Chapitre 2 – le feu et la glace
Hermione était allongée dans un lit blanc autour duquel s'activait une Mme Pomfresh des plus inquiètes. Elle ne comprenait pas : aucun des sortilèges ni aucune des potions qu'elle avait essayés n'avait réussi à faire tomber sa fièvre, qui l'avait plongée depuis quelques minutes dans un profond coma.
Elle avait même tenté de la plonger dans de la glace… qui avait fondu aussitôt en contact avec son corps brûlant.
Elle venait de renvoyer Messieurs Potter et Weasley qui l'avaient pressée de questions toutes plus paniquées les unes que les autres, gesticulant autour d'elle, l'empêchant de se concentrer.
D'après ce qu'elle avait pu comprendre des explications affolées des deux Gryffondor, Miss Granger avait commencé à se plaindre d'une brûlure à l'intérieur de la main gauche. Sur le chemin, entre les salles de cours et l'infirmerie, la chaleur de sa main avait commencé à irradier tout son bras, puis, le reste de son corps, provoquant un malaise chez la jeune fille qui s'était écroulée tout d'un coup au milieu du couloir et les deux garçons avaient dû la porter jusqu'ici.
Cependant, le phénomène avait quelque peu évolué depuis son arrivée… mais, malheureusement, pas dans le bon sens : en plus de la température qui ne cessait d'augmenter, le corps de la jeune fille rougeoyait littéralement… c'était comme si un halo écarlate entourait son corps, formant comme une enveloppe autour d'elle.
Tout à coup, un grand BANG ! se fit entendre, tandis que les portes de l'infirmerie s'ouvraient à la volée, laissant le passage à un Dumbledore à la mine inquiète, tenant en lévitation un jeune homme inconscient qu'il faisait avancer à l'aide de sa baguette, suivi d'un Severus Rogue au comble de l'exaspération.
Alors là, pour le coup, l'infirmière eut besoin d'un temps d'adaptation pour se remettre du spectacle qui s'offrait à elle : le jeune garçon, qui maintenant était allongé dans un lit et qu'elle reconnut comme Drago Malefoy était frappé par un phénomène qui semblait être l'exact opposé de celui qui touchait la jeune élève qui gisait à côté.
« Albus, que se passe-t-il ? Est-ce une épidémie ? » interrogea la Médicomage.
« Une épidémie ? Pompom, pourquoi cette question ? Est-ce que d'autres élèves sont en train de geler comme le jeune Malefoy ? » demanda le Directeur interloqué.
« Geler, non, c'est tout le contraire… » puis, ouvrant les rideaux qui cachaient Hermione, elle continua : « brûler, serait plus approprié ! »
Pendant que l'infirmière leur expliquait ce qu'il s'était passé pour la Gryffondor, les deux hommes tournèrent le regard vers Hermione, puis revinrent vers Drago, faisant des allers-retours rapides qui auraient pu paraître comiques si la situation n'était pas si inquiétante : en effet, là où l'une était brûlante, en sueur, la respiration précipitée et entourée d'un halo rouge, l'autre, à l'inverse était raide, froid, la respiration faible et entouré d'un halo bleu.
« Vous disiez Pompom, que la brûlure de Miss Granger avait débuté au niveau de sa main gauche ? » demanda Rogue qui essayait de trouver une signification rationnelle à toute cette histoire. « Puis qu'elle s'est diffusée dans tout son corps en quelques minutes seulement ? »
La femme acquiesça, l'air complètement dépité.
« Et vous dites que rien ne peut faire tomber la fièvre ? » la femme acquiesça de nouveau.
Rogue se tourna vers le Directeur, qui le regardait par-dessus ses lunettes en demi-lune. Les deux hommes se comprirent immédiatement.
« Je me demande si… » commença le Vieux Sage.
« Pourquoi pas… on peut toujours essayer et voir ce que ça donne… » termina le Maître des Potions avec une moue dubitative.
« Messieurs, voudriez-vous m'expliquer ? » s'impatienta Madame Pomfresh en regardant les deux professeurs rapprocher les lits de ses deux patients pour qu'ils se touchent.
« Et bien, voyez-vous, commença Dumbledore, il semble que le phénomène qui a atteint le jeune Malefoy ait suivi le même schéma d'évolution. Je suppose que tout ce que nous pourrions tenter comme sortilèges ou potions seraient aussi inutiles que pour Miss Granger. Nous allons donc les mettre en contact en espérant que les effets s'annuleront d'eux-mêmes… »
Ils avaient donc mis les deux lits collés l'un à l'autre et attendirent que quelque chose se passe, ils ne savaient trop quoi… ils attendirent encore, mais rien ne se passa. Hermione et Drago étaient toujours dans le même état, l'une brûlante, l'autre gelé.
« Il faudrait peut-être qu'ils se touchent… » proposa l'infirmière après un temps de réflexion. « C'est dans leurs mains que tout a commencé… il faut sûrement que leurs mains se touchent… cela semble évident… la main droite de Malefoy et la main gauche de Granger… »
Alors ils s'exécutèrent, les disposant tous les deux allongés côte à côte dans le même lit, Drago sur la gauche, les bras le long du corps, la main droite paume en l'air Hermione sur sa droite, dans la même position, la main gauche posée sur la main de Drago, paumes contre paumes. Le chaud contre le froid. Le feu contre la glace.
Et ils attendirent de nouveau.
Au bout de quelques secondes, depuis leurs mains jointes commença à diffuser une lumière douce tout d'abord, puis de plus en plus vive, se propageant simultanément sur leurs deux corps endormis, remplaçant le halo rouge d'Hermione et le bleu de Drago par un même halo d'un blanc pur, à couper le souffle, et dont la lueur éblouissante faisait plisser les yeux des trois spectateurs restés sans voix devant le prodige.
« C'est bien beau tout ça, annonça Rogue après un long silence, mais ils ne se réveillent toujours pas… »
« Je pense, avança Pomfresh, que ce halo blanc est une forme d'énergie magique pure, dont ils se servent inconsciemment pour se régénérer. Leurs corps ont sûrement été très affaiblis en très peu de temps. Je suppose que plus ils récupèreront, plus la lumière du halo faiblira, jusqu'à disparaitre complètement… mais ça, seul le temps nous le dira. Je présume également qu'il ne faut pas les séparer ? » demanda-t-elle au Directeur qui confirma.
« Et bien, je suppose que nous avons la réponse à notre question concernant la prophétie… » déclara Rogue de sa voix doucereuse. « Il semble tout de même extraordinaire que ce soit précisément ces deux-là qui soient concernés… j'ai comme l'impression que les semaines qui arrivent ne vont pas être de tout repos… ils vont sûrement essayer de s'entre-tuer… »
« En effet » répondit Dumbledore, le regard pétillant de malice. « Mais si l'on en croit la prédiction, seul Lui peut l'éveiller. Ce qui inclue que nous devons lui expliquer à lui seul et le laisser se débrouiller avec elle… » Le Directeur pouffa, puis, repris d'un ton espiègle : « Elle va l'atomiser… »
Rogue se retint à grand peine de lever les yeux au ciel.
