Bonjour à tous et à toutes,
Nous voici à la fin de ce triptyque "Prélude" ! J'espère qu'il vous aura plu et qu'il a permis de vous présenter Ambre, OC qui accompagnera Link au cours de son voyage. Certains points seront expliqués au cours de la fanfiction principale, "Another Breath in the Wild", même si le point de vue principal sera et restera celui de Link. J'espère qu'il aura apporté quelques éclaircissements concernant des éléments liés à mon ancienne fanfiction "l'Enfant Des Temps Obscurs", se déroulant au cours d'Ocarina of Time.
Pour le reste, je reste bien évidemment à votre disposition par MP. N'hésitez pas à me contacter ou à me laisser un commentaire, je lirai vos messages avec plaisir.
Sur ces bons mots, je retourne me pencher sur la rédaction des prochains chapitres d'"Another Breath in the Wild" !
Bonne lecture,
Lenia41.
Prélude 3 – L'Aube du Crépuscule
Plateau d'Hyrule. Sommet du Mont Hylia. Quelques jours plus tôt.
Le Mont Hylia trônait avec fierté sur les terres élevées du Plateau. S'il ne représentait le pic le plus élevé des montagnes hyliennes, il n'avait rien à envier en termes d'enneigement et de faune glaciale, sur ses flancs comme à ses pieds. Le vent glacé qui y soufflait n'était pas aussi mordant que celui qui hurlait dans les montagnes du territoire piaf, mais il n'en restait pas moins saisissant.
Un hurlement strident perça les airs, telle une lance qui fit déguerpir les créatures du coin. Nul n'oserait déranger le seigneur des lieux. Tous craignaient que leur audace ne leur coûte la vie.
Enfin, presque tous.
Un choc sourd et retentissant fit vibrer les arpents rocheux. La neige, soulevée comme l'écume d'une lame de fond soulevé par la fureur de l'océan, se maria à la roche projetée par la force surhumaine qui venait de la frapper. Une queue immense, longue et élancée, fouettait avec rage l'air, la neige et la terre aux alentours, comme si elle cherchait à chasser une mouche à tout prix.
Sauf que présentement ici, la mouche en question, c'était elle.
- Saleté de reptile ailé ! Vociféra avec ferveur Ambre en s'écartant de justesse de la chute de pierres.
Non vraiment, elle détestait ces créatures. Elle préférerait presque affronter un Lynel plutôt que de se retrouver face à ces engeances. Elle ne s'était jamais vraiment expliquée pourquoi elle ressentait un tel dégoût envers les reptiles de tout acabit. C'était presque instinctif. Dès qu'elle voyait un dragon ou un être reptilien sauvage, c'était toujours 'tuer ou être tuée'. Fort de cette conviction, la jeune voyageuse s'était assurée de se tenir aussi loin que possible de ces entités quand elles étaient trop puissantes pour elle, ou de les tuer si elle était en mesure de les abattre.
Sauf que là, elle n'avait pas trop eu son mot à dire. Un maudit dragon des glaces, un juvénile, avait surgi devant elle alors qu'elle quittait la grotte du sommet avec le butin qu'elle cherchait.
- Je me disais aussi que c'était un peu trop simple jusqu'ici, grommela l'hylienne les lèvres serrées.
Elle n'avait pas trop le choix que de recourir à l'arc de chevalier qui était si cher à son cœur. La fichue saleté avait les écailles si coriaces que nombre de ses arcs s'étaient brisés avant qu'elle ne puisse seulement lui faire une égratignure. Le combat rapproché, qui n'était pas son fort, n'avait pas été plus payant. Tout ce qu'elle pouvait manier était des dagues, des épées courtes ou des lances, et rien de ce qu'elle possédait ne s'était avéré efficace. Même la fourche de foudre, qu'elle avait eue tant de mal à dégoter lors de ses voyages, n'avait que trop peu meurtri la créature. Elle essayait d'économiser les rares flèches spéciales dont elle disposait. Elles n'étaient pas données et elle ne les trouvait pas partout sur les étals. Les flèches de feu ne fonctionnant pas sur une créature apparentée à l'eau, elle n'avait guère que les flèches de glace ou les flèches de foudre sous la main. Ses réserves de flèches de glace avaient fondu comme neige au soleil face au dragon de foudre. Et elle ne pouvait se permettre d'épuiser ce qu'il lui restait de flèches foudroyantes, pas aussi isolée de toute civilisation.
Si seulement elle pouvait percer sa carapace d'écailles ! La créature s'était révélée assez intelligente pour chercher à protéger à tout prix ses ailes translucides, ses yeux et son poitrail de tout assaut. Quand elle ne cherchait pas à la croquer, l'engeance l'assaillait à distance à l'aide de son souffle de givre et sa magie aquatique, comme si elle s'amusait de jouer avec elle afin de l'avoir à l'usure.
Si elle était tout à fait honnête, Ambre commençait à se sentir fatiguée, ses bras mordus par le givre. Ses jambes commençaient à trembler de froid, en dépit de la nourriture copieuse et épicée qu'elle s'était préparée en prévision de ce voyage en terre enneigée. Elle n'avait pas prévu, au cours de son excursion, de prendre la tenue adaptée au froid. Elle était, et elle le regrettait, restée avec ses affaires à Elimith.
La créature feulait avec triomphe depuis les airs, ses yeux abyssaux fendus rivés sur elle. Elle battait ses ailes de mouvements puissants et majestueux, comme si elle la défiait de se débattre davantage.
Ambre ne baissa pas ses yeux marrons pour autant. Malgré les engelures qui commençaient à mordre sa peau, le givre qui se glissait dans ses cheveux, ses mains refusaient de lâcher l'arc qu'elle tenait. Ce n'était pas qu'elle n'avait pas peur d'y laisser sa vie, dans ce duel dicté par la loi du plus fort. Non, elle ressentait la peur. Elle était transie de la peur naturelle, instinctive, d'une proie alors prise au piège. Cependant, elle refusait de s'y abandonner. C'était une question de survie, mais aussi de fierté.
Son arc était rivé sur la créature, corde tendue, le bout d'une flèche de glace pointé vers le dragon tandis que la créature des eaux feulait de plus belle, sa gueule ouverte focalisant sa glaciale magie.
Des fourmillements familiers se faufilèrent dans son esprit, tandis que sa vue se troublait peu à peu. Ah non, pestât-elle en pensée. Ce n'était pas du tout le moment opportun pour subir un rêve éveillé !
Alors qu'elle se croyait perdue, Ambre fût déconcertée par la force paisible qui se tissait près d'elle, comme si elle émanait d'une source qu'elle n'était pas en mesure de voir. Tout à coup, c'était comme si l'hylienne ne sentait plus la morsure du froid et le souffle de la peur qui glaçaient son cœur. Cette terreur, profonde, semblait être fissurée par cette force et se liquéfier, goutte après goutte. La peur se mua en une sérénité surnaturelle et irrationnelle, sans qu'Ambre n'ait le cœur à la refuser.
Sans savoir comment elle faisait, l'archère ferma les yeux et laissa ce ruisseau l'emplir de l'intérieur. En quelques instants, ce courant qui prenait sa source au plus profond de son être avait pris la force et la rage d'un torrent. Elle qui avait toujours été méfiante avec les étendues d'eau, elle n'en avait pas peur. Elle ignora la rage furieuse de la créature, écoutant cet instinct sans être consciente de ce qu'elle faisait. Le torrent invisible vint migrer de sa source jusque dans sa main droite, qui tenait son arc.
Lorsqu'elle rouvrit ses paupières, ses yeux marrons étaient froids, implacables et impassibles.
Une lueur opaline intense galopa de sa main droite sur le bois de son arc, bondissant sur sa corde avant de gagner la flèche qui était encore tendue. Le dragon feula et laissa échapper l'énergie noire et glacée qu'il avait concentrée. Au même instant, l'hylienne relâcha la corde de son arc. L'éclat bleu de glace se fit plus vivace encore, se déversant avec fureur droit vers le reptile ailé. Les deux énergies, l'une corrompue et l'autre pure, se firent face à mi-chemin, comme si elles se toisaient. L'éclat brisa néanmoins ce bras de fer et se rua vers le dragon, qu'il frappa sans jamais vaciller.
Le temps que la transe qui l'avait saisie se dissipe, le hurlement du dragon lui vrilla les tympans et la fit glisser sur une plaque de glace et choir sur son flanc. L'ombre du reptile ailé se confondit avec les ténèbres du lac partiellement gelé alors que la tête de l'hylienne frappait le sol enneigé.
Sans connaissance, la jeune hylienne gisait au sol. Des fragments de bois, épars et noircis, reposaient dans la fine couche de neige. Sous sa main inerte, le bois de l'arc de chevalier était craquelé de toute part et sa corde brisée, comme si l'arme épuisée se préparait à tomber en morceaux.
Sur son poignet droit, malgré le gant qui le recouvrait, l'éclat s'adoucit avant de s'étioler. Sa lueur bleue de glace laissa brièvement entrevoir un triangle inversé, entouré de trois triangles bleu sombre.
Lieu inconnu. Temps inconnu. Tréfonds de l'inconscient.
Le paysage était confus tout autour d'elle. De plus grandes silhouettes avançaient ici et là aux alentours, dans une rumeur assez bruyante et animée. Son environnement lui semblait bien plus vaste et plus grand, alors que ses bottes de cuir couraient sur le pavé de la grande place. Il n'y avait pas la peur tenaillante cette fois, bien qu'elle semblât se précipiter droit devant elle, le regard fixe. Une voix d'enfant échappa à ses lèvres, sans qu'elle ne comprenne bien le sens de ses propres mots. C'est comme si elle parlait la même langue, sans la même prononciation, avec des termes dont elle avait perdu le sens.
Face à d'immenses et larges grilles de fer qui barraient l'accès d'un sentier en terre battue, elle s'arrêta et engagea la conversation avec une autre petite silhouette proche de sa propre taille. Il lui parlait avec grande reconnaissance et entrain entremêlé de curiosité. Elle n'arrivait pas à distinguer ses traits. Face à ses questions, elle n'entendait pas ce qu'il lui disait, ne devinant qu'un soupçon de sourire. En rêve, elle semblait lui indiquer un lierre épais qui grignotait un arpent rocheux près d'ici.
Sans voir son visage, elle distinguait nettement la teinte émeraude de la tunique de son interlocuteur qui s'éloignait d'elle, après un sourire reconnaissant et un bref hochement de tête de remerciement.
Plateau d'Hyrule. Ruines du Temple du Temps. 10 ans après la Chute des Prodiges. Temps présent.
Á son réveil, plus tardif qu'à son ordinaire, le vieil ermite était déjà reparti vaquer à ses affaires, sans lui laisser la moindre note sur la table. Estimant qu'elle avait ainsi tacitement aucun impératif notoire pour la journée, Ambre avait décidé de se laisser carte-blanche. Ces dernières semaines au mystérieux Plateau du Prélude, comme l'appelait le vieil homme, avait été fort remplies et accaparées par sa recherche de matériaux pour reconstruire sa paravoile brisée et pour d'occasionnelles courses pour son respectable hôte. Occuper ses jambes et ses mains à des tâches concrètes et manuelles l'avait aidée à se distraire des cauchemars nébuleux qui continuaient de la hanter, et de ses préoccupations.
Cela faisait déjà bientôt un mois qu'elle était partie d'Elimith pour rejoindre Simael, et elle n'avait eu aucun moyen de joindre sa famille. Connaissant l'animal, enfin le Piaf, ce n'est pas lui qui allait donner de ses nouvelles ou en tout cas, rien qui ne puisse compromettre sa propre réputation et son vaste égo. Oncle Raf et Tante Myriam allaient s'inquiéter. Ambre était déjà partie pour de grandes et longues expéditions, mais elle les avait toujours tenus informés. Un tel silence ne lui ressemblait pas.
Au gré de ses pas et des monstres qu'elle rencontrait, sa route l'avait menée jusqu'aux vieilles ruines.
Le lieu était entouré de mystères, et il n'était pas le seul. C'était sous le parvis du temple éventré qu'elle avait rencontré le vieil homme qui, tout en lui racontant beaucoup de choses, avait été peu bavard sur sa propre personne. Il semblait en savoir bien plus qu'il n'en donnait l'air et qu'il n'en disait, et ce constat ne plaisait pas beaucoup à Ambre. Son expérience, certes encore modeste, avec les affaires commerciales de la famille l'avaient incité à être prudente envers des interlocuteurs trop discrets. L'homme n'avait pas d'intention de lui nuire, la jeune hylienne en était certaine, mais elle ne parvenait pas pour autant à bien cerner ses intentions au travers du voile de ses différentes allusions. Tout ce qu'Ambre sût sur l'ermite, c'est qu'il était né ici et que de ses dires, il attendait quelqu'un.
Qui était donc ce quelqu'un, si important qu'un vieil homme attendait dans la solitude la plus absolue et dans un environnement très hostile depuis, il lui semblait, déjà plusieurs longues années de cela ?
Oncle Raf lui aurait probablement dit de se tenir à l'écart des affaires trop personnelles de ses interlocuteurs, tant par déférence, par pudeur que par prudente distanciation émotionnelle et cognitive. Pourtant, la jeune voyageuse n'arrivait pas à museler autant qu'elle l'aurait voulu sa curiosité. Et même sans cela… comment pouvait-il avoir des connaissances aussi approfondies et étendues, sur bien des sujets qui avaient disparu dans le sillage des cendres et de la ruine du Royaume d'Hyrule ?
La fatigue accumulée et les préoccupations qui s'accroissaient sur ses épaules l'égarèrent dans les méandres de ses pensées alors qu'elle s'était posée le dos contre un mur effondré. Sans avoir un chemin précis en tête, elle erra dans les ruines en essayant de chasser les images furtives mais insistantes qui tentaient de forcer leur voie dans ses pensées.
Lieu inconnu. Temps inconnu. Tréfonds de l'inconscient.
La pluie frappait avec force contre les volets de bois de l'établissement où elle se trouvait. Sa perspective des choses lui rappelait davantage celle à laquelle elle était habituée en tant que jeune femme. Des bruits de conversation résonnaient en joyeux brouhaha tout autour d'elle, même si elle ne semblait pas s'y intéresser. Elle prêtait davantage attention au bois de la propre table où elle était assise, avec une généreuse pinte de bière à moitié consommée face à elle. Loin de la joie passée d'autrefois, elle se sentait accablée, abattue, découragée et surtout, impuissante. En dépit de la chaleur d'un proche feu de cheminée, elle avait l'impression d'être glacée, insensible aux réjouissances des autres occupants de ce qui ressemblait assez à une auberge ou bien à une taverne.
Une main se posa sur son épaule, la serrant avec fermeté tandis qu'une voix amicale l'interpellait.
Elle redressa sa propre tête pour dévisager son interlocuteur, un hylien plus grand qu'elle et dont les cheveux blonds se révélèrent tout à fait quand l'hylien repoussa sur ses épaules son grand capuchon. Les yeux bleus de l'hylien, alertes, l'observaient avec attention, compassion et sérieux. Ils échangèrent quelques mots autour de deux pintes de bière, mais elle avait toujours du mal à comprendre ce dont ils devisaient. Ils discutaient en hylien mais les accentuations étaient différentes de celles qu'elle avait connues, tant chez les Gorons, les Gerudos, les Zoras et les Piafs. Cinq termes en revanche lui furent parfaitement intelligibles, prononcés par son interlocuteur soucieux et sérieux.
- Quoi qu'il advienne, attends-moi.
Lacs du Domaine Zora. Temps inconnu. Tréfonds de l'inconscient.
Un dragon surgit des eaux troublées d'une étendue ondine, partiellement sous le couvert d'une grotte. Son corps était plus petit que d'autres de ses comparses terrestres ou aériens, ses écailles plus fines et ses ailes plus délicates avec leur membrane translucide, mais il n'en était pas moins féroce. Un sourire mauvais se tissa sur ses lèvres. Elle le savait, mais cela finirait aujourd'hui.
Ils semblaient se toiser en silence. La créature aquatique grondait entre sa mâchoire puissante et serrée, des crocs tranchants étincelants entre ses babines, aussi acérés que ses griffes gris-clair. L'engeance semblait néanmoins dépourvue d'un œil cette fois, laissant visible une orbite vide parcourue par une balafre aussi profonde que large que de rares armes lourdes pouvaient asséner.
Elle tendit son arc face à lui, prête à se mouvoir et à riposter comme elle se devrait de le faire.
Elle avait tant attendu ce jour, toutes ces années durant. L'adrénaline, tant de la peur que de l'excitation d'affronter un adversaire aussi formidable que détesté, la faisait presque frémir.
L'arc qu'elle tenait était différent. Son bois était peint d'un bleu profond, renforcé d'une seconde épaisseur de métal fin et clair d'argent blanc, ses bouts recouverts de plaques argentées. Des caractères anciens étaient gravés sur ces plaques, parfois ornés de fines et délicates arabesques. Sa corde était épaisse et solide, d'une même teinte bleue d'encre. L'objet semblait vibrer d'une magie qui résonnait jusqu'au plus profond d'elle, claire et pure comme le chant matinal d'une hirondelle.
Des flèches aux pointes piquantes et courbes filaient vers la créature, qui se battait avec furie.
Parfois, un éclat bleuté semblait la recouvrir comme un voile éclatant, qui la protégeait des assauts physiques et magiques de l'entité, avant de se disperser en des fragments épars et scintillants. Son corps bougeait plus vite, ses gestes semblaient parfaitement contrôlés et ses déplacements à la fois réfléchis et réactifs, avec l'aisance et la célérité d'une personne très habituée aux combats.
En dépit de son ardeur à se battre et de ses prouesses, l'engeance gigantesque refusait de se rendre. Elle rendait coup sur coup, se débattait griffes et crocs, faisait pleuvoir sur elle des assauts mortels. Ambre ne comprenait pas cette rage de vaincre, cette ardeur de la terrasser quoi qu'il puisse lui en coûter, presque aussi entêtante qu'une obsession. Malgré ses efforts pourtant, elle reculait peu à peu. Elle se fatiguait petit à petit, toute appliquée qu'elle était à lui rendre les coups qu'elle lui portait.
Elle le comprit bien vite. Seule, elle ne pourrait pas la vaincre. Pourtant, elle n'avait aucune intention de reculer, tant par devoir que par fierté d'un grief aussi ancien que profondément enraciné en elle.
Alors que la créature ailée se précipitait vers elle et que sa queue aux pointes tranchantes parvint à la transpercer avec la force d'une masse d'armes à piques, un trait d'énergie pure, large et aveuglant, vint traverser l'engeance tout droit dans son crâne écailleux, faisant jaillir un sang noir et visqueux. Elle dévisageait sa gueule monstrueuse et son œil opalin fendu, qui l'observait avec froide furie.
L'engeance laissa échapper un feulement terrible, se recula en titubant puis s'abattit de tout son long.
Ambre tituba de quelques pas, assommée par une pure souffrance, avant de s'effondrer à son tour. Le dragon était défait et pourtant, elle ne trouvait pas la satisfaction qu'elle espérait. Des ombres l'accablaient, les ténèbres étaient plus oppressantes. Elle avait toujours froid, terriblement froid. Une solitude profonde la rongeait, terrifiante, dévorante et plus glacée que le lac qui la rejetait sur la rive.
Les clapotis de l'eau frémirent face au grondement, sourd et croissant, sur l'herbe verte des rives. Le hennissement d'un cheval proche lui vrilla les tympans, l'arrachant à la torpeur qui la berçait. C'est avec de plus en plus de distance qu'elle entendait le bruit étouffé de pas sur le tapis de verdure. Un gémissement de douleur lui échappa lorsqu'elle fût saisie à l'épaule et basculée du ventre sur le dos. Une voix l'appelait, familière, insistante. La main sur son épaule la secouait sans qu'elle ne bouge.
- Pourquoi ?
Elle n'avait plus la force de se mouvoir elle-même, aussi elle ne pût s'opposer à la force qui la redressait en position semi assise semi allongée, en dépit de la souffrance engendrée par le geste. Le simple fait de respirer était déjà aussi douloureux que de marcher pieds nus sur des charbons ardents. Luttant contre la faiblesse grandissante, elle entrouvrit avec peine des paupières bien lourdes.
Un visage l'observait, encadré par quelques mèches blondes qui s'échappaient d'un épais capuchon. Quelqu'un s'était agenouillé à sa hauteur, quelqu'un la soutenait d'un bras passé dans son dos. La main libre, gantée, qui était sur son épaule secoua cette dernière quelques instants encore. Cette main effleura ensuite sa joue avant de se reculer, ternie par un liquide vermeil. Du sang. Son propre sang.
- J'étais en route, j'allais… !
Elle distinguait de plus en plus mal ses traits, sinon les yeux bleus rivés droit dans les siens. Loin du calme et de la joie d'un ciel d'été, ils reflétaient la tourmente d'un ciel d'orage. La dévastation et l'impuissance que trahissait l'expression de son interlocuteur lui transperçaient le cœur, plus cruellement encore que les picots de la queue tranchante du monstre qui l'avait terrassée.
- Pourquoi tu ne m'as pas attendu ?
Elle ne pouvait cependant pas lui répondre. Alors qu'il la serrait dans ses bras, qu'elle sentait transis de légers tremblements, une douleur sans nom la rongeait de l'intérieur et sa vue vacillait peu à peu.
La pourpre ruissela silencieusement sur l'armure ébène, alors que la nuit finissait par l'engloutir.
Plateau d'Hyrule. Abords du ravin, sur les vestiges des murailles près des ruines du Temple du Temps. Le lendemain.
Le vent frais du matin caressa sa joue alors qu'Ambre ouvrait les yeux, perchée sur les ruines de la muraille qui surplombait les ravins du Plateau du Prélude. C'était presque comme s'il n'y avait pas eu de Lune de Sang la veille, à l'exception des gobelins qu'elle avait tués au préalable qui étaient réapparus et que la jeune femme avait dû une fois de plus éliminer. Elle contemplait en silence les vastes étendues du royaume d'Hyrule qui s'étendaient sans fin à l'horizon. L'aventurière appréciait ces minutes paisibles et appréciait la beauté calme, apaisante du rougeoiement d'un soleil levant.
C'était comme le calme après la tempête, l'accalmie après l'orage, l'éclaircie après le déluge.
Elle se redressa presque à contre-cœur, se remettant sur ses pieds presque silencieusement. Il y avait un rendez-vous qu'elle devait honorer avant de reprendre son envol vers les plaines hyliennes, et même si son interlocuteur n'était pas spécialement pressé, Ambre ne voulait pas le faire attendre. Il l'avait certes emmenée dans des situations à se rompre le cou, mais elle avait pu réparer sa paravoile avec son aide. Il avait honoré sa part de leur accord, il était donc temps qu'elle tienne aussi parole. Elle chemina d'un pas tranquille, ses yeux noisette alertes à ses alentours, arc de gobelin en main.
- Bon, il ne reste plus qu'à retrouver notre ami.
Il y avait plusieurs endroits où elle avait croisé le vieil homme au gré des nombreuses courses qu'il lui avait fait faire afin de trouver les matériaux pour réparer sa paravoile. Il pouvait se trouver dans sa maisonnette près des murailles du Plateau, tout comme il pouvait se rendre aux abords du Bois aux Esprits à chasser des sangliers. Elle l'avait également vu abrité sous un petit rebord rocheux, plus à l'est du Plateau du Prélude. Enfin, elle l'avait aussi croisé près des ruines du Temple du Temps effondré, où se trouvait la statue d'Hylia. L'ermite dont elle ignorait le nom pouvait donc se trouver aux quatre coins du Plateau du Prélude, qui n'était pas si petit qu'il n'en paraissait sur les cartes. Après une courte réflexion, Ambre décida de se rendre au temple effondré puisqu'il était le plus proche de sa position actuelle. Quelques gobelins défaits plus tard, la jeune hylienne se trouvait à nouveau face au portique de l'antique sanctuaire d'une époque révolue. Le Gardien était resté là où elle l'avait trouvé la première fois où elle avait posé le pied sur l'antique bâtiment, inoffensif et rongé par la rouille et par la mousse végétale. Elle constata bien vite que la grande chapelle dévastée était déserte, uniquement occupée par la machine inactive et par la statue à la gloire de la déesse Hylia.
En faisant le tour de l'édifice partiellement effondré, l'hylienne remarqua la présence d'une grande échelle sur l'une de ses façades. Sans hésitation, l'aventurière s'y agrippa d'une prise solide avant de se hisser jusqu'à son sommet, qui menait vers le toit à moitié écroulé. Elle pouvait encore distinguer, ici et là, l'ossature boisée brisée du bâtiment, vermoulue, sous les ardoises brisées. Ambre prit le temps d'observer ses alentours pour localiser les trouées dans la toiture ainsi que les faiblesses éventuelles du toit. Le promontoire lui apportait un point de vue non négligeable sur les environs du temple effondré, sans qu'elle ne remarque pour autant la présence de l'individu qu'elle cherchait. La jeune femme se retourna lentement en prenant garde où elle mettait les pieds jusqu'à faire face à la flèche située au milieu de ce qui avait dû être les deux beffrois du bâtiment sacré. Un sourire se tissa sur les lèvres d'Ambre en apercevant la silhouette familière qui lui tournait le dos depuis le promontoire situé juste en dessous de la charpente de la pointe de la flèche de pierre et de tuile, le regard rivé vers le château d'Hyrule hanté par le Fléau. L'archère se fraya d'une foulée sûre et agile un chemin jusqu'à la plateforme et rejoignit le plancher de pierre plus stable de la pièce aux fenêtres éventrées. Le vieil ermite se tourna dans sa direction. La posture droite et altière qu'il arborait se détendit à son approche, ses yeux bruns emplis de leur sagesse et de leur affabilité familière. Ambre esquissa un sourire chaleureux alors qu'elle s'approchait de lui et le salua avec gaieté.
- J'avais le sentiment que je vous trouverai dans les parages.
- Tout comme je pressentais que tu viendrais m'y trouver. Répondit l'ermite d'une voix posée.
Ambre s'arrêta à sa hauteur et l'observa avec attention. Il ne semblait pas blessé, et ce n'était pas la fatigue qui semblait l'accabler autant. Le regard du vieil homme était toujours patient et indulgent à son égard, mais il semblait à la jeune femme qu'il était parfois plus mélancolique, comme hanté par des fantômes qu'elle n'était pas en mesure de comprendre alors qu'il se tourna brièvement vers les ombres du château qui se détachaient à l'horizon. Deux colonnes sombres et rougeâtres semblaient le prendre dans leur étau, tandis que des nuées flamboyantes et inquiétantes dansaient autour de lui. Ambre ressentit un frisson instinctif en les observant, avant de raffermir sa posture et de poursuivre.
- Ça grouille de gobelins par ici. Ils ne vous ont pas trop embêté ?
Elle n'avait jamais vu le vieil homme armé, à sa connaissance. Ambre avait bien remarqué qu'il avait au moins une hache de bûcheron et une torche chez lui, mais aucune autre arme à sa connaissance. Elle n'avait ainsi vu aucune arme gobeline à ses côtés, alors qu'il était possible d'en dérober aux plus faibles représentants de ces monstres ordinaires d'Hyrule avec une hache, une fourche ou un épieu. Le vieil homme sembla amusé par sa question et répliqua d'un to chaleureux et bienveillant.
- Bien peu. Ils sont si bêtes qu'ils ne me remarquent même pas.
- C'est vrai que ce ne sont pas des flèches, mais quand même. Enfin… j'ai pu refaire mon stock d'ingrédients, de flèches de bois et d'arcs rudimentaires au moins. Je trouverai le reste en chemin.
- Il est certain que tu es déjà bien équipée.
Ce n'était clairement pas de la même qualité ni de la même durabilité que l'arc de soldat et que l'arc des sylvains qu'elle avait brisé par usure ici, mais cela ferait l'affaire jusqu'à ce qu'elle puisse retrouver la civilisation, au besoin en s'arrêtant au relais le plus proche le temps d'être à Cocorico. Si elle ne trouvait pas en chemin une arme de meilleure qualité, qu'elle pourrait remettre sur pied avec ses connaissances, bien sûr… ou qu'elle soutirerait à un ennemi par la ruse ou par la force. Les monstres ne se privaient pas de se servir sur les cadavres de leurs proies ou dans les ruines, Ambre ne voyait pas pourquoi elle devrait avoir des scrupules à leur chaparder ces mêmes armes en retour. C'était parfois comme cela que l'on pouvait se tirer d'une situation compliquée en territoire hostile. Elle garderait cependant précieusement l'épée courte sombre qu'elle avait conquise au péril de sa vie, afin d'en étudier le minerai qui lui octroyait ses remarquables propriétés de tranchant et de durabilité.
Ambre ne se vexa pas du silence qui s'installa entre eux, acquiesçant simplement de la tête. Sa paravoile réparée, elle avait confiance en son expérience et en sa connaissance du terrain pour retrouver le chemin vers sa famille. Il lui suffirait d'éviter les monstres qu'elle n'était pas capable de vaincre avec ses compétences et son équipement actuel, tels que les Gardiens ou les Lynels, et de garder un œil sur son stock de nourriture pour avoir de quoi tenir la route qui l'attendait de pied ferme. L'hylienne contempla l'horizon qui s'étendait au pied du ravin du Plateau du Prélude jusqu'aux cieux. Elle comptait profiter des conditions météorologiques clémentes de cette matinée pour le grand envol, maintenant qu'elle était rassurée du bon état de sa paravoile après l'avoir testée sur des vols courts. La jeune hylienne n'était juste pas très douée avec les adieux, aussi cherchait-elle ses mots afin de le remercier pour son aide. Le vieil homme la laissait avec plus de questions que de réponses, ainsi qu'avec un fardeau qu'elle avait encore du mal à concevoir, caché sous le gant noir de sa main droite. Ambre tenait cependant à lui rappeler la faveur qu'elle lui devait en retour de l'appui de l'ermite.
Comme s'il avait lu ses pensées, le vieil homme lui épargna cette peine en reprenant la parole.
- Puisque nos chemins vont bientôt se séparer, j'aurais une requête à te formuler.
- Je vous écoute ! Après tout, sans votre aide, j'aurais été perchée ici pour un bon bout de temps. Que puis-je faire pour vous ? Répondit aussitôt Ambre d'une voix enthousiaste, tout de suite attentive.
- Oh, ce n'est pas pour moi. Je suis un vieil homme après tout.
Ambre ne pût masquer sa surprise. Elle voulait sincèrement rendre service à ce vieil homme solitaire, isolé de tout et de tous sur ce plateau que nul ne pouvait atteindre. N'attendait-il pas quelqu'un, d'ailleurs ? Elle pouvait savoir ce qu'était devenu cette personne en question et la guider vers lui. Sa famille ne manquait pas de relations et de contacts commerciaux dans les différents peuples d'Hyrule. Elle avait mauvaise conscience de laisser l'ermite aussi isolé sur ce plateau grouillant de gobelins.
- C'est pour la personne dont je t'ai parlée, celui que j'attends… ou plutôt, celui que le monde entier attend pour voir l'espoir renaître. Poursuivit l'ermite avec plus de gravité que d'ordinaire.
- Un peu comme le Héros des vieilles légendes d'il y a un bon millénaire de cela ? Demanda Ambre d'un ton léger, une ombre de sourire intrigué aux lèvres.
- En effet, même s'il s'agit de son incarnation la plus récente. Un jeune homme du nom de Link, qui a failli perdre la vie face au Fléau il y a une dizaine d'années.
Ambre observa avec attention l'ermite, avant de constater qu'il était très sérieux. La jeune hylienne se fit donc plus attentive à l'évocation d'une époque aussi sombre. Elle s'en souvenait assez peu, étant encore très jeune quand ses parents avaient fui en toute hâte la capitale avec toutes les possessions dont ils disposaient pour rejoindre la ville. Elle n'avait que neuf ans à l'époque, et se rappelait surtout de la mort violente de ses parents au cours de cette fuite éperdue à travers Hyrule. Link… le nom lui était familier. N'était-ce pas un Prodige qui se prénommait ainsi ? Oui, c'était bien ce qu'Oncle Raf avait dit. Le Prodige représentant le peuple hylien s'appelait ainsi. Le prénom était si peu courant qu'elle doutait que cela pouvait être une coïncidence, aussi était-elle plus alerte… et plus perplexe, aussi. Les Prodiges n'avaient-ils pas été tués dix ans plus tôt, surpris par le Fléau ? Pourtant, instinctivement, elle sentait que le vieil homme n'était pas en train de lui mentir. Avant qu'elle ne puisse cependant lui poser une question, l'ermite poursuivit avec une étrange solennité.
- Il lui faudra encore un certain temps avant de se remettre mais le jour où il le sera, le jour où la première des tours d'Hyrule s'élèvera à nouveau dans le ciel, seras-tu là ? Viendras-tu à sa rencontre pour le guider, l'épauler, lui qui aura sûrement perdu tous ceux, ou presque, qui lui étaient chers ?
Ce n'était pas une mince faveur, elle pouvait le sentir. L'ermite n'avait fait preuve d'un tel sérieux que lorsqu'il lui avait raconté l'histoire de la Première Guerre contre le Déchu. Son propos était aussi plus grave, plus solennel que leurs précédentes discussions, et collait mal avec l'image du vieil ermite sagace, mystérieux, espiègle et bienveillant qu'elle avait connu jusque lors. Elle eût le sentiment que l'énigmatique personnage était plus qu'il ne le laissait paraître et qu'il ne le laissait entendre, sans qu'il ne veuille l'éclairer sur sa propre identité. La situation lui semblait personnellement assez désespérée et presque perdue d'avance, mais la force de conviction de l'ermite l'interpellait. Les tours d'Hyrule ? Qu'entendait-il par-là ? Elle n'avait jamais vu, au cours de ces voyages, de tels édifices.
Une fois de plus, Ambre se demanda si elle était vraiment à la hauteur d'une tâche qu'elle devinait, entre les mots, aussi importante que longue et difficile. L'ermite ne semblait pas partager ses doutes. Le regard brun qui se distinguait sous sa capuche étaient assuré, acéré et plus altier que jamais. Un sourire à la fois amusé et las échappa à la jeune hylienne. C'était tout à fait le vieil homme, de la surprendre ainsi et de lui demander des tâches qui semblaient trompeusement faciles et anodines.
Cependant, elle n'avait qu'une parole et s'il lui faisait confiance, elle voulait s'en montrer digne. Un sourire assuré et résolu aux lèvres, Ambre tendit sa main droite vers lui et répondit avec conviction.
- Bien sûr, si je suis encore de ce monde d'ici là. Sinon, je m'engage à former quelqu'un qui pourra remplir cette tâche si je suis trop vieille pour l'accomplir ou bien décédée quand le moment viendra.
- Je ne m'en fais pas trop pour ça. Je pense qu'Hylia trouvera le moyen de te garder suffisamment vaillante pour te tenir à ses côtés. Répliqua l'ermite d'une voix empreinte de bienveillance amusée.
Ambre reconnût sans difficulté ce ton qu'il utilisait quand il en savait bien plus qu'il ne le disait, sans pour autant consentir à développer ses propos. Elle ne s'en vexa pas cependant, elle commençait à y être habituée au cours des dernières semaines et avait accepté qu'il faudrait qu'elle cherche par elle-même certaines réponses… tout comme elle devrait accepter que d'autres restent sans réponses. Elle serra sa main sans hésitation pour sceller leur accord, surprise par la fermeté de la poigne de l'ermite.
L'heure avançait, le temps de partir était pour bientôt. Ambre relâcha sa main sans perdre son sourire amical, se tournant vers l'horizon alors qu'elle sortait et dépliait avec précaution sa paravoile réparée. Elle l'inspecta une dernière fois, satisfaite de la trouver en excellent état après ses vols d'essai. Ambre se tourna une dernière fois vers l'ermite, ses yeux noisette confiants. Le vieil homme posa légèrement une main ridée par le temps et les épreuves sur son épaule, la serrant brièvement avant de la libérer.
- S'il est la lumière, alors tu serais l'ombre. Moins appréciée, moins estimée sans doute et pourtant tout aussi indispensable car il n'y a pas de lumière sans ombre et d'ombre sans lumière.
Ambre n'eût pas le temps de lui demander ce qu'il entendait clairement par-là, quelque peu agacée par ce rappel au devoir qu'Hylia lui avait assigné sans qu'elle n'ait voix au chapitre. Le vent se levait derrière eux, soufflant avec vigueur dans leurs dos comme pour inviter la jeune hylienne à s'apprêter. L'ermite se recula de quelques pas, complétant d'une voix plus empreinte d'autorité qu'à l'ordinaire.
- File ! Aguerris-toi, gravis les montagnes, traverse les cours d'eau et à ton retour, sois prête à être le compagnon de voyage et le guide dont il aura besoin. Il sera sûrement étranger à lui-même, il aura donc besoin que quelqu'un lui rappelle qu'il est aussi humain.
Ambre ne pouvait pas prendre le risque de perdre ce vent arrière providentiel. Elle remercia une dernière fois l'ermite pour son aide et ses conseils, priant pour qu'Hylia puisse veiller sur lui. Prenant un court élan, la jeune hylienne déploya sa paravoile sur son dernier appui et sauta vers le vide. Après un instant d'appréhension et de peur refoulée, elle fût soulagée de sentir le vent gonfler sa paravoile et l'emporter avec vigueur en direction des régions nord-est d'Hyrule, loin du Plateau du Prélude. Le vent emporta dans son souffle vigoureux les derniers mots de l'ermite, qui observait son envol.
- Que le vent d'Hyrule te porte et te garde, Héroïne de l'Ombre.
