Chapitre 11 - L'attaque

Lucius Malefoy avait entendu des rumeurs… Du fond de la grotte dans laquelle il s'était caché depuis plus de six mois, il avait remarqué que tous ceux qui s'étaient enfuis comme lui lors de la Grande Bataille, où ils avaient perdu leur Maître, ne répondaient plus à ses messages.

Les derniers à s'être manifesté étaient Dolohov et Travers, un mois auparavant… Et depuis, plus rien.

Il sentait que quelque chose clochait… Mais quoi ? Ils avaient pourtant tous utilisé les meilleurs moyens pour disparaitre, en attendant de pouvoir mettre leur vengeance sur pied…

Cette situation l'inquiétait grandement… Et si les autres Mangemort avaient été retrouvés ? Et si l'Ordre du Phénix était encore derrière tout ça ? Il fallait qu'il en ait le cœur net.

L'aristocrate vérifia son stock de Polynectar : il ne lui restait que deux fioles… Et Dolohov, qui le fournissait en temps normal avait disparu de la circulation. Il but la potion boueuse et attendit que son corps prenne l'apparence de ce Moldu qu'il avait tué quelques mois avant. Cinq minutes plus tard, l'homme arborait de courts cheveux bruns et une barbe broussailleuse et grisonnante.

Il dut changer de vêtements car se sentait à l'étroit dans ses robes de velours… Maudits Moldus qui s'empiffrent comme des porcs ! pensa-t-il en lorgnant avec dégoût l'horrible bedaine dont il était désormais affublé.

De nouveau habillé, il prit sa baguette, se lança un puissant sortilège de Désillusion et transplana directement dans le repère de Dolohov : peut-être restait-il un stock de Polynectar dont il pourrait s'emparer, si le malheureux avait disparu !

Arrivé sur place, le spectacle dont il fut témoin lui retourna l'estomac : un vrai champ de bataille s'étalait devant ses yeux, preuve qu'un violent combat avait fait rage en ce lieu. Des chaises renversées, une table cassée, de la vaisselle brisée, des taches de sang par terre… mais du Mangemort ancien occupant des lieux, nulle trace !

Le visage impassible, Malefoy chercha des indices qui auraient pu lui expliquer le pourquoi de tout ceci, même si au fond de lui, il connaissait déjà la réponse : l'Ordre du Phénix ! Il en était persuadé…

Mais tout cela ne disait pas comment ils l'avaient retrouvé… Ni comment ils avaient retrouvé tous les autres ! Et par-dessus tout, s'ils allaient le retrouver, lui !

Il fut sorti de ses pensées lorsqu'il sentit les effets du Polynectar se dissiper… Il fit un rapide tour d'horizon, essayant de distinguer une fiole de la potion dégoûtante dans tout ce fouillis. Il grimaça en voyant le coffret en bois bien connu ayant jadis contenu lesdites fioles : la seule qui restait avait été brisée, et son contenu répandu sur le sol.

Il avait besoin de réfléchir à la situation… Des décisions devaient être prises, et le temps pressait. Mais avant, il devait vérifier les cachettes des autres Mangemort pour pouvoir étayer ses hypothèses…

Il renforça son sortilège de Désillusion, maintenant qu'il avait retrouvé ses traits Malefoy, même s'il flottait un peu dans ses vêtements… L'heure n'était plus à la dignité de l'apparence !

S'il trouvait le sortilège pour disparaitre à la vue de tous un peu faiblard, il se refusa d'utiliser la Magie Noire, même s'il savait que le sort serait cent fois plus efficace… Il connaissait les nouvelles dispositions du Ministère depuis que cet imbécile de Traître à son Sang de Shaklebot était au pouvoir : tous les sortilèges de Magie Noire était tracés : il serait donc repéré immédiatement !

Disparaissant même à sa propre vue, il transplana chez Travers… Sans surprise, il découvrit sa cachette dans le même état que celle qu'il venait de quitter. Il n'eut pas besoin d'aller vérifier celles des autres pour avoir la preuve de ce à quoi il pensait… Par contre, il trouva une fiole de la précieuse potion parmi les débris… C'était déjà ça !

Avec celle qui lui restait, il en avait pour deux heures d'apparence inconnue… C'était suffisant pour ce qui lui restait à faire…

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Hermione avait insisté auprès de Severus. Elle l'avait supplié même, arguant le fait que l'anniversaire de Maï-Lee approchait à grand pas. Et lui, évidemment, n'avait pas pu lui résister… surtout lorsque sa fille, la traîtresse, avait sauté de joie en piaillant, heureuse d'une sortie en famille, si rares, en dehors du Parc du Château.

C'est ainsi que notre petite famille se promenait dans la Grand Rue de Pré-au-Lard, en direction de chez Honeyduke, en ce samedi après-midi de la fin du mois de mars, une semaine avant l'anniversaire de la petite. La plupart des élèves étant rentrés chez eux pour les vacances de Pâques, le charme qui la changeait d'apparence était superflu.

– Papa ! Maman ! minauda la fillette en sautillant, lâchant la main de Severus pour montrer la devanture du magasin de bonbons, l'autre main toujours dans celle d'Hermione. Regardez ! Regardez !

– Oui, mon Ange ! On va y aller… céda le Serpentard en levant les yeux au ciel devant le sourire entendu de la Gryffondor. Et vous, Hermione, vous ne perdez rien pour attendre !

La brune tiqua et grimaça intérieurement : il ne l'avait plus tutoyée depuis ce fameux soir où il lui avait appris la triste nouvelle au sujet du départ de leur fille. Et elle ne savait vraiment plus quoi penser. Après le discours qu'il lui avait tenu à ce moment-là, elle avait espéré que leur relation prendrait un nouveau tournant. Mais non. Il avait sûrement dû dire ça pour essayer de la consoler…

Elle se demandait quoi faire, quelle attitude adopter. Dans sa lettre venue du futur, elle s'était conseillée de prendre les devants si Severus ne se décidait pas… Plus le temps passait, plus elle se disait qu'il faudrait vraiment qu'elle le fasse !

Parce que désormais, elle était sûre de ses propres sentiments. Elle avait remarqué leur évolution au fil des semaines… Et lorsque Severus avait fait allusion au fait qu'ils retrouveraient Maï-Lee dans le futur, elle avait senti son cœur bondir dans sa poitrine, et une douce chaleur se répandre dans son corps. Mais depuis, plus rien… et cela datait de plus d'un mois !

Ils entrèrent dans la confiserie, Maï-Lee courant comme une petite folle, sous les regards amusés de ses parents, sans se douter que quelques mètres plus loin, dissimulé sous un puissant sortilège, un certain Mangemort n'avait absolument rien perdu de la scène !

Particulièrement écœuré par cette démonstration d'une telle mièvrerie qu'il en avait la nausée, et surtout méchamment surpris, Lucius Malefoy se rendit compte qu'il tenait peut-être là sa chance…

Devant les étalages de bonbons tous plus attirants les uns que les autres, Maï-Lee ne savait plus où donner de la tête. Hermione tentait de la suivre tant bien que mal, tandis que Severus la regardait avec un sourire franc sur les lèvres.

– Hermione ? l'appela-t-il tout d'un coup.

– Oui ? Elle se retourna pour lui faire face, un œil toujours sur sa fille à un mètre d'eux.

– Je vais à la bijouterie deux rues plus bas, vois si je trouve quelque chose pour son anniversaire. Restez avec elle, je ne voudrai pas qu'elle découvre son cadeau avant l'heure…

– Très bien, nous vous attendrons à la sortie du village pour rentrer à Poudlard.

– D'accord… A tout à l'heure… Et Severus sortit.

Trente minutes plus tard, après que la fillette se soit enfin décidée à choisir ses bonbons, mère et fille se rendaient tranquillement en direction du point de rendez-vous pour attendre Severus, main dans la main, en chantant une chanson.

– Comme c'est touchant ! lança une voix narquoise derrière elles.

Hermione fit volte face, et son cœur sembla s'arrêter.

– VOUS ! rugit-elle en faisant passer sa fille derrière elle. Elle n'eut même pas le temps de finir de dégainer sa baguette que celle-ci fut aussitôt éjectée à une vingtaine de mètres.

– Et oui, Moi ! répondit Lucius Malefoy, sarcastique à souhait. Et tu n'as même plus ta baguette pour te défendre… Comme c'est pathétique ! INCARCEREM ! hurla-t-il et des cordes jaillirent pour venir ligoter Hermione et Maï-Lee l'une à l'autre.

– Laissez-la partir ! cria la Gryffondor, désespérée. Prenez-moi si vous voulez, mais laissez-la tranquille !

– Et bien, et bien… La Sang-de-Bourbe et le Traître… qui l'aurait cru… Je crois que l'on va s'amuser un peu…

Hermione était tétanisée. Une peur panique s'était emparée d'elle dès qu'elle avait vu le Mangemort. Elle avait voulu cacher sa fille derrière elle, même si elle savait que c'était peine perdue. Comme elle regrettait de ne pas avoir sorti sa baguette plus rapidement !

Maintenant, elle était ligotée, sans défense, et incapable de protéger sa fille qu'elle sentait trembler de plus en plus derrière elle.

Elle espérait de tout son cœur que Severus arrive vite et les trouve avant qu'un drame ne se produise !

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Severus avait réussi son coup : son prétexte d'aller chercher le cadeau de Maï-Lee avait fonctionné à merveille. Il lui avait permis de se débarrasser en même temps d'Hermione pour mener son projet à bien. Cela faisait déjà quelque temps qu'il préparait sa surprise… Parce qu'il n'avait pas oublié qu'avant l'anniversaire de sa fille prévu une semaine plus tard, il y avait également celui de sa chère Gryffondor ! Et celui-ci dans trois jours seulement ! Et il avait reçu la veille un hibou du bijoutier pour l'avertir que sa commande, passée un mois plus tôt, était enfin prête…

Arrivé dans la boutique, il se dirigea directement vers le comptoir, où un petit homme au crâne dégarni et au sourire bienveillant le salua.

– Bonjour, Monsieur Rogue ! Je vais vous chercher votre commande ! annonça l'homme en se dirigeant vers l'arrière boutique.

– Bien, merci. Je vous attends ici…

Le bijoutier revint quelques minutes plus tard avec deux boites dans les mains, qu'il posa sur le comptoir.

– Allez-y, je vous en prie, indiqua-t-il à Severus afin que celui-ci vérifie sa commande.

Le Directeur des Serpentard ouvrit la première boite. Elle contenait une petite chaîne en or avec un pendentif en forme d'ange. Au dos, une gravure d'une écriture fine et ouvragée indiquait les mots « Ensemble pour toujours, par-delà l'espace et le temps ». Severus ignorait si Maï-Lee aurait toujours le bijou une fois son retour dans le futur accompli, mais il l'espérait… Reposant le délicat bijou dans son coffret, il se dirigea vers l'autre, plus grand que le précédent.

L'ouvrant avec précaution, ses doigts presque tremblants, un sourire étira ses lèvres lorsque ses yeux se posèrent sur l'élégante parure qui reposait au fond du coffret. Une paire de boucles d'oreille assorties à un magnifique collier se présentaient à lui. Les trois pendentifs représentaient la même fleur, une Hellébore choisie avec soin, composée de pétales émeraude et d'un rubis en son centre… Les couleurs de Serpentard et de Gryffondor se mariant à merveille. Au dos de la fleur du collier, une gravure en latin disait « Lux Vitae Meae » (« La lumière de ma vie »).

Severus sourit encore plus largement, sortit sa bourse et paya les deux cent cinquante Gallions au bijoutier qui lui emballa les cadeaux, puis sortit rejoindre les deux amours de sa vie.

Chemin faisant, il réfléchit à la meilleure façon d'offrir son cadeau à Hermione. Même s'il ne connaissait pas réellement les sentiments de la demoiselle à son égard, il en avait toutefois une idée générale…

En effet, à force de lui demander de baisser ses barrières mentales lors de leurs séances, il avait de plus en plus de facilités à connaître ses pensées… Il ressentait ses émotions lorsqu'il s'approchait d'elle, et son découragement lorsqu'il s'en éloignait…

Son côté Serpentard l'avait poussé à faire exprès de se lancer dans une sorte de « Yoyo sentimental », histoire de mettre à l'épreuve les sentiments de la Lionne, mais il avait décidé que le jeu avait assez duré… Il fallait désormais qu'il passe à l'action, et l'anniversaire de la Miss serait sans doute le bon moment.

Une espèce d'oppression le prit tout à coup, au fur et à mesure qu'il s'avançait vers le lieu de rendez-vous où il devait rejoindre ses deux amours. Son instinct d'espion refit surface à la vitesse d'un boulet de canon, et il comprit ce qui se passait avant même d'en avoir conscience.

Des cris, au loin, firent immédiatement accélérer ses pas, de même que le grondement de plusieurs sorts lancés par différentes personnes.

Arrivant enfin sur les lieux, il se figea : plusieurs personnes étaient rassemblées autour de quelque chose et semblaient affolées par ce qui se trouvait au sol. Se rapprochant en courant, ses yeux experts embrassèrent rapidement la scène, alors que les villageois autour lui laissaient le passage : au sol se trouvait sa fille, inconsciente, mais qui respirait toujours. Mais ce qu'il vit à quelques mètres d'elle lui retourna l'estomac.

– NON ! rugit-il alors qu'il courait à en perdre haleine vers le corps inerte à quelques mètres de lui. HERMIONE !

Severus s'agenouilla devant la Gryffondor inconsciente dont les vêtements en sang lui collaient à la peau. Reconnaissant sans problème le Sectumsempra qu'il avait lui-même inventé, Il marmonna plusieurs incantations en passant sa baguette le long des nombreuses blessures, faisant refluer le sang et les fermant au fur et à mesure.

– ENERVATUM ! cria-t-il en pointant sa baguette sur le corps blessé dans ses bras. ENERVATUM ! Allez, Hermione, réveille-toi ! supplia-t-il en la secouant doucement, désespéré. Il tapota légèrement ses joues pour la faire revenir à elle.

La brunette toussa deux ou trois fois, puis poussa un gémissement de douleur. Enfin, elle ouvrit les yeux sur Severus. Les souvenirs des dernières minutes lui revinrent de plein fouet, et elle écarquilla les yeux d'horreur en se relevant.

– MAÏ-LEE ! Hurla-t-elle, les larmes ruisselant sur ses joues, à la limite de l'hystérie. Puis, se tournant vers son professeur, toujours agenouillé au sol, elle lui dit, le cœur au bord des lèvres : C'est… Malefoy… Sitôt après, elle s'effondra.