Chapitre 5 – Arrangements
Albus Dumbledore était assis en face du lit où reposaient ses deux élèves. Il s'était assoupi en attendant leur réveil. Plus tôt dans la soirée, il avait renvoyé Severus Rogue dans ses cachots et Poppy Pomfresh dans ses appartements, leur affirmant qu'il leur ferait savoir s'il y avait du nouveau. Il avait eu besoin de se retrouver seul pour réfléchir.
Il avait passé une bonne partie de la nuit à échafauder des plans tous plus saugrenus les uns que les autres, pour parer à toutes les éventualités qui se présenteraient. Il en avait conclu finalement qu'il attendrait de voir ce qu'il se passerait à leur réveil, et aviserait ensuite en fonction de leurs réactions respectives.
Un léger bruissement le sortit de sa torpeur, et, ouvrant les yeux, s'aperçut que le halo qui les entourait avait totalement disparu. Il se redressa alors, vérifia que les rideaux qui les entouraient tous les trois étaient bien fermés et lança un « Assurdiato » dans l'infirmerie pour être sûr qu'ils pourraient discuter en toute discrétion.
Doucement, il vit leurs corps s'animer, leurs yeux papillonner puis s'ouvrir lentement, leurs mains toujours jointes. D'un même mouvement, ils se redressèrent et tournèrent leurs visages l'un vers l'autre. Toujours assis côte à côte, ils s'enlacèrent tout à coup, heureux de se retrouver ensemble après ce qu'ils avaient vécu près de la cascade. Hermione, appuyant sa tête contre le torse de Drago, lui refermant ses bras autour d'elle, posant son menton dans ses cheveux, en soupirant d'aise…
« Hum Hum… au moins, vous ne vous êtes pas entre-tués… » Ils relevèrent la tête dans un bel ensemble et se séparèrent tout d'un coup comme deux enfants pris en faute, pour retrouver en face d'eux leur Directeur, un sourire éblouissant accroché aux lèvres.
« Heu… c'est que… » lança Drago sans vraiment savoir ce qu'il allait bien pouvoir dire, le rouge lui montant aux joues. Hermione, elle n'était pas mieux lotie : elle entortillait ses doigts en fixant les couvertures comme si elles étaient les choses les plus passionnantes qui existaient sur Terre…
« Ne vous formalisez pas de si peu, voyons mes enfants, les rassura-t-il d'un ton affectueux, je suis peut-être vieux désormais, mais je n'oublie pas que j'ai eu votre âge… » dit-il les yeux pleins de malice, renforçant le rouge de leurs joues. « Bon, il semblerait que nous ayons des choses à nous dire… déjà, à en juger par l'élan d'affection dont je viens d'être l'heureux témoin, je crois ne pas me tromper si je dis qu'il s'est passé quelque chose pendant votre état d'inconscience… »
« Euh oui, en effet… commença Hermione qui parlait pour la première fois. Il s'est effectivement passé quelque chose… comment dire…Drago et moi… nous sommes retrouvés dans un endroit… par Merlin, je ne sais même pas où c'était ! » dit-elle en regardant son compagnon pour qu'il vienne à son secours.
Il lui prit tendrement la main et continua : « c'était une sorte de vaste prairie, avec une cascade… c'était magnifique… »
« Une prairie ? D'accord… et que s'est-il passé dans cette prairie ? Étiez-vous seuls ? » les interrogea le Directeur avec un air des plus sérieux.
« Oui, nous étions seuls… enfin en apparence… mais il y avait des Voix… qui chantaient… » reprit Drago.
« Elles nous ont parlé d'une Prophétie. » Avoua Hermione en se demandant si le Professeur les croirait tant la situation était étrange.
« Très bien. » Acquiesça Dumbledore… puis, sortant un Parchemin de nulle part : « cette prophétie ? »
Les deux autres regardèrent le bout de papier ancestral d'un air interdit, et lurent ensemble :
Avant Elle, Lui se réveillera
L'éveiller, Lui seul le devra
Se séparer d'Elle, plus jamais Il ne pourra.
Elle, son guide, pour toujours demeurera
Au-delà des apparences, Elle le reconnaitra
Se séparer de Lui, plus jamais Elle ne pourra.
De leurs cœurs Ils entendront l'appel
De leurs lèvres Ils goûteront le miel
De leurs corps enlacés, naîtra l'Amour éternel.
Leurs âmes jumelles par le passé opposées
À présent liées pour l'éternité
Repousseront les Ténèbres à jamais.
« C'est bien ça. » fit Drago dont le soulagement transparaissait sur ses traits angéliques. « Mais comment… »
« Comment je l'ai en ma possession ? le coupa le Vieux Sage. Il y a quelques jours, le Département des Mystères m'a demandé de l'étudier. Et, visiblement, il semblerait qu'il faille la prendre très au sérieux… » marmonna-t-il plus pour lui-même en regardant ses deux élèves avec des yeux perçants, semblant les passer aux rayons X.
« Il y a autre chose aussi… » hésita Drago en jetant un regard à Hermione qui acquiesça imperceptiblement, en réponse à quelque chose qu'elle avait perçu dans leur lien, et qui resserra ses doigts autour des siens. « Manifestement, nous allons avoir du mal à nous… »
« Séparer ? » finit Dumbledore pour lui. Ils approuvèrent d'un hochement de tête, baissant les yeux. « Et bien…ma foi… il semble que cette année, j'ai malencontreusementoublié de nommer les Préfets-en-Chef… nous ne sommes que début octobre… il n'est pas trop tard… » suggéra-t-il, le sourire espiègle devant la mine réjouie des adolescents. « Je vais faire en sorte que vos nouveaux appartements soient prêts pour quand vous sortirez de l'infirmerie… mais en contre partie, vous devrez honorer les devoirs qui vont de pair avec votre nouveau statut... »
« Bien entendu. Affirma Hermione. Et merci beaucoup Monsieur le Directeur. Nous ne vous décevrons pas. Promis. »
Ledit Directeur sourit, puis demanda : « Ces voix que vous avez entendues… vous ont-elle parlé d'autre choses, en plus de la prophétie ? »
« Oui, répondit Hermione. Nous allons devoir… hum… anéantir les Forces des Ténèbres, lança-t-elle tout à trac. En toute humilité, bien sûr… » ajouta-t-elle en levant les yeux au ciel, ce qui provoqua un gloussement étouffé de Drago et un grincement des dents de Dumbledore.
« Et tout ça, compléta Drago histoire d'enfoncer le clou, grâce, bien sûr, aux nouveaux pouvoirs que nous allons devoir développer… » Un sourire narquois fleurit sur ses lèvres.
« Et bien… je suppose qu'il va falloir vous montrer prudent à partir de maintenant… nous surveillerons l'évolution de vos nouvelles… capacités… mais… Il redevint tout à coup très sérieux… je vous conjure de rester discret… si c'est bien de Voldemort dont il s'agit, il ne faut en aucun cas que cette histoire parvienne à ses oreilles… je vous suggèrerai donc la plus grande prudence à ce sujet. Miss Granger, je vous laisse le choix d'avertir ou non Messieurs Potter et Weasley de votre nouvelle condition je sais qu'ils sont dignes de toute confiance. Mr Malefoy, quant à vous… votre situation est plus délicate… la grande majorité de vos condisciples de Serpentard sont des fils et filles de Mangemort… je crains malheureusement que vous ne soyez seul… »
« Il n'est pas seul ! cria Hermione tout à coup. Euh… Professeur. » Ajouta-t-elle plus bas devant l'expression étonnée des deux autres.
« De toute évidence… » rit-il devant la ferveur de la jeune fille qui arborait une délicate teinte pivoine. « Quoi qu'il en soit, la prudence reste de mise. De mon côté, je vais informer l'Ordre de la situation. Ils pourront d'avantage cibler leurs surveillances. »
« Monsieur ? l'interpela Drago tout à coup. Que vais-je faire avec mon père ? Il veut que j'entre dans les rangs… je ne sais pas quand encore, mais il va bientôt me présenter officiellement au Seigneur des Ténèbres » dit-il avec une grimace.
Hermione ferma les yeux, un frisson de dégoût lui glaça le sang et une larme coula silencieusement sur sa joue. Drago la prit dans ses bras. « Ne t'inquiète pas, mon Cœur. Tout ira bien. »
« Je me doutais bien que ce moment arriverait vite… étant donné la position haut placée de Lucius… » Dumbledore réfléchit un instant, fixant Drago d'un air sérieux. Puis, il continua :
« Je vais vous révéler une chose qui ne doit en aucun cas sortir d'ici, Monsieur Malefoy. Il attendit que celui-ci acquiesce. Il faut que vous sachiez que votre parrain est un espion pour mon compte. Il n'est pas un Mangemort. »
« Pardon ? » Drago était abasourdi… il n'en revenait pas… son parrain, qui trainait tout le temps avec son père, pas un Mangemort ? et bien ! il en apprenait de belles en ce moment ! Puis, réfléchissant à ce que cela impliquait, il sourit, soulagé. Il aimait son parrain… peut-être même un peu plus que son père… il était heureux d'apprendre cette nouvelle. « Tu le savais ? » demanda-t-il à Hermione en lien. Elle confirma d'un signe de tête.
« Oui, c'est exact, et… secret ! Il est impératif que cette information n'arrive jamais aux oreilles du Seigneur des Ténèbres, et ce pour des raisons assez évidentes ! Vous m'entendez ? » Drago hocha la tête pour montrer qu'il avait bien compris.
« Je vais donc parler de cette situation à Severus… nous aviserons ensuite. Tranquillisez-vous en attendant, dit-il en se levant. Bon, je vais vous laisser, j'ai beaucoup de choses à faire. Les autres étudiants ne vont pas tarder à se lever pour prendre leur petit déjeuner. Cela fait deux jours que vous êtes ici, donc deux jours que notre pauvre Pompom est assaillie de questions. Bien sûr, personne n'a eu l'autorisation de venir vous voir. Nous avons dit que vous étiez tous les deux en quarantaine. Mais les nouvelles vont vite, ici. Je ne serais donc pas surpris que tout le monde soit au courant de votre réveil. Ce qui ne vous laisse pas trop de temps pour réfléchir à ce que vous direz à vos amis… » Et, dans un hochement de tête en guise de salut, il se retourna, enleva les sorts qu'il avait lancés plus tôt et sortit de l'infirmerie.
Aussitôt qu'il fût parti, Drago poussa un long soupir et se laissa retomber sur le matelas, entrainant Hermione avec lui. Elle posa sa tête sur son torse en fermant les yeux pendant qu'il entourait sa taille de ses bras, et déposa un doux baiser sur le haut de son crâne, respirant son odeur en fermant les yeux.
« J'ai peur » déclara-t-elle dans leur lien alors qu'il la serrait davantage contre lui.
« Moi aussi… mais ensemble nous serons plus forts… on y arrivera, je te le promets. » assena-t-il en attrapant sa main gauche qu'il porta à ses lèvres. « Mais… qu'est-ce que… » dit-il à voix haute en se redressant tout à coup, laissant Hermione dans la confusion la plus complète. « Regarde ça ! » cria-t-il en mettant leurs deux mains devant eux.
Là, devant leurs yeux ébahis, comme tatoués sur leurs paumes, des symboles scintillaient doucement. Sur la main droite de Drago, s'étalait les fines lignes bleues d'un triangle dont la pointe s'orientait vers son poignet. La main gauche d'Hermione arborait le même triangle, rouge, celui-ci, mais dont la pointe était tournée vers ses doigts.
« Ils sont l'opposé l'un de l'autre… remarqua Hermione. J'ai déjà vu ça dans un livre, il me semble… attends… je réfléchis ». Dit-elle en fronçant les sourcils sous l'œil attendri de Drago. «Incroyable… tu seras toujours la même… » pensa-t-il tandis qu'elle lui tirait la langue dans un parfait exemple de grande maturité.
« Je me demande si… » Elle superposa leurs deux paumes, étouffant les lueurs bleues et rouges par la même occasion. Ils sentirent tout à coup une douce chaleur émanant de la jointure de leurs paumes, et virent avec stupéfaction un halo blanc s'épanouir autour d'eux. Elle lâcha la main de Drago et le halo disparut, laissant place aux deux mêmes triangles luminescents.
« Wow… fit Drago dans un moment de grande éloquence. C'était quoi, ça ? »
« Et bien… il me semble que ce sont les symboles de deux des Quatre Éléments. Le tien est celui de l'Eau, le mien, celui du Feu. Si on les rassemble, ils forment une étoile, qui symbolise la Terre. »
« D'accord… je suis l'Eau. Tenta de comprendre le Serpentard. Mais ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi ma main s'est mise à geler l'autre jour… c'est le symbole de l'Eau… pas de la Glace ! »
« Mmmmh ouais… sembla méditer Hermione. Et pourquoi moi je me consumais alors que si c'est mon élément, je suis sensée être immunisée… »
« Attends un peu… et si par le fait même de sa présence, l'un de nous apportait l'équilibre à l'autre ? » tenta Drago.
« Tu veux dire que l'un annule les pouvoirs de l'autre ? » s'exclama-t-elle, horrifiée.
« Non… je veux dire que nos pouvoirs se complètent. Écoute : si tu es loin de moi, je gèle… et moi, si je suis loin de toi, tu brûles ! Lui annonça-t-il un sourire éblouissant aux lèvres. Je pense que comme nous ne les maîtrisons pas encore, ils peuvent être dangereux pour nous, si nous sommes séparés… mais… lorsque nous les maîtriserons… Mon Cœur… on va faire des ravages ! rigola-t-il. L'autre cinglé à face de serpent et ses sous-fifres vont en prendre plein la vue ! » finit-il fier de lui en l'enlaçant tendrement.
« Il va falloir qu'on s'entraine… et… le plus tôt sera le mieux ! » murmura Hermione dans leur lien en collant son visage dans son cou.
Ils furent stoppés dans leurs pensées par Mme Pomfresh qui leur apporta leur petit déjeuner. Les voyant se séparer pour mettre fin à leur étreinte, gênés, l'infirmière leur expliqua que le Directeur l'avait informée de la situation et qu'ils pouvaient rester dans leur position. Après tout c'était elle qui avait suggéré de les mettre l'un contre l'autre pour équilibrer leurs températures respectives.
Après quelques vérifications en tout genre à propos de leurs états de santé, elle leur annonça qu'un Elfe de Maison viendrait les chercher après leur petit déjeuner pour les conduire à leurs nouveaux appartements de Préfets-en-Chef et qu'ils seraient dispensés de cours pour la journée.
En engloutissant leur copieux petit déjeuner, ils réfléchissaient au meilleur moyen d'informer Harry et Ron de la situation, tout en conservant un maximum de discrétion vis-à-vis des Serpentard.
« Il faudrait aussi arriver à camoufler ce truc… » fit remarquer Drago en regardant sa paume scintiller d'un air dubitatif, alors que les derniers reliefs du petit déjeuner disparaissaient aux cuisines.
« Oui, tu as raison, répondit Hermione. Je vais essayer quelque chose… » dit-elle en pointant sa baguette sur sa propre main. Elle prononça la formule « Occulto ». Le tatouage disparut aussitôt devant un Drago entièrement subjugué. Puis, pointant sa baguette de nouveau, prononça « Appare », qui eut pour effet de refaire paraître le symbole. Fière de son petit effet, Hermione lui adressa un sourire éblouissant. « Ça te va comme camouflage ? »
En réponse à sa question et comme hypnotisé par son si beau sourire, Drago se rapprocha d'elle et prit son visage en coupe pour le rapprocher du sien, lui caressant doucement les joues avec ses pouces. Hermione arrêta de respirer. « Tu es vraiment fabuleuse » lui dit-il en pensée, la regardant dans les yeux. Puis, n'y tenant plus, il déposa tendrement ses lèvres sur les siennes.
Hermione sentit tout à coup des frissons lui remonter le long de la colonne vertébrale et se répandre dans tout son corps, provoquant une envolée de milliers de papillons dans son ventre. Jamais elle n'avait ressenti ça. Il est vrai qu'elle n'avait pas eu beaucoup d'expérience avec les garçons. Les seuls baisers qu'elle avait échangés étaient avec Viktor Krum, lors du Bal de Noël en quatrième année, et avec Ron, en fin de cinquième année, avant qu'ils ne se rendent compte qu'ils s'aimaient seulement comme frère et sœur.
C'est donc très naturellement qu'elle passa ses mains derrière la nuque de Drago pour le rapprocher encore plus d'elle. Heureux qu'elle veuille bien approfondir leur baiser, il caressa ses lèvres de sa langue, quémandant l'entrée de sa bouche, qu'elle lui accorda sans hésiter. Leurs langues débutèrent alors le plus beau des ballets, se caressant, se goûtant, se cajolant avec amour.
Leur étreinte se faisant plus passionnée de seconde en seconde, et leur souffle commençant à leur faire défaut, Drago décida avec regret de mettre fin à leur baiser. Collant son front contre le sien, il se perdit dans ses yeux. « Je crois qu'il vaut mieux s'arrêter là… pour le moment… nous sommes toujours à l'infirmerie… » lui dit-il dans leur lien alors qu'ils reprenaient leur souffle. Hermione acquiesça en rougissant, ce qui le fit sourire. Puis, déposant un ultime baiser sur ses lèvres, il la relâcha et s'éloigna d'elle, en attendant des voix se rapprocher.