Bonjour, bonsoir,

Je signale une erreur sur le prologue : j'ai écris quenotte à la place de menotte. Même avec plusieurs relecture je suis passée à côtés.

Ensuite réponse à la review guest :

Anita-chan : Merci pour ta review ! Mes prologues sont toujours courts xD mais mes chapitres sont plus longs ! Pour ce qui est de Grisha je ne l'ai jamais vu comme un mauvais père mais plutôt comme un homme qui fait de son mieux dans une situation instable. Cette vision que j'ai de lui est donc mis en avant dans ma fic, heureuse que ça te plaise ( et j'ai dû lire les mêmes fics que toi où il est un connard, franchement j'ai du mal).

Enfin bref, bonne lecture !


Chapitre 1 : Doctor

Au sein de la ville souterraine, une seule personne pouvait se targuer persona grata. La coutume populaire voudrait que seules les personnes extrêmement dangereuses recevaient le respect par le biais de la crainte, voire de la terreur. Cependant, lui défiait cette logique.

Doctor.

Personne ne connaissait son nom, un anonymat bienvenu. Le seul fait le concernant : son talent incommensurable pour la médecine qu'il exerçait deux fois par semaine dans les bas-fonds. La rumeur qui courrait sur lui : il ne résidait pas dans la ville souterraine, allant et venant en toute impunité et discrétion.

Apparu des années de ça, il s'était construit une bonne réputation en soignant sans distinction les habitants pour une misère. Bien sûr, au départ quelques malfrats n'avaient pas hésité à le malmener mais avec le temps il avait su s'imposer, inspirant le respect par l'admiration.

Ainsi Doctor avait pu rencontrer les grandes pompes de la ville souterraine, se construisant un carnet d'adresse intéressant. Il se souvenait de chacune de ses rencontres. La première s'étant déroulé quelques mois après son apparition, cinq ans auparavant dans une des grandes rues passantes.

« - Hey ! C'est toi le doc ? l'interpella une voix masculine et rocailleuse.

Doctor se tourna vers lui et le détailla. Grand, des épaules larges, un long manteau sombre et un fedora noir sur la tête. Des traits durs et un regard argenté glaciale. Le médecin se retint de montrer le moindre trouble que cette simple présence provoquait. Viscéralement il avait l'impression d'être une proie face à un prédateur.

- C'est exact. Que puis-je pour vous ?

Il récolta un reniflement dédaigneux de son interlocuteur.

- Comment tu parles, on dirait un putain de bourge. Ramène-toi le binoclard.

L'homme au fedora se retourna pour se diriger vers une des ruelles jouxtant la rue principale. Doctor le suivit sans un mot puis lorsqu'ils se retrouvèrent seuls dans cette ruelles sombres et crasseuse le « guide » fit volte-face en tirant un poignard. La lame aiguisée menaça la gorge du médecin. Une sueur froide dégringola le long de son échine tout en se donnant une image faussement placide à son agresseur.

- J'te préviens, j'y crois pas à ton numéro de bon samaritain alors pas d'entourloupe merdeux ou j'te jure que tu vas comprendre pourquoi on m'appelle l'Éventreur. Tu fais ton job, tu tiens ta langue et tu resteras en vie. Compris le bigleux ?

Ah… C'était donc Kenny l'Éventreur. Les nombreuses rumeurs le concernant avaient atteint les oreilles de Doctor grâce à ses patients avides d'épancher leurs craintes à une épaule compatissante.

- Peu importe mes motivations, je suis avant tout un médecin. Je soigne mes patients au mieux de mes capacités et je respecte le secret médical. Ne m'insultez pas monsieur l'Éventreur, rétorqua Docteur en lançant un regard acéré par-dessus ses lunettes rondes.

La pointe de la lame se pressa contre la gorge, faisant perler le sang, puis la pression disparut. Kenny éclata de rire en rangeant son poignard. Il passa un bras par-dessus les épaules de Doctor.

- Putain t'as une sacrée paire de burnes. J'aime ça Doc, s'exclama grossièrement le meurtrier.

Il se détacha du médecin puis reprit son chemin dans le dédale de rue. Doctor sortit son mouchoir en tissus propre pour essuyer son sang et le suivit.

- Bon j'ai ramassé un chiard et je compte faire de lui mon disciple. La relève de l'Éventreur est assurée ! Va juste falloir le rafistoler. Faiblard comme il est, il va juste crever sans qu'il m'ait servi à quelque chose. Ça me ferait chier d'avoir gaspiller de la bouffe pour rien, expliqua Kenny.

Ils arrivèrent devant un taudis et le maître des lieux ouvrit la porte d'un coup de pied.

- Me revoilà p'tit Livaï ! beugla-t-il

- Oï je suis pas sourd le vieux, grinça le dénommé Livaï

Ils pénétrèrent dans la pièce qui devait faire 9m². Elle comportait un lit de camp, une petite table accompagnée de deux chaises et une minuscule cuisine. Les murs étaient recouvert d'un papier peint défraichi à la couleur indéfinissable. Aucun effet personnel s'y trouvait.

Doc observa l'enfant assis au bout du lit : Squelettique. Il possédait des cheveux noirs fins et un regard acier perçant. Des guenilles trop grandes pour vêtements pour ce petit corps. A vue d'œil on ne lui donnait pas quatre ans mais la maigreur apparente faussait le jugement.

Livaï se leva, son regard méfiant ne lâchait pas cet intrus et se posta devant lui en croisant des bras. Imperturbable, le médecin posa un genou au sol, faisant grincer le parquet usé, et tendit une main.

- Bonjour Livaï, je suis Doctor. Mon rôle ici est de t'examiner et de t'apporter les soins nécessaires dont tu as besoin, se présenta-t-il avec une expression avenante.

Le garçon le considéra un instant puis hocha la tête avec circonspection et lui serra la main. Elle était si petite et froide dans sa grande main chaude.

Doctor se redressa et alla près de la table où il déposa sa sacoche noire en cuir qu'il ouvrit. Kenny l'observa en s'adossant au mur et en s'allumant une cigarette. L'odeur âcre du tabac bon marché titilla désagréablement leurs narines.

- Tu peux t'assoir s'il te plaît, demanda le médecin à son patient.

L'enfant lui obéit en s'installant sur une des chaises avec une légère difficulté mais il garda un visage impassible, voire blasé. Le médecin se lava les mains avant de commencer la consultation.

- Quel âge as-tu ?

-… 8 ans…

Kenny s'étonna vulgairement mais il fut royalement ignoré. Doc attrapa ses instruments et commença par un examen de contrôle.

- Est-ce que tu as mal quelque part ? Possèdes-tu des symptômes qui te gênent au quotidien ?

Doc cherchait à être le plus explicite possible, se doutant bien que son patient n'avait pas l'habitude des consultations médicales. Il examina ses yeux puis les ganglions au niveau de la gorge. Livaï sursauta et eut un mouvement de recul.

- Doucement… Ce que j'examine sont tes ganglions. Lors d'une infection ils se mettent à gonfler et produisent ce qu'on appelle des anticorps pour défendre ton organisme, lui expliqua-t-il pour le rassurer.

Cela fonctionna et le médecin continua, lui prenant la tension tant en lui expliquant pourquoi au préalable. Il devait l'apprivoiser avant de le soigner. Lors de l'utilisation du tensiomètre Livaï prit la parole.

- Je suis tout le temps crevé, j'ai beau rester des heures au pieu y'a rien y faire. Je pourrai pioncer des journées entières. J'ai aussi mal au niveau des jambes surtout aux chevilles et aux genoux.

- D'accord, tu permets que je regarde ? Demanda-t-il en lisant le nanomètre puis en rangeant son tensiomètre.

Livaï se contenta d'hausser les épaules, cette réponse se traduisait par un « Faite ce que vous voulez » ou « Rien à battre ». Le médecin nota mentalement la tension bien trop basse pour un enfant de cet âge et s'agenouilla devant lui. Il prit délicatement une des jambes –si fine qu'il avait l'impression que le moindre faux mouvement pourrait la briser- et remonta délicatement le tissus lâche et rêche jusqu'au-dessus du genou. Sur le membre se dévoila sinistrement des hématomes et purpuras sur une peau à la teinte cadavérique.

- Putain ! Qu'est-ce que c'est moche ! Qui t'a déglingué comme ça le mioche ?! s'exclama Kenny qui s'était approché.

- Personne le vieux ! C'est juste apparu comme ça ! rétorqua Livaï en le fusillant du regard.

- Ben voyons, ricana l'Éventreur.

Doc retint un soupir et relâcha la jambe.

- Je pense que Livaï ne ment pas, c'est possible. Livaï, il me faut voir ta bouche s'il te plaît, ouvre grand.

Le petit noiraud détourna le regard en ne desserrant par les dents. Kenny leva un sourcil avec un sourire moqueur.

- Fais pas ta mijaurée, on dirait une pucelle qui doit ouvrir les cuisses pour la première fois.

« Par pitié un peu de tact » supplia mentalement le médecin.

- Pouvez-vous reculer ? J'ai besoin de place, demanda-t-il à Kenny avec un sourire crispé.

Le meurtrier claqua la langue d'agacement puis retourna à sa place d'origine et jeta son mégot au sol. Il écrasa celui-ci de son talon en râlant fortement mais son interlocuteur l'ignora, préférant se concentrer sur son patient.

- Livaï, j'ai vu un nombre incalculable de pathologies, de plaies, de symptômes en tous genres dans ma carrière et à diverses gravités. Rien que tu ne me montreras me choquera.

Lentement, avec un regard de défi, l'enfant ouvrit la bouche. Doc se redressa, faisant craquer ses genoux.

- Bien, attention je vais te relever la lèvre, je dois regarder tes gencives.

Le médecin accompagna ensuite son explication de gestes et regarda ce qui s'étendait devant lui : saignements, des lésions et un début de déchaussement de dents heureusement infime. Il retira ses mains et donna son diagnostic.

- C'est le scorbut.

- Quoi ?! Mais alors le gosse va crever, s'exclama Kenny.

- Non car je connais le moyen pour le soigner.

Kenny ricana et s'approcha avec une allure menaçante, Doc y fit face sans ciller.

- Dernière nouvelle on en crève de cette saloperie et tu vas me faire croire que tu connais un traitement ?! Comme si tu pouvais garder ça pour toi alors que tu pourrais te faire masse de blés ! Prends-moi pour un con et je t'éventre.

- Pour certaines raisons je cherche l'anonymat

Les deux hommes se toisèrent un moment puis Kenny croisa les bras.

- Alors, quel est donc le secret de cette merde ?

- Le scorbut est dû à une carence à la vitamine C. Pour faire simple, le corps a besoin de nutriments pour fonctionner et se développer. Ils sont principalement apportés par notre alimentation. S'il y a un manque on appelle ça une carence. Il suffit donc de corriger le problème à la source avec un apport, dans le cas du scorbut la vitamine C. On en obtient en mangeant des fruits et légumes.

- Putain Doc, je dois te rappeler où on est ?! Ça coute la peau des couilles !

- Je sais mais il y a une alternative. La tisane de cynorrhodon, c'est très riche en vitamine C et les thés et les tisanes ne sont pas chers. Peu de personnes connaissent leurs bienfaits.

Kenny souffla.

- Et où on trouve cette merde ?

- Je connais un apothicaire qui en vends et je vous montrerai comment la préparer.

Ainsi ils quittèrent succinctement le taudis pour le magasin concerné. Kenny demeura râleur et vulgaire durant cette courte sortie au plus grand damne du médecin qui resta calme par miracle. Lorsqu'ils retrouvèrent Livaï, celui-ci n'avait pas bouger, se contentant de les fixer avec indifférence.

- Démerdez-vous tous les deux, il est hors de question que je fasse une boisson de mégère mal baisé, s'exclama le criminel

- Et pourtant tu en as le caractère, rétorqua l'enfant.

Doc se mordit l'intérieur de la joue pour empêcher un sourire de naître sur son visage.

- Sale mioche, j'te jure j'ai hâte de commencer l'entraînement ! Tu vas apprendre à fermer ta gueule !

L'expression de Kenny était empreint d'un sadisme pur alors que cela ne faisait ni chaud ni froid à Livaï. Le tueur professionnel claqua sa langue contre son palet d'agacement puis marmonna sans grande surprise un florilège d'insultes en s'allumant une clope tout en s'asseyant lourdement sur le lit. Livaï quitta sa chaise et alla vers le médecin, semblant attendre quelque chose.

Doctor soupira, n'aimant pas l'idée qu'un enfant aussi frêle s'approchât de la gazinière mais se dirigea vers la partie cuisine. Il posa le sachet de cynorrhodons séchés sur le plan de travail et se lava une nouvelle fois les mains avant de chercher dans les placards de quoi préparer l'infusion. Livaï tira une des chaises, les pieds en bois raclant désagréablement le sol puis monta sur celle-ci pour se mettre à la hauteur. Il fixa avec un sérieux exemplaire chaque geste du seul adulte responsable de la pièce.

Le médecin lui expliqua les étapes au fur et à mesure, comment faire chauffer l'eau, doser les morceaux de fruits séchées, le temps, etc…

La voix de Kenny s'éleva dans l'air dans une expiration de fumée chargée en tabac, brisant l'ambiance studieuse.

- Puisqu'il faut attendre cinq minutes, faites-lui passer un test de genre.

Le lunetteux échangea un regard avec Kenny puis avec Livaï.

- Bien.

Il laissa donc la boisson s'infusait tranquillement sans oublier de jeter un œil sur sa montre à gousset.

- Sais-tu à quoi sert un test de genre Livaï ?

- Oui, à savoir si je suis alpha, beta ou oméga. Normalement ça se fait à la naissance mais ma mère était trop pauvre pour se payer un médecin.

Doc sortit deux flacons contenant un liquide transparent de sa sacoche, chacun portant un symbole différent sur l'étiquette. Sur le premier « Α » et l'autre « Ω ».

- C'est ça, on utilise des produits qui réagissent à un élément contenu dans le sang, soit celui des alphas soit celui des omégas. Si on a aucune réaction sur les deux produits alors tu es un beta.

- Putain c'est lourd, moins de parlote et plus d'action, coupa Kenny d'impatience.

Doctor se retint de lever les yeux au ciel et prit une aiguille stérile.

- Ta main s'il te plaît, demanda-t-il à son patient en tendant sa main.

Livaï obéit sans aucune réticence et Doc saisit délicatement l'index entre deux doigts et piqua rapidement. Livaï ne sentit qu'un picotement et cligna les yeux de surprise. Il observa avec curiosité son sang perler et son interlocuteur saisir un des deux flacons en sautant le bouchon en liège avec le pouce. La goutte du précieux liquide vitale tomba dans le produit pour s'y dissoudre pratiquement instantanément dans un frétillement de bulles.

Doc relâcha la main.

- Tu es un alpha.

Kenny se redressa.

- T'entends ça morveux ?! Je vais pouvoir faire de toi un homme grand et puissant.

Doctor commença à ranger ses affaires et contrôla l'heure. Il servit ensuite le breuvage dans une tasse en soufflant un « attention c'est chaud » à l'enfant puis se tourna vers l'Éventreur.

- Je crains que Livaï restera plus petit que la moyenne. Il a subi une dénutrition durant une partie de sa croissance.

Kenny grogna alors que Livaï dégustait pour la première fois une boisson au goût fruité et naturellement sucré. Le médecin observa son étrange manière de porter sa tasse –par le dessus en délaissant l'anse- et ses yeux s'illuminaient de plaisir.

« Au moins il prendra son traitement sans soucis », pensa-t-il.

Doctor donna des consignes pour habituer l'organisme de l'enfant à se nourrir correctement et poursuivit la consultation. »

Les pas de Doctor menèrent au bar le mieux entretenu de la ville souterraine, celui-ci était gardé par deux hommes armés d'un fusil. Il s'arrêta devant eux.

- J'aimerai m'entretenir avec votre employeur.

Les gardes s'échangèrent un regard, communiquant silencieusement.

- Attendez-là Doctor, répondit le garde à gauche avant d'entrer dans l'établissement.

Leur patron était le plus grand baron de la drogue et un des nombreux liens du médecin. Doc l'avait soigné d'une balle perdue puis progressivement il avait utilisé son savoir sur sa famille, gagnant progressivement une certaine forme de confiance.

Au départ, Doctor s'était approché de cet homme pour son réseau tentaculaire qui s'étendait jusqu'à la capitale même, derrière le mur Sina. D'après ses informations il fournirait certaines familles nobles et connaîtrait leurs secrets.

Mais sa visite présentement possédait un autre but.

Le garde revint et lui fit signe de le suivre. La pièce qui se présentait devant eux était sombre, saturée par la fumée de cigarette ou d'une quelconque substance addictif. La seule source de lumière se trouvait dans des lampes à huile reposant au centre de tables rondes éparpillées dans un ordre incompréhensible. Autour de ces tables à l'hygiène douteuse se réunissait la clientèle principalement masculine qui buvait, parlait et riait grassement. Certains jouaient leurs argents ou leurs biens aux cartes. Les serveuses habillées de tenue qui dévoilait plus ce qu'elle devait cacher déambulaient autour des clients. Elles s'offraient –en échange d'un généreux pourboire- aux mains baladeuses sans pour autant se donner entièrement.

Doctor traversa la pièce jusqu'au comptoir où le garde l'abandonna. Des lampes murales éclairaient cette partie du bar permettant au barman d'œuvrer avec une meilleure visibilité. Au bout du comptoir un client que le médecin reconnut comme la personne qu'il devait rencontrer, Marius Guttman.

Un des hommes les plus dangereux de la ville souterraine.

Marius était un homme d'une quarantaine d'année. Une chevelure blonde parsemée de gris qui commençait à se dégarnir aux tempes, des yeux bruns perçants ornés de rides, un nez plongeant et toujours un rictus aux lèvres. Il s'habillait toujours avec une élégance rare.

Marius plongea son regard dans celui du visiteur.

- Bonsoir Doc, cela fait un petit moment qu'on ne s'est pas vu. Venez donc vous assoir. Un verre ?

- Bonsoir Monsieur Guttman, oui je vous remercie, répondit-il en s'asseyant sur le tabouret juste à côté.

Marius fit signe au barman puis une fois servit d'un cognac et l'employé suffisamment éloigné la discussion débuta.

- Que me vaut la visite du meilleur médecin dans notre cher trou à rat ?

Le ton semblait moqueur mais Doc n'en prit pas ombrage.

- J'ai un projet et malheureusement je me retrouve dans une impasse. J'ai commencé à travailler sur une formule mais je manque de composant et surtout de sujets d'expériences. Une fois complété, je te l'offre tant qu'on m'assure de sa vente.

Marius éclata de rire et Doc attendit la fin de son hilarité en sirotant le cognac.

- Toi ! Notre bon et gentil docteur, en train de créer une nouvelle drogue pour me l'offrir ! Tu as refait ma soirée !

- Pas une drogue mais une substance tout aussi illégale, enfin si le gouvernement est au courant qu'un tel produit existe.

Marius se pencha légèrement vers lui, son expression montrait une certaine avidité.

- Je t'écoute mais avant ça, dis-moi, qu'est-ce qui t'as poussé d'accomplir ce projet.

- La mort d'Alan.

Le rictus se fana et le regard du baron de la drogue se durcit alors que la main portant son verre de whisky trembla d'une rage à peine contenue.

- Surveille donc tes paroles Doctor.

Alan était le défunt fils de Marius et un oméga. Toute sa vie il l'avait vécu dans une cage dorée forgeait par l'hyper protection de son père. Or Alan rêvait de liberté et il avait déjoué sa garde. Ses phéromones avaient attiré des alphas qui abusèrent de lui durant plusieurs jours. Lorsque les hommes de Marius le retrouvèrent il était dans un état déplorable. Doctor avait réussi à soigner le corps mais l'esprit était déjà profondément brisé. Alors âgé de 15 ans, Alan s'était donné la mort.

- Mon projet est un traitement supprimant les phéromones et les chaleurs d'un oméga. Aux yeux, non, au nez des alphas se seront des betas.

La tension disparut et Marius le considéra avec surprise.

- Admettons que je t'aide, qu'est-ce que je gagne ? Les omégas ne composent que 10% de la population et la majorité d'entre eux se trouve dans les élevages. En clair il y a peu de clientèle.

- Ce traitement est à vie, ils ne pourront pas s'en passer et en tant que médecin je peux falsifier les tests de genre. Je connais déjà des familles qui cachent précieusement leur oméga. Certes ce ne sera pas un produit déclenchant une addiction mais il restera une nécessité qui doit être administré de manière régulière.

Le blond resta silencieux un petit moment, semblant réfléchir un moment.

- J'accepte à deux conditions. La première tu m'aideras à améliorer ma marchandise et la deuxième c'est un gage d'honnêteté… Ton nom. Je veux pouvoir te joindre, tes deux visites par semaine ne suffisent pas.

Doc hésita.

- J'ai une famille et je souhaite qu'elle reste ignorante de nos affaires et en sécurité.

- Si tu ne me trahis pas il n'y aura aucun problème.

Marius tendit sa main et Doc la saisit en murmurant son nom.

- C'est un plaisir Grisha.

Grisha Jeager était capable du pire pour protéger son fils –un adorable bébé-, même aller en enfer pour pactiser avec le diable.


Et voilà le premier chapitre ! Alors je ne suis pas médecin donc cher(e)s lecteur/lectrice travaillant dans le domaine médical si vous lisez des énormités n'hésitez pas à signaler mes erreurs en commentaire.

Des petites précisions : le cynorrhodon est un fruit provenant des églantiers (roses sauvages) et contient un taux supérieur en vitamine c à celui des agrumes. Les nutriments résistent particulièrement bien au séchage.

Le terme persona grata signifie « personne étant la bienvenue ».

Et je crois que c'est tout, des questions ?

A la prochaine,

Aki.