Année : 771
Un peu plus de 3 ans après le Cell Game
« C17 ! C17 ! »
Il n'était pas vraiment sûr de réussir à le trouver. Mais Ryo était persuadé de l'avoir aperçu dans les parages quelques heures auparavant.
« Raaaaah mais mince, où est-ce qu'il est ? J'espère qu'il n'est pas parti...»
C17 ne restait en effet jamais vraiment longtemps au même endroit. Depuis sa première visite au village, il y a quelques mois, on ne pouvait pas dire qu'il s'était vraiment intégré, ni même qu'il avait cherché à le faire.
Il était apparu un jour, comme « tombé du ciel ». Les villageois ne savaient pas vraiment quoi penser de ce jeune homme étrange. Il avait demandé si quelqu'un avait besoin d'aide pour un travail quelconque. Les anciens lui avaient alors proposé d'aider à la découpe du bois. Une fois par an, tous les hommes s'afféraient pendant plusieurs jours à préparer le bois nécessaire pour toute l'année en allant couper les arbres de la forêt environnante. C17 avait accepté.
Mais ce qui avait surpris tout le monde, c'est qu'il était revenu seulement quelques minutes plus tard, avec des dizaines d'arbres déjà découpés. Comment avait-il fait ? Il n'avait pas répondu à cette question.
Les villageois lui avaient donné 1000 zenis pour son aide, et C17 était reparti, aussi vite qu'il était venu. Quelque temps plus tard, il avait fait son retour, et avait de nouveau demandé si un travail était disponible.
Et c'est ainsi qu'il était devenu une sorte « d'habitant temporaire ». Cependant, il n'avait pas voulu s'installer dans le village, il restait à l'écart, passant son temps dans les bois. En général il restait quelques jours, le temps d'effectuer quelques tâches payantes, puis il repartait.
Tout le monde le trouvait bizarre. Outre la force surhumaine dont il faisait preuve, on ne pouvait pas dire qu'il était très causant. La plupart du temps il demeurait silencieux, se contentant de répondre aux questions les plus élémentaires, mais sans jamais engager de vraie conversation. Il n'était pas impoli, mais il ne semblait pas vraiment vouloir engager de réelles conversations. Néanmoins, tout le monde s'accordait pour dire qu'il n'était pas dangereux.
Ryo était le seul qui avait réussi à nouer une forme de lien avec C17. De haut de ces 14 ans, c'était le « mécanicien » du village. Il était passionné de voitures, motos et engins en tout genre, et était toujours disponible pour réparer une panne.
Un jour pourtant, un villageois lui avait demandé de réparer une vielle voiture. Ryo avait tout essayé, tout démonté, remonté, redémonté, rien à faire. Et ce fut lorsqu'il s'apprêtait à abandonner que tout à coup, C17 était apparu. On ne l'entendait jamais arriver d'ailleurs, il apparaissait et disparaissait en un éclair, mais avec le temps, plus personne n'y prêtait vraiment attention.
- Ah ! Tu m'as fait peur C17 ! s'était-il écrié.
- Pardon.
Entendre C17 parler était déjà assez rare, mais l'entendre s'excuser encore plus.
- Ah non, pas de souci, c'est juste que j'étais concentré alors tu m'as surpris !
- ….. je ne voulais pas te faire peur.
- Hahaha oui j'imagine, ça doit pourtant t'arriver souvent non ? De…...faire peur ?
- …. oui.
- ….
- ….
- … euuuuuuh du coup, tu es revenu ? Encore besoin d'un travail ?
- Oui. Qu'est-ce que tu fais ?
- De quoi ?
- Là, qu'est-ce que tu fais ?
Disant cela, C17 avait alors désigné la voiture.
- Ah ! Ça ! Un tas de ferraille que j'essaye de réparer. Mais je pense que c'est fichu !
- … je peux regarder ?
- Euh… oui bien sûr !
Et à la grande surprise de Ryo, après quelques manipulations, la voiture avait redémarré.
« Wouuuuuuuuuuuuah alors là, tu m'épates ! Bravo C17, et merci ! » Le jeune garçon était tout heureux quand soudain…..
« Oh mais je n'ai rien pour te payer moi ! »
C17 s'était alors tourné vers lui. C'était sans doute le plus intimidant chez lui : son regard. Ses yeux d'un bleu si clair se fixaient sur vous et semblaient vous transpercer littéralement. Après quelques secondes de silence pourtant, il avait fini par lui répondre :
- Ce n'est rien, je n'ai pas demandé d'argent.
- Ah tu me rassures (en son for intérieur, Ryo était REELLEMENT soulagé de ne pas avoir mis C17 en colère. Il pressentait que ce n'était pas une bonne idée…).
- …..
- … euh C17, je ne savais pas que tu t'y connaissais en mécanique !
- En quoi ?
- En mécanique. Tu viens de réparer une voiture sur laquelle je m'arrache les cheveux depuis des heures !
- Tu n'as pas l'air d'avoir perdu de cheveux.
- ….
- ….
- Euh c'est une expression en fait… ça veut dire que je ne savais pas la réparer.
- Ah.
- Et donc, où est-ce que tu as appris ?
- Je ne sais pas.
- ….. comment ça ?
- Je ne sais pas.
- Mais alors comment tu as fait ?
- Je ne sais pas.
Ryo n'avait pas insisté. C17 était quelqu'un d'étrange de toute façon, ce n'était pas la peine de chercher à le questionner davantage. Mais à partir de ce jour, tous les deux avaient commencé à réparer ensemble des voitures, à chaque fois que c'était possible. C17 était étrangement doué pour ça. Il ne savait pas nommer les pièces ou les outils, mais il savait parfaitement s'en servir et semblait très à l'aise. Les réparations se faisaient globalement en silence (il n'était en effet pas devenu « causant » pour autant), mais néanmoins au fil des semaines une sorte de complicité s'était établie entre eux. Ryo était le seul avec qui C17 passait un peu de temps libre, et il tolérait sa présence bien plus que celle de n'importe qui d'autre.
Mais aujourd'hui, impossible de le trouver.
« C17 ! C17 ! Je ne sais pas si tu m'entends mais c'est important ! »
Seul le silence de la forêt lui répondit.
- Ah mais zut ! Zut ! Comment je vais faire moi maintenant ? Il fallait qu'il parte juste maintenant c'est trop bête !
- Pourquoi ? répondit une voix calme derrière Ryo, qui poussa un cri de stupeur et faillit s'évanouir de stupeur.
- Aaaaaaaaaaaaaaaaaaargh mais tu m'as fait peuuuuuuuuuuuuuuuur !
- …. désolé.
- J'ai cru que tu étais reparti !
- Je comptais le faire ce soir.
- … et ?
- ….. et je ne suis pas parti finalement.
Discuter avec C17, c'était accepter d'avoir une conversation ponctuée de longs moments de silence, et peu de réponses à ses questions….
- Bref, c'est super que tu sois encore là ! répondit Ryo, après avoir repris son souffle et ses esprits.
- Pourquoi ?
- Et ben au départ je pensais t'avoir trouvé un travail mais là j'ai surtout l'impression qu'on va avoir besoin de ton aide.
- …. quel genre de travail et quel genre d'aide ?
Ryo lui expliqua ce qui l'avait poussé à venir le chercher :
- Écoute une fille est passée ce matin au village. En fait sa voiture commençait à faire des bruits bizarres et elle cherchait quelqu'un pour jeter un œil. Du coup, moi, j'ai proposé de faire un petit check up, elle est super sympa cette fille. Et elle est super belle aussi ? Genre CANON en fait tu vois ?
- …..
- Et bref, on parle de tout, de rien….
- ….
- … ouais donc je continue. Et là elle m'explique qu'elle travaille avec les animaux-je-sais-pas-trop-quoi parce qu'elle parle vachement vite et que j'ai pas tout compris. C'est une fille quoi, tu vois ce que je veux dire ?
- ….
- …. eeeeeeeeeeeeeeeet donc là BAM elle me dit qu'elle a besoin d'un garde du corps, d'un type super balèze pour l'accompagner sur un truc parce que genre c'est hyper dangereux. Super balèze, tu vois, j'ai directement pensé à toi !
- …. ok.
- ….. parce que…. Tu l'es quoi.
- Je suis quoi ?
- Super balèze.
- … je suppose oui.
- Donc voilà. Et elle a dit qu'elle avait de quoi payer hein.
- ….. d'accord.
- Faudrait que tu lui parles quoi.
- Et c'est pour ça que tu es venu en courant et en criant aussi fort ?
- Noooooooooooon mince j'ai failli oublier ! En fait je lui ai parlé de toi et elle voulait te voir mais en même temps elle avait un travail à faire dans le parc naturel.
- Le quoi ?
- Le parc, en fait c'est un espace spécial pour les animaux, c'est dans la forêt juste derrière. Bref elle m'a dit qu'elle devait y faire un truc en rapport avec des animaux à protéger et je-sais-pas-quoi…
- Je sais pas quoi ?
- Non mais elle parle beaucoup, beaucoup, beauuuuuuucoup j'ai pas tout écouté.
- …..
- Donc elle est partie et elle devait revenir. Mais peu de temps après j'ai vu passer en voiture des types bizarres avec des fusils et tout, et eux aussi allaient vers le parc. Je sais pas pourquoi mais j'ai peur qu'elle ait des ennuis.
- … quel rapport avec moi ?
- Ben si elle est en danger, toi tu devrais pouvoir l'aider non ?
- ….. pourquoi je le ferai ?
- On peut pas laisser une si jolie fille dans le pétrin !
C17 croisa ses bras, et se mit à réfléchir. Au départ il était venu dans ce village par hasard, au gré de son errance, pour essayer de récupérer un peu d'argent. Il n'avait pas besoin d'en avoir beaucoup, juste de quoi pouvoir laver ses vêtements, ou s'assurer un peu de confort. Depuis sa résurrection, il savait à présent que cette planète habitait des êtres bien plus puissants que lui. Il était également au courant que les compagnons de Goku n'avaient pas réellement voulu le ramener à la vie et que certains le considéraient encore comme une menace. Sa puissance lui avait toujours permis de tout obtenir sans jamais avoir besoin de payer, mais s'il était content d'être en vie et était parfaitement conscient de sa force, il n'avait jamais rien voulu d'autres que de vivre libre et ne voulait pas causer de troubles particuliers.
C18 lui avait dit que tant qu'il ne se faisait pas remarquer, il n'avait rien à craindre. C'est pour ça qu'il cherchait de temps en temps à gagner un peu d'argent pour ne pas avoir à voler, et ce village était un point de chute pratique. Mais il ne voulait pas pour autant se retrouver à régler des problèmes qui ne le concernaient pas.
« Tu m'écoutes ? »
C17 releva la tête. Ryo le regardait. Il semblait réellement inquiet. C17 ne voulait pas trop créer de liens avec les humains, mais ce gamin était particulier et il éprouvait pour lui un sentiment qu'il ne savait pas vraiment qualifier. C'était au-delà de simplement tolérer sa présence, il ne le trouvait pas inintéressant et avait apprécié les séances de mécanique.
« Bon », finit-il par répondre « après tout, ça ne coûte rien d'aller voir. »
Et aussitôt, C17 s'envola et se dirigea dans la direction montrée par Ryo. Tout en s'éloignant, il entendit le jeune garçon crier :
« Merci C17 ! Tu devrais pas la manquer, elle est super jolie ! Et elle s'appelle Ruriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! ».
Une fois suffisamment haut pour avoir une bonne vue sur la forêt, C17 accéléra. Autant régler ça rapidement et voir si ce travail que proposait cette fille valait le coup.
« Ruri hein ? Bon, allez, réglons ça rapidement » pensa-t-il alors….