son égard.
J'entendis Katrina soupirer, et je lui jetais un coup d'œil.
Elle semblait à la fois comprendre et désapprouver ma réaction.
Les hommes agissent parfois étrangement… quand ils sentent leur virilité menacée, reprit-elle et je levais un sourcil. Mais cela fait dix ans désormais, chacun évolue, et chacun reconnaît ses erreurs. Ne l'oubliez pas.
Elle se redressa et me tapota le bras avant de s'éloigner. Soupirant, je me redressais, regagnant ma chambre pour me reposer avant le départ prévu demain.
oOoOo
Remettre le pied sur la passerelle de l'U.S.S Discovery fut comme une libération. Je me sentais chez moi, en terrain connu, avec des personnes que je côtoyais tous les jours depuis dix ans. Je me sentais étrangement plus en sécurité que sur Terre.
C'était chez moi désormais.
Mon téléphone sonna une nouvelle fois dans ma poche, et je n'y prêtais pas attention. Mon frère avait arrêté de s'obstiner, mais pas ma mère. Elle tentait désespérément de me joindre.
Mais comment pourrais-je oublier qu'elle avait préféré donner raison au meilleur ami de mon frère plutôt qu'à sa propre fille ? Qu'elle avait refusé de serait-ce que de considérer mon point de vue, seulement parce que Georges lui avait dit le contraire de ce que je pensais ? Au risque de briser ma relation, et ma vie.
Tu ne décroche pas ? me demanda Keyla en me rejoignant dans l'ascenseur. C'est ton frère ?
Ma mère très certainement, répondis-je, et elle serra doucement mon bras en signe de compassion.e
Nous nous connaissions depuis deux années, et nous étions très proches. Ayant des histoires certes très différentes, mais des blessures profondes l'une comme l'autre. C'était ce qui nous avait rapprochées dès son arrivée à bord de l'U.S.S Discovery.
Peut-être que tes parents se sont rendus compte de leur erreur avec le temps, me dit-elle et je hochais lentement la tête.
Je ne suis juste pas prête à gérer cela, répondis-je alors que les portes s'ouvraient sur la passerelle. Pour le moment en tout cas.
Elle m'adressa un sourire et on sortit sur la passerelle à l'instant où Saru et le père de Mickaël sortaient du bureau du premier.
Capitaine sur la passerelle, clama Mickaël mais Saru leva le doigt.
Suppléant, corrigea-t-il et un sourire m'échappa tandis que je gagnais mon poste, rejoignant Rhys qui m'adressa un grand sourire.
Nous étions tous les deux chargés de la défense du vaisseau, et on s'entendait à merveille. Des années à travailler côte à côte, à subir les moments les plus sombres.
A vos postes ! ordonna Saru et tout le monde obéit.
Merci de me faire ce petit plaisir Monsieur Saru, fit Sarek. Je ne me lasse pas de voir Vulcain.
C'est naturel, fit Saru en s'asseyant à la place du Capitaine.
Pendant quelques secondes, mes pensées dévièrent vers celui qui l'avait occupé avant lui, mais Rhys ne me laissa pas le temps de me perdre dans mes souvenirs. Il me donna un coup de coude dans les côtes et je repris pied dans la réalité.
Lieutenant Detmer, appela Saru et mon amie se tourna vers lui. Avons-nous quitté le système solaire ?
Oui Capitaine, répondit-elle.
Alors cap sur Vulcain, ordonna le Kelpien. Distorsion maximale.
A vos ordres !
Je regardais avec plaisir le vaisseau entrer en distorsion, et nous éloigner de ma planète natale.
Avec soulagement, je me sentis de nouveau libre.
Soudain, un message encadré rouge se matérialisa sous mes yeux et je me redressais.
Nous recevons un signal de détresse, lançais-je en lançant une reconnaissance.
Qui l'envoie ? demanda Saru.
L'identification est difficile, répondit Rhys alors que je tentais d'améliorer la connexion. C'est un signal de détresse de priorité 1.
Identifiez sa source.
C'est un code de la Fédération, répondis-je alors que le code du vaisseau s'inscrivait très lentement sous mes yeux. Il est incomplet, j'y travaille…
Le reste de ma phrase se termina dans le vent et je vis les autres me regarder avec surprise.
NCC-17…
Je connaissais ce numéro pour l'avoir vu quelque part.
Pilotage, ralentissons, ordonna Saru.
Sortie de distorsion, confirma Keyla.
Ici le Capitaine Saru, lança ce dernier. Du vaisseau de la Fédération Discovery. Identifiez-vous.
Une voix retentit dans le haut-parleur, et l'identification du Capitaine s'afficha sur mon écran.
Ça vient du Capitaine Pike, lança Rhys.
C'est l'U.S.S Enterprise, clama Mickaël.
Dix années, dix ans à l'éviter. Dix ans de silence radio. Dix ans qui s'apprêtaient à voler en éclat dans quelques minutes. Il était là…
Merci à Auriane07, j'espère que ce nouveau chapitre t'aura tout aussi plu. A la semaine prochaine.
