Année : 771

Un peu plus de 3 ans après le Cell Game

« Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! »

Un cri perçant se fit entendre. Il faut dire que Ruri ne s'attendait pas du tout à se retrouver dans les airs. C17 l'avait attrapé soudainement par la taille (quoique très délicatement) et s'était immédiatement envolé vers la direction qu'elle venait de lui indiquer. En l'espace de quelques secondes, il parvint à atteindre le lieu où le troupeau avait été rassemblé.

Atterrir en plein milieu risquait à coup sûr de faire paniquer tout le monde. Il choisit donc de se poser à quelques mètres de là, dans un endroit plus discret. Il déposa alors doucement Ruri.

« Bon, on y est » lui dit-il, tandis que la jeune femme essayait de reprendre ses esprits. « Voilà qui devrait l'avoir calmée » pensa-t-il. C17 fit mine de regarder autour de lui, mais, discrètement, il l'observa. Elle était silencieuse, manifestement abasourdie. Son regard ébahi et ses cheveux ébouriffés lui donnaient un air très comique qui tranchait vraiment avec l'attitude si sûre d'elle qu'elle avait encore quelques secondes auparavant.

Mais à la grande surprise de C17, un grand sourire illumina soudain le visage de Ruri. En un instant, elle revient à elle, se tourna vers lui et s'écria :

« Mais c'est HYPER COOOOOOOOOOL ce que tu viens de faire ! Olalalalalala je n'en reviens pas ! C'est pour çaaaaaaaaa en fait que tu as débarqué de nulle part tout à l'heure, en fait tu VOLES ! Non mais attends, tu te rends compte, tu VOLES ! Bon j'avoue, tu aurais pu prévenir quand même, mais WHAOU ! »

Décidément, rien à faire, elle n'avait pas du tout les réactions qu'attendait C17. Ce dernier ne put cependant pas s'empêcher de trouver un certain « cran » à cette humaine que rien ne semblait pouvoir intimider.

Il n'avait pas de haine particulière envers les humains, mais n'en avait pas non plus une très bonne opinion, à de rares exceptions près. Faibles, geignards, peureux, ennuyeux….voilà ce qu'il pensait de l'humanité en règle générale. Mais il devait bien admettre que cette Ruri l'intriguait (beaucoup), et qu'elle commençait même à l'amuser (un peu). Inutile de continuer ce petit jeu, elle n'était pas si impressionnable finalement. C17 se rapprocha d'elle, et lui répondit avec une pointe de malice :

« Tu m'as dit qu'il fallait faire vite, j'ai fait vite ».

Ruri était une spécialiste des animaux. Et la règle de base pour un zoologiste était d'avoir un grand sens de l'observation. Aussi, le changement de ton de C17 ainsi que le très léger sourire qu'il avait ne lui échappèrent pas du tout. « Et voilàààààààà » se dit-elle aussitôt. Elle avait bien fait de prendre sur elle. Quand il l'avait saisie et emmenée dans les airs, elle avait eu tellement peur qu'elle avait cru faire un arrêt cardiaque. Elle n'avait pas pu s'empêcher de se cramponner à ses vêtements comme si sa vie en dépendait. Quand il l'avait déposée au sol, c'est à peine si elle pouvait respirer, ses jambes étaient molles comme du chewing gum et son cœur battait à une telle allure qu'il paraissait vouloir sortir de sa poitrine.

Mais elle n'avait rien voulu laisser paraître. « Il me teste, c'est certain » avait-elle pensé en voyant le regard discret de C17, « si je veux avoir une chance qu'il m'écoute pour mon expédition, je dois lui montrer que je ne suis pas une trouillarde ».

Comment pouvait-il savoir voler ? Comment avait-il fait pour arrêter la balle ? Qui était-il en fait ? Ruri brûlait d'envie de le lui demander, mais elle pressentait que ce n'était pas la bonne méthode. Et de toute façon, il fallait se remettre au travail, le temps jouait contre eux à présent.

- Bon, reprit-elle, maintenant que le vol C17 express a atterri, au boulot avant que les braconniers ne débarquent !

Surtout qu'avec le cri que tu as poussé, il est fort probable qu'ils sachent où nous sommes » répliqua C17, en arborant un sourire en coin.

Piquée mais plus amusée que vexée, Ruri lui sourit en retour.

- Monsieur fait de l'ironie à ce que je vois ? J'avoue et je reconnais que…. J'ai été un peu…. Surprise. Tu m'accordes que ce n'est pas courant de voir quelqu'un voler ?

Oui.

Mais maintenant c'est bon, je retiendrais la leçon pour les prochaines fois.

Quelles prochaines fois ?

C'est une expression, relax. Alors, prêt à voir de la très très grosse bête ?

Oui.

- Juste pour être sûre : tu sais dire autre chose que « oui » et « non », rassure-moi ?

- Oui.

- ….. Super ! Suis-moi, ce n'est pas très loin.

Tous deux se mirent alors en marche, C17 restant légèrement en retrait. Après quelques minutes, ils arrivèrent à destination. Il s'agissait d'une autre clairière, beaucoup plus petite que la précédente. Les arbres qui l'entouraient étaient vraiment très hauts et touffus, au point que même depuis le ciel on ne pouvait pas vraiment la voir. Une bonne cachette en effet.

Une dizaine d'hommes étaient présents. En les apercevant, C17 se fit la réflexion qu'ils étaient tous vêtus de ce genre de tenues que C18 avait qualifié de « trucs de péquenauds » lors de leur voyage à la recherche de Goku. Des gilets, des chapeaux, des chemises à carreaux et des bottes. « C'est un uniforme chez les gardes forestiers ? » se demanda-t-il. Il était encore en pleine réflexion quand soudain un grondement sourd et très puissant se fit entendre, immédiatement suivi d'un cri :

« ATTENTION, IL CHARGE ! »

Le fracas qui suivit fut tel que les arbres alentours se mirent à trembler, et qu'une myriade d'oiseaux s'envolèrent subitement dans toutes les directions. C17 se retourna immédiatement en direction du bruit. Et là, devant lui, se tenait un cerf absolument gigantesque, peut être bien de 2 ou 3 mètres de haut. L'envergure de ses bois semblait infinie, et son pelage était d'un gris sombre aux reflets argentés. C17 était sidéré, il avait passé pas mal de temps dans des forêts, mais il n'avait jamais vu un tel animal, avec de telles proportions. Ce cerf était tout simplement magnifique et donnait l'impression de posséder une puissance colossale. Instinctivement, C17 se rapprocha de lui quand il sentit tout d'un coup une main se poser sur sa poitrine.

« Pas tout de suite, laisse-le se calmer un peu ».

C17 tourna la tête. C'était Ruri qui venait de lui parler. Il allait lui répondre, mais il s'aperçut alors que son regard était complètement différent. Elle semblait à présent très sérieuse, concentrée. Sa voix était douce, mais ferme.

« Rassure-toi, je ne te donne aucun ordre. Mais il est très nerveux, notre présence l'effraie et le mets en colère. Si tu t'approches il chargera encore et finira par se blesser en tentant de briser la barrière. Alors attends encore » poursuivit-elle calmement.

Une barrière ? C17 observa plus attentivement. Mais oui, en effet. Il s'était tellement focalisé sur le cerf qu'il n'avait pas du tout réalisé que de grands câbles noirs avaient étaient disposés dans la clairière. Ils étaient très épais et étaient reliés entre eux par des poteaux gigantesques formant une immense cage ouverte. Mais comment du matériel construit par des humains pouvait contenir un animal de cette taille ?

« Ces câbles n'en ont pas l'air, mais je t'assure qu'ils sont très résistants. Un vrai bijou de technologie. Je connais bien la personne qui les a inventés. Tu te doutes bien qu'on ne retient pas les monstres de ce type avec du fil de pêche » indiqua Ruri, comme si elle arrivait à lire dans les pensées de C17.

- Comment….

Parce que ça se voit sur ton visage. Ton regard est très expressif, on ne te l'a jamais dit ?

C17 ne répondit pas. Il cessa cependant d'avancer, se contentant d'observer à distance. Le cerf géant venait en effet de foncer sur les câbles. Il était clairement en colère, agitant frénétiquement ses bois de gauche à droite, grattant le sol avec ses pattes avant tout en émettant un grondement lourd et pesant.

Comment de simples humains pouvaient avoir capturé un tel monstre ?

C17 se tourna de nouveau vers Ruri, et lui posa la question. Sans répondre, cette dernière pointa lors son doigt vers la forêt.

- Tu n'as pas une petite idée ?

- …. non .

- Observe bien autour de toi. Qu'est-ce que tu vois ?

- …. des arbres.

- En effet. Et donc ?

- … vous l'avez assommé avec des arbres ?

- C'est comme ça que toi tu aurais fait ?

- Oui.

- ….. tu saurais le faire ?

- Quoi ?

- Arracher un de ces arbres.

- Oui.

Ruri regarda alors C17 fixement. Il était très calme, et rien dans son expression ne trahissait de la vantardise ou de la plaisanterie. Il avait l'air parfaitement sérieux. « Après tout, je viens de le voir voler, donc cela n'apparaît pas du tout farfelu en fait….. Tu es décidément TRÈS intéressant toi » pensa-t-elle.

Après quelques secondes de silence, elle reprit :

- Tu as vu la taille de ses bois ?

- Oui, ils sont gigantesques.

- Alors penses-tu qu'il soit facile pour lui de se déplacer dans un tel environnement ?

- … non.

- Pourquoi ?

- Ses bois doivent se… bloquer ?

- Exactement. Cet animal ne vit pas dans cette partie du parc, il vit plus loin, dans des espaces dégagés, ce n'est pas du tout un cerf de forêt. Alors j'ai demandé aux gardes forestiers de déplacer le troupeau et de les attirer ici. Les arbres limitent les mouvements du mâle, il a donc été bien plus facile de l'immobiliser. Pas besoin de force brute, quand on a une bonne tactique.

C17 écoutait attentivement. Il se surprit lui-même à vouloir en savoir plus sur cet animal, le travail de Ruri et sur ce qui allait suivre. Il n'aurait jamais pensé les humains capables de telles prouesses. Vaincre un adversaire plus fort rien qu'avec une tactique ? Après tout, pourquoi pas...

- Et tu comptes faire quoi de lui maintenant ?

- En fait ce n'est pas pour lui que je suis là, mais pour elle

Se faisant, Ruri lui fit signe de regarder derrière le cerf géant. Il aperçut alors plusieurs cerfs, bien plus petits, et dépourvus de bois. Ils se tenaient en arrière du grand, en silence.

- Ce sont des femelles, expliqua Ruri, et l'une d'entre elles est malade. Or, on ne peut pas approcher d'une femelle isolément, le mâle ici les protège toutes. Le troupeau ne l'aurait pas abandonnée non plus. Il faut tous les déplacer ensemble. Ensuite, on trouve un moyen de s'approcher de la femelle malade.

- Le mâle te laissera t'approcher ?

- Haha non, certainement pas !

- Et donc tu as besoin de moi.

- Pour ça ? Non, pas du tout, pas besoin je peux gérer.

- Toi ?

- Oui, moi, pourquoi ?

- ….. euh, pour rien.

C17 demeura perplexe. Comment cette petite humaine allait bien pouvoir maîtriser cet animal gigantesque ?

Il n'eut cependant pas le temps de trop y penser, car soudain des coups de feu retentirent juste derrière eux. Ruri se mit alors juste à côté de lui, et lui tapota doucement le dos.

- Par contre, lui dit elle alors en lui faisant un clin d'oeil, si tu pouvais te charger de me débarrasser de ces braconniers, sans les tuer JE PRÉCISE, tu me rendrais un énorme service.

- Et ensuite tu t'occuperas du cerf géant ?

- Oui.

- ….. et ….

- Si ça t'intéresse, tu pourras rester et je t'expliquerai. Mais bon, plus sérieusement, l'état de la femelle me préoccupe beaucoup. Plus on attend, plus son état risque de devenir grave. Alors il faudrait que tu fasses au plus vite. Tu penses en avoir pour combien de temps ?

C17 se mit alors à marcher en direction de l'endroit d'où provenaient les coups de feu. Et tout naturellement, il répondit :

- 1 minute. J'ai besoin d'un peu de temps parce que c'est plus difficile de ne pas les tuer.

- …. pardon ?