Elles avaient pleuré ensembles, puis s'étaient relevées, comme Newt avait demandé qu'elles fassent, quatre ans plus tôt, s'il lui arrivait quelque chose. Cela semblait si loin, si irréel. Sonya avait été frappée par la révélation, retrouvant subitement le souvenir de Newt, à coup de maux de têtes horribles durant plusieurs heures. Blake l'avait soutenue tout du long, patient et attentif.

Thomas était sorti de son coma. Après cinq jours. Il vint à la rencontre de ses amis, les prenant dans ses bras un à un, puis visitant le nouveau camp avec émerveillement. Le soir même, Vince rassembla tout le monde, face aux flots de la mer, à l'heure où le soleil commençait à décliner. Il fit un long et beau discours.

- Combien se sont sacrifiés pour que nous soyons ici ? Levons nos verres pour nos amis. Ceci est pour nous. Pour nous tous. Et ça, c'est pour les disparu, termina-t-il en désignant le rocher taillé derrière lui. Chacun à son rythme, chacun à sa manière, pourra faire la paix.

Il planta le stylet dans le bois, à la vue de tous, pour que quiconque puisse graver le nom de la personne qui lui manquait.

- Au nom du refuge, levons tous nos verres, hurla-t-il en guise de conclusion, déchaînant les cris de joies des rescapés.

Beaucoup firent la file pour graver le nom de la personne qui leur manquait. Minho fut celui qui se chargea d'inscrire le nom de Newt, sous les yeux brouillés de larmes de Sonya et Mélanie. Toutes deux avaient aussi des noms à écrire. Carla. Samantha. Myoko. Gally s'occupa de celui de Chuck. Brenda écrivit le nom de son frère, George, qui avait été un Blocard. Peu après, Mélanie rejoignit Thomas, assit à l'écart.

- Salut. Comment tu te sens ?

- Bien. Je me sens bien.

- Tu tiens quoi dans la main, si ce n'est pas trop indiscret ?

- Une lettre. De Newt. Tient, lis là. Il y en a une pour toi aussi.

La rousse fronça légèrement des sourcils et lit la première lettre, adressée à Thomas.

"Cher Thomas...

Autant que je me souvienne c'est la première lettre que j'écris. Je ne sais pas si j'en ai écrit d'autres avant mon arrivée dans le labyrinthe. Mais même si ce n'est pas la première, c'est probablement la dernière. Je veux que tu saches que je n'ai pas peur. Je n'ai pas peur de mourir en tout cas, j'ai peur d'oublier, de me perdre à cause du virus. C'est ça ma plus grande peur.

Alors chaque nuit je prononce leurs noms à haute voix. Alby, Winston, Chuck. Je les répète encore et encore, comme une prière. Et les souvenirs ressurgissent. Ces petits bonheurs comme ce rayon de soleil qui venait lécher le bloc juste avant que les murs du labyrinthe se referment. C'est aussi les saveurs du ragoût de Frypan. Je n'aurai jamais cru que tout ça me manque autant.

Et je me souviens de toi. Je me souviens de ton premier jour quand tu es remonté de la boîte, le petit nouveau complètement effrayé qui ne se rappelait pas son nom. Mais quand tu t'es précipité dans le Labyrinthe, j'ai su que je te suivrais n'importe où.

Et c'est ce que j'ai fait. C'est ce que nous avons tous fait.

Si je devais tout recommencer, je referais pareil, sans changer une virgule. Et ce que je te souhaite Thomas, c'est de te retourner sur ton passé et de pouvoir dire la même chose. Ton avenir est entre tes mains maintenant. Je sais que tu vas t'employer à faire le bien, comme tu l'as toujours fait.

Prends soin des autres pour moi, et prends soin de toi. Tu mérites d'être heureux.

Merci d'avoir été mon ami.

Salut mon pote.

Newt"

Puis ce fut au tour de celle qui était marquée de son nom.

"Ma Mel, mon amour,

Je sais que si tu lis ceci, c'est que je ne suis plus là. Mais je ne veux pas que tu t'accroches à mon seul souvenir. Vis ta vie, car je sais que tu en auras une longue. Je suis certain que tu reviendras de la Dernière Ville avec tous les autres et que tu pourras gagner le Refuge dont Vince nous parle depuis des mois. Tu as la chance d'être en vie, alors profites-en.

Je me doute que ce sera dur pour toi, parce que notre relation était spéciale. C'est vrai, comme tu l'as dit toi-même, après deux effacements de mémoire, nous sommes toujours revenus l'un à l'autre. Mais je t'en supplie, vis. Ne survis pas. Vis. Les jours qui vont arriver, les semaines, les mois, les années, seront tous plus beaux les uns que les autres, entourés de nos amis. Ne les repousse pas par chagrin.

Reposes-toi sur eux au début, tu verras qu'ils te tireront vers le haut. Tu finiras même par pouvoir penser à nous sans que ton cœur se serre. Je le sais, parce que lorsque je me suis fait une raison sur ma mort, j'ai eu la même envie de m'effondrer avant de penser que vous étiez tous là. Tu n'es pas seule. Tes meilleurs amis sont là. Gally, Minho, Sonya, Aris, Harriet, Thomas, Brenda...

Je suis heureux d'avoir partagé l'aventure avec toi.

Je t'aime, de tout mon cœur, de toute mon âme.

Newt."

Thomas prit la jeune fille dans ses bras quand elle eut fini la lettre. Elle pleurait, mais pour la dernière fois. Newt l'avait suppliée. Il la connaissait, savait qu'elle se laisserait tomber. Mais il ne l'aurait jamais permis. Mélanie devait faire l'effort, pour lui. Elle sécha ses larmes et posa des yeux déterminés sur le camp. Elle allait vivre et non survivre.