Chapitre 12 -Le mariage

Trois semaines.

Trois semaines qu'elle avait pris sa décision, et Hermione s'en mordait déjà les doigts.

Ils avaient dérapé dans les grandes largeurs, avec Drago.

Plus le temps passait, et plus ils jouaient à un jeu dangereux. C'était comme si les paroles de Remus Lupin, au lieu de leur servir d'avertissement et de ligne de conduite, n'avait fait que les pousser l'un vers l'autre.

Un jeu terriblement dangereux, donc, qui avait débuté entre eux, sans qu'aucun des deux ne puisse être capable de dire qui avait réellement commencé le premier.

Le jeu du chat et de la souris, mais pas vraiment comme Tom et Jerry... Loin de là, même. Non. C'était d'avantage un jeu de séduction à la subtilité plus ou moins évidente, chacun soufflant le chaud et le froid selon son bon vouloir, et mettant irrémédiablement l'autre au supplice.

Après leur pseudo-discussion sur la piste de danse, ils n'avaient pas clairement reparlé de tout ça. Hermione avait demandé à Drago de réfléchir au fait d'être oui ou non capable d'attendre la fin de son contrat pour faire quoique ce soit avec elle. Il ne lui avait donné aucune réponse, qu'elle soit positive ou négative. Mais elle non plus, par ailleurs. Elle ne lui avait donné aucun indice qui aurait pu le mettre sur la voie de ce qu'elle ressentait, elle. Aucune piste pour savoir quelle décision il devait prendre. Lui non plus, ne savait pas ce qu'Hermione voulait réellement. Si elle était capable d'attendre, elle aussi, tout ce temps. Et c'était cela le plus embêtant. Rien n'était clair, mis à part qu'ils avaient la même envie l'un que l'autre.

Et c'était comme ça que le jeu avait commencé.

Au début, de simples effleurements sous la table, au détour d'un couloir dans la maison, lors d'une conversation. Puis, des insinuations plus ou moins subtiles, des regards intenses et brûlants… Ces gestes étaient devenus leur quotidien, histoire de bien rappeler à l'autre l'envie latente qui le consumait.

Et puis, ce jour-là, alors qu'Hermione arrivait dans la cuisine où l'attendaient ses parents pour partir au mariage de Ron et Luna, Maggie lui demanda d'aller chercher Drago qui était encore dans sa chambre.

Voyant là une nouvelle occasion de l'aguicher encore un peu, elle ajusta légèrement son décolleté et monta discrètement les escaliers, le cœur battant à l'idée de le surprendre cette fois-ci. La dernière fois, c'était lui qui l'avait surprise alors qu'elle sortait de la salle de bain. Arrivée à la dernière marche, elle se fit tout à coup plaquer contre le mur, ce qui coupa sa respiration.

– Où tu crois aller comme ça, Grangie ? demanda Drago contre son oreille, alors qu'il pressait déjà son corps contre le sien.

– Je venais te chercher... souffla Hermione, tremblante d'excitation. C'est bientôt l'heure de partir...

Voyant qu'il restait toujours contre elle, elle décida d'agir. Cette fois-ci, c'était elle qui gagnerait ! Elle avança discrètement ses mains de chaque côté des hanches du Serpentard, puis, tout d'un coup, plaqua ses mains sur ses fesses pour le rapprocher encore plus près d'elle. Il grogna de surprise et plongea ses yeux dans les siens. Hermione se sentit défaillir sous l'intensité de son regard. « Je te veux, et maintenant !» Voilà ce qu'il semblait lui dire. Elle déglutit, à court de mots, la gorge sèche et les joues rouges. Doucement, elle monta une de ses mains vers son beau visage et posa un doigt sur ses lèvres. Si elle n'avait pas le droit de les embrasser, elle pouvait au moins les toucher. Elles étaient douces et chaudes. Il déglutit à son tour, fermant les yeux sous la tendre caresse. Il rapprocha un peu plus son visage du sien, mais dévia vers son oreille au dernier moment, laissant tout de même son nez caresser sa joue.

– Tu vas me tuer... murmura-t-il le souffle court. Allez, viens, on descend, avant que je ne fasse une grosse bêtise...

Il s'éloigna d'elle à regret, non sans avoir laissé trainer ses doigts le long de sa taille, agrippant au dernier moment le tissu de la robe fluide qu'elle portait.

– Nous sommes deux, dans ce cas... répondit-elle dans un souffle juste avant de s'engager dans les escaliers.

Maggie et Jack attendaient leur fille et Drago dans l'entrée, excités à l'idée d'assister à un mariage Sorcier, pour la première fois de leur vie. Hermione leur avait toutefois expliqué que le mariage auquel ils allaient assister différait en tout point de la plupart des mariages sorciers – Luna oblige ! Drago se demandait bien ce que Loufoca avait encore été inventer. Et il ouvrit de grands yeux lorsqu'Hermione lui apprit qu'ils allaient prendre un Portoloin qui les mènerait jusqu'au site sacré de Stonehenge. En revanche, il bouda un peu quand elle lui rappela qu'elle ne partirait pas avec eux. Faisant partie des demoiselles d'honneur, elle se devait de rejoindre Luna un peu avant la cérémonie.

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Ils arrivèrent tous sur le lieu sacré. Les gigantesques pierres de Stonehenge se dressaient devant eux telles les colossales statues de l'Île de Pâques. Ils entrèrent au sein de l'enceinte circulaire, dans un silence quasi religieux – signe de déférence envers le sacro-saint édifice. Ils longèrent l'intérieur du cercle pour se placer tout autour, tournés vers le centre où aurait lieu l'union des mariés.

Drago sentit la magie crépiter autour de lui, ignorant s'il s'agissait de l'effet d'un tel lieu, de la présence de tant de sorciers, de la sacralisation de l'événement à venir, ou bien d'un peu de tout à la fois. Il se demanda vaguement si les parents d'Hermione ressentaient les changements dans l'atmosphère. Il s'apprêtait à leur poser la question quand un son profond et régulier se fit entendre, attirant le regard de tous vers un espace plus large que les autres entre deux mégalithes.

Ce fut comme si tout le monde avait soudain cessé de respirer, quand le petit groupe fit son entrée, avançant lentement, en file indienne, vers la pierre d'autel, située au centre.

Elles étaient cinq : Fleur Delacour – épouse Weasley – ouvrait la marche, suivie de Ginny. Luna arrivait en troisième, puis Hermione et enfin une jeune fille, plus jeune, dont Drago apprit plus tard qu'il s'agissait de Stella, une cousine de la mariée.

Le bruit qui avait attiré l'attention de l'assemblée un peu plus tôt se fit entendre une nouvelle fois. Mais désormais, on pouvait aisément en deviner l'origine. En effet, Ronald Weasley, seul derrière l'autel, tenait dans ses mains ce qui ressemblait à une énorme conque aux teintes rosées. Ses pieds étaient nus, et il portait un ensemble pantalon et chemise de toile beige. Il regardait avec une grande fascination le petit groupe qui s'avançait vers lui.

Les jeunes femmes s'arrêtèrent devant l'autel, et enfin, Drago put les détailler à sa guise. Elles étaient pieds nus, à l'instar de Ron. Leurs cheveux, agrémentés d'une couronne de fleurs, s'agitaient sur leurs épaules au gré de la brise fraîche de cet après-midi ensoleillé.

Luna était vêtue d'une longue toge blanche, ceinturée sous la poitrine et piquée de centaines de petites perles irisées qui reflétaient avec douceur la pâle lumière du soleil. Une couronne de baies entrelacées de petites violettes retenait ses longs cheveux blonds et brillants. Elle resta au centre tandis que les quatre autres se positionnaient face à elle, tout autour. Celles-ci portaient quant à elles de simples robes jaune pâle, à fines bretelles, dont les longs pans fendus à divers endroits remuaient sous le vent, laissant voir leurs jambes quand elles marchaient. Elles portaient de minuscules fleurs roses autour de la tête, et arboraient cet air concentré des fidèles invoquant leurs Dieux.

Fleur se plaça derrière elle, tendit son bras et posa une main sur son épaule droite. Stella, prit place face à Luna et posa la sienne sur son épaule gauche. Hermione et Ginny, respectivement placées à droite et à gauche de la mariée, lui prirent chacune une main.

– Ne me dites pas qu'elles vont invoquer la Magie des Éléments ! s'étonna Minerva McGonagall, postée à quelques pas de Drago, moitié admirative, moitié craintive.

– Mais si, c'est exactement ce qu'elles comptent faire ! confirma Molly Weasley à ses côtés, de la fierté et de la joie plein les yeux.

– La magie du Féminin Sacré... lâcha Minerva, en secouant la tête, incrédule. Une magie qui ne peut être pratiquée que par des femmes...

– Et oui, et c'est bien sûr Luna qui en a eu l'idée ! expliqua Arthur Weasley qui tenait la main de sa femme. Cette petite est fabuleuse, rajouta-t-il avec une tendresse non dissimulée alors qu'il adressait un clin d'œil aimable à Xenophilius Lovegood, non loin d'eux.

La Magie des Éléments ? se demanda Drago. Elles savaient faire ça? Et Hermione aussi ?! Décidément, la Gryffondor l'étonnait de jour en jour ! Et Loufoca aussi ! D'ailleurs, à bien y réfléchir, avec ce qu'il venait d'apprendre, la Serdaigle méritait tout son respect. Il se promit de ne plus jamais se moquer d'elle ou de sa façon de penser.

Ses réflexions s'arrêtèrent net quand la conque raisonna une nouvelle fois. Puis, les voix des cinq jeunes femmes s'élevèrent, claires et fortes :

– Esprits de la Nature, vous qui êtes liés aux Quatre Éléments, nous vous invoquons en ce jour sacré. Entendez nôtre appel !

Fleur leva vers le ciel sa main qui n'était pas sur l'épaule de Luna et cria :

– J'en appelle à vous, Sylphes et Sylphides, Esprits de l'Air et du Souffle de Vie. Venez bénir cette union !

Elle fit appel à son pouvoir de Vélane et créa des tourbillons d'air en agitant sa main. Les volutes tournèrent autour de Luna quelques instants, faisant voler ses cheveux, puis disparurent.

Ron souffla à nouveau dans le gros coquillage, et Stella, sa baguette pointée vers le sol, clama à son tour :

– J'en appelle à vous, Gnomes et Fées, Esprits de la Terre et de la Nature, qui évoquez la fécondité et la prospérité. Venez bénir cette union !

S'élevèrent alors dans les airs de minuscules loupiotes – les fées – semblables à des lucioles qui voletèrent autour des cinq jeunes femmes, au rythme des clochettes annonçant la présence des gnomes, pourtant invisibles de tous.

Quelques secondes plus tard, tout ce petit monde disparut et la conque retentit de nouveau. Ginny leva sa main libre et psalmodia à son tour :

– J'en appelle à vous, Naïades Ondines, nymphes et génies des Eaux, Esprits de la Pureté et de la Source de Vie. Venez bénir cette union !

Elle agita ses doigts et une brume fraîche les enveloppa, déposant de minuscules gouttes de rosée sur les cheveux de la mariée.

La conque se fit de nouveau entendre, et ce fut Hermione qui prit la parole :

– J'appelle les Salamandres, Esprits du Feu Sacré, qui évoquent l'amour et la passion. Venez bénir cette union !

Elle agita sa main et des flammes jaillirent tout autour d'elles, les encerclant en leur procurant une douce chaleur, bienvenue après la brume fraîche.

Drago entendit clairement les parents Granger étouffer une exclamation à la vue de ce feu qui venait de sortir des doigts de leur propre fille. Et, encore une fois, il avait l'impression qu'Hermione avait allumé un brasier dans son corps, à l'instar de celui qui était apparu devant eux.

Une dernière fois, la conque retentit et les cinq jeunes femmes changèrent de position. Elles s'alignèrent face à la pierre d'autel, Luna toujours au milieu, Hermione à sa droite puis Stella (toujours munie de sa baguette), et Ginny à sa gauche, puis Fleur. Elles se tenaient les mains qu'elles levèrent dans les airs, le visage tourné vers les cieux.

Ron recula de deux grands pas, puis, d'une voix claire, Luna cria :

– J'en appelle à toi, Gaïa, Déesse Mère et Ancêtre des Dieux, qui personnifie la Terre. De même qu'à toi, Ouranos, qui personnifie le Ciel et la Vie. Entendez mon appel ! Venez bénir cette union ! Imprégnez cet autel de votre Magie !

Les cinq jeunes femmes agitèrent doigts et baguette vers le ciel, provoquant d'autres variations dans l'atmosphère. Quelques secondes après, et à la stupeur générale, deux éclairs vinrent foudroyer l'autel, au même instant, laissant la pierre luminescente derrière eux.

Les Dieux les avaient entendues. Ils venaient de consacrer la pierre qui allait être témoin de l'union de Luna et Ron.

Elles abaissèrent leurs mains, de même que leurs visages. Luna et Ron se regardèrent, ce dernier avec une indicible fascination pour sa promise. Ses yeux débordaient d'amour pour celle qui allait, dans quelques minutes, devenir sa femme, et on pouvait lire sans peine sur son visage toute l'ampleur de son émotion.

Luna avait les yeux brillants quand les filles lâchèrent ses mains pour s'éloigner de la pierre consacrée. Elle fit le tour de l'édifice pour rejoindre son fiancé, et, avec déférence et respect, un très vieux sorcier s'avança vers eux, baguette en main. L'union allait enfin pouvoir être célébrée, les mariés allaient enfin pouvoir énoncer leurs vœux.

Fleur, Hermione et Ginny rejoignirent le groupe formé par leurs parents respectifs qui les regardaient arriver, de même que Minerva, Drago, Gabrielle et tous les autres frères Weasley. Une espèce d'aura émanait d'elles qui fit frissonner tout le monde.

Drago n'arrivait pas à détacher ses yeux d'Hermione, qui avait prit place à ses côtés, les yeux brillants d'émotion à la vue de ses deux amis qui échangeaient leurs promesses devant le Mage, mais aussi devant tous ceux qui avaient répondu présent en cette journée extraordinaire. Pourtant il se força à regarder vers l'autel.

Elle était très proche de lui. Et tout le monde regardait dans la même direction. Il avait une envie presque viscérale de prendre sa main, de nouer ses doigts aux siens pour ne plus les lâcher. Allait-il avoir l'audace de le faire ? Comment réagirait-elle s'il emprisonnait sa main dans la sienne, alors qu'ils n'étaient pas seuls ? Ils étaient presque collés, tellement il y avait de monde. Il lui suffisait de décaler ses doigts de trois ou quatre centimètres, et il pourrait la toucher. Il risqua un coup d'œil dans sa direction. Ses yeux étaient baignés de larmes. Ce fut le déclic, il n'y réfléchit plus. Il attrapa sa main et entremêla leurs doigts, attendant sa réaction le cœur battant. Celle-ci ne mit pas longtemps à arriver, mais pas celle à laquelle il s'attendait : elle resserra son étreinte, presque avec reconnaissance et inspira une longue goulée d'air. Drago ferma brièvement les yeux, soulagé.

Ensemble, ils regardèrent le mage lier les mains des mariés à l'aide de sa baguette faisant apparaître un ruban doré qui s'enroula de lui même autour de leurs poignets.

Le vieillard prononça une ultime incantation et le ruban se délita en un millier de petites paillettes qui s'envolèrent dans les airs, puis s'éloigna des deux jeunes mariés. Ceux-ci se tournèrent vers l'assemblée, le visage radieux. Ron, les yeux brillants, prit doucement le visage de Luna dans ses mains et, très lentement, comme pour prolonger la magie du moment, approcha ses lèvres des siennes. Le baiser passionné qu'ils échangèrent donna comme un signal, et tout le monde applaudit et félicita les jeunes mariés.

Voilà, la cérémonie était terminée, et Hermione avait lâché la main de Drago pour pouvoir applaudir ses amis. Celui-ci mit un temps avant de réagir, sentant encore les picotements de sa peau qui réclamait déjà un nouveau contact de la sienne.

L'heure était maintenant arrivée de quitter cet endroit et de rejoindre le lieu où se tiendrait la fête du mariage. Des Portoloin avaient été mis à disposition en ce sens. Et l'on vit des familles entières disparaître avec un objet insolite à la main.

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Cela faisait un peu plus d'une demi-heure que les invités du mariage étaient arrivés pour participer à la fête. Et d'autres personnes arrivaient encore.

Une gigantesque toile de tente avait été installée dans le jardin du Terrier. Hermione avait disparu avec la mariée et les autres demoiselles d'honneur afin de passer leurs robes de soirée, et Drago attendait patiemment, assis à une table, en compagnie des parents Granger. Il n'osait pas bouger : bon nombre de sorciers le regardaient d'un œil insistant, reconnaissant sans aucun doute possible le Mangemort qu'il avait été, et il pressentait que s'il se retrouvait seul, certains pourraient facilement lui tomber dessus. Mais ce qui le perturbait le plus, c'était sans conteste la présence de nombreux membres du Ministère, dont Remus Lupin et ses collègues du Département d'Insertion. Il devrait surveiller de près son comportement face à Hermione afin d'éviter tout soupçon concernant leur relation.

Il commençait à désespérer de revoir Hermione un jour lorsque des sifflements approbateurs se firent entendre. En effet, les mariés venaient de faire leur entrée, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ne passaient pas inaperçus... Si Luna était superbe dans sa robe rose pastel, Ron, lui, était assez comique dans son costume jaune poussin, qui jurait royalement avec ses cheveux. Mais le sourire béat qu'il arborait aurait découragé n'importe qui de se moquer de lui. Même Drago, qui pourtant s'était attendu à ce genre de couleur criarde de la part de Luna, n'y trouva rien à redire. Au contraire, il l'enviait, même : il enviait son bonheur, la simplicité de son avenir, la joie qui se lisait sur les visages de sa famille.

Lui aussi aspirait à un avenir comme le sien.

Son esprit se bloqua tout à coup, incapable de poursuivre le cours de ses pensées. Hermione venait d'entrer avec les autres demoiselles d'honneur. Leurs robes mauves étaient assorties à celle de Luna. Elles avaient des formes et des coupes différentes, mais l'ensemble était stupéfiant. Hermione était renversante. Du moins, c'est tout ce que le cerveau de Drago lui envoya comme information. Une douce musique se fit alors entendre, et les jeunes mariés investirent la piste, sous le regard admiratif de toute l'assemblée. Le cerveau de Drago se remit enfin à fonctionner normalement, et lui envoya un message le poussant à se lever pour aller inviter sa jolie tutrice à danser, d'autant plus qu'elle se dirigeait lentement vers lui, les yeux pleins d'espoir.

Il amorça quelques pas dans sa direction quand un grand brun apparût dans son champ de vision, le faisant stopper net.

– Herrrmione ! Comment vas-tu ? fit le grand brun en question.

Et Drago sentit comme une énorme brique tomber dans son estomac.

– Viktor ! Bonjour ! répondit la jeune femme d'une voix un peu trop aigüe, clairement surprise.

– Tu es encorrrre plus belle que la derrrrnière fois que l'on s'est vu, signifia-t-il avec un regard entendu qui ne plus absolument pas à Drago, d'autant plus que la demoiselle n'en pouvait plus de rougir.

– Heu... Merci...

– Voudrrrais-tu me fairrre l'honneurrr d'une danse ? demanda le Bulgare en lui prenant la main.

Hermione jeta un œil dans la direction de Drago qui n'avait plus bougé depuis l'arrivée de Viktor. Il lui lança un regard brûlant de sous-entendus, mais elle n'en tint pas compte, se disant que de toute façon, une danse ne signifiait rien.

– Oui, d'accord... Avec plaisir...

Il acquiesça en souriant puis la conduisit sur la piste, où de nombreux couples avaient déjà rejoint les mariés. Drago, dégoûté, tourna les talons et sortit de la tente. Il avait besoin d'une bonne bouffée d'air frais. Sa réaction ne passa pas inaperçue et une certaine demoiselle aux cheveux roux le suivit discrètement.

Le Serpentard était accoudé à la barrière qui entourait le poulailler, le cœur lourd et des interrogations plein la tête. Il ne se retourna pas quand il sentit quelqu'un adopter la même position que lui, à sa droite.

– Je sais que je n'ai aucun droit de m'immiscer dans ta vie, Drago, mais... J'ai vu comment tu la regardes. Et... J'ai aussi entendu parler de la nouvelle clause du Contrat qui vous lie.

– Je ne vois pas de quoi tu parles, Weaslette.

– Je voulais juste de prévenir, comme ça, en passant...

– Et bien... Merci...

– Je ne sais pas si tu es au courant, mais... Elle a vécu quelque chose avec Viktor Krum, en quatrième année, ajouta Ginny sans tenir compte du sarcasme évident de Drago.

– Et alors ?

– Et bien... Comment dire... Elle nous a raconté à Luna et moi la façon dont cela s'est passé. Et, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a été on ne peut plus parfait avec elle. Je veux dire... Il a su se montrer tendre et vraiment très prévenant. Surtout pour une première fois...

– Dis, t'es vraiment obligée de me raconter ça ? demanda Drago en se tournant enfin vers elle.

– Ce que j'essaie de te faire comprendre, c'est que... Une femme se rappelle toute sa vie de sa première fois. Et de celui avec qui elle l'a vécue. Et si celui-ci a su y faire, et bien, il est évident qu'Hermione s'en souvienne... Et... enfin... Il semble que lui aussi, s'en souvienne. Tu vois ?

– Oui, je vois... Mais je ne comprends pas pourquoi tu me dis ça. Granger est une adulte, maintenant. Elle a le droit de faire ce qu'elle veut, avec qui elle veut, non ?

– Drago, arrête... soupira Ginny, blasée. Ce n'est pas la peine de dire des choses que tu ne penses pas.

– Je ne vois pas...

– Ce que j'essaie de t'expliquer, insista-t-elle, c'est que tant qu'elle ne saura rien de tes réelles intentions à son égard, elle ne saura pas vraiment quelle attitude adopter.

– Comment ça ?

– Tu crois que personne n'a remarqué ce que vous faites ? Tu crois que l'on n'a rien vu de votre petite danse le soir de son anniversaire ? Je crois que l'un comme l'autre, vous êtes persuadés qu'il n'y a rien d'autre que de l'attirance physique entre vous...

– C'est exactement ce qu'il y a ! confirma-t-il. Rien d'autre.

– Ah non ?

– Non.

– Alors, dis-moi un peu ce que tu fais ici, tout seul, à bouder dans ton coin depuis qu'Hermione a accepté l'invitation de Viktor ?

Le Serpentard lui lança un regard réfrigérant qui n'eut d'autre effet que de faire sourire Ginny. Elle lui lança à son tour un regard entendu, et, le laissant cogiter, repartit sous la tente, avec la ferme intention de forcer Harry à danser. Drago ne pouvait s'empêcher de tourner et retourner encore cette conversation dans sa tête. Il avait peur que cette fille Weasley ait réussi à voir clair dans ses sentiments alors que lui-même pataugeait littéralement. Avait-elle raison quand elle affirmait qu'il y avait autre chose qu'un désir physique ? Se voilait-il la face en refusant de voir la profondeur de ses sentiments pour Hermione ? Il n'avait pas de réponse claire. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il avait ressenti une douleur cuisante lorsqu'elle était partie danser avec Krum. Mais était-ce de la jalousie, ou bien simplement de l'amertume face au fait qu'elle danse avec un autre que lui ? Parce qu'une chose était sûre, du moins de son point de vue à lui, Hermione Granger lui appartenait. Elle était sa tutrice. Il devait la suivre comme son ombre jusqu'à la fin de son contrat. Et plus que tout, c'était pour coucher avec elle – et elle seule – qu'il avait décidé de jouer les abstinents pendant presque une année !

Elle était donc à lui. Et un Malefoy ne partageait pas !

Voilà... Ce devait être pour cette unique raison qu'il se sentait grognon. Et d'ailleurs, il allait de ce pas revendiquer ce qui lui revenait de droit. Il allait éjecter ce Viktor Krum de la partie, aussi sûrement que Potter avec débarrassé le monde Magique de cette plaie à la tête de serpent !

Après tout, ce que Malefoy veut, Malefoy l'obtient ! Toujours.

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Cela faisait maintenant trois morceaux qu'Hermione dansait avec Viktor. Au début, elle avait trouvé l'idée intéressante de voir comment Drago allait réagir. Elle l'avait bien vu se diriger vers elle peu avant que le Bulgare ne l'intercepte. À vrai dire, elle espérait qu'il l'inviterait à danser. Mais elle ne savait pas s'il oserait le faire devant tout le monde. Et il y avait également beaucoup de gens qui travaillaient au Ministère.

Alors, elle avait voulu le pousser un peu dans ses retranchements. Quand Viktor l'avait invitée, elle avait voulu voir la réaction de Drago. Pas qu'elle voulait le voir se battre pour elle, non, tout de même. Cela aurait pu avoir des conséquences fâcheuses ! Mais qu'au moins, il défende sa position. Au lieu de ça, il avait crispé sa mâchoire et tourné les talons. Était-il vexé qu'elle ait accepté ? Allait-il profiter qu'elle soit occupée avec un autre homme pour aller assouvir son envie avec une autre ? Avait-elle fait une erreur en acceptant l'invitation de Viktor ? Devrait-elle profiter de cette danse avec son ex Bulgare pour se laisser aller et accepter les avances qu'elle devinait dans ses propos de moins en moins subtils ?

Là, tout de suite, elle n'était pas sûre de ce qu'elle ressentait. Voulait-elle partir à la recherche de Drago ? Au risque de le trouver en compagnie d'une autre femme ? Devait-elle attendre qu'il revienne ? Et s'il revenait, mais pas seul, comment réagirait-elle ? Cette idée lui tordit l'estomac et lui donna la nausée. Pour quelle raison ? Par jalousie ? Parce que ce qu'elle ressentait pour Drago était bien plus que du désir ? Elle n'eut pas le temps d'y réfléchir d'avantage qu'elle entendit une voix bien connue s'adresser à son cavalier :

– Excuse-moi, Krum, mais les mariés te demandent... mentit Drago en pointant Ron et Luna qui discutaient joyeusement avec un couple d'invités.

– Ah ? Trrrès bien... Heu... fit-il en se tournant vers Hermione, incertain de sa réaction s'il l'abandonnait au milieu de la piste.

– C'est bon, je vais danser avec elle, proposa le Serpentard, comme s'il se dévouait pour une corvée particulièrement pénible.

– Herrrmione ? Je peux te laisser avec lui ? s'enquit Viktor, inquiet.

– Oui, c'est bon, tu peux y aller sans crainte... Je vais danser avec Malefoy, répondit Hermione en essayant de ne pas paraître trop heureuse. Quant à toi, dit-elle à son nouveau cavalier dès qu'elle se retrouva seule avec lui, je me demandais quand tu allais te décider...

– Il faut savoir se faire désirer, lança-t-il sarcastique.

– Comme si tu n'y arrivais pas déjà en temps normal... répliqua Hermione en levant les yeux au ciel.

– Tu avoues ? demanda-t-il, surpris.

– Quoi donc ?

– Tu avoues clairement que tu me désires ?

– Non, je ne l'avouerai pas... rougit Hermione tout à coup. Pas tant que toi, tu ne l'avoueras pas.

Drago lui adressa le plus beau des sourires, la fit tournoyer autour de lui au son de la musique, puis, la ramena vers lui.

– Alors écoute bien...

Il la fit tournoyer une nouvelle fois, histoire de ménager le suspense, et quand elle revint vers lui, la colla contre son corps. Puis, dans un murmure contre son oreille, il se lança :

– J'ai tellement envie de toi que j'en ai le souffle coupé. Le simple fait de poser les yeux sur toi me rend complètement fou. Je ne te parle même pas des moments comme celui-ci où je te tiens dans mes bras. Toutes les nuits je fais des rêves où je t'entends crier de plaisir sous mes assauts...

– Drago... implora Hermione le souffle court d'émotions face à ces aveux inespérés.

– Et tu connais le pire ?

– Dis-moi... haleta-t-elle, pantelante.

– Je suis malade dès qu'un autre homme t'approche, que ce soit Samuel ou Krum, ou n'importe qui d'autre, parce que j'ai peur que tu ne tiennes pas jusqu'à la fin de mon contrat et que tu ailles voir ailleurs...

Elle recula son visage pour bien le regarder droit dans les yeux.

– Je n'irai pas voir ailleurs, Drago Malefoy, avoua-t-elle enfin, les joues rouges et le corps tremblant de désir. Je te veux. Toi, et personne d'autre. Je tiendrai jusqu'à la fin de ton contrat... Mais seulement si tu me promets d'en faire autant.

Il réfléchit un instant à la manière dont il allait formuler sa réponse. Il ne voulait pas commettre d'impair. Puis, prenant une grande inspiration, il vrilla ses yeux aux siens, comme pour sceller sa promesse.

– Je ne pourrais même plus imaginer un autre corps que le tien, sous le mien.