Si vous aviez accès à tout ce que vous avez toujours eu envie, besoin ou rêvé. À quoi ressemblerait votre Paradis ?
Spoil s15
Tw alcool
Les Fins - Les fins sont les débuts
04. Heaven
« Oui, c'est parfait. Les comptes sont bons »
Dean n'aurait su dire quand il avait repris conscience de son propre corps ni quand il avait ouvert les yeux. Pourtant, là, il avançait en regardant autour de lui. La beauté des lieux le fascinait. Les couleurs chatoyaient, l'air était sain, les bruits reposants, l'atmosphère sereine.
- Bien, au moins, je suis arrivé au Paradis.
Il n'en revenait pas, il n'était pas en Enfer, là où il était certain de devoir finir. Ou au Purgatoire. Ou dans le Vide. Le chasseur avait eu énormément de chance, il n'aurait jamais dû terminer autre part qu'en Enfer. Y était déjà été envoyé, il ne pouvait espérer autre chose que d'y retourner à son trépas. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait.
- Waip.
Surpris, Dean tourna la tête pour découvrir Bobby assis sous l'auvent d'une cabane. Dean regardait tout autour de lui. Perplexe.
- Quel souvenir est-ce ?, s'étonna Dean, certain de n'avoir jamais vécu cela.
- Ça n'en est pas un, idiot.
- Si, c'en est un. Parce que la dernière fois où on s'est vu, tu étais dans les prisons du Paradis.
Et depuis le dernier lockdown au Paradis, il était impossible de sortir de ses geôles. Donc, ça me pouvait être autre chose qu'un souvenir. C'est comme ça que fonctionnait le Paradis : chacun, seul, dans son coin, à revivre ses plus beaux souvenirs.
Dean avançait en regardant autour de lui, jugeant d'un œil perplexe ce qui l'entourait. Bobby pouffa légèrement amusé par son comportement.
- Était. Maintenant, je ne le suis plus. Ton gamin, avant qu'il n'aille je ne sais où, à fait quelques changements ici. J'ai été expulsé pour trimer comme un forcené.
Dean s'assit, sonné d'entendre parler de Jack. Il lui avait tellement manqué. Savoir qu'il avait changé autant de chose pour un endroit aussi immuable que le Ciel, il n'en revenait pas.
- Je me défonce ici. Et puis il... Eh bien, il a réglé certaines choses. Il a fait abattre tous les murs ici. Le Paradis ne se contente plus de nous faire revivre nos vieux souvenirs dorés. C'est devenu ce qu'il aurait toujours dû être. Tout le monde heureux, ensemble.
« Tout le monde ? Vraiment ? », se surpris à prier Dean, plein d'espoir.
Bobby pointa la main vers la droite.
- Rufus habite à environ 5 miles par là... Avec Aretha, continua Bobby.
Dean devenait de plus en plus confus et amusé. Rufus avait fait tellement de choses pour venger la mort d'Aretha. Les savoir ensemble lui faisait quelque chose.
- Je pensais qu'elle aurait meilleur goût, enchaina le vieux chasseur. Et ta mère et ton père...
Dean était estomaqué. Il regardait Bobby pointer la main vers la gauche.
- Ils sont par là.
Dean tentait d'assimiler l'information. Ça voulait dire qu'il pouvait aller les voir dès qu'il le souhaitait. Son esprit tournait à toute vitesse.
Bobby le regardait avec indulgence, il savait que son protégé avait tellement espéré vivre un moment pareil. Il voulait tellement que Dean vive l'éternité la plus paisible possible.
- Ce n'est pas juste le Paradis, Dean. C'est le Paradis que tu mérites. Et nous t'attendions.
Bobby tendit une bière à Dean et s'en prit une pour lui. Après avoir accepté la bière, Dean la regarda bizarrement.
L'un avait tellement de question à poser, et l'autre s'attendait à devoir répondre à l'avalanche qui risquait d'arriver à tout moment.
- Alors, Jack a fait tout ça ?, s'étonna Dean, heureux de savoir le petit capable de réaliser une chose aussi belle.
Bobby inspira avant de continuer.
- Bien... Cass a aidé.
Bobby se retourna vers Dean pour regarder sa réaction : étonnement et incrédulité. Ça fit sourire Bobby, il leva les sourcilles de contentement, avant de boire sa bière. Dean, lui, souriait bêtement : Castiel était sorti de Vide par il ne savait quel moyen, et avait participé à créer un Paradis juste pour lui. Peut-être que si Jack s'était retiré, Cass, lui, serait toujours quelque part. Dean se mit à espérer le trouver.
- C'est un immense nouveau monde. Tu vas voir.
Bobby venait d'interrompre les pensées de Dean. Celui-ci le regardait en souriant, avant de boire sa bière.
- Oh, merde, dit Dean en éloignant la bouteille de ses lèvres et en rigolant doucement. Ça a le même goût que la première bière que j'ai partagée avec mon père.
Cela fit rire Bobby. Il se doutait que ça avait dû être un produit assez médiocre, mais il demanda quand même.
- De la qualité ?
- Non, c'était dégueulasse.
Ça les fit rire.
- Mais, c'était fantastique, se souvient Dean avec émotion.
- Comme maintenant, continua Bobby.
Dean acquiesça avant de se refermer sur lui-même.
- C'est presque parfait.
Le vieux chasseur savait de quoi parlait son ami, presque son fils.
- Il va nous rejoindre.
Dean se retourna vers Bobby en tentant de cacher l'espoir qu'avait fait naître les paroles de son père de cœur.
- Le temps, ici... Est différent.
Bobby marqua une pause. Il laissa ses paroles infuser dans son esprit avant de continuer.
- Tu peux avoir tout ce que tu as toujours eu envie... Besoin... Ou rêvé. Alors, la question est... Que vas-tu faire maintenant, Dean ?
Incapable de faire un choix, Dean pouffa. À part voir Sam et Castiel, il n'y avait pas grand-chose qu'il voulait faire pour l'instant. La seule autre chose qu'il aurait aimé vivre, c'était goûter à cette vraie liberté que lui promettait le Paradis. En relevant la tête, Dean vit Baby. Il ne put réprimer un soupir de satisfactions. Le chasseur se retourne vers Bobby.
- Je pense que je vais aller faire une virée.
- Amuse-toi, ponctua Bobby en levant sa bière.
Impatient, Dean déposa sa bouteille et partit rapidement en souriant.
En approchant de la voiture, il ralentit. Il voulait prendre son temps, il voulait regarder Baby. Pour renouer avec elle, Dean laissa sa main caresser la carrosserie. Sans rompre le contact, il parcouru lentement le chemin jusqu'à l'avant de son bijou. Il ouvrit la portière et s'installa à la place du conducteur. Doucement, il posa ses mains sur le volant.
C'était sa Baby. Pourtant, il devait réapprendre à la connaître : il sentait que ce n'était pas vraiment elle. En tout cas, pas comme il s'en rappelait. Là, à son volant, le moindre de ses sens semblaient exacerbés. Avec une netteté déconcertante, il sentait l'odeur du cuir, les mousses du siège sous ses fesses, la chaleur dégagée par le tableau de bord chauffé par le soleil, les reflets du parebrise dansés sur ses mains. Et également beaucoup d'amour. Tout l'amour qu'avait pris Cass et Jack pour lui restituer sa voiture. Comme s'ils avaient voulu lui offrir un cadeau encore plus magnifique que le Paradis qu'ils lui avaient construit.
- Salut, Baby.
Dean exhala de joie. Il se pencha et démarra la voiture.
Carry On My Wayward Son de Kansas rempli l'habitacle.
Un immense sourire s'épanouit sur la figure de Dean.
- Qu'est-ce que j'aime cette chanson.
Dans des gestes fluides, et muent par l'habitude, Dean enclencha la vitesse et démarra.
Son regard fut accroché par un panneau de signalisation. Une simple pancarte indiquant la dénomination de la route : Axis Mundi¹.
La perspective d'une route infinie parcourant l'entièreté du Paradis était alléchante.
Autant attendre en s'amusant.
Les roues de Baby avalaient les kilomètres. Le soleil entrait dans l'habitacle. Fenêtres ouverts. Autoradio à fond. Dean profitait de ses moments de félicité.
Un long moment, il ne pensa à rien. Seules les sensations de l'instant présent comptaient. Aucune peine, aucune douleur, aucun impératif, aucune obligation d'aucune sorte. Juste la route, Baby et lui.
- Merci, me..., commença Dean en relevant les yeux dans le rétroviseur.
La banquette arrière était vide. Vivement, il tourna la tête vers sa droite. Le siège était - également - vide. Il se sentait tellement bien qu'il s'était attendu à croiser les yeux de Jack ou de Castiel dans le minuscule miroir, ou Sam à ses côtés. Dean eut un coup au cœur. Il se sentait tellement bien qu'il était persuadé être entouré de ceux qu'il aimait le plus. De sa famille.
Il savait qu'il ne reverrait plus jamais Jack. En tant que nouveau Dieu, il avait choisi de ne plus intervenir d'aucune manière, donc de se retirer pour de bon. Selon Bobby, Sam allait vivre sa vie avant de le rejoindre. Dean pouvait attendre jusque-là : son frère méritait une vie heureuse.
Mais, pour Castiel, il ne savait pas. Dean avait compris que l'ange était sorti du Vide, d'une manière ou d'une autre. Il avait aidé à construire ce Paradis. Il semblait même qu'ils avaient pris, Jack et lui, beaucoup de soin à ce qui pouvait approcher de près ou de loin Dean. Celui-ci n'aurait su dire comment il le savait, juste il le sentait.
Il leur en était profondément reconnaissant. Pourtant, il aurait bien voulu qu'ils soient, là, avec lui, à profiter de ces instants.
Sam arrivera, Jack restera introuvable. Mais, Castiel ?
« T'es où, mec ? Tu es toujours là ? Tu as dû retourner dans le Vide ? Tu m'entends ? Je veux parler. Parler avec toi de ce qui s'est passé dans le donjon. Je n'ai pas réussi à te répondre quoi que ce soit. J'aimerais pouvoir... J'aimerais... Je veux en parler, mec. S'il te plaît, réponds-moi »
Quand Dean se rendit compte qu'il tentait d'invoquer Castiel, il s'arrêta un instant.
« J'attends Sam. On va passer du temps, nous deux. Puis, je te le promets, si tu es là, je te trouverais, Cass. Crois-moi. Je te trouverais. Même si je dois retourner le Paradis pour cela. On en parlera, mec »
Devant la finalité de son discours, il conclu par un « Amen ». Il voulait être certain que si ces pensées arrivaient jusqu'à lui, Cass comprendrait que c'était une prière qui lui était adressée.
Dean était déterminé à retrouver sa famille. Rien ne l'en empêcherait. Pour l'instant, il avait Baby rien que pour lui. Il allait attendre avec elle que sa famille soit de nouveau complète.
Note de bas de page :
¹ Axis Mundi (5.16)
Axe parcourant l'entièreté des 100 milliards de paradis que composaient l'ancien Paradis. Certains voient l'Axis Mundi comme une rivière, pour Dean c'est une voie à double sens.
Le personnage "mystère" du chapitre précédent - et du début de celui-ci - est Anubis (14.08), le dieu de la Mort qui pratique la pesé des âmes - grâce à son boulier - pour juger si elles sont dignes d'aller au Paradis ou si elles doivent aller en Enfers.
Vous l'aviez ?
