Chapitre 1

Pov Jamie

Le lycan, que j'avais pris pour un humain avant de goûter à son sang, était amusant. J'avais senti l'odeur exquise de son sang depuis l'endroit de la forêt où j'avais élu domicile depuis quelques années. Je changeai régulièrement de forêt depuis que j'étais adulte, après ma phase où j'avais essayé de vivre comme une humaine, sans succès, les humains n'aimaient pas les vampires. Je fus adulte vers 6 ans mais je ne savais pas si c'était un âge normal pour devenir adulte pour un vampire, mon père s'était souvent étonné que je grandisse si vite et j'étais le seul vampire à être né. Tout les autres avaient été transformés, passant de totalement humains à totalement vampires. Je n'étais ni totalement humaine ni totalement vampire et ne connaîtrai jamais ce que ça faisait d'être totalement l'un ou l'autre.

Le lycan s'appelait Edward, je ne savais pas pourquoi il avait tenu à ce que je sache son nom alors qu'il pensait que j'allais le tuer. Il avait les yeux verts, des cheveux cuivres assez longs, emmêlés autour de sa tête, sa peau était claire et une barbe de quelques jours entourait sa mâchoire. Il semblait avoir entre 30 et 40 ans mais je n'étais pas douée pour deviner les âges. J'avais dû partir chasser parce le peu de sang que j'avais goûté de lui ne m'avait pas suffi.

Puis j'étais revenue avec mes deux proies, finissant de boire le deuxième lapin. Je crois que j'avais réussi à arriver à vitesse humaine. Du moins, il n'avait pas sursauté.

Je fis la cuisine pendant qu'il n'arrêtait pas de parler. Il m'indiqua que sa meute n'allait pas venir, peut-être pour m'inciter à le tuer en me signifiant que je n'allais pas avoir de problème si je le faisais. J'avais rencontré un lycan une fois, il n'avait pas été aussi coopératif quand mon père voulait m'obliger à le tuer.

J'avais passé les 6 premières années de ma vie à désobéir à mon père quand il cherchait à me faire tuer des humains et ce lycan. Il avait fini par me laisser me nourrir des humains sans que je ne les tue mais je savais qu'il passait derrière moi pour les tuer à ma place. Dès que j'ai été adulte, j'avais pu comprendre les choses que mon père refusait de m'apprendre en ce qui concernait ma partie humaine et j'étais partie.

Finalement, Edward croyait que j'étais sourde parce que je ne montrai aucun intérêt à ce qu'il me disait et il se mit à me raconter son histoire avec sa femme. C'était distrayant. J'avais jamais couché avec qui que ce soit, malgré quelques occasions manquées et on ne m'avait jamais raconté ce genre de choses alors j'avais écouté avec intérêt en m'occupant du lapin.

Je lui avançai son bol, avec précaution parce qu'il pouvait me mordre et me tuer puis me servis un bol.

« Attends, tu peux manger de la viande ?

Je lui lançai un regard amusé, pris un morceau et le mis dans ma bouche puis souris. Je crus qu'il allait mourir de honte quand il se rendit compte que j'avais compris toute son histoire sexuelle. Ça me fit rire.

Après ça, il essaya de communiquer avec moi mais je ne lui répondis jamais. Il finit par abandonner l'idée et me racontait des trucs qui le concernaient ou qui concernaient d'autres gens.

Le lendemain, j'examinai sa blessure qui n'avait pas encore guéri, signe qu'il avait été blessé par quelque-chose en argent. Quand je posai mon doigt sur lui pour remonter son t-shirt que j'avais déchiré, il eut un léger râle de douleur. Je fronçai les sourcils et regardai là où j'avais posé mon doigt. Il y avait un bleu et c'était enflé, sa côte était probablement cassée. Je ne pouvais pas guérir sa côte avec ma salive parce que c'était à l'intérieur de son corps, il faudrait que je lui fasse boire mon sang mais je ne pouvais pas croquer mon poignet et le lui mettre dans la bouche. Il allait me mordre et me tuer avec sa salive toxique pour les vampires.

Je pris donc un bol en plastique, croquai mon poignet et laissai mon sang couler dedans avant que ma morsure ne se referme. Puis je l'obligeai à avaler mon sang parce qu'il n'était pas coopératif. Je refis le même manège qu'hier avec ma salive sur sa blessure. Vu qu'il avait bu mon sang, ça faciliterait la guérison pour ça aussi. Quand il bougea, je grondai et me précipitai loin de lui pour ne pas qu'il me vole le sang resté sur ma main. C'était à moi. Je me raisonnai et calmai mon instinct. Non, il n'allait pas me voler le sang que j'avais sur la main, c'était même pas un vampire.

Plus tard, je partis à la chasse mais sur le chemin du retour, je sentis un vampire et courus plus vite. Edward était debout, il allait mieux visiblement, il avait les muscles tendus et les crocs sortis, face à Eléazar, prêt lui aussi à attaquer. Je laissai tomber le cerf et fonçai sur le seul ami que j'avais - sauf si on considérait que James était aussi un ami mais lui cherchait juste à s'accoupler avec moi. Il fut propulser contre les arbres, en abattit un sur le passage et abîma quelques autres troncs. Il revint en vitesse mais s'arrêta à quelques mètres de moi. Eléazar était calme tandis que je lui grondai dessus, en position défensive devant Edward.

« Désolé, Jamie. Je vois que tu t'en prends désormais à des... animaux plus gros. Je ne voulais pas te piquer ton repas.

Je grondai plus fort, il ne fut pas effrayé et me sourit.

« Ton... ami ?

Il s'éloigna et leva les mains.

« Je t'ai apporté de nouveaux vêtements et des nouveaux trucs à manger.

Il disparut entre les arbres et revint avec un sac qu'il déposa près d'un arbre. Il l'ouvrit et me lança un tube en carton. J'arrachai le couvercle en plastique avec les dents que je laissai tomber au sol, retirai l'aluminium, pris une tuile et en croquai un petit bout. Cela faisait des miettes et avait un goût salé mais c'était bon. Je mangeai le reste de la tuile, pris quelques tuiles que je déposai dans la main d'Edward. Eléazar avait les cheveux noirs coupés courts et des yeux bleu clair, il était toujours très élégant dans sa façon de s'habiller, pour, j'imaginais, mieux se faire accepter par les humains. Les humains n'aimaient pas les vampires bien qu'ils n'arrivaient pas vraiment à nous différencier d'eux. Du moins, pas tant qu'on n'était pas en chasse et qu'on bougeait lentement.

« Depuis quand as-tu un lycan de compagnie ? Me demanda Eléazar.

Je haussai les épaules. Son regard se baissa sur son ventre blessé et il fronça les sourcils.

« Tu le guéris ? Jamie, s'il ne t'a pas attaquée, ce n'est uniquement parce qu'il est encore un peu affaibli. À quoi tu joues ?

Je lui lançai un regard contrarié. Je me sentais seule et avec lui, je ne l'étais plus. Voilà à quoi je jouais.

« Je ne lui ferai pas de mal, l'interrompit Edward qui avait repris son visage humain. Il s'était calmé, visiblement.

Eléazar lui lança un regard suspicieux.

« Elle m'a sauvé la vie, je ne vais pas la remercier en lui faisant du mal, appuya-t-il.

Eléazar hocha la tête.

« Tu lui fais confiance ? Me demanda-t-il alors.

« Oui, répondis-je.

Edward leva des yeux étonnés sur moi.

« Mais tu parles aussi !

Je lui souris puis allai fouillé dans le sac d'Eléazar.

« Jamie ne te parlera que quand elle te fera confiance, lui expliqua Eléazar.

Je pris les vêtements et m'en allai à vitesse humaine plus loin dans la forêt pour me changer. Quand je revins, vêtue de nouveaux sous-vêtements, d'un jean sombre et d'un nouveau débardeur blanc, Eléazar et Edward discutaient.

« … c'est parce que sa salive ne contient pas de venin mais un agent actif cicatrisant, tout comme son sang.

« Je vois et c'est uniquement dû au fait qu'elle soit à demi-humaine ?

Eléazar hocha la tête puis les deux me regardèrent quand j'arrivai dans notre espace.

« Je vais vous laisser, j'ai d'autres affaires qui m'attendent, fit Eléazar.

Il fouilla dans le sac et en sortit un portable qu'il me tendit.

« Même numéro, mêmes contacts, essaye de ne pas le casser, cette fois.

Je le pris et le rangeai dans ma poche et hochai la tête en signe de remerciement. Eléazar disparut, Edward se rassit contre l'arbre.

« Jamie, hein ? Sourit-il. J'en sais plus sur toi, grâce à ton ami. Zut, j'aurais dû lui demander ton âge.

« 17 ans, lui dis-je.

Il leva ses yeux pour les fixer au mien et sourit.

« Tu fais plus jeune, j'aurais dit 15.

« J'avais 6 ans quand j'ai arrêté de vieillir, fis-en en haussant les épaules.

« Ah, fit-il songeur.

Deux jours plus tard, Edward était totalement rétabli. Plus de plaie, plus de côte cassée et son corps avait produit tout le sang qu'il avait perdu. Je laissai retomber son t-shirt déchiré sur son ventre, il me sourit mais je n'avais pas le cœur à répondre.

Je me dirigeai à vitesse humain de l'autre côté de notre espace de vie, lui tournant le dos et lui dis :

« Tu es guéri, tu vas pouvoir rentrer chez toi.

Je ne savais pas si j'avais réussi à garder une voix neutre. Tout ce que je savais, c'était que je n'avais pas envie d'être seule, à nouveau. Une main sur mon épaule me fit me tourner, Edward prit un air inquiet quand il vit que des larmes coulaient sur mes joues.

« Ne voudrais-tu pas venir avec moi ? Me demanda-t-il.

J'écarquillai les yeux.

« Mais ta meute...

j'essuyai mes joues.

« Je n'en ai pas, je suis un solitaire... ce qui ne m'empêche pas d'apprécier ta compagnie, sourit-il. Je comptais déménager, à Chicago, là-bas, la vie est plus facile, les lycans traînent plus autour des humains du coup, ceux-ci sont habitués à nous côtoyer sans même savoir que nous ne sommes pas de la même espèce.

Il fit une pause pour jauger ma réaction.

« Tu peux venir avec moi, vivre avec les humains... qu'il ne faudra pas manger, bien entendu.

« Mais les humains n'aiment pas les vampires.

« Non, il va falloir t'entraîner à agir en humaine, à commencer par ta vitesse.

« Quoi ? Mais je le fais déjà.

« Pas du tout, me contredit-il. Je ne t'ai jamais vue te déplacer autrement que trop rapidement.

Ah. Il semblerait que je ne sois pas si douée que ça à jouer les humaines.

Il me fallut une semaine pour gérer ma vitesse. Bouger de façon si lente était frustrant mais au final, j'avais fini par m'habituer et à la fin, ça devint ma vitesse normale.