« Quand tu disais que je valais la peine d'orchestrer tout ceci… »
Rey s'interrompt pour inspirer une grande bouffée de son odeur si unique. Il sent la fumée, la forêt, la menthe et la cigarette. Elle n'a jamais aimé cette dernière odeur, mais Rey découvre que lorsqu'elle est associée à cet homme, elle en devient entêtante et addictive.
La jeune femme ne secoue pas la tête, comme elle l'aurait fait, pour reprendre le fil de ses idées : les doigts de Kylo traînent sur l'un de ses omoplates bronzées que le dos-nu de sa robe soleil laisse à découvert. Elle ne voudrait surtout par les déranger.
« Qu'est-ce que tu voulais dire? » complète-t-elle, enfin.
Assis sur son trône de pierre, Kylo étire ses jambes devant lui et les articulations de ses genoux craquent à son mouvement. Il ne réprime pas son bâillement et la seule présence de Rey, perchée comme à son habitude sur l'accoudoir du siège de pierre, semble le retenir de plonger dans un état léthargique.
Il se fait la réflexion qu'elle ressemble, de nouveau, à une petite fille naïve, assise ainsi.
« J'ai dit cela? » prononce-t-il, lentement, en fronçant les sourcils.
« Lors de mon premier jour. » lui rappelle Rey, patiemment, en tournant sa tête vers lui.
« Ça me dit vaguement quelque chose… »
Son regard se rive à l'épiderme qu'il caresse du bout des doigts et doit user de toute sa volonté pour ne pas les remplacer par sa bouche. L'envie de goûter cette peau, qui sent, à plein nez, les orchidées, est de plus en plus tentante – non, elle est plutôt oppressante depuis qu'il a ce jonc autour de l'annuaire.
Pourtant, il ne fait rien. Il attend avec toute la patience du monde.
« Alors? »
Rey le sort de ses pensées et il ramène ses yeux vers les siens.
« Qu'est-ce que tu en penses? » préfère répondre, amusé, Kylo – et il sait, déjà, qu'il fera mouche.
« J'en pense que j'aimerais bien que, pour une fois, tu répondes clairement à mes questions. » s'hérisse-t-elle, cinglante.
Ah, voilà! La petite fille naïve commence à laisser la place à la lionne sauvage qui se cache sous ces airs fragiles. Il éclate de rire devant sa réaction si prévisible – ce qui semble alimenter, sans surprise, l'agacement de Rey.
« Je te l'ai déjà dit, ma fleur. Je te voulais. » Il corrige, la voix un plus rauque : « Je te veux, aux Enfers. Près de moi. »
Il attrape sa main gauche et, n'y pouvant plus, embrasse la bague qui décore sa main et ajoute, d'un ton possessif :
« Tu es à moi, maintenant. »
Son toucher semble momentanément la calmer. Elle perd quelque peu ses airs farouches de lionne pour muter vers celui d'un chat particulièrement hargneux.
« J'ai gagné. » conclue Kylo, suffisant. « Alors, oui. Ça valait la peine. »
« Ils continuent à essayer d'envahir les Enfers, tout de même. »
« Ça met, au moins, un peu d'action… » Il roule des yeux et soupire. « Tout est si mort, ici… »
« Donc, finalement, tout ça, ce n'est qu'une question d'ennui. »
Rey le dévisage avec curiosité. Ne pas savoir ce qui se trame dans la tête de cet homme la rend malade. Elle ne peut pas s'empêcher d'essayer de comprendre et, en même temps, de rester aveugle sur l'attachement qui se tisse et qui s'étoffe entre eux. C'est bien plus facile d'agir comme si de rien n'était. Faire face aux sentiments qui naissent et qui fleurissent, jour après jour, plus forts, plus présents, lui fait peur.
Parce qu'au-delà de cette partie d'échec qu'il semble mener contre Luke et Mara Jade pour la garder aux Enfers, l'aimer a des répercussions beaucoup plus titanesques.
« En partie. » consent le roi des Enfers, en faisant une moue. Ses doigts reprennent leur manège, sans qu'il s'en rende compte, sur l'os de son omoplate. « Mais, c'est surtout toi. »
Il la contemple à travers ses longs cils noirs comme s'il cherchait son approbation. Elle la lui donne, silencieusement, même si elle n'a aucune idée de ce qu'il veut faire avec. Kylo dépose ses lèvres, aussi doucement qu'un battement d'ailes de papillon, sur sa peau.
« Il n'y a que toi, maintenant. »
Rey a le souffle coupé.
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Kylo ne la voit jamais pleurer. Jamais.
De toute manière, la jeune femme est beaucoup trop orgueilleuse pour lui montrer le chagrin et l'ambivalence qui l'habite. Pourtant, malgré les sentiments conflictuels qui bataillent dans son esprit et son cœur, elle ne pleure pas. Elle n'en a pas envie, de toute évidence.
Il la voit arborer un air à la fois curieux et décontenancé face à tout ce qui l'entoure. Il la voit, souvent, sourciller lorsqu'elle réalise que le royaume des morts continue à faire flétrir toutes les fleurs qu'elle s'entête à vouloir y faire fleurir.
« Rien ne peut pousser ou naître, ici, ma fleur. » lui rappelle-t-il, patiemment. « Il n'y a que la mort, ici. Rien d'autres. »
Elle le fixe, têtue et décidée, et déclare : « C'est ce que l'on va voir. »
Comme unique réponse à l'entêtement de Rey, il secoue simplement de la tête, amusé.
Sans un mot, elle s'enferme des jours entiers dans leurs appartements et lui en interdit l'accès. Il s'y plie, joueur.
Quand elle en émerge, enfin, Kylo découvre, presque ahuri, qu'elle a recouvert tous les murs de peintures lumineuses. La myriade de couleurs présentes sur les murs et les fenêtres illustrent des prairies ensoleillées, des arbres…
Mais surtout, surtout, des fleurs. Il y a des fleurs, partout.
Et, même s'il a l'impression qu'on a atteint à sa masculinité, il ne peut s'empêcher de trouver son œuvre d'art joli. Les murs de sa chambre sont comme elle, désormais.
Elle lui offre un sourire joyeux avec des notes de suffisance. Il s'approche d'elle et fait mine de frotter des taches de peintures sur le front de la jeune femme.
« Je te l'avais dit que je trouverai un moyen de mettre des fleurs dans tes Enfers. »
Il rigole et pose ses lèvres à l'endroit exact où ses doigts ont enlevé des traces de peinture, quelques secondes plus tôt.
« Viens avec moi, Rey. »
La jeune femme ne peut s'empêcher de froncer des sourcils et de rire de nervosité : il ne l'appelle presque jamais par son prénom. Elle se rend compte, au même moment, qu'elle s'est habituée au surnom affectueux qui lui a donné. Non, elle ne s'est pas habituée.
Elle aime qu'il l'appelle 'ma fleur'.
Le roi des Enfers glisse sa main dans la sienne et la mène hors du château, à travers son royaume, en silence.
Après plusieurs longues minutes de marches, ils atteignent un endroit qui ressemblent à de longues plaines où des âmes et des ombres se reposent. Le paysage est toujours aussi désolant et gorgé de couleurs chaudes, mais la douleur semble y être absente. En fait, Rey éprouve un net sentiment d'apaisement à travers ces plaines.
Kylo s'arrête de marcher et l'invite à faire de même.
« Voici les champs Élysées. » l'informe le Dieu, en posant un regard circulaire autour de lui. « C'est l'endroit où les âmes méritantes et vertueuses se reposent. »
« C'est très… » La jeune s'interrompt et cherche le terme le plus approprié afin de décrire le paysage sous ses yeux. « Désolant. » décide-t-elle, finalement. « C'est très désolant comme lieu. »
Il ricane légèrement, presque amère. Puis, comme s'il est incapable de s'empêcher de la toucher, sa main droite vient se poser sur la taille de Rey. Elle essaie du mieux qu'elle peut de réprimer l'habituelle sensation qui naît au creux de son estomac qui vient le tordre délicieusement.
C'est un réflexe de réprimer ses sentiments. C'est un réflexe de plus en plus difficile à conserver.
« Je savais que tu allais dire cela. »
Les yeux de la couleur du quartz de Kylo se redépose sur elle.
En silence, il l'observe fixer, avec désapprobation, les plaines qui s'étendent devant eux. Il la voit pincer ses lèvres. Il a la nette impression qu'elle retient un flot de commentaires – désobligeants ou non. Le nez du Dieu se plisse : il est rongé par la curiosité et la frustration. Il aimerait tellement avoir le pouvoir de fouiller dans ses pensées! Certes, le visage de Rey est très expressif, mais il ne veut pas se contenter de devinettes. Il veut connaître les sentiments et les émotions qu'il devine sur ses magnifiques traits.
Puis, la jeune femme rive son regard sur un endroit près d'eux et ses sourcils froncent sous son intense concentration. C'est déroutant pour elle et tellement inhabituel de se concentrer afin de laisser aller ses… aptitudes et, non pas, de les brider. Cependant, dans les Enfers, tout est désorientant.
Enfin, un rosier naît et grandit près d'eux. Elle n'accorde aucun regard à Kylo et ne peut voir son sourire éclairer le visage du Dieu des Enfers. Les magnifiques fleurs rouges éclosent lentement, une à la fois, et leurs pétales semblent danser de ravissement lorsque les doigts de Rey les frôlent.
Elle attend, résignée, qu'elles fanent et que le rosier ressemble à un état presque cadavérique comme lorsque l'automne survient.
Cependant, rien n'arrive.
Elle lève la tête vers Kylo, stupéfaite, et cherchant des explications logiques à cet étrange phénomène. Le jeune homme l'observe, un petit sourire en coin énigmatique aux lèvres, et cueille la rose la plus près de lui. Ses doigts jouent habilement avec la tige afin d'y enlever les épines.
« J'ai travaillé, moi aussi, pendant que tu peignais les murs de notre chambre. » mentionne-t-il, enfin, en rigolant. Il se penche vers elle pour incorporer la rose à ses longs cheveux bruns. « Tu peux faire pousser ce que tu veux dans les champs Élysées. C'est ton terrain de jeu, ma fleur. »
La jeune femme en est tellement ravie qu'elle se jette à son cou.
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Sans surprise, les autres divinités obtiennent finalement gain de cause.
Luke ordonne, tonne et réclame que le roi des Enfers libère sa prisonnière. La mauvaise foi du roi des Dieux l'agace. Son épouse est-elle vraiment captive des Enfers? Est-ce qu'on peut, encore, l'appeler prisonnière?
Le cri de victoire que pousse Mara Jade est, néanmoins, assourdissant. Il la trouve particulièrement pathétique. Croyait-elle réellement que Kylo n'avait pas prévu qu'ils gagnent? La finalité est évidente – si évidente, d'ailleurs, que c'est exactement ce qu'il voulait depuis le début.
Cependant, ça l'enrage. Il est furieux contre lui-même. Parce que, quelque part, dans tout cela, il est tombé amoureux de Rey.
Son plan a complètement dérapé.
Il roule des yeux, ennuyé, quand son oncle le menace en faisant éclater plusieurs foudres dans le ciel constamment crépusculaire des Enfers. Cette démonstration de force ne l'effraie pas. Rien n'y arrive.
Excepté l'idée de perdre Rey.
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Ironiquement, ils s'embrassent, pour la première fois, durant la nuit qui précède l'Équinoxe du Printemps. C'est sa dernière nuit aux Enfers avant qu'elle ne puisse regagner le royaume des vivants pour les mois chauds et éphémères de l'été. C'est sa dernière nuit auprès de lui avant qu'elle puisse retrouver sa mère capricieuse et son belligérant de père.
Aucun des deux ne peut dire qui est le premier à avoir instigué le baiser.
C'est sans importance, de toute manière. Ils s'embrassent jusqu'à s'essouffler. Ils s'embrassent jusqu'à apprendre, par cœur, la forme des lèvres et de la langue de l'autre. Ils s'embrassent jusqu'à s'étourdir et s'endormir.
Leurs baisers ont le goût de la grenade, des roses et de la fumée.
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Kylo déteste, de tout son être, le compromis trouvé par son oncle.
La simple idée de partager sa femme, pendant six mois, avec Mara Jade lui donne des envies meurtrières. Cependant, à la demande de Rey, il s'y résout. La jeune femme ne souhaite pas blesser sa mère et, avec un rictus moqueur qu'elle lui a volé, lui rappelle qu'elle est libre.
« Tu devais bien t'attendre qu'un jour, il faudrait me relâcher. » ajoute-t-elle, malicieusement, devant son air boudeur, quelques minutes avant qu'elle traverse les limbes pour regagner la lumière des vivants.
Elle est assise sur ses genoux, le chevauchant sur son trône de pierre, au lieu de prendre place sur son habituel perchoir. Il n'émet aucun commentaire face à ce changement. Au contraire, Kylo se dit qu'il pourrait lui servir de chaise toute sa vie, si c'est ce qu'elle désire.
« Tu n'es pas très bon joueur. » constate Rey, narquoise.
« …À quoi tu t'attendais, princesse? »
Le regard de la jeune femme s'accentue par le mouvement de sourcil qu'elle fait sous sa réponse. Puis, provocatrice et joueuse, elle commence à bouger ses hanches, à les balancer lentement dans une danse et… Ses mains sur la taille fine de Rey s'ancrent dans le tissu fin de sa robe.
« Ne fais pas… » Son esprit embrouillé consent à tenter de cesser ses mouvements. « Ne fais pas ça. »
Elle égare ses doigts dans les boucles sombres sur sa nuque et tire sur celles-ci, sans douceur.
« Je suis une reine. » Elle mordille son lobe d'oreille et fait glisser sa langue sur ce bout de peau. Il frissonne sous cet assaut. « Pas une princesse. »
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Rey revient vers lui, la nuit suivante.
Il est éveillé depuis des heures, incapable de trouver le sommeil. Son regard erre sur les peintures qui ornent les murs de sa chambre, de leur chambre. Kylo n'a pas réellement besoin de dormir – il faut bien que le fait d'être une divinité ait ses avantages. Cependant, c'est tout simplement impossible d'y parvenir sans entendre la respiration de Rey, de l'autre côté du lit. Il est incapable de trouver une quelconque paix sans sa chaleur pour l'apaiser.
Le roi des Enfers serait capable de mettre le monde à feu et sang pour qu'elle se blottisse contre lui. Il ressent une telle fureur qu'il songe à nettoyer toutes ces foutues peintures. Ce n'est pas digne des Enfers, de toute façon. Il est en colère contre lui-même de ressentir une telle rage.
Vaut mieux l'oublier, vaut mieux effacer, vaut mieux –
Kylo sent une présence glisser, à côté de lui, entre ses draps. Pendant quelques secondes, il songe que c'est une fabulation de son esprit ou l'une des âmes qui errent dans le château ou bien… Son souffle chaud traîne sur sa peau et il sait que c'est elle.
Personne n'est aussi vivante que Rey.
C'est tout son corps qui la reconnaît et qui lui hurle que c'est elle.
Il se sent si vulnérable de dépendre d'elle.
De la même manière que si elle lisait en lui, comme un livre ouvert, Rey dépose un baiser sur la commissure de ses lèvres. Sa main tire sur la couture de son pantalon de pyjama de soie noir, qu'il a pris l'habitude de mettre afin de la rassurer de ses intentions, et le glisse le long de ses hanches. Kylo ouvre la bouche afin d'émettre une protestation, une supplication, de dire quelque chose. La déesse des fleurs, et désormais du Printemps, pose un doigt sur ses lèvres afin de le faire taire.
Il devine plus qu'il ne voit son sourire dans les ténèbres de la chambre. Sans pouvoir s'en empêcher, sa respiration s'accélère face à l'appréhension de ce qu'il va découler. Il essaie de se calmer quand le petit nez de Rey monte, glisse, caresse l'intérieur de sa cuisse.
Et, Kylo a l'impression de suffoquer quand la bouche de la jeune femme atteint sa hampe et qu'elle en englobe le sommet. Sa tête bascule vers l'arrière, ses doigts s'engouffrent dans les boucles de son épouse tandis qu'un soupir rauque s'échappe de sa gorge. Un soupir comme Rey n'en a jamais entendu, auparavant. Un soupir qui, inexplicablement, fait pétiller un éclat de fierté à l'intérieur d'elle. La langue et la bouche de la jeune femme, qui n'ont besoin d'aucune autre invitation, deviennent plus téméraires et commencent à s'amuser avec ce nouveau jouet.
Les yeux de Kylo deviennent deux puits sombres et il la fixe avec une telle concentration qu'il aurait pu y avoir une explosion dans le couloir que le roi des Enfers n'y aurait pas prêté attention.
Jusqu'à ce que, ça devienne intolérable.
Jusqu'à ce qu'elle perfectionne son œuvre.
Jusqu'à ce qu'elle commence ce mouvement… Celui-là… Oh, putain… Oh, shit… Ses doigts tirent sur les cheveux bruns de Rey tandis que ses pupilles se ferment sous l'intensité du plaisir qui l'envahit.
Essoufflé, la respiration superficielle, Kylo l'observe tandis qu'elle se relève en arborant une fierté peu contenue. Elle s'humecte les lèvres et l'embrasse. La langue de Rey goûte son sperme et, franchement, ça ne l'excite que davantage.
Plus jamais il ne pensera à effacer ses peintures. Non. Il pourrait les graver dans son épiderme.
Elle est sa seule vulnérabilité.
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C'est étrange d'être de retour dans le monde des vivants. Une distance s'est installée entre les autres et elle.
Finn et Poe la regardent comme si elle était une marchandise endommagée. La pitié qu'elle distingue dans tous leurs regards ne fait qu'alimenter sa colère.
Sa mère tente de cacher le dégoût que lui inspire son enchaînement à Kylo, mais réussi difficilement à le faire. Parfois, elle a l'impression d'être devenue un monstre à deux têtes pour avoir perdu sa virginité, ce qui n'est jamais arrivé, avec le roi des Enfers. Souvent, Rey a envie de crier et d'hurler que ce n'est pas ce qu'elle croit, mais cela soulèverait trop de questions. Et, l'idée même qu'on rompre le lien qui l'uni à Kylo lui donne envie de vomir. Il n'y a plus que le silence entre Mara Jade et elle. Un silence chargé comme une carabine. Un silence étouffant.
Sans même le savoir, sa mère lui donne raison d'avoir agi ainsi. Elle n'est pas seulement une petite fille. Elle est une femme, elle est une déesse, elle est une reine, elle est puissante aux côtés de Kylo.
Luke l'observe constamment – comme si elle était devenue une arme de destruction massive. Son père a ce sourire affable, hypocrite et condescendant. Rey échappe à ces regards en affirmant que, bien sûr que non, elle ne sait pas ce que Kylo peut comploter dans les Enfers. La déesse des fleurs et du printemps joue parfaitement bien le rôle, qu'elle déteste de plus en plus, de la petite fille naïve. Luke n'a pas l'air de la croire, mais il ne poursuit pas ses interrogatoires.
Cependant, la reine des Enfers écoute.
Et, chaque nuit, elle retourne vers son époux.
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« À propos de toutes ces histoires, qu'on raconte… »
Rey est incapable de poursuivre, sa respiration se bloque et elle échappe un feulement quand la bouche de Kylo se rassasie de sa nuque offerte à sa vue. Ses dents maltraitent ce bout de chair tandis que sa langue s'imprègne du goût de son épiderme. Par automatisme, les hanches de la jeune femme se cambrent vers le matelas.
« Les histoires que ta mère raconte, oui… » corrige le roi des Enfers, d'une voix paresseuse, tandis que sa bouche parcourt ses omoplates et embrasse chaque tache de rousseur qui décorent sa peau.
Couchée sur le ventre, la déesse relève légèrement son corps pour mieux aller à la rencontre de la bouche de Kylo.
« …Pourquoi les Enfers? Pourquoi les avoir choisis? »
« Mara Jade dit n'importe quoi. » Il a un éclat de rire sinistre. « Je n'ai rien choisi. »
« Mais, alors, pourquoi… »
Il pousse un soupir, se relève sur ses coudes et se laisse tomber, à côté d'elle, sur le matelas. Rey attend. Elle le sent se fermer comme une huître face à ses questions – elle, qui croyait qu'il en rirait, est surprise de cette attitude, mais ne passe aucun commentaire. Patiemment, la jeune femme se retourne et vient se réfugier contre lui. Ses doigts tracent des lignes entre les grains de beauté imprimés sur la poitrine de Kylo, dans une tentative de réconfort.
« Je n'ai pas choisi grand-chose. » répète-t-il, d'une voix lasse. « Je n'ai que commis qu'une erreur… J'ai cru que Snoke pourrait être un meilleur roi pour les Dieux que Luke. Sans surprise, quand cela s'est su, on m'a chassé du Panthéon et j'ai trouvé refuge auprès des Titans… Auprès de Snoke. À travers sa folie, j'ai appris beaucoup de choses… Et, quand j'ai compris ses desseins, je l'ai détruit pour sauver le monde. »
« C'est très courageux, Kylo… » chuchote Rey, en posant un baiser sur la cicatrice de leur mariage, dans l'intérieur de sa paume de main gauche.
« Et, on m'a confiné à régner sur les Enfers, pour me remercier de mes services rendus. » conclut-il, cynique. Il laisse passer quelques secondes, avant de reprendre, plus décidé : « Mais j'avais raison, depuis le début. Luke n'est pas un bon roi. Il ne l'est plus, dans tous les cas. Il faut apprendre à brûler le passé. Il faut apprendre à aller de l'avant et il en est incapable. »
« Je t'aiderai. » décide-t-elle et sa voix à des teintes de promesses.
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Dans une tentative stupide, Finn tente de la libérer et, peut-être, de tuer son diabolique époux. Comme si Rey n'est qu'une demoiselle en détresse… Persuadé d'avoir de bonnes intentions, le meilleur ami de la déesse s'engouffre, avec une armée, dans les Enfers. Cette offensive ne fait qu'agacer Kylo et il ne s'en serait pas réellement préoccupé, si Finn ne s'était pas bêtement fait tuer.
Il est assez imperturbable face à cela… Mais, évidemment, Rey est inconsolable.
Pendant plusieurs longues semaines, elle refuse de descendre aux Enfers. Et ce, bien qu'il ne soit pas responsable de la mort de cet idiot. Son humeur devient massacrante et toutes les fleurs qui agrémentaient, maintenant, les champs Élysées se transforment en pierres précieuses.
Après deux mois sans nouvelles de sa part, il songe à tuer Poe afin de la faire réagir.
Il n'en fait rien. Évidemment.
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Rey consent à revenir aux Enfers uniquement lorsqu'elle apprend, par le biais de Phasma, que son mari est blessé.
Sans réfléchir, elle traverse les limbes comme un ouragan et atteint le château dans un temps record. Toutes les âmes s'écartent sur son passage, un peu effrayées par l'expression peinte sur son visage. Elle entre, avec précipitation, dans leur chambre et la porte vient frapper violemment le mur adjacent.
Surpris par l'irruption de la jeune femme dans la chambre, le soigneur qui, jusque-là, appliquait consciencieusement une mixture sur le dos de Kylo, s'arrête. Le vieil homme balbutie une plainte, mais Rey ne s'en formalise pas. Au contraire, d'un mouvement de la main, elle s'empare du baume vert qu'il tient et le congédie. Il semble peu enclin à lui obéir et cherche une quelconque approbation chez le roi des Enfers… Qui ne lui donne pas. Il quitte la pièce en râlant et ni l'un, ni l'autre, ne fait attention à lui.
Elle s'assoit à côté de lui, sur leur lit et une colère orageuse naît à l'intérieur d'elle quand son regard se pose sur la longue blessure qui tapisse, de part et d'autre, la colonne vertébrale de son époux. Sa mâchoire se contracte violemment et, lentement, Rey poursuit les soins prodigués par le soigneur.
« Qui t'a fait ça? » grince-t-elle, entre ses dents, enragée.
Il lui jette un regard glacial. Le geste provoque une douleur dans ses épaules et ses clavicules, mais il n'en a cure.
« Ah… Parce que ça t'intéresse, maintenant? »
La déesse le foudroie du regard.
« Cesse tes enfantillages. » dit-elle, sèchement. Néanmoins, ses gestes deviennent plus doux sur sa blessure. « Qu'est-ce qui s'est passé? »
Kylo pince ses lèvres. Il semble prendre le temps de réfléchir si lui répondre en vaut la peine ou si cela ne pourrait être qu'une sorte de réciprocité à l'ignorance qu'elle lui a fait subir. Rey semble suivre le fil de ses pensées, car elle ajoute afin de l'avertir :
« Si tu ne me réponds pas, je jette cette mixture. »
Il roule des yeux. Elle a tellement mauvais caractère!
Comment peut-il être tomber aussi profondément amoureux d'une femme pareille?
Comme aurait-il pu ne pas tomber amoureux d'elle?
C'était écrit dans les étoiles.
« On m'a attaqué. » l'informe Kylo, enfin. « Ce n'est qu'un basilic, ma fleur. Je vais survivre. Ça m'en prend plus pour me tuer. Ne te tracasse pas avec ça. »
Rey le regarde, les yeux écarquillés, tremblante de rage. Quelqu'un avait osé le blesser. Quelqu'un avait tenté de le tuer.
Pourtant, ce n'est pas quelque chose de nouveau en soi. Elle le sait très bien. Combien de fois avait-on tenté d'attenter à la vie du roi des Enfers pendant sa captivité? Pourquoi est-elle si surprise que cela ait lieu, encore? Pourquoi a-t-elle une envie subite de débusquer les assaillants de Kylo et les tuer, elle-même? Rey prend une longue respiration et essaie de reprendre son calme avant d'articuler :
« Et, je suppose, que c'est mon père qui a ordonné qu'on t'attaque avec ce serpent hideux? »
« Luke n'y est, sans doute, pas pour rien. » confirme le roi des Enfers. Il peut entendre les vrombissements de sa colère face à ses mots et se tourne complètement vers elle. Il ignore la douleur qui résonne dans tout son corps et attrape ses mains. « Ma fleur, tout va bien. Je vais bien. » essaie-t-il de l'apaiser.
« Je vais le tuer. Je vais le tuer et le détruire. Il n'a pas le droit de… »
« Il a tous les droits. » lui rappelle le Dieu.
« Non. » Elle agrippe le visage de Kylo et caresse, lentement, du pouce, l'une de ses pommettes. « Il n'a pas le droit de t'enlever à moi. »
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« Ce n'est pas ton genre de t'avouer vaincu. » commente Rey, quelques heures plus tard, quand il émerge d'un sommeil réparateur.
« Oh, mais j'ai un plan, ma fleur. » lui assure Kylo. Il caresse lentement sa nuque. « Un plan meilleur que toi, qui se précipite sur Luke, pour tenter de le tuer et qui échoue lamentablement… »
Elle tique à ses propos et renifle dédaigneusement. Elle est bien plus forte qu'il ne le croit.
« C'est toi, ma fleur, qui m'a enseigné la subtilité, ne l'oublie pas... »
Ils ont un sourire de connivence. Le roi des Enfers ne sous-estimera jamais son épouse.
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Ce n'est que quelques jours plus tard, qu'il lui demande les raisons de son ignorance pendant les deux derniers mois.
Rey prend, inhabituellement, beaucoup de temps à lui répondre. Quand elle prend la parole, il est quelque peu surpris – il était convaincu qu'elle s'était endormie.
« J'étais triste que Finn meurt… Tu t'en doutes. Mais j'étais dévastée par l'idée de te perdre. J'ai pensé que si je ne revenais pas, cela viendrait atténuer… Tout ça. Nous. » Elle se blottie un peu plus contre lui, avant de poursuivre : « Je suis désolée d'avoir dû mettre de la distance entre nous pour comprendre que je t'aime. »
Il resserre sa prise sur elle. C'est la première fois que quelqu'un lui dit ces mots. Il n'a jamais entendu personne les lui dire, pas même ses parents. Ils n'ont jamais eu de signification pour lui. Pourtant, prononcés par la voix de Rey, ils chantonnent à son âme.
Rey. Sa Rey.
« Je t'aime. » lui répond-t-il, simplement.
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« Alors? Qu'est-ce qu'il a dit? »
Kylo soulève l'une de ses jambes nues et embrasse avec attention chaque centimètre de l'intérieur de sa cuisse tandis qu'il dépose sa cheville sur son épaule. Puis, il fait s'empare de l'autre et lui fait subir le même sort que la précédente. Sa langue crée un chemin jusqu'au centre de son corps, sans changer sa trajectoire à aucun moment et ne s'arrête qu'à l'entrée de son entre-jambe.
Un petit gémissement de frustration s'échappe des cordes vocales de Rey.
Taquin, il se relève pour venir taquiner et titiller les petits sommets de la vallée de sa poitrine. Il s'attarde sur le point culminant de ces monts, les faits rouler sur sa langue, mordille légèrement et les gémissements qui s'élèvent de la gorge de la déesse composent une ode à la luxure. Les doigts de Rey s'accrochent désespérément aux accoudoirs du trône de pierre.
« Il dit que tu es… Il dit que tu es dangereux. Il me dit que tu es dangereux. »
Kylo la regarde avec suffisance.
« Et…Tu crois Luke? »
« Je vais commencer à le croire si tu ne termines pas ce que tu as commencé! » s'insurge-t-elle, à bout de nerfs et épuisée d'attendre.
Sans surprise, le roi des Enfers éclate de rire.
« Voyez-vous cela… Tu es une petite chose insatiable, ma fleur. »
« Attends de voir ce que la petite chose insatiable va te faire, si tu continues à l'appeler comme ça… »
Amusé, il embrasse scrupuleusement sa poitrine et descend, une nouvelle fois, vers le Sud. Il ne s'arrête qu'à quelques centimètres de sa destination finale et prend le temps d'admirer Rey. Kylo déglutit péniblement.
On devrait la peindre, là, comme ça. Elle est bien plus que belle n'importe quelle œuvre d'art. Nue, assise sur son trône, ses cheveux bruns tombant sur ses reins, les jambes ouvertes, le sexe gorgé d'humidité et offert… Elle est la plus belle chose qu'il ait pu voir.
Rey est l'aube de sa vie ; elle est le soleil qui illumine son monde d'ombres.
« À vos ordres, ma reine. » déclare-t-il, la voix rauque.
Kylo fait glisser sa langue entre ses lèvres vaginales, oriente son angle d'attaque et chatouille son clitoris. Elle a un arrière-goût de grenades et de fleurs. Il s'en délecte et savoure chaque centimètre d'elle.
Il entend les feulements qui traversent ses lèvres et ne peut que sourire. Rey est un instrument de musique entre ses doigts ; il a passé un nombre incalculable de nuits à explorer son corps et s'exercer afin d'en connaître chaque détail, chaque son, chaque vibration. Et, malgré le fait que Kylo en connaît chaque recoin, il est incapable de s'en passer.
Ainsi, pendant que sa langue explore et encercle son clitoris, ses mains commencent une ascension vers sa poitrine et lorsqu'il l'atteint, ses pouces viennent tracer des cercles autour de ses mamelons. Les cordes vocales de Rey produisent des gémissements, des notes volatiles qu'il a apprivoisées – car, à chaque fois qu'une vague de désir semble devenir plus déferlante et être la prémisse d'un tsunami, il ralentit consciencieusement le rythme. C'est beaucoup trop et douloureusement pas assez.
Une véritable torture. Une sublime torture.
La jeune femme n'entend même plus sa propre voix et n'a conscience de rien d'autre que cette langue qui la caresse habilement. Elle est captive d'un tourbillon sensoriel enivrant.
« Tu es à moi. » gémit-elle, la respiration hachée, tandis que ses ongles cherchent à graver des empreintes en demi-lune dans la nuque de Kylo.
Le corps de Rey s'arc-boute et elle tremble violemment, alors que l'orgasme la frappe de plein fouet et que, comme une tempête sauvage, décime tout sur son passage.
Le roi des Enfers se relève et vient l'embrasser fébrilement. Encore dans la torpeur de son orgasme, la jeune femme fait mine de le pousser afin qu'il se couche à même le sol de la salle du trône. Il se laisse faire, mollement, et l'entraîne avec lui dans son mouvement.
« Tu es à moi. » répète-t-elle, avec ferveur, quittant ses lèvres que pour chuchoter ces mots de manière possessive.
Les mains de Rey s'acharnent à tenter de lui enlever son pantalon. Avec hâte, il l'aide et s'en débarrasse, tout comme son boxer, et les deux vêtements vont s'échouer plus loin. Toujours aussi provocatrice, elle bascule ses hanches contre les siennes et vient frotter son sexe contre sa frémissante érection.
« Tu es à moi. » grogne Kylo, à son tour. Ses doigts caressent son visage délicatement, un contraste avec le ton animal qu'il vient d'utiliser. Il souffle : « Ma reine… La plus belle reine… Ma fleur… »
Doucement, elle embrasse chaque bout des doigts qu'il pose sur son visage.
Puis, Rey cherche son approbation du regard et s'empale sur sa verge dressée.
« À jamais. » approuve-t-elle, en murmurant.
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Le matin venu, quand elle quitte les Enfers, il est suffisamment tôt pour pouvoir apercevoir, encore, les étoiles. Et, peut-être, est-elle réellement épuisée, mais Rey est certaine de pouvoir distinguer une constellation qui n'était pas présente, il y a quelques mois, dans le coin Est du ciel.
La jeune femme en est persuadée parce qu'elle trace, chaque nuit, patiemment ces lignes sur la peau du torse de son mari. Cette constellation est identique aux grains de beauté qui parsèment les côtes de Kylo.
C'est leur constellation. Leur amour est écrit dans les étoiles.
Envers et contre tous.
Ensemble.
