Année : 771

Un peu plus de 3 ans après le Cell Game

- Ah, je crois qu'on arrive, la Capitale de l'Est est en vue ! C17, dépose-nous pas loin, on va finir le trajet en voiture.

- Si ton tas de ferrailles veut bien démarrer.

- Ne sois pas si critique envers toi-même, pour un tas de ferrailles, tu es quand même très utile !

- … C'est vraiment hilarant, répondit C17, l'air faussement agacé.

- Si tu voyais ta tête, toi aussi tu trouverais ma blague drôle…

- Mmmm

Après avoir fait leurs adieux à Iris et Spike, C17 et Ruri étaient repartis. À présent qu'ils avaient amassé assez d'argent, n'ayant plus besoin d'accomplir de missions annexes, les choses sérieuses allaient enfin pouvoir commencer.

Ruri ne voulait toujours pas dire un mot de l'objectif de sa fameuse « expédition », pour garder l'effet de surprise intact. Tout ce qu'elle avait dit à C17, c'était qu'il ne regretterait pas de l'avoir accompagnée, et qu'elle était absolument certaine qu'il n'était jamais allé là où elle allait l'emmener. Il lui faisait de toute façon entièrement confiance, aussi il n'avait pas insisté.

Cependant, avant de partir, Ruri avait encore besoin de rassembler quelques affaires, et pour cela elle devait rentrer chez elle, dans la Capitale de l'Est. C17 y était venu une fois, mais il n'était resté que quelques jours. Il n'aimait pas vraiment les grandes villes. Elles étaient bruyantes, et surtout, remplies d'humains. Même s'il ne s'était jamais vraiment fixé nulle part, il préférait de loin le silence et la solitude des grands espaces naturels.

Il était cependant curieux de voir où Ruri pouvait bien habiter, et cette curiosité l'emportait largement sur son manque d'attrait pour le lieu.

Ils finirent donc le trajet en voiture, pour ne pas attirer l'attention. Comme Ruri avait un appartement proche de l'université dans laquelle elle étudiait, elle guida C17 dans la ville et lui demanda de se garer devant celle-ci. C'était un gigantesque bâtiment blanc. Plus exactement, un ensemble de très grands bâtiments, éparpillés au milieu d'un parc lui-même immense. Ruri menait la marche, C17 restant un pas en arrière, observant l'étrange atmosphère de ce lieu. Il y avait beaucoup de monde, mais la plupart des personnes qu'ils croisaient avaient l'air très occupées, lisant des livres, ou portant des tonnes de papiers et autres objets en tout genre.

Ils marchèrent jusqu'à atteindre le bâtiment central. C'était la bibliothèque. Un mot qui évoquait vaguement quelque-chose pour C17, mais rien de très précis.

- Ici se trouvent les livres que possède l'université, expliqua Ruri, remarquant son regard songeur.

- Ah.

- En tant qu'étudiante, j'ai le droit d'emprunter autant de livres que je veux.

- Ah.

- Je vais avoir besoin de quelques ouvrages en particulier pendant toute l'expédition. Je sais lesquels, j'en ai pour quelques minutes.

- Ok.

- … Discuter avec toi, vraiment, c'est une vraie expérience hahaha ! En tout cas, si tu veux, tu peux aussi emprunter des livres. Nous partons pour des mois et parfois on sera peut-être bloqués. Donc tu vas avoir besoin de distractions.

- Des livres sur quoi ?

- Ce que tu veux. C'est une université ici, il y a des livres qui parlent de tout ! À tout de suite !

Ruri disparut ensuite en un éclair, laissant C17 tout seul. Il hésita quelques secondes. N'étant encore jamais entré dans un tel lieu, il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre, ni quoi prendre. Mais en parcourant les allées de la bibliothèque, il se rendit peu à peu compte de l'étendue des lacunes qu'il avait en matière de connaissances du monde des humains. Quasiment aucun titre ou aucune catégorie d'ouvrages n'évoquait quoi que ce soit pour lui, en tout cas rien de très concret.

Il finit par tomber sur un manuel racontant apparemment « toute l'histoire de l'humanité ». Intrigué, il le prit. Puis, après encore quelques minutes de déambulations, il arriva dans un rayon remplis de livres sur les voitures et la mécanique. En les feuilletant, il eut l'agréable surprise de se sentir bien plus familier avec le domaine. Il reconnaissait des véhicules ou des outils dont il avait oublié le nom mais qui clairement lui évoquaient des choses. Il en prit alors quelques-uns. Enfin, il découvrit que la bibliothèque avait aussi tout un tas de livres consacrés aux arts martiaux et aux techniques de combats, dont il prit aussi machinalement quelques exemplaires.

Ruri le rejoignit cependant rapidement, les bras chargés de sacs bien remplis. Après avoir fait promettre à C17 qu'il ne chercherait pas à regarder les livres qu'elle avait empruntés, toujours pour garder la « surprise » sur la nature de leur futur voyage, elle les lui donna pour qu'il les porte.

C17 dut ensuite attendre que la jeune femme finisse de récupérer du matériel et qu'elle discute avec certaines personnes, avant qu'enfin tous deux ne quittent le campus.

Elle habitait vraiment tout prés de l'université, à quelques minutes de marche. S'y rendre fit à C17 l'effet d'une aventure en soit, pendant laquelle Ruri s'appliquait consciencieusement à tout lui expliquer, le moindre geste du quotidien d'un humain normal le plongeant en effet dans un océan de perplexité. Traverser un hall, ouvrir une boite aux lettres, prendre un ascenseur… il n'avait réellement aucune idée de comment se comporter dans un immeuble.

- Et donc là, on appuie sur le bouton de l'étage où on veut aller. C'est ce que font les gens qui ne savent pas voler tu vois. Sinon, on passerait notre vie dans les escaliers, expliqua-t-elle, en pressant le bouton pour aller au 6ᵉ étage.

- Fascinant.

- Tu trouves ?

- Oui. C'est … ingénieux.

- Alors vraiment, l'ascenseur, tu ne connaissais pas ?

- En fait maintenant que j'y suis… ça … m'évoque quelque-chose. Mais je ne savais pas que ça portait un nom particulier.

- C'est vraiment étrange, ta mémoire. Les choses dont tu te souviens, et celles que tu as oubliées. Je ne parle pas de tes souvenirs propres, juste de ce genre de détails…

- Oui.

- Tu as une idée de pourquoi ?

- Non, je ne me suis jamais posé la question à vrai dire.

- Haha, oui, je me doute… s'esclaffa Ruri.

- Mais j'aime bien … apprendre tout ça. Les choses humaines. J'aime bien.

C17 pouvait se montrer très ironique parfois, mais Ruri était convaincue qu'il disait vrai sur ce point. Il l'écoutait très attentivement, posait beaucoup de questions et dès qu'il était en présence d'un objet qu'il ne connaissait pas il ne pouvait s'empêcher de le retourner dans tous les sens pour chercher à en comprendre l'utilité. Malgré toute son assurance et la force dont il disposait, il avait l'air aussi mal à l'aise et curieux qu'un bébé quand il était plongé « dans le monde réel », ce qu'elle trouvait adorable par ailleurs.

Elle souriait encore en y pensant, quand ils arrivèrent devant sa porte. Elle l'ouvrit, et fit signe à C17 de rentrer.

- Après toi !

Il n'était jamais rentré dans un « appartement ». Celui de Ruri était assez petit, mais fonctionnel. Elle se mit aussitôt à lui faire visiter.

- Alors là, c'est ma pièce principale avec ma cuisine, mon petit salon, ma télé… bref. Ici tu vois, j'ai une petite pièce à part, avec mon bureau. Alors, là, c'est ma chambre. Elle est petite, mais bon, c'est juste pour dormir. Et là, ma salle de bain. Rien d'extraordinaire, mais c'est pratique. Tiens, assieds-toi, je nous prépare un petit truc à boire.

- Et ça, c'est quoi ? demanda C17, en désignant une petite porte au fond de la chambre de Ruri.

- Euh … rien d'important.

- …. c'est-à-dire ?

- C'est mon dressing. Là où je range mes vêtements.

- Pourquoi tu n'en as pas parlé ?

- Parce que ce n'est pas important, répondit Ruri, manifestement mal à l'aise.

- Tu disais ça de ton surnom aussi….

Et sans attendre, C17 se dirigea vers la petite porte, et entra dans le dressing. Rien de ce qu'il avait vu de toute sa vie ne l'avait préparé à ce qu'il y découvrit. Des vêtements, des chaussures, des bijoux… par centaines. Partout. Pas un centimètre carré de la pièce n'était libre. Il en resta bouche bée. Même C18 n'aurait jamais accumulé une telle quantité d'habits, il en était persuadé.

- Mais … que …. balbutia-t-il.

- Oui, bon, j'ai une petite collection de fringues, on va pas en faire un drame.

- Tu appelles ça une petite collection ?

- Tout le monde n'est pas comme certaines personnes, qui n'ont clairement AUCUN sens de la mode, répondit Ruri, regardant C17 des pieds à la tête avec un sourire moqueur. Moi, je fais attention à mon look quand je ne suis pas en expédition.

- Tu as besoin d'autant de vêtements ?

- Chacun a un usage. Pour toutes les occasions de la vie normale d'une humaine normale.

- Personne n'a besoin d'autant.

- Et c'est le type qui n'a que deux t-shirts et un jean déchiré trop grand pour lui qui me parle ?

- C'est suffisant.

- Et dire que tu as une sœur, soupira Ruri. Je n'ai vraiment pas choisi le bon jumeau pour m'accompagner. Elle, je suis sûre qu'elle me comprendrait. Non mais regarde cette robe-là par exemple, continua-t-elle en saisissant un cintre, c'est ma petite robe de soirée. C'est un indispensable dans la vie d'une femme.

- Ce machin ? répondit C17 en examinant la robe.

- UN MACHIN ? Mais c'est une robe de marque ! Elle m'a coûté 3000 zenis je te signale.

- COMBIEN ? Pour un bout de tissu ?

- Rooooh non mais vraiment ! Attends. Va dans le salon. J'arrive.

- Hein ?

- Va dans le salon. Tu as besoin d'un cours de mode tout de suite là. Allez.

C17 obtempéra, et alla s'asseoir dans le canapé du salon. Il entendait très distinctement Ruri grommeler dans son dressing, et il était quasiment certain d'avoir entendu les mots « idiot » et « tu vas voir » plusieurs fois. Manifestement, elle était en colère, ce qui l'amusait beaucoup.

Mais quand finalement, Ruri revint, il n'en crut pas ses yeux.

D'un noir profond, la coupe droite du haut de sa robe dévoilait très légèrement ses épaules et sa nuque. La robe descendait jusqu'à ses genoux, et bien qu'elle soit donc plus longue que le short que Ruri portait quand elle dormait, elle donnait à C17 l'impression de dévoiler bien davantage. Le reste du vêtement semblait en effet être comme une seconde peau, recouvrant au plus près chaque centimètre de sa silhouette, marquant sa taille fine et soulignant avec force les courbes de son corps, qu'il n'avait jusqu'à présent pu que deviner.

La jeune femme opéra un mouvement, se présentant légèrement de profil, et C17 s'aperçut que la robe était en partie ouverte à l'arrière, laissant parfaitement visible sa peau claire jusqu'en bas de son dos, dissimulant à peine le creux de ses reins.

Voir autant et pourtant si peu...

La vision de Ruri dans ce vêtement troubla C17 au-delà de tout ce qu'il avait pu connaître. Il sentit sa gorge se dessécher soudainement. Son cœur se mit à battre avec une intensité inhabituelle. Il avait déjà ressenti cela, quand il l'avait embrassée notamment. Mais cette fois, c'était non seulement bien plus fort, mais il ressentait ... plus. Une chaleur, parcourant son corps tout entier. Une envie. Pire, un besoin. Besoin de la toucher. Lui revint alors brusquement en mémoire le souvenir de la douceur de sa peau, quand il avait caressé sa joue.

Plus.

Toucher plus que sa joue. Savoir si le reste de son corps avait la même douceur. Il se rappela aussi de son odeur, le parfum sucré de ses cheveux.

Plus. Encore et toujours, plus...

- Bon, et là, tu ne trouves pas qu'elle est belle, ma robe ? Portée, c'est quand même mieux non ?

La jeune femme était encore tellement agacée par la précédente remarque de C17 qu'elle n'avait absolument rien remarqué de l'émotion qu'elle venait de susciter en lui. Entendre la voix de Ruri n'aida que partiellement ce dernier à reprendre le contrôle de son esprit. Il finit toutefois par y parvenir, non sans difficulté.

- Oui, sur toi, c'est vrai que c'est … beaucoup mieux.

- Merci ! C'est fou, autant les animaux je vois bien que ça t'intéresse, autant les vêtements, ce n'est vraiment pas ton truc. Bon, maintenant, nous avons tout le matériel, on va passer la nuit ici. Demain, on part très tôt. Attends, je nous prépare un truc...

« Je m'y intéresserai sans doute plus si tu portais plus souvent ce genre de vêtements…. » pensa C17, amusé. Tandis qu'il regardait Ruri s'affairer dans la cuisine, il tenta d'analyser ce qui venait de lui arriver.

Ruri était belle, il l'avait vu dès le premier instant. Mais depuis quelque temps, il sentait bien que quelque-chose changeait. Brusquement, sans qu'il ne sache comment ni pourquoi, il était comme submergé par un sentiment de plus en plus fort. Il brûlait d'envie. Mais envie de quoi ?

« Désir.. »

Ce mot lui vint en tête. Oui. C'était du désir. C'est comme cela que cela s'appelait. Ce sentiment ne lui était pas inconnu, en fait il l'avait déjà ressenti. Mais quand ? Impossible de s'en rappeler. Si, c'était quand il l'avait embrassé. Il avait alors senti son corps agir tout seul, aussitôt que leurs lèvres s'étaient touchées.

Repenser à ce moment lui fit l'effet d'un choc encore plus fort. De brefs souvenirs jaillirent dans son esprit. Des images de Ruri quand il l'avait surprise près de la rivière. Ses jambes. Ses cuisses. Puis d'autres, quelques instants plus tard, quand elle s'était endormie. Sa peau, sublimée par la lumière de la lune. La naissance de sa poitrine, subtilement désignée à son regard par une mèche de cheveux égarés…

Il ferma les yeux, machinalement. Les images s'enchaînèrent à un rythme effréné, le faisant presque suffoquer. Il éprouva de nouveau cette sensation de chaleur l'envahir, irradiant peu à peu son corps tout entier. Il sentit alors une tension soudaine dans son bas ventre. Cette sensation brutale lui fit instantanément rouvrir les yeux.

« Calme-toi, calme-toi... »

Il ne savait pas pourquoi, mais il en était certain : Oui, il fallait urgemment qu'il se calme. Heureusement pour C17, Ruri était tellement concentrée sur la préparation de quelque-chose dans sa cuisine qu'elle ne faisait pas du tout attention à lui.

Il prit quelques profondes respirations, cherchant par tous les moyens à chasser de son esprit ces images. Lentement, il réussit à se détendre, la sensation étrange s'estompant au fil des secondes.

Il était temps car à peine quelques instants plus tard, Ruri arriva, tenant dans chaque main un énorme verre. Elle s'assit juste à côté de C17, déposant les deux récipients sur sa table basse.

- Ça va, tu ne t'es pas ennuyé en m'attendant ? demanda-t-elle, toute joyeuse.

Quand il la vit ainsi, son sourire éclatant illuminant son visage, C17 ne put s'empêcher de rire intérieurement tant elle lui paraissait naïve. Il n'était certes pas certain de tout comprendre lui-même, certaines des émotions qu'il éprouvait lui étant familières, d'autres non. Mais maintenant qu'il était plus calme, il commençait à comprendre davantage la nature exacte de ces sensations. En quelque sorte, cela lui « revenait ». Oui. Il savait ce que c'était, et ce que ça signifiait.

« J'ai envie de toi, petite humaine, et le plus drôle c'est que tu ne t'en aperçois même pas... » se dit-il. « Haha. Finalement, cette expédition seul avec toi m'intéresse de plus en plus... »

Amusé, étonné, et maintenant excité… Ruri lui faisait ressentir tellement de choses, il adorait ça. De plus en plus. Mais ce n'était pas encore le moment. Ce soir, c'était trop tôt. Il avait le sentiment qu'il pouvait « jouer » un peu. Et que ce serait bien meilleur…. Alors il resta aussi impassible que possible, et lui répondit, l'air détaché :

- Non, ça va. Tu as fait vite. Qu'est-ce qu'il y a dans ces verres ?

- Ma grande spécialité. Bon, tu sais que je cuisine très mal…

- Oui, tu me l'as dit.

- MAIS ! Je prépare à merveille les cocktails.

- Les quoi ?

- Ce sont des mélanges d'alcool et d'autres boissons. Vu qu'on va enfin pouvoir partir en expédition, il faut fêter ça. Au fait, une question : est-ce que du coup avec … tes modifications … l'alcool te fait de l'effet ?

- De l'effet ?

- Est-ce que tu peux être saoul ?

- Aucune idée, qu'est-ce que ça veut dire ?

Une étincelle de curiosité jaillit dans les yeux de Ruri.

- La science nous oblige à pratiquer une expérience, C17. Vas-y, bois, mais …

Elle ne put finir sa phrase que déjà C17 avait bu le verre entier.

- Mais pas en une fois, s'écria-t-elle ! C'est rempli de rhum en plus….

- Et alors ?

- Mais le rhum c'est un alcool très fort, si jamais ça marche sur toi ça va t'achever, il faut boire doucement, en mangeant un peu, avec modération quoi.

- Pas de problème. Tu peux boire ton cocktail comme une fillette, je t'attends.

- …

- …

- Fillette ?

- Fillette.

- Ah, tu veux la jouer comme ça, la boite de conserve ? Eh bien regarde là, la fillette !

Avec une grande satisfaction, C17 vit donc Ruri réagir comme il l'attendait à sa provocation, et boire à son tour le verre en une seule (longue) gorgée. Elle était tellement susceptible. Il ne fallut ensuite que quelques minutes pour que l'énorme quantité de rhum contenues dans les verres ne fasse son effet. Et à sa grande surprise, C17 y était aussi sensible.

Tout à coup, il n'arrivait plus à bien se repérer dans l'espace, il avait l'impression que les murs autour de lui tournaient à une vitesse folle.

- Mais …

- C'est l'alcool, le coupa Ruri, qui n'arrivait plus à parler sans rire en même temps. Hahahaha. Je suis vraiment une idiote. Prépare-toi, moi, ça me rend guillerette, hahahaha.

- Cette sensation est bizarre. C'est fascinant. Dérangeant, mais fascinant.

- Mon dieu C17, il n'y a vraiment que toi pour dire une chose pareille, hahahaha !

La soirée se passa ensuite dans une ambiance incroyablement festive, C17 et Ruri buvant cocktail sur cocktail, pour tester leur résistance respective. C17 se sentait détendu, apaisé, mais d'une façon toute nouvelle. Il se sentait euphorique. Joyeux même.

Qu'est-ce qu'il aimait découvrir les habitudes des humains. L'alcool, c'était finalement quelque-chose de très divertissant.

Mais s'il y était sensible, son organisme modifié permit cependant rapidement à C17 d'en dissiper les effets. Au bout de deux heures il ne ressentait plus rien, son esprit était à nouveau clair et lucide. Ruri, elle, avait fini par s'écrouler de fatigue sur son canapé.

Tout doucement, C17 l'allongea et la recouvrit d'une couverture qu'il trouva dans sa chambre. S'asseyant ensuite près d'elle, il la regarda pendant de longues minutes.

- Merci pour cette soirée… et pour le reste…, lui murmura-t-il à l'oreille.

Ruri ne lui répondit pas bien sûr, mais un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Elle poussa un petit soupir d'aise, avant de finalement se mettre à … ronfler.

C17 en pouffa de rire.

« Tu es vraiment incroyable…. » pensa-t-il alors, attendri.

Il resta ensuite près d'elle, veillant sur son sommeil jusqu'à ce que les premiers rayons du soleil n'éclairent la petite pièce. Cette nuit-là, étrangement et pour la première fois, aucun souvenir de son passé ne vint le hanter…

Quand Ruri finit par se réveiller, elle n'était pas en très grande forme. Apparemment, l'alcool but en trop grande quantité pouvait donner de sévères migraines. C17, lui, se sentait parfaitement bien. Cela n'avait de toute façon pas une grande importance. Après avoir pris une douche et un médicament, la jeune femme était à nouveau sur pieds.

C17 l'aida à ranger dans sa boite à capsules tout le matériel qu'elle avait rassemblé, et ils purent enfin partir. Ils firent une partie du trajet en volant pour gagner du temps. Leur destination n'était cependant pas très éloignée. Ruri lui indiqua une très grande île, située légèrement en dessous de la Capitale de l'Est. Une fois arrivés, comme d'habitude, ils reprirent la voiture pour ne pas attirer sur eux l'attention des curieux.

C17 conduisit donc le pick-up jusqu'à atteindre l'extrémité sud de cette île où se trouvait une petite ville, située en bord de mer.

- C'est joli comme tout ! s'extasia Ruri. Le paysage est magnifique.

- Oui.

- Tourne à droite après ce carrefour, et continue tout droit. Attends, je vais envoyer un message à mon contact sur place, normalement il a dû recevoir mon mail et préparer le … enfin, tout préparer.

- J'espère vraiment que la surprise est à la hauteur de tout ces mystères.

- Oh que oui mon cher.

Après encore quelques minutes de conduite, C17 se gara là où Ruri le lui avait indiqué. Manifestement, il s'agissait d'un port. Sans un mot, Ruri descendit de la voiture et partit devant. Elle mena la marche jusqu'à ce qu'ils atteignent un petit quai, à l'écart des autres. Un petit bateau y était stationné. Long d'environ 5 mètres, il ne ressemblait en rien aux énormes yachts ni aux minuscules embarcations de pêches qui l'entouraient.

L'avant comprenait un petit étage d'où C17 parvenait à distinguer un poste de pilotage. Du matériel étrange, un petit bateau pneumatique et des cordages étaient accrochés tout le long de ses flancs. Enfin, une très grande antenne était érigée à l'arrière.

Ce n'est qu'une fois que Ruri s'immobilisa devant, tout sourire, que C17 comprit qu'ils étaient arrivés à destination.

- …. Un bateau ? demanda-t-il après quelques secondes d'hésitation.

- Exactement ! lui répondit Ruri.

- Ton expédition … elle est …

- En mer ! Toi et moi, on part à la chasse aux monstres marins ! Alors… ça te tente d'aller explorer le fond de l'océan avec moi ? Elle te plaît ma surprise ?

C17 la regarda. Elle était toute excitée. Il savait bien à quel point cette expédition comptait pour elle. Mais elle avait vraiment l'air d'attendre sa réaction. Il prit une minute pour réfléchir.

Il ne s'attendait pas du tout à cela. Mais … en y pensant ….

- Oh que oui, dit-il enfin, pour le plus grand plaisir de Ruri.

- Super !

- Juste. Règle n°6 : c'est moi qui conduis le bateau.

- Hahaha ! Aucun problème ! Allez, on est parti !

Note de l'auteur :

C'est la fin de cette première partie ! J'espère qu'elle vous aura plu ! En tout cas, la suite de leurs aventures est à suivre dans la partie 2 de ce long voyage :)