Regagner le campement ne fut pas un problème. Le berg les y mena en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. La grosse dizaine d'heure que le groupe de Blocards avait mis pour se rendre dans l'enfer de la Dernière Ville s'était réduite en quatre heures de voyage. Les vingt-huit jeunes qu'ils avaient libéré du WICKED se tenaient bien assis, silencieux, savourant leur nouvelle condition. Thomas avait été allongé sur une banquette et Brenda veillait sur lui. Minho, Fry et Gally entouraient, quant à eux, Mélanie, dans le même silence que le reste des jeunes.
La rousse avait terminé de pensé son ami puis était retournée s'asseoir sans un mot. Elle se sentait vide, à présent, comme si on avait littéralement arracher un morceau d'elle-même. L'idée d'avoir laisser le corps de Newt dans les décombres du quartier général de WICKED la rendait malade. Elle aurait tellement voulu lui offrir une sépulture digne de ce nom... Mais la raison l'avait emportée sur le cœur : forcer ses amis à l'aider à porter Newt pour le ramener ici, dans le berg, les auraient mis en grand danger. Lui était déjà mort, ils ne pouvaient pas se permettre d'essuyer une nouvelle perte.
Au camp,. Vince s'occupa de trouver des couches aux nouveaux arrivants, Brenda et Mélanie veillèrent Thomas dont cette dernière changea les bandages, le sang ayant à nouveau coulé, transperçant les compresses. La jeune fille aux cheveux flamboyant devait s'occuper, pour ne plus penser à ce qui lui faisait mal à en mourir. Ses amis se faisaient du soucis pour elle, mais elle leur demanda de ne pas s'occuper d'elle. Ils avaient du sommeil à récupérer, surtout Minho, qui paraissait totalement épuisé à cause de tout ce qu'il avait subit dans la tour de WICKED. Frypan aida l'asiatique à marcher jusqu'à la tente qu'il partageait avec les autres.
- Mélanie, je sais que c'est dur pour toi, fit Brenda une fois qu'elles furent seules toutes les deux, assises de part et d'autre du lit de l'infirmerie.
- Brenda, s'il te plait.
- Je sais que je n'ai aucun droit de te dire ça...
- Pourquoi tu penses ça ? s'étonna la rousse en coupant la brune.
- C'est de ma faute, si Newt n'a pas eu le sérum assez vite.
- Ne dit pas ça. Tu as couru comme si c'était ta propre vie qui en dépendait. Tu es la première à être arrivée sur les lieux. Je suis arrivée la dernière. Ce n'est pas de ta faute, Brenda, ce n'est pas non plus celle de Thomas, qui n'a fait que se défendre. C'est WICKED qui est responsable. Et Teresa.
- Newt n'était pas immunisé.
- Non. Mais si nous avions été tranquilles, en arrivant au Bras Droit il y a sept mois, si Teresa ne nous avait pas trahis, tout ce serait bien passé. Newt aurait certainement commencé à montrer les symptômes de Braise, mais Mary aurait encore été en vie et aurait préparé le remède, comme elle l'a fait pour toi. Newt aurait alors été immunisé lui aussi.
Brenda baissa la tête, comprenant le point de vue de son amie. À ce rythme, Mélanie ne risquerait pas de se remettre de la perte de Newt.
Le lendemain, Vince ordonna la préparation du grand départ. Ils allaient enfin pouvoir accéder au vrai refuge, celui qui se trouvait au-delà de l'océan, sur une île vierge où nul homme avait posé le pied. Les Rebelles du Bras Droit, les jeunes Blocards et Jobards ainsi que tous les autres immunes qui étaient restés prisonniers du WICKED allaient tous pouvoir vivre une nouvelle vie, recommencer à zéro. Thomas ne se réveilla pas, ni pendant les préparatifs, ni lors de l'embarquement, ni même pendant le voyage qui dura deux jours.
L'île était magnifique. Verdoyante, pleine de promesses. On ne perdit pas une minute pour monter les premières tentes et définir les lieux. Gally prit la tête des construction, avec l'accord de Vince, et vint réquisitionner Mélanie.
- Tu étais douée. Et ça te changera les idées.
- Si tu y tiens tant, avait soupirer la Blocarde et Jobarde à la fois, se mettant au travail.
Le soir même, les autres revinrent à la charge. Aris, en premier, lui dit qu'il était désolé que tout ce soit terminé de cette façon pour elle, puis Harriet et Sonya.
- Arrêtez avec vos airs de chiens battus, je ne veux pas de ça. Je dois simplement digérer, d'accord, s'était énervée Mélanie en quittant la table du souper.
Elle alla marcher sur la plage. Une seule journée, et le camp était terminé. Tout le monde y avait mis la main à la pâte. Demain, il n'y aurait plus que les finitions, les petits détails, et leurs vies pourraient enfin prendre un vrai sens. Mais quel sens pouvait-elle bien avoir, la mienne ? se demanda Mélanie en tapant dans un caillou, les larmes coulant allégrement sur ses joues sans qu'elle y fasse réellement attention. C'est le moment que choisit sa mémoire pour lui jouer son habituelle farce. Cette fois, personne ne fut là pour la rattraper quand elle chuta sur le sable.
C'était un matin comme les autres au complexe du WICKED. Mélanie, âgée de moins de cinq ans, s'était levée de bonne heure, comme à son habitude. Mais elle sentait pourtant que quelque chose clochait. Une femme venait toujours réveiller les enfants le matin. Cette fois-ci, elle ne vint pas. De plus, les couloirs étaient déserts, et la petite fille ne croisa que très peu de médecins et de scientifiques en se rendant au réfectoire. Une fois arrivée dans cette pièce, elle reçu un choc. Il était à moitié plein. Plein d'enfants, mais aucun qu'elle connaissait. Tous des inconnus. Mélanie s'avança dans la salle semi-bondée. Les autres gamins tournaient vers elle des regards tantôt apeurés, tantôt curieux.
- Hey... Je ne t'ai pas vue dans le train... souffla une voix dans son dos.
Mélanie se retourna et croisa le regard chocolat d'un garçon qui devait avoir son âge, collé à une fillette plus jeune qu'eux. Il la serrait dans ses bras d'un air protecteur, comme s'il avait peur qu'elle s'envole.
- Je m'appelle Newt, et elle, c'est ma petite soeur, Elisabeth.
Mélanie paniquait. Les garçons allaient être envoyés dans le Labyrinthe A d'ici un jour, mais elle ne voulait pas être séparée de Newt. Jamais elle lui avait avoué ses sentiments, et elle n'oserait pas, surtout pas maintenant. Mais il n'en restait pas moi la personne qui comptait le plus dans sa vie. Le blond était sa bouée de sauvetage, lorsque rien allait. Elle devait absolument le voir, le plus vite possible. Et comme Janson l'avait refusé, ce serait en cachette. Elle s'était faufilée dans le dortoir des garçons et attendait patiemment la relève du tour de garde pour entrer dans la chambre de Newt, qu'il partageait avec Thomas, Minho et Alby.
Newt dormait en haut, et ce ne fut pas une mince affaire de grimper sans faire grincer le lit. La rousse secoua doucement le blond, qui papillonna des paupières.
- Qu'est-ce que tu...
- Viens, s'il te plaît, j'ai besoin de parler.
Le garçon descendit, lui aussi le plus silencieusement possible, et suivit Mélanie dans le couloir avant que le garde ne prenne son poste. Ils parvinrent à gagner une pièce vide, sans intérêt, mais offrant de l'intimité.
- Je ne veux pas te perdre, tu sais... Demain...
- Je sais, on va être les sujets d'une expérience. Mais ça va aller, on se reverra ensuite. Ne t'inquiète pas pour de simples tests. On en fait tout le temps.
- Ce ne seront pas de simples tests, mais je ne peux rien dire... je voulais seulement que tu saches que tu comptes pour moi, tu sais.
- Je t'aime beaucoup aussi Mel.
La susnommée rougit en entendant la phrase mais ne releva pas. Elle cherchait ses mots avec soin, refusant de se trahir ou de trahir ses réels sentiments. Puis Newt lui prit la main et la porta à sa joue, calant sa tête dans la paume de Mélanie.
- Même si nous ne nous voyions plus, même si nous étions séparés, Mel, ne t'en fait pas. Je ne veux pas que tu t'effondre, pas pour moi. Tu es une personne formidable, et forte. Relèves-toi, s'il m'arrive quelque chose. Tu es la plus proche personne que j'ai, après ma soeur. Restez toujours debout, toutes les deux.
Mélanie se réveilla en baillant, allongée sur les genoux d'Aris. Il avait une main sur son front et parlait à quelqu'un, inquiet.
- Aris, murmura la jeune fille.
- Tu es réveillée ! Bon sang, quel bonheur ! J'ai eu si peur, ça faisait des heures que nous ne te trouvions plus, et quand je t'ai vue... Bordel, Mélanie, ne nous refait plus jamais ça.
- J'ai vu quelque chose de très important. Je dois absolument voir Sonya maintenant.
Elle n'écouta pas les protestations de ses amis, Minho et Gally étant là aussi, et couru vers la tente réfectoire où elle demanda aux gens s'ils n'avaient pas vu la blonde. Celle-ci se trouvait avec Blake, dans la tente dortoir, et Mélanie y entra en trombe.
- Je suis désolée, Sonya, tellement désolée ! s'effondra moralement la rousse.
- Désolée pour quoi ? s'inquiéta la blonde en venant prendre son amie dans les bras.
- Newt. C'était ton frère.
