Chapitre 9 -Réunion au Ministère

Drago et Hermione marchaient d'un pas empressé vers l'entrée du Ministère, dans un lourd silence gêné.

Voyant qu'ils étaient presque arrivés, le Serpentard tenta le tout pour le tout. Il posa sa main sur son bras pour qu'elle s'arrête et la fit se tourner vers lui.

– Écoute, euh… Je suis désolé pour ce mat…

– Non ! S'il te plait ! le coupa-t-elle rapidement en levant sa main devant lui pour le faire taire. Ne dis rien. C'était un mal entendu et j'ai fait une erreur. N'en parlons plus, d'accord ? Et tu n'as pas d'inquiétude à avoir, cela ne changera rien par rapport à ton contrat.

Elle lui sourit gentiment et reprit sa marche. Drago aurait voulu lui dire qu'il regrettait son geste, que si elle le voulait, là, tout de suite, il serait prêt à lui donner le plus merveilleux des baisers. Mais il n'en eut pas l'occasion. Devant lui, accompagnés de leurs tuteurs respectifs, attendaient patiemment Blaise et Théo, entre autres.

Ils avancèrent vers eux, Drago retrouvant son masque froid et fier. Hermione le remarqua et leva les yeux au ciel d'exaspération. Il répondit par un haussement des épaules. Hésitant, naturel, sans son masque impassible et froid qu'il arborait ordinairement, c'était comme ça qu'elle le préférait.

Mais malheureusement, il valait mieux qu'elle oublie tout de suite ce genre de choses. Elle avait eu la preuve, ce matin, qu'il n'était pas intéressé. Donc, il fallait passer à autres choses. Point final.

Ils eurent à peine le temps de se saluer que déjà, une femme habillée en tailleur aussi strict que son chignon et ses lunettes les faisait tous entrer dans une salle.

La pièce, en hémicycle, était assez petite mais pouvait aisément contenir la quarantaine de personnes présentes. Ils prirent place, chaque Tuteur et sa Pupille côte à côte, et attendirent, dans un silence relatif, les yeux fixés sur la petite estrade contenant un pupitre, où quelqu'un viendrait très certainement leur faire un discours.

Quelques minutes plus tard, Remus Lupin, Directeur du 'Département d'Insertion des Jeunes Sorciers et Sorcières dans le Monde Moldu' fit son entrée, accompagné d'une femme qui devait être sa secrétaire, elle-même suivie par six autres personnes qui s'installèrent sur de petites chaises disposées à la gauche du pupitre. Le lycanthrope monta sur l'estrade, prit les fiches que lui tendait la femme, se racla la gorge, et après un Sonorus, il parla :

– Mesdames, Messieurs, Chers Tuteurs, et Chères Pupilles, bonjour.

Hermione se fit la réflexion qu'elle n'avait jamais vu Remus aussi guindé et mal à l'aise.

– Je vous souhaite à toutes et à tous la bienvenue à cette réunion. Bien que formelle, il s'agit avant tout de se rassembler et d'échanger dans le cadre de ce nouveau Programme d'Insertion, dans la simplicité et la bonne humeur. Nous aurons d'ailleurs droit à un buffet à l'issue de cette séance.

Un murmure approbateur se fit entendre.

– Bien. Alors, comme vous le savez tous, ce nouveau Programme sert essentiellement à donner une chance de rédemption à des adolescents qui ont été enrôlés de force, par leurs parents ou un autre membre de leur famille, dans les rangs du Seigneur Noir. Cela, en leur montrant que les idéaux anti-Moldus des Mangemort, qui leur ont été inculqués depuis leur plus jeune âge, sont totalement erronés et archaïques.

Remus marqua une pause puis reprit :

– Vous tous, ici présents, faites partie intégrante de ce programme totalement novateur, qui, s'il est concluant, permettra de faire enfin évoluer notre société dans le bon sens. Maintenant, je vous laisse la parole. Mon équipe et moi allons répondre à vos questions… Quelles qu'elles soient.

Il attendit quelques instants, puis quelques mains, de Tuteurs et de Pupilles confondues, se levèrent. Un premier homme fût désigné à prendre la parole.

– Bonjour, mon nom est Larry Molinger. Je suis le Tuteur du jeune Marvin Shone. Mon épouse et moi avons l'intention de partir en vacances à l'étranger pendant un mois. Pouvons-nous emmener Marvin avec nous ?

– Oui, bien sûr, répondit Remus avec le sourire. Des précautions seront tout de même à prendre en fonction de si vous êtes entourés de Moldus ou non… Mais je pense que vous devez avoir l'habitude. Madame ? demanda-t-il à une autre femme.

– Lorna Vance. Pour moi, ce serait le contraire. Je pars pour une semaine chez une arrière-grand-tante qui vient de décéder, et nous devons discuter de l'héritage avec des membres de la famille. À qui pouvons-nous confier Stanley pendant ces quelques jours ?

– Il existe des Tuteurs suppléants, informa l'un des autres membres de l'équipe. Justement réquisitionnés pour ce genre de chose ou pour pallier à d'éventuels conflits. Il vous suffira de nous donner les dates de votre absence, et l'un d'eux accueillera Stanley chez lui, fit-il en souriant gentiment au concerné.

– Nous vous écoutons, Mademoiselle ? demanda Lupin à la jeune fille qui levait la main à son tour.

– Jugson. Je suis la Pupille de Colin Crivey. Serait-il possible de revoir nos familles ? Ma mère n'est pas une Mangemort et je voudrais reprendre contact avec elle.

– En effet, Miss Jugson, vous avez tout à fait raison d'aborder ce sujet. Phil ? interrogea Remus en se retournant vers un autre de ses collègues.

Ce dernier hocha la tête et se leva à son tour.

– Oui, en effet, des rencontres familiales seront prévues. Mais ceci demande la mise en place de certaines conditions, disons… particulières. Par exemple, s'il faut organiser des visites à Azkaban, ou bien, à Sainte Mangouste. Il est aussi possible que le Tuteur organise lui-même cette rencontre, à la seule condition que la famille en question ne soit reconnue coupable d'aucun crime ou préjudice quelconque.

L'homme se rassit et Remus reprit sa place, écoutant une à une les personnes avides de réponses en tout genre.

Hermione écoutait religieusement, prenant scrupuleusement des notes dans un petit carnet et Drago se fit la réflexion qu'elle n'avait pas vraiment changé depuis l'école. Les questions se succédaient, certaines plus intéressantes que d'autres. Le Serpentard n'écoutait plus que d'une oreille, son esprit tantôt tourné vers ce qui s'était passé dans la salle de bain un peu plus tôt, tantôt tourné vers les longues jambes dénudées de sa charmante tutrice, assise à ses côtés, et qui avait mis une jolie robe d'été rose et blanche qui avait le bon goût d'arriver un peu au-dessus de ses genoux.

Il en était encore à se fustiger mentalement pour sa stupide réaction lorsqu'une question en particulier retint toute son attention.

– Je crois que ma Pupille, Salomé Rookwood, et mon fils Gabriel sont de plus en plus proches… Si vous voyez ce que je veux dire… expliqua une femme en souriant, tandis que la jeune fille blonde à côté d'elle baissait la tête en rougissant. Après tout, c'est de leur âge, et cela ne me pose aucun problème. Mais je voudrai savoir ce qu'en pense le Ministère.

Drago fixa Lupin, avide d'avoir la réponse à cette question des plus cruciales, et remarqua avec satisfaction qu'Hermione s'était redressée et avait, semblait-il, arrêté de respirer.

– Et bien, fit Lupin après avoir réfléchi longuement. Voilà une situation à laquelle aucun de nous n'avait pensé… À tort, je dois le reconnaître. J'avoue que je ne sais pas trop quoi vous répondre…

Il se retourna un instant vers son équipe en quête de conseils et Drago en profita pour tourner les yeux vers Hermione, qui n'avait toujours pas bougé, son stylo au-dessus de son carnet et les yeux accrochés au loup-garou. Il vit qu'elle était toujours en apnée et espéra que Lupin ne tarderait pas trop à répondre de peur qu'elle tombe inanimée à côté de lui.

Au moment où il allait décider entre lui faire du bouche à bouche ou lui donner un coup de coude salvateur, le lycanthrope revint à son pupitre, et Hermione inspira une grande goulée d'air. Mais elle restait figée par ailleurs, apparemment aussi avide que lui d'entendre la réponse qui allait, désormais il en était certain, sceller à jamais son avenir avec la Gryffondor.

– Donc, reprit Remus, après concertation de tous les membres de l'équipe, et nous rajouterons une clause au Contrat en ce sens, il a été décidé qu'une relation, disons… intime, entre une Pupille et son Tuteur, ou n'importe quel membre de la famille de celui-ci, pourrait fausser tout jugement… Et donc, ne devrait pas être encouragée.

Ce fut au tour de Drago d'arrêter de respirer, et ses yeux, d'eux-mêmes, firent le trajet jusqu'à sa voisine qui, dans un mouvement compulsif, avait resserré ses doigts fins sur l'innocent petit carnet, froissant et déchirant les pages au passage.

Le reste de la réponse fut perdu pour l'un comme pour l'autre. Hermione, sans pouvoir s'en empêcher, avait tourné la tête vers Drago, et comprit un peu trop tard son erreur.

Leurs yeux s'accrochèrent pour ne plus se lâcher. Pour l'un comme pour l'autre, les choses étaient claires : il ne pourrait jamais rien se passer entre eux tant que Drago serait sous le joug du Contrat. S'ils outrepassaient les règles, et que cela venait aux oreilles du Ministère, Hermione perdrait toute sa crédibilité et donc sa place de Tutrice. Cet état de fait provoquerait le transfert immédiat de Drago dans une autre famille de Nés-Moldus. Et si on prenait connaissance du moindre petit bisou, Drago, lui, serait accusé d'avoir séduit Hermione pour influencer son jugement et lui soutirer des faveurs.

Drago fit un rapide calcul dans sa tête. La fin du Contrat était prévue pour juillet. Et ils n'étaient que début septembre ! .GOD ! Il était foutu ! Dix longs mois de torture… Dix longs mois pendant lesquels n'importe quel abruti, Samuel en tête, aurait mille occasions de lui ravir Hermione juste sous le nez, sans qu'il ne puisse rien dire ou faire.

Ils furent sortis de leur torpeur commune par un brouhaha et des bruits de chaises. La réunion était terminée et tout le monde se dirigeait vers la sortie pour rejoindre le buffet. Mais Hermione n'avait plus faim. Elle avait l'impression qu'elle rendrait le moindre aliment qu'elle aurait le malheur d'avaler. Tels deux automates, chacun tourné vers ses propres pensées toutes aussi sombres les unes que les autres, ils suivirent le mouvement.

Quelques minutes plus tard, Hermione s'adressa enfin à Drago, un sourire avenant aux lèvres.

– Va rejoindre tes amis, je dois parler à quelques personnes. On se retrouve dans une demi-heure à la sortie. Ça te va ?

– Je, heu… Oui, d'accord… Comme tu veux.

Puis elle le laissa là.

oOo. oOo. oOo. oOo. oOo. oOo. oOo.

Drago et Hermione n'avaient pas reparlé de l'épisode de la salle de bain, et encore moins de la réunion du Ministère. Tacitement, cela semblait être devenu LE SUJET TABOU.

Pour Hermione, elle se sentait encore un peu honteuse de son comportement. Le souvenir de ce presque baiser qu'elle avait failli elle-même provoquer planait en continu au-dessus d'elle, telle l'épée de Damoclès. Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi elle avait eu envie de l'embrasser. Parce que oui, sans aucun doute, elle aurait bien voulu goûter aux lèvres fines et tentantes du Prince des Serpentard. C'était facile de mettre ça sur le compte de sa conversation avec Ginny et Luna, ou bien sur la dispute qu'ils avaient eue quelques semaines plus tôt, ou encore sur le fait que sa vie sentimentale était d'un calme désespérément plat depuis au moins la Période Glaciaire… Mais Hermione se doutait qu'il y avait autre chose.

Seulement, Remus avait été clair : pas de relation intime entre un Tuteur et sa Pupille. Mais de toute façon, elle ne voyait pas pourquoi elle se prenait la tête, étant donné le fait que Drago n'avait pas voulu d'elle… Cependant, elle n'arrivait pas à s'enlever de la tête le très long regard lourd de sens qu'ils avaient échangé à l'annonce de la réponse.

Que devait-elle en penser ?

Et lui, qu'en pensait-il ?

Pour Drago, c'était autre chose. La sentence prononcée par Lupin était tombée sur lui comme une guillotine, qui au lieu d'avoir séparé sa tête de son corps, avait mis une distance – s'il en fallait une de plus – entre Hermione et lui. Il se donnait l'image d'un assoiffé en plein désert auquel on montrait un verre d'eau à l'intérieur d'une vitrine infranchissable. Hermione était là, à portée de ses mains avides, mais il ne pouvait refermer ses doigts sur elle. Un vrai supplice de Tantale !

Le pire, c'était que plus il essayait de résister à la tentation de la séduire, plus, justement, cette tentation grandissait ! Il faisait de plus en plus de rêves où il se voyait la prendre de toutes les façons possibles et imaginables, il imaginait toutes sortes de scénarios tous plus torrides les uns que les autres. Il en venait même à souhaiter qu'elle ne soit plus sa tutrice ! Chose qu'il regrettait aussitôt, bien sûr, puisque si elle ne l'était plus, et bien, il ne pourrait plus habiter chez elle.

Merlin que c'était confus dans son esprit !

POURQUOI ?! Pourquoi les choses ne pouvaient pas être plus simples ?

Ils en étaient donc réduits à vivre l'un à côté de l'autre, essayant au maximum de ne pas se retrouver seuls tous les deux pendant trop longtemps.

Heureusement, en ce 19 septembre, jour de l'anniversaire d'Hermione, la visite de Ron et Harry, accompagnés de leurs fiancées respectives allait grandement leur permettre de souffler un peu, et ainsi, de faire redescendre un peu la pression.

Ils arrivèrent sur les coups de quinze heures, à grands renforts de rires et d'embrassades pour la jeune nouvelle 'vingtenaire' qui avait le rose aux joues, gênée d'être le centre de toutes les attentions.

– Bon anniversaire Hermignone ! lança Ronald en la prenant dans ses bras.

– Merci ! rit-elle alors qu'il la reposait et qu'elle passait de bras en bras.

Ils s'assirent autour de la table basse du salon, Drago sur un fauteuil, à l'instar de Ron qui avait pris Luna sur ses genoux, et Harry et Ginny sur le canapé aux côtés d'Hermione. Cette dernière fit apparaître une carafe de jus de citrouille bien frais et quelques verres, qu'elle remplit pour chacun d'eux.

– Alors ? Qu'as-tu prévu pour cette soirée ? Où as-tu l'intention de nous emmener ? demanda Luna, les doigts entrelacés à ceux de Ron qui avait posé sa main haut sur sa cuisse.

– Euh… Et bien… J'avais juste envie d'une soirée tranquille avec mes amis… Alors, après le restaurant avec vous et mes parents, je pensais rentrer tranquillement... fit Hermione en baissant les yeux devant le regard outré que lui lançait Ginny.

Sa réaction ne se fit d'ailleurs pas attendre.

– Attends ! Tu plaisantes, là ! Hermione Granger ! C'est le jour de ton vingtième anniversaire, je te rappelle !

– Ginny a raison, renchérit Luna. On ne fête pas ses vingt ans tous les jours !

– Mais je n'ai rien prévu, se lamenta-t-elle.

Ginny et Luna se regardèrent, la même lueur malicieuse dans les yeux.

– Les filles, tenta de tempérer Ron, laissez-la un peu tranquille… C'est son anniversaire, elle peut bien décider elle-même de ce qu'elle a envie de faire ou pas...

– Merci Ron, sourit Hermione, soulagée d'avoir son soutien.

Elle se tourna vers Harry pour avoir le sien également, comme cela avait presque toujours été le cas.

– C'est vrai, ça, appuya Harry, si elle a envie de se coucher comme les poules… C'est son problème… Après tout, c'est une vieille, maintenant !

Hermione lança un regard scandalisé à son futur-ex-meilleur ami. Le traître ! Elle qui pensait avoir son soutien !

– Harry ! N'es-tu pas sensé me défendre, toi aussi ?

– Pardon Hermy, mais… Il est hors de question que je me mette Ginny à dos ! C'est avec elle que je compte finir mes jours, je te rappelle...

Hermione lança un regard désespéré vers Drago, en ultime recours. Le Serpentard leva ses deux paumes face à elle en s'enfonçant dans son fauteuil, l'air de dire « Il est hors de question que je rentre dans ce genre de débat ! »

Drago se gardait bien de donner son avis. Il ne voulait absolument pas faire ou dire quelque chose qui pourrait lui porter préjudice plus tard.

De dépit, Hermione plongea sa tête dans ses mains, et attendit que le couperet tombe. Ce qui arriva avec la voix douce et éthérée de Luna Lovegood-future-Weasley.

– C'est entendu alors... Ce soir, on sort ! Drago ? Tu n'as rien contre un peu de mousse ?

– Euh...

Un gémissement d'Hermione se fit entendre au moment-même où il expliquait qu'il n'avait pas la moindre idée de ce dont elle parlait.

– Très bien alors, enchaîna-t-elle. Tu le découvriras ce soir...

– Il est hors de question que j'emmène Drago au Copacabana ! fit la voix scandalisée de la brune, les yeux écarquillés.

– Et pourquoi n'aurais-je pas le droit d'y aller, moi aussi ? demanda ce dernier, légèrement peiné qu'elle veuille le laisser derrière elle.

Il ne savait de quoi ils parlaient, mais ce qu'il savait, c'était que, où qu'elle aille, il devait être avec elle.

– Mais si, le rassura Ginny, évidemment que tu viens avec nous...

Le Serpentard adressa un sourire triomphant à sa Tutrice.

– Oh, toi, fit-elle en secouant la tête, tu n'as pas la moindre idée de ce dans quoi tu t'embarques...

– Allez ! On va tous aller se préparer... Les garçons, dans la chambre de Drago, et nous, nous nous occupons d'Hermione ! lança Luna en se levant.

– Très bien, rajouta Ginny qui se levait également, intimant aux autres de faire de même. Voilà le programme de ce soir. D'abord, restaurant « Au Petit Salé », ils ont une carte à tomber. Ensuite, direction le « Copa » et enfin, retour à la maison pour dormir. Drago, désolée, mais ce soir, tu partageras ta chambre avec Harry et Ron. Nous, on occupera celle d'Hermione.

Un brouhaha indescriptible composé de voix exclusivement masculines suivit cette annonce. Parmi ce vacarme, on pouvait entendre, d'une part, Drago, qui demandait en quel honneur il devait partager son intimité avec ces « deux types qui ne manqueraient pas d'envahir son espace personnel », d'autre part Ron qui ne supportait pas de passer une nuit loin de sa Luna parce qu'après tout « on se marie dans un mois ! », et enfin Harry, qui criait à qui voulait l'entendre que, pour une fois qu'ils n'étaient pas au Terrier, il était hors de question qu'il dorme seul dans son lit.

– Ok... Stop ! Stop ! STOOOOP ! cria Hermione pour calmer ce petit monde. Nous dormirons TOUS dans le salon sur des matelas.

La sommation n'admettait aucune réplique, et sembla contenter tout le monde, sauf Drago qui s'enferma dans un silence boudeur. Sur un matelas ? Par terre ? Lui, un Malefoy ? Décidément, il était tombé bien bas depuis qu'il était chez les Moldus !

Il suivit malgré tout le mouvement et précéda les deux autres garçons jusque dans sa chambre, se demandant ce qu'Hermione avait voulu dire sur le fait qu'il ignorait dans quoi il mettait les pieds. Il était partagé entre mettre son orgueil de côté et demander aux deux autres de lui expliquer, ou bien se taire et voir où cela le mènerait.

Il réfléchit pendant qu'il cherchait dans son armoire quelque chose à se mettre sur le dos et décida finalement de ne rien demander du tout et de voir par lui-même.

Dans son placard, il dénicha un pantalon de toile noire, assez léger et confortable et une chemise bleu nuit aux manches longues (évidemment, il fallait cacher cette horreur sur son bras) dont il laissa les deux boutons du haut ouverts. Même s'il n'avait aucune idée de ce que le « Copa » impliquait, il savait de toute façon qu'ils allaient sortir. Donc, Classe Malefoy oblige, il se devait d'être impeccable en toute circonstance.

Il essaya, autant que faire se peut, de se cacher pour pouvoir se changer à l'abri des regards inquisiteurs, dans un coin de la pièce, en silence, tentant de glaner quelques bribes d'informations en écoutant Harry et Ron jacasser comme des pies en s'habillant. Mais peine perdue. Ils ne parlaient pas de la soirée... Ils parlaient Quidditch, un peu, mariage, souvent, et Luna et Ginny... beaucoup ! Enfin, beaucoup trop de son avis à lui. Mais rien du tout sur la soirée à venir. Il savait juste que les parents d'Hermione les attendraient au restaurant, et ça, c'est elle qui le lui avait dit un peu plus tôt dans la journée. Mais rien sur ce qui se passerait ensuite.

Quoi qu'il en soit, il voulait être à tomber, ce soir. Tout ce qu'il espérait, c'était qu'Hermione ne voit que lui. Cela pouvait paraître un peu égoïste, étant donné que c'était son anniversaire, et que c'était elle qui devait être le centre des attentions, mais, ce que pensait Drago c'était que tant qu'elle avait les yeux braqués sur lui – et sur lui seul – et bien elle ne verrait pas les autres types susceptibles de lui tourner autour ! Comme ça, dès la fin de son contrat, il pourrait enfin tout faire pour l'avoir à lui, et rien qu'à lui !

C'était ça, le plan de Malefoy. Et il espérait que cela marcherait.

Drago attendait dans le salon avec les deux anciens Gryffondor que ces demoiselles veuillent bien sortir de la salle de bain qu'elles avaient investie depuis ce qui lui semblait être des heures. Il était fin prêt : sa chemise, légèrement ouverte, pendant avec grâce sur son pantalon, ses manches bien boutonnées à ses poignets, ses chaussures noires bien brillantes, et ses cheveux, vierges de toute trace de gel. Hermione lui avait dit un jour, en passant, qu'elle n'aimait pas lorsqu'ils étaient plaqués en arrière, lui donnant un air de crooner qui ne lui allait pas du tout. Ils lui tombaient un peu devant les yeux – tant mieux, il pourrait la regarder sans que qui que ce soit ne s'en aperçoive !

C'est quand il entendit des voix féminines surexcitées descendre les escaliers qu'il se rendit compte que cette soirée n'était ABSOLUMENT PAS une bonne idée.

D'accord, depuis qu'il avait balancé tous les oripeaux de l'armoire d'Hermione et que désormais, elle s'habillait avec goût et enfin – merci Merlin ! – dans la tenue de son sexe, elle était jolie. Très jolie, même. Mais là ! Elle était carrément à se damner.

Et c'est à ce moment-là qu'il se rendit compte qu'il était perdu. Ses yeux gris firent la navette entre ce petit pantalon beige, taille basse et presque collé à sa peau – qui lui faisaient des jambes à tomber – et son haut bordeaux à paillettes, asymétrique, couvrant seulement une épaule quand l'autre ne portait qu'une fine bretelle, et dont le bas descendait plus d'un côté que de l'autre, soulignant la finesse de ses hanches. Ses chaussures, également bordeaux, à petits talons, de même que son très léger maquillage et ses boucles lâchées sur ses épaules rendaient le tout incroyablement sexy... Et c'était franchement mauvais pour sa tronche ! PAR SALAZAR ! Qui lui avait donné l'idée de s'habiller comme ça ?! Il allait se la faire ravir sous le nez !

Il était tellement obnubilé par son éclat qu'il ne remarqua même pas comment les deux autres filles étaient habillées ! Et le comble de son malheur arriva dès le moment où elle passa devant lui et qu'il put – en même temps que ses doux effluves parfumés lui titillaient les narines – l'admirer de dos : Par Salazar ! Ses fesses étaient moulées à la perfection ! Il déglutit bruyamment et une bouffée de chaleur l'envahit.

Dès lors, il sut déjà que sa soirée serait merdique. Et cet état de fait empira quand la sonnette retentit alors qu'ils s'apprêtaient à sortir.

Ginny, qui était la plus proche de la porte, l'ouvrit et resta un moment perplexe devant celui qui se trouvait devant elle. Harry gratta sa gorge un peu bruyamment et elle reprit ses esprits en s'effaçant, pour laisser entrer Samuel, plus beau que jamais, un bouquet de fleurs dans une main et une petite enveloppe rouge et une feuille blanche dans l'autre.