Chapitre 4 – Près de la cascade
Alors elle laissa son cœur la guider. Ses pas la mener vers Lui. Sa respiration s'accélérait au fur et à mesure qu'elle sentait sa présence, de plus en plus puissante dans sa tête, dans ce lien qui les rattachait l'un à l'autre.
Elle s'arrêta devant une magnifique étendue d'eau, dans laquelle s'écoulait une cascade. L'eau était d'une clarté cristalline et donnait l'envie folle de plonger dedans. Mais, bizarrement l'attirance vers cette eau semblait bien insignifiante face à l'attirance qu'elle éprouvait pour Drago à ce moment-là. Elle tourna son visage instinctivement vers lui.
Lorsqu'elle le vit enfin, son cœur rata un battement : jamais il ne lui avait paru aussi beau. Il était vêtu d'une chemise d'un noir profond, dont les deux premiers boutons étaient défaits, et un pantalon de toile assorti. Ses cheveux platine, d'ordinaire bien coiffés et plaqués en arrière sur son crâne, semblaient flotter dans le vent, quelques mèches rebelles retombant sur son front, juste devant ses yeux.
Nonchalamment appuyé contre un arbre, il la fixait de ses beaux yeux argentés, un sourire tendre sur les lèvres. Il tendit sa main vers elle, en une invitation, attendant de voir comment elle allait réagir.
Elle haletait, son cœur battait de manière désordonnée. Elle se sentit comme poussée vers lui. Comme si son corps refusait d'être privé de lui plus longtemps. Ses pieds comblèrent d'eux-mêmes la distance qui le séparait d'elle et elle attrapa enfin sa main.
Drago n'en revenait pas. Elle était venue vers lui. Elle avait décidé d'elle-même de le retrouver. Elle avait pris la décision pour eux-deux, et par cette action, lui montrait que non seulement elle lui pardonnait, mais aussi et surtout, que ses sentiments étaient réciproques.
Il pouvait sentir la chaleur de ses mains dans les siennes. Ils étaient à présent face à face, leurs fronts appuyés l'un contre l'autre et se regardaient, les yeux gris vrillés aux yeux noisette. Ils ne se parlaient pas. Ni à voix haute, ni dans leur lien. Ils n'en avaient pas besoin. Leurs yeux parlaient pour eux. Chacun ressentant et partageant les émotions de l'autre.
Tout doucement les chants reprirent, permettant à Hermione de les entendre pour la première fois et de s'en imprégner. Il semblait que tout ce qui était autour d'eux avait subitement disparu. Ils semblaient rester seuls, leurs yeux encrés l'un à l'autre, leurs mains scellées et la mélodie qui les entourait.
Tout à coup, une intense chaleur émanant de leurs mains jointes se fit sentir. Tout deux la perçurent, mais aucun ne rompit le contact avec l'autre. Cette chaleur était tout sauf désagréable. Au contraire. Elle semblait avoir combiné leurs énergies magiques respectives, pour n'en faire plus qu'une, beaucoup plus puissante. Se faisant, un dôme commença à apparaitre autour d'eux, formant comme une bulle de protection, de bien-être. Une énergie de magie pure qui les régénérait, qui augmentait leurs forces, leurs pouvoirs, leur puissance.
Jamais Drago ne s'était senti aussi bien. Disparues l'oppression dans sa poitrine et l'impression de manque qui le faisait suffoquer. Il ne s'était jamais senti aussi complet, aussi entier. Il n'avait pas besoin de la voir pour savoir qu'elle était là, avec lui. Il la sentait dans ce lien qui les unissait, il percevait la vibration de sa présence. Son pouvoir était le sien, sa puissance était la sienne, ses émotions et ses sentiments aussi.
Ses sentiments aussi… il le savait. Il ne se l'expliquait pas, ni elle non plus, sûrement, pensa-t-il, mais il l'aimait. Oh oui, il l'aimait. Il n'avait jamais éprouvé ça. Pour personne. À part un peu pour sa mère, peut-être, mais ici, c'était différent. Il sentait son cœur battre à l'unisson avec le sien, sa respiration adopter le même rythme que le sien. Il était Elle, et Elle était Lui. Il ne s'imaginait pas la quitter, il savait qu'il n'y survivrait pas. Ils étaient la partie manquante de l'autre. Elle était à lui, et lui était sien. Et rien ni personne ne pourrait changer cela. Rien ni personne ne pourrait les séparer… suivant le cours de sa pensée, Drago revit une image du rêve qu'il avait fait. Aussitôt, une immense panique s'empara de lui : et si justement eux arrivaient à les séparer ? Il commença à trembler malgré lui. Une puissante envie de la protéger l'assaillit. Il eut soudain l'envie folle de la faire disparaitre à l'intérieur de lui, à l'abri. Il ne permettrait à quiconque de lui faire du mal. Sa vie en dépendait. Alors, dans un élan de protection, il tira sur ses mains et l'attira à lui, contre son torse, lâcha ses mains et la serra fort dans ses bras, ses tremblements se calmant peu à peu.
« Ne t'inquiète pas, murmura-t-elle dans leur lien, ils ne me feront rien tant que nous serons ensemble tous les deux… » Elle avait évidemment perçu toutes ses pensées et vu en même temps que lui les images de son rêve. Mais, étrangement, elle ne se sentait pas effrayée. Elle se trouvait confortablement installée, son corps contre le sien, son visage contre son torse musclé, ses bras puissant qui l'entouraient. Elle pouvait sentir son souffle dans ses cheveux car il avait reposé son menton sur sa tête… et c'est naturellement qu'elle passa ses propres mains autour de sa taille pour approfondir leur étreinte. Elle l'entendit soupirer, et se félicita d'avoir osé ce geste.
Le dôme de magie qui les entourait, de même que les chants qu'ils percevaient commençaient à diminuer. Ils avaient compris qu'il leur faudrait très bientôt quitter cet endroit pour retourner à Poudlard. Et ils savaient aussi ce que cela impliquerait : là-bas, ils n'étaient pas amis. C'était même tout le contraire. Et, d'après ce qu'ils en avaient déduit, il faudrait qu'ils gardent le secret de leur lien, puisqu'apparemment, ils étaient censés détruire le Mage Noir. Mais bizarrement, l'idée de ce combat final les effrayait moins que l'idée d'être séparés l'un de l'autre.
Hermione redressa sa tête et vrilla de nouveau ses yeux dans les siens, le regard apeuré et la respiration saccadée. Elle non plus ne survivrait pas à une séparation.
« Comment allons-nous faire ? » le questionna-t-elle dans leur lien.
« On va trouver une solution. Il le faut. Nous irons parler au Directeur. Il va sûrement trouver quelque chose… il le faut », répéta-t-il tant pour la rassurer que pour se rassurer lui-même. L'idée même de retourner chacun de leur côté, à leur quotidien respectif, à leur vie respective leur était intolérable.
Alors, la mort dans l'âme et sachant que de toute façon, ils n'avaient pas le choix, ils rompirent le contact de leurs prunelles, et tout disparut.
