Chapitre 18 – Surprises de Noël
En ce matin de Noël, Drago se réveilla, sentant des cheveux bouclés lui chatouiller le menton. Ouvrant ses yeux gris ensommeillés, il les laissa s'attarder un peu partout autour de lui. Les murs qui l'entouraient étaient un peu trop rouges à son goût, mais la jeune fille encore endormie qu'il tenait bien blottie dans ses bras contrebalançait l'ambiance un tantinet Gryffondor.
Ses yeux continuèrent leur observation, et tombèrent sur le sol où gisaient entremêlés une robe rouge, une chemise et un soutien-gorge. À quelque pas de cet amas de tissus, se trouvaient un pantalon, un boxer et un string, renvoyant à Drago les souvenirs torrides de la nuit passée, lorsqu'Hermione et lui étaient remontés de la Grande Salle.
De son pouce, il entreprit de caresser le dos de la demoiselle en question pour la réveiller… Ils étaient en vacances, d'accord, mais il n'avait pas oublié que leurs amis devaient venir prendre le petit déjeuner de Noël avec eux autour du sapin dans leur salle à manger. Et il n'avait absolument pas envie qu'ils soient surpris nus dans leur lit, même si devant eux, ils ne cachaient pas leur amour.
De plus, il voulait lui offrir son cadeau maintenant, à l'abris des regards et surtout des oreilles indiscrètes.
« Bonjour, mon Cœur… » lui dit-il alors qu'elle émergeait doucement. Il lui donna un long baiser pour finir de la réveiller, mais refusa de répondre à ses caresses qui devenaient un peu trop entreprenantes. Il savait que si elle continuait encore un peu, il n'aurait plus la force de lui résister. Déjà qu'il n'en avait pas vraiment envie !
« Hum, je t'ai connu plus concilient… » répondit-elle en faisant la moue.
Il sourit. « Plus tard si tu veux mon Ange, avec plaisir, même… mais rappelle-toi que les autres vont arriver dans un moment… et je voulais de donner une petite bricole avant… »
Elle se redressa et s'assit contre lui, alors qu'il fouillait dans le tiroir de la table de chevet à sa droite. Hermione fronça les sourcils devant le petit paquet en forme de cube qu'il avait posé sur sa main, assorti d'un « Joyeux Noël mon Ange ! »
Elle resta un instant interdite lorsqu'elle ouvrit le petit écrin. Une petite bague argentée était exposée, sertie d'une Pierre de Lune découpée en forme d'étoile qu'elle reconnut comme celle qui unissait leurs deux éléments. À l'intérieur de l'anneau les mots « à toi pour toujours » étaient gravés.
« Drago, c'est… très beau… mais… » Elle était à court de mots.
« Oh, ne te méprends pas… je ne te demande pas de m'épouser… » Pas encore, pensa-t-il. « On est bien trop jeune pour ça… » Il pouffa, devant la mine soulagée de sa tendre moitié. « Mais… il devint tout à coup sérieux. C'est une promesse. Une promesse que quoiqu'il arrive, je serai toujours à toi. »
« Dray, cette bague est magnifique… et je te remercie. » Elle lui tendit la main pour qu'il lui passe au doigt. Elle vit dans ses yeux une émotion nouvelle, qui lui donna envie de l'embrasser. « Je t'aime Drago Malefoy » et elle captura ses lèvres.
Deux heures plus tard ils étaient tous réunis autour du sapin que Dobby s'était fait un plaisir de décorer, laissant parfois un peu trop déborder son enthousiasme. Ils avaient d'abord mangé avec appétit le copieux et délicieux petit déjeuner que le même Elfe leur avait apporté et s'attelaient désormais à déballer leurs paquets, se retrouvant très vite sous une montagne encombrante de papier coloré et brillant, alors qu'ils piaillaient comme dans une cour de maternelle, s'extasiant les uns les autres sur ce qu'ils avaient eu comme cadeaux.
Drago avait reçu une magnifique gourmette de la part d'Hermione, portant leurs initiales à tous les deux, ainsi qu'une superbe plume de Paon de la part de sa mère, et un livre des « Potions les plus rares et les plus utiles du Moyen Âge à nos jours » de la part de son parrain.
Hermione, elle, avait reçu une boite de « Farces et Attrapes des frères Weasley » de Ron, une boîte de Fondants du Chaudron dont elle raffolait de la part d'Harry et du maquillage de la part de Ginny.
Harry, un nécessaire à Balais d'Hermione, une jolie chemise de Ginny et des chocolats de Ron, sans oublier du fameux pull de Molly.
Ginny se retrouvait avec un nouveau parfum, des Chocogrenouilles et un petit pendentif en forme de papillon.
Lavande refusa de montrer ce que Blaise lui avait offert, mais elle rougit en se dépêchant de le cacher.
Luna avait offert à Ron un petit objet qui ressemblait à s'y méprendre à un Scrutoscope, sauf que celui-ci était destiné à siffler en présence non pas d'ennemis, mais de « Ratbouniack », qui, d'après elle, se trouvaient être des espèces de petits rongeurs rouges et bleus qui s'installaient dans les maisons et en grignotaient les fondations. Ron, incrédule, se dit alors que dès que cette guerre serait finie, si elle finissait un jour, il l'épouserait et ferait en sorte de pouvoir lui offrir une maison dans laquelle elle pourrait entreposer tous ses objets aussi incroyables les uns que les autres.
L'insouciance régnait dans la salle commune des Préfets-en-Chef. On riait, discutait, goûtait les chocolats et les bonbons des uns et des autres, sans se douter qu'à des centaines de kilomètres du Château, les dernières pièces d'un impitoyable échiquier se positionnaient tranquillement.
Un peu avant midi, Drago descendit dans les appartements de sa mère pour lui souhaiter un Joyeux Noël. Il rejoindrait Hermione et les autres dans la Grande Salle pour le repas après sa visite.
Narcissa avait demandé à Severus de rester chez lui ce matin-là parce qu'elle ne savait pas comment son fils réagirait à ce qu'elle devait lui annoncer. Même si elle ne regrettait absolument pas sa décision, celle-ci allait tout de même être assez lourde de conséquences. Et elle espérait pouvoir en discuter calmement avec lui. Elle avait remarqué que depuis qu'il était amoureux d'Hermione, son caractère emporté et colérique avait été considérablement atténué, mais elle ne pouvait pas totalement prévoir sa réaction face à ça.
Elle s'assit donc sur un fauteuil au coin de la cheminée, et attendit patiemment que son Drago arrive. Ce qui ne tarda pas.
« Bonjour, Mère, je vous souhaite un Joyeux Noël » dit-il en l'embrassant sur la joue.
« Merci mon Chéri, à toi aussi. »
Après quelques paroles échangées toutes plus anodines les unes que les autres, qui allaient des cours et des amis de Drago à la vie de Narcissa au château, la femme décida qu'elle était une adulte, et rassembla son courage pour annoncer la nouvelle à son fils.
« Mon fils, je sais que c'est Noël, et que le moment est peut-être mal choisi, mais il faut que tu saches une chose importante… »
« Je vous écoute. » Il s'assit sur le fauteuil en face d'elle et attendit, anxieux devant le trouble de sa mère.
« Drago, tu es un homme, maintenant… et tu dois savoir que parfois, tout ne peut pas forcément rester tel que cela a toujours été… »
« Mère, je ne comprends pas où vous voulez en venir… »
« Et bien… voyons… tu as Hermione, maintenant… et je suppose que tu es heureux, avec elle… »
« Oui, Mère, je suis très heureux, mais… je ne vois toujours pas… »
« Je voudrais moi aussi, à mon tour, être heureuse… » Même si elle les avait murmurées, ses paroles raisonnèrent aux tympans de Drago comme une énorme fanfare. Elle continua. « Tu dois avoir remarqué depuis longtemps que je n'ai jamais été heureuse avec ton père… tu dois avoir aussi deviné que notre mariage a été arrangé par nos familles respectives… Oh, bien sûr, je ne regrette pas… la vie m'a tout de même fait un merveilleux cadeau lorsque tu es né ! Mais je n'ai jamais aimé Lucius. »
« Mère, excusez-moi, mais je ne pense pas que vous soyez obligée de me dire tout cela… » Il était un peu gêné que sa mère lui parle de son couple… évidemment, depuis qu'il était en âge de comprendre certaines choses, il s'était bien rendu compte que tout n'était pas rose entre ses parents. Il avait très vite compris aussi, et ce pour l'avoir vu de ses propres yeux, que son père avait de nombreuses maitresses. Il se doutait fortement qu'elle restait avec Lucius uniquement pour lui, son fils bien aimé, qu'elle s'évertuait à protéger…
« Ce que je veux te faire comprendre, c'est que j'ai beaucoup réfléchi depuis que je suis ici, à l'abri, et que ton père est en prison, là où il ne peut plus nous faire de mal… Je…Enfin… j'ai mis en place une procédure de divorce il y a quelques jours, et… ça y est, je ne suis plus mariée à Lucius. »
Elle se tut, attendant la sentence… Elle le savait, Drago avait le droit de se mettre en colère : on ne divorce pas d'un Malefoy ! On ne divorce pas chez les Sang-Pur, quels qu'ils soient, de toute façon… Elle s'attendait à tout : de la colère pour ne pas lui en avoir parlé avant, des cris, des pleurs, des supplications lui conjurant d'annuler les démarches, de la déception… vraiment à tout… sauf à ça.
Il se leva d'un bond, et la prit dans ses bras, la serrant aussi fort qu'il le pouvait, faisant tout de même attention de ne pas lui faire mal. Il voulait qu'elle sache qu'il ne lui en voulait pas le moins du monde… au contraire… Une partie de son cerveau lui fit remarquer qu'il était devenu bien sentimental depuis qu'il fréquentait Hermione… et que cette façon de faire n'était pas très Serpentard, encore moins Malefoy… mais peu lui importait… il voulait que sa mère soit heureuse.
Elle laissa échapper un sanglot, soulagée.
« Maman… (il ne l'avait pas appelée comme ça depuis trop longtemps) Je suis sûr que vous serez heureuse maintenant… ne vous inquiétez pas… je vous soutiendrez, et puis… comme vous dites, là où il est, il ne peut pas nous atteindre. » Il déposa un baiser sur chaque joue de sa mère et dit en souriant : « Et puis, je suppose que Severus saura bien s'occuper de vous… non ? » Elle rougit. « Vous verrai-je dans la Grande Salle ? »
« Oui, il y aura les mêmes personnes qu'hier soir… et cela me fait du bien… » Elle lui sourit et il sortit, content.
En repartant vers la Grande Salle où l'attendaient Hermione et leurs amis, il se mit à réfléchir au divorce sorcier. Les procédures entre les deux mondes différaient : là où les Moldus se perdaient en procès, paperasses et signatures en tout genre qui prenaient un temps infini, les Sorciers ne s'embarrassaient pas autant. Un émissaire nommé par le Ministère allait voir la personne qui avait engagé la procédure, énonçait une incantation au-dessus de son poignet destinée à « défaire les liens du mariage », et le mariage était rompu. C'était aussi simple que ça. Pas besoin non plus que l'autre personne soit là, vu que le lien se défaisait aussi sur son poignet.
Il essaya de ne pas trop imaginer la tête de son père lorsque, un, il avait dû recevoir la lettre de Narcissa lui expliquant ses projets et deux, il avait senti le lien de son poignet se briser, sans qu'il n'ait eu son mot à dire… le fait qu'il soit en prison ne jouant pas du tout en sa faveur…
Les élèves et les professeurs étaient tous assis dans la Grande Salle, dégustant le repas de midi en ce dernier jour des vacances. Déjà, ce soir, les autres élèves reviendraient par le Poudlard Express, affrontant les neiges de Janvier.
Les tables croulaient sous des plats tous plus succulents les uns que les autres. On voyait encore de temps en temps éclater un pétard mouillé du Dr Flibuste, ou des feux d'artifices directement venus de chez les Jumeaux Weasley, seuls restes du dernier Réveillon de Noël, qui avait eu lieu deux semaines plus tôt. On entendait des rires et des conversations gaies.
Les plats disparurent et ils allaient entamer le dessert lorsque Argus Rusard, accompagné de Miss Teigne fit une entrée fracassante dans la Grande Salle. Toutes les têtes se retournèrent, intriguées et surprises, et un silence oppressant s'abattit immédiatement lorsque tout le monde découvrit l'homme qui accompagnait le concierge.
Dumbledore se leva avec une rapidité étonnante, son sourire ayant disparu aussitôt de son visage pourtant toujours bienveillant et regarda le nouveau venu avec appréhension.
« Albus ! » Kingsley Shakelbot, le nez en sang, un œil enflé et la joue tuméfiée s'avança. « Voldemort a attaqué Azkaban. Il a récupéré ses Mangemort. » Aussitôt après, il s'écroula.
