Chapitre 2
J'étais debout, adossée contre le mur, un pied posé sur la fine barrière du balcon, l'autre pied croisé au niveau de la cheville. J'admirai les autres immeubles de Chicago un peu plus loin.
« Oh mon dieu ! Entendis-je en bas de l'immeuble.
Une vieille dame me regardait, les deux mains près du visage. Je fronçai les sourcils en la fixant. Elle ne pouvait pas avoir vu que j'étais un vampire. Edward m'avait dit que je n'en avais même pas l'odeur. Elle se précipita à l'entrée de mon immeuble et quelques secondes plus tard, l'interphone de notre appartement sonna.
« Oui ? Répondit Edward.
J'arrêtai de prêter attention quand je repérai un oiseau qui venait de se percher sur la branche d'un arbre. Je me mis à le surveiller parce que je n'avais rien d'autre à faire. Je m'ennuyai.
Edward apparut par la porte-fenêtre qui séparait le balcon du salon.
« Descends de la barrière Jamie, les humains ne font pas ça.
« Pourquoi ? Demandai-je.
« Parce qu'ils tombent.
Je descendis alors en soupirant.
« Je m'ennuie Edward.
« Je t'ai inscrite au lycée, me dit-il. Mais il va falloir passer à l'étape supérieure pour voir si tu es vraiment capable de contrôler ta soif.
« Une autre visite au musée ?
Edward se faisait passer pour mon père adoptif aux yeux des humains, c'était drôle, mais on avait rapidement pris ce faux-semblant comme un état de fait. On était allé se promener au parc pour tester le contrôle de mon instinct, puis dans un marché, il y avait du monde mais ça restait un lieu ouvert. Les derniers tests avaient été un musée, d'abord dans une période de creux puis dans une période de forte influence. Ça avait été un supplice, puis j'avais fini par gérer. Je me nourrissais soit en allant chasser des animaux dans la grande forêt à quelques kilomètres de la ville soit au poignet d'Edward, ma salive guérissant presque instantanément la morsure que je lui infligeai. Il m'avait dit que sans venin, ça ne faisait pas mal.
« Non, nous allons faire des courses. Mh, regarde dans le bac à papiers fourre-tout, il y a probablement une ancienne liste de courses que j'ai ramené de Seattle.
Je fouillai dans le bac.
« Pourquoi tu as TOUT ramené de Seattle ?
« J'en sais rien, j'aime pas jeter les choses.
Je dégottai une liste et nous partîmes pour cette nouvelle aventure pleine de tentations sanguinaires et de distractions. Nous commençâmes les courses ensemble, je poussai le caddie tandis qu'il portait un panier en plastique, nous ne suivîmes pas tout à fait ma liste puisqu'il prenait régulièrement des trucs en plus. À la moitié de ma liste, nous nous séparâmes. J'allai chercher des pommes que je mis dans des sacs plastiques puis que je pesai à la balance, imitant d'autres humains qui le faisaient. Je fis de même avec des bananes. Le prochain article sur la liste était des préservatifs. J'allai donc dans le rayon concerné et découvris qu'il y avait plusieurs tailles, je pris donc les trois en attendant de demander à Edward. Je pris un lubrifiant, sur la liste également puis me rendis au rayon conserve pour des saucisses-lentilles, le dernier article de ma liste. Une fois dans le rayon, je les trouvais empilées au dernier étage mais j'étais trop petite pour atteindre la boîte la plus haute, je pouvais toujours sauter ou escalader l'étagère mais Edward voulait que je me comporte en humaine et je supposai que faire ces deux choses n'était pas très humain. Une personne était à ma gauche, je me tournai vers elle pour lui signifier, à l'aide de grands gestes, mon besoin d'aide mais elle me tournait déjà le dos pour repartir. Je relevai la tête pour voir un bras attraper la boîte de saucisses-lentilles en hauteur et la descendit pour me la donner.
Je me tournai pour faire face à la personne, pris la boîte et fixai, devant moi, le t-shirt noir qui moulait la musculature de l'homme qui venait de m'aider. Une inspiration me fit perdre le fil de mes pensées et agita mes émotions dans tous les sens. Cette odeur était extrêmement attirante mais ce n'était pas ma soif qu'elle attisait. Je levai les yeux vers l'homme qui me scrutait d'un regard assombri. Ses yeux étaient verts, d'un vert plus sombre que ceux d'Edward, sa mâchoire carrée, sa peau légèrement bronzée avaient deux imperfections, comme deux petites cicatrices au niveau de la tempe. Il avait l'air d'avoir la vingtaine, 25 ans max. Ses cheveux étaient noirs mais assez courts par rapport à la tignasse emmêlée d'Edward. Je tenais toujours la boîte de saucisses-lentilles contre moi et nous nous fixions en silence sans dire un seul mot. Toutes sortes de pensées m'assaillirent en même temps. Je voulais coller mon nez à sa peau pour sentir son odeur directement à la source, y coller ma bouche et lécher pour savoir quelle goût elle avait. Puis je voulais arracher son t-shirt et...
« J'ai fini de mon côté, tu as fini ? Fit Edward se plaçant à mes côtés, me sortant de mon délire sexuel.
Je tournai la tête vers Edward qui venait de s'immobiliser en fixant l'homme avec un regard sérieux. Il hocha simplement la tête et la tourna vers moi. Il me regardait d'un regard suspicieux et je me demandai s'il avait capté un truc de ce que je ressentais ou de ce que je pensais.
« On doit y aller, dit-il.
Sa voix était calme mais j'avais l'impression qu'il était devenu nerveux, tout d'un coup.
« Attends, lui signifiai-je.
Je posai la boîte de conserve dans mon caddie que j'avais laissé plus en arrière et prit les boites de préservatifs que je lui montrai en éventail.
« Je dois prendre quelle taille ?
Edward se figea. Une vieille dame qui passait derrière lui, jeta un œil, écarquilla les yeux et prit un air renfrogné.
« Pourquoi as-tu pris ça ?
« C'était sur la liste.
« On n'en a pas besoin, laisse ça là.
Il prit les boites des préservatifs et les cacha derrière d'autres conserves. L'homme qui m'avait aider le fixait désormais avec des yeux furieux. La dame lâcha un « pervers » avant de s'en aller, outrée.
« On ne couche pas ensemble ! plaida-t-il derrière le dos de la vieille dame.
C'était marrant. J'essayai de retenir mon rire tant bien que mal. Alors, c'était à ça que ça servait, les préservatifs ? J'imaginai que le lubrifiant aussi, puisqu'il s'agissait de la même marque. Je le pris et demandai à Edward :
« Ça aussi, je laisse ça là ?
Edward me l'arracha des mains et l'envoya avec force derrière les conserves. J'essayai fortement de retenir mon rire.
« Ravi que ça te fasse rire, cette liste datait d'avant mon mariage, m'expliqua-t-il. allez viens.
Il mit son panier dans le caddie et le poussa. Je regardai l'homme qui n'avait toujours pas bougé et ne semblait pas savoir sur lequel de nous deux il voulait fixer son regard. J'aurais voulu lui parler, au moins pour lui dire merci mais... je ne le connaissais pas.
Je soupirai tandis que j'attendais à la caisse avec Edward. Je n'étais pas prête de parler à cet inconnu mais j'avais été prête à m'accoupler avec lui. Quelque-chose déraillait chez moi.
« Quelque-chose ne va pas ? Me demanda Edward.
Je haussai les épaules. À la maison, je rangeai nos courses avec Edward.
« L'homme qui te faisait face, tout à l'heure, était un lycan, m'indiqua Edward tandis que je fermai la porte du frigo. Pas un simple lycan, c'est un alpha, probablement le fils de celui des Darkrivers, son odeur a des similitudes avec Alistair.
Je blêmis.
« Il savait ce que je suis ?
L'idée qu'il veuille me tuer alors que j'avais de toutes autres pensées en tête me serra le cœur.
« Non, j'en doute, il nous aurait suivi pour savoir où te trouver pour te tuer en pleine nuit.
« A moins qu'il piste ton odeur ? Émis-je.
« Il ne peut pas, on était en voiture. Cela dit, il pensait peut-être que nous étions à pied. Évite de sortir seule la nuit, on ne sait jamais.
