Mercy dirait sûrement qu'elle était en train de développer un syndrome de Stockholm. C'était sans doute vrai. La vérité, c'est que dans la chaleur étouffante du petit bungalow perdu en plein dans le désert pollué de l'Outback, le cerveau de Mei ne semblait plus marcher aussi bien que d'habitude.
Chaque pensée était lente à venir. Paresseuse. Comme elle. Elle se sentait à la fois lente, lourde et énervée.
La plupart des gens se sentiraient aussi ramollis après plusieurs semaines à ne rien faire de bien intéressant dans une cahute de tôle recuite. Et la plupart se sentiraient également énervés, retenus en otage par les deux pires criminels australiens.
Les premiers jours avaient été terrifiants. Elle s'était assommée alors qu'elle essayait de leur échapper, surprise en pleine tournée d'entretien de ses stations météorologiques automatiques. Elle s'était réveillée dans ce trou étouffant, ligotée sur une chaise.
Les Junkers avaient été très clairs. Elle était leur prisonnière. Si elle tentait de s'enfuir, elle mourrait. Si elle essayait de contacter qui que ce soit, elle mourrait. Si elle essayait de s'en prendre à eux, elle mourrait. Elle les avaient cru sur parole sur ce dernier point.
A sa grande surprise, ils l'avaient détachée et lui avaient fait faire le tour du propriétaire. L'intérieur n'était pas grand. Trois pièces. Un coin salon/cuisine usé au delà de l'imaginable, une petite pièce étouffante à l'arrière avec deux matelas jaunâtres jetés par terre, et coincé entre les deux, une parodie de salle de bain.
Les toilettes étaient dehors. Une cabane en planches disjointes au-dessus d'un trou puant.
Les Junkers lui avaient aussi fait visiter l'extérieur. Elle avait une interdiction stricte et absolue d'approcher le hangar contenant leur atelier mécanique. Et l'interdiction tout aussi totale de faire un pas au-delà de la barrière de vieux bois inégale qui entourait la propriété et son unique arbre mort.
Afin de la dissuader de le faire, Junkrat avait lancé un bout de métal tordu dans la poussière au-delà. Le morceau avait rebondi une fois, avant d'exploser dans une gerbe de flammes, après avoir atterri sur une mine.
Ils l'avaient prévenue que tous les alentours étaient minés. Et que le hangar recelait quelques autres surprises. Mais ils lui avaient assuré que tant qu'elle respectait leurs règles, elle n'aurait rien à craindre, et force était de constater que c'était vrai.
Elle n'avait pas osé les défier, et depuis qu'elle était là, elle n'avait été attachée que deux fois, menottée pour quelques heures à peine à un des montants de soutènement du bungalow, un jerrican d'eau à portée de main, alors que les deux Junkers devaient s'absenter simultanément.
Le reste du temps, il y en avait toujours au moins un sur la propriété, gardant de loin un œil sur elle.
Ils n'avaient pas été violents envers elle. Juste aussi frustres que pouvaient l'être des gens comme eux.
Le lendemain de sa capture, Junkrat était même revenu avec un troisième matelas – à peine moins sale que les leurs – pour qu'elle puisse dormir ailleurs que sur le canapé défoncé par des années d'abus de l'énorme carcasse de Roadhog.
Ils lui avaient proposé de l'installer avec eux dans la petite chambre, et face à sa gêne, l'avaient mise dans le salon.
La porte entre les deux pièces restait toujours ouverte, mais elle avait ainsi un semblant d'intimité.
Et Roadhog avait toujours une bruyante quinte de toux avant de se lever. C'était plus efficace qu'un réveil-matin, et lui permettait de se lever un peu avant eux.
Pour le reste, ils partageaient leurs repas avec elle, mais ils ne l'avaient jamais empêchée d'aller manger seule dans son coin, sous le porche ou ailleurs.
Pour une otage, elle n'avait vraiment pas à se plaindre. Le plus pénible était la chaleur – et l'ennui.
Il n'y avait pas grand-chose à faire dans ce trou. Regarder la seule et unique chaîne télé sur le vieil écran fendillé, feuilleter encore et encore les trois magazines datant d'avant la catastrophe de l'Omnium qui traînaient dans un coin, ou lire et relire les deux romans de gare que Roadhog lui avait un jour jeté en revenant d'une virée à moto.
Pour s'occuper, elle avait fait de son mieux le ménage dans le bungalow, sous le regard impassible de l'énorme Junker, ce qui avait provoqué des cris horrifiés de son maigre compère lorsque ce dernier était revenu. Mais il ne lui avait rien fait, et pour s'occuper autant que pour se sentir mieux dans cet espace confiné, elle avait continué à le faire, dès que le pyromane partait faire elle ne savait quoi, ni où.
Au bout d'une dizaine de jours, Roadhog avait, un soir, alors qu'ils étaient assis à la petite table de formica, chacun une boîte de raviolis devant eux, non pas relevé, mais carrément retiré son masque.
Elle l'avait regardé avec de grands yeux, alors qu'il la fixait avec attention. Elle ignorait ce qu'il avait vu en elle, mais depuis, il était souvent là, le masque jamais bien loin, mais le visage découvert.
Junkrat était une pile électrique survoltée et bavarde. Roadhog était une montagne calme. Elle préférait la présence du second. Moins fatigante. Moins effrayante aussi, en un sens. Il n'était pas imprévisible comme son compère. Il n'avait pas d'idées foireuses comme Junkrat.
Il lui disait même merci lorsque, par désœuvrement, elle préparait les repas, ou réparait un truc.
Ils n'étaient que tous les deux depuis la veille. Junkrat était une fois encore parti mener ses affaires « explosives » ailleurs.
Elle tournait les pages d'un des magazines sans même les regarder, perdue dans ses pensées, roulée en boule à une des extrémités du canapé. Roadhog, qui n'avait pas bougé de sa chaise de métal tordu depuis le fin du repas de midi, se redressa soudain, poussant des mains sur ses cuisses.
Elle ne sursauta pas. Ça faisait longtemps qu'elle ne craignait plus d'être violentée inopinément. Mais curieuse, elle le fixa. Toute distraction était bonne à prendre.
Le Junker grogna.
« Vais me doucher. »
Elle opina alors qu'il se dirigeait vers la petite salle de bain. La porte grinça sur ses gonds. Elle écouta les bruits, qui commençaient à devenir familiers dans cet espace sans intimité.
Le petit claquement mat du masque qu'il accrochait au clou dans le mur à gauche de l'évier.
Un grondement, alors que d'un geste des pieds, il virait ses lourdes bottes de cuir renforcées de métal.
Le son lourd de la salopette et de tout le bardas accroché dessus tombant au sol.
Le claquement métallique du harnais qui rejoignait le reste. Bientôt, elle entendit le discret bruit de l'eau qui coule. Les Junkers s'étaient fabriqué une douche. Un pommeau d'arrosoir monté au bout d'un tuyau, relié à un bidon sur le toit. Un luxe inattendu dans ce bouge. Un luxe dont elle n'avait pas longtemps hésité à profiter, malgré l'absence de loquet sur la porte. Une ou deux fois, elle avait entendu un petit rire excité se transformer en un glapissement de douleur, puis en une complainte : « Mais... Roadiiiie... », mais il n'y avait jamais rien eu de plus. Elle s'en était accommodée, bien plus que de la sueur et de poussière omniprésente.
Les Junkers se lavaient. Sporadiquement, en particulier dans le cas de Junkrat, et avec une économie de ressource et de temps qu'elle n'avait pas.
Cependant, au bout de cinq minutes d'un étrange silence, elle jeta un coup d'œil curieux en direction de la salle de bain. Jamais Roadhog n'avait passé autant de temps enfermé là-dedans sans qu'elle n'entende les bruits d'un long et fastidieux rhabillage entrecoupé de grognements.
Elle tendit l'oreille. Aucun bruit. Posant le magazine, elle se leva doucement, s'avançant prudemment, les sens aux aguets. Il lui sembla entendre un vague son étouffé. Comme un genre de gémissement. Elle s'approcha encore. Elle était assez près pour pouvoir coller son oreille contre le battant. Elle n'en fit rien. Cette fois, elle avait clairement entendu le son étouffé.
Elle toqua à la porte.
« Roadhog ? Tout va bien ? »
Il y eut un genre d'exclamation, une inspiration bruyante, comme si le géant sortait d'apnée, puis un « Oui, tout va bien » rauque.
Elle opina, un peu inutilement, la main restée suspendue en l'air. S'il arrivait quelque chose au gros Junker, autant doute qu'à son retour, Junkrat lui ferait la peau.
« Vous êtes sûr ? »
Un grondement affirmatif lui répondit. Grondement qui sonnait presque comme une plainte sur la fin.
C'est ce qui la décida à se pencher, collant son œil au trou de la serrure, comme l'avait sans doute fait Junkrat à plus d'une reprise alors qu'elle occupait la petite pièce.
Retenant avec peine une petite exclamation, Mei vira rouge pivoine, mais ne se releva pas tout de suite, comme fascinée par le spectacle. Le Junker ne lui avait pas menti. Il allait bien. Très bien. Très très bien, ses grondements étouffés par une serviette roulée coincée entre les mâchoires. Elle se redressa et s'éloigna sur la pointe des pieds. Arrivée sur le perron, elle se retourna et hurla bien fort « Je vais me dégourdir les jambes. Je suis dehors » avant de claquer la porte avec emphase. Suivant la barrière, elle fit lentement cinq tours de « jardin », avant de rentrer, espérant qu'il ait fini. Elle se sentait un peu moins gênée, bien que parfaitement consciente qu'elle n'avait pas repris sa couleur normale – mais si elle restait davantage dehors, elle allait attraper une insolation.
Elle rentra, expectative, seulement pour découvrir que le Junker avait réintégré sa chaise.
Il la fixait de ses yeux gris, la transperçant presque.
Ses joues s'enflammèrent à nouveau. Mal à l'aise, elle revint s'installer sur la canapé, attrapant le même magazine qu'auparavant. Lorsqu'elle releva le nez, il la fixait toujours. Elle se leva, et récupérant le verre ébréché qui lui avait été attribué – celui avec un bonhomme de neige faisant du surf – elle le remplit au jerrican contenant l'eau potable, avant de le boire très lentement. Elle n'avait plus soif, mais elle le remplit encore. Et sirota le liquide tiède au goût de plastique.
Finalement, elle n'y tint plus, et jeta un regard derrière elle, avant de se retourner d'un bloc, soudain très rigide et plus rouge que jamais. Le Junker la fixait toujours et, à en juger par la bosse évocatrice dans sa salopette, il bandait comme un âne. Dans son regard toujours calme, une lueur qui couvait à peine auparavant à présent brûlait.
Une pointe de peur tordit les entrailles de Mei. Elle était seule avec le géant. S'il décidait de faire quelque chose, elle serait sans défense.
Comme s'il avait lu dans ces pensées, le Junker rit.
« Tu veux pas, il se passe rien. »
C'était presque comme une invitation. Inspirant à fond pour se donner contenance, les mains crispées sur son verre, elle se retourna, tendue.
Toujours vautré sur sa chaise, ne faisant rien pour cacher ni son désir ni son sourire en coin, il la fixait.
« Tu as été gentille. On t'a pas fait de mal jusqu'à maintenant. On va pas commencer maintenant. »
« Et si je refuse ? »
Il haussa les épaules.
« Je vais reprendre une douche. »
Elle pencha la tête, curieuse.
« Et si j'accepte ? »
Le sourire devint carnassier.
« Je te prendrai, jusqu'à ce que tu cries mon nom de plaisir. »
Autant pour se donner un air que pour ne pas rester bêtement muette, elle lança du tac au tac :
« Je connais même pas ton nom. »
Son passage à un registre plus familier avait été naturel. Elle tiqua, surprise de sa propre répartie. Si le Junker le fut lui aussi, il ne le montra pas, se redressant lentement, s'approchant d'elle.
Bientôt, elle retrouva coincée entre lui et la kitchenette usée. Elle frémit. Pas vraiment de peur.
Il n'y avait pas de menace dans l'attitude de l'homme ou son énorme main tendue. Après une hésitation, elle lui rendit sa poigne, sa main minuscule dans la sienne. Il la serra avec fermeté.
« Mako » annonça-t-il.
« Heu... Mei... »
Il pouffa. Il connaissait déjà son nom, évidemment.
Il lui rendit sa main, mais ne bougea pas.
« Alors ? »
Mei se surprit à réfléchir sérieusement à une réponse.
Elle mentirait en disant ne trouver aucun des deux Junkers séduisant. Mais elle mentirait tout autant en prétendant ne pas sentir les petits frissons de désir qui l'avaient parcourue alors qu'il lui promettait de la faire crier. Quand était-ce, la dernière fois que quelqu'un l'avait regardée avec tant d'avidité? Longtemps. Avant Ecopoint Antarctica, en tout cas. Est-ce que c'était mal ? Évidemment. Est-ce que qui que ce soit devait le savoir ? Évidemment que non.
Est-ce qu'elle était vraiment en train d'y réfléchir ? Visiblement oui.
Elle tenta de se ressaisir. De se sermonner. Coucher avec ses kidnappeurs n'était pas ce que faisaient les gens sains d'esprit. En plus, si elle en jugeait pas les conditions de vies des deux compères, ils devaient être pleins de maladies et d'autres cochonneries.
Comme en réponse à ses questionnements internes, l'homme agita quelque chose sous son nez. Louchant un peu, elle le prit et détailla le petit emballage. Où est-ce qu'il avait bien pu trouver des capotes XXXL en plein désert ? Mystère.
Merde, XXXL. C'était énorme. Elle n'avait pas mal vu par le trou de la serrure !
Elle jeta un regard inquiet à la bosse qui protrudait sous la panse du géant.
Il eut un sourire. Aussi féroce que se voulant rassurant.
« Je suis pas une brute... »
Le regard dubitatif de Mei le coupa. Il haussa vaguement les épaules.
« Je suis une brute... mais je te ferai pas de mal. Pas envie. Tu as une jolie voix. J'ai envie que tu cries pour moi... que tu cries de plaisir... »
Le désir roulait dans sa voix graveleuse. Elle frémit. Elle le croyait. De la même manière qu'elle l'avait cru lorsqu'il lui avait dit qu'il la tuerait si elle essayait de s'en prendre à lui ou à Junkrat.
Elle opina, vaguement, sans vraiment s'en rendre compte.
Avec un grondement satisfait, le géant fit demi-tour, retournant s'avachir sur sa chaise qui protesta sous la charge.
« Tu peux dire non quand tu veux. Mais j'ai besoin que tu me dises oui, maintenant. »
« Sinon ? »
« Je retourne prendre une douche.» répondit-il platement.
Elle opina.
« OK, d'accord. »
Il fronça les sourcils, interrogateur.
D'une main tremblante, elle posa son verre. Qu'est-ce qu'elle était en train de faire ?
« Oui. C'est oui. »
Un sourire découvrant deux canines inférieures protubérantes fendit le visage de l'homme. Il se redressa.
« Il reste un peu d'eau dans la citerne. Utilise-la, avant que je la remplisse. »
Elle obéit, docilement, à moitié sonnée par ce à quoi elle venait de consentir.
Il n'avait pas menti, il ne restait pas beaucoup d'eau. Elle eut à peine de quoi se mouiller, se savonnant vaguement avant de se rincer tout aussi chichement.
Alors qu'elle s'enroulait dans le linge rose râpé qui lui avait été attribué, elle entendit l'échelle posée contre la façade grincer alors que le géant l'escaladait, bientôt suivi par le bruit torrentiel de l'énorme jerrican vidé dans le réservoir. Le manège se répéta encore trois fois, lui donnant le temps de se sécher et de se rhabiller, avant de sortir, circonspecte, sous le porche.
L'apercevant, le Junker, occupé à remplir son jerrican au puits, fit un geste vague dans sa direction.
« Placard de la chambre. La boîte rouge, en bas à gauche. »
Elle acquiesça et partit voir. La porte dudit placard coinçait un peu et elle dut la secouer pour parvenir à l'ouvrir. Un monceau de bordel, mélange de fringues et autres objets hétéroclites, s'empilait là. Coincée tout en bas, elle aperçut une boîte en métal rouge écaillé. Elle l'extirpa, priant pour ne pas finir ensevelie sous la pile instable.
Bientôt, elle se retrouva avec une petite cantine dans les mains. La posant par terre, elle l'ouvrit. Soigneusement pliés dans un sac plastique à usage unique comme on n'en fabriquait plus depuis bientôt deux décennies, de la literie blanche à rayures bleu pâle semblait attendre une occasion spéciale.
Elle déplia les draps. Ils étaient usés, mais propres, une vague odeur de lessive s'attardant même dessus. Elle ne put s'empêcher de pouffer. Voilà qui était pour le moins surprenant de la part d'une brute comme lui.
Elle eut vite fait de faire le lit. Il n'y avait pas de duvet à couvrir. Il faisait perpétuellement trop chaud ici. Juste le matelas et deux oreillers.
Le temps qu'elle termine, le Junker était de retour. D'un geste dextre, il abandonna son harnais dorsal et la machette ad-hoc, ainsi que ses autres armes sur la table de la cuisine.
Il continua à avancer vers elle, virant une botte, puis l'autre. Il la fixait, tranquillement. Paisiblement presque, continuant à se déshabiller. Envoyant genouillères et bracelets à piques rejoindre les bottes sur le sol.
Le temps qu'il passe la porte, il ne portait plus que sa salopette et, dans sa main, son masque.
Doucement, soigneusement, il ferma le battant grinçant, continuant à l'observer. Le geste n'était pas menaçant. Il ne l'enfermait pas avec lui. Il leur donnait un semblant d'intimité.
Elle ne pouvait pas s'empêcher de le fixer aussi. Il semblait remplir tout l'espace. Autant par sa présence presque magnétique que par son simple volume.
Lentement, il se dirigea vers le lit qu'elle avait fait, et, posant le masque sur la caisse en plastique faisant office de table de nuit, il retira sa salopette. Il ne portait rien en dessous, et un instant, glorieux dans une nudité revendiquée, il la défia presque du regard. Elle rougit mais ne flancha pas, prenant le temps de le détailler de haut en bas.
Il ne bougea pas avant qu'elle ait fini, puis, aussi tranquillement que douloureusement, il s'agenouilla avant de s'allonger sur le vieux matelas, à moitié avachi contre le mur contre lequel il avait posé un des oreillers.
D'un geste de la main, il l'invita à s'approcher. Elle fit un pas.
D'un autre geste, il lui intima de se déshabiller. Elle hésita un instant, puis s'exécuta.
C'était troublant. L'intensité du regard de l'homme. Son érection que plus rien ne cachait, pulsant sporadiquement. Les grondements sourds d'approbation à chaque vêtement retiré.
Finalement, elle laissa tomber sa culotte sur le reste de ses affaires poisseuses de crasse et de sueur.
Il lui fit à nouveau signe d'approcher. Elle fit un pas, puis deux, s'arrêtant juste à côté du matelas.
Lentement, il tendit la main, jusqu'à toucher sa jambe. Elle aurait eu mille fois le temps de s'écarter. Elle n'en fit rien. Il pétrit doucement sa cuisse. Fermement, mais sans lui faire mal.
Elle ne broncha pas. Après quelques instants, il la tira doucement, l'invitant à le rejoindre sur le matelas. Elle s'agenouilla. La main passa de sa cuisse à sa hanche.
Les doigts un peu tremblants, elle effleura son épaule. Continuant à pétrir doucement sa hanche, il la laissa faire, l'observant avec attention. Elle remonta vers la clavicule, fascinée par la texture de la peau de l'homme, tannée par le soleil, grumeleuse de mélanomes et autres anomalies dermiques, sporadiquement piquetée de poils gris aussi doux que de la soie.
« Viens sur moi. »
Une invitation plus qu'un ordre. Les paroles s'assortirent d'une petite poussée encourageante sur ses reins. Après une hésitation, suivant la poigne qui la guidait, elle grimpa un peu maladroitement en travers de son torse, au dessus de l'immense panse.
Une fois installée, elle haussa vaguement les épaules, l'air de dire « et maintenant quoi ? »
Il rit, d'un son grave et roulant qui résonnait en elle.
« Jolie vue » susurra-t-il, malaxant avec la même fermeté un de ses seins que le reste de son corps. Elle se mordit les lèvres, ravalant un petit gémissement de plaisir.
Son manège ne sembla pas lui échapper. Sans lâcher sa poitrine, il glissa l'autre main dans le bas de son dos, secouant un peu son fessier avant de le pétrir aussi. Elle frissonna. Attrapant à pleine main une de ses fesses, il glissa son petit doigt entre ses cuisses, venant effleurer l'arrière de son sexe. Elle frémit, comme électrisée. Pas un instant, il n'avait cessé de la dévorer du regard. Et pourtant, il n'y avait aucun empressement dans ses gestes. Aucune frénésie.
Tranquillement, il commença à tracer de petits cercles sur cette zone si sensible entre son sexe et ses fesses. Encore et encore le même geste. Au bout d'un moment, il changea de sein, sans arrêter pour autant.
Elle étouffa un autre gémissement, se cambrant un peu. C'était bon, mais plus son désir montait, plus son excitation montait, moins c'était suffisant. Elle en voulait plus !
Se mordant toujours les lèvres, elle se tortilla un peu, tentant de positionner cette énorme main là où elle avait vraiment envie de la sentir.
Il rit et, ondulant avec une étonnante agilité pour quelqu'un de sa stature, bougeant comme si elle ne pesait rien, il descendit sur le lit, s'allongeant bien à plat sur le matelas.
Lâchant sa poitrine, il vira l'oreiller qui traînait derrière sa tête, puis glissa son bras sous sa cuisse, avant de faire de même avec l'autre. Repliant ses bras derrière elle, il l'encouragea à s'avancer.
Elle lui jeta un regard interrogateur. Est-ce qu'il voulait faire ce qu'elle pensait qu'il voulait faire ? Avec un sourire prédateur, il se lécha les lèvres, continuant à la pousser doucement dans le dos.
Un frisson la secoua. C'était obscène ! Mais pendant un bref instant, elle avait eu la sensation parfaitement claire de l'épaisse bouche lippue suçant son clitoris. Elle céda à la poussée et s'avança, attentive à ne pas coincer des mèches de ses cheveux gris sous ses genoux.
Fixant le mur sale devant elle, elle continua d'avancer jusqu'à ce que, d'un tapotement sur ses reins, il lui signe qu'elle était là où il voulait qu'elle soit.
Elle sentait son souffle chaud et lourd contre son intimité, déjà bien engluée de ses attouchements précédents.
« Viens. »
Une fois encore, une invitation.
Elle baissa le regard, croisant les pupilles d'acier qui la fixaient entre ses cuisses. Il la voulait. Elle gémit. Frissonna. Jamais personne ne l'avait traitée comme ça. Aussi intensément. Aussi calmement. Aussi sincèrement. Elle ferma les yeux, incapable de soutenir le regard. D'une main posée sur sa hanche, il l'encouragea. Elle descendit sur son assise, jusqu'à ce que le souffle chaud se transforme en un contact brûlant.
Tendant un peu le cou, il effleurait à peine son sexe, déposant de petit baisers suçotés sur son pourtour. Elle gémit, carrant les épaules pour bloquer sa position.
Il continua son manège un moment, ne cachant pas quelques longues inspirations appréciatives.
Les yeux toujours clos, elle tenta de profiter de l'instant présent, incapable d'oublier totalement la présence presque écrasante du Junker derrière les effleurements doux.
Soudain, il la tira contre lui, lui arrachant un glapissement de surprise alors qu'elle se retrouvait assise de tout son poids sur son visage.
Une langue épaisse et chaude remonta le long de ses lèvres, passant outre peu après son vagin, venant s'écraser fermement contre son clitoris.
Elle gémit, tendant les bras pour ne pas partir en avant sous la vague de plaisir.
Le Junker pouffa sous elle. Le son était étouffé, mais la vibration la fit se tendre un peu plus. Il recommença, encore et encore et encore, imperturbable.
C'était bon. Tellement bon. Mais comme précédemment, elle sentit la frustration monter. Alors que le presque trop se transformait en pas assez, et qu'elle en voulait plus.
De petits coups de reins commencèrent à l'agiter, alors qu'elle tentait d'obtenir ce petit plus de stimulation qui lui manquait.
L'homme rit encore, lui offrant un peu plus. Juste pas assez, alors qu'à la fin de chaque geste, il suçotait un bref instant son clitoris gonflé de désir.
Lorsque il repassa un doigts entre ses cuisses, une main à nouveau drapée sur une de ses fesses pour revenir tracer de petits cercles juste derrière son sexe, elle dut s'appuyer du bras contre le mur pour ne pas s'assommer contre. Dans la chaleur étouffante de cet fin d'après-midi australien, elle n'arrivait plus à respirer. La tête lui tournait.
Elle gémit, haletante.
« Ah... ah... Mā de... »
Le Junker pouffa, envoyant à nouveau une vibration sourde courir dans tout son corps. Elle gémit. Elle n'en pouvait plus de rester coincée là, juste à la limite de son orgasme.
« Gāisǐ, húndàn! » jura-t-elle, transférant une partie de son poids sur ses mains, les poings serrés dans les draps. Elle se redressa un peu et fit l'erreur de jeter un regard. Le Junker lui lança un coup d'œil curieux, alors que d'une inspiration rauque, il reprenait son souffle.
Autant pour faire disparaître ce visage que pour ne pas se donner le temps de réfléchir, ce qui implacablement la couperait dans son impulsion, elle se rassit, se frottant presque sauvagement contre cette face féroce.
L'homme émit un son étranglé de surprise, mais se reprit bien vite, et il vint poser sa main sur sa hanche, suivant, étudiant presque ses mouvements avant de s'y adapter, accompagnant ses gestes avec une adresse certaine. Sa langue, ses lèvres, ses dents même semblaient toujours être au bon endroit au bon moment.
Elle finit par jouir, par saccades, brutalement, inconfortablement presque.
Pantelante, elle se laissa retomber à moitié contre le mur, alors que le Junker, tout en l'empêchant de trop s'éloigner, reprenait bruyamment son souffle, embrassant de temps à autre son sexe et ses cuisses, avec douceur, tendresse presque.
Finalement, elle fit mine de s'écarter et il ne la retint pas. Les genoux tremblants, elle se laissa tomber sur le matelas à côté de lui. L'homme l'observa, un demi-sourire aux lèvres, s'essuyant d'un revers de main.
Une pointe de défi la saisit.
« J'ai pas dit ton nom ! » plastronna-t-elle.
Il opina.
« Tant mieux. » gronda-t-il, l'attirant à lui.
Il l'embrassa. Sa propre odeur presque âcre se mêlait à celle de l'Australien, menaçant de la suffoquer. Elle se débattit un instant. Une langue s'insinua dans sa bouche. Elle gémit. Qu'est-ce qui se passait ? Pourquoi c'était aussi bon ? Aussi sensuel ? Aussi excitant ?
Il passa un bras sous sa tête, s'installant un peu plus confortablement face à elle, sans jamais cesser de l'embrasser. Lentement, patiemment, profondément.
Elle n'essaya pas de s'échapper, gémissant et frissonnant de désir et de plaisir.
Il insinua son autre main entre ses jambes, malaxant paresseusement l'intérieur de sa cuisse, juste à portée. Il lui suffisait de se tortiller un peu, pour pouvoir se frotter contre. Elle ne se fit pas prier. Parfois le Junker grondait son excitation, son désir, sans cesser de l'embrasser, et ça l'enflammait encore plus.
Finalement, avec cette même force tranquille, il déplia un peu la main, entre ses cuisses, arrêtant ses caresses, arrêtant de l'embrasser. Il la fixait, en silence. Elle comprit. Sourit. Ferma les yeux, se concentrant sur ses sensations, gémissant de plaisir anticipé. Doucement, elle se cambra, comme elle l'avait tant fait ces dernières minutes. Cette fois, au lieu de simplement glisser contre son sexe, le pouce de Roadhog entra en elle. Ou plutôt, elle vint s'empaler dessus. Elle frémit, courbant les reins, repartant dans l'autre sens.
Il ne bougeait toujours pas. Elle rouvrit les yeux. Il l'observait toujours, elle lui rendit son regard, par défi, par envie, par quoi ? Il sourit, comme un adversaire qui relève un challenge. Elle ondula encore. Et encore, s'agrippant aux cheveux étonnamment doux, écrasant ses lèvres contre celles du Junker. Il était là, partout, en elle, à côté d'elle, partout. Elle n'était plus elle. Juste une boule de sensations, de désirs, de pulsions. Un amas de choses refoulées et insatisfaites. Lorsqu'il retira sa main, elle ne put retenir un petit grondement frustré, presque animal, le fusillant du regard.
De son bras passé sous sa nuque, il lui frotta le dos en un geste apaisant, tandis que de l'autre, il lui faisait un peu écarter les cuisses. Elle obtempéra, coinçant son pied sous son autre jambe, un genou pointant vers le plafond. Ayant plus de place pour manœuvrer, Roadhog remit sa main sur son sexe, cette fois bien à plat. Elle se mordilla la lèvre d'anticipation, se cambrant et fermant les yeux alors qu'il glissait un doigt en elle, profondément, en un long mouvement continu. Il répéta le geste à trois reprises, lui arrachant à chaque fois un nouveau gémissement alors que le plaisir recommençait à monter, couche par couche, presque comme on assemble une pâtisserie poisseuse.
Elle frémit, se crispant insensiblement, alors qu'il glissait un second doigt en elle. Elle se décontracta bien vite, alors que son corps s'adaptait, s'étirant autour des doigts plus larges que la plupart des membres virils qu'elle ait jamais vu.
Il continua le même va-et-vient, qu'elle se surprit à accompagner de longs mouvements lascifs des hanches.
Finalement, il tenta un troisième doigt. Elle se figea alors qu'il butait sur son étroitesse. Il ne tenta pas de forcer.
Étrangement, il eut un petit grondement satisfait. Presque comme s'il était heureux de cet obstacle.
Il ne retira pas ceux qui étaient déjà en elle, mais se remit à l'embrasser. D'abord très doucement. Lentement, alors que du pouce, il passait et repassait sur son clitoris, la main toujours immobile.
Elle se détendit. S'abandonna à ses caresses, ses mains égarées quelque part sur son torse.
Ses baisers se firent plus insistants, plus intrusifs, presque dissonant en contraste du rythme paresseux de sa main. Un long frisson la traversa, son sexe pulsant furieusement sur ce corps étranger trop immobile en elle. Il appuya son doigt juste contre sa chair, petite pression supplémentaire qui faisait monter son plaisir. Elle se remit à onduler, par petits tressaillements nerveux. Parce qu'une fois encore, c'était juste pas assez. Qu'il lui en fallait plus.
Soudain, elle ne fut plus trop étroite. Elle se figea un instant, surprise. D'être si souple. Si malléable.
Le Junker lui sourit, seul son pouce bougeant toujours sur son clitoris.
Elle testa les limites de son corps et de son plaisir. La pression était certaine. Mais ce n'était pas de la douleur. Juste une sensation de muscles étirés, tendus, poussés dans leurs limites. Une tension qui ajoutait quelque chose de presque piquant à son plaisir. Elle se cambra encore un peu, jouant plus qu'autre chose de leurs deux corps et de ses sensations.
« Tu es prête. »
Une simple constatation. Elle frémit, tremblante de ces interminables préliminaires. Est-ce que ça allait enfin être assez ?
La main du Junker était toujours en elle, son pouce bougeant toujours.
« Dis-le. » exigea-t-il.
Elle hocha la tête de gauche à droite, puis de bas en haut. Non, elle était incapable de parler. Oui, elle le voulait. Non, c'était plus que le vouloir. Elle en avait besoin.
Elle essaya de se forcer à parler. Bafouilla un peu. Toussota, la gorge sèche. Bafouilla davantage.
« Prends-moi. »
Les mots finirent par sortir, à peine un murmure.
Il gronda un assentiment et se redressa, la laissant seule et désemparée sur le matelas.
Se penchant, il ramassa une bouteille qu'elle n'avait pas remarqué au chevet du lit et la lui tendit, puis attrapant sa salopette qui traînait non loin, il récupéra la capote dans la poche.
Elle but goulûment, se découvrant assoiffée, puis lui tendit la bouteille. Il but également, avant de rejeter la bouteille sur ses vêtements.
« Comment ? » demanda-t-il.
Elle réfléchit, l'observant distraitement, alors qu'il se battait un peu avec l'emballage, avant d'installer le dispositif à l'aveugle, son ventre proéminent lui bouchant la vue.
« En levrette... » lâcha-t-elle finalement avant de virer pivoine en réalisant ce qu'elle venait de dire.
Il gronda un assentiment.
« Tourne-toi. »
Elle obéit, enfouissant sa gêne et son visage dans les draps, à présent poisseux de la sueur du Junker, à l'odeur musquée et goudronneuse.
Pendant un très long instant, elle resta comme ça, à quatre pattes, les fesses en l'air, la tête dans le matelas, bien seule, puis le colosse s'approcha, s'installant soigneusement derrière elle, les mains sur ses hanches. Son ventre appuyait un peu sur le haut de ses fesses.
D'un main, il glissa son sexe entre ses cuisses, le laissant frotter contre le sien. Elle gémit et se crispa un peu.
Le Junker se pencha un peu.
« Ça va ? »
Elle opina vaguement, parvint à éructer un « Doucement ! » et, du coin de l'œil, aperçut un pouce en l'air.
Le Junker était homme de parole, et elle lui en fut infiniment reconnaissante. Durant leur courte pause, elle s'était déjà un peu resserrée.
En vérité, il se contenta de simplement positionner d'une main son sexe face au sien, alors que de l'autre, toujours sur sa hanche, il l'encourageait à bouger. Ce qu'elle fit, à son rythme, lentement et par tous petits bouts, se laissant le temps de s'accoutumer à la force de la nature qu'était le géant.
« Ah... ah... Wow... C'est... c'est bon... » haleta-t-elle finalement.
D'un minuscule mouvement des hanches, il testa son affirmation. Elle gémit. Elle était déjà tellement excitée, tellement stimulée, tellement pleine de frustration, de désir, de lui, que ce petit rien était déjà presque trop.
Il recommença, augmentant à chaque va-et-vient l'amplitude de son geste, jusqu'à atteindre un rythme de croisière, qui évoqua à Mei les locomotives à vapeur d'antan qu'elle avait pu voir dans les vieux films du siècle passé.
C'était bon. Obnubilant, bien que juste pas assez, une fois de plus. Cambrant le dos, elle tenta d'augmenter un peu ses sensations. L'homme gronda dans son dos. Avec un hoquet de surprise, elle réalisa qu'il pouvait bander encore plus dur. Un tremblement la parcourut, transformant son gémissement en un genre de râle de délicieuse agonie. Les mains immenses sur ses hanches se resserrèrent un peu, la maintenant plus fermement, mais il ne changea pas de rythme.
C'était insupportable ! Il la tenait, là, juste à un battement de cœur d'un orgasme qu'elle devinait ravageur. Juste un peu plus fort, juste un peu plus vite, par pitié !
Elle tenta de reprendre son souffle, relevant un peu la tête. Le Junker grognait parfois, le souffle court mais stable.
« ... Plus... plus... plus fort... » parvint-elle à murmurer.
Il gronda, un assentiment peut-être, et se penchant en avant, la plaqua avec force, de ses deux mains enserrant ses omoplates.
Elle étouffa un petit cri, autant plaisir que surprise alors que l'angle de pénétration changeait subtilement, renouvelant les sensations.
Il l'écrasait presque, mais elle parvenait à respirer, malgré son souffle déjà erratique, et ainsi appuyé sur elle, il l'immobilisait, l'empêchant de bouger sous ses coups de reins, qu'elle ressentait plus intensément, bien qu'il n'ait rien changé à son rythme hypnotique.
Des longs tressaillements la parcourait, alors qu'elle tentait de ne pas oublier d'inspirer et d'expirer, encore plus près de cet orgasme qui ne venait pas.
Elle essaya, en vain, de bouger, pour obtenir ce petit plus qui lui faisait tant défaut.
Finalement, elle n'en put plus.
« Pitié... pitié... »
« Dis-le. »
« Mako... pitié... »
Il s'appuya un peu plus lourdement sur elle, lui coupant le souffle, alors qu'enfin il brisait son rythme. Il ne fallut que trois coups de reins à Mei pour jouir. Bruyamment, à sa plus grande honte. Alors que son corps se contractait sous les vagues de plaisir, enserrant presque douloureusement le sexe du Junker, ce dernier étouffa un genre de hululement sourd, et continua furieusement, relâchant tout juste assez la pression sur ses épaules pour qu'elle puisse respirer.
Pendant quelques secondes, Mei, vidée par son orgasme, ne ressentit plus rien, puis très vite, très fort, le plaisir remonta. En moins d'une minute, elle étouffait de nouveaux cris de jouissance dans le matelas. Cette fois, le plaisir ne redescendit pas. C'était comme si elle slalomait au sommet de cette crête qu'elle avait tant peiné à franchir. Au bout du troisième ou quatrième orgasme consécutif, Roadhog, avec un grondement sourd, se figea, tremblant, enfoncé le plus profondément possible en elle.
Elle gémit, frustrée, alors qu'il s'effondrait un peu sur elle, attentif à ne toutefois pas l'écraser, la respiration lourde et sifflante.
Un autre gémissement, plus frustré, lui échappa, alors qu'elle le sentait mollir en elle.
«Mako ! » rouspéta-t-elle.
Il rit. Un amusement teinté d'autre chose. De la tendresse, peut-être ? De la compassion, certainement.
Doucement, il se dégagea, virant d'un geste leste la capote usagée, qu'il balança en direction d'un seau vide traînant dans un coin de la pièce après l'avoir nouée.
Toujours frustrée, presque fâchée, Mei n'avait pas bougé, profitant de la quasi fraîcheur de l'air brûlant sur ses cuisses et ses fesses, trempées de sueur et d'autres choses.
Elle glapit de surprise lorsque le Junker la ramassa comme on ramasse une poupée de chiffon, et assis en bout de lit, la fit s'accroupir devant lui, l'enlaçant doucement, embrassant sa nuque avec une sensualité surprenante, alors qu'il glissait à nouveau une main entre ses cuisses.
Elle sentit le plaisir remonter alors qu'il l'effleurait. Elle gémit. Il n'hésita pas.
Cette fois, il ne s'arrêta pas « juste trop tôt ».
« Mako... oh... Mako... Mako... Mako... »
C'était comme une litanie qui s'échappait de ses lèvres, murmurée encore et encore.
Les gestes de l'homme se firent plus erratiques, alors qu'avec un grondement sourd, il lui mordait l'épaule. Pas assez pour lui faire mal, ni même laisser une marque, mais assez pour lui arracher un petit cri, mi-crainte, mi-plaisir.
Finalement, le pas assez devenu juste comme il faut, devint trop, et d'une main, elle l'arrêta.
Il cessa ses caresses mais ne la lâcha pas tout de suite, s'assurant qu'elle n'allait pas lamentablement s'effondrer avant. Elle lui en fut reconnaissante, récupérant un peu de contenance, appuyée contre lui, avant de se dégager, seulement pour s'allonger, momentanément incapable de se tenir sur ses jambes.
Le Junker ne semblait pas tant atteint et, assis au bord du matelas, il tripotait son masque, ajustant les sangles avant de le poser sur son front.
Défoncée par les hormones, Mei lui caressa distraitement la hanche.
« Merci. »
L'homme se retourna, la dévisageant presque avec surprise.
« Merci à toi. » gronda-t-il, avant de rabattre le masque, le bruit crissant de la ventilation étouffant les sifflements de ses poumons fatigués.
Il se redressa péniblement, renfila vaguement sa salopette, récupéra la capote usagée et sortit, refermant la porte derrière lui, laissant Mei seule avec elle-même.
Roulant sur le dos, elle attrapa la bouteille qui contenait encore un fond d'eau, dont elle prit une gorgée, la faisant tourner dans sa bouche, fixant le plafond sans le voir.
Elle ne parvenait pas à se sentir mal. Ou honteuse. Ou quoi que ce soit de ce genre. Elle se sentait juste bien dans la chaleur moite de la pièce. A la fois vidée et comblée.
Elle avait dû s'assoupir, car lorsqu'elle rouvrit les yeux, le soleil projetait des ombres rouges sur le plafond.
Avec un petit gémissement dépité, elle constata qu'elle aurait bien besoin d'une nouvelle douche.
Elle renfila son t-shirt et sa culotte et sortit, ses autres vêtements à la main.
Dans la pièce principale, incongrûment assis sur la table, des croquis et des notes étalées autour de lui, Junkrat la salua d'un geste de la main et d'un grand sourire.
Virant pivoine, Mei se réfugia dans la salle de bain. Elle vida tout le réservoir sur le toit, mais finalement se sentit suffisamment redevenue elle-même, suffisamment calme et suffisamment propre, pour oser sortir.
Le pyromane n'avait pas vraiment bougé. A moins de repartir s'enfermer dans la chambre, moite et puante de leurs ébats, elle était obligée d'au moins lui passer devant.
Elle prit le parti de faire comme si de rien n'était et, assoiffée, elle se servit un verre d'eau.
Le maigre Junker posa finalement son carnet et ricana.
« Il a pas réussi à te faire crier son nom.» nota-t-il, une pointe d'admiration dans la voix.
Elle s'étouffa sur sa gorgée, la crachant de justesse en direction approximative de l'évier, le visage en feu.
Le silence retomba.
« Il est où ? » demanda-t-elle, l'absence du géant soudain flagrante.
Junkrat haussa les épaules.
« Sais pas. Qu'èque part dehors. » offrit-il en plus d'un geste vague.
Il observa ensuite leur « otage » avec intensité.
« Il t'aime bien. Roadie aime pas beaucoup de monde. Mais il t'aime bien. Moi aussi, je t'aime bien. C'est pour ça qu'on t'a pas tuée. »
Elle opina vaguement. Maigre consolation.
Le Junker sembla se rappeler quelque chose et, sautant au bas de la table, il farfouilla dans les poches de son short.
« Ah, tiens ! Regarde. »
Il lui tendit une feuille chiffonnée qu'elle saisit, fixant le relevé bancaire sans comprendre.
« Qu'est-ce que c'est ? »
« Tes p'tits copains d'Overwatch ont pas réussi à te retrouver. Alors, ils ont payé ta rançon. T'es libre, flocon de neige. »
« Vous... vous me libérez ? »
« Ouaip. Je vais te raccompagner jusque chez le vieux Clarke. De là, tu pourras grimper dans un camion à destination d'Alice Springs ou de Yulara. Là-bas, tu trouveras bien un téléphone pour appeler les secours, hein. »
Elle n'en croyait pas ses oreilles. Elle était libre ! Enfin libre !
Le Junker se racla la gorge.
« Hum, si tu veux partir... on ferait bien d'y aller maintenant. Avant que Roadie ne revienne. Ça va lui faire de la peine de te voir t'en aller. »
« Si... je... veux... partir ? » bafouilla-t-elle, perplexe.
« Ouaip. Tu peux rester si tu veux. Je te l'ai dit : Roadie et moi, on t'aime bien. Et pis, c'est vrai que c'est plus cool ici quand c'est... rangé. » ricana-t-il, rougissant un peu de son aveu.
Elle ne put retenir un sourire tordu. Il lui proposait de rester. Après l'avoir retenue en otage pendant des semaines. Et pourtant, la pensée l'effleura vraiment.
Elle la repoussa bien vite.
« Faudrait me rendre mes affaires. » nota-t-elle.
Le jeune homme opina, l'air déçu mais pas surpris.
Il lui fit signe de le suivre. Elle s'exécuta.
.
La nuit était tombée depuis longtemps sur le bush. Le bungalow semblait presque vide alors qu'ils partageaient en silence du pain toast rassis et une boîte de viande de singe.
Junkrat ricana.
« C'est dommage qu'elle soit pas restée... mais c'est vrai que cette vie, c'est pas pour les dames comme elle, hein, Roadie ?»
Le géant grogna, insondable.
Son comparse ramassa la boîte de pâté vide afin d'en saucer les dernières miettes avec un bout de pain. Son nettoyage terminé, il abandonna la conserve sur le vieux formica craquelé, se renversant en arrière sur sa chaise.
« Héhé... T'as pas réussi à lui faire crier ton nom, hein, avoue ? »
Un silence lourd d'avertissement l'accueillit.
Junkrat se redressa.
« Mais t'auras p't'êt une autre occasion... » ajouta-t-il avec un air de conspirateur.
Roadhog soupira sous son masque. Qu'est-ce que son imbécile de patron avait encore fait ?
« T'en fais pas, mon pote. Je lui ai juste filé l'adresse de Clarke. Je lui ait dit que si elle repassait dans le coin, et qu'elle avait envie de passer dire coucou, elle avait qu'à laisser un message là-bas. Que le vieux Clarke, il saurait comment nous contacter... »
Mako soupira. Pour une fois, Jamieson n'avait pas été un complet imbécile. Il était con d'oser croire que Mei-Ling Zhou ait jamais envie de les revoir, après qu'ils l'aient prise en otage, quoi qu'il se soit passé entre eux. Mais au moins, il n'avait pas mis leur sécurité directement en danger en donnant leur adresse ou Dieu sait quoi d'autre à un agent d'Overwatch.
Et pourtant, pourtant, une petite part de Mako espérait que pour une fois, son ami n'ait pas tort.
