Chapitre 9 - Souvenirs

Maï-Lee ne savait plus comment s'y prendre pour faire avancer les choses… Elle n'arrivait pas à faire tomber son père et sa mère dans les bras l'un de l'autre. Certes, elle n'avait que quatre ans, bientôt cinq, mais elle était dotée d'une intelligence hors du commun… D'ailleurs, tout le monde le disait. Tonton Harry et Tonton Ron lui avaient même répété à plusieurs reprises qu'avec des parents comme les siens, il n'aurait jamais pu en être autrement…

Ce qui lui fallait, c'était un plan… Mais ses moyens étaient plus que limités : elle ne pouvait pas, d'elle-même, aller voir sa mère ou son père pour leur en parler. Elle ne voulait pas commettre d'erreur qui pourrait gâcher les chances de rapprocher ses parents…

Elle ne pouvait pas non plus demander à Binty de l'aider : l'Elfe rendait chaque soir des comptes à son père… Elle ne pouvait pas non plus demander à ses tontons de l'aider. Premièrement elle ne pouvait se balader librement dans le château pour aller les retrouver, elle pourrait se perdre, et ensuite, elle avait bien compris que dans cette époque, son père et ses tontons n'étaient pas encore les meilleurs amis du monde !

Les seules personnes à qui elle pourrait en parler étaient en fait Papibus et Maminéva. Mais comment faire… Puis, tout à coup, une idée lumineuse lui vint. Après tout, Papibus l'avait déjà fait… Et elle savait que ce n'était pas dangereux…

Elle posa ses feutres sur la petite table dont elle se servait pour dessiner et se redressa, plus déterminée que jamais.

– Binty ?

– Oui, Miss ? répondit l'Elfe qui se trouvait à ses côtés.

– Peux-tu aller chercher Papibus, s'il te plaît ?

– Tout de suite, Miss. Et elle disparut dans un Pop !

Quelques secondes après, de grandes flammes vertes s'élevèrent dans la cheminée du salon de Severus, desquelles sortit Albus Dumbledore en personne.

– Que me veut ma petite fille préférée ? demanda-t-il en souriant.

– Pfff ! C'es facile, tu n'as que moi… répondit-elle alors qu'il la prenait dans ses bras.

– C'est vrai, tu as raison… Alors que puis-je faire pour ton service ?

– Papibus, assena-t-elle soudain sérieuse. Et le Grand Mage resta incrédule devant cette petite fille de quatre ans qui le regardait comme si elle était le Ministre de la Magie en personne. J'ai besoin que tu m'aides pour une affaire de la plus haute importance !

Albus pouffa devant tant d'éloquence, mais ne dit rien. Après tout, elle avait été élevée par Severus et Hermione…

– Je t'écoute.

– Je voudrai que tu récupères d'autres souvenirs de ma tête pour que je les montre à papa et maman…

– Et pourquoi ça ? demanda-t-il malicieusement, se doutant de la réponse.

– Euh… Tu leurs diras rien, hein ? Le Sorcier fit mine de fermer sa bouche et de jeter la clé. En fait, je voudrais leur montrer d'autres souvenirs où ils sont ensemble tous les deux… Je veux tout faire pour qu'ils tombent amoureux !

Albus craqua littéralement devant sa petite mine tristounette. Elle avait entièrement raison… Le temps était trop vite passé, et il y aurait tout à gagner à faire un peu avancer les choses…

– Très bien jeune fille… déclara-t-il en la déposant sur le canapé et s'asseyant à ses côtés. Concentre-toi et dis-moi quand tu es prête.

La fillette rassembla ses idées, choisissant ses souvenirs avec soin. Ceux où elle se trouvait avec ses parents, mais aussi et surtout ceux qu'elle avait d'eux alors qu'ils croyaient être seuls. Elle fit un signe de tête au Vieux Sage qui colla sa baguette sur sa tempe pour extraire les souvenirs un à un et les mettre dans une petite fiole qu'il avait fait apparaitre de nulle part.

Une fois la tâche accomplie, il lui donna la fiole qu'il avait refermée précautionneusement, puis, après un câlin de la fillette pour le remercier de son aide, retourna vers son bureau, le sourire aux lèvres.

oOo. oOo. oOo. oOo. oOo. oOo. oOo.

Severus rentra tard de la réunion de professeurs qui avait eu lieu après le dîner. Il savait que sa fille était déjà couchée et dormait à poings fermés.

Il entra dans son salon où il vit Hermione allongée sur le canapé, un livre ouvert sur sa poitrine, surement tombé lorsqu'elle avait sombré dans le sommeil.

Doucement, il s'approcha et s'accroupit devant elle. Là, endormie, le visage détendu, il se fit la réflexion qu'elle était belle… Vraiment belle. Oh, pas une de ces bombes qui peuplaient certains magazines Moldus, mais elle avait un charme indéniable. Une beauté naturelle et intrigante. Il regardait sa poitrine, cachée par cet ouvrage volumineux se soulever au rythme calme de sa respiration. Il vit une mèche de cheveux bouclés bouger doucement à cause de son souffle léger. Tout d'un coup, comme mue par une volonté propre, sa main s'avança et dégagea cette mèche qui lui cachait son joli visage, transformant imperceptiblement le geste en une légère caresse. Ce qui eut le dont d'éveiller la jolie demoiselle endormie.

– Professeur ? marmonna-t-elle en ouvrant doucement les yeux.

– Désolé, je ne pensais pas rentrer si tard. Il se releva et s'écarta un peu du canapé. Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il en avisant un petit paquet grossièrement ficelé juché sur la table basse. Reconnaissant la patte de sa fille, il attrapa l'objet sans hésitation.

– C'est un cadeau de Maï pour nous deux. Mais elle m'a fait promettre de ne pas l'ouvrir avant votre arrivée…

Severus rejoignit Hermione sur le canapé, où il s'assit à ses côtés. Puis, l'ouvrant délicatement, il découvrit un dessin le représentant en compagnie d'Hermione, se tenant par la main. Ils sourirent à cette image, Hermione rougissant tout de même, puis leurs yeux se posèrent sur la fiole contenue dans le paquet. À l'intérieur, se mouvait une substance mi-liquide, mi-gazeuse qu'ils reconnurent immédiatement… Les sourcils froncés, Severus, d'un coup de baguette conjura sa pensine, la posa sur la table et y vida la fiole.

– Voulez-vous que je vous laisse, Professeur ? Je ne sais pas si…

– Hermione, la coupa-t-il sans y penser, vous m'avez dit vous-même que ce cadeau était pour nous deux… Puis, sans autre cérémonie, plongea tête la première, entrainant la Gryffondor à sa suite.

Ils se retrouvèrent dans un grand salon, au milieu d'une petite assemblée composée de diverses personnes parmi lesquelles ils reconnurent leur fille, bien sûr, eux-mêmes, mais aussi Albus, Minerva, Harry Potter, Ginny et Ronald Weasley, ce dernier avec à son bras une jeune femme qui n'était autre que Gabrielle Delacour, de même qu'un petit garçon aux cheveux bleus qui jouait avec Maï-Lee, Teddy Lupin.

Laissant vagabonder leurs regards, ils remarquèrent les décorations qui ornaient la pièce, de même qu'un gros gâteau posé sur une table, avec, écrite en lettres argentées la mention « H & S – 5 ans de bonheur – Joyeux anniversaire ». Sur la table, à côté du gâteau, se trouvaient toute un assortiment de coupes en cristal ainsi que plusieurs bouteilles de Champagne.

Ils virent Harry Potter et Ronald Weasley se rapprocher du centre de la pièce en demandant l'attention des invités, et le Survivant prendre la parole, en levant sa coupe :

– Mes chers amis, bonsoir. Nous sommes ici pour célébrer le cinquième anniversaire de mariage de deux personnes chères à nos cœurs… Sev, c'est à toi que je m'adresse, tout d'abord. Il y a un peu plus de six ans, quand Hermione nous à dit à Ron et à moi qu'elle allait t'épouser, on appréhendait un peu, bien que nous ne lui ayons rien montré, contente comme elle semblait l'être… Mais nous avons très vite tous été témoins de l'amour incommensurable que tu lui portes, et nous savons que jamais personne n'aurait pu la rendre aussi heureuse que toi tu le fais. Il leva sa coupe en direction de son ancien professeur qui lui sourit les yeux étrangement brillants, et continua son discours : Herm'… ma Sœur… ma Vie… Je suis tellement heureux que tu sois si heureuse… Je ne peux rien te dire de plus que tu ne saches déjà… Je t'aime. L'ancienne Gryffondor, les larmes aux yeux se jeta sur son meilleur ami dans une étreinte qui lui coupa le souffle.

– Hey, Hermignonne, gardes-en un peu pour moi… réclama Ronald en souriant… Moi aussi je t'aime… Même si tu sais déjà tout de ce que j'ai à dire… Et c'est moi qui ai apporté votre cadeau… rajouta-t-il en riant. Il conjura un sort et une pensine fit son apparition au milieu du salon.

– Nous avons rassemblé différents souvenirs de diverses personnes, reprit Harry alors que Ron versait plusieurs fioles dans la bassine en pierre. Albus, si vous voulez bien…

Le Vieux Sage s'avança à son tour alors que tout le monde prenait place sur les différents fauteuils tout autour. D'un mouvement compliqué de sa baguette, il permit à toute l'assemblée de voir les souvenirs qui s'élevaient de la pensine, comme si les souvenirs se déroulaient en direct devant eux.

Severus et Hermione se regardèrent un instant, puis prirent place à côté du « Severus –futur » qui tenait sa femme sur ses genoux, bien calée contre lui, et regardèrent, comme tous les autres, le premier souvenir se mettre en place :

Une allée de pétales se dessinait au sol, bordée de bancs sur lesquels étaient assis une trentaine de personnes habillées de leurs plus beaux atours. Severus se voyait patienter debout, sur une estrade en compagnie d'Albus et d'Harry Potter. Minerva se trouvait assise au premier rang, derrière lui, et s'épongeait les yeux avec un petit mouchoir.

Lorsqu'une musique s'éleva, il vit ce qui aurait pu être incontestablement la huitième merveille du monde : Hermione Granger, dans toute sa splendeur, s'avançait tranquillement dans l'allée, tenant un bouquet qu'il reconnut comme des Roses de Noël. Elle brillait de mille feux en s'avançant vers lui, un sourire époustouflant faisant écho au sien et il sentit son cœur faire une embardée dans sa poitrine. Jamais elle n'avait été aussi belle ! Il assista à l'échange des alliances, des promesses d'amour éternel et au baiser qui scellait leur union sous les applaudissements de l'assemblée.

– Vous êtes sublime… murmura-t-il soudain.

– Merci… Vous êtes très élégant vous aussi, osa-t-elle répondre, alors qu'elle sentait ses joues en feu.

La scène changea et tous les deux se virent dans une chambre d'hôpital qu'ils reconnaissaient comme appartenant à Sainte-Mangouste. Severus était debout et, à ses côtés, dans le lit, était allongée une Hermione aux cheveux plus ébouriffés que jamais, les traits tirés, le visage fatigué, mais un sourire rayonnant aux lèvres. Dans ses bras, dans une couverture rose, un minuscule bébé dormait sous les regards heureux et attendris de ses jeunes parents.

Les souvenirs se succédaient, sous les commentaires émus ou les rires moqueurs des invités. Ils assistèrent tour à tour à différentes scènes de la vie qu'ils menaient en tant que mari et femme, avec leur fille et leurs amis. Assistant aux premières loges à l'amour incroyable qui les liait tous les deux.

Plus le temps passait, plus Severus sentait son cœur se gonfler, de même qu'une espèce de vide se former dans sa poitrine. Vide qui ne demandait qu'à être comblé…

Plus le temps passait, et plus Hermione se sentait bizarre… Elle sentait ses jambes flageoler et comme des papillons dans son estomac… Mais que dire de son cœur, qui battait tellement fort qu'elle était persuadée que son professeur allait l'entendre !

Le souvenir de l'anniversaire de mariage prit fin pour laisser place à un autre, où ils se retrouvèrent tous les trois, Hermione, Severus et Maï-Lee, dans ce qu'ils reconnurent comme un salon. La pièce, très chaleureuse était composée d'une cheminée où de grandes flammes ronflaient, d'un tapis moelleux sur lequel Maï-Lee, allongée sur le ventre, regardait un livre d'images, et d'un canapé sur lequel Severus était assis, un livre dans une main. Hermione, âgée de quelques années de plus, était allongée aux côtés de son mari, la tête appuyée sur ses cuisses, un roman également dans les mains. La main de Severus était plongée dans les cheveux de sa femme, les enroulant machinalement autour de ses doigts.

La Gryffondor spectatrice poussa tout à coup un drôle de gémissement qui fit se rapprocher Severus pour regarder ce qui la mettait dans cet état : il vit alors avec un mélange d'embarras et d'incertitude son autre lui lancer furtivement un regard vers sa fille occupée avec son livre puis faire glisser ses doigts depuis les cheveux de sa femme sur son visage, son cou, et pour finir… dans son décolleté, qu'il caressa un moment, avant de vivement retirer sa main, alors que sa fille se rapprochait.

Ils n'eurent pas le temps de dire ou faire quoi que ce soit qu'un nouveau souvenir se mit en place. Cette fois, ils atterrirent dans ce qui ressemblait à s'y méprendre à leur laboratoire de potions, à quelques détails prêts. Ils remarquèrent Maï-Lee, un peu sur leur droite, cachée derrière une porte entrebâillée et qui souriait. Sans hésitation, ils se placèrent derrière elle et regardèrent dans la même direction qu'elle.

Le double de Severus, qui leur faisait face, préparait divers ingrédients et les rangeait scrupuleusement sur une table devant lui. Soudain, deux mains jaillirent de derrière son dos pour venir se poser sur son torse, le caressant doucement en s'attardant sur ses pectoraux, lui arrachant un grognement et un sourire coquin.

– Mon Cœur, dit-il, tu ne devrais pas être en train de surveiller Maï pendant sa sieste ?

– Elle dort… Et puis tu me manquais trop… J'avais envie d'être avec toi…répondit Hermione d'une voix que le Severus spectateur trouva des plus sensuelles tandis que son Apprentie gémissait d'embarras.

On entendit l'homme lancer un sort de stase sur la potion en même temps qu'il faisait passer sa femme devant lui. Sitôt après il plongeait sur sa bouche, lui arrachant un gémissement. Il la souleva pour l'asseoir sur la table devant lui, et se colla à elle, alors qu'elle approfondissait le baiser. Elle passa ses jambes dénudées autour de la taille de son mari dont une des mains retroussait déjà sa jupe sur le haut ses cuisses, l'autre s'attelant à déboutonner son décolleté.

– Tu me rends dingue… Tu le sais, ça ? gronda-t-il dans son cou, alors que d'un mouvement de la main, il ferma la porte et insonorisa la pièce…

Le souvenir se brouilla et le Directeur de Serpentard déglutit avec difficulté, n'osant regarder celle qui se trouvait à côté de lui. Il n'eut pas le temps de réfléchir à ce qui avait failli se dérouler devant les yeux innocents de sa fille car la pensine les éjecta et ils se retrouvèrent assis en tailleurs sur le tapis devant la cheminée, les crépitements du feu et les respirations saccadées d'Hermione pour seul bruit de fond.

La Gryffondor, rouge comme une pivoine avait les yeux écarquillés et semblait fixer un point imaginaire juste au-dessus de l'épaule de Severus. Severus, lui, essayait tant bien que mal de cacher la réaction de son corps face à cette dernière scène des plus inattendues ! Merlin ! Il ne remercierait jamais assez ses robes de sorcier longues, amples et noires…

De longues minutes silencieuses plus tard, Hermione sembla enfin émerger. Tournant le regard vers Severus qui n'avait toujours pas bougé non plus, elle eut un léger sursaut, comme si elle venait tout juste de se rendre compte de sa présence, sur ce tapis, assis seulement à quelques centimètres d'elle.

– Vous vous rendez compte de ce qui a failli se produire devant elle ? demanda la brune, encore sous le choc.

– Oui… Et je me félicite d'avoir pensé à fermer la porte… La voix du professeur était étrangement basse et rauque, provoquant une envolée de papillons dans le ventre d'Hermione.

– Nous savons dorénavant qu'il nous faudra faire attention… Hermione porta tout à coup sa main à sa bouche, horrifiée par ce qu'elle venait de dire à haute voix, tandis que Severus haussa un sourcil en la regardant. La Gryffondor se leva d'un bond, carrément mortifiée, puis s'enfuit à toutes jambes, non sans jeter un « au revoir » à son Professeur par-dessus son épaule.

Severus, foudroyé par les propos plus que parlants de la demoiselle, resta encore un moment sur le tapis, les yeux dans le vague, perdus dans les flammes vacillantes. Puis, se levant, il se dirigea sans bruit dans la chambre de sa fille, dormant paisiblement à cette heure avancée de la nuit. Il s'agenouilla, et, dans un geste tendre, caressa sa joue chaude et murmura à son oreille :

– J'ai compris ce que tu essayes de faire mon Cœur…Je sais que tes parents ensemble te manquent… Je te promets d'y remédier… Il posa doucement ses lèvres sur le front de sa fille et partit se coucher, des images plein la tête.