Chapitre 16 - La vengeance de Severus

Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis la réconciliation de Severus et Hermione. Plusieurs semaines depuis lesquelles le couple vivait des moments magiques. Et certains évènements avaient marqué quelques tournants dans leur histoire.

Le premier, et pas des moindres, se passa deux jours après l'épisode de la Salle-sur-Demande.

Ce soir-là, alors qu'elle était supposée dormir depuis longtemps, Maï-Lee se releva une énième fois pour se rendre aux toilettes. Passant discrètement devant le salon où elle savait que son père lisait, elle poussa tout à coup un hurlement hystérique.

Son père, effectivement assis sur le canapé, n'était absolument pas en train de tenir un livre dans ses mains. Ce qu'il tenait, ou plutôt celle qu'il tenait, était en fait une Hermione un chouïa débraillée, les bras entourant son cou et la bouche collée à la sienne.

Le cri soudain les fit se séparer, et, rouges d'embarras, ils assistèrent à l'explosion de joie de leur fille qui, juste après les avoir serrés tous les deux dans ses petits bras, entama une petite danse de la victoire, scandant dans une litanie sans fin des « Papa et Maman sont amoureux ! Papa et Maman sont amoureux ! Papa et Maman sont amoureux ! » en sautant tout autour du salon.

Elle n'avait consenti à s'endormir que très tard dans la nuit, mettant à mal le self-control de ses parents.

Les cris de joie avaient recommencé avec la même intensité dès le lendemain matin, lorsque la fillette avait retrouvé ses parents endormis dans le même lit.

L'autre évènement marquant de ces dernières semaines fût qu'une fois que Maï-Lee eut été mise au courant de l'avancée de la relation de ses parents, ces derniers n'avaient plus à se cacher de leur fille, donc n'avait plus besoins de jouer la carte de la discrétion… Du moins dans l'appartement de Severus ou dans le laboratoire. Ni même en présence de Ron, Harry et Ginny, ou de Minerva et Albus.

Hermione n'avait plus dormi dans son lit depuis la reprise de leur relation, ce qui la contraignait à ramener quelques affaires dans l'appartement de Severus.

Un matin, alors que celui-ci se rendait dans sa salle de bain, il remarqua le bazar qu'elle avait mis un peu partout sur les étagères : du shampooing aux senteurs exotiques au gel douche parfumé à il ne savait trop quoi, en passant par diverses crèmes pour le corps. Des serviettes douces et colorées remplissaient les placards, de même que sa brosse à dent rangée avec la sienne… Ressortant, il ouvrit son armoire pour s'habiller, et là encore, des vêtements colorés et incontestablement féminins côtoyaient les siens, sombres et on ne peut plus classiques.

Tout à coup, une révélation fit son apparition au fond de son crâne. Écarquillant les yeux, il se précipita à grandes enjambées dans ses appartements à elle, et ouvrit son armoire. Seulement deux robes et une ou deux chemises, quelques paires de chaussettes et pas de sous-vêtement. D'un bond, il se rendit dans la salle de bain. Rien. Pas un seul flacon d'aucune sorte sur les étagères, ni dans le petit placard sous le lavabo. Seule une serviette – sèche depuis des jours – était étendue sur son portant, devant la douche – sèche elle aussi.

Merlin ! Son appartement à lui contenait plus d'affaires d'Hermione que dans ses propres quartiers ! Autrement dit, presque toutes les affaires d'Hermione s'y trouvaient !

Il s'en retourna rapidement chez lui, et arriva dans sa chambre. Hermione dormait paisiblement. Elle s'était emberlificotée dans le drap – qui cachait sa nudité – et reposait de son côté à lui. Elle s'était même accaparé son oreiller !

Il était envahi. Elle avait apporté du féminin dans son appartement de mâle ! Outre sa brosse à cheveux, il avait aussi remarqué la petite boîte de tampons hygiéniques qui côtoyait son matériel de rasage.

Il s'était laissé envahir sans même s'en rendre compte ! MERLIN ! Il était fichu ! Regardant de nouveau Hermione qui poussa un petit soupir dans son sommeil, il prit sa décision.

Cette situation ne pouvait plus durer. Cette fichue Gryffondor ne pouvait plus continuer comme ça ! Il allait lui dire, lui ce qu'il pensait de tout ça… Et pas plus tard que maintenant ! Enfin… dans quelques minutes… Là, il avait quelque chose à faire !

oOo. oOo. oOo. oOo. oOo. oOo. oOo.

Hermione se réveilla lentement, de petites caresses sur le bout de son nez achevant de la sortir du sommeil. Ouvrant difficilement un œil, elle tomba nez à nez avec de grands yeux noisette, identiques aux siens, qui la scrutaient en souriant.

– Maman… fit la petite. Il est l'heure de se lever… Binty a préparé le petit déjeuner…

Après un câlin, la fillette repartit dans sa chambre pour s'habiller. S'asseyant sur le lit, Hermione remarqua Severus, qui, installé sur un fauteuil dans un coin de la chambre, la regardait d'un air sévère, les bras croisés sur le torse.

– Euh… qu'est-ce que j'ai fait ? demanda-t-elle, un peu inquiète.

– Demandez-moi plutôt ce que vous n'avez pas fait, Miss Granger !

– Oh, d'accord… Alors, qu'est-ce que je n'ai pas fait, Professeur ?

Severus gronda. La façon qu'elle avait eue de prononcer son titre le renvoya à ce qu'ils avaient fait une bonne partie de la nuit… Et à ce moment-là, il pouvait assurer sans problème qu'elle n'avait rien eu d'une élève comme les autres…

Se ressaisissant, et surtout, essayant de passer outre la vision alléchante de ses tétons qui pointaient sous le drap, il se contenta de lui montrer un carton posé par terre devant lui.

Se redressant, Hermione remarqua qu'il était rempli d'affaires lui appartenant… Mais pas n'importe lesquelles…

– Que dois-je en conclure ? demanda-t-elle, soudain suspicieuse.

– Qu'elles n'ont plus rien à faire à l'endroit où je les ai trouvées ? proposa-t-il.

– Et pour quelle raison, je te prie ?

– Hermione ! soupira-t-il. La plupart de tes affaires sont ici… Il serait plus logique que… Enfin…

– Essaierais-tu de me dire quelque chose, Severus ?

– Tu ne m'aideras pas, hein ? grogna-t-il, alors qu'entourée de son drap, elle venait s'asseoir sur ses genoux.

– Absolument pas… répondit-elle, sans honte et plutôt fière d'elle. J'aime trop te voir essayer…

– Non, tu t'amuses à me voir m'empêtrer dans mes explications… Tu te régales de me voir m'embarrasser… dit-il en retroussant petit à petit le drap au niveau de ses genoux. Puis, n'y tenant plus, il plongea dans son cou, mordillant sa peau douce en la faisant gémir.

– Alors ? Que voulais-tu me demander ? insista Hermione qui savait parfaitement ce dont il voulait lui parler.

Severus grogna alors qu'elle commençait à frotter sa cuisse contre son érection naissante, et il perdit un instant le fil de ses idées. La reculant tout à coup pour pouvoir se concentrer, il la tourna pour lui faire face. Respirant un grand coup, il se lança :

– Est-ce que oui ou non tu vas finir de t'installer ici, une bonne fois pour toutes ?

– Et bien voilà… C'était pas si difficile ! N'empêche, tu en auras mis, du temps !

– Pardon ?!

– Severus… Crois-tu vraiment que je suis du genre à laisser trainer mes affaires un peu partout, comme je le fais depuis des jours ?

– Mais…

– J'ai bien cru qu'il faudrait que j'éparpille mes petites culottes partout dans l'appartement pour qu'enfin tu me demandes de vivre avec toi… avoua-t-elle l'air de rien en passant un doigt innocente long de l'encolure de sa chemise.

– C'était donc un coup monté… conclut Severus, sentant monter en lui des sentiments contradictoires.

– En effet… J'ai réfléchi à la manière de procéder… Et j'ai deviné que tu réagirais comme ça…

– Oh, alors tu as deviné… Et bien… Voyons un peu si tu avais deviné ça, aussi…

Ni une ni deux, il se leva, la gardant dans ses bras et s'enferma avec elle dans la salle de bain. Refermant la porte derrière eux, il la plaqua sèchement contre celle-ci. Hermione gémit sous le choc.

– Alors, insolente Petite Sorcière… commença-t-il en mordillant son cou, la faisant haleter. Il me semble que pareille impertinence mérite châtiment…

– Ah oui ? soupira-t-elle alors qu'il pressait sa virilité contre son bas-ventre. Et de quel genre de punition parles-tu ?

– De ce genre-là… Et il se débarrassa prestement du drap qui la recouvrait, la laissant nue et offerte devant lui… Et complètement à sa merci. Il captura immédiatement un de ses mamelons dans sa bouche, la faisant gémir fortement, pendant qu'il caressait l'autre du bout des doigts.

– Severus… soupira-t-elle, le souffle court, en faufilant sa main entre leurs deux corps. Il grogna quand elle attrapa son membre dressé à travers ses vêtements. Sev… répéta-t-elle alors qu'elle ouvrait ces derniers pour le libérer… Nous… n'avons… pas beaucoup… de temps…

– À votre guise, Miss Granger.

Et, sans autre cérémonie, dans un violent coup de rein, il entra dans sa chaleur. Hermione cria de plaisir alors qu'il entamait de rapides va-et-vient, grognant et haletant. Les lèvres accrochées à son mamelon, il partit caresser son clitoris, sachant pertinemment que cela la ferait rapidement décoller… Elle avait raison, ils n'avaient pas beaucoup de temps…

– Sev… s'il te plaît… souffla-t-elle entre deux gémissements. Plus vite…

Agrippant une de ses cuisses de sa main libre, l'autre toujours sur son clitoris, il accéléra les mouvements de son bassin, la pilonnant littéralement.

Hermione avait du mal à contenir ses cris. Elle mordait ses lèvres presqu'au sang et avait fermé ses yeux, toute au plaisir que Severus lui procurait. Alors qu'il caressait frénétiquement son bouton sensible, elle se sentit partir, sa tête cognant contre la porte de la salle de bain contre laquelle le Serpentard la martelait, transpirant et ahanant, proche de la délivrance lui aussi.

Soudain, elle se resserra autour de lui dans un petit couinement aigu et ils atteignirent ensemble les portes du Paradis.

Tout doucement, Severus reposa la demoiselle au sol, s'assurant qu'elle tenait correctement sur ses pieds, puis captura ses lèvres.

– Je vais continuer à faire des bêtises, si, à chaque fois, tu me punis comme ça…

– Et je me ferai une joie de t'apprendre les bonnes manières…

Il n'eut pas le temps d'en dire d'avantage que déjà une petite voix se faisait entendre de l'autre côté de la porte.

– Papa ! Maman ! Je vous attends pour le petit déjeuner… Qu'est-ce que vous faites ?

– J'aidais ta mère à se laver le dos… l'informa Severus en passant la porte de la salle de bain dans laquelle Hermione était restée pour se doucher. Elle arrive bientôt… Si nous allions lui préparer ses pancakes ?

– Oh, oui ! Super ! Allons lui faire la surprise !

Severus souffla de soulagement en bénissant l'innocence de son jeune âge… Un jour viendrait où elle ne goberait plus ce genre de salade…

oOo. oOo. oOo. oOo. oOo. oOo. oOo.

Voilà deux semaines qu'Hermione avait emménagé chez Severus.

Ce matin-là, très tôt, quelqu'un vint les réveiller, qui n'était pas Maï-Lee. Un Toc Toc Toc lancinant contraignit Severus à se lever, la fatigue se peignant sur son visage. Ouvrant la porte, il salua silencieusement son visiteur, et, toujours sans un mot, s'effaça pour le laisser entrer.

– Bonjour à toi aussi Severus, fit Albus Dumbledore en s'asseyant sur un fauteuil du salon. Je suppose que je te réveille…

– Comme si vous ne le saviez pas… étant donné l'heure qu'il est… Que me vaut cette si matinale visite ?

– Et bien… Peut-être pourrais-tu dire à Miss Granger de nous rejoindre.

– Elle dort encore… elle.

– Crois-moi, il vaut mieux que tu ailles la réveiller, insista Albus, soudain sérieux.

– Inutile, je suis là, fit une voix ensommeillée dans leur dos. En effet, Hermione était adossée au chambranle de la porte, habillée de pied en cap. Elle s'avança vers les deux hommes, et prit place à côté d'eux.

– Bonjour, Miss.

– Qu'avez-vous à nous dire qui soit si urgent, Professeur ? demanda la Gryffondor en le saluant d'un signe de tête.

– Et bien, je n'irai pas par quatre chemins… Lucius Malefoy a été capturé cette nuit.

– Est-il mort ? demanda Hermione, apeurée alors que Severus prenait doucement sa main.

– Non, pas encore… Il doit recevoir le baiser du Détraqueur dans quelques heures. À 10h00 exactement… Je pensais que tu voudrais le savoir… Severus…

Le Serpentard fixa attentivement celui qu'il avait toujours considéré comme son père. Cette lueur dans ses yeux… Cela faisait une éternité qu'il ne l'avait pas vue. Là où habituellement, on pouvait discerner sans peine de la malice et une espièglerie à toute épreuve, cette fois-ci, ce n'était pas le cas. Son regard flamboyant essayait incontestablement de lui faire passer un message…

Severus avait peur de comprendre. Rapidement, il força les rouages de son cerveau à se mettre en marche… Mais, encore une fois, c'est Hermione qui le devança. Elle n'avait pas eu besoin de mots, seuls sa main posée tout à coup sur son bras et son regard insistant parlèrent pour elle. Et c'était compréhensible.

Même en ce qui concernait Albus, c'était évident. Après tout, le vieil homme aimait profondément Maï-Lee… Et il aimait Hermione, aussi. Alors… Que voudrait-il pour l'homme qui leur avait fait du mal ?

Un seul mot se lisait comme écrit au néon au-dessus d'eux.

Vengeance.

oOo. oOo. oOo. oOo. oOo. oOo. oOo.

Severus avançait d'un pas mesuré dans les couloirs du sixième sous-sol du Ministère. Albus avait obtenu trente minutes… Il ne lui en faudrait pas autant.

Ici, seul Kingsley, le Ministre de la Magie en personne, était dans la confidence. Outre le fait qu'il ne refuserait jamais rien à Dumbledore, il avait eut vent des évènements de Pré-au-Lard, donc, était au courant de l'agression d'Hermione. Et, pour lui, comme pour n'importe qui faisant avant tout partie de l'Ordre du Phénix, qui touchait à ne serait-ce qu'un seul cheveu d'un membre du célèbre Trio d'Or, devait forcément le payer… Et le plus cher possible.

Le seul point que Kingsley regrettait, dans cette histoire, était que, de part son statut de Ministre, il ne pouvait faire lui-même ce que le Maître des Potions s'apprêtait à faire… C'est pour cette raison qu'il avait donné son accord sans hésiter une seule seconde... Une légère lueur d'envie dans le regard…

Il avait été dur d'argumenter pour qu'Hermione n'assiste pas à cela… Mais le Serpentard avait catégoriquement refusé qu'elle vienne. Il ne voulait pas qu'elle ait ce genre d'image de lui… comme ça… Alors qu'il s'adonnait à… ce genre de choses… Bien qu'il savait bien qu'elle se doutait de comment il allait s'y prendre !

Bref… Elle avait pris sur elle, essayant de ne pas trop bouder ouvertement, sachant que le temps pressait et qu'il fallait absolument agir avant l'arrivée des Détraqueurs.

L'ancien espion arriva devant une porte blindée qui semblait aussi épaisse que celle d'un coffre fort. Il donna un parchemin à l'un de deux sorciers en faction de chaque côté de la porte. L'homme lut le document signé de la main même du Ministre, le montra à son collègue et ils acquiescèrent en silence, lui ouvrant le passage.

À peine eut-il pénétré les lieux que la porte se referma derrière lui dans un grincement métallique. Il s'avança lentement dans la pièce sombre qui ne contenait qu'un matelas au sol et un seau pour les besoins naturels du prisonnier, caché dans un coin.

– Tiens, tiens, tiens… fit une voix éraillée venant du fond de la pièce. Mais quelle bonne surprise… Mon vieil ami

– Lucius… salua froidement Severus.

L'homme devant lui ne ressemblait en rien au Lucius Malefoy qu'il avait connu. Autrefois fier et toujours propre sur lui, il avait alors tout de l'aristocrate hautin et raffiné. Aujourd'hui, cependant, le contraste était frappant.

Ses cheveux blonds étaient sales et emmêlés, souillés par endroit de sang séché, vestige à n'en pas douter du combat qui avait abouti à sa capture. Il portait une chemise toute aussi sale qui avait dû être blanche à l'origine, et déchirée, laissant voir la peau de son buste. Un pantalon sombre parachevait l'ensemble.

Il se tenait appuyé contre le mur, semblant peiner à se déplacer.

Severus en aurait presque eu pitié…

– Alors ? Tu viens pour que je te raconte la torture de cette Sang-de-Bourbe ?

Non, finalement, aucune pitié. Le souvenir de l'état dans lequel il avait retrouvé Hermione balaya toute forme de compassion…

– Je vois que tu n'as pas perdu ta morgue, Lucius, même dans l'état… déplorable… dans lequel tu te trouves…

– Oh, je t'en pris… Ne me dit pas que tu es venu jusqu'ici pour me plaindre des conditions dans lesquelles je suis…

– En effet…

– Alors ? Qu'es-tu venu faire ? Me raconter comment toi, le pire des traîtres, t'es tapé une Sang-de-Bourbe jusqu'à lui faire un marmot ! Alors ça ! rit-il. Mais j'y pense… En fait, tu es le pire des salopards ! Bien pire que moi, même !

– Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

– Comme si tu ne le savais pas… Cette gamine doit avoir dans les cinq ans, si je ne me trompe pas… Et cette trainée qui lui sert de mère a le même âge que mon fils… Ce qui fait qu'elle a eut ta bâtarde de fille à… treize, quatorze ans ? Il se lécha vulgairement les lèvres.

Severus gronda sous les insultes et les insinuations de Malefoy. Ses doigts se serraient compulsivement autour de sa baguette. Il était plus que temps de faire taire cette ordure.

– Tu as raison sur un point, Lucius… Je ne suis pas venu pour te plaindre… Bien au contraire… Et le Mangemort se figea quand il vit la baguette pointée sur lui.

– Tu n'as pas le droit ! cria-t-il en se redressant. Je dois recevoir le baiser du Détraqueur. Tu n'as pas le droit de me torturer ! Le Ministre a été formel ! Les autres ne l'ont pas été !

– Et qui crois-tu qui m'ait fait entrer ici ? Si ce n'est pas Kingsley en personne ? lança Severus, se délectant de la terreur qui se peignait sur son visage. Les autres n'ont pas été torturés pour la bonne et simple raison qu'ils n'ont rien fait de rédhibitoire… du moins après la mort du Seigneur des Ténèbres… Mais toi… Non seulement tu as torturé quelqu'un, mais en plus tu n'as pas choisi la bonne personne… Hermione n'est pas la bonne personne… d'autant plus lorsqu'elle est en présence de notre fille…

Lucius renifla avec dédain, essayant d'avoir encore l'air sûr de lui.

– Oui, je l'ai torturée… et tu veux savoir ce que j'ai le plus apprécié ? Severus le laissa parler, sachant très bien que la vengeance n'en serait que meilleure. J'ai pris mon pied à l'entendre hurler.

– Et tu vas payer pour ça.

D'un mouvement de baguette, il jeta un sort informulé sur Lucius qui se raidit tout à coup. Le prisonnier avait la bouche ouverte dans un cri muet de stupéfaction, les yeux exorbités face à des horreurs que lui seul pouvait voir. C'était Hermione qui avait trouvé ce sortilège dans un des fabuleux livres de sa – de leur – bibliothèque secrète : il permettait de faire revivre à un criminel, de façon accélérée, tout les crimes qu'il avait commis tout le long de sa vie, mais en le plaçant du côté des victimes.

Severus fit apparaitre une chaise sur laquelle il s'assit, se régalant du spectacle, dans un plaisir malsain, pensant à toutes les horreurs qu'il l'avait vu commettre sans pouvoir intervenir. Il ne se vengeait plus seulement de l'agression d'Hermione et de Maï-Lee. Il le punissait des monstruosités commises dont il s'était délecté pendant toutes ses années au service de Voldemort.

Il vit Malefoy tomber à genoux, tremblant de tout son corps, alors qu'il vivait et ressentait les milliers de différentes tortures qu'il avait infligées à tous ceux – hommes, femmes, enfants – qui avaient eu le malheur de se retrouver sous le courroux de sa baguette – ou entre ses ignobles mains, pour certaines malheureuses prisonnières…

Au bout d'une vingtaine de minutes, Severus leva le sort, le laissant pantelant, pleurant et pris de violents haut-le-cœur. Il était par terre, en appui sur ses mains et ses genoux. Péniblement, Lucius releva la tête, un profond dégoût de lui-même se peignant sur les traits de son visage.

– Que… Que… m'as-tu… fait… haleta-t-il difficilement.

– Simplement un juste retour des choses…

– Comment… ça…

– Et bien, vois-tu… Ma tendre Hermione (il savoura la grimace de Lucius à l'appellation) pense qu'en Enfer, ceux qui y sont revivent pour toujours et à jamais le mal qu'ils ont perpétré dans leur vie. Elle a donc pensé que tu serais heureux de voir le résultat de tes propres agissements… Histoire d'avoir un avant-goût de ce qui t'attend pour l'éternité… Et, je dois t'avouer que… Je suis entièrement d'accord avec elle.

– C'est donc son idée… toutes ses horreurs ? Elle est plus perfide que je ne le pensais…

– Oh, non, mon ami… Ce sont les tiennes… Nous avons voulu que tu ressentes tout ce que tu as fais subir à tous ces pauvres gens… avant que…

Un grincement suivi d'un froid glacial coupa la phrase de Severus qui grimaça et fit apparaître son Patronus. Un Détraqueur fit son entrée avec les deux sorciers-gardiens.

– À point nommé… murmura-t-il en direction des deux hommes derrière lui. Puis, se retournant vers Lucius qui avait perdu le peu de couleurs qui lui restait encore, il termina : avant que tu ne perdes définitivement le peu d'âme qui te reste…

– Voulez-vous sortir, Professeur Rogue ? s'enquit l'un des gardiens.

– Et rater pareil spectacle ? Vous plaisantez, j'espère ! N'êtes-vous pas sans savoir que c'est cet homme qui a agressé Hermione Granger il y a quelques semaines à Pré-au-Lard ?

– Oh, si nous le savons, répondit l'autre homme, la colère se lisant sur son visage. Et, maintenant je peux l'avouer, j'ai eu grand peine à me retenir. Si j'avais été certain de pouvoir garder mon emploi, je me serais fait une joie de venger cet affront ! gronda-t-il alors que son collègue acquiesçait vivement.

– Y gagnez-vous une certaine compensation, Messieurs, si je vous dis que je m'en suis chargé pour vous ?

– Ma foi, c'est toujours mieux que rien du tout…

Puis, d'un coup de baguette, l'un des deux gardiens immobilisa Lucius qui avait assisté, sidéré, à l'échange entre les trois hommes. Le Détraqueur s'avança en émettant son râle bien connu, alors que le Mangemort se convulsait de terreur, malgré le sort. Il le domina de toute sa hauteur puis posa ses mains putréfiées sur chacune de ses joues. Enfin, se rapprochant du visage déformé par la peur et le dégoût de Malefoy, il aspira l'âme mutilée hors du corps.

Lucius Malefoy s'écroula au sol, sans vie. Le dernier Mangemort était tombé.

La paix et l'insouciance pouvait enfin régner.

Et Maï-Lee et leur futur seraient désormais hors de danger.