Paris était vraiment une ville très particulière, se disait Léonora en observant ce qui l'entourait alors qu'elle attendait à une des tables du café plus haut dans la rue.

Les décors autours d'elle étaient si différents de ce qu'elle se souvenait. La nuit, les lampadaires orangés ne rendaient pas un minimum hommage à la beauté de certaines subtilité de cette ville. Le soleil, lui, se reflétait sur les ornements en cuivres dispersés aussi bien dans le mobilier, comme les chaises de la terrasse du café où elle était, mais également dans le détail des modes portés par les bourgeois, ou bien de façon bien moins subtile dans les tenues des gens plus modestes. Un tissu imprimé d'engrenages, un bouton remplacé par un rouage, ou une épingle décorée de rivets montraient l'influence industriel sur les mœurs.

Le sifflet du tramway retentit encore une fois dans la rue. Léonora glissa un regard discrets aux personnes attablés à ses côtés. A sa gauche, une femme prenait le thé avec deux enfants, ses cheveux cuivrés étaient solidement nattés et rassemblé sous un bonnet de linge blanc. De sa tenue relativement sobre, ainsi que son visage légèrement autoritaire, Léonora conclut qu'elle devait être la nourrice des enfants. Ces derniers, un garçon aux cheveux blonds et une fille aux cheveux bruns, essayaient tant bien que mal de s'amuser malgré leur nourrice qui leur promettait que s'ils restaient calmes elle les emmènerait au parc.

La jeune-femme sourit de façon attendrie. Cette femme lui faisait penser à Juliette, l'une des servante du Domaine. Juliette, qui était plus jeune physiquement que cette dame, était la femme de chambre qui veillait à un travail parfait quand il s'agissait de sa chambre et elle avait toujours été d'une gentillesse sans pareil à son égard. N'étaient pas rares les fois où elle restait discuter avec la poupée alors qu'elle venait lui apporter du thé. Les discussions allaient même souvent jusqu'au beau milieu de la nuit.

Léonora la considérait comme une amie chère. Bien qu'aux yeux des Delacroix, elle la faisait passer pour sa dame de compagnie. Elle aurait pu essayer de s'intéresser à une des amies de Flora, mais elles étaient toutes aussi superficielles les unes que les autres. De plus, Alphonse évitait au maximum tout contact physique direct avec elle, donc il lui priait de ne pas s'approcher. Et donc de rester dans un coin et de ne surtout pas bouger.

C'était dans ces moment-là que Juliette venait à sa rescousse. Elle lui tenait compagnie, sans qu'Alphonse ne s'inquiète de quoique ce soit, puisqu'elle était habituée au contact avec Léonora.

Le sourire de Léonora se fana alors en réalisant qu'elles ne se verraient probablement plus…

Elle sortit de ses pensée quand, finalement, la place en face d'elle fut occupée. Arsène retira son haut-de-forme ainsi que ses gants d'un air distrait. Son regard rencontra enfin celui de la jeune-femme et alors il sourit.

« -Désolé pour l'attente, j'ai eu un léger contretemps, s'excusa-t-il.

-Ne vous inquiétez pas, ça ne fait pas si longtemps que je suis ici.

-Me voilà rassuré, je ne vous avais pas vu au départ.

-Vous vous attendiez à mon absence ?

-Je dois admettre que l'idée que vous ayez tenté de vous enfuir m'est rapidement passé par l'esprit.

-M'enfuir où, je vous le demande ? sourit-elle tristement.

-Qui sait, le tramway n'est pas si loin.

-Je n'ai pas d'argent, je ne peux pas aller très loin.

-On a besoin d'un ticket que si on se fait contrôler. Croyez-moi avec cette logique, vous faîtes de sacrées économies.

-Et si vous vous retrouvez dans un contrôle ?

-C'est une question sincère ? rit-il de bon cœur,

-Je suis curieuse, avez-vous déjà pris une amende ? demanda-t-elle en se prenant au jeu,

-Ne m'insultez pas, mademoiselle. »

Il rit une nouvelle fois, tandis qu'elle souriait en retenant un rire. Mais elle détendit rapidement ses lèvres, reprenant une expression neutre. Elle aurait rêvé avoir un éventail pour cacher son sourire, mais elle devait faire sans, comme la société l'exige. Le regard de Lupin, cependant, la troubla. Elle y sentait une très légère déception.

« -Quoi ?

-Votre sourire m'avait manqué, déclara-t-il. Pourquoi ne le gardez-vous pas ? Il illumine vos yeux.

-Je ne marche pas à la flatterie, répondit-elle avec une amertume marquée »

Arsène eut cette fois un sourire un peu plus crispé et hocha un coup la tête, en reconnaissant ses propre paroles prononcées la veille. Touché.

Quelques minutes passèrent dans le silence avant qu'un serveur ne leur amène un menu. Tous deux le remercièrent, Arsène lui demanda directement une carafe d'eau, et le serveur les laissa tranquilles.

Mais ce calme n'était pas réel. Léonora remarqua le tapotement régulier des doigts du cambrioleur sur la table. Elle le considéra d'un regard derrière son menu. Il lisait, mais son visage paraissait particulièrement soucieux, du moins bien assez pour qu'elle le remarque.

« -Est-ce que tout va bien ? s'inquiéta-t-elle,

-Mh ? dit-il comme s'il sortait d'une transe. Ah, oui je vais bien. Merci de vous en inquiéter.

-Vous êtes distrait, que se passe-t-il ?

-Rien de grave vous concernant, ne craignez rien.

-Je ne crains rien, vous êtes trop serein pour qu'il s'agisse d'un véritable danger. Cependant, vous n'allez pas aussi bien que ce que vous prétendez.

-Qu'est-ce qui vous fait dire ça ? »

Elle ne répondit que par un regard vers la main qui n'avait pas cessé de tapoter la table en cuivre dans un rythme régulier. Mais aussitôt, ses doigts s'arrêtèrent.

« -J'ignorai que vous étiez si observatrice.

-Quand on a pas grand monde avec qui discuter, il faut bien trouver un moyen pour s'occuper. Alors j'observe. Dîtes-moi ce qui vous tracasse, mon cher ami, répondit-elle en appuyant sur l'appellation qu'elle venait d'employer.

-Je sens un peu de sel dans l'air, sourit-il simplement. Je vais commencer à croire que vous m'en voulez.

-Moi ? Absolument pas. Nous sommes amis, monsieur Chevallier, souvenez-vous.

-C'est une carte dangereuse que vous jouez, mademoiselle Morel. Prenez garde à ne pas trop miser sur un bluff sans être sûr du jeu de l'adversaire.

-Je ne me mesure pas à vous.

-Non, en effet. Vous testez ma limite.

-Ah oui ? interrogea-t-elle sereinement.

-Très bien, actuellement vous voulez voir ma réaction si vous avez un comportement soucieux à mon égard. Vais-je être méfiant ou attendri ? Vous me soufflez du chaud… puis du froid en voulant voir comment je réagis face aux règles que j'ai moi-même instruits. Nous savons que nous ne sommes plus amis… pourtant nous le sommes. Mais vous êtes chanceuse, je suis bon joueur, je m'amuse de tout ceci moi aussi.

-C'est une analyse intéressante, s'étonna la jeune-femme.

-Merci beaucoup. »

Le serveur les coupa en leur apportant la carafe d'eau, ainsi qu'en prenant leur commande. Il prit les menus sous le bras et repartit. Léonora s'occupa de verser l'eau dans les verres, comme elle avait pris l'habitude de le faire avec le thé.

« -Donc, malgré cette analyse, vous ne voulez vraiment pas m'expliquer votre tracas ?

-Si, je peux très bien vous le dire, étant donné que vous insistez.

-Je suis tout ouïe, dit-elle sagement.

-J'étais sur le point d'acquérir un secrétaire d'une valeur historique inestimable. C'était un meuble que je cherchais depuis très longtemps et la vente m'est passée sous le nez.

-De quelle période date ce meuble pour qu'il soit si précieux ?

-Le premier empire, il s'agissait du secrétaire de Napoléon Ier.

-Êtes-vous sûr que ce n'était pas qu'une simple copie, comme tant d'autres meubles de cette époque ? La révolution qui a suivi la monarchie de Juillet n'a pas été tendre avec ce genre de meuble. En particulier s'il est en bois.

-Pardonnez-moi, je savais que vous aviez des cours d'histoire aux côtés de Flora, mais je ne pensais pas que votre professeur était si compétent.

-Il ne l'était pas, en revanche les ouvrages que j'ai trouvé dans la bibliothèque, eux, étaient très instructifs. J'avais rapidement fait le tour des romans…

-Je suis agréablement surpris. Et pour vous répondre, il est gravé donc impossible de se tromper sur une copie.

-Je vois, c'est dommage.

-Oui, moi qui pour une fois allait faire les choses légalement…

-Pardon… ? »

Le serveur revint déposer les entrées devant eux. Il se retira tandis que Léonora envoya un regard interrogateur à Arsène, qui ne répondit que par un sourire malicieux.

Les jours qui suivirent étaient calqués sur le même schémas. Réveil aux alentours de 8h, parfois plus tôt, parfois plus tard. Puis, suivant les jours, ils quittaient l'appartement pour se promener dans Paris. Arsène lui redemandait chaque matin si elle avait quelque chose de prévu, chose qu'elle ne pouvait répondre que par la négative. Il lui faisait alors visiter un quartier de Paris, et il répondait avec plaisir à ses questions sur l'historique de quelques architectures, ou bien il racontait de lui-même une anecdote sur un sujet. Ils mangeaient dans un restaurant reconnu de chaque quartier qu'ils visitaient, puis ils rentraient le soir où elle le voyait s'installer sur le bureau présent dans le salon pour écrire.

Arsène était réglé comme une horloge, du moins, bien plus que l'étaient les Delacroix. Pour Léonora, c'était un peu plus compliqué de retrouver son rythme de sommeil. En effet, Juliette venait toujours la réveiller, mais sans ce peu d'animation de bon matin, elle se sentait déboussolée. Mais les bruits de pas de Lupin réussissaient toujours à la réveiller.

Le soucis venait aussi de l'angoisse qui régnait sur ses nuits. Malgré tout, elle craignait qu'en s'endormant, elle se réveillerait au Domaine, et ce par le même miracle que ce qui s'était passé après le bal. Elle sait qu'Arsène ne la ramènera pas là-bas, il veillait bien trop sur elle pour faire marche arrière. C'était une peur irrationnelle, mais le fait qu'elle ne connaisse pas son avenirs proche lui faisait pendre une épée de Damoclès au-dessus d'elle.

La pluie était battante sur sa fenêtre ce jour-là, bien qu'à Paris ce n'était pas une chose exceptionnelle en été. En revanche les orages aussi violent, un petit peu moins. C'est pour cette raison qu'ils étaient resté à l'hôtel. Arsène était plongé dans des écrits qui semblaient rassembler les notes de plusieurs livres étalés sur le bureau. Léonora avait réussi à voir une illustration présente sur l'un d'entre eux. C'était une enluminure datant du moyen-âge, mais elle ne l'avait pas vu assez longtemps pour mieux s'en souvenir. Quant à elle, il lui avait prêté le roman qu'il avait emmené avec lui sans le lire. Elle s'était installée une bonne partie de la journée sur le sofa à lire paisiblement.

Puis, la soirée s'étant bien vite annoncée elle avait pris ses quartiers dans sa chambre. Actuellement allongée sur le lit à fixer le plafond, elle laissait son esprit encore une fois vagabonder. Le bruit de la pluie avait ce don très particulier de la détendre, sans qu'elle n'eût jamais compris pourquoi. Elle s'était allongée comme ça, encore habillée, le livre simplement posé à coté d'elle.

Le tonnerre gronda, la faisant tressauter. Mais c'est alors qu'elle reprit conscience de son environnement, et qu'elle entendit des pas dans le couloir, devant sa chambre. Ils se voulaient le plus discret possible, cependant le son des talons des bottines empêchait la discrétion totale. Léonora tourna la tête vers la porte en fronçant les sourcils. Les pas s'étaient arrêtés tout juste devant.

« Qu'est-ce qu'il fait devant ma chambre ? »

Elle s'attendait à ce qu'il toque, ou quoique se soit, mais les pas s'éloignèrent vers la porte d'entrée. Quelques minutes passèrent avant qu'elle entende Arsène parler à voix basse à une autre voix plus profonde et moins discrète que la sienne, mais la conversation était trop basse pour qu'elle ne perçoive une seule parole.

Poussée par la curiosité, elle se leva lentement évitant que le sommier ne craque, et se dirigea vers la porte à pas de loup, veillant à ne pas faire claquer ses talons sur le plancher. Elle s'arrêta tout juste devant la porte et prêta une oreille attentive à ce qu'il se disait de l'autre côté.

« -…tout s'est bien passé, sinon ? demanda Arsène sur un ton bien plus autoritaire que ce qu'elle avait l'habitude d'entendre,

-Oui, patron. Nous avons livré le secrétaire à l'adresse que vous nous avez indiqué, répondit la voix plus profonde.

-Personne ne vous a vu ou suivit ?

-Non, l'orage nous a beaucoup aidé pour ça. Il n'y avait pas un chat dehors pour surveiller.

-Parfait.

-Dites, patron. Elle est avec vous ?

-Qui donc ?

-La demoiselle Delacroix. »

Le tonnerre cogna une nouvelle fois, prenant Léonora par surprise qui eut un mouvement involontaire. Elle tendit de suite de nouveau l'oreille, mais fut surprise de n'entendre plus aucune voix pendant quelques secondes.

« -Cette histoire ne te concerne pas, déclara Lupin d'un ton sec.

-Je me demandais simplement à quoi elle pouvait ressembler.

-Elle est entre de bonne main, tu n'as pas à en savoir plus.

-Vous l'avez envoyé chez Victoire ?

-Je t'ai dit que ça ne te concernait pas. J'ai eu mes informations, maintenant disparait avant que qui que ce soit te voit.

-Pardonnez ma curiosité, patron. Bonne nuit. »

La porte d'entrée se referma aussitôt et elle entendit le verrou s'activer. Les bruits de pas s'approchèrent encore une fois, mais ce fut trop tard qu'elle réalisa qu'elle ne pouvait pas bouger sans qu'il ne l'entende. Une panique la tirailla quand les pas s'arrêtèrent encore une fois devant sa porte. Il n'y avait littéralement qu'un simple panneau de bois qui les séparait.

« -Bonne nuit, Léonora, dit-il d'un ton calme. »

La concernée se figea et retint sa respiration le temps que les pas ne s'éloignent et que la porte de la chambre d'Arsène s'ouvre et se referme. Il savait qu'elle était debout derrière cette porte, il ne pouvait pas y avoir d'autres solutions. Il n'avait pas parlé avec un volume suffisant afin d'être entendu qu'à cette distance. Il savait.

« Mais comment ? »

Elle se souvint alors du sursaut qu'elle avait eu au coup de tonnerre, elle avait sans doute fait craquer une planche sous son pied. Ainsi, elle lui avait indiqué sa présence.

Elle recula lentement de la porte en prenant la précaution de ne faire que le minimum de bruit. Elle essaya de prétendre qu'elle se déplaçait dans sa chambre comme si l'orage l'empêchait de dormir. Elle espérait surtout sincèrement qu'il ne devine pas qu'elle épiait la conversation. Elle devait faire mine de rien et s'incliner pour ne pas s'attirer ses foudres.

Si bouleversée par l'idée de s'être fait découverte, elle en oublia presque la conversation entre Arsène et l'inconnu.

Le matin suivant fut légèrement différent. Le début fut identique à d'habitude, Arsène se trouvait déjà dans la cuisine quand elle arriva pour petit déjeuner. Sauf qu'au lieu d'un négligé, comme il portait chaque matin, il était déjà habillé pour la journée, il ne portait simplement aucune veste.

« -Bonjour, Léonora. Avez-vous bien dormi ?

-Convenablement, je vous remercie.

-Malgré l'orage ?

-Non, cela ne m'a posé aucun soucis, répondit-elle en s'asseyant en face de lui. »

Elle cacha sa très légère panique en se concentrant sur son thé qu'elle prit le temps de verser dans sa tasse. Pourtant il ne la considérait pas différemment de d'habitude, chose qui la rendit méfiante envers elle-même. Elle n'avait pas rêvé ce qu'il s'était passé hier soir, quand même ?

« -Vous sortez, ce matin ? interrogea la jeune-femme pendant qu'elle ajoutait du citron.

-En effet, j'ai un rendez-vous. J'ai omis de vous le dire, excusez-moi.

-Il n'y a pas de mal, vous avez à faire et je comprends.

-Si vous le souhaitez, vous pouvez parfaitement sortir ce matin. Partez donc vous promener un petit peu sans moi. Cela ne pourra que vous faire du bien de ne pas m'avoir avec vous.

-Ne vous méprenez pas, j'apprécie beaucoup votre compagnie, se justifia-t-elle.

-Et moi dont, mais je n'en doutais pas, Léonora. N'ayez crainte. »

La concernée tentait encore et toujours de garder son sang-froid, fixant sa tasse du regard par peur que si elle croisait les yeux d'Arsène elle se trahisse. Mais ses yeux gris ne cherchaient à aucun moment à rencontrer les siens, il lisait simplement le journal, comme chaque matin.

« -Rien d'intéressant aujourd'hui, déclara-t-il avec un certain ennui. L'affaire Delacroix semble enfin avoir désintéressé la presse, c'est presque désolant.

-Ils m'ont oublié ?

-Pas tout à fait, ceci vient simplement du fait qu'il n'y a rien de nouveau sur l'affaire. Notre cher Alphonse veut que sa ruine se passe dans le silence des médias, à mon avis.

-Ce qui veut dire que la police continue de chercher ?

-Oui ils cherchent toujours, mais ils partent du principe qu'après trois semaines, j'ai dû vous emmener bien loin d'ici et vous cacher. De leur point de vue, ça doit être chercher une aiguille dans une botte de foin.

-Nous parlons bel et bien de la police ?

-Oui évidemment, de qui d'autre ? Les Delacroix ne peuvent pas se permettre d'engager des gens plus compétents, donc ils travaillent avec la police.

-Je disais ça comme ça, n'y prêtez pas attention. »

Elle prit une première tranche de pain et la tartina de beurre, sauf que son inattention la fit cogner dans le pot de confiture qui manqua de peu de se renverser. Elle le rattrapa à la dernière seconde et soupira.

« -Est-ce que ça va ? demanda Arsène.

-Oui, je vais bien.

-Vous semblez distraite, ce matin.

-Ce n'est rien, je vous assure. »

Il lui envoya peu convaincu auquel elle s'efforça de répondre par un sourire qui se voulait assuré. Elle but une gorgée de thé, cachant son malaise. Oui, une matinée sans lui ne pourra que lui faire du bien tout compte fait. Il se pencha sur le côté afin d'observer le pendule. Il finit son café d'une traite et replia son journal.

« -Je dois y aller. Voudriez-vous que l'on déjeune ensemble, ce midi, tout de même ?

-Hum…oui.

-Ne vous sentez pas obligée, je peux comprendre que je vous ennui.

-Je vous ai déjà dit que ce n'était pas le cas.

-Donc nous déjeunons ensemble ou non ? »

Léonora semblait sérieusement hésitante, comme s'il s'agissait d'une question piège. Elle admettait qu'être seule ne lui déplaisait pas, mais prendrait-il ça comme un affront si elle refusait ?

« -Je vois que vous n'êtes pas décidée. Alors je vous propose ceci, si à 12h15 je ne vous vois pas devant le restaurant auquel nous sommes allés mardi dernier, je prendrai ça comme un non. Cela vous va ?

-Oui, c'est entendu.

-Vous vous souvenez du trajet ?

-Si ma mémoire est bonne, je suis la ligne de tram O, jusqu'à la bibliothèque de la rue des rois puis je tourne à droite en longeant la route.

-C'est ça. Pour être à l'heure, partez d'ici à 11h35 au plus tard.

-Très bien. »

Il hocha la tête en se levant. Il disparut quelques secondes dans sa chambre, et ressortit avec sa jaquette bleue, la même que le jour où ils sont allés chez le tailleur. Il vissa son haut de forme sur sa tête, enfila ses gants à baguettes et attrapa sa canne. Il revint se présenter à la porte de la cuisine.

« -De quoi ais-je l'air ?

-Vous ressemblez à monsieur Chevallier, affirma Léonora.

-C'est tout ce que vous avez à dire ?

-Que devrais-je ajouter ? Vous avez l'air parfaitement normal, du moins en partant du principe que je ne connais pas votre véritable apparence.

-Je vous donne raison sur le dernier point. J'espérais un compliment, au moins. »

Léonora but une nouvelle gorgée de thé de façon exagérément lente, laissant sa remarque en suspens, et Arsène également.

« -Votre silence en devient insultant, Léonora.

-Ne venez pas vers moi pour les compliments, monsieur Chevallier.

-C'est de bonne guerre, admit-il. Mais si c'est Arsène qui vous demande un compliment, changeriez-vous d'avis ?

-Absolument pas. Je vous dirais au contraire que vous ressemblez à tout sauf à vous-même…en particulier avec votre postiche.

-En trois semaine, ma moustache a pu repousser, donc qu'est-ce qui vous fait dire que c'est un postiche ?

-Vous n'allez pas me faire croire qu'elle a tant repoussé en à peine quelques semaines.

-J'y réfléchirai à deux fois la prochaine fois que je vous raconte une chose comme celle-ci. L'utiliser contre moi, c'est cruel.

-Cruel ?

-Je pèse mes mots.

-Aurais-je vexé Arsène Lupin ? »

Le concerné sourit à pleine dent sans retenir un rire. Il s'approcha de la table et s'appuya sur celle-ci en se pencha légèrement sur Léonora. Encore une fois, il parut très grand face à elle.

« -Je suis très loin de me sentir insulté. Je retiens juste ma répartie. J'ai bien trop de respect et d'estime à votre égard pour dire le fond de ma pensée, déclara-t-il d'un ton très calme. Cependant, je vous déconseille de tester ma patiente à ce sujet. Je m'adapte à la personne se trouvant en face de moi. Insultez-moi, et je ferai de même.

-Cela me parait logique.

-Parfait, dans ce cas je vous dis à plus tard.

-A plus tard, oui. »

Il se redressa, la salua d'un signe de tête et s'en alla vers la porte d'entrée. Il y avait une chose que Léonora ne pouvait retirer à Arsène, au-delà de sa prestance, c'était qu'il savait être très impressionnant et persuasif. Sans être spécialement grand, en comparaison à la taille qu'avait Alphonse, il savait se tenir de façon à ce qu'il la dépasse largement en taille.

Elle entendit la porte de l'entrée se fermer.

Elle posa doucement sa tasse, ses yeux fixant un point invisible. Elle réalisait ce qu'il se passait tout autour d'elle. Pour la première fois depuis qu'elle n'était plus au Domaine, elle tout était calme. Elle était seule. Vraiment seule. Cette idée semblait à la fois réconfortante, et en même temps terrifiante. Elle n'avait jamais été réellement seule, même au Domaine. Il y avait toujours un domestique qui passait dans le couloir, ce qui laissait un vague bruit de fond.

Mais là, rien. Elle secoua vivement la tête en se levant, réprimant un frisson.

« Un bol d'air ne pourra que me faire du bien. »

Elle débarrassa sa tasse ainsi que les derniers couverts et rangea le reste soigneusement. Elle se dirigea vers sa chambre, ouvrant la porte presque à la volée. Elle concentra son attention dans le choix de sa toilette. Elle en avait un nombre un peu plus important que le lendemain du bal Magnolia, donc elle pouvait prendre le temps de choisir chaque élément la composant avec la même attention que ce qu'elle avait toujours fait.

Une petite heure plus tard, elle était habillée et coiffée.

Elle passa alors dans l'entrée et remarqua une note posée soigneusement à coté de son ombrelle. Elle la saisit et la déplia.

Dans votre réticule vous trouverez la clé verrouillant la porte d'entrée, ainsi qu'une petite bourse de cuir contenant 50 francs. J'ignore si vous comptez les dépenser, mais ne sait-on jamais

Pour fermer la porte, tournez la clé dans le sens des aiguilles d'une montre sur un tour, puis tirez la sans la sortir, faites pivoter l'engrenage qui est sur la tête de la clé et donnez un quart de tour dans le sens inverse cette fois.

Si vous ratez, le mécanisme ne s'actionnera pas. Dans ce cas appuyez sur la poignée et tout reviendra à zéro.

A plus tard,

Arsène Lupin.

Léonora répéta soigneusement le processus permettant de fermer la porte à voix haute, puis elle partit poser la note sur la table de la cuisine par pur précaution. Elle réalisa cependant que la laisser en évidence sur une table n'était pas non plus une bonne idée. Elle posa alors son regard sur l'un des carnet laissé ouvert sur le bureau dans le salon. Elle coinça la note entre les deux pages ouvertes et s'apprêta à refermer le carnet quand les écrits attirèrent sa curiosité.

Elle prit le carnet entre ses mains et lut les quelques notes tracées à la plume de cuivre et à l'encre noire. Ces notes étaient tirées d'archives historique concernant le secrétaire en bois dont Arsène lui avait parlé. Il y avait une description très précise dudit meuble, et sur la page suivante il y avait un croquis le représentant. L'écriture était très longue et penchée, la même que sur les notes, mais celle-ci était peut-être un petit peu plus calligraphiée et soigneuse.

Elle se demanda soudain s'il y avait également une description la concernant, elle. Mais elle se ravisa, elle avait laissé sa curiosité prendre un petit peu trop de place dans son esprit. Et elle ne voulait pas savoir la façon dont elle pouvait être décrite ''scientifiquement''. Non, sa curiosité ne l'emportera pas cette fois. Elle referma le carnet soigneusement et retourna vers l'entrée.

12h10, Arsène arriva de l'autre côté de la rue des rois. Il pouvait déjà apercevoir la terrasse du restaurant, mais personne n'attendait devant l'entrée. Il continua cependant tranquillement sa marche, s'attendant à voir Léonora arriver du côté du tram, se détachant de la foule.

Il posa le pied devant l'entrée du restaurant à 12h15.

« -Monsieur souhaite une table ? demanda un serveur l'aillant remarqué sur la terrasse.

-J'attends quelqu'un, mais je reviendrais vers vous lorsqu'elle arrivera. Je vous remercie. »

Le serveur repartit à ses occupation. Arsène posa son regard sur le bout de la rue, mais toujours aucune Léonora en vue. Il sourit non sans une légère déception. C'était le jeu. Il accepta dix minutes, par abus de conscience, peut-être était-elle simplement en retard ?

Une voiture de police arriva au coin de la rue et descendit la route. Arsène sentit une tension dans sa nuque en voyant que ladite voiture freinait étrangement à son niveau. Il n'avait rien à craindre, officiellement, cependant il eut un doute soudain et irrationnel.

« Aurait-elle osé ? »

La voiture s'arrêta à quelques pas de lui. Si c'était une coïncidence, alors l'univers devait avait un sacré sens de l'humour. Un policier descendit et se dirigea vers lui, un air sérieux sur le visage. Malgré son détachement total, une part de lui s'attendait à voir deux policiers supplémentaire descendre pour l'arrêter.

Le policier, contrairement à ce qu'il pensa, passa à côté de lui sans lui poser de question, et il entra dans le restaurant.

Il décida de vérifier dans son dos, car la voiture ne bougea pas pendant de longues minutes. Un serveur avait dû pousser une table qui dépassait un peu trop sur la route. Mais le temps qu'on appelle un serveur, et qu'il comprenne la situation, et qu'il s'exécute…

Le policier qui était dans le restaurant revint, rentra dans son véhicule et enfin la voiture repartit comme si rien ne s'était passé.

« -Crétin, s'insulta-t-il lui-même en soupirant. »

Il n'était pas dans son meilleur jour, à priori. Si une simple voiture de police le tendait à ce point, c'est qu'il devait être à fleur de peau.

Il vérifia sa montre et constata que les dix minutes étaient passées. Il prit alors le chemin qui le menait à l'hôtel, dans l'idée que si elle avait décidé de venir, il irait à sa rencontre. Il partit d'un pas tranquille dans la direction du tram.

C'est bien après qu'il eut dépassé la bibliothèque, et qu'il passa devant une boulangerie qu'il décida de s'arrêter prendre une collation. Il n'avait pas si faim que ça en réalité. Il fit alors la queue patiemment, considérant les boutiques qui se trouvaient autours.

C'est en regardant la librairie qui se trouvait en face de la boulangerie qu'il sourit avec satisfaction. Il traversa la route, attendant au départ que le tram passe en sifflant. Il rentra dans la boutique en saluant le vendeur d'un signe de tête. Il se glissa au milieu des multiples étagères remplies de livres plus ou moins épais. Il se posta tout juste à côté d'une jeune-femme bien trop plongée dans un bouquin pour qu'elle le remarque.

« -Choix de livre intéressant, mademoiselle Morel. »

La concernée sursauta assez fort pour en lâcher son livre, qu'elle n'eut pas le temps de rattraper. Elle soupira et assassina Arsène du regard avant de se pencher pour le ramasser. Sauf que Lupin s'était lui aussi penché et avait été plus rapide. Il se redressa en lisant la couverture, ainsi que la quatrième.

Il leva un sourcil en adressant un regard et un sourire malicieux à la jeune-femme qui parut soudain gênée. C'était un choix de lecture très particulier, en effet. Une lecture que beaucoup considèrerait comme indigne d'une jeune-femme.

« -Nos sujets de discussion vous intéressent beaucoup à ce que je vois. J'avais emprunté ce livre à la bibliothèque lorsque j'ai appris l'existence du secrétaire de Napoléon Ier, il est détaillé, mais incomplet. Cependant, il donne une très bonne idée de ce à quoi ressemblaient les meubles de cette époque. »

Il se tourna face à l'étagère et prit un second livre. Il le feuilleta très rapidement et ouvrit la page qui concernait le meuble dont il était question. Il le lui tendit.

« -Une bonne partie de mes notes vient de ce livre. L'avantage qu'il a en comparaison de celui que vous aviez en main, c'est qu'il donne beaucoup de repères historiques et géographiques.

-Comment saviez-vous que j'étais ici ? le coupa-t-elle.

-Vous voulez la vérité ? Je l'ignorai.

-J'ai du mal à vous croire.

-J'étais sur le chemin retour de l'hôtel. Comme je n'ai pas mangé au restaurant, j'avais décidé de m'arrêter à la boulangerie qui se trouve juste en face. Et je vous ai vu.

-Cela parait si banal quand vous le racontez, déclara-t-elle en reconcentrant son attention sur l'étagère d'en face.

-Mais ça l'est. Vous pouvez me croire. »

Sa main se referma sur un autre livre, elle lut rapidement la quatrième de couverture et le reposa. Elle passa à coté de Lupin, et s'intéressa à une autre étagère.

« -Vous ne semblez pas très heureuse de me voir, si je peux me permettre. »

Ses mains fines s'arrêtèrent sur la tranche d'un livre quel qu'onc. Elle soupira en baissant un court instant la tête. Puis de son visage au départ fermé, un sourire chaleureux apparut tandis que ses yeux brillaient d'une étincelle de réconfort.

« -Si, cela me fait plaisir de vous savoir avec moi, admit-elle. »

Elle tourna immédiatement la tête, trouvant un intérêt pour un autre ouvrage. Arsène resta figé, coincé sur l'expression qu'il venait de voir sur le visage de la jeune-femme. C'était bien la première fois qu'elle laissait une émotion si forte passer dans ses yeux. Il avait deviné un soulagement certain, mais le reste était bien difficile à décrire. Cela avait été trop court.

Il observa rapidement le livre qu'elle avait en main et regarda à son tour sur l'étagère. Il en sortit un à la couverture décorée de dorures rappelant le style chargé du rococo.

« -Si vous avez déjà quelques bases en histoire de l'art, alors ce livre devrait compléter quelques une de vos connaissances. Il est très complet concernant les meubles et les tableaux, en revanche beaucoup moins pour l'architecture et la sculpture. Et si le sujet vous intéresse réellement j'ai quelques ouvrages personnels qui devraient vous plaire. »

Elle prit le livre et le feuilleta rapidement, et hocha la tête en le calant contre elle.

« -Je vais faire confiance à l'expert que vous êtes, taquina-t-elle.

-Expert, peut-être pas, mais connaisseur en art, un petit peu plus. Et si je peux aider. »

Le carillon de l'entrée résonna dans la boutique, immédiatement suivit de salutation enjouées. Le libraire devait connaitre ce client, car jusque-là il était resté très silencieux. Bien qu'au départ ni Léonora, ni Arsène ne firent attention à ce qu'il se disait, un bout de la conversation leur fit tendre l'oreille de façon synchronisée.

« -Vous avez encore vos livres de magie ? s'étonna le client. Vous savez que vu la dernière affaire du tribunal, tout ça va partir en fumée !

-La dernière affaire ?

-Vous savez, Mathilde Bélivaux.

-L'artiste ?

-Oui, elle a été arrêtée hier dans la nuit à Lyon car elle est suspectée d'usage de la magie pour ses tours de scène.

-Elle est déjà déclarée coupable ?

-Non, mais ça ne saurait tarder. Pour une fois, le gouvernement n'a pas réussi à faire taire les médias, et les paris ont été lancé. Mais à mon avis, elle finira dans un laboratoire comme tous les autres magiciens arrêté avant elle !

-Je devrais peut-être me débarrasser de mes livres, vous avez raison.

Arsène posa son regard sur Léonora, inquiet de son silence. Ses yeux clairs étaient fixés vers la provenance des voix, sa respiration s'était accélérée et ses mains tenaient le livre fermement contre elle.

« -Que se passe-t-il ? demanda-t-il à voix basse. Vous connaissiez cette personne ?

-Non, ce n'est pas ça.

-Léonora ?

-Sortons d'ici.

-C'est ce que ces anomalies méritent, dit le client.

-Je vous en supplie, réitéra la jeune-femme. »

Arsène hocha la tête, il prit le livre de la main de Léonora, et ouvrit la marche vers la sortie. Il s'occupa de payer ledit livre au vendeur, coupant la conversation qu'il entretenait avec son client.

-Vous avez trouvé votre bonheur, mademoiselle ? demanda le libraire.

-Oui, sans soucis, répondit Lupin en voyant le visage fermé de la jeune-femme.

-Parfait.

-Et vous, qu'en pensez-vous de toute cette affaire ? interpella l'homme.

Lupin prit le temps d'observer le client. C'était un homme austère, hautain, les cheveux noirs pommadés et plaqués vers l'arrière de son crâne. Il portait une jaquette d'un gris bien triste dont les boutons étaient remplacés par des engrenages dorés. La canne qu'il tenait dans ses mains était recouverte majoritairement de cuivre doré, et comme la mode l'exigeait, elle était à peine recourbée afin de donner l'impression qu'elle était très utilisée. Dans la poche poitrine de sa jaquette, il pouvait parfaitement voir le contour brûlé de sa montre à gousset. Encore une mode, celle-ci consistait en une montre contenant un petit moteur thermique, ''plus performante'' parait-il, car elle ne nécessitait qu'on remonte le ressort.

Autrement dit, il était le cliché du bourgeois essayant de prendre sa place dans l'aristocratie.

Le cambrioleur sentit la main de Léonora se glisser sous son bras, étant visiblement mal à l'aise.

-Je ne fais pas de politique.

-Vous ne jouerez donc sur aucun paris ?

-C'est une perte de temps, selon moi.

-Un avis peu intéressant.

-Un avis réaliste, au contraire.

-Et vous, mademoiselle qu'en pensez-vous ?

Léonora raffermit imperceptiblement sa main sur le bras d'Arsène, espérant une réaction de ce dernier. Les yeux sombres de cet homme et son regard insistant la déstabilisaient et la gênaient.

-Je suis du même avis que monsieur, affirma-t-elle en contrôlant sa voix afin qu'elle paraisse assurée.

-Je pensais qu'une demoiselle aussi charmante que vous se permettrais d'avoir un avis bien plus tranché. Allez dites-nous ce que vous pensez.

-Je regrette, monsieur, mais cette conversation s'arrêtera là, intervint Arsène qui paya le vendeur.

-Ce n'est pas à vous que je parlais.

Arsène donna le livre à Léonora qui le rangea dans son réticule. Elle remit aussitôt sa main à sa place initiale.

-Elle vous a donné son avis, ne soyez pas si insistant.

-Je ne vous ai pas sonné.

-Et bien, s'amusa Lupin. Si ça c'est une façon de parler chez les faux-bourges de votre genre, je comprends pourquoi on ne vous donne jamais de responsabilité. Sur bien des sujet, il faudrait ne pas se prononcer, ni tenter de débattre avec le premier inconnu venu. Donc étant donné que vos connaissances sur le système judiciaire, et peut-être sur bien d'autres choses, semblent, comme vous, limité, je vous conseillerai à l'avenir de vous taire. En conclusion, pour votre propre salut, en effet ne me sonnez pas sur un tel sujet, et ne vous entêtez plus auprès de cette demoiselle. Autrement c'est à vous que je sonnerai les cloches, et ce ne sera pas pour annoncer la messe. »

Il entendit Léonora pouffer de rire en camouflant son sourire derrière sa main, comme elle l'aurait fait pour un éternuement. Il sentit la satisfaction monter en lui en ayant eut la chance d'obtenir le début d'un rire.

« -A vos souhaits, ma chère amie. Maintenant, si vous ne voyez pas d'inconvénient, nous allons partir et prétendre que toute cette conversation n'a jamais eu lieu. Adieu messieurs, adieu. »

Et il guida la jeune-femme en dehors de la boutique. Ils partirent d'un même pas en suivant la ligne de tram. L'homme intima un regard lui inquiet, elle était toujours aussi crispée sur son bras. Elle regardait devant elle, le regard sombre et le visage fermé.

Il posa sa seconde main par-dessus la sienne, assurant la place qu'elle avait sur son bras. Elle leva les yeux vers lui, visiblement anxieuse. Il raffermit sa prise avec un hochement de tête et un sourire bienveillant.

« -Ce n'est pas aujourd'hui qu'un pommadé comme lui ne nous mènera la vie dure, plaisanta-t-il. Vous n'avez rien à craindre de lui.

-Merci d'être intervenu.

-Il n'y a vraiment pas de quoi, je vous assure. Je vous ai promis ma protection et je tiens toujours ma parole. »


Bien le bonjour à tous, j'espère que vous allez bien!

Voici donc ce chapitre tout frais, tout neuf, tout propre ^^

Nous avons dans celui-ci les premières interactions entre Arsène et Léonora qui se font encore quelque peu timides, mais j'aime beaucoup que malgré le fait qu'ils ne s'apprécient pas beaucoup (enfin, il serait plus juste de dire que Léonora n'apprécie pas Arsène), ils restent tout de même très respectueux l'un envers l'autre.

Et comme vous avez pu le lire, en effet la magie fait partie de cet univers, nous éloignant pas mal des oeuvres de Maurice Leblanc et encore plus si l'on ajoute le coté industriel caractéristique du steampunk. J'étofferai le sujet de la magie au fil des chapitres évidemment ^^

N'hésitez pas à me laisser vos impressions et d'ici le prochain chapitre je vous dis à la prochaine!