Chapitre 4 - Les Moldus
Malefoy,
Je viendrai te chercher demain après-midi à 16h30 exactement. Nous irons directement chez mes parents. Prépare tes affaires, de façon à ne pas avoir à retourner dans ton manoir trop souvent. Tout est arrangé, tu pourras envoyer ton Elfe de Maison à Poudlard.
Ne sois pas en retard.
À demain,
H. Granger
Drago referma le billet qu'il venait de décrocher de la patte du Hibou Grand Duc au plumage gris et noir qui venait de s'engouffrer par la fenêtre de sa chambre. D'un grognement rageur, il le froissa et le jeta dans sa cheminée. Puis, d'un mouvement de sa baguette, il y mit le feu.
– Fichu Granger ! s'énerva-t-il. Elle commence déjà à m'énerver ! Jamais je ne tiendrai pendant une année entière ! Bon… Il va tout de même falloir que je fasse ma valise. KIRBY !
– Oui, Maître ? fit l'Elfe en apparaissant aussitôt dans un « pop » sonore.
– Tu vas préparer mes affaires pour plusieurs mois. Je te rappelle que je suis obligé d'aller vivre chez les Moldus pendant un an. Dès demain, après mon départ, tu iras à Poudlard pour y travailler avec les autres Elfes de Maison. Je viendrai te chercher à la fin de ma… peine.
– Bien maître. Comme il vous plaira, Maître.
Puis, d'un claquement de ses doigts noueux, il réduisit les affaires de Drago pour les mettre dans une petite valise de la taille d'un attaché-case, avant de disparaitre de la même manière qu'il était venu.
La nuit fut mouvementée pour l'ancien Serpentard. Après plusieurs heures de tergiversations qui le poussaient à se tourner et se retourner dans son lit, envoyant valser ses couvertures d'exaspération et pester à voix haute, Morphée avait enfin consenti à lui ouvrir les bras.
C'est donc un Drago Malefoy aux yeux gonflés et au teint brouillé qui se réveilla avec peine le lendemain matin. Comme un automate, il se leva, partit sous sa douche et s'habilla. Après son petit déjeuner, il remonta dans sa chambre et envoya son courrier qu'il n'avait pas eu le courage de terminer la veille. Une lettre pour sa mère, une pour Blaise, une pour Théo et la dernière pour Pansy, leur expliquant où il serait joignable à partir de maintenant. Il savait que Blaise aussi avait été envoyé chez des Moldus. Mais Pansy, elle, avait échappé à la Marque, et donc, elle était aussi libre que possible – du moins, autant qu'on pouvait l'être quand on portait le nom de son Mangemort de père !
La journée se passa rapidement et lentement à la fois. Il était en même temps apeuré et étrangement excité de voir comment il allait survivre chez Granger et ses parents. C'est donc l'esprit un peu embrouillé qu'il alla ouvrir, à 16h30 précises, à celle qui serait sa Tutrice pour une année entière.
– Granger, grogna-t-il en s'effaçant pour la laisser entrer.
– Bonjour, Malefoy. Tu as passé une bonne journée ?
– Pourquoi tu poses une question dont tu connais déjà la réponse ?
– Par politesse, Malefoy… Les principes de la courtoisie, tu connais ? demanda Hermione, pleine de sarcasmes.
– Te fous pas de moi, Miss-Je-Sais-Tout. Mon éducation a sûrement coûté beaucoup plus cher que la tienne. Et ma courtoisie à moi me pousse à te proposer quelque chose à boire… Qu'est-ce que tu veux ?
– À cette heure-ci ? Un jus de fruit suffira, merci.
– Kirby ! Un jus de fruit et une Bièraubeurre ! cria-t-il alors qu'il se dirigeait dans le salon, une Hermione courroucée sur les talons.
– Malefoy ! s'indigna-t-elle.
– Quoi ?! répondit-il alors que l'Elfe déposait déjà un plateau sur la petite table basse devant eux.
– Il va falloir que tu apprennes à faire les choses par toi-même : à commencer par te servir et faire la cuisine… Tout ne te tombera pas toujours tout cuit dans la bouche !
– Oui, et bien, j'ai toujours vécu comme ça… Alors excuses-moi ! répliqua-t-il, sentant l'exaspération poindre de plus en plus.
Hermione, ne voulant pas partir sur de mauvaises bases, préféra se taire avant que n'éclate une autre de leurs célèbres prises de bec. Ils sirotèrent leurs boissons dans un silence gêné. Au bout de quelques minutes, Elle n'y teint plus :
– Bon… As-tu préparé tes bagages ?
– C'est fait, indiqua-t-il en montrant la valisette en cuir posée devant l'entrée.
– J'espère que tu n'as pas pris trop de choses, demanda la brune en regardant l'objet. Tu n'auras pas d'armoire magique. Il faudra que tout rentre dans tes tiroirs. Bon, on se débrouillera, s'empressa-t-elle d'ajouter, le voyant froncer les sourcils. En tout cas, si tu as fini, il est temps de partir… Mes parents nous attendent.
Se levant sans un mot, il se dirigea vers la porte d'entrée, puis, prenant sa valise, il sortit, attendant qu'Hermione le rejoigne.
– Tu n'as pas dit au revoir à ton Elfe, le morigéna-t-elle.
Drago ne répondit rien, se contentant de hausser les épaules en levant les yeux au ciel. Secouant la tête de dépit, la demoiselle s'approcha de lui, tint son bras et les fit transplaner chez ses parents.
oOo. oOo. oOo. oOo. oOo. oOo. oOo.
Ils arrivèrent dans une petite rue proprette, bordée de part et d'autre de petites villas dotées d'un petit jardin. Drago remarqua que toutes les maisons se ressemblaient : la même hauteur, les mêmes murs crépis blanc cassé, les mêmes fenêtres et mêmes portes aux mêmes endroits, seules les couleurs des rideaux étaient différentes. Ces Moldus, pensa-t-il avec dégoût, n'ont décidément aucune originalité.
Il regarda Hermione insérer une clé dans la serrure de la porte du numéro 9 de la rue.
– Papa, Maman, c'est nous ! cria Hermione en poussant la lourde porte blanche et entrainant Drago dans le hall d'entrée. Tiens, lui dit-elle en lui indiquant une grande patère sur sa gauche, tu n'as qu'à y accrocher ta veste.
– Ma chérie ! Tu es là ! fit une voix d'homme qui se rapprochait.
– Bonjour papa, répondit la jeune fille alors qu'il la serrait dans ses bras. Je te présente Drago Malefoy, qui restera toute l'année avec nous.
– Bonjour Monsieur, salua solennellement le Serpentard en lui tendant la main.
M. Granger était un homme de taille moyenne, avec des yeux verts et des cheveux bruns. Il portait des lunettes sur son long nez et avait une bedaine légèrement proéminente. Son regard était vif mais semblait bienveillant par ailleurs.
– Malefoy, Malefoy… N'est-ce pas ce garçon qui t'a cherché des noises pendant toute ta scolarité ? demanda-t-il à sa fille alors qu'il serrait la main du blond.
– Hum… Si, mais… C'est du passé… bafouilla Hermione en rougissant, alors que Drago perdait le peu de couleurs qui lui restaient encore.
– Jeune homme, il me semble que vous devez des excuses à ma fille ! exigea M. Granger.
– Mais laisse donc ce jeune homme tranquille, fit une voix féminine de l'autre côté du mur au moment où Drago allait ouvrir la bouche. Tu les empêches d'entrer et tu le mets mal à l'aise.
– Et lui, il n'a pas mis Hermione mal à l'aise, à l'école, peut-être ? marmonna-t-il dans sa barbe en tournant les talons et se dirigeant vers la cuisine où s'activait Mme Granger.
– Ne fais pas attention… Il n'est pas méchant, le rassura Hermione. Viens, je vais te présenter ma mère et ensuite, je te ferai visiter la maison.
Drago hocha simplement la tête et la suivit en silence, mal à l'aise, laissant ses yeux vagabonder un peu partout autour de lui. Le vestibule par lequel ils étaient entrés comportait une grande patère à laquelle étaient accrochée toute une collection de vestes et de manteaux. Contre le mur, proche du sol, se trouvaient deux étagères servant visiblement de meuble à chaussures. Dans le coin opposé, un petit guéridon sur lequel trônait une plante en pot, ainsi qu'une coupelle servant apparemment de vide poche.
Ils arrivèrent dans une cuisine lumineuse où une femme d'une quarantaine d'années s'affairait en chantonnant. Drago eut devant lui la vision de ce à quoi pourrait ressembler Hermione au même âge, du moins si elle s'arrangeait un peu… Cette femme était indiscutablement très belle, et extrêmement féminine, elle. Il se demanda d'ailleurs pourquoi sa fille n'avait pas suivi son exemple.
– Bonjour Maman ! s'écria Hermione en le sortant de ses pensées.
– Bonjour ma chérie !
– Je te présente Drago Malefoy.
– Enchanté Madame, salua Drago.
– Oh, je t'en prie… Appelle-moi Maggie. Et tu peux l'appeler Jack, ajouta-t-elle en montrant son mari qui arrosait des plantes en pot dans le salon.
– Merci… Hum… Merci de m'accueillir dans votre maison… Madame… Euh… Maggie.
– Mais avec plaisir. Hermione nous a expliqué le contexte… Elle va te montrer ta chambre.
– Tu viens Malefoy ? appela Hermione depuis le couloir derrière lui.
Il la suivit dans les escaliers, et, lui montrant les portes au fur et à mesure, elle lui fit une visite guidée :
– Là, c'est la chambre de mes parents. Ici la salle de bain et les toilettes, expliqua-t-elle en montrant deux portes l'une en face de l'autre. Là, c'est le bureau de mon père, là, l'atelier de ma mère – elle fait de la peinture. Et ici, c'est ma chambre. En face, c'est la tienne.
– Est-ce que j'ai une salle de bain pour moi ? s'enquit-il plein d'espoir.
– Non, il n'y en a qu'une seule pour toute la maison… Alors il faut attendre son tour et ne pas trop trainer pour que chacun puisse en profiter. Viens, maintenant, proposa-t-elle en ouvrant la porte de sa chambre.
Drago entra dans la pièce qui serait la sienne pendant une année entière. Les murs étaient bleu pâle, le mobilier en bois clair. Il y avait un bureau et son lit paraissait confortable. Il n'aurait sûrement pas des draps de soie comme il en avait chez lui, mais c'était mieux que rien. Aucune décoration ne venait toutefois égayer l'endroit. Elle était comme toutes les chambres d'amis : impersonnelle.
– J'ai préféré la rendre la plus simple possible, indiqua Hermione, toujours derrière lui, comme si elle avait lu dans ses pensées. Pour que tu puisses la décorer comme bon te semble… Tu peux même changer la couleur des murs, si tu veux. Mais je te demande de ne pas agrandir la pièce. Les murs de la maison ne sont pas magiques, et donc, ils n'y survivraient pas. L'armoire non plus, d'ailleurs. Nous aviserons… autrement… si tu n'as pas assez de place pour tes vêtements.
Drago acquiesça en silence, encore une fois. Et elle partit en refermant la porte, le laissant s'installer. Seul.
Avec un soupir à fendre l'âme, le Serpentard s'adossa à la porte fermée. Il tenta en vain de faire disparaitre la boule d'angoisse qui lui nouait l'estomac. Il se sentait seul et perdu, dans cette maison de Moldus. Certes, chez lui aussi il était seul… Mais il y avait son Elfe de Maison. Et sa mère passait le voir de temps en temps, même si elle ne s'attardait jamais très longtemps.
Il aurait voulu faire comme elle. Elle avait quitté le Manoir définitivement dès qu'elle en avait eu l'occasion. Elle ne supportait pas le souvenir de toutes ses horribles années passées avec l'homme qu'elle avait été contrainte d'épouser. La seule raison pour laquelle elle repassait de temps en temps, était la présence de Drago. Lui, était assigné à résidence en attendant la fin de sa peine.
Sa peine.
Chez Granger.
Merlin ! Et ce n'était que le premier jour. Les paroles du père d'Hermione lui revinrent en mémoire, et il redouta le repas qui allait suivre. Ce type allait forcément prendre la défense de sa fille, et cela risquait de tourner en eau de boudin.
Deux possibilités se présentaient alors à lui.
Soit il gardait la tête haute et ripostait, et le repas allait devenir tendu. Granger allait s'y mettre et, comme il avait toujours sa baguette, il allait finir par la sortir. Avec la mauvaise humeur dans laquelle il se trouvait en ce moment, c'était sûr, il y aurait de la casse ! Pour peu qu'elle aussi sorte sa baguette et ils allaient se battre. S'il gagnait, tôt ou tard quelqu'un finirait par lui tomber dessus, et il finirait à Azkaban… Si c'était elle qui gagnait – il devait bien admettre cette possibilité – c'est elle qui lui tomberait dessus et elle le ramènerait par la peau des fesses au Ministère…
Le deuxième choix possible, et pas forcément le plus facile pour Drago, était l'humilité. Et ça, et bien… Ce n'était pas une chose à laquelle il était habitué. Son père ne l'avait absolument pas élevé de la sorte !
Il n'était pas humble !
Il était fier et arrogant. Dominateur. Sûr de lui en toutes circonstances. On l'avait toujours vénéré et respecté. Il était Drago Malefoy, Prince des Serpentard ! Il était celui à qui on laissait le passage dans les couloirs, celui devant qui les autres s'inclinaient, devant qui les portes s'ouvraient. Celui que l'on consultait avant de prendre toute décision. Celui qui malmenait, tourmentait, brutalisait…
Il était un meneur. Un chef. Il était l'unique héritier d'une immense fortune et le propriétaire d'innombrables biens de toutes sortes.
Il était beau et bien bâti. Fort et musclé. Il avait toujours eu du succès, séduisant les femmes pour les mettre dans son lit, et les hommes pour obtenir d'eux les faveurs qu'il voulait.
Il avait un corps à damner un Saint.
Un corps dont le bras gauche était défiguré par cette odieuse Marque.
La réalité le frappa d'un coup. Comme la gifle que Granger lui avait flanquée en troisième année. Il n'était plus celui qu'il avait été. Certes, sa fortune était la même. Son corps, si on faisait abstraction de la Marque des Ténèbres était le même.
Mais lui, était différent. Il était celui que son père avait enrôlé de force dans les rangs des Mangemort. Il était celui qui avait été contraint de torturer, de tuer parfois. Pour sauver sa peau ou celle de sa mère. Il était celui qui avait été torturé, aussi. Par son propre père, par sa tante ou d'autres Mangemort, mais aussi par le Seigneur des Ténèbres en personne.
Il était celui qui refusait de regarder son corps nu, couvert de cicatrices. Il était celui qui faisait des cauchemars, la nuit, alors que, seul dans son lit, il revoyait tous ces visages implorants, lui demandant grâce, ou, pire encore, lui demandant de les tuer pour ne plus souffrir.
Il était ce monstre.
Un monstre à qui on avait offert une deuxième chance qu'il n'était pas sûr de mériter. Mais une deuxième chance tout de même. Et, malgré le fait qu'il était chez cette Granger qu'il avait détesté pendant toute sa scolarité, il devait reconnaitre que, là aussi, il était bien tombé. Il savait qu'en dépit de tout ce qu'il lui avait fait subir pendant toutes ces années, elle restait intègre.
Jamais elle ne se vengerait comme il était sûr que certains en auraient profité. La preuve, elle lui avait laissé sa baguette, là où d'autres se seraient précipités pour la lui arracher.
Alors non, il ne gâcherait pas ses chances comme cette andouille de Crabbe l'avait fait. Et si pendant le repas, M. Granger le réprimandait, il baisserait la tête, repentant, et attendrait que l'orage passe.
Et s'il fallait présenter des excuses publiques à Granger, et bien… Heu… Bon… Heu… Il aviserait en temps voulu…
Secouant la tête, il s'avança dans la pièce et grâce à quelques coups de baguette, il recréa du mieux qu'il put les couleurs et les meubles de la chambre qu'il avait au Manoir. Satisfait, il se dirigea vers l'armoire pour y ranger ses vêtements. Il n'était pas surpris, il put y caser le tiers de ses affaires, seulement. Rageur, il s'attela alors à faire un choix. Encore…
De petits coups sur la porte le firent se retourner.
– Malefoy ? appela Hermione de l'autre côté du battant qu'il ouvrit pour lui faire face. Tu as terminé de t'installer ?
– Oui. J'ai fini.
– Très bien… Euh… Nous allons passer à table.
D'un signe de tête, il referma la porte et la suivit dans le couloir, descendant les escaliers après elle.
Dans la salle à manger où ils débouchèrent, les parents d'Hermione avaient déjà pris place de part et d'autre de la table dressée pour quatre personnes. Drago se retrouva donc assis en face de sa Tutrice et patienta, en silence.
Chez lui, c'était son père qui, une fois servi par un Elfe, commençait à manger. Les autres ne commençaient jamais avant qu'il leur en fasse signe. Aussi fût-il surpris lorsque Maggie lui tendit le plat pour qu'il se serve avant les autres.
– J'espère que tu aimes les lasagnes à la bolognaise, s'enquit-t-elle en souriant.
– C'est sa spécialité, lui souffla Jack en aparté, souriant à son tour.
Ses yeux reflétaient une lueur de franche gourmandise face au plat fumant.
– Tu n'es pas obligé de les aimer, tempéra Hermione. Personne ne t'en voudra, assura-t-elle en lançant un regard appuyé à son père.
– Non, ça c'est sûr ! Au moins, il y en aura un peu plus pour moi, pouffa-t-il alors que sa femme le morigénait gentiment.
Drago resta silencieux, se servant raisonnablement, alors que l'homme récupérait le plat pour servir sa fille avant de se servir lui-même.
– Vas-y, mange pendant que c'est chaud, lui conseilla la femme en remplissant son assiette à son tour.
Les discussions s'engagèrent entre Hermione et ses parents, parlant de tout et de rien, et surtout, il faillit d'ailleurs s'étrangler en l'apprenant, du mariage de Ron.
– Weasley se marie ?! demanda-t-il sans avoir pu s'en empêcher.
– Oui ! N'est-ce pas une merveilleuse nouvelle ? répondit Maggie.
– Ce garçon sait ce qu'il veut, ça c'est sûr ! renchérit Jack.
– En effet, Ron se marie… avec Luna, insista Hermione en le regardant droit dans les yeux, le mettant au défi de faire le moindre commentaire. Et nous y sommes tous invités…
– Moi aussi ? Alors ça, ça m'étonnerait !
– Et bien en fait… Comme tu es tenu de rester tout le temps avec moi…
Drago grogna, se contentant d'enfourner sa fourchette dans sa bouche – se brûlant la langue au passage. Super ! Il allait devoir assister au mariage de Weasmoche et Loufoca ! Bon, au moins, relativisa-t-il, l'évènement risquait d'être des plus drôles !
– Alors, Drago. Vas-tu nous raconter la vie chez les Sorciers ? demanda Jack.
– Tu n'es pas obligé, tempéra encore une fois Hermione. Je leur ai déjà raconté pas mal de choses…
– Mais nous n'avons pas vraiment le point de vue de quelqu'un dont la famille entière est sorcière, insista Maggie.
– Et bien… commença Drago. Je ne sais pas trop quoi vous dire…
Il regarda Hermione en face de lui, comme pour lui demander son approbation – ce qui l'étonna au plus haut point – et elle lui répondit par un geste de la main, signifiant qu'il pouvait parler sans crainte de ce qu'il voulait.
– Je viens d'une famille riche… Très riche. J'habite dans un très grand manoir (il constata qu'Hermione grimaçait à ses paroles et il se souvint qu'elle y avait été torturée. Il décida de ne pas trop s'attarder.). Je n'ai jamais vécu dans le monde Moldu. Et, avoua-t-il en baissant la tête, je n'ai jamais rien fait sans magie…
– Ne t'inquiète pas pour ça, le rassura Maggie, voyant son air un peu ennuyé. Je suis certaine que tu te débrouilleras très bien. Et puis… Hermione sera là pour t'aider.
Drago regarda la femme avec un faible sourire, et décréta qu'il l'aimait bien – pour une Moldue. Elle lui rappelait un peu sa mère : douce, aimante et rassurante (du moins, comme elle l'était avant le retour du Reptile Psychopathe). Aussi, il la remercia silencieusement d'un signe de tête. Il ne savait pas trop pourquoi, mais il avait envie de se confier. Chose qu'il n'avait jamais faite… à part bien sûr avec son regretté parrain. Il continua donc son récit, leur racontant son enfance, heureuse et malheureuse à la fois, la sévérité de son père, la douceur de sa mère. Il tût les séances d'éducation de son père, mais remarqua qu'Hermione n'était pas dupe. Il tût aussi le quotidien après le retour du Seigneur des Ténèbres. Il ignorait ce que la Gryffondor leur avait raconté.
Le repas se passa ainsi, simplement. Voulant faire bonne impression, il aida même à débarrasser la table – ce qui le surprit lui-même, puisqu'il ne l'avait jamais fait – et remonta dans sa chambre pour se coucher, Hermione derrière lui. Avant d'ouvrir sa porte, il se retourna vers celle qu'il devrait suivre pendant un an :
– Granger ?
– Oui ?
– Tes parents ne sont pas au courant, n'est-ce pas ?
– Au courant de quoi ?
– De ce que tu as subi dans mon manoir.
– Non. Et ils se portent très bien comme ça.
– Je suis désolé…
– C'est du passé… J'ai appris à vivre avec ça. N'en parlons plus, d'accord ?
– Comme tu voudras… Ah, et au fait… Merci de m'avoir laissé ma baguette.
– Pas de quoi, Malefoy. Bonne nuit.
– Bonne nuit, Granger.
Et ils s'enfermèrent, chacun dans sa chambre, se remémorant cette étrange journée.
