Année : 771
Un peu plus de 3 ans après le Cell Game
2 semaines venaient de s'écouler depuis la capture du serpent géant. Le professeur de Ruri avait accouru aussi vite que possible. C'était un homme petit, avec de très grosses lunettes et un physique assez frêle, mais qui avait tout de suite fait preuve d'un grand souci de protéger l'animal.
Néanmoins, il était également fasciné à l'idée de pouvoir observer de près un monstre aussi rare, une telle opportunité ne se présentant en effet pas souvent dans la vie d'un zoologiste. Le professeur avait donc suggéré de faire quelques petites expériences sur le titanoboa, et bien évidemment C17 avait été mis à contribution. Il avait aidé à le mesurer, le peser, lui prélever des écailles, et à mener tout un tas d'expériences étranges et pour certaines… malodorantes...
Que ces scientifiques étaient bizarres ! Mais C17 avait tout de même appris beaucoup de choses. Par exemple, le professeur lui avait parlé des espèces animales en danger. Il lui avait alors donné deux livres : un noir, et un rouge. Le noir, pour les espèces éteintes. Et le rouge, pour celles qui étaient en danger de l'être. C17 n'avait jamais réalisé que la vie des animaux pouvait être à ce point menacée sur Terre, et qu'il existait également des humains qui faisaient tout leur possible pour les protéger. Il n'avait pas pu s'empêcher de se dire que C16 aurait adoré parler avec eux d'ailleurs. Et c'est pourquoi, malgré les aspects désagréables, il avait fait de son mieux pour les aider.
Lui seul était en capacité d'approcher le serpent. Sa présence permettait d'éviter de trop avoir à l'entraver. En effet, il était impératif que ce monstre ne quitte plus son île, et sans C17, il aurait fallu le sédater régulièrement ou le maintenir au sol. Au moins, avec lui dans l'équipe, cela n'était pas nécessaire. C17 resta donc en permanence sur l'île pour empêcher que le serpent ne s'en échappe. Au début, ce dernier ne s'était pas du tout laissé faire. Mais à force de se heurter à C17, il avait fini par se faire une raison, et ne l'attaquait maintenant même plus quand il le voyait.
De son côté, Ruri avait obtenu du fermier qu'il leur offre deux vaches, une collation suffisante pour calmer temporairement la faim du titanoboa. Après des jours de recherches, le professeur avait de toute façon fini par trouver une solution. Quelques kilomètres plus au nord se trouvait une autre île, très isolée, et peuplée de nombreux gros herbivores. Il proposa donc d'y transporter le serpent géant. Il était certain que la faune locale saurait s'adapter, et de toute façon il comptait bien s'y installer avec d'autres scientifiques pour veiller à ce que tout se passe bien.
Le professeur s'était alors tourné vers C17, et lui avait demandé s'il était d'accord pour y transporter le serpent, après l'avoir endormi.
- Oui, je m'en charge, avait-il répondu, sans hésiter.
- Merveilleux ! Oh ! C17, est-ce que je peux te demander autre chose ?
- Quoi ?
- Si jamais cela se passait mal avec lui… Je peux prendre ton numéro de téléphone ? Au cas où…
- Mon quoi ?
Connaissant maintenant bien la grande méconnaissance de C17 concernant les relations sociales, Ruri état venue à sa rescousse et avait pris les choses en main, s'occupant elle-même de l'échange de numéros.
Le départ était prévu pour le lendemain. Iris, le professeur et Ruri avait établis leur campement sur la petite île voisine, et après le repas, chacun était retourné dans sa tente. Mais au bout de quelques minutes, Ruri en était ressortie. Assise sur la plage, elle fixait la grande île où se trouvaient C17 et le serpent. Elle poussa alors un long soupir.
- Tu sais que s'il te manque tant que ça, tu peux toujours le rejoindre…
Ruri sursauta, se retourna, et vit Iris, debout derrière elle, un grand sourire aux lèvres.
- N'importe quoi ! Je me demandais simplement si … bon, d'accord. J'arrête…
- Oui, c'est plus raisonnable.
- C'est si évident ?
- C'est marqué sur ton front en grosses lettres rouges qui clignotent.
- Ah carrément.
Les deux amies se mirent à rire. Iris vint alors s'asseoir près d'elle, et, moqueuse, demanda :
- D'ailleurs, puisqu'on en parle, j'aimerais que tu m'expliques une chose dont on n'a pas eu le temps encore de parler.
- Quoi donc ?
- Je suis ravie que mes conseils aient été efficaces, tu vois. Mais je m'interroge sur le timing. Est-ce que tu es sûre que c'était le bon ? Je veux dire, un serpent géant blessé prêt à vous attaquer et des fermiers armés jusqu'aux dents déterminés à me tuer. Tu ne pouvais pas attendre 5 minutes pour le bécoter non ?
- Mais j'y suis pour rien, s'exclama Ruri ! Je n'ai pas compris non plus figure-toi. On était en train de parler, C17 n'était pas bien parce qu'il pensait que j'étais blessée. Alors j'ai commencé à discuter avec lui pour lui changer les idées. On parlait de choses très sérieuses, et d'un coup, il m'a dit que j'étais belle, et HOP, il m'a embrassée.
- Hop ?
- Hop. C'était complètement soudain et...
- Plutôt chaud d'ailleurs pour un premier baiser, à ce que j'ai vu, interrompis Iris, faisant immédiatement passer le visage de Ruri au rouge vif.
- … tu voyais si bien que ça ? balbutia cette dernière, confuse.
- Pas que moi. Tout le monde vous a vu.
- ahhhhhhhhhhhhhh !
- Mais non, détends-toi. C'est pas grave, l'essentiel, c'est que c'était bien. Ça l'était, non ?
- … oui, c'était … bien… très bien même...
Ruri resta pensive pendant quelques secondes, avant qu'Iris ne mette un terme à ses réflexions.
- Si je peux te donner un dernier conseil : parfois, tu réfléchis trop.
La jeune femme savait que son amie avait raison. Avec un sourire, elle se releva, et décida de suivre son instinct, et d'écouter la petite voix qui, à l'intérieur de sa tête, lui hurlait de rejoindre C17 depuis des heures. Elle alla donc récupérer un scooter volant que le professeur avait amené dans ses affaires, et traversa rapidement les quelques mètres d'océan qui la séparait de lui.
Elle n'eut pas à le chercher longtemps. C17 était assis devant un feu qu'il avait allumé, en lisière de la grande forêt qui recouvrait tout le centre de la grande île. Ruri s'aperçut que le serpent géant n'était pas loin. Il était en train de dormir, à une bonne centaine de mètres.
La jeune femme gara son scooter à bonne distance et se rapprocha prudemment de C17 pour ne pas réveiller le monstre. Sans un mot, elle vint s'asseoir à ses côtés. C17 l'accueillit d'un sourire, et tous deux restèrent silencieux un instant, profitant du calme de la nuit et du plaisir réciproque qu'ils avaient à être l'un près de l'autre.
- Vous êtes mignons tous les deux, dit-elle, pour entamer la conversation.
- Mmm ?
- Non, c'est juste qu'il s'endort pas loin de toi. J'ai l'impression que Larry te fais confiance.
- Larry ? interrogea C17, surpris.
- Oui, le serpent. Tu peux te vanter d'être le premier humain, enfin, quasi-humain, qui parvient à dresser un monstre de cette taille.
- Mais… Larry ?
- Oui, je l'ai baptisé Larry.
- … je peux savoir pourquoi ?
- Il a une tête à s'appeler Larry.
- … si tu le dis, répondit C17, circonspect.
- Demain matin, on l'endormira, reprit la jeune femme, ce sera plus facile pour toi de le transporter.
- C'est injuste que ce soit lui qui doive quitter sa maison.
- Oui, tu as raison, c'est injuste. Mais il ne peut plus rester ici. La faune du coin va mettre des années à se reconstituer, ça va demander du temps. S'il reste ici il finira par se faire tuer par les humains, car il ne cessera pas d'essayer de se nourrir.
- Ce sont les fermiers les responsables.
- C'est vrai aussi. Mais nous vivons dans ce monde C17. Dans ce monde, humains et animaux doivent cohabiter, On ne fait pas toujours ce que l'on veut. Nous, nous allons faire de notre mieux pour réparer ce que les autres ont détruits. En tout cas, merci beaucoup. Pour tout.
- Pourquoi tu dis ça ? demanda C17, intrigué. Je n'ai rien fait d'extraordinaire.
- Et modeste en plus ! Sois sérieux. Sans toi, rien de tout cela ne serait possible. Toi seul peut transporter Larry et lui offrir une nouvelle maison. Ta force nous est précieuse pour protéger les animaux. Ton ami serait sans aucun doute très fier de toi.
Bien qu'il ne la regardait pas directement, Ruri s'aperçut que le regard de C17 s'était légèrement voilé. Le fait d'évoquer cet ami faisait manifestement ressurgir des souvenirs douloureux. Elle préféra changer rapidement de sujet :
- Pas que pour le transporter d'ailleurs, si on a pu obtenir du fermier qu'il nous donne de quoi nourrir Larry sans discuter, c'est bien parce que tu lui as fichu une sacrée trouille !
- Si tu ne me l'avais pas demandé, il serait mort à l'heure qu'il est, répondit C17. Le ton de sa voix laissait clairement penser à Ruri qu'il était sérieux.
- Oui, je sais, lui dit-elle, calmement. Et je te remercie de m'avoir écoutée. Je sais que ta colère était sincère, mais le tuer n'aurait rien changé du tout au problème…. Et, à ce propos, je peux te poser une question ?
- Oui.
- L'autre personne que tu respectes assez pour l'écouter, comme tu disais, c'est ta sœur ? C18 ?
- Oui.
- C'est ta jumelle c'est ça ? Vous vous ressemblez ?
- Euh… oui, plutôt, répondit C17, après avoir réfléchi un instant. A part qu'elle est blonde. Et que c'est… une femme.
- Oui, forcément, ça fait quelques différences… Et elle aussi donc c'est un cyborg ? Comme toi ?
- Oui. Nous avons été cybernétisé ensemble. Nous avons toujours été ensemble. Avant.
- Et elle est où maintenant ?
- Elle est … mariée. Elle vit avec son mari.
- Tu en parles comme si ça te dérangeait ?
- Non c'est juste … je ne sais pas. Je n'ai pas toujours tout compris des choix de C18.
- Vous vous êtes disputés ?
- Non. Nous nous entendons toujours bien, mais chacun de nous a décidé de vivre sa propre vie. Nous avons tout traversé ensemble, toujours. Mais c'est différent maintenant. Depuis 3 ans, nous avons pris des chemins différents.
- Et tu ne l'as plus revue ?
- Si. Nous avons un endroit où on se retrouve une fois par an. Pour parler un peu.
- La prochaine fois que tu la verras, tu devrais lui donner ton numéro de téléphone du coup !
C17 marqua un temps d'arrêt, et regarda Ruri. Elle avait son éternel sourire, et son regard était d'une naïveté terriblement touchante. Il était toujours surpris de voir combien il lui paraissait naturel et facile de discuter avec elle de choses qui n'étaient pas agréables pour lui à évoquer. Son numéro de téléphone ? Oui, pourquoi pas.
- Ce n'est pas une mauvaise idée, reprit-il, amusé. La dernière fois que je l'ai vue c'était peu de temps avant que je ne te rencontre. Elle m'a dit … qu'elle allait avoir un bébé.
- QUOI ? s'écria Ruri, avant de se rappeler que le serpent dormait, à quelques mètres. Elle reprit, baissant cette fois le ton. Noooon mais c'est vrai ? C'est génial ! Tu vas être un oncle ! Super !
- Si tu le dis…
- Mais quel rabat-joie ! Tu ne pourrais pas un peu apprécier les choses que la vie t'offre un peu ?
- Je l'ai fait la dernière fois, répondit C17, en plongeant son regard dans celui de Ruri.
Comprenant qu'il faisait allusion à leur baiser, Ruri eut un sourire gêné. Elle se sentait très intimidée par le désir qu'elle voyait se dessiner dans les yeux de C17. Mais elle ne baissa pas les siens, déterminée à ne rien laisser paraître de son trouble, et après quelques secondes, elle poursuivit :
- C'est étonnant qu'elle puisse avoir un bébé, non ?
- Ça m'a un peu surpris quand elle me l'a dit. Mais tu sais, en ce qui concerne nos organismes, Gero a plus ajouté que ce qu'il n'a enlevé. Tout est fonctionnel chez nous finalement.
- AH, c'est bon à savoir ça !
- Mmm ? demanda C17, sans comprendre.
- Non non non rien je n'ai rien dit ! s'exclama Ruri, confuse.
« Mais ça va pas non, pourquoi j'ai dit ça moi ! » pensa-t-elle, « Pour quoi je vais passer maintenant ! ».
- Gero, c'est celui qui t'as transformé en cyborg, c'est ça ? reprit Ruri après quelques secondes, hésitante à l'idée d'aborder ce sujet qui était si sensible pour C17.
C17 acquiesça, avant de poser à son tour une question.
- L'armée du Ruban Rouge, ça te parle ?
- Non, pas du tout. Qu'est-ce que c'est ?
- Si seulement les humains avaient conscience de tout ce qui a pu se passer pendant qu'ils vivaient dans une illusion de paix pendant toutes ces années….
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
C17 ne répondit pas tout de suite, et fixa le feu devant lui pendant de longues secondes. Depuis sa résurrection, il n'avait jamais parlé de tout cela avec personne. Comment de simples humains pourraient comprendre ? Mais Ruri était différente, et quand il était près d'elle, il se sentait en confiance. Il ressentit soudain le besoin de partager avec elle une partie de son histoire.
Alors il lui raconta tout. L'armée du Ruban Rouge, sa destruction, le Dr Gero et son projet de vengeance, mais aussi l'histoire des Dragon Balls, de Goku et de ses amis. Cela faisait beaucoup d'informations à assimiler pour la jeune femme, qui écoutait, attentive mais surtout abasourdie par ce récit. Tout cela lui paraissait irréel, elle avait l'impression d'avoir vécu sur une autre planète pendant des années. Mais elle n'avait aucune raison de ne pas le croire. Après tout, l'existence même de C17 et de ses capacités hors du commun donnaient beaucoup de crédit à son histoire.
Le plus difficile pour C17 fut toutefois de lui parler de son alter ego du futur. Il ne connaissait rien de tout cela avant que C18 ne lui en parle un jour. Il en avait été profondément heurté. Bien sûr, il ne se considérait pas comme exempt de tout reproche, il n'avait pas toujours eu un comportement irréprochable quand il s'était échappé du laboratoire, mais son intention n'avait jamais été de « détruire le monde ». Tuer les humains ne lui apportait aucune satisfaction particulière, alors imaginer qu'il puisse avoir été responsable de tant de morts...
Ruri, elle, était toujours silencieuse. Elle aussi avait vraiment du mal à croire que C17 puisse être le tueur froid et sanguinaire qu'il venait de lui décrire, même si c'était dans une autre réalité. Mais elle le laissa poursuivre, jusqu'à ce qu'il arrive au moment de son éveil et de son voyage avec sa sœur et C16 à la recherche de Goku. Il arrêta là son histoire, et la jeune femme nota bien l'importante omission de son récit.
Cell. Il n'en disait pas un mot.
En y réfléchissant, tout ce que C17 lui racontait semblait marqué par une rupture. Il avait dit qu'il errait sur Terre depuis plus de 3 ans. Il venait d'avouer que sa sœur et lui s'étaient séparés depuis 3 ans… Tout ramenait à cette période. Comme si l'arrivée de Cell avait eu de lourdes conséquences sur lui et sur C18.
Mais il n'en parlait pas. Ruri compris que c'était sans doute à cette période de sa vie qu'il fallait chercher l'explication de cette grande souffrance qu'elle voyait parfois dans les yeux de C17.
Elle avait des milliers de questions qui lui venaient à l'esprit, mais elle n'osait pas les poser clairement. Timidement, elle essaya en commençant par la question qui lui semblait la moins risquée :
- Dis, C17, et Cell justement, d'où il venait ? C'était un extra-terrestre, comme ce Freez-machin ?
Comme elle s'y attendait, l'évocation de Cell suffit à ce que le regard de C17 s'assombrisse un peu. Mais, après une légère hésitation, il finit néanmoins par lui répondre.
- Freezer. Et non. Cell était aussi une création du Dr Gero. Tu m'as demandé la dernière fois s'il y avait un lien avec moi. Le voilà.
- Tu étais de son côté en fait ?
- Non ! Jamais ! réagit immédiatement C17. Je n'ai jamais rien eu à voir avec cette saleté de cafard géant !
- Excuse-moi, je ne voulais pas…
- Non, je comprends que tu me poses cette question, répondit C17, qui venait de se rendre compte qu'il avait un peu trop haussé la voix. Je ne t'en veux pas. Cell m'a tué, si tu veux tout savoir.
- Tué ?
- Oui. En fait je suis mort pendant le tournoi, et j'ai été ressuscité en même temps que tous les autres terriens après la mort de Cell.
- Ah oui, grâce aux dragon balls c'est ça ?
- Exactement. Pour une raison que j'ignore, j'ai été considéré comme méritant de revivre…
- Pourquoi tu dis ça ? Bien sûr que tu méritais de revivre !
- Si tu le dis…
-Oh mais non, là tu exagères ! Tu es quelqu'un de bien C17, et après tout ce qui t'es arrivé, tu méritais bien d'avoir le droit de vivre ta vie !
- C16 n'a pas été ressuscité.
Pour la première fois depuis longtemps, Ruri eut l'impression de commencer à rassembler les pièces du puzzle et de commencer à comprendre un peu mieux C17.
- C'était lui ton ami ? lui demanda-t-elle.
- Je ne sais pas… répondit C17, pensif. Je ne sais pas ce qu'est un … ami.
- Et si je comprends bien Cell l'a tué lui aussi ? C'était le grand monsieur aux cheveux roux ?
- Oui. Pendant le tournoi. Cet idiot a voulu se battre contre lui. Et Cell l'a tué.
- Mais pourquoi n'a-t-il pas été ressuscité alors ?
- Je ne suis pas sur. C18 m'a expliqué que d'après son ….. mari, c'est parce que C16 n'était pas biologique. Il n'était pas vraiment vivant. Alors il n'a pas pu…
- Est-ce que c'est cela qui te rend si triste ? Parce que toi tu as été ressuscité, et pas lui ?
C17 ne répondit pas. À vrai dire, il ne s'était jamais posé la question. Triste ? Il ne savait pas vraiment s'il était triste. Il pensait simplement souvent à C16, beaucoup de choses lui faisait penser à lui. Et ce souvenir finissait invariablement par lui paraître insupportable.
- Je ne sais pas, c'est juste que … c'est tellement injuste, murmura-t-il, perdu dans ses pensées. Il méritait bien plus que moi… C'était … quelqu'un comme … toi, en quelque sorte.
- C'est-à-dire ?
- Gentil. Cet imbécile aimait les animaux.. les oiseaux...les petites bêtes… Il aimait tout ce qu'il voyait. Comme toi en fait.
- Je n'arrive pas à choisir si tu viens de me traiter de gentille ou d'imbécile C17… lui répondit Ruri, moqueuse.
Cette petite plaisanterie permit à C17 de reprendre ses esprits. L'évocation de son passé avait été difficile pour lui. Il venait de réaliser que depuis des années, il vivotait, incapable de savoir quoi faire de sa liberté retrouvée. Il n'arrivait pas à mettre de mots sur ce qu'il ressentait. Des souvenirs tenaces venaient sans cesse le torturer, surtout la nuit. Il ressentait beaucoup de colère, sans savoir vraiment après quoi. Il était vivant, mais une part de lui semblait être définitivement morte le jour où Cell l'avait absorbé. Il n'avait plus jamais été le même depuis. Et si C18 avait réussi à reprendre le contrôle de sa vie, lui n'y arrivait pas.
Comme si quelque-chose le tirait en arrière et le ramenait sans cesse à ce jour-là.
Mais depuis qu'il avait rencontré Ruri, il commençait à vraiment se sentir vivant. Ce voyage, tout ce qu'il apprenait, tout ce qu'il découvrait, tout ce qu'elle réveillait en lui...
Il fut pris à l'instant d'une envie furieuse de l'embrasser de nouveau. De sentir encore une fois le contact de ses lèvres, douces et délicates, sur les siennes. Quel était ce sentiment étrange qu'il ne refrénait qu'avec peine ? Il n'arrivait pas bien à le définir, mais plus le temps passait, et moins il arrivait à lutter contre. Jugeant toutefois que le moment n'était pas vraiment le plus adapté, il se retint, pour cette fois.
- Un peu des deux, lui répondit-il, faisant éclater de rire la jeune femme.
- Je ne sais pas ce qui me retient de t'envoyer mon pied dans la figure, C17…
- Probablement le fait que tu saches que j'esquiverai sans difficulté...
- Oui… sans doute…. OH ! Attends ! Mais je pense à un truc !
- Quoi donc ?
- Tu m'as bien dit que C16 était mort pendant le tournoi, tué par Cell c'est ça ?
- Oui.
- Mais… comment tu le sais ? Parce que moi, je n'ai aucun souvenir de t'avoir vu à la télévision. Et un beau gosse comme toi, je t'aurais remarqué, clairement !
La façon totalement détachée dont elle en parlait fit de nouveau beaucoup rire C17.
- Haha. Vraiment ?
- Oui ! Tu sais, il n'y avait pas vraiment de beaux gosses dans l'équipe de … Goku c'est ça ? Peut-être juste un, le jeune, celui qui avait de longs cheveux, bleus ou violets, je ne me rappelle plus...
- Trunks.
- Ah, c'était lui Trunks ? Celui qui vient du futur ?
- Oui.
- Pas mal du tout… Même si ce n'était pas le plus beau…
- Ah.
- J'ai un penchant pour les bruns… continua la jeune femme, surprise par sa propre audace. Encore plus s'ils ont les yeux bleus. Tout à fait mon genre...
- C'est bon à savoir, répondit C17 en souriant. Mais en ce qui concerne le tournoi, j'étais là et j'ai tout vu. Crois-moi. Je n'en ai pas manqué une seconde. Je suis peut-être la seule personne sur Terre qui sache absolument tout de ce combat…
La jeune femme ne sut pas comment réagir. Elle était absolument certaine de ne pas avoir vu C17 sur son écran. Mais d'un autre côté, ce n'était pas un menteur. Que pouvait-il bien vouloir dire ? Elle était en pleine réflexion quand brusquement, une question bien plus importante lui vint :
- Oh ! Tu me jures sur C18 que depuis tout à l'heure tu me dis la vérité ?
- Oui, je te le jure.
- Sur C18.
- Sur C18.
- Ok, alors, je peux te poser une autre question ?
- C'est ce que tu fais depuis tout à l'heure non ?
- Pas faux. Tu vois qui c'est, Satan ? Le héros, champion d'arts martiaux.
- Oui, acquiesça C17. Il se rappelait en effet parfaitement de cet humain assez pathétique, dont il n'avait toujours pas compris pourquoi Cell ne l'avait pas tué d'ailleurs.
- … Pour de vrai…. Ce n'est pas lui qui a tué Cell, n'est-ce pas ?
C17 marqua un temps d'arrêt, surpris par cette question. Mais Ruri le regardait avec une telle insistance dans les yeux qu'il ne put pas résister à l'idée de la taquiner un peu.
- Non, ce n'est pas lui.
- AH MAIS JE LE SAVAIS !
- Chuuuuut, ne réveille pas le serpent ! Ça va me prendre des heures pour le calmer ensuite.
- Pardon mais ça fait des années que je passe pour une débile quand je dis que ce n'est pas possible que ce soit lui ! Je le savais !
- Qu'est-ce qui te fait dire que ce n'est pas lui ?
- Je n'y connais rien en arts martiaux, mais franchement, il avait l'air ridicule en combattant Cell ! Il n'avait pas du tout l'air au niveau, et les autres avaient l'air tellement plus puissants ! Mais ! Attends, du coup, tu sais, toi, qui a vaincu Cell ?
- Oui, je le sais, répondit C17, moqueur.
- C'était qui ?
C17 se sentit tout à coup irrésistiblement attiré par Ruri, quand il vit ainsi, si joyeuse, si vivante, si sincère… « Mais qu'est-ce que tu me fais, humaine…. » pensa-t-il.
Délicatement, il s'avança alors vers elle, et déposa un baiser sur son front. Il sentit Ruri trembler de surprise, mais son visage s'illumina presque immédiatement de satisfaction.
- Pour ce soir, on va dire que ça suffit, murmura-t-il à la jeune femme. Je garde ma réponse pour un prochain pari.
- C'est vraiment pas juste….
- Je sais.
Ruri poussa un petit marmonnement faussement énervé, puis tous deux restèrent en silence, regardant les étoiles jusqu'à ce que la jeune femme ne s'endorme. Le lendemain matin, ils entreprirent d'endormir le serpent géant, permettant ainsi à C17 de le transporter facilement dans les airs, jusqu'à sa nouvelle demeure. Il resta auprès de lui quelques heures, avant d'être rejoint par Ruri.
C17 fut surpris de la voir revenir seule, mais elle lui expliqua que son professeur ne pouvait pas prendre le risque de rester sans accompagnement sur l'île. Il allait donc avoir besoin de quelques jours pour rassembler des étudiants, d'autres zoologistes et tout le matériel nécessaire.
D'ici qu'il revienne, il avait demandé à Ruri si elle pouvait rester avec C17 pour veiller à la bonne installation du serpent. Et bien sûr, elle avait accepté.
« Tu comprends, » avait-elle expliqué à C17, « il m'a donné 10 000 zenis ! C'est inespéré un tel cadeau ! Et j'ai pensé que tu serais d'accord pour protéger Larry ! Tu ne m'en veux pas j'espère ? »
Bien évidemment, C17 ne lui en tint pas rigueur. A présent, lui aussi voulait sincèrement protéger le serpent, et tous deux restèrent donc seuls, pendant 4 jours, à veiller sur le monstre. Quand il avait été temps de repartir, le serpent avait déjà commencé à trouver ses marques. Il n'avait pas encore chassé, mais Ruri était confiante sur les chances de réussite de leur opération de sauvetage.
Le serpent était resté assez distant pendant toute cette période, mais au dernier moment, alors que C17 et Ruri allaient quitter l'île, il s'était discrètement rapproché, sans pour autant venir à leur contact. Sur les conseils de Ruri, C17 avait alors fait quelques pas dans sa direction. Le serpent ne l'attaquait plus depuis longtemps, mais il était resté, dans un premier temps, immobile en le voyant.
« Fais confiance à ton instinct » avait chuchoté Ruri à l'oreille de C17, avant qu'il ne tente son approche.
Et son instinct, justement, lui disait qu'il pouvait tenter quelque-chose.
Lentement, précautionneusement, il avait tendu le bras vers l'énorme gueule du serpent géant. Et au bout de quelques secondes, ce dernier avait rapproché son visage, effleurant la main de C17. Une fois. Puis deux fois. Et encore ainsi, pendant une bonne minute. Puis, sans un bruit, il était reparti.
C17 se sentit soudain très enthousiaste. Voir cet animal gigantesque établir une forme de lien avec lui lui procura un sentiment de satisfaction tel qu'il n'avait jamais éprouvé. Qu'aurait pensé C16 en le voyant ? Est-ce que Ruri avait raison quand elle disait qu'il aurait été fier de lui ? Pour la première fois depuis sa résurrection, le fait de penser à son ancien compagnon de route ne lui parut pas aussi douloureux que d'habitude.
« Tu serais fier, espèce de crétin ?» se dit-il alors, pensif, tandis qu'il regardait le serpent s'éloigner.
Enfin, après leur départ, C17 et Ruri avaient dû retourner une dernière fois à la ferme pour récupérer toutes leurs affaires et qu'Iris leur donne la part de salaire qui leur revenait. Au début la jeune femme avait prévu de ne pas s'attarder, elle n'avait pas particulièrement envie de voir et de discuter avec le propriétaire des lieux. Ce n'est qu'au moment de partir qu'une idée lui était venue.
- Eh, mais attends, avait-elle subitement dit, tandis que C17 était occupé à finir de ranger les dernières affaires dans la voiture, je viens de penser à quelque-chose !
- Quelque-chose d'important ?
- De primordial tu veux dire. On va aller parler au fermier.
- Je croyais que tu ne voulais pas ?
- Je ne veux pas. Mais en fait mon idée est juste géniale.
- Ok. Je t'attends ici.
- Non, non, justement, tu viens toi aussi !
- … je n'ai pas vraiment envie de lui parler moi.
- ça tombe bien, j'ai justement besoin que tu ne dises rien.
- … je ne suis pas sûr de comprendre…
Ruri lui fit alors un clin d'œil, et d'un air malicieux, répondit en lui faisant signe de la suivre :
- T'inquiètes pas, dans notre duo, toi tu es le gros bras, et c'est moi le cerveau !
Puis elle enchaîna, avant que C17 ne puisse répondre :
- Contente-toi de venir avec moi. Quand on sera devant le fermier, soit comme d'habitude. Tu croises les bras, tu dis rien et surtout, tu le regardes… ben… comme tu fais en temps normal. Pour le reste, laisse-moi faire.
Et ainsi C17 se retrouva sans vraiment le vouloir devant le propriétaire de la ferme. Ruri l'accosta, et se mit face à lui. Aussitôt que cet homme vit C17, il sembla pétrifié de terreur, son teint devenant blanc crème. Immobile, il écoutait la jeune femme, mais il paraissait bien plus préoccupé par les réactions de C17, qu'il ne quittait pas vraiment des yeux, que par celles de Ruri.
- Dites, commença cette dernière, je crois que nous avons des choses à nous dire finalement.
- Ah bon ? répondit le fermier, d'une voix inquiète, mais presque inaudible...
- Oui. Vous n'avez pas été très honnête avec nous je trouve. Pas vrai, C17 ?
Comme Ruri le lui avait demandé, C17 ne répondit pas, se contentant d'un signe d'approbation de la tête. Mais il continua, toujours pour suivre les instructions de Ruri, de fixer aussi intensément que possible le fermier.
Le pauvre homme paraissait perdre des centimètres à chaque seconde de temps qui passait.
- Ah bon ? parvint-il péniblement à répondre après quelques secondes.
- Oui. Nous n'avons reçu que 5000 zenis pour la mission d'assistance. Or, vous connaissiez déjà l'origine du problème. Et nous l'avons pourtant réglé. Votre ferme ne risque plus rien, nous vous avons débarrassé du serpent. C'était très dangereux, et cela nous a pris des jours. Et je ne parle même pas de l'empoisonnement de l'eau. Vous avez présenté cette mission comme une simple formalité, mais c'était en réalité bien plus complexe. Je trouve que c'est carrément une arnaque.
Le fermier tourna immédiatement son regard vers C17, qui était toujours parfaitement immobile, les yeux fixes, impassible. Le fermier avala péniblement sa salive, et reprit, craignant le pire :
- Ah bon ? Ah oui… oui, oui, bien sûr…
- C'est super, poursuivit Ruri. Ravie que nous soyons d'accord. Je note donc que vous acceptez de nous donner une rallonge à la hauteur de notre travail et des risques que nous avons pris.
- Ah bon ?
- Oui.
Le fermier n'avait pas du tout l'intention de donner de l'argent à Ruri, mais il lui suffit de jeter un bref coup d'œil à C17 pour être instantanément convaincu qu'il risquait gros à refuser.
- Votre prix sera le mien… finit-il par dire, vaincu.
- J'étais sûre qu'on pouvait s'entendre, répondit Ruri, en lui tendant un papier. J'ai inscrit le montant ici. On se rejoint à la voiture dans 5 minutes.
Elle sourit, puis reprit :
- Et, si vous ne venez pas, soyer sûr que C17 viendra vous chercher...
Ils n'eurent pas à attendre longtemps. Soucieux de préserver sa vie et, surtout, de voir C17 partir au plus vite de sa propriété, le fermier avait couru comme jamais encore il ne l'avait fait pour apporter à Ruri la somme qu'elle avait inscrite sur son papier. Sans demander son reste, il avait ensuite déguerpi aussi vite qu'il était venu.
- Et voilà une affaire magnifiquement menée, tu ne trouves pas ?
Ruri était si euphorique qu'elle ne détachait pas son regard du chèque que le fermier lui avait porté.
- Combien il t'a donné ? demanda alors C17.
- Ce que je lui ai demandé. 52 987 zenis.
- C'est précis comme montant…
- Hahaha, oui, et tu sais pourquoi ?
- Non.
Ruri sourit, s'avança vers C17, et répondit, un grand sourire aux lèvres :
- Parce que c'était très exactement la somme dont j'avais besoin pour boucler mon budget. Tu comprends ce que ça veut dire ? À présent, plus besoin de missions annexes. On plie bagage, et c'est parti pour la vraie expédition mon cher partenaire !
