Chapitre 5 - Cours particuliers
Les semaines passaient tranquillement. Severus n'avait toujours pas trouvé l'occasion de parler de Maï-Lee à Hermione… À moins que ce fût le courage qui lui faisait défaut ?
La Gryffondor, elle, avait trouvé son rythme entre les cours de la journée, ses devoirs, ses amis et les cours du soir au laboratoire avec Rogue. D'ailleurs, elle ne reconnaissait plus le professeur qu'elle côtoyait depuis des années…
En cours, il n'était presque plus sarcastique envers les élèves et ce, toutes maisons confondues… Il ne privilégiait plus sa propre maison au détriment des autres ! Dorénavant, tous étaient logés à la même enseigne Et sans parler des notes ! Elle ne comptait plus ses « Optimal », et les autres élèves aussi avaient vu leurs moyennes augmenter considérablement…
Hermione l'assistait, comme convenu, lors des cours des Première Année. Si au début, elle ne faisait que l'imiter quand il faisait le tour de la classe pour vérifier le contenu des chaudrons et prodiguer un conseil ou deux à l'occasion, désormais, il lui laissait de plus en plus d'autonomie, l'autorisant parfois à choisir elle-même la potion du jour, et même, de temps en temps, la laissant faire le cours à sa place.
Les cours du soir étaient, à ses yeux, les moments les plus intéressants : ils avaient commencé avec des potions simples d'abord, puis de plus en plus difficiles… Ce qui n'était absolument pas pour déplaire à la Gryffondor ! Mais ce qu'elle préférait, par-dessus tout, c'était lorsque Severus lui lançait des sortes de défis…
Ce soir-là, justement, était un de ces soirs. Alors qu'elle entrait dans le laboratoire, devenu depuis quelques semaines son lieu préféré dans tout Poudlard (peut-être à égalité avec la bibliothèque de Rogue, tout de même !), son regard se fixa sur l'installation particulière devant elle et elle sourit d'anticipation : Severus avait installé deux tables de travail, face à face, une pour elle et l'autre pour lui.
Elles étaient toutes les deux pourvues d'un chaudron identique, des mêmes instruments et des mêmes ingrédients. Le but était de fabriquer une potion en faisant les mêmes gestes que lui, et ce, au même moment. Il lui avait ainsi appris à placer ses ingrédients toujours dans le même ordre, ses instruments toujours au même endroit, de façon à les attraper au bon moment, sans même avoir à regarder sur la table.
Les premières potions qu'elle avait fabriquées dans ces conditions avaient été de vrais fiascos, lui valant par ce fait quelques sarcasmes pas vraiment méchants de son professeur… Mais elle y arrivait de mieux en mieux. Elle espérait que celle-ci serait une franche réussite…
Ils étaient donc face à face, la flamme déjà allumée sous leurs chaudrons remplis d'eau. Les ingrédients étaient coupés, broyés, émincés, pesés et rangés correctement à leurs places assignées, attendant bien sagement d'être utilisés lorsque leur tour viendrait.
Severus se tenait bien droit, les mains posées à plat devant lui, de même qu'Hermione (un visiteur extérieur se serait cru dans une scène de Western…), et ils se regardaient, le visage sérieux et concentré :
– Prête ? demanda le Maître à son Apprentie.
– Prête ! répondit-elle avec une détermination sans faille.
Et elle plongea dans ses yeux, comme hypnotisée, laissant tout s'effacer autour d'elle, tout mis à part les deux abysses noirs qui venaient de la harponner pour ne plus la lâcher.
Lentement, ses mains imitèrent celles de son professeur, accomplissant les gestes à la perfection, au tic tac près, anticipant les prochains mouvements, attrapant les mêmes ingrédients au même moment, les plongeant dans le chaudron puis les remuant, tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche. Et jamais leurs prunelles ne se quittaient.
Hermione redoubla de concentration lorsqu'il pénétra son esprit… C'était une chose à laquelle il l'avait habituée, lui demandant de baisser ses barrières mentales lors de leurs séances, au cas où il devrait vite rectifier un de ses gestes qui aurait été malheureux mais cette situation ne s'était jamais produite… Au lieu de ça, il s'en servait pour essayer de la déstabiliser lors des défis… Mais c'était de bonne guerre, et Hermione s'y attendait constamment.
Il lui parlait de tout, de rien, juste pour éprouver sa concentration, utilisant la Légilimancie comme un jeu, auquel elle se pliait sans problème :
– Êtes-vous sûre de ne pas avoir oublié la poudre de scarabée ?
– Certaine, répondit mentalement Hermione, sûre d'elle, en gardant ses yeux dans les siens, et tournant sa mixture de quatre tour vers la droite.
– En tout cas, je peux vous dire que vous avez complètement raté votre dernier devoir… Un sourire machiavélique se dessina alors sur son visage en voyant celui de son élève commencer à se décomposer.
– Pas grave, se reprit-elle de justesse, je me rattraperai au prochain, contra-t-elle en essayant de garder le rythme, se souvenant que ses propos étaient seulement destinés à la déstabiliser.
Severus grimaça… Ils avaient bientôt terminé et il n'arrivait pas à ses fins… Il fallait qu'il frappe plus fort :
– Miss Granger, vous devez mettre la peau de Salamandre, maintenant, ordonna-t-il d'une voix calme.
– Il n'y a PAS de peau de salamandre, dans cette potion, Professeur !
Alors, en ajoutant le dernier ingrédient, il donna l'estocade :
– Vous êtes tellement belle lorsque vous êtes concentrée…
BOUM !
Au lieu de jeter les deux pincées de poudre de corne de Licorne l'une après l'autre, elle avait jeté la totalité en même temps, faisant exploser son chaudron. Mais Severus, qui avait anticipé la réaction, avait lancé un « Protego » informulé pour ne pas qu'elle soit blessée. Il la regarda et se fit violence pour ne pas rire devant ses grands yeux écarquillés comme des soucoupes.
Elle, fulminait littéralement, vexée de s'être laissé avoir de la sorte !
– C'était un coup bas ! gronda-t-elle alors qu'il faisait disparaitre nonchalamment les dégâts d'un coup de baguette.
– Oui, je vous l'avoue… Mais c'est la stricte vérité… J'ai des copies à corriger, je vous laisse… Bonne nuit !
Et il la planta là, un sourire triomphant aux lèvres, refermant soigneusement la porte menant à son appartement.
oOo. oOo. oOo. oOo. oOo. oOo. oOo.
Plusieurs jours s'étaient écoulé depuis l'incident du cours de potion, et Hermione ne pensait plus qu'à ça…
Son professeur lui avait dit qu'elle était belle… Mais… Le pensait-il vraiment, ou bien avait-il dit cela uniquement pour la déconcentrer ? Si elle se souvenait bien, il avait ajouté aussi que c'était la stricte vérité, selon ses propres mots… Serait-il possible qu'elle lui plaise vraiment ? La Gryffondor n'en dormait presque plus… Elle passait son temps à essayer de comprendre, d'analyser le comportement pour le moins suspect de son Professeur. Et plus elle pensait à lui, plus son corps à elle réagissait étrangement… Dès qu'elle le voyait, son cœur battait plus vite, sa respiration devenait laborieuse, sa gorge devenait sèche, et pire que tout, elle perdait plus facilement sa concentration… ce qui entrainait irrémédiablement de nombreuses erreurs dans son travail… Et… Elle le voyait souvent ! Et lui… Et bien, lui, il passait son temps à souffler le chaud et le froid. Il pouvait passer des heures entières à l'ignorer complètement, à faire comme si elle n'existait pas, et l'heure d'après à lui lancer des regards brûlants qui la faisaient à la fois frissonner de la tête aux pieds et bouillonner de l'intérieur, ou à la frôler à la moindre occasion, provoquant l'affolement complet de ses sens !
Hermione n'en pouvait plus ! Elle ne savait pas vraiment comment elle en était arrivée là, mais plus le temps passait, plus elle ressentait, bien malgré elle, une véritable et tout aussi inavouable attirance envers son professeur…
C'est donc le cœur battant et les mains moites qu'elle se rendit à son cours ce soir-là. Elle aurait bien voulu se faire porter pâle, histoire d'avoir plus de temps pour se ressaisir et se remettre les idées en place, mais elle savait que Rogue n'aurait sûrement pas apprécié…
Elle entra dans le laboratoire et trouva, comme à son habitude, son professeur penché au-dessus d'un chaudron… Il ne perdait jamais son temps…
Elle manifesta sa présence par une toux discrète et toujours un peu timide.
– Vous trouverez la recette ainsi que la liste des ingrédients dans votre manuel de Potions niveau 4 à la page 56, annonça-t-il d'une voix neutre sans même lever les yeux vers elle.
– Excusez-moi ? demanda-t-elle sidérée. Il lui donnait à faire une potion d'un niveau de quatrième année pour un cours de Maîtrise ?! Mais à quoi jouait-il, par Merlin ?!
– Auriez-vous des troubles auditifs, Miss Granger ? dit-il en se retournant enfin dans sa direction, sa main droite remuant toujours le liquide bouillonnant dans le chaudron.
– Je… non, mais… Professeur, je ne comprends pas… Une potion de quatrième année ? Mais pourquoi ? demanda-t-elle d'une voix aigüe, preuve d'une tentative de plus en plus difficile à maîtriser sa colère devant son comportement envers elle.
– En effet, Miss Granger… Ce soir, nous allons travailler votre… concentration… Et, étant donné le fiasco de la dernière fois, je préfère que vous vous contentiez d'une potion plus… facile…
Hermione émit un hoquet indigné. Il parlait bien évidemment de leur dernier cours particulier, celui où elle avait fait exploser son chaudron… Par sa faute à lui, d'ailleurs !
Severus jubilait intérieurement… Il était conscient qu'il était à cet instant un Serpentard de la pire espèce ! Il savait aussi qu'il fallait tout de même qu'il modère ses propos… Le jeu auquel il jouait était subtil et dangereux, mais il ne fallait absolument pas qu'il en dépasse les limites… Les conséquences en seraient plutôt regrettables, et il ne voulait absolument pas qu'elle se fâche trop contre lui… Tout ce qu'il voulait, c'était continuer le jeu de séduction qu'il avait commencé depuis quelques temps… Et si possible, approfondir un peu les choses…
Voyant qu'elle tentait de se maîtriser avec peine, il décida d'arrêter là sa joute verbale :
– Donc, vous commencez la potion et tentez de rester… concentrée…
Hermione déglutit bruyamment. Le dernier mot avait été prononcé comme une caresse, et le regard enflammé qu'il lui avait lancé l'avait laissée toute chose… Elle ne savait décidément jamais à quoi s'attendre, avec lui !
Elle renifla avec dédain, releva la tête en signe de défi, et, avec toute la dignité dont elle était capable, releva ses cheveux en un chignon grossièrement attaché et s'installa à sa paillasse, préparant tout de même ses ingrédients avec soin.
En guise de représailles, elle ferma totalement son esprit à Severus, qui ne s'en offusqua pas le moins du monde… Après tout, avec ce qu'il avait prévu, la lecture de son esprit serait bien inutile… Seules compteraient les réactions physiques de la demoiselle… Et le Serpentard savait qu'il lirait en elle aussi facilement que dans un livre ouvert.
Il attendit qu'elle ait terminé de couper les différentes racines (il ne voulait tout de même pas qu'elle entaille ses jolies petites mains) et lança la phase « Embrasement des sens ». C'est ainsi que d'une voix mesurée, basse et grave, il attaqua :
– La concentration, Miss Granger, est une opération de la conscience attentive, commença-t-il en tournant lentement autour de la table où elle travaillait. Il marchait tranquillement, les mains derrière son dos, en regardant le sol, comme il le faisait en classe en passant entre les pupitres. Hermione l'écoutait d'une oreille attentive, en réduisant les yeux de cafard séchés en poudre bien fine, remarquant néanmoins que chaque tour qu'il faisait le rapprochait toujours un petit peu plus d'elle. Il continua son cours : la concentration est l'orientation de l'ensemble des activités mentales vers un seul objet et la base d'un travail intellectuel efficace. C'est-à-dire qu'elle permet de focaliser son esprit sur un sujet particulier… Ici, votre potion.
Hermione le sentit plus qu'elle ne le vit s'arrêter juste derrière elle. Elle tentait du mieux qu'elle pouvait de contrôler sa respiration et ses gestes qui devaient absolument rester précis. Elle fit de son mieux pour faire abstraction du souffle chaud de son professeur sur sa nuque dégagée tout en remuant la potion qui bouillonnait doucement. Elle se tendit alors qu'il recommençait à lui parler, murmurant désormais à son oreille :
– Elle est fragile et plusieurs variables peuvent l'influencer, telles que les stimulations de votre environnement.
Hermione frissonna alors qu'il passait doucement son long nez du haut en bas de sa nuque. Elle incorpora de nouveaux ingrédients, les mains de plus en plus tremblantes, la respiration hachée et les joues en feu.
Severus n'en menait pas large non plus… Il était partagé entre les limites à ne pas dépasser de peur de l'affoler jusqu'à ce qu'elle parte en courant, et ses désirs à lui, qui, il devait bien l'avouer, étaient loin d'être chastes. Mais il n'avait pas fini son explication :
– Pour se concentrer, il faut écarter les pensées parasites. De sorte le corps (il colla son torse à celui d'Hermione qui cessa de respirer avant de reprendre un souffle saccadé), le psychique (il déposa doucement ses lèvres sur sa nuque) et l'intellect (il glissa ses mains dans ses cheveux bouclés et les enroula autour de ses doigts, faisant suffoquer la Gryffondor) travaillent ensemble pour la même tâche et vers la même direction.
Hermione tourna d'une main tremblante une dernière fois sa baguette au-dessus de sa potion, désormais terminée, et se laissa aller aux effleurements des lèvres de Severus sur sa nuque, ainsi qu'aux caresses de ses longs doigts dans ses cheveux, en soupirant.
Lentement, le Serpentard diminua ses pressions sur les différentes parties de son corps et se recula de telle sorte que seule sa bouche soit collée à l'oreille d'Hermione. Il finit son explication :
– Le mental s'apaise, les troubles émotionnels se dispersent, et l'intellect est libéré de toutes pensées importunes et inutiles. Seule l'intensité de la concentration permet d'unir l'observateur et l'objet d'observation.
Sur cette dernière phrase, elle le sentit s'éloigner complètement, ce qui lui fit ressentir une immense et douloureuse sensation de vide. Elle ouvrit les yeux qu'elle ne se rappelait pas d'avoir fermé quand elle entendit une porte grincer. Elle se rendit compte alors qu'elle était seule dans le laboratoire, Severus étant retourné subrepticement dans ses appartements.
Submergée par l'émotion et la tension qui tiraillaient son corps depuis le début, Hermione sentit ses jambes se dérober et dut appuyer ses deux mains sur la table devant elle pour ne pas s'effondrer. Elle tremblait comme une feuille, des larmes de rage et de tristesse se déversant abondamment de ses yeux rougis.
Oh, comme elle était en colère ! Il ne faisait que jouer avec elle ! Elle ignorait si tout ceci faisait partie d'un stupide jeu uniquement destiné à la déstabiliser pour qu'elle perde cette foutue concentration, ou bien si, comme elle, il ressentait cette attirance contre laquelle il était impossible de lutter.
Mais elle était triste, aussi. Plus Severus Rogue la provoquait, plus elle dépérissait. Et plus elle sentait son cœur se déliter… Et toujours cette éternelle question qui tournait en boucle dans sa tête, encore et encore jusqu'à l'empêcher de dormir : Pourquoi jouait-il comme cela avec elle ?
oOo. oOo. oOo. oOo. oOo. oOo. oOo.
Décembre arriva, avec son vent glacial et ses tempêtes de neige.
Plus rien ne s'était passé entre Severus et Hermione depuis ce fameux cours sur la concentration, au plus grand désarroi de notre Gryffondor. Rien du tout… à part de simples discussions entre le Professeur et son élève, en rapport uniquement avec les potions. Et ni l'un ni l'autre n'avait fait mention de ce qui s'était passé ce jour-là.
Quelques jours avant les vacances de Noël, Hermione se trouvait seule dans le laboratoire. Elle avait fini plus tôt sa journée de cours, le Professeur de Runes Anciennes étant absent. Elle avait décidé de se focaliser sur cette fichue potion de Régénération Sanguine que le Professeur Rogue lui avait demandé de retravailler. Il avait exigé d'elle qu'elle ne se serve plus de ses livres, et elle devait donc recréer la potion avec seulement son cerveau et son instinct : il en avait assez qu'elle recrache toutes ses connaissances mot pour mot, sans vraiment réfléchir. Selon lui, un bon Maître des Potions se devait de pouvoir remplacer les ingrédients basiques proposés dans les recettes académiques par d'autres apports un peu plus originaux et audacieux. Il lui avait dit également que seules les expériences amenaient vraiment à un résultat.
Elle était donc devant son chaudron, en train de couper des racines d'armoise, quand un bruit suspect se fit entendre derrière la porte menant à l'appartement du Professeur. Stoppant ses gestes, elle tendit l'oreille, curieuse : regardant sa montre, elle en déduisit que Rogue était en cours avec les Troisième Année de Serdaigle, actuellement. Et il n'était pas du genre à s'absenter en laissant des élèves seuls dans la classe… Elle mit sa potion en stase pour la continuer plus tard, puis s'approcha doucement de la porte, contre laquelle elle colla son oreille.
Un autre bruit résonna, un peu plus fort que le précédent. Pas de doute, quelqu'un s'était introduit chez le Professeur pendant son absence ! Elle était en train de réfléchir si elle devait aller l'en avertir, lorsqu'un grand BANG suivi d'un cri strident la fit sursauter. Sans cogiter d'avantage, elle pointa sa baguette vers la serrure dans un « Alohomora » informulé. Soufflant un grand coup, elle poussa brutalement la porte qui s'ouvrit à la volée, envoyant le battant taper bruyamment contre le mur !
Le spectacle qui s'offrit à elle la fit stopper net dans son élan : dans le salon de Rogue où elle se trouvait, elle remarqua avec stupeur toute une montagne de livres entassés pêle-mêle sur le sol, de même que les étagères –en morceaux– de ce qui devait être à l'origine la bibliothèque du Professeur. Un minuscule gémissement et des sanglots étouffés venant des profondeurs de tout ce bazar attirèrent son attention, lui faisant réaliser que quelqu'un se trouvait peut-être coincé dessous.
D'un grand mouvement de baguette, elle fit léviter le tout, maintenant les livres et les planches cassées à deux bons mètres au-dessus du sol, révélant une petite masse recroquevillée sur le tapis, les jambes repliées sous son corps, et les bras protégeant sa tête du mieux qu'elle pouvait. La petite masse en question était agitée de sanglots incontrôlables, qui secouaient son corps de la tête aux pieds.
Vérifiant que son sort de lévitation fonctionnait toujours, Hermione s'approcha du petit être vêtu d'une petite robe à fleurs, pour voir si tout allait bien. Tout doucement, elle posa une main réconfortante sur son dos :
– Hey… tout va bien… Tu peux te relever maintenant… C'est fini…
La fillette, toujours dans la même position, arrêta net ses pleurs. Puis, se redressant en relevant lentement la tête, elle se retourna vers sa sauveuse. Le choc qu'elle éprouva à ce moment-là la fit presque retomber sur les fesses. Les yeux pleins de larmes grands comme des soucoupes, elle ouvrit la bouche en grand, puis ses lèvres formèrent un mot muet qu'Hermione ne comprit pas.
– Tu vas bien ? demanda la Gryffondor, agenouillée aux côtés de la fillette qui la regardait avec ce même air ahuri. Ses lèvres tremblaient, mais continuaient à former ce mot inaudible comme une litanie sans fin. Je te reconnais, c'est toi qui es arrivée de nulle part dans la Grande Salle… Comment es-tu entrée ici ?
Maï-Lee n'eut pas le temps de répondre car la porte d'entrée s'ouvrit, laissant passer un Professeur Rogue visiblement fatigué et exaspéré par la stupidité de ses élèves. Entrant dans son salon, il embrassa la pièce du regard et se figea devant les personnes présentes.
Se doutant qu'il ne serait pas des plus heureux de voir qu'elle était entrée chez lui sans y avoir été invitée, Hermione se releva prestement et entreprit de lui expliquer le pourquoi du comment lorsqu'une voix minuscule et tremblotante la coupa dans son élan :
– Papa… c'est… c'est… c'est… c'est Maman…
Hermione se retourna vivement vers la fillette, les sourcils froncés, puis à nouveau vers Rogue, visiblement inquiète :
– Professeur, je crois que cette petite a reçu un coup sur la tête, dit-elle en montrant les livres toujours en lévitation suspendus au-dessus d'elles. Il faudrait peut-être l'emmener à l'infirmerie… Professeur ? Professeur Rogue ?
Severus était comme pétrifié. Seuls ses yeux qui faisaient des allers-retours incessants entre Maï-Lee et Hermione témoignaient qu'il était encore en vie.
– Papa… répéta la gamine en venant lui prendre la main devant le regard incrédule de la brune. C'est Maman, je te dis ! Elle montrait Hermione du doigt, cette dernière de plus en plus perplexe, toujours plantée au milieu du tapis.
Enfin, Severus bougea. Il baissa les yeux sur sa fille, puis les leva sur la Gryffondor devant lui. Alors, fixant toujours son Apprentie, il répondit à Maï-Lee :
– Oui… je sais…
Et un fracas assourdissant retentit lorsque les livres retombèrent sur la tête d'Hermione.
