Chapitre 3

Premier jour de classe et j'étais déjà en retard. J'allai au secrétariat pour dénicher mon emploi du temps ainsi que le numéro de ma classe. La secrétaire me sourit et ne me reprocha pas mon retard. Edward m'avait inscrite en seconde puisque je ne pouvais pas passer pour une collégienne. Elle savait qui j'étais puisque j'avais accompagné Edward pour l'inscription et ne se formalisa pas que je ne dise rien. Edward avait prévenu que j'étais du genre très réservée et avait demandé à ce que les profs soient mis au courant.

Edward s'était étonné que je sache lire vu qu'il savait que j'avais passé ma vie, de mes 6 à mes 17 ans en pleine forêt mais je lui avais annoncé que je n'étais pas non plus sans éducation, j'avais appris à lire à mes 2 mois. Ce qui lui avait paru étrange. Les lycans grandissaient légèrement plus rapidement que les humains mais c'était pratiquement la même durée à quelques années près, je l'avais fait largement plus vite qu'eux.

Il m'avait fait retenir les tables de multiplications et d'additions et m'avait expliquée les bases des maths. Genre, soustractions, divisions, triangles etc... il avait inventé une histoire pour expliquer aux profs mes nombreuses lacunes dans toutes les matières. Comme j'avais une mémoire infiniment excellente, je rattraperai vite les autres du moment qu'on m'expliquait les choses avant. J'étais donc Jamie Cullen, fille adoptive d'Edward Cullen, récemment guérie d'une maladie qui m'avait obligée à quitter ma scolarité très jeune.

La secrétaire m'accompagna dans ma salle de classe au premier étage. Elle toqua deux fois et ouvrit la porte. Je vis un bureau à droite et un peu plus loin, le tableau blanc collé au mur.

« Je vous amène la nouvelle élève, Jamie Cullen, expliqua la secrétaire d'une voix un peu plus douce qu'auparavant.

« Faites-la entrer, fit une voix masculine.

Belle voix grave qui chantait dans mes oreilles. La secrétaire se retourna et me laissa passer. Ce fut le choc de le voir là. L'homme des saucisses-lentilles était debout devant la classe, un paquet de feuilles dans les mains. Il me fit un sourire en coin et m'intima à entrer. J'entrai alors et me donnai contenance en passant mes cheveux derrière l'oreille. Tous les élèves assis dans les quatre rangées de tables me fixaient.

« Je suis Mr Riverson, ton professeur de maths et d'histoires.

J'adorai déjà l'école. Je me demandai s'il s'offusquerait si je glissai mon nez dans son cou pour...

« Tu veux te présenter à la classe ?

Je relevai prestement mes yeux à son regard, relâchai ma lèvre que j'avais coincée entre mes dents sans me rendre compte. Il me souriait et attendit ma réponse. Je secouai la tête de droite à gauche, un peu affolée.

« Ce n'est pas grave, dit-il puis il se racla la gorge. Tu peux t'asseoir à côté de Jessica.

Il me montra la place d'une main, paume vers le haut pour m'inciter à avancer dans le premier couloir entouré des deux premières rangées de tables. Je m'assis à la troisième table de la seconde rangée et le prof se mit à distribuer les copies à chacun.

« Ce devoir porte essentiellement sur ce que nous avons vu depuis la rentrée mais aussi sur ce que vous avez vu au collège, afin de me faire une petite idée du niveau que vous possédez, vous avez droit à la calculatrice.

Je sortis une trousse et une calculatrice. Je regardai les autres qui avait également sorti une copie double, j'en pris donc une dans ma pochette. Le prof posa une feuille noircie de questions devant moi, je levai les yeux et nos regards se croisèrent un instant.

Une fois qu'il eut tout distribué, il s'installa devant son bureau qui se trouvait tout devant à droite, juste après la porte qui menait au couloir. J'avais une vue directement sur lui et l'admirai alors que mes nouveaux camarades bûchaient déjà. Il dut sentir mon regard sur lui car il releva ses yeux du livre qu'il lisait pour les fixer directement aux miens. Il leva le menton en baissant les yeux un peu plus bas, vers ma copie, et je compris qu'il voulait que je travaille au lieu de le fixer.

Je ne comprenais strictement rien. Cela me frustrait au plus au point. Je tenais mon crayon à papier en son centre et l'agitait entre mes doigts en lui donnant des à-coups de mon majeur tandis que mon pouce et mon index le rendait prisonnier. Ne pouvoir répondre à aucune question m'énervait et m'agitait tout autant que le crayon. Un craquement me fit légèrement sursauter et les deux morceaux de mon crayon tombèrent sur ma table. Je paniquai un peu et le prof fronça les sourcils, se leva et me fit signe de venir vers lui. Pendant que je me dirigeai vers lui, il ouvrit la porte et en sortit. Je sortis avec lui et fermai la porte. Il me fit face et posa une main sur le haut de mon bras. On aurait dit qu'elle vibrait. Je voulais lui demander de me prendre, qu'il pouvait choisir de prendre le dessus directement, du moment qu'il me prenait, là, maintenant, mais je n'arrivais pas vraiment à vouloir lui parler. Puis je me disais que ce n'était peut-être pas... approprié, dans le monde des humains.

« Il y a un problème ? Me demanda-t-il.

Il attendit longtemps ma réponse parce que mes lèvres ne voulaient pas s'ouvrir. Il ne dit rien, ne mit pas fin à mes tourments. Je sus que j'allais être obligée de lui parler, qu'on resterait là jusqu'à ce qu'on meurt de faim si je n'émettais aucun son. Je fermai les yeux, pris une inspiration, le regrettai aussitôt puisque son odeur attisa mes pulsions. Je rouvris les yeux, sentis mes jambes flanchées, il posa son autre main au même endroit sur mon autre bras et me maintint en place. Son autre main aussi semblait vibrer. Un sourire en coin s'afficha sur son visage et je voulus mordiller sa lèvre inférieure mais il bloqua mon mouvement, m'empêchant de m'approcher.

« J'attends une réponse, me dit-il d'une voix plus rauque.

Je baissai mon regard une seconde sur le t-shirt qui enserrait ses abdos et m'empêchait de les voir puis les remontai à ses yeux.

« Je comprends rien, glapis-je.

J'avais pas préméditer de répondre d'une telle voix ridicule mais j'avais dû me forcer pour oser lui parler même si j'avais d'abord voulu lui expliquer que quelque-chose n'allait pas chez moi mais je m'étais retenue parce qu'il allait falloir lui expliquer exactement ce qui n'allait pas chez moi. Je m'étais souvenue à temps qu'il était un lycan... et les lycans n'aimaient pas les vampires.

« Oui, on m'a dit que tu n'avais pas vraiment pu suivre ta scolarité, laisse tomber le devoir, il ne comptera pas pour toi. Tu as ton livre d'histoire ?

Je hochai la tête.

« Bien, lis le chapitre sur la guerre mondiale 14-18. je vous ai à nouveau demain après-midi et vous aurez un devoir dessus, ça te laisse cette heure et ce soir pour apprendre, je serai indulgent.

Je hochai de nouveau la tête.

« Peux-tu tenir sur tes jambes, à présent ?

Nouveau hochement de tête, il me relâcha et je tins bon. Nous retournâmes dans la classe et quand j'ouvris la porte, toutes les têtes se levèrent vers moi avec curiosité pour la plupart mais avec hostilité pour certaines personnes. Il se réinstalla à son bureau tandis que j'allai à ma table. Je laissai donc le devoir de côté et sortis mon livre d'histoire pour lire le chapitre qu'il m'avait indiqué.

À la récréation, je fus happée par un groupe de trois filles qui cherchaient à savoir ce que le prof m'avait dit derrière la porte.

« Écoute-moi bien, la nouvelle ! Gronda la blonde devenue furieuse. Tu vas me dire exactement ce qu'il t'a dit ! Pourquoi il t'a prise à part dehors ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Je la fusillai du regard. Elle agrippa mon col, ce que je pris pour une menace. J'enserrai son poignet de ma main, le lui tordis, elle grimaça sous la douleur tout en lâchant mon t-shirt. Elle essayait de forcer mais j'avais plus de force qu'elle, je n'avais même pas besoin de faire un seul effort. Je la relâchai et m'en allai en bousculant l'une de ses copines qui ne s'était pas retirée de mon chemin.

Edward vint me chercher à la fin des cours, je m'installai dans la voiture et soupirai.

« Ta première journée de cours s'est bien passée ? Me demanda-t-il.

« Je n'ai mangé personne.

« Très drôle, Jamie. Alors ?

« Ça a été mais le mec des saucisses-lentilles est mon prof dans deux matières.

« Le mec des saucisses-lentilles ? Réfléchit-il. Tu veux dire, le lycan rencontré au magasin ?

Je hochai la tête.

« Et merde.

« Pourquoi un lycan est-il professeur ? Il n'a pas des trucs de loups à faire ?

Edward rit.

« Certains loups travaillent pour apporter l'argent à leur meute. Vu sa place dans la sienne, il est sûrement prof qu'à mi-temps.

À l'appart, je laissai mon sac à dos tomber au sol et m'affalai contre le canapé.

« Tu n'as pas de devoir ? Demanda Edward.

Je plissai les yeux.

« Je vais en cours pour vivre en tant qu'humaine, pas pour obtenir mon diplôme à la fin. Ce n'est pas comme si je pouvais obtenir un travail avec mes éternels 15 ans.

« Les humains font leurs devoirs, Jamie.

Je râlai mais me levai, pris mon sac et m'enfermai dans ma chambre pour les faire. Je lus d'autres chapitres du livre histoire puisque je n'avais pas besoin de relire le chapitre sur la première guerre mondiale, ayant déjà tout en mémoire.

Je rejoignis Edward qui était à la cuisine en train de préparer le repas. Il patientait devant la poêle que les steaks cuisent et il jetait un œil sur l'eau dans la casserole de temps en temps. Je posai ma main sur son avant bras pour vérifier un truc mais ne sentis rien. Je pris son poignet et collai ma main à la sienne, paume contre paume.

« Qu'est-ce que tu fais ? Me demanda-t-il avec méfiance.

« Je me demandai si toi aussi, tu vibrais, expliquai-je.

Il me fixa et sembla peser le sens de mes paroles.

« Qui vibre, Jamie ?

« Mon prof saucisses-lentilles.

« Putain de merde ! Lâcha-t-il.

« Quoi ? Demandai-je. C'est grave ?

Il sembla réfléchir à la réponse qu'il allait me donner. Il ouvrit la bouche pour me dire quelque-chose mais la referma puis la rouvrit :

« Comment se fait-il que tu aies senti qu'il vibrait ?

Il fronçait les sourcils désormais, d'un regard accusateur.

« J'ai, euh, un peu paniqué pendant le devoir de maths parce que je ne comprenais rien... il a essayé de me rassurer en me prenant à part, il a posé sa main sur mon bras. J'avais l'impression qu'elle vibrait.

Il détourna son regard, prit la spatule et tourna les steak dans la poêle. Relâcha plus qu'il ne posa la spatule sur le plan de travail et me regarda de nouveau, s'appuyant sur le meuble à côté des plaques chauffantes.

« Évite de te retrouver trop proche de lui, m'ordonna-t-il.

Il passa sa main sur son visage.

« Je devrais te changer de lycée, marmonna-t-il.

Je préférerais rester à cette école mais ça avait l'air grave que mon prof vibre.

« Il ne faut pas qu'il découvre ce que tu es, fais-lui comprendre que tu veux garder tes distances avec lui, il devrait le respecter vu que pour lui, tu es humaine.

« Je ne comprends pas, lui indiquai-je. Ça veut dire quoi exactement, qu'il vibre ? Pourquoi il vibre ?

« Il ne vibre pas vraiment, c'est son loup, que tu as senti à travers sa peau, répondit Edward.

« Oh.

Je mis un temps pour traiter l'information.

« Ça veut dire que... quoi ? Son loup veut me faire du mal ?

Edward ne répondit pas et me regarda avec sévérité. J'avalai ma salive, un peu effrayée.