Chapitre 2
« Qu'est-ce que la colère ? C'est la punition que vous vous infligez pour une faute commise par quelqu'un d'autre »
C'était un beau bordel à bord de l'U.S.S Discovery. Malgré toutes mes tentatives, je ne parvenais pas à entrer en communication avec l'U.S.S Enterprise. Leurs boucliers étaient baissés, nous aurions dû pouvoir communiquer avec eux.
Opérations, appela Saru en se tournant vers nous. L'Enterprise a-t-il besoin d'aide ?
Impossible à établir, répondit Owosekun. Le vaisseau est injoignable.
Cependant le scan décompte 203 signes vitaux à bord, contra Mickaël pour calmer l'atmosphère. L'équipage dans son intégralité.
Ils envoient toujours un SOS, lança Rhys alors que l'immatriculation de l'Enterprise et de son Capitaine clignotaient devant moi.
Mais impossible d'échanger des données vocales, continuais-je.
Du Morse ! cria à cet instant Tilly au moment même où le silence s'abattait sur la pièce, rendant son ton très fort. J'ai crié à cause du bruit, mais ensuite, il n'y en avait plus… Vous aviez compris. Pardon. L'Enterprise peut-il émettre en morse ?
Excellente idée, clama Saru. Lieutenant Bryce, Commandeur Kirk, veuillez essayer.
Hochant la tête, je me mis au travail immédiatement.
Un ancien collègue est leur ethnobotaniste, clama Stames. J'ai vu les plans. Il faudrait un cataclysme pour entamer l'Enterprise.
Pilote, appela Saru. Détecte-t-on des nacelles de sauvetage ?
Négatif Capitaine, répondit Keyla. Ce qu'il est beau ce vaisseau.
Je grinçais des dents tandis que j'envoyais les communications en morse. Je savais que par ce geste-là, mon code d'identification personnel serait envoyé à l'Enterprise. Un avertissement si tant est qu'il est un instant douté que je sois à bord.
Et je me sentis définitivement pâlir en voyant la réponse.
Le Capitaine Pike demande à monter à bord, lançais-je d'une voix blanche. Un ingénieur et un officier scientifique l'accompagne.
Permission accordée, ordonna Saru en se levant. Commandeur Burnham, vous vous joindrez à moi pour les accueillir. Commandeur Kirk, je vous demande également de me suivre.
Hochant la tête, je les suivis dans l'ascenseur puis dans les couloirs.
L'amiral Cornwell m'a prévenu que vous… et le Capitaine Pike, aviez eu quelques différents, me lança Saru et je grimaçais. Je souhaiterais savoir si cela risque de poser problème ?
Cela date d'il y a maintenant dix ans, répondis-je. Je ne prétendrais pas être heureuse de le revoir…. Mais c'était une possibilité que je me suis toujours préparée à rencontrer. Cela ne posera aucun problème professionnellement parlant.
Ni lui, si Mickaël ne répondit à ce que cela sous-entendait. Saru se mit alors à tester Mickaël sur son frère Spock.
On parvint à la salle de téléportation, et je me figeais dans un visage entièrement neutre.
Je vis le téléporteur se mettre en marche, et trois silhouettes apparurent. Mon regard se braqua sur l'ingénieur face à moi, mais je perçus immédiatement son regard à lui qui passa sur moi.
Bienvenu à bord, Capitaine Pike, lança Saru. Commandeur Saru, capitaine suppléant de l'U.S.S Discovery. Que pouvons-nous pour vous ?
Je suis gêné, répondit Pike et je frémis, tant à cause du son de sa voix, que devant sa phrase.
Depuis quand était-il gêné de quoi que ce soit ?
Mais j'ai appris à Mojave que pour encaisser l'eau froide, mieux vaut y plonger, continua-t-il en s'avançant, tendant sa main vers Saru qui ne sut pas tout de suite quoi faire avant de lui tendre la sienne. Starfleet m'envoie prendre commande du Discovery. Livre 19, section C.
Je m'étais jurée de ne pas le regarder pour ne pas risquer de croiser son regard. Mais le choc de sa révélation me secoua suffisamment, et je posais des yeux ronds sur lui.
Captant mon geste, il tourna les yeux sur moi, et nos regards se croisèrent pour la première fois depuis dix années.
Il fallait avouer que le temps lui avait été bénéfique. Il avait bien vieilli.
Christopher Pike avait six ans de plus que moi, et approchait donc doucement des 40 ans. Déjà à l'époque, il était bien bâti, et plutôt gâté par la nature, cela n'avait pas changé. Toute trace d'arrogance avait déserté ses traits, ses cheveux étaient déjà bien grisonnants, et son regard gris fer me dévisageait.
Clignant des paupières, je reposais mon regard sur l'ingénieur derrière lui.
Nous n'avons pas été prévenus, fit Saru en se tournant vers nous et je secouais lentement la tête.
J'ai demandé à vous l'annoncer par respect après ce que vous avez vécu, expliqua Pike et je tiquais.
Pardon, contra Saru. Cette directive n'est valable que dans trois cas. En cas de menace imminente, si la vie des citoyens de la Fédération est en danger, ou s'il n'y a sur place aucun gradé équivalent ou supérieur pour contrer ladite menace. Lequel justifie votre présence ?
Les trois, répondit Pike, et pour la seconde fois, je cillais vers lui.
Oh, lâcha Saru et j'échangeais un regard surprit avec Mickaël avant qu'il n'indique aux autres de le suivre vers la passerelle. Alors suivez-moi.
Fermant la marche en compagnie de Mickaël, on échangea un nouveau regard.
Voilà où va l'argent de la Fédération, lâcha l'ingénieur de l'Enterprise en détaillant les couloirs.
Ne jalousez pas le vaisseau de votre voisin, corrigea Pike. Nous on a les nouveaux uniformes.
Très seyants, répondit Saru par pure politesse.
Je préférais clairement les nôtres.
Très colorés, rajouta Mickaël.
Très disparates, conclus-je et on échangea un sourire.
Ces 24 dernières heures, reprit Pike qui avait perçu le ton ironique de nos répliques. On a capté sept éruptions rouges sur une distance de 30 000 années-lumière. Elles étaient synchrones. Le temps de les relever, elles ont disparu. Sauf une. Cette synchronisation exclut qu'il s'agisse d'un phénomène naturel.
Un signal alors ? demanda Saru.
Pour nous, oui, confirma Pike. Je passe la main à mon officier scientifique. Connolly.
Il ne s'agit ni de lunes, ni d'étoiles, ni de planétoïdes, répondit ce dernier. Nos relevés ne donnent rien, aucune interaction possible. Chaque tentative de scan a affolé notre ordinateur.
Comme une boussole au pôle Nord, lâcha Mickaël alors que l'on parvenait à l'ascenseur.
Bien dit, répondit Connolly tandis que l'on attendait ce dernier.
Pourquoi n'y a-t-on pas pensé ? demanda Pike alors que je m'immobilisais entre lui et Mickaël. Tant de salive gâchée en vain.
Une métaphore simpliste, fit Connoly.
Une comparaison, contra Mickaël et j'esquissais un sourire.
Permettez que j'en fasse une moi aussi Commandeur ? demanda Pike et je gardais résolument le regard braqué sur Mickaël.
Burnham, répondit ma collègue. Mickaël Burnham.
Maligne, il a dit vrai, fit Pike et je levais un sourcil sans le regarder pour autant. Nous avons un lien.
Effectivement, confirma Mickaël. M. Spock. Je m'attendais à le voir.
Mieux vaut parfois s'attendre au minimum, fit Pike et je fronçais les sourcils. Ça évite les déceptions.
Je percevais le sous-entendu. Se serait-il attendu à un meilleur accueil de ma part ?
L'ascenseur choisis cet instant précis pour s'ouvrir, et je laissais passer nos invités en premier. Puis je pris place à l'intérieur, entre Mickaël et Linus qui se trouvait déjà à l'intérieur.
Linus, fit Mickaël. Vous avez mauvaise mine.
Linus répondit quelque chose en se frottant la gorge.
Oui, ça traîne dans le vaisseau, confirma Mickaël.
Peut-être une anomalie temporelle ? demanda Saru en nous reconcentrant sur le problème actuel. Une faille dans l'espace-temps. Les trous noirs ont des effets similaires.
Mais moindres, rétorqua Connoly sur un ton arrogant que j'appréciais de moins en moins.
Pas étonnant qu'il serve dans le vaisseau de Pike. Ils devaient bien s'entendre tous les deux.
Il y a six heures, le signal s'est stabilisé, continua-t-il. Et on a pu le localiser. On était en route quand soudain…
Echecs critiques en série sur l'Enterprise, conclut Pike dont je sentais le regard me brûler la nuque.
Il se tenait juste derrière moi, ce n'était pas très compliqué.
Starfleet va le faire remorquer jusqu'au spatiodock, continua Pike. J'aurais besoin de vos codes, Mr Saru.
Devant sa phrase, j'ouvris de grands yeux surpris et me tournais légèrement vers Saru pour lui jeter un coup d'œil. C'était irrespectueux de la part du Capitaine Pike de faire cela ici.
Non, contra Saru.
Excusez-moi ? demanda Pike dont je perçus la surprise dans la voix.
Le commandement se transmet après identification de l'ADN, expliqua Saru. En présence de l'ensemble des officiers de la passerelle. C'est la procédure, depuis la guerre.
Bien entendu, c'est vrai, répondit Pike, et je sentis une vague frustration dans sa voix.
Etrangement, je devinais que ce n'était pas dû au refus de Saru. Il y avait autre chose.
A cet instant, Linus eu un brutal éternuement, et de la morve se retrouva sur Connoly. D'abord surprise, je pinçais les lèvres pour ne pas sourire.
L'ascenseur s'immobilisa, et les portes s'ouvrirent devant la passerelle. Sortant derrière Mickaël, je rejoignis Rhys qui me donna une tape sur l'épaule en voyant mon air sombre. Lui souriant distraitement, je pivotais sur mes talons pour regarder Tilly s'approcher de Pike et Saru pour effectuer la passation de pouvoir.
Je vous laisse poser la main sur la vitre, demanda-t-elle à Pike qui s'exécuta. Très bien, effectuons la vérification.
Puis elle se tourna vers Pike, un grand sourire aux lèvres. Le nom de Christopher Pike était suffisamment connu pour qu'elle soit heureuse de le rencontrer.
Enseigne Sylvia Tilly, se présenta-t-elle. Je viens d'intégrer le programme de formation au commandement.
Bonjour, répondit Pike.
Je les regardais discuter, n'ayant pas spécialement envie de voir Pike devenir le nouvel ami de l'équipage. Je savais qu'il parviendrait à merveille à s'intégrer à l'équipe, il était fait pour cela.
Je ne comprends pas, lança soudainement Tilly et je me concentrais de nouveau sur le présent. Votre dossier devrait s'afficher. Ah bah il est là. En grand. Pardon.
Je jetais un coup d'œil à la baie vitrée où s'affichait effectivement le dossier de Pike.
Ce n'est rien, la rassura Pike. Asseyez-vous tous. Et allez-y. Lisez bien ce dossier. Capitaine Christopher Pike. Là, mes décorations. Ici, mon asthme, diagnostiqué enfant. Ce vilain F. Ma note à l'examen d'astrophysique, à l'Académie.
Je lui jetais un vague regard de dégoût devant son ton arrogant et d'incompréhension devant ses paroles. A quoi jouait-il ?
C'est brutal je sais, continua-t-il. Vous partiez chercher un capitaine sur Vulcain. On m'a briefé sur mon prédécesseur.
Je vis du coin de l'œil Saru et Keyla esquisser un geste dans ma direction, geste que perçu Pike. Gardant mes yeux rivés sur l'écran, je me forçais à rester indifférente à ses mots.
Il vous a trahis, continua Pike. J'aurais aussi des doutes. Je ne suis pas lui. Je ne suis pas Lorca.
Malgré moi je me sentis frémir. Entendre son nom de sa bouche me révulsait. Il ignorait toute l'histoire et venait prétendre qu'il n'était pas Lorca. C'était certain, il ne lui ressemblait pas.
Mes yeux furieux croisèrent les siens, et j'y lu une certaine incompréhension. Rhys me donna un coup de coude dans les côtes, et je détournais les miens. Comment pourrais-je cacher ce qui était véritablement arrivé à Gabriel si Pike continuait à s'en prendre après lui ainsi ?
La Fédération est tendue, continua Pike. La dernière fois qu'on a enquêté sur un pic d'énergie, on a fini en guerre avec les Klingons. Nous n'avons jamais rien vu de semblable à ces signaux. L'énergie qui les alimente dépasse notre entendement.
On échangea tous des regards dans la pièce. Notre entendement dépassait le sien.
Salutations, conclut Pike. Déclaration malveillante. Voilà pourquoi on m'a envoyé sur le Discovery. Ils veulent vite le savoir. Pour l'heure, ce petit point rouge est le seul à nous dire où il est. Entrez les coordonnées. Allons le voir. Distorsion cinq.
Keyla hocha la tête, et obéit.
A vos ordres, répondit-elle.
Le vaisseau se mit en mouvement, et je remontais les boucliers de l'U.S.S Discovery.
Avec votre permission, Commandeur, fit Pike en indiquant le fauteuil à Saru.
Le vaisseau est à vous, répondit ce dernier.
On entra en distorsion, et je gardais à l'œil les paramètres envoyés par le vaisseau afin de détecter toute menace.
Il n'y avait rien.
Petit à petit, le vaisseau passa en mode automatique, et chacun se releva de son siège. Keyla me rejoignit.
Je vais boire un verre, me lança-t-elle. Tu m'accompagne ?
Vas-y, fit Rhys. Je gère.
Hochant la tête, je libérais mon siège et suivis Keyla sans un regard en arrière.
Merci à Auriane07 et Little-road pour vos commentaires. J'espère que la suite vous plaira tout autant.
