Base : Harry Potter

Titre : Les enquêtes de Dawn & Matthew

Genre : Enquête

Rating : M = pour certaines "images"

Personnages : Dawn Darkwell et Matthew Monnory, tous les deux journalistes du Chicaneur, tenu par Ginny et Luna (cf L'amour d'un père)

Disclamer : Merci à la grande JK Rowling qui nous autorise à jouer avec son univers et ses personnages. L'intrigue et les personnages principaux m'appartiennent, même si je ne toucherai pas d'argent dessus.

Résumé : Matthew Monnory, reporter pour le Chicaneur, découvre que des sorciers se font tuer dans le monde moldu et que Ste Mangouste maquille ces faits en accidents auprès des familles. Après quelques recherches, il réussit à constituer un dossier qu'il présente à sa patronne : Ginny Potter. Cette dernière lui demande de creuser davantage avec l'aide d'une coéquipière : Dawn Darkwell.

Avertissement : Il s'agit ici d'une fic centrée sur 2 OC, liée à mon autre fic intitulée L'amour d'un père. Néanmoins, elle peut tout à fait se lire indépendamment de l'autre si vous le souhaitez.

Publication : J'ai écrit cette fic avec un découpage en "jours". Les chapitres ne seront donc pas vraiment équilibrés. Et je découperai en 2 parties (3 pour le 14e jour) les journées de plus de 4 000 mots. Pour la fréquence : tous les lundis, ça vous convient ?


Notes : Hello tout le monde ! Ci-après, le résumé des chapitres précédents, comme demandé ^^ Place ensuite à la suite de la journée du 23 septembre ! Bonne lecture !


Résumé des chapitres précédents :

Après la mort de son mari, Rébecca Strauss prend contact avec Matthew et lui demande de faire plus amples recherches à ce sujet, car elle a l'impression qu'on lui cache des choses. Et, en effet, Matt découvre que Ste Mangouste trafique les dossiers de certains de ses patients, les présentant à leur famille comme victime d'un problème cérébral. La vérité est que les victimes se font analyser le cerveau, le plus souvent en se faisant ouvrir la boîte crânienne. Les coupables agissent à chaque nouvelle lune.

Liste des victimes et infos connues à ce stade de l'histoire :

- Mai : Alicia Stern. Corps retrouvé devant le Cénotaphe.
- Samedi 18 juillet : Éthan Spencer, 20 ans. Né-moldu. Corps retrouvé devant la statue de Clive à l'Impérial War Museum, près de la Churchill War Room. Son frère, Steeve, lui en a voulu pour la perte de son emploi, suite aux paroles de Dursley. Steeve semble avoir reçu une compensation financière et il est question d'un échange de mails.
- Dimanche 16 août : Gérald Strauss, 42 ans. Né-moldu. Corps retrouvé devant le Monument au mort de la guerre 14-18, Maze Hill. Sa famille, même éloignée, était au courant de sa condition de sorcier. Au moins deux de ses oncles travaillaient pour la Dursley Co. Le soir précédent la découverte de son cadavre, il était allé voir un match de foot avec l'un de ses cousins. D'après le témoignage d'Éléona Travers, un long véhicule s'est arrêté devant le monument vers 4 h. Près de là : les Royal Artillery Barracks, bâtiment bien trop propre pour un lieu désaffecté depuis 8 ans.
- Dimanche 13 septembre : Hélène Spark, 26 ans. Corps retrouvé au bord de la Tamise, près du Air Force Mémorial de la bataille d'Angleterre.

Autres recherches effectuées/informations récoltées jusqu'à présent :

- Lors de leur session de micro-trottoir, Dawn et Matthew questionnent un type prénommé John (fils d'une cracmol). Ce dernier leur parle d'une vidéo mise en ligne montrant l'interrogatoire d'un sorcier... qui n'est autre qu'Horace Slughorn. Après recherches de Matt, le sorcier semble se porter bien. La vidéo les amène sur un site « Anti-sorciers » sur lequel Jonas s'inscrit. Plusieurs jours après, il reçoit une réponse lui proposant une rencontre IRL afin de valider son inscription au forum. Dawn et Matt cherchent à en savoir plus et interpellent John qui leur explique que les nouveaux subissent un test. Ils n'en savent pas plus pour le moment.
- Même si cela ne les a pas aidés dans leur enquête, Dawn a recueilli le témoignage de Pétunia Évans concernant son neveu Harry Potter.
- L'endroit où avait eu lieu le rendez-vous entre Dursley et Vesper semble avoir été nettoyé de fond en comble.
- Matthew a reçu des coordonnées de la part de son amie Rébecca.
- Dawn a repéré que des hôpitaux se trouvent non loin des lieux où sont découverts les cadavres et se demande si certains médecins ne seraient pas impliqués.
- Ils veulent intercepter Steeve pour l'interroger.
- Leur visite de l'usine désaffectée de Dursley ne leur a rien apporté, si ce n'est une liste de noms dont ils ne peuvent pas faire grand-chose. Dawn a confié cette liste à ses parents, au cas où… Et en effet, l'un des noms correspond à celui d'une collègue de son père, dont le mari a été licencié. Il lui a donné l'adresse… et ils vont s'y rendre dans ce chapitre ;)

J'espère avoir fait le tour. Bonne lecture !


Jour 8 : Mercredi 23 septembre (fin de journée)

— Quelle idée de lui avoir demandé son téléphone ! soupira Dawn après s'être assise dans le bus moldu qui les ramenait chez ses parents.

— Ben quoi ? Je voulais pouvoir le recontacter si besoin.

— Et tu as un téléphone portable, toi ?

— Bien sûr que non, mais on peut toujours demander le téléphone de quelqu'un qui en a un.

— Comme ?

— Tes parents ou ton frère ? suggéra-t-il.

La sorcière soupira.

— Je plaisante. C'était un exemple. Je connais des moldus, tu sais.

— Mouais… N'empêche, je me demande ce qu'ils font passer comme test.

— C'est vrai que c'est inquiétant. Intrigant, certes, mais inquiétant.

— Ouais. Je ne sais pas si Jonas doit accepter de donner sa localisation et poursuivre son inscription, du coup.

— Je comprends parfaitement. On lui répètera ce que l'on vient d'apprendre, on verra bien comment il réagit.

— Hum. Et sinon…

Dawn hésita avant de poursuivre. Le reporter fronça les sourcils.

— Je t'écoute ?

— Tu comptes aller jusqu'où dans notre enquête ? Je veux dire… avec le matériel dont on dispose, on a déjà de quoi sortir un sacré article…

Prenant conscience de quelque chose, elle poussa une exclamation tout en se frappant le front du plat de sa main.

— Ginny !

— Quoi, Ginny ? s'inquiéta légèrement l'homme.

— Je comprends maintenant pourquoi tu ne nous préviens pas quand tu es sur une grosse affaire. Tu m'as dit que c'était une question de discrétion, mais en fait, c'est juste qu'on est tellement plongés dans ce qu'on fait qu'on oublie complètement le reste, pas vrai ?

— Touché ! Mais ne t'inquiètes pas pour le Journal, j'ai contacté Thomas par Cheminette, ce week-end. Il a pu la prévenir qu'on allait bien, que notre enquête continuait d'avancer.

— Ok.

Elle soupira de soulagement.

— Je suis rassurée. Et du coup, tu comptes aller jusqu'où, alors ?

— Eh bien, le mieux serait d'aller jusqu'au bout, non ?

— C'est sûr, mais… ce n'est pas vraiment notre boulot, en vrai. C'est aux Aurors de résoudre cette affaire de meurtres. Et pourquoi aurait-on plus de succès d'eux ?

— Eh bien… je sais à peu près où ils en sont et je sais qu'en quelques jours, on a plus avancé qu'eux en plusieurs semaines. Je suis sûr qu'on peut trouver le fin mot de cette histoire.

Dawn l'observa sans rien ajouter. Peut-être Matthew tenait-il là la parfaite occasion de prouver qu'il aurait pu faire un bon Auror s'il avait pu ? Quelque part, elle comprenait sa motivation. Elle était prête à l'accompagner dans ses démarches, mais espérait vraiment que tout ceci n'irait pas trop loin pour rien, qu'ils n'auraient pas de problèmes.

— Allez, partenaire, je sais qu'on peut le faire ! l'encouragea-t-il alors, la voyant plongée dans ses pensées.

— On peut le faire, oui. Mais j'ai peur qu'on finisse par se faire griller. On n'a pas toujours été très discrets, jusqu'à présent… Parfois, on ne change même pas nos prénoms, donc je suppose que les gens du Ministère pourraient facilement remonter jusqu'à nous, s'ils le voulaient.

— Pour John, on ne pouvait pas vraiment se grimer, vu qu'on ne l'était pas la première fois qu'on l'a interrogé. Sinon, on se grime déjà quasiment à chaque déplacement que l'on fait…

— Je crains que nos précautions finissent par ne plus être suffisantes, avoua-t-elle dans un soupir.

Matthew acquiesça et le silence revint entre eux jusqu'à ce qu'ils descendent du bus.

-x-

— Ça ne doit plus être très loin, murmura Dawn, tandis qu'elle descendait la rue en compagnie de son collègue. C'est là !

Matt acquiesça. Ils s'approchèrent de l'entrée et la journaliste appuya sur la sonnette. Ils attendirent un moment, se demandant s'il y avait quelqu'un. Dawn appuya à nouveau. Ils étaient prêts à partir lorsqu'ils entendirent un cliquetis dans la serrure. La porte s'ouvrit.

— Bonjour, Monsieur. Je suis Dawn Darkwell, la fille de Franck, le collègue de votre femme.

— Ah oui. Elle m'en a parlé au déjeuner. Je ne pensais pas vous voir si tôt, expliqua-t-il en secouant la tête.

Il leur fit signe d'entrer et referma la porte derrière eux.

— Désolé pour le bazar. J'étais en train de bricoler sur quelque chose…

— C'est nous qui sommes désolés de vous déranger en plein travail, Monsieur, répliqua poliment Matthew.

L'homme fit un geste de la main pour indiquer qu'ils n'avaient pas à s'en faire pour ça.

Les journalistes le suivirent et pénétrèrent dans une véranda.

— Installez-vous, j'vous en prie. Vous voulez boire quelque chose ? Une bière, peut-être ?

— Je préfèrerais quelque chose de chaud, si vous avez, répondit Dawn en rougissant.

— Pas de problème. Je peux vous proposer du café.

La sorcière sourit et accepta d'un mouvement de tête.

— Et pour vous ?

— Je veux bien me laisser tenter par la bière.

— Tant mieux ! J'avais peur de me retrouver tout seul à en boire !

Il éclata de rire et partit dans une autre pièce.

— Tu aimes la bière, toi ?

— J'ai rarement eu l'occasion d'en goûter dans ma vie, et parfois oui, j'aime bien et d'autres fois non, donc on verra bien !

— Tu n'es pas sérieux, soupira Dawn en secouant la tête, dépitée.

— Voilà ! Un café pour la demoiselle et une bière pour vous ! revint l'homme toujours enjoué.

Il déposa la tasse sur la table et tendit une bouteille décapsulée à Matthew avant de prendre place sur une chaise, face à eux.

— Bon alors, qu'est-ce que vous voulez savoir ?

— Eh bien, on a commencé notre enquête concernant les dédommagements financiers perçus suite au licenciement économique que les ouvriers de la Dursley Co. ont subi. Suite à certaines entrevues, on a entendu parler d'un change de mails, mais la personne a refusé de nous en dire plus. Peut-être saurez-vous nous éclairer à ce sujet...

Le journaliste acquiesça pour appuyer les propos de sa collègue. Il trouvait qu'elle avait parfaitement bien récapitulé la situation.

L'homme se frotta le menton en guise de réflexion. Un silence s'installa tandis qu'il semblait sonder sa mémoire. Il se leva et quitta la pièce. Dawn et Matthew échangèrent un regard.

— Comme je ne me souviens pas bien, je pense que le mieux, c'est de regarder à la source, indiqua-t-il en installant un ordinateur portable sur la table.

Il reprit place sur sa chaise et avala quelques gorgées de bière tout en allumant son engin.

— Jeanette râle toujours parce que je laisse les messages s'accumuler dans ma boîte de réception au lieu de les supprimer une fois lus. Eh bien, je vais pouvoir lui prouver que ça peut être utile, aussi, de les conserver.

Dawn sourit, n'osant pas vraiment intervenir. En même temps, l'homme semblait se faire la conversation à lui-même, tout en tapotant sur son clavier.

— Alors, voyons voir… Si je mets Dursley en mot clé, qu'est-ce que ça donne ? Yes ! Bingo !

Il tourna l'écran vers eux pour leur permettre de lire le message en question. Il s'agissait d'un questionnaire rémunéré à remplir concernant son avis sur cette histoire de sorciers.

— Ma femme m'a dit que c'était une arnaque et qu'il valait mieux ne pas y répondre. Je ne comprends même pas l'intérêt d'un tel questionnaire, pour ma part.

— Selon vous, cette histoire de sorciers est vraie ou pas ?

— Que notre principal concurrent est un sorcier et que c'est pour ça qu'il a mieux réussi que la Dursley Co. ? Pas le moins du monde. Par contre, il a bien réussi son coup, ce salopard ! Oups, excusez-moi… Dursley. Car notre concurrent a dû mettre la clé sous la porte à cause des agressions dont il était victime avec sa famille. Donc encore plus de personnes qui se retrouvent au chômage !

— Hum. Donc Dursley a causé bien plus de tort qu'il ne semble au premier abord…

— Bien plus, en effet. Lui aussi se fait discret, entre deux apparitions où il est toujours bien protégé. Tu m'étonnes ! Avec tout le monde qu'il a contre lui, ça ne m'étonnerait pas qu'un de ces jours, il se retrouve avec une balle en pleine tête.

Dawn et Matthew se regardèrent gravement puis acquiescèrent aux paroles de cet homme.

— C'est étonnant que ça n'ait pas encore eu lieu, d'ailleurs… continua-t-il, songeur.

— Il doit bénéficier d'une sacrée bonne protection, en effet, approuva la sorcière. Mais sinon, vous ne croyez pas en cette histoire de sorciers, si j'ai bien compris ?

L'homme les observa quelques secondes avant de hausser les épaules.

— Je n'en sais rien. Je me dis que tout est possible dans ce monde de fous, sourit-il.

Il avala les dernières gouttes de sa bière.

— Mais s'ils existent vraiment, je ne vois pas en quoi ils sont plus dangereux que les terroristes ou ces cinglés qui se pointent dans un Journal et tuent des journalistes à bout portant.

Matthew et Dawn froncèrent les sourcils.

— Excusez-moi, j'ai bien peur de ne pas vous suivre, indiqua le sorcier.

— Eh bien ! Il faut se tenir au courant de ce qu'il se passe ailleurs dans le monde, mes petits ! Le « Je suis Charlie » français, ça ne vous évoque rien ?

Malheureusement, les deux plus jeunes furent obligés d'admettre leur ignorance.

Avec un soupir agacé et un mouvement de tête exaspéré, il reprit son ordinateur et, après à peine une minute de recherche, tourna à nouveau l'ordinateur vers eux. Les journalistes parcoururent l'article présenté.

— Oh, merde… murmura Dawn.

— Eh oui, comme je vous le dis : il y a des malades partout. Sorciers ou pas sorciers. Vous pensez vraiment qu'ils avaient besoin d'un quelconque pouvoir ceux qui ont fait se cracher les avions contre les Tours jumelles en septembre 2001 ?

D'un regard, les deux invités s'accordèrent pour acquiescer, même s'ils se sentaient particulièrement ignorants. Ils étaient journalistes, certes, mais ils s'occupaient davantage du monde sorcier que de celui moldu… encore moins ailleurs qu'en Angleterre. Surtout qu'ils étaient encore tous les deux à Poudlard à ce moment-là. Peut-être que la Gazette de l'époque avait relayé l'information, mais cette nouvelle ne s'était pas gravée dans leur mémoire d'enfant, en tout cas. Ils regarderaient ça en rentrant chez les parents de Dawn.

— Vous avez d'autres questions ? les relança alors l'homme.

— Vous n'avez plus été recontacté depuis que vous n'avez pas répondu à ce mail ? demanda Matt.

— Eh bien… non.

— D'accord, acquiesça le reporter. Je pense que nous n'avons plus d'autres questions à vous poser, dans ce cas. Dawn ?

— Non. Je n'ai rien qui me vient à l'esprit. Au pire, je passerai par mon père, ajouta-t-elle en souriant.

L'homme se leva alors, ils l'imitèrent aussitôt.

— Merci beaucoup de nous avoir accordé de votre temps, Monsieur, reprit-elle une fois à la porte d'entrée.

— Oh, si j'ai pu vous aider avec toutes mes histoires, c'est tant mieux ! se mit-il à rire doucement.

— C'est le cas, assura Matthew. Merci beaucoup. Nous vous souhaitons une bonne fin de journée.

— Pareillement, les salua-t-il avant de refermer la porte derrière eux.

Dawn et Matthew remontèrent la route doucement. Quand ils furent assez éloignés, la jeune femme demanda :

— Toi qui lis le Times, tu n'avais pas entendu parler de cette histoire de Journal moldu ?

— J'avoue que je ne m'en souviens pas. Je suppose que je devais être occupé par une autre affaire à ce moment-là, et peut-être n'avais-je pas consulté le journal à cette période.

— C'est dingue, ça…

Cette histoire la travaillait. Elle était soulagée que les locaux du Chicaneur soient soumis à des sortilèges anti-intrusion. Personne ne pouvait pénétrer dans le Journal sans être accompagné d'une personne agréée. Les sorciers qui venaient occasionnellement, ne serait-ce que pour disposer de la salle d'interview, comprenaient très bien ces mesures de sécurité et ne leur en portait pas rigueur. C'était bizarre que les moldus ne se protègent pas plus que ça contre ce genre d'intrusion. Elle soupira.

— Tu devrais refocaliser ton attention sur notre enquête, lui suggéra l'homme.

Elle haussa les épaules.

— Moui… On avait raison sur la méthode utilisée pour récolter des informations. Ce qui signifie que Steeve Spencer a très bien pu balancer son frère de cette façon.

Matthew acquiesça. Il l'observait de biais. Cette information semblait vraiment la chambouler. L'appât du gain et le sentiment de vengeance étaient deux leviers très puissants pour attiser la haine et commettre des actes intolérables.

— Donc, tu es finalement d'accord pour mes méthodes pas très déontologiques ?

Elle leva à peine les yeux dans sa direction avant d'approuver d'un léger mouvement de tête.

Ils continuèrent le chemin du retour dans le silence.

-x-

— Eh bien, tu en fais une de ces têtes, ma chérie ! Votre pêche aux informations n'a pas été bonne ?

— Si si. Tu ne m'avais pas dit pour la tuerie en janvier de l'équipe du journal satirique français.

— Ah non ? s'étonna faussement Sonia, se souvenant très bien de l'affaire.

Elle leur fit signe de s'installer et fila dans la cuisine.

— Pourquoi tu ne m'en as pas parlé, maman ? insista Dawn lorsque sa mère revint dans la pièce.

— Disons qu'en tant que journaliste toi-même, je préférais ne pas t'inquiéter avec ça, même s'il s'agissait d'un journal moldu.

— Mouais… En attendant, M. Deven nous a pris pour deux jeunes enfermés dans leur bulle quand il a constaté qu'on ne savait pas de quoi il parlait. Pas top, pour des journalistes. Même pas au courant de ce qui se passe chez nos pairs, grommela la sorcière.

— Et que s'est-il passé en septembre 2001 ? questionna Matthew.

Sonia les observa tous les deux, comme s'il était impossible qu'ils ne sachent pas de quoi il retournait.

— Hum… C'est vrai que tu étais à Poudlard, ma chérie… Je suppose que vous aussi ?

L'homme confirma d'un mouvement de tête.

— Eh bien, je pense que le plus simple sera de demander à Jonas de vous faire une recherche sur Internet. Le 11 novembre 2001, des avions ont été détournés par des terroristes. Ils ont heurté le World Trade Center américain. Deux immenses gratte-ciel dans lesquels travaillaient des dizaines de milliers de personnes. Il y a eu d'innombrables victimes. Tant dans les bâtiments mêmes qu'à l'extérieur… puis ensuite avec l'intervention des forces de l'ordre et surtout des pompiers. Chaque année, on commémore cette tragédie, même si elle n'a pas eu lieu chez nous. Je ne comprends pas comment vous avez pu passer à côté de cette information-là.

Les deux jeunes rougirent. Ils n'avaient pas de réponse à apporter à cette femme. Eux aussi avaient du mal à comprendre comment les sorciers anglais pouvaient être hermétiques à de telles tragédies mondiales.

— Je sais désormais sur quoi s'orienteront mes prochains articles, affirma Dawn après un certain moment de silence. Je me pencherai sur tous ces événements qui ont lieu dans le monde moldu et dont on n'a pas entendu parler jusqu'alors, expliqua-t-elle devant leurs regards interrogatifs.

Matthew acquiesça doucement.

— Et pour le sauvetage de la planète, alors ? la taquina-t-il.

— Si tu ne veux pas t'en occuper, j'en parlerai au Journal. Il y aura bien quelqu'un intéressé pour couvrir le sujet, sourit-elle pleine d'assurance, avant de se lever. Bon, je vais voir Jonas !

Matthew ne la suivit pas aussitôt. Il attendit d'entendre les premiers échanges de voix entre Jonas et sa sœur avant de reprendre la parole.

— Je ne vais pas vous cacher, Sonia, que notre mission commence à prendre une tournure un peu inquiétante. Je suis plus que satisfait d'avoir choisi Dawn pour m'accompagner dans cette enquête, mais en même temps je commence à m'inquiéter pour elle. Je ne sais pas où nous allons et je m'en voudrais de la mettre en danger inutilement.

La femme acquiesça.

— Je comprends. Merci beaucoup de m'avertir. C'est vrai que je m'inquiète aussi pour vous deux, mais… je ne vais pas l'empêcher de continuer son enquête. Ça faisait tellement longtemps que je ne l'avais pas vue si rayonnante, si épanouie par ce qu'elle fait… Vous avez bien fait de la choisir et je ne vous en remercierai jamais assez, Matthew.

Les mots de la mère de son amie le touchèrent profondément. Il ne put que sourire en guise de réponse. Il espérait que cette femme ne regretterait pas les paroles qu'elle venait d'avoir.

— Bon. Je pense qu'ils vont finir par se demander ce que je fais, annonça-t-il en se levant à son tour pour rejoindre les enfants Darkwell à l'étage.

Lorsqu'il pénétra dans la chambre de Jonas, lui et sa sœur s'affrontaient du regard.

— Ils supprimeront mon compte si je n'ai pas répondu à ce message d'ici une semaine.

— Eh bien, ça nous laisse une semaine pour en apprendre davantage sur ce test. Je préfère éviter que tu te mettes en danger.

— Je suis d'accord avec Dawn, intervint-il, les faisant tous deux sursauter, ce qui l'amusa.

Jonas se tourna vers lui, prêt à répliquer, mais sembla se raviser à la dernière seconde et préféra reporter son attention sur son écran.

Dawn secoua la tête devant le comportement de son petit frère. Matthew haussa les épaules, indiquant que ce n'était rien.

— Alors, une idée de comment trouver le fils Spencer ? relança la sorcière.

— On ne sait pas où ils travaillent, lui et son père. Ni à quelle heure ils s'y rendent, donc. Mais je peux te proposer une planque devant chez eux demain matin, vers 6 h, on verra s'ils sont encore là. Si oui, on n'aura plus qu'à attendre leur départ pour les suivre…

— Ok… Et tu comptes les suivre comment, au juste ?

— Avec un sortilège traceur, répondit-il, un peu décontenancé par la question.

— Un sortilège traceur ? Ça consiste en quoi, exactement ? Pourquoi ne pas en avoir fait usage sur Dursley et Vesper l'autre fois ?

Le reporter se passa une main sur le visage.

— Je peux ? demanda-t-il, attirant l'attention de Jonas pour lui montrer son lit.

Le jeune homme acquiesça nonchalamment.

Matthew s'assit donc sur le bord du lit.

— Excuse-moi, Dawn. Ça fait tellement longtemps que je connais ce sortilège que j'en oublie parfois que ce n'est pas le genre de chose que l'on apprend à Poudlard. En fait, tu peux suivre un objet et non une personne. Là, par exemple, on pourra lancer le sort sur leur véhicule. De plus, c'est assez limité dans le temps. Je pense que celui qui l'a mis au point a vite songé au fait que cela pouvait entraver la liberté d'autrui.

— Je pense comprendre. Imaginons, par exemple à l'époque, qu'un Mangemort ait lancé ce sort sur Harry Potter…

Elle secoua la tête. Il y avait tellement de scénarios catastrophes qui se bousculaient en un instant dans son imagination que c'en était affolant.

— Donc, demain : on se retrouve à notre Café habituel ou directement chez les Spencer ? s'enquit-elle.

— Vu l'heure du rendez-vous, je te propose qu'on se retrouve là-bas directement, d'accord ?

— Ça me va parfaitement, approuva la sorcière. Donc, si je reprends : comme il ne dure qu'un certain temps, on attend qu'ils sortent pour que tu lances ton sortilège sur leur véhicule. Et ensuite, ça se passe comment ?

— Ensuite, ma baguette m'indiquera la direction. Un peu dans le même principe que la boussole. Sauf qu'au lieu de pointer au nord, ce sera vers le véhicule.

— Super. Et il fait effet combien de temps, ton sortilège ?

— Deux heures.

— Oh, ça va… Donc on fait quoi ? On prend une carte, on attend que ta baguette se stabilise et on transplane dans la direction indiquée, à tâtons ?

— Excellente idée ! répondit son partenaire, tout sourire.

— Ok… Jonas ?

— Donne-moi leur adresse, soupira l'interpellé qui avait suivi leur conversation d'une oreille distraite.

Dawn chercha dans son dossier puis donna les indications à son frère.

— Je vous sors la zone la plus large possible. Quatre feuilles, selon la direction qu'ils prendront. Je ne peux pas dézoomer plus, sinon vous ne pourrez plus vous repérer, et je ne peux pas zoomer plus au risque de ne pas prendre assez large… Ça vous va ?

Matthew fronça les sourcils.

— Ce sera parfait. Merci, valida sa sœur.

Jonas s'exécuta rapidement. Il imprima les documents en doubles exemplaires pour que Dawn et Matthew en aient chacun un.

— Merci, fit le sorcier en glissant les documents dans sa veste.

Dawn se mit à rire devant les yeux écarquillés de son frère.

— Comment… chercha-t-il à comprendre en regardant le vêtement.

— Un service qu'un ami m'a rendu. C'est bien pratique, répondit le journaliste.

— Ce devait être un sacré service, car ce genre de chose n'est vraiment pas à la portée de toutes les bourses, glissa la sorcière.

— Tu as le même type de sort sur ton sac, n'est-ce pas ? demanda le frère à sa sœur.

— Dans le même genre, en effet, confirma-t-elle.

— Bon, je vais filer, moi, indiqua Matthew.

— Je descends avec toi, ajouta sa partenaire.

— À une prochaine, Jonas, le salua le journaliste avant de sortir de la pièce.

Le jeune homme répondit d'un geste de la main.

Matthew alla saluer Sonia, et Franck qui était rentré de son travail, avant de s'éclipser.

— Tu resteras bien à la maison pour manger, ma chérie ? l'invita sa mère.

Dawn accepta volontiers.

-x-

Au cours du repas, elle évoqua la piste des hôpitaux.

— Hey, mais j'ai la fac de médecine juste à côté de mon bahut ! intervint alors Jonas.

Dawn fronça les sourcils, ce qui indiqua clairement à son frère qu'elle ne voyait pas bien où il voulait en venir. Il reprit donc.

— Il y a sûrement des étudiants qui font leur formation dans les hôpitaux dont tu as parlé.

— Et tu comptes t'y prendre comment pour les approcher ?

— Eh bien, crois-le ou non, j'ai des amis… s'amusa Jonas.

Sa sœur leva les yeux au ciel.

— Et donc, tu proposes quoi ?

— Eh bien, demain matin, je peux me renseigner un peu pour vous, si vous voulez. Et je vous fais un topo à midi, si tu veux bien qu'on mange ensemble là-bas.

Franck et Sonia échangèrent un regard et décidèrent de continuer leur repas sans intervenir. L'enquête de Dawn l'avait rapprochée de son frère, car elle avait besoin de son aide. Jusqu'à présent, quelques tensions s'étaient développées entre eux : la sorcière reprochait à Jonas de vivre aux crochets de leurs parents sans aucune contrepartie financière. Ils lui avaient assuré que ce n'était pas grave, que s'ils payaient pour deux, ils le pouvaient pour trois. Dawn n'était évidemment pas d'accord. Donc, ça leur faisait du bien de les revoir complices comme quand ils étaient petits.

— Très bien, on fera ça comme ça. Tu finis tes cours à quelle heure ?

— Midi.

— J'en parle à Matthew demain matin. Si à midi quinze, tu ne nous vois pas, c'est qu'on n'a pas pu venir.

Jonas grimaça.

— Si tu ne peux pas venir, tu ne peux pas plutôt venir rapidement chez papa et maman pour m'envoyer un SMS, ce sera quand même plus sympa que de me laisser attendre pour rien.

— D'accord, soupira la sorcière avant de sourire.

— Tu devrais avoir un téléphone aussi, franchement. Quitte à le laisser ici.

— Et ça me servirait à quoi ?

Jonas soupira à son tour et secoua la tête. Ce n'était pas la première fois qu'ils avaient une conversation de ce genre. Et il connaissait bien ses arguments sur l'urgence des messages qu'elle ne consulterait que trop tardivement la plupart du temps et ses parents se refusaient de consulter les messages personnels de leur fille. Il lui était donc inutile d'essayer d'argumenter à nouveau, car il savait qu'il ne sortirait pas vainqueur de cet échange, que ce ne serait que de la salive gaspillée.

— Bon, on fait comme ça, alors ? préféra-t-il relancer.

— On fait comme ça, confirma sa sœur. Si tu ne reçois rien, c'est soit parce qu'on sera bien là, soit on n'a pas pu passer par la maison.

Dawn regretta aussitôt sa phrase en sentant les trois paires d'yeux se braquer sur elle.

— Oubliez ce que je viens de dire, rougit-elle. On sera là, assura-t-elle à son frère.

— Oh, j'en ai entendu une bien bonne, au boulot cet aprèm…

Franck réussit à détourner l'attention de tout le monde avec sa blague pas drôle qui les fit tout de même tous rire.