L'histoire commence à s'accélérer et à s'étoffer.

Encore un tout grand merci de continuer cette aventure.

Spoil s15

Tw alcool


Les Fins - Les fins sont les débuts

12. Échéance

Le gardien du Paradis sentait approcher quelque chose.
Ce n'était pas pour l'immédiat, mais il sentait l'arrivée du fils de Sam et de sa femme, Max.
Castiel s'était mis cette limite pour aller à la rencontre de Dean. Être en désaccord ou en froid avec Dean, il savait le gérer, il en avait l'habitude. Par contre, être en froid avec Sam, il n'en avait pas l'habitude. De plus, le jeune chasseur c'était bien montré clair : si Dean ne rencontrait pas son neveu parce qu'il continuait de courir après Castiel, ça se passerait mal. Et pour que Sam fasse ce genre de menace, il en fallait beaucoup. Pour que le chasseur en vienne à menacer l'ange, c'est que c'était capitale pour lui.
À force de repousser l'échéance, il ne lui restait presque plus de temps pour se lancer.

La balle rebondit contre les murs du couloir. Buddy couru après pour la ramener au lanceur. Cela faisait un moment qu'ils jouaient. C'était le seul endroit à l'intérieur où il y avait assez de recul et pas d'objet à casser pour qu'ils puissent jouer sans rien abîmer.
Dean lança la balle et son chien la poursuivi. Elle avait continué sa route et tourné à l'angle de la galerie. Buddy la poursuivit. Quand il ne vit pas son chien revenir, Dean avança dans la direction vers laquelle était partie la balle.
- Allez, Buddy. Tu t'es caché où ? La balle a roulé trop lo...
En sortant du couloir, il vit quelqu'un, statique, devant une des tables de la salle d'étude. Mû par l'habitude, il se mit à couvert en reculant dans le couloir et se colla au mur pour se protéger ; le chasseur tenta de sortir l'arme cachée dans son dos. Sa main se referma sur le vide - il avait enfin laissé le pistolet dans sa chambre. Jurant intérieurement, Dean décida tout de même d'aller jeter un coup d'œil pour évaluer la menace. Il s'abaissa et avança lentement.
En passant légèrement la tête pour juger la situation, il vit une personne immobile regarder la table, celle où il y avait les gravures des initiales et des noms des membres de la famille du chasseur. Il remarqua aussi Buddy sauter joyeusement autour de l'intrus.
- Qu'est-ce qu..., commença à marmonner Dean en s'avançant un peu plus dans la grande salle.
Un imper caramel.
- Son of a bitch, ne put s'empêcher de lâcher Dean, se redressant vivement et fonçant droit sur l'intrus.
L'ange s'attendait à beaucoup de réactions étranges de la part de Dean. Se faire attraper par le col avant de recevoir une droite faisait partie des premières options dans la liste. C'est d'ailleurs celle qui fut choisie.
Cass n'allait pas réagir et laisser Dean le taper jusqu'à ce qu'il se lasse. L'ange ne craignait pas grand-chose, il le savait. Et il savait que Dean le savait également.
Castiel n'eut pas le temps de tomber en arrière. La main gauche de Dean n'avait pas lâché le col de l'ange. Le chasseur ramena aussi vite Castiel vers lui.
Cependant, Castiel fut étonné de se retrouver enserré dans les bras de son ami qui lui tapait vigoureusement le dos. Surpris et heureux de recevoir ce geste d'affection, il se permit de le rendre. Buddy tourna autour de leurs jambes en aboyant d'excitation.

À bout de bras, tenant fermant les épaules de Castiel, Dean le secoua sèchement à plusieurs reprises.
- What the hell, tu étais où ?
La phrase fut presque hurlée, encadrée des aboiements énervés de Buddy.
Les bras de Castiel étaient retombés le long de son corps, à défaut de savoir quoi en faire après avoir été repoussé aussi vivement. L'ange essayait de regarder le chasseur dans les yeux sans y arriver plus d'une seconde ou deux avant de détourner la tête. À chaque fois qu'il regardait dans une autre direction, Dean le ballottait avec force pour l'obliger à le fixer.
- Tu vas répondre. Merde !
La phrase fut appuyée par une secousse plus puissante que les autres. Cela força Castiel à regarder Dean dans les yeux. L'ange sentait que la patience de son vis-à-vis était tombée à zéro. Les grognements de Buddy venant confirmer les conclusions de Cass.
L'ange et le chasseur restèrent à se jauger mutuellement, longtemps. Le regard clair de Castiel, aux mouvements à peine perceptibles, semblant immobile pour Dean. Et les pupilles vertes de celui-ci observaient sans gênes, vérifiant que se trouvait devant elles ce qu'elles cherchaient à voir depuis plusieurs éternités maintenant.
Un éclair de joie traversa les traits de Dean. Il sera de nouveau Castiel de toutes ses forces.
- Tu étais où, mec ? Je te cherche depuis... Depuis...
- Bonjour, Dean, salua sobrement l'ange.
Une voix, à son habitude, extrêmement profonde.
Dean repoussa l'ange, exaspéré par tant d'impassibilité.
- Je te cherche depuis trop longtemps pour entendre juste un simple "Bonjour, Dean".
Il insista sur les derniers mots en imitant grossièrement Castiel. Pour tenter de se calmer, le chasseur commença à faire les cents pas. Buddy le suivait de près avant de lui sauter dessus le forçant à s'immobiliser.
- Good boy. Allez, laisse parler les grands.
Dean assassina du regard l'ange. À contre cœur, après avoir reçu plein de caresse sur la tête pour tenter de le convaincre, le chien s'éloigna pour sauter sur un des fauteuils de lectures non loin.
Calmé par l'intervention de son ami à poil, le chasseur s'approcha de Castiel.
- Tu vas répondre. Maintenant, Ca...
Sa voix s'étrangla légèrement. Il n'arriverait pas à dire son nom maintenant.
- Je t'évitais.
La réponse froide tomba entre les deux. Une fois le choc premier accusé, Dean recula d'un pas en maîtrisant assez mal sa colère.
- Tu m'évitais. Ok. Je pense que je l'avais compris, s'énerva le chasseur. Maintenant, tu vas m'expliquer pourquoi !
Il ponctua sa phrase en tapant sévèrement du poing sur la table. Castiel suivit des yeux le bras de Dean martelé le panneau de bois. L'attention de l'ange fut vite attirée par l'ensemble de lettres gravées non loin. Dean suivit le regard de Cass.
- Les gens qui comptent. Même si ce n'est pas réciproque.
En acquiesçant, lentement, plusieurs fois, à sa propre remarque, Dean s'éloigna pour aller prendre de l'alcool sur la déserte non loin.
- Dean, je...
- Tu quoi ?, interrompit le chasseur. Tu m'évites. Je ne suis pas certain de savoir pourquoi. Mais, j'ai bien compris que tu m'évites, par contre. Maintenant, tu vas me dire pourquoi ! Tu m'entends, Cass ?
L'emploi de son surnom fit apparaitre un minuscule sourire sur le visage de l'ange. Réaction qui échappa totalement à Dean qui se servait un verre.
- Je n'avais pas envie d'avoir cette discussion.
Le chasseur se retourna. Froid. Droit. Le regard dur.
- Et moi, j'en avais besoin, dit-il en pointant Castiel d'un doigt accusateur.
Le pendule oscillait fortement vers l'ange. Le chasseur regarda la pointe s'affoler en désignant son interlocuteur. Dean n'ajouta rien, un peu perturbé de voir le pendule enfin réagir comme il devait. Castiel resta immobile. Buddy regardait attentivement ce qu'il se passait : son maître était bien trop en colère pour que ce qu'il se passe ne soit anodin.
Un lourd silence pesant s'installa. Dean ne sachant pas comment commencer, Castiel attendait la suite.
Le temps commençait à manquer, l'ange décida d'entamer directement dans le vif du sujet.
- Quelle était la dernière chose que je t'ai dit avant de me laisser emmener par le Vide ?
- Adieu.
Castiel leva les yeux au ciel, mouvement inconscient soulignant son exaspération.
- Et juste avant ça ?
Dean garda le silence. Il se rappelait très bien ce que lui avait dit Castiel juste avant : sa déclaration.
- C'est pour cette raison, ta réaction - ton absence de réaction, actuelle, en fait -, que je t'évite.
Perdant doucement la maîtrise de lui-même, l'ange tendit la main vers Dean avant de le désigner en entier par un mouvement du poignet.
- Ce n'était pas la première fois que je te le disais. Tu n'as jamais eu de réaction. À chaque fois. Là, c'était la toute dernière fois que je pouvais le dire, l'ultime fois où je pensais le dire, pour te sauver de surcroît, et tu m'as répondu... Quoi encore ?
Pour mettre de l'emphase à sa question rhétorique, Cass se tint le menton, un bref instant. Avant d'écarter vivement sa main de sa figure, pour pointer Dean, ses doigts placés comme pour imiter un fusil.
- Ah oui "Ne fais pas ça".
La voix de Castiel qui s'était amplifiée jusque-là devenait de plus en plus forte, presque un grondement sourd. L'ange se dirigea lentement vers le chasseur.
- Depuis que Jack m'a sorti du Vide, que j'ai construit tout ceci
Castiel fit un geste pour englober autant que possible le bunker.
- Et le reste qui est hors d'ici, je t'entends en permanence, appeler, prier, supplier. J'entends tout. Et ça s'est résumé à me demander de venir pour parler. Et pourtant, je suis là, et la seule chose de laquelle tu voulais me parler, tu évites de l'aborder.
- Ne joue pas à ça !, s'emporta Dean en avançant d'un pas vers Castiel.
- Toi, ne joue pas à ça ! Je pense que tu en as assez joué. Tu réponds par le silence. Soit. Mais ne m'appelles plus si c'est pour me forcer à le garder aussi.
Les traits de Dean se tordirent légèrement comme s'il venait de recevoir un coup. Castiel avançait toujours.
- La liste des choses que j'ai endurées pour mon amour pour toi, m'ont valu beaucoup de souffrances, de sacrifices et pourtant je les ai toujours consentis - choisi, même. J'ai été rejeté par les miens - je les ai même tués pour te protéger -, j'ai été torturé, possédé, tué - plusieurs fois -, empoisonné, servi de paratonnerre à tes sautes d'humeur quand tu étais en colère, sur le point de craquer ou triste.
L'ange s'arrêta devant Dean, plantant son regard dans le sien.
- J'ai accepté beaucoup de choses, j'ai fait beaucoup de choses. J'ai profondément changé, parce que c'était toi. Que tu me l'ais demandé ou non. Parce que c'était pour toi.
Castiel tapota la poitrine de Dean d'un doigt accusateur. Dean, mal à l'aise, tourne la tête, mais se laissa toucher.
- Mec...
- Non, tu m'appelles Cass ou Castiel, mais tu ne m'appelles plus : "mec". Ça c'était quand tu faisais semblant de ne pas voir, de ne pas comprendre, pour mettre de la distance. Plus maintenant.
Dean essaya plusieurs fois d'ouvrir la bouche pour dire quelque chose sans y arriver.
- Je me disais bien aussi. Quand il faut vraiment parler et ne pas accuser ou rejeter la faute sur les autres, tu ne sais rien dire.
- Je t'interdis, Cass...
- Cass... C'est déjà un début, se réconforta tout seul l'ange.
Celui-ci semblait distrait, regardant dans une autre direction, son attention attirée par quelque chose que Dean ne vit et n'entendit pas. Absorbé dans ses pensées, il réfléchit à voix haute.
- Jack m'a demandé de prendre soin de ses pères. Je le ferais.
Soudainement, reprenant contact avec l'instant présent, l'ange se retourna et se recentra sur la discussion qu'il entretenait avec le chasseur.
- Dean, le fils de Sam arrive. Va prendre soin ta famille.
« Tu es de ma famille »
La prière de Dean les prit tous les deux au dépourvu.
Sans regarder son interlocuteur, Castiel clôtura la discussion en s'envolant.

- J'arrive, Sam.
La sonnerie eut à peine le temps de se manifester que Dean répondit du tac-o-tac avant de raccrocher tout aussi vite. Le lien entretenu par les deux frères venait de réagir avec une intensité rare.
Baby ne roula que quelques kilomètres avant d'arriver chez Sam.
Une fois garé, Dean regarda les environs déboussolé. Le bunker - même au Paradis - n'était pas aussi près de la maison de Max et Sam. L'une des nombreuses choses étranges du Paradis : arriver le plus vite possible là où il faut se rendre.
Dean se dépêcha de foncer vers la maison. Sam ouvrit la porte quand son frère monta la première marche. Buddy, laissant loin derrière les deux frères, couru à l'intérieur en aboyant de joie. Les Winchester se serrèrent fort dans les bras l'un de l'autre.
- Où est-il ?
Heureux, Sam se sépara de leur étreinte pour amener Dean vers le salon. Y découvrant un jeune homme d'une vingtaine d'année. Buddy sautait sur lui comme un assoiffé sur un verre d'eau. Le fils de Sam arriva à calmer le chien avant de regarder vers son père et son oncle.
- Dean, je te présente Dean.
Le plus âgé salua son neveu homonyme en lui attrapant l'avant-bras. Le jeune homme répondit instantanément de la même manière. Le chasseur expérimenté avec un immense sourire, empli de joie, tira à lui son neveu pour le serrer dans ses bras. Pour Dean, le fils de Sam était comme Sam : son fils, qu'il l'ait déjà rencontré ou non.


Toujours en espérant ne pas être trop ooc, j'espère que ces retrouvailles vous ont plus.