Chapitre 2

⸙

Deux cavaliers avançaient au galop dans l'étroit chemin qui s'étendait profondément au milieu de la forêt d'Irène, au milieux d'immenses arbres dont la cime se perdait dans la nuit. En tête, un homme chevauchant un Galopa ouvrait la voie, éclairant par les flammes de sa monture leur chemin.

Il était suivi d'un autre homme au physique imposant, montant quant à lui un Bourrinos dont les sabots tambourinaient bruyamment sur le sol, perturbant la tranquillité de la nuit. Les bras accrochés dans le de ce dernier, un troisième voyageur tentait tant bien que mal de tenir sur le remuant Bourrinos qui filait à toute allure dans l'obscurité. Bien plus petit que ses compagnons de voyage, il ne semblait être qu'un adolescent, voir même un enfant.

Le cavalier de tête ne semblait nullement dérangé par le manque de visibilité, que les flammes de sa monture ne dissipaient qu'à peine, et avançait à un rythme effréné sur son Galopa, que le Bourrinos peinait à suivre sans se laisser distancer, malgré de lourds efforts. La foret était dense et les arbres gigantesques et leurs feuillages couvraient totalement la voute céleste, privant les voyageurs des lueurs de la lune pour les éclairer.

Seul les flammes du Galopa éclairaient les voyageurs dans ce paysage inquiétant. Le chemin qu'ils suivaient semblait avoir été laissé à l'abandon depuis de nombreuses années, et sa trace était parfois difficile à suivre tant l'herbe avait repris ses droits sur les pavements, et le manque de lumière les rendaient encore plus ardus à suivre.

La forêt en elle-même était, s'il fallait faire abstraction du boucan que faisaient les sabots du Bourrinos sur les pavés, d'une tranquillité déconcertante. Bien que la nuit soit tombée depuis longtemps, l'atmosphère qui entourait la forêt paraissait étrange.

Ils n'avaient croisé aucun Pokémon sauvage depuis qu'ils étaient entrés dans la forêt, comme si nulle âme ne vivait plus dans cet endroit depuis longtemps.

⸙

Ils galopaient depuis longtemps dans ce lieu étrange, quand la densité des arbres commença petit à petit à baisser. Ils arrivaient enfin à l'orée de la forêt et les voyageurs quittaient enfin l'atmosphère inquiétante qui entourait cette dernière et qui laissait désormais sa place à une plaine à peine éclairée par la lune. Un bâtiment isolé qui ne formait qu'une gigantesque masse sombre dans la nuit prenait place au plein milieu de la plaine.

Une enceinte de pierre entourait le bâtiment et les cavaliers finirent par poser le pied devant le grand portail qui permettait d'y pénétrer.

Malgré l'obscurité, les formes de deux Draco sculptés sur le portail étaient facilement distinguables.

Les deux hommes et l'adolescent prirent quelques instants pour apprécier le retour sur la terre ferme. Pendant ce temps, un individu muni d'une lampe torche était sorti du bâtiment et se rapprochait du trio.

-Lieutenant Junien? s'enquit ce dernier d'un ton autoritaire.

-C'est moi-même, répondit d'un ton fatigué l'homme qui tenait les rênes du Galopa. Et j'imagine que vous devez être Sir Agnel, Directeur de l'Académie des Officiers?

L'homme grimaça. C'était un homme d'une petite stature, au dos cambré et appuyé sur une canne.

-Malheureusement, oui. Quelle idée de faire languir un noble de premier plan aux plus sombres heures de la nuit. J'espère qu'il en vaut la peine.

-Soldat Ruy! se présenta à son tour avec enthousiasme l'imposant camarade du Lieutenant Junien, bien que personne ne lui ai rien demandé.

Le dénommé Agnel, se rapprocha de l'adolescent, qui était resté muet, en retrait derrière le soldat Ruy. Malgré l'obscurité, il pouvait distinguer ses cheveux noirs qui semblaient avoir été taillés au sabre, et surtout ses yeux dont les pupilles toutes aussi noir fixaient le directeur.

-Je l'imaginais plus grand… marmonna sir Agnel. Mais il a bien la tête de l'emploi… Et le regard surtout. J'en frissonnerais presque.

Le nouveau venu continua de fixer le garçon. Ce dernier ne broncha pas.

-Il est un peu débraillé… continua-t-il , mais il pourrait presque passer pour un noble avec un peu de travail. C'est dommage, on aurait pu tenter de le faire passer pour le fils d'un obscure seigneur local mort durant la guerre.

Junien s'abstint de s'étonner à haute voix des détails que parvenaient à distinguer le directeur de l'Académie, dans l'obscurité.

Constatant qu'un silence commençait à s'installer, le lieutenant commenta:

-Excusez nous d'arriver si tard. Le chemin depuis le Régiment du Nord était infesté de Pokémon sauvages… Plus personnes n'emprunte ces routes de nos jours…

-Vous avez eu des difficultés pour venir?

Junien eu un regard vers l'adolescent.

-Pas avec ce gars là non. J'ai plus de crainte pour le voyage retour…

-Vous savez tout le monde est très curieux à propos de ce garçon. Ce n'est pas la première fois qu'un roturier franchit les murs de l'Académie, mais tout de même… Et derrière lui j'imagine que c'est…

-Vous avez vraiment de bons yeux Sir Agnel… En effet c'est le partenaire de ce jeune homme.

Derrière le garçon aux cheveux noirs, se tenait un Pifeuil, prêt à bondir au moindre geste suspect de cet homme étrange.