Année : 771

Un peu plus de 3 ans après le Cell Game

« 23h13…. Bon, on ne va pas dire que c'est fichu, mais c'est mal parti…. Raaaaaaaaaaaaah C17 tu es vraiment un crétin fini ! ».

Ruri savait bien qu'elle avait très peu de chance que C17 accepte de la suivre. Il avait été assez catégorique, et aussitôt après leur conversation, il s'était envolé. Personne au village ne l'avait revu, il avait disparu sans avertir personne. Aucun habitant n'en était d'ailleurs surpris. Ryo, le jeune garçon qu'elle avait rencontré et qui lui avait parlé de C17, lui avait bien dit de ne pas se faire trop d'illusions. Gentiment, il lui avait proposé de réparer sa voiture gratuitement. Depuis maintenant 3 jours, Ruri était restée dans sa chambre d'hôtel à travailler, mais elle s'était rendue tous les jours au village, pour lui parler et essayer d'en apprendre le maximum possible sur C17. Malheureusement, elle n'avait pas pu obtenir beaucoup d'informations, et rien surtout qui pouvait lui donner un peu d'espoir.

Tout le monde s'accordait à dire que C17 fuyait la compagnie des autres, il ne parlait quasiment pas, rien ne semblait l'intéresser particulièrement.

« Pourtant, je suis certaine qu'il a … apprécié de s'occuper de la femelle et son petit. Et puis… il m'a un peu parlé quand même…. Je ne peux pas m'être trompée à ce point….. ».

Rien à faire, plus l'heure avançait, moins elle arrivait à se concentrer sur le cours qu'elle devait finir. Elle avait prévu de repartir le lendemain à l'aube. Plus que quelques heures…. L'attente était insoutenable, car elle savait que si elle partait sans lui, jamais il ne la rejoindrait.

Cette seule idée la rendait folle. Sans C17, son expédition devenait pratiquement irréalisable. Aucun humain sain de corps et d'esprit n'accepterait de se lancer dans quelque chose d'aussi dangereux. Et même si elle en trouvait un, serait-il d'une grande utilité ? Alors que C17, avec une telle force et une telle vitesse, lui seul pouvait vraiment l'aider. L'avoir rencontré était une chance extraordinaire qu'elle ne voulait pas lasser passer.

Cette expédition, c'était le but ultime de sa vie, son seul objectif depuis des années, rien n'avait plus d'importance à ses yeux. Voir les minutes s'écouler ainsi et son rêve devenir chaque seconde plus impossible à réaliser commençait à lui être vraiment insupportable. Pour se changer les idées, elle avait tout essayé : prendre une douche, regarder un film, lire et relire encore son cours, qu'elle ne parvenait d'ailleurs pas à mémoriser. Rien à faire, elle ne pouvait pas s'empêcher de penser à lui.

Soudain, elle fut prise d'une grande colère. Elle se leva brusquement de son lit, et s'écria :

« Non mais c'est vraiment un pauvre imbécile en fait ! Refuser de venir avec une jolie fille comme moi mais j'HALLUCINE ! C'est pas comme s'il avait des trucs importants à faire en plus ! S'ils ne risquaient pas d'en mourir, des TONNES de types se battraient pour m'accompagner ! CRÉTIN ! »

Disant cela, Ruri se saisit d'une canette vide qui se trouvait sur sa table de chevet, et la lança furieusement par la fenêtre laissée ouverte. Elle regretta immédiatement son geste, car ce n'était pas dans ses habitudes de polluer la nature, et instinctivement, elle se dirigea vers la fenêtre pour voir où la canette était tombée.

« Qui est un crétin ? ».

Ruri se figea en une seconde. Cette voix nonchalante, aucun doute…. A sa grande surprise, C17 se trouvait de l'autre côté de la fenêtre, la canette dans la main droite. « Non mais c'est pas vraiiiiiiiiiiiiiiiii ! » pensa-t-elle, complètement incapable de réagir, « ça fait des jours que je t'attends et tu arrives pile maintenaaaaaaaaaaaaant sombre idioooooooooooooot ! ».

Quelques longues secondes s'écoulèrent, pendant lesquelles tous deux restèrent parfaitement immobiles, Ruri devenant simplement de plus en plus rouge. C17 ne put s'empêcher de la trouver très drôle, cette petite humaine normalement si bavarde et soudain muette comme une carpe. Amusé, il choisit pourtant de ne rien en montrer, et resta parfaitement impassible.

- Je peux entrer ? finit-il par demander.

- …

- J'en déduis que oui (à ces mots, il pénétra dans la chambre. Il se rapprocha de Ruri, toujours immobile, et dont le visage venait encore de franchir une étape dans sa course vers l'écarlate).

- …..

- Alors comme ça, tu jettes des canettes au visage des gens ? Intéressant.

- …. oui ben si tu passais par la porte, comme tout le monde, tu n'aurais pas eu de souci. C'est pas fréquent les gens qui rentrent chez toi PAR LA FENÊTRE DU 4ème ÉTAGE !

Elle venait tout à coup de retrouver la parole, mais C17 voyait bien que ce n'était qu'une tentative penaude pour sauver les apparences. Le ton de sa voix n'était clairement pas aussi affirmé que lors de leur dernière conversation. Elle cherchait à dissimuler sa gêne, c'était évident, et C17 trouvait tout cela de plus en plus amusant. Décidé à profiter un peu de cette situation pour mettre Ruri dans l'embarras, il se mit à marcher doucement autour de la jeune femme, et en faisant bien attention à ne rien laisser paraître de son amusement, il poursuivit :

- Est-ce que tu as une idée du nombre de personnes sur cette Terre qui m'ont traité de crétin, m'ont lancé une canette au visage, et sont encore vivantes pour en parler ?

- ….. je dirais ….. une. Moi.

- En effet.

- Et d'abord, je ne t'ai rien lancé au visage, je ne pensais pas que tu étais là.

- Mais tu m'as traité de crétin.

- Ben oui, répondit alors Ruri.

Elle était affolée. Non pas qu'elle craignait une réaction violente de C17, mais elle était terrifiée à l'idée d'avoir gâché sa chance qu'il l'accompagne. Car s'il était finalement venu, c'était bien pour lui parler de sa proposition. Elle n'eut pas beaucoup de temps pour réfléchir, mais il lui paraissait évident que ça ne servait à rien de chercher à nier. Mieux valait tenter la franchise. Elle poursuivit donc sur sa lancée :

- Après tout…. refuser de m'accompagner, ce serait vraiment idiot de ta part. Et ça fait 3 jours que tu as disparu et que je suis sans nouvelle, franchement tu abuses. Donc j'étais énervée. En fait, c'est complètement de ta faute tout ça.

- ….. ma faute ?

- Oui.

- Intéressant.

- Qu'est-ce qui est intéressant ?

- Toi.

A ces mots, C17 se rapprocha de Ruri, comme il l'avait fait avant de pénétrer dans l'enclos du cerf géant. Si près, que leurs visages pouvaient presque se toucher.

« Atteeeeeeeends, mais…. Tu flirtes ou je rêve ? »

Cette idée vint brusquement à l'esprit de Ruri. D'un côté, C17 instaurait clairement une sorte de rapport « physique » entre eux, mais de l'autre, son regard était tellement…. fixe… qu'elle ne parvenait pas à y déceler une expression particulière. Elle n'arrivait donc pas à cerner vraiment quelles étaient ses intentions. Mais à y regarder de plus près, cela était tout sauf désagréable. Elle profita de sa proximité pour observer son visage.

« Mais c'est fou ce qu'il est beau en fait…..ralalalaaaaaaaa ces yeux bleus mon dieu ! » se dit-elle alors. Ce n'est qu'à cet instant qu'elle réalisa qu'elle était habillée dans son pyjama fétiche rose, décoré de licornes et d'arc-en-ciel. Un cadeau stupide de ces camarades de l'université. Confortable, mais absolument pas attirant.

« Oh mais il fallait que tu viennes JUSTE MAINTENANT QUE JE PORTE CE MACHIN RIDICUUUUUUUUUULE », pensa-t-elle, en priant en son for intérieur pour que C17 n'y fasse pas trop attention.

De son côté, ce dernier était resté immobile, comme à son habitude, fixant Ruri droit dans les yeux. Il ne savait pas vraiment pourquoi il s'était rapproché autant. Il voulait lui parler, c'était l'objet de sa visite, mais maintenant qu'il était en sa présence, il ne pouvait s'empêcher de vouloir être…. plus près. Elle était différente par rapport à son souvenir, quand elle était en tenue « pour aller affronter des monstres ». Là, ses cheveux étaient détachés, et tombaient en de longues mèches légèrement ondulées jusqu'à sa taille. Son regard était en revanche toujours incroyablement expressif, et le vert profond de ses yeux le fascinait. Elle avait aussi son sourire, un sourire qui ne la quittait quasiment jamais. « C'est vrai que tu es mignonne ».

Cette pensée le surprit. Il n'avait jamais prêté aucune attention à une humaine auparavant. Mais vraiment… celle-ci était spéciale. Au point de lui faire oublier ce qu'il voulait lui dire.

- Et…. finit alors par dire Ruri, en quoi je suis intéressante ?

- Parce que ….. tu n'as pas peur de moi.

- Hein ? Mais pourquoi j'aurais peur ?

- …. je suis assez puissant pour te tuer très facilement.

- ET BEN DIS DONC, pour refroidir l'ambiance, tu es vraiment doué hein ! Hahahahaaaaaa !

La question de C17 avait tellement surpris Ruri qu'elle en oublia sa gêne, son appréhension et ses inquiétudes. Elle se mit à rire, pendant plusieurs minutes, avant de reprendre son souffle. Elle s'assit alors sur son lit, et d'un air moqueur, poursuivit :

- Tu as l'intention de me tuer ?

- Non.

- Mais alors pourquoi j'aurais peur ? Je ne voudrais pas te vexer, mais tu n'as rien d'exceptionnel sur ce point, n'importe qui avec une arme pourrait me tuer. Toi, pas plus qu'un autre. Ce qui compte, ce n'est pas ce que tu peux faire, c'est ce que tu veux faire….

- …. ah.

- C'est comme les monstres tu vois. Tout le monde en a peur, parce qu'ils sont gros, forts, puissants. Mais ils sont comme tous les animaux, ils aspirent à une vie paisible, ils tuent pour se nourrir mais sans plus. Un gros monstre qui ne te veut pas de mal est parfois moins dangereux qu'un insecte qui lui va vouloir te piquer et dont la piqûre peut te tuer.

- … ah.

- C'est le grand problème des monstres d'ailleurs. Comme tout le monde pense qu'ils sont dangereux et forts, personnes ne se soucie de leur protection. Ils sont les grands oubliés de la protection animale.

- C'est pour ça que tu les étudies ?

- … un peu. J'avoue avoir une faiblesse pour les animaux très gros et très dangereux hahahaha ! Mais après, pour moi, toute vie animale est précieuse, la nature est précieuse, et je veux consacrer ma vie à ….. la préserver. C'est idiot hein ?

- …. non j'ai ….. connu….. quelqu'un comme ça, avant…

- Un ami à toi ?

- Pas vraiment…

- Mais il aime les animaux ? Alors c'est quelqu'un de bien… Tu sais C17, si… tu m'accompagnes…. Tu pourras lui montrer de super photos d'animaux extraordinaires, je suis sûre qu'il adorera les voir !

Ruri voulait savoir, connaître la réponse de C17. Alors, autant poser la question. Ou au moins, ramener la conversation sur le sujet. Elle était redevenue sérieuse, et C17 comprit lui aussi qu'il était temps d'en venir à la vraie raison de sa visite.

- D'accord.

- D'accord quoi ?

- Je viens avec toi.

A ces mots, Ruri se leva aussitôt de son lit et se jeta au cou de C17, qui surprit, ne la repoussa pas. De toute façon, comme il commençait à en avoir l'habitude, la jeune femme ne lui laissa pas vraiment le temps de réfléchir, car tout de suite après elle se détacha de lui et se mit à crier :

- C'EST VRAIIIIIIIIIIIIIIII ? OH MERCI MERCI MERCI C17, TU NE LE REGRETTERAS PAS JE TE LE PROMETS ! Bouge pas, je reviens !

Elle bondit alors à l'autre bout de la chambre, et revint avec deux canettes. Elle en offrit une à C17.

- Tiens, on va fêter ça quand même ! On peut dire que tu m'auras bien fait languir ! ça tombe bien, il me restait 2 bières. Bon elles ne sont pas hyper fraîches, mais c'est mieux que rien !

- … qu'est-ce que c'est, une bière ?

- ….. ah ouais, quand même.

- Quoi ?

- Non rien, t'inquiète pas, je me disais juste que…. Bref, oublie. Ça se boit. A ta santé !

C17 n'avait jamais bu de « bière ». Il buvait essentiellement de l'eau, seul élément indispensable à sa survie. Il avait également bu des sodas, mais rarement. Il n'avait d'ailleurs pas vraiment soif, mais Ruri semblait si contente, qu'il n'osa pas vraiment refuser. Il goûta donc cette étrange boisson.

- ….. c'est pas mauvais, dit-il après quelques gorgées.

- On boit ça quand on fête un truc, précisa Ruri.

- Ah.

- En fait techniquement il nous faudrait du champagne, mais c'est très cher, et j'ai un budget assez serré donc…

- Ah.

- Tu n'as jamais bu de champagne non plus, n'est-ce pas ?

- Non.

- Je m'occuperais de réparer ce grand manque dans ta vie, promis !

- Si tu m'en disais plus sur ton expédition ?

Ruri lui adresse alors un autre grand sourire.

- Comme je te l'ai dit, on va aller observer 5 animaux bien particuliers.

- Lesquels ?

- Ahhhhhhhh ça, top secret.

- Pourquoi ?

- Je t'ai promis que tu ne t'ennuierais pas avec moi. Alors je te garde quelques surprises en réserves. Mais je te garantis que tu n'en croiras pas tes yeux. Tu n'as jamais vu de pareilles créatures, et tu n'es jamais allé là où elles se trouvent. Fais-moi confiance !

- …. d'accord. Donc en gros, ce que tu veux, c'est que je te protège d'eux si besoin ?

- Exactement. Si tu veux m'aider aussi pour les observations scientifiques, je ne refuse pas ton aide !

- …. d'accord. Et ça va durer combien de temps ?

- …. alooooooooooooooooors, je dirais…. Un an.

- UN AN ?

- Maximum.

- Tu ne m'avais pas dit que ce serait si long !

- Tu ne m'as pas posé la question.

C17 resta interdit. Un an, c'était bien plus que ce qu'il avait prévu. Il commençait à se demander si il avait bien fait d'accepter finalement. Encore une fois, comme si elle arrivait à lire dans ses pensées, Ruri intervient immédiatement :

- On ne va pas aller directement faire l'expédition. J'ai besoin d'argent pour la financer. Alors j'accepte des missions comme celle avec le cerf. J'ai pas mal de contact avec des gardes forestiers et des parcs nationaux. Alors il faut encore qu'on fasse quelques petites missions, et une fois que j'ai assez d'argent, on part.

- …

- Je sais que un an, ça fait beaucoup. Mais…. Pourquoi tu as accepté finalement ?

- … je n'ai ….. rien de ….

- Rien de mieux à faire en ce moment hein ? Ruri le regardait avec un air malicieux, mais dénué de toute méchanceté. Alors, n'ayant de toute façon pas vraiment le choix, C17 lui sourit en retour, et répondit :

- En effet.

- Alors, un an, ça ne change pas grand-chose, non ?

- …. un an. Pas un jour de plus. À partir de demain.

- Vendu !

Tous deux burent alors quelques gorgées de bière, en silence. Ruri était tellement heureuse qu'elle n'avait qu'une envie : quitter cette chambre d'hôtel immédiatement et partir avec C17, de peur qu'il ne change d'avis. Mais il était tard, et elle avait besoin de se reposer un peu. D'autant plus que…

- Ah mince ! S'écria-t-elle

- Quoi ?

- Avec tout ça, je n'ai pas fini de lire mon cours.

- Ton quoi ?

- Ma leçon. Je dois rendre mes notes à mon professeur demain.

- Une leçon sur quoi ?

- Les eucaryotes unicellulaires hétérotrophes.

- …

- Oui, je sais, dit comme ça….

- Je vais te laisser travailler alors.

- Attends. D'abord, on doit fixer ensemble quelques règles. Vu qu'on va travailler ensemble pendant un an, autant se mettre d'accord tout de suite.

- Je n'aime pas beaucoup les règles, répondit C17, en souriant.

- haha moi aussi ! Je déteste obéir aux ordres, j'ai la mauvaise habitude de faire l'inverse de ce qu'on me dit. Ça nous fait un point commun, non ?

- Oui.

- Mais il faut bien en fixer un peu. Alors je propose, règle n°1 : nous sommes partenaires dans cette expédition. Ça veut dire qu'aucun de nous ne donne les ordres. On décide ensemble, tous les deux, sur un pied d'égalité.

- ça me va.

- Super ! Règle n°2 : on ne blesse pas les animaux, et on ne les tue pas. Tu es puissant, je me doute que tu sais doser ta force, mais inutile d'en faire usage dans l'immense majorité des cas. En cas de danger, on s'enfuit. Tu ne répliques que si un humain, et a fortiori moi, est en danger. D'accord ?

C17 repensa instantanément à C16. Après leur première confrontation avec Végéta, la seule chose qu'il avait dit c'était que les bruits des combats avaient fait fuir les oiseaux. A l'époque, C17 n'avait absolument pas prêté attention à eux, il se fichait éperdument des conséquences de leurs combats sur la nature environnante. Mais il avait changé, et il ne voulait en effet aucunement blesser inutilement un animal.

- D'accord aussi.

- Génial !

- A mon tour.

- Mmmmm ?

- Règle n°3 : on décide ensemble, sauf si justement, j'estime que la situation est dangereuse. Si c'est le cas, je décide, et tu fais ce que je te dis, sans poser de question, ni discuter.

- ….. ça me semble juste. Va pour cette règle. Il reste encore un dernier point, et on est bon.

- Lequel ?

- Qui conduit la voiture ?

- ….. tu veux y aller en voiture ?

- Oui, pourquoi ?

- … je peux voler, on ira bien plus vite.

-… mmmmmmmmmm je vois ce que tu veux dire. Honnêtement, je ne dis pas que nous n'utiliserons jamais ta « capacité spéciale » mais le road trip, c'est la meilleure partie de l'expédition, ce serait dommage de s'en priver, non ? Pourquoi se presser, on peut prendre un peu notre temps, non ?

- ….C'est quoi…. Un road trip ?

- C'est quand tu pars en voyage en voiture avec des amis. C'est troooooooooooooop bien, on roule , on mange dans des restaurants le long de la route, on chante des chansons… Tu n'en as jamais fait ?

- ….. si, une fois.

- Ah bon ? Et c'était bien ?

C17 marqua un temps d'arrêt. Ce voyage qu'il avait fait avec sa sœur et C16, c'était de loin son plus beau souvenir, peut être même le seul. Sans doute que C18 ne partagerait pas forcément son avis, mais pour lui, cela avait été une formidable expérience. Après des années enfermés dans le laboratoire du Dr Gero, il n'aspirait qu'à une chose : jouir de sa liberté. Alors, il avait profité énormément de ces quelques jours d'évasion et de voyage. A cette époque encore, il se pensait l'être le plus puissant de l'univers, il s'était senti invincible, totalement…. libre. A l'abri à jamais de toute menace. Jamais plus, avait-il pensé, quelqu'un ne pourrait l'enfermer et l'utiliser comme un simple objet. Si seulement il avait su…. Quatre jours plus tard, il avait payé cher son insouciance. Seulement quatre jours….

Alors après tout, pourquoi ne pas repartir sur la route… « Pourquoi se presser, hein ? » se dit-il, amusé à l'idée que cette fois, c'était lui qui avait proposé de voler au lieu de prendre une voiture.

- C17 ?

- Oui, pardon. Oui, c'était….. bien. Juste….. la fin…..

- Ah oui, souvent quand on part avec des amis, au bout de quelques jours, ça finit mal. Moi tu vois, une fois je suis partie en vacances avec des amis de l'université. Et tout se passait SUPER BIEN. Mais au bout d'une semaine, on s'est tous disputés. Soi-disant que j'aurais laissé traîner mes chaussettes et que c'était pas normal, bla bla bla, tu vois le genre. Alors que pas du tout, je range toujours mes affaires, c'était pas les miennes, de chaussettes. Toi aussi, ça s'est mal fini à cause d'une dispute dans ce genre ?

- … pas du tout.

- Ah, alors tu en as eu de la chance, parce que moi j'ai quasiment eu que ça comme problème hahaha !

C17 ne put réprimer un léger éclat de rire. Et cela faisait des années qu'il n'avait plus rit. Il releva la tête, et plongea de nouveau son regard dans celui de Ruri. Ce voyage s'annonçait finalement bien plus intéressant qu'il ne le pensait au départ. Il était même impatient de partir finalement.

Il se faisait tard, et de toute façon leur conversation touchait à sa fin. C17 se dirigea alors vers la fenêtre. Mais au moment de la franchir, il se retourna, et lança avant de s'envoler :

- Je te laisse terminer ce que tu dois faire. Je reviens demain matin à l'aube.

- Parfait.

- Et au fait, règle n°4 : c'est moi qui conduis la voiture. A plus !

- Rooooooooooooooooooh mais !