Chapitre 11 -L'anniversaire d'Hermione - Partie 2

Hermione était heureuse. Sa coupe de champagne à la main, elle sirotait tranquillement la boisson pétillante en regardant tout ce petit monde attablé et rassemblé en son honneur. Le repas avait été une pure merveille. Elle avait choisi les spaghettis à la crème et aux champignons et n'avait absolument pas regretté son choix. Passée la honte d'avoir soufflé ses vingt bougies devant tous les clients du restaurant, elle fut bien obligée d'admettre que le gâteau au chocolat avait été délicieux.

Les conversations allaient bon train, l'humeur était à la fête et elle se sentait en paix avec le monde. Sa mère, Luna et Ginny parlaient du mariage Lovegood-Weasley qui arrivait à grand pas. Elle écouta d'une oreille distraite Luna expliquer à sa mère le déroulement d'un mariage sorcier. Face à elle, son père, Harry et Ron parlaient mécanique avec Samuel. Ce dernier, tout en faisant la conversation, lançait de temps à autre des œillades dans sa direction, la mettant de plus en plus mal à l'aise. C'est état empirait au fur et à mesure qu'elle sentait Drago se raidir à ses côtés.

Drago, lui, ne discutait avec personne. Se contentant d'écouter les conversations, assis à sa gauche, comme si le simple fait de s'éloigner d'elle lui était intolérable.

Ça aussi, ça la rendait mal à l'aise. Mais d'une façon très différente...

Elle était en proie à de sérieux dilemmes, et cela avait la fâcheuse tendance, même si elle passait une très bonne soirée, à lui mettre les nerfs à vif. Sans parler des sensations de plus en plus fortes au creux de son ventre.

La proximité de Drago ne faisait rien pour l'aider : elle sentait son odeur, douce et masculine à la fois, sa chaleur, qui irradiait doucement tout son côté gauche. Mais par-dessus tout, elle avait encore la sensation de ses doigts caressant son poignet, plus tôt, dans la voiture. Elle ne savait pas ce qui lui avait pris, ni pourquoi il avait fait ça, mais ça l'avait chamboulée plus que de raison. Et Ron et Luna qui s'embrassaient à perdre haleine à l'arrière ! Elle n'avait pas arrêté, ensuite, de s'imaginer à leur place, avec Drago... Alors que celui-ci caressait autre chose que son poignet...

Une main frôlant délicatement son genou gauche la fit sursauter en relevant la tête. Deux billes argentées la scrutaient avec inquiétude. Elle remarqua que toute sa table la regardait, attendant visiblement quelque chose. Elle se rendit compte alors que ses joues étaient rouges, et son souffle court.

– Hermione ? Est-ce que ça va ? demanda Harry, inquiet.

– Euh... oui, oui...

– Tu avais l'air pourtant très loin de nous... ajouta Samuel, le regard intense.

– Euh... Je crois que le champagne m'est un peu monté à la tête, mentit Hermione, se giflant mentalement.

– On dirait bien, oui, acquiesça Samuel, un sourire tendre sur les lèvres. Tu veux que je t'accompagne dehors, pour prendre l'air ?

Drago gronda, heureusement trop bas pour être entendu de tous. Mais sa réaction ne passa pas inaperçue pour Hermione, qui sourit intérieurement.

– Non, merci Samy. Ça va aller... De toute façon, on va bientôt partir, non ?

– En effet, ajouta Ginny en regardant sa montre. Il serait d'ailleurs temps de nous en aller...

Après que les parents Granger eurent embrassé leur fille et eurent souhaité une bonne soirée à tout le monde, ils quittèrent le restaurant, se donnant tous rendez-vous dans les vingt minutes devant le Copacabana.

Dans la voiture d'Hermione, les babillages de Luna et Ron maintenaient une certaine ambiance. Arrangeant assez Hermione dont l'esprit divaguait de plus en plus vers Drago.

La proximité du Serpentard lui était de plus en plus éprouvante, d'autant plus que la nuit les entourait. Malgré la pénombre, elle sentait par moment son regard sur elle. Et elle avait remarqué qu'il se triturait machinalement les mains. De grandes mains puissantes aux longs doigts fins et musclés... avec des... Bon, ok, c'était sûr : elle était en manque. Voilà qu'elle commençait à fantasmer sur les mains de Malefoy, maintenant ! Des doigts fins et musclés... Non mais n'importe quoi ! Des mains puissantes qui pourraient lui agripper les cuisses pendant qu'il... NON MAIS STOP !

Hermione secoua la tête pour faire partir ses idées de plus en plus salaces. Mais son corps, lui, en gardait les traces. De délicieux frissons lui remontaient le long de la colonne vertébrale, de même qu'une douce chaleur au creux de son bas ventre.

OH MERDE ! Elle était vraiment, mais alors vraiment en manque ! Et elle ne pourrait rien faire, avant de longs mois... Du moins avec Drago...

Devrait-elle avoir recours à d'autres méthodes avant de pouvoir assouvir ses envies de lui ?

Machinalement, ses yeux se posèrent sur Samuel qui roulait devant eux sur sa moto. C'est vrai qu'il avait du charme. Il était adorable et, elle devait bien l'avouer, tout à fait à son goût... Et sacrément sexy dans son cuir noir ! Et il était clair qu'elle ne le laissait pas indifférent. Elle était persuadée qu'il saurait parfaitement l'aider à régler son petit problème de manque. Mais elle le connaissait depuis si longtemps... Et puis, même si elle préjugeait qu'ils passeraient sûrement un très bon moment tout les deux, elle ne voudrait pas que cela débouche sur quelque chose de sérieux. Or, elle n'était pas sûre de ses intentions à lui.

Oui, c'est vrai, Samuel était gentil, mignon, sexy... Tout ce qu'elle voulait.

Mais... Il n'était pas Drago.

Résultat, elle ne voulait pas avoir recours à son ami pour assouvir son appétit sexuel. Elle voulait Drago. Les choses étaient maintenant claires pour elle. Et, même si elle n'en avait pas encore la preuve, elle était persuadée qu'il en était de même pour lui. Rien que ses réactions quand Samuel se montrait un peu trop attentionné envers elle le lui confirmait.

Elle sortit de ses pensées quand ils arrivèrent sur le parking du 'Copa'. Elle parvint à trouver une place pas trop loin de l'entrée et ils descendirent tous de la voiture, rejoignant les autres pour se diriger vers la longue file d'attente.

– Je reviens tout de suite, leur annonça Samuel en les quittant.

Il revint cinq minutes plus tard, le sourire aux lèvres et visiblement très fier de lui. Eux, n'avaient pas avancé d'un pas...

– Hey, je sais comment nous faire entrer directement, sans passer par la file d'attente. Ça vous intéresse ?

– Et comment ! s'exclama Ron dont les yeux se perdaient en essayant d'estimer le temps qu'ils mettraient à entrer.

– J'ai repéré un groupe d'amis qui sont très proches du début de la file. Ils veulent bien nous faire profiter de leur position si nous acceptons de partager les bouteilles avec eux.

– Vendu ! cria Ginny, enthousiaste.

Ils suivirent donc Samuel vers l'avant de la file où trois personnes lui faisaient de grands signes de la main.

– Je vous présente Maureen, son frère Lucas, et sa copine Lorna. Ils sont à l'université avec moi.

Chacun se présenta et ils finirent par entrer. Une serveuse les conduisit vers une petite table entourée de banquettes qui semblaient confortables. Drago laissa ses yeux vagabonder autour de lui. Ils étaient dans une grande salle sombre, seulement éclairée par des spots clignotants de différentes couleurs. Une musique techno se faisait entendre depuis les nombreuses enceintes disposées un peu partout. Plusieurs tables comme la leur étaient disposées autour d'un espace au sol laminé dont Drago devina qu'il devait s'agir d'une piste de danse : quelques personnes encore peu nombreuses, commençaient à s'égayer au son des rythmes électro.

Il entendit Samuel commander des boissons qu'il ne connaissait pas et la serveuse revint quelques minutes plus tard avec plusieurs bouteilles, des verres et un saut de glaçons. Ils étaient tous assis sur les banquettes, autour de la petite table et Drago grogna intérieurement : l'autre blond s'était débrouillé pour coincer Hermione entre lui et un accoudoir. Et lui, était assis entre Luna et cette Maureen qu'il ne connaissait pas. Il présageait que cette soirée allait être d'un ennui mortel. Surtout s'il ne pouvait pas approcher sa Gryffondor !

– Tiens Drago, goutte ça, lui proposa Hermione en lui tendant un verre par-dessus la table. C'est du Malibu.

Le Serpentard lui prit le verre des mains, méfiant face à cet alcool moldu au nom étrange. Il le porta à ses lèvres, le regard plongé dans celui d'Hermione – heureux qu'elle pense quand-même à lui malgré la proximité de Samuel – et but le délicieux breuvage. Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'il reconnaissait la saveur de la noix de coco mélangée à l'ananas. Il décréta qu'il aimait ça. Mais absolument pas parce que la noix de coco lui rappelait le parfum du gel douche d'Hermione... Non... Absolument pas !

Il remarqua vaguement que les filles se levaient et se dirigeaient vers la piste, et ne put s'empêcher de suivre Hermione des yeux. Oui, décidément, elle était à tomber, ce soir. Elle se déhanchait sur la piste, au milieu des autres danseurs, hilare, les joues rouges et les cheveux fous.

Par Salazar ! Qu'est-ce qu'il avait envie d'elle ! Il décida qu'un autre verre lui serait salutaire. Il demanda à Harry, désormais assis à côté de lui, de lui montrer ce qu'avait mis Hermione dans son Malibu. Ce qu'il fit sans lui poser de question.

Presque une heure était passée. Drago en était à son troisième verre et Hermione dansait toujours. Il s'ennuyait d'elle. Il avait chaud et soif, et la présence de Samuel le rendait grognon. À moins que ce ne soit le fait qu'il avait une terrible faim d'Hermione et qu'il ne pouvait rien faire du tout avant des mois. Il décida qu'un petit tour aux toilettes lui ferait du bien : il avait besoin de se passer un peu d'eau fraiche sur le visage. S'approchant des sanitaires, il se fit la remarque qu'il y avait bien une chose qui ne différait pas, que l'on soit dans le monde Sorcier ou dans le monde Moldu : il y avait toujours autant la queue devant les toilettes des femmes... Se donnaient-elles toutes rendez-vous à cet endroit-là ? Drago secoua la tête mais s'arrêta net lorsqu'il vit Hermione en sortir et se diriger vers lui.

– Alors, Drago ? Tu passes une bonne soirée ?

– C'est à toi qu'il faut demander ça. C'est ton anniversaire.

– Moi ça va. Mais je trouve que tu n'as pas l'air dans ton assiette... Tu me dis ce qui se passe ?

Ce qui se passe ? Bébé, j'ai envie de t'emmener dans le premier recoin susceptible de nous fournir un minimum d'intimité et de te faire l'amour jusqu'à l'épuisement... Voilà ce qui se passe ! pensa-t-il. Mais bien sûr, il ne pouvait pas lui dire ça. Alors, il opta pour un sujet plus neutre :

– J'ai chaud, se plaignit-il. C'est étouffant, ici !

Hermione s'approcha de lui – trop près à son goût – et posa sa main sur son bras droit.

– Remonte tes manches Drago, fit-elle en déboutonnant elle-même le bouton de manchette et enroulant le tissu pour le remonter sur son avant-bras jusqu'au coude.

– NON ! cria-t-il, alors qu'elle approchait ses mains de son autre bras. Il est hors de question que je...

– Ne t'inquiète pas, le rassura-t-elle en posant une main apaisante sur sa joue – ce qui eut le don de le faire taire direct. Personne ne reconnaîtra la Marque ici...

– Ah oui ? Et tes amis ?

– Eux, ils le savent déjà que tu es marqué... Et ils savent aussi que tu n'as pas eu le choix.

Voyant qu'il ne répondait rien – évidemment puisqu'il était perdu entre le chocolat de ses yeux brillants et la chaleur laissée par sa main douce et chaude sur sa joue qu'elle venait de quitter – elle défit doucement le bouton. Puis lentement, comme pour lui laisser encore le temps de refuser, elle fit remonter la manche, découvrant petit à petit le tracé noir du dessin gravé à jamais sur sa peau.

– Hermione... implora-t-il alors qu'elle laissait traîner ses doigts sur son bras.

– Je sais... Ne t'inquiète pas. Tout ira bien... Fais-moi confiance.

Tout à coup, ils se firent bousculer par deux types visiblement très éméchés et Hermione se fit catapulter contre Drago, lui-même se retrouvant coincé entre elle et le mur derrière lui.

Ils se retrouvèrent l'un contre l'autre, leurs visages à peine à quelques centimètres l'un de l'autre. Dans leur bousculade, Drago avait instinctivement passé ses bras autour d'Hermione tandis qu'elle s'était pelotonnée contre lui.

Elle arrêta de respirer. Cela pourrait être si facile, pensa-t-elle. Personne ne les verrait, ni même ne ferait attention à eux. Nombreux étaient les couples qui s'embrassaient dans ce genre d'endroit. Et leurs amis étaient soit sur la piste, soit assis dans les fauteuils de l'autre côté de la salle.

Drago ne savait pas quoi faire. C'était la deuxième fois qu'elle se retrouvait aussi près de lui. La dernière fois, ils étaient seuls dans la salle de bain, et il lui avait refusé le baiser qu'elle avait voulu amorcer. Cette fois-ci, ils étaient au milieu d'une salle bondée, où personne ne les remarquerait. Allait-elle tenter la même approche ? Allait-il, lui, faire le premier pas ? Il voyait ses joues rouges et sa respiration heurtée. Il voyait la lueur dans ses yeux suppliants.

– J'ai envie de t'embrasser, Granger.

La phrase sortit de sa bouche avant même qu'il n'ait pu penser à se taire. Mais c'était trop tard. Il l'avait dite. Et Hermione le regarda encore plus intensément, comme si elle lui demandait ce qu'il attendait encore pour le faire. Alors, lentement, Drago rapprocha sa bouche de la sienne. Puis, au moment où, enfin, ses lèvres allaient rencontrer les siennes, des cris affolés retentirent près d'eux : les deux types ivres commençaient à se battre. Ils se firent bousculer une deuxième fois, ce qui provoqua leur séparation.

Un attroupement se forma rapidement et deux vigiles arrivèrent, l'un se chargeant de jeter dehors les deux fauteurs de trouble, l'autre occupé à disperser la foule.

Drago et Hermione se retrouvèrent à plusieurs mètres l'un de l'autre, se regardant encore, leur lèvres les picotant d'avoir à peine effleuré celles de l'autre. Mais la magie du moment s'était envolée. Et ils rejoignirent leur table, chacun de son côté, frustrés comme jamais.

Les autres étaient assis, sirotant tranquillement leurs verres, transpirants et essoufflés d'avoir trop dansé. Aucun des sorciers ne fit cas de la Marque des Ténèbres visible sur le bras de Drago qui affichait une mine des plus contrariées.

– Waouh ! s'extasia cependant Maureen. Il est génial ton tatouage !

– Ouais... Ben si tu le dis...

– Carrément ! Ça te donne un côté rebelle, et plutôt... sexy !

– Euh... fit Drago, un peu gêné de tous les regards soudain tournés vers lui.

– J'ai chaud ! cria tout à coup Harry, par-dessus la musique, tentant tant bien que mal d'orienter la conversation vers d'autres contrées moins périlleuses.

– Oui, moi aussi, confirma Ginny. Il serait temps qu'ils fassent quelque chose ! Quelle heure est-il ? demanda-t-elle à la cantonade.

– Il est presque l'heure, annonça Maureen. Quelques minutes encore, je pense... D'habitude, c'est à deux heures...

Drago assistait à l'échange, de plus en plus sceptique. Mais de quoi parlaient-elles ? Bon, il avait découvert que le 'Copacabana' était une discothèque – lieu de rassemblement assez bruyant que les Moldus semblaient particulièrement apprécier, pour écouter de la musique, danser, et, visiblement, draguer ! Mais pas de quoi en faire tout un plat ! Non, visiblement, il y avait autre chose que pas mal de monde semblait attendre avec plus ou moins de patience.

Le Serpentard eut sa réponse quelques minutes plus tard lorsque le DJ prit le micro, laissant seulement une musique en sourdine.

– Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs ! Votre attention s'il vous plaît ! Beaucoup d'entre vous connaissent les habitudes de la maison... Et semblent inquiets de n'avoir encore rien vu venir...

Des cris retentirent dans l'assemblée, appuyant ses dires.

– Mais il y a une excellente raison à cela : figurez-vous qu'il m'a été rapporté que ce soir, au Copacabana, une certaine jeune femme fête son anniversaire !

Des têtes voyagèrent de droite à gauche pour découvrir qui était la personne en question, et Hermione eut tout à coup envie de partir en courant. Qui avait osé faire ça ?

– Nous allons demander à Mademoiselle Hermione Granger de venir au milieu de la piste ! Hermione ? Hermione Granger ? Allez, on l'encourage !

Et partout autour on entendit scander HERMIONE ! HERMIONE ! HERMIONE ! Avec des cris hystériques de plus en plus forts. Hermione ne savait plus où se mettre. Ginny et Luna – visiblement très fières d'elles – allaient lui payer ça très cher ! Tout le monde scandait son prénom, alors que personne, mis à part le petit groupe qui l'accompagnait, ne savait qui elle était. Elle lança un regard implorant à Drago non loin d'elle, qui disait clairement « sors-moi de là, par pitié ! » Le blond s'apprêtait à voler à son secours lorsqu'un projecteur se braqua sur elle, la faisant entrer dans la lumière, à la vue de tous.

Des cris assourdissants accompagnèrent le DJ qui était descendu de son estrade pour venir la chercher.

– Voici Hermione ! cria-t-il à l'assemblée en prenant sa main et la forçant à se lever. Hermione a vingt ans ce soir !

Il la mena au milieu de la piste.

– Croyez-vous qu'elle mérite un cadeau ?

– OUI ! hurla la foule en délire.

– Croyez-vous qu'elle soit digne d'un cadeau spécial 'Copacabana' ?

– OUI !

Les noctambules étaient à la limite de l'hystérie, maintenant, et Hermione, plus rouge que jamais, gardait malgré tout la tête haute, appréhendant la suite.

– Que mérite-t-elle ? demanda le DJ à la cantonade.

– DES BULLES ! cria un voix.

– Vraiment ? continua le DJ. C'est vrai... Elle est restée cachée alors que tout le monde criait son nom...

Il fit mine de réfléchir, maintenant un suspense insoutenable.

– Je crois que vous avez raison... Elle mérite un sacré SAVON !

– OUI ! LA MOUSSE ! LA MOUSSE ! LA MOUSSE !

Aussitôt après, la musique explosa et une grosse gerbe savonneuse s'abattit sur la piste, arrosant Hermione au passage. Puis la foule – Ginny et Luna en tête – investit rapidement les lieux et se mit à danser au rythme des notes entraînantes, criant, chantant et riant.

Ainsi, c'était ça, la spécialité du 'Copa' : les soirées « mousse » ! Tout le monde, sur la piste, se noyait dans les bulles blanches qui volaient et s'accrochaient un peu partout dans les cheveux et sur les vêtements des danseurs en délire, hurlant et riant au son de la musique et au rythme des néons et des stroboscopes.

Hermione, toute honte oubliée – maintenant qu'elle n'était plus seule – se déchaînait avec ses amies sur l'estrade, les cheveux mouillés, les vêtements collés à sa peau, rendant son corps plus attirant encore.

Voyant Samuel se rapprocher du petit groupe de filles en dansant, Drago décida qu'il était temps d'agir. Samuel ne lui prendrait pas Hermione ce soir – ni à aucun autre moment, d'ailleurs – décida-t-il. Foi de Malefoy, fut-il obligé de se couvrir de mousse – et de ridicule – pour ça !

Alors, d'un pas conquérant, il se dirigea vers la piste bondée.

Il fallait faire vite : Samuel était de plus en plus proche d'Hermione. Il s'en rapprochait lentement, mais sûrement, l'air de rien, tout en dansant. Drago, s'approchant lui aussi du petit groupe, eut alors une idée.

– Hey, Maureen, l'apostropha-t-il discrètement.

– Oui ?

– Tu devrais danser avec Samuel... Je crois savoir qu'il en meurt d'envie, mais qu'il n'ose pas t'inviter...

– Tu crois ? demanda la jeune fille, clairement intéressée.

Drago lui répondit par un signe de tête, assorti d'un regard plein de sous-entendus. Elle lui sourit, puis se dirigea vers l'homme en question, attrapant sa main à l'instant-même où celui-ci s'apprêtait à ravir celle d'Hermione.

Timing parfait, se félicita Drago.

Hermione était sur un petit nuage. Elle était couverte de mousse qui lui arrivait maintenant presque sous le menton. Elle se déhanchait au son d'un rythme latino qui battait dans ses oreilles. Ses yeux étaient fermés et elle revoyait en boucle dans sa tête ce qu'elle avait vécu avec Drago quelques minutes plus tôt. 'J'ai envie de t'embrasser, Granger' avait-il laissé échapper. Et par Merlin, ils avaient vraiment été très proches d'y arriver ! Mais il avait fallu que ces deux abrutis raides bourrés viennent tout gâcher !

Elle sentit tout à coup deux mains se poser sur ses hanches et un corps chaud et mouillé se coller dans son dos. Elle ouvrit les yeux et se figea. Au moment où elle voulut tourner sa tête pour dévisager celui qui avait l'audace d'un tel geste, elle entendit dans son oreille :

– Panique pas, Grangie, c'est moi.

Elle ferma les yeux et se détendit immédiatement.

– Dis-moi seulement si tu veux que je m'éloigne.

Pour toute réponse, elle posa ses mains sur celles de Drago et se déhancha de plus belle, collant son corps au sien qui se laissait guider par ses mouvements.

Drago pensa que c'était le moment le plus érotique qu'il avait vécu depuis longtemps. Il pensa même qu'il n'avait jamais vécu une chose aussi érotique. Et pourtant, il en avait vécu, des choses...

Mais là, avec cette mousse qui les cachait presque complètement, le jeu des lumières sur leurs corps se mouvant au rythme de la musique, les cheveux mouillés d'Hermione qui se collaient un peu partout sur lui. Et son corps... Son corps chaud et humide de transpiration, révélé par les vêtements collés sur sa peau... Ses fesses ondulant contre lui...

OH MERDE ! Elle commençait à le chauffer un peu trop, et il allait bientôt avoir un sérieux problème. Car même si la mousse cachait son bas ventre de la vue de tous, Hermione allait inévitablement sentir son érection naissante contre ses fesses. Et vu qu'il n'avait aucunement l'intention de s'éloigner d'elle, il décida de lui parler, tentant le tout pour le tout. Après tout, il était sûr, maintenant, qu'elle le voulait autant que lui, la voulait.

– Je ne supporte pas qu'il te touche, murmura-t-il dans son oreille alors qu'il resserrait son étreinte.

Hermione ne répondit rien, sachant très bien de qui il parlait. Elle se contenta de se coller encore plus à lui.

– Je ne supporte pas qu'il te regarde comme s'il allait te sauter dessus. Il n'y a que moi qui aie ce droit, gronda-t-il.

Elle frissonna à ces mots et il préféra s'assurer qu'il ne faisait pas fausse route :

– Ce n'est pas lui que tu veux, n'est-ce pas ?

Elle appuya délibérément ses fesses contre son érection qu'elle sentait depuis un petit moment.

– Tu es consciente de l'effet que tu me fais... Hein ?

Pour toute réponse, elle prit une main de Drago qui était posée sur son ventre et la fit remonter au niveau de ses seins, lui faisant sentir ses mamelons dressés. Juste pour lui montrer qu'il lui faisait le même effet.

Drago n'en revenait pas de ce qu'ils étaient en train de faire, là, au milieu de la piste bondée. Elle frottait ses fesses contre son érection et lui, la caressait par-dessus ses vêtements.

– Tu n'imagines pas à quel point j'ai env...

– Chut, le coupa-t-elle d'un doigt sur ses lèvres. Ne le dis pas. Nous ne pouvons rien faire jusqu'à la fin de ton contrat. Tu le sais, n'est-ce pas ?

Il acquiesça, incapable de formuler le moindre mot.

– Alors partant de là, je propose qu'on stoppe ce petit manège dès maintenant avant que ça ne dégénère – et toi et moi savons très bien que ça risque carrément d'arriver. Désormais, nous savons tous les deux exactement de quoi nous avons envie. Il faudra donc apprendre à composer avec ça.

– C'est-à-dire ? demanda Drago en desserrant son étreinte.

– Seras-tu capable de garder tes envies pour toi au quotidien ? De faire semblant que tu n'es pas intéressé ?

– Euh...

– Drago, me veux-tu au point de patienter dix longs mois pour pouvoir m'avoir ? Je ne te demande pas de me répondre maintenant. Mais je te demande d'y réfléchir.

Sur ses paroles, elle s'éloigna de lui et quitta la piste, rejoignant Ron et Harry qui discutaient sur la banquette.

Drago resta immobile au milieu de la piste. Le cœur affolé et une érection monstre dans le pantalon, les derniers mots d'Hermione raisonnant encore dans ses oreilles.

La voulait-il au point de patienter encore dix mois pour l'avoir, elle ? Était-il capable d'attendre autant de temps sans s'envoyer en l'air ? Malgré l'envie qu'il avait d'elle, était-il en manque au point d'aller voir ailleurs en attendant ? Mais plus que tout, serait-il en état de supporter de vivre avec elle sans pouvoir la toucher ? En étant sûr de l'avoir, au bout du compte ?

Merlin, oui ! Il en était capable ! Il la voulait et il l'aurait !

Dut-il rester abstinent encore presque un an, la réponse était claire : dès la fin de son contrat, Hermione Granger serait dans son lit !

Puisque ce n'était que ça, n'est-ce pas ? L'attirance qu'il éprouvait pour elle n'était que physique, non ? Évidemment que si ! Il était en manque de sexe, elle était désirable et à proximité... Il était donc normal que ses hormones se manifestent !

C'était tout. Il n'y avait rien d'autre, hein ?

Évidemment ! Quelle idée...

oOo. oOo. oOo. oOo. oOo. oOo. oOo.

Deux heures plus tard, les six sorciers rentraient chez Hermione, les oreilles bourdonnantes et les pieds endoloris. Samuel avait été forcé de ramener une Maureen particulièrement imbibée et entreprenante chez elle, son frère et sa copine étant partis plus tôt dans la soirée pour se trouver un petit coin sympa où ils pourraient pratiquer une activité toute aussi sympa.

Ils passèrent tous à la douche puis dans la cuisine grignoter un peu, tout en installant les matelas et les sacs de couchage. Les parents d'Hermione étaient allés dormir chez des amis, pour « laisser les jeunes s'amuser entre eux ».

À son tour, Drago sortit de la salle de bain et se dirigea vers le salon où il devait passer la nuit. Il entendait des cris et des éclats de rire au fur et à mesure qu'il s'avançait vers le bas de l'escalier. Curieux, il passa discrètement sa tête à l'angle du couloir et le spectacle qui se déroulait devant ses yeux le laissa perplexe.

En effet, dans le salon, Ron et Harry, se livraient, avec Ginny, Hermione et Luna, à ce qui ressemblait à la plus terrible des batailles de polochons !

Luna, en pyjama bleu et blanc, était debout sur le canapé, un oreiller dans une main, se protégeant le visage de l'autre en riant alors que le rouquin, seulement vêtu de son bas de pyjama violet la bombardait avec son coussin. Harry, en tee-shirt et caleçon avait coincé une Hermione hilare dans un coin et la canardait avec le sien tandis que Ginny, en chemise de nuit lui sautait sur le dos en rigolant pour sauver son amie, seulement vêtue d'un débardeur assorti d'un shorty.

Un coussin voltigea tout à coup vers le couloir pour atterrir en plein sur le nez de Drago, dévoilant ainsi sa présence aux autres. Le silence se fit, les autres attendant avec appréhension de voir sa réaction. Le Serpentard, vêtu lui aussi d'un bas de pyjama gris et portant sa serviette autour du cou, reposant sur son torse nu encore un peu humide, avança en silence, regardant droit devant lui.

– Désolée Drago, s'excusa simplement Luna, je ne t'ai pas fait mal, j'espère.

– Ça va... répondit-il en grimaçant et en frottant son nez un peu douloureux.

Il s'assit sur un des fauteuils et les regarda tous, jugeant de l'état dans lequel ils se trouvaient.

Voyant qu'il ne disait rien, la blonde, ignorant les doigts de Ron qui pressaient les siens pour lui faire comprendre de renoncer à continuer, vint s'asseoir à ses côtés.

– Tu sais comment se passent les batailles de polochons... Tu sais qu'il y a des risques de prendre des coups, annonça-t-elle comme pour se justifier. Je ne t'apprends rien...

– Et bien... En fait, commença-t-il, soudain honteux, les yeux baissés. Je n'ai jamais fait ça... Je... Ce n'était pas le genre de jeux auquel la Maison Serpentard était habituée...

– Mais alors, demanda Ginny, franchement curieuse, vous ne vous amusiez pas ?

– Non, répondit-il, embarrassé. Enfin, pas comme ça...

– Allez, laissez-le un peu tranquille, leur demanda Hermione qui voyait son « protégé » de plus en plus confus.

– Mais qu'est-ce que tu racontes Herm', reprit Ginny qui regardait son amie comme si elle était la dernière des demeurées. Au contraire, il est hors de question de le laisser tranquille !

Et, sans plus de cérémonie, elle attrapa son traversin et lui assena un bon coup sur le flan, lui coupant le souffle au passage !

Un silence aussi stupéfait qu'inquiétant suivit le geste de l'impétueuse rouquine qui regardait le blond en attendant les répercussions. Puis contre toute attente, Drago se mit debout, saisit un oreiller qui se trouvait là et l'envoya contre Ginny. Ce fut le signal. Chacun reprit son coussin et bombarda la moindre personne qui lui était accessible. Les rires reprirent et les cris hilares également.

Hermione, trop occupée à regarder Drago prendre part à sa première bataille de polochons, obnubilée par le vrai sourire qu'il affichait, ne vit pas l'oreiller de Ron atterrir sur sa tête, un peu plus fort que prévu. Un crac sonore se fit entendre, et une pluie de plumes s'abattit sur eux, bientôt suivi par d'autres cracs identiques. Les plumes volaient maintenant partout dans le salon, s'accrochant aux cheveux et aux vêtements de ceux qui se trouvaient là.

Se retournant tout à coup, les yeux de Drago tombèrent devant l'image la plus enchanteresse qui lui ait été donné de voir jusqu'à maintenant : Hermione, les joues rouges et les yeux brillants, tournoyait sur elle-même, riant, les bras en l'air, alors que les plumes blanches retombaient sur elle. Ses cheveux encore plus emmêlés que d'habitude ressemblaient à un nid d'oiseau, et, une nouvelle fois, il eut envie d'y passer ses doigts, enviant presque les plumes qui semblaient caresser son corps un peu dénudé.

Un raclement de gorge discret à côté de lui le fit redescendre sur terre et il se retourna vers Ginny qui lui adressa un sourire goguenard, digne d'un Serpentard. Levant les yeux au ciel d'exaspération de s'être fait si facilement prendre sur le fait, il se détourna et se dirigea vers une fenêtre pour contempler le ciel étoilé.

Oui, le temps allait être long, jusqu'à la fin de son Contrat...